Undrapeau est une pièce d’étoffe attachée à unehampe qui représente la « personne morale » d'un groupe ou d'une communauté :nation, territoire, ville,organisation, compagnie commerciale ourégiment. De formes et de proportions très variées, c'est cependant fréquemment un rectangle de deux unités de hauteur pour trois de largeur. Il est la forme figurée de l'entité représentée et peut se décliner en unblason, unsceau ou unelivrée. Il permet, grâce à ses couleurs et à sonemblème, de se distinguer d'autres identités équivalentes ou concurrentes dans le cadre de rassemblements pacifiques ou guerriers. Sa destruction ou sa prise signifient la dissolution ou la capture, réelle ou pensée, de l'identité qu'il représente. Les plus anciennes représentations de « drapeaux » connues sont chinoises. Elles dateraient du deuxième millénaire avant notre ère. C'est aussi auxChinois qu'est attribuée l'invention de la soie tissée, et donc des premiers véritables drapeaux semblables à ceux d'aujourd'hui[1].
La notion de drapeau s’est étendue à toutes les étoffes ayant valeur de signal ou de marque. Par exemple, la couleur des drapeaux sur les plages indique que la baignade est soit interdite (rouge), soit dangereuse (orange), soit autorisée (vert), le drapeau blanc signalant un banc de méduse. De même lesdrapeaux en sport ont leur signification de sécurité et d’avertissement.
Certains drapeaux ont des significations presque universelles, comme ledrapeau blanc brandi vers l’ennemi qui signifie la reddition ou une demande de trêve.
Le vocabulaire maritime utilise le terme « pavillon » en lieu et place de « drapeau » quand celui-ci est hissé dans la mâture ou à l'arrière d'un navire, qu’il soit pavillon national ou pavillon ducode international des signaux, et également les termes « marque » et « flamme » pour des pavillons particuliers[2].
L'étude des drapeaux et pavillons est le domaine de lavexillologie.
Le drapeau est une version modernisée dutotem. Cet objet est considéré commesacré[Sh 1]. Il est la représentation collective d’un groupe et de ses valeurs[Sh 1]. Le drapeau se rapporte à l'emblématique[3]. Il est une projection identitaire, un message envoyé à celui qui le regarde[Delpard 2]. Il fait partie dessymboles communs auquel un peuple adhère pour fairenation, car il est la représentation simple et abstraite de celle-ci et de l'identité nationale. Dans ce cadre, il exprime une indépendance et des revendications territoriales[6]. Le drapeau est rituellement exhibé pour promouvoir et susciter un sentiment de solidarité de groupe. L’afficher revient à y adhérer[Sh 1]. Il est investi de si fortes valeurs et suscite une si forte charge émotionnelle collective qu’il est considéré comme une entité vivante qu’il convient de préserver. Lui porter atteinte est donc porter atteinte au groupe, par exemple une nation[Sh 1]. Le drapeau promeut une solidarité nationale qu’accroissent la guerre et l’effusion du sang des martyrs. Dans ce contexte, le drapeau représente le pouvoir de la mort et la lutte collective contre elle. Disposé sur le cercueil, il symbolise le héros martyr mort pour la famille nationale et le sacrifice national[Sh 2].
Le drapeau exige également une adhésion politique[7], ce qui peut se traduire sur les réseaux sociaux par l'emploi d'emojis drapeaux[8]. Ceux qui refusent cette adhésion peuvent être considérés comme des ennemis. Son usage civil augmente ainsi de façon importante en temps de guerre ou de grande victoire sportive. Il est alors un témoignage de patriotisme[7]. Le drapeau est lié à la hiérarchie politique, à la domination et à la subordination physiques. Le groupe peut y voir sa propre puissance symbolisée par rapport à un autre groupe[7]. Sur le champ de bataille, il signale les positions et sert de point de repère pour l’organisation des lignes. De par sa position au-dessus des têtes, il symbolise la puissance et le succès du groupe, du chef. Il est donc un signe de conquête. Abaissé, déchiré ou tombé à terre, il indique un statut inférieur, la vulnérabilité, la défaite et l'humiliation. Le drapeau doit être protégé si besoin par le sacrifice du soldat[Sh 3].
Le drapeau est aussi un moyen commode pour transmettre une information. Il est ainsi utilisé en sport automobile pour faire une remontrance à un pilote, signaler un danger, le départ, l'arrêt ou la fin d'une course[9]. En golf, il indique la position du trou à atteindre[10]. Sous forme de fanion, il peut servir au jalonnement d'un parcours[11].
Plus anecdotiquement, les drapeaux sont utilisés par certains pédagogues comme un moyen d'apprentissage en mathématiques, en médecine, en géographie. Les drapeaux porteurs de cartes sont un moyen de confronter les élèves à l'utilisation des cartes, d'améliorer la connaissance de la géographie nationale des élèves, un mode d'exposition aux symboles culturels en géographie et dans d'autres disciplines connexes[MR 1].
Principauxpavillons arborés à la mer en 1767, par Louis-Jean Montier Deslongchamps (1721-1782), lieutenant des vaisseaux du Roy et du port de Brest[12].Drapeaux de marine des îles Ryuku et Satsuma,Japon,XVIIIe siècle.
Il existe différents protocoles observés lors de l’exhibition des drapeaux. Il est parfois considéré comme un manque de considération que de laisser un drapeau flotter la nuit (à moins qu’il ne soit éclairé) ou lorsque les conditions météorologiques ne s’y prêtent pas. Enfin, il est universellement condamné, par la loi ou du moins par la morale et la dignité d’appartenir ou de représenter une nation ou une organisation, de laisser flotter un pavillon dégradé, décoloré, sale ou qui s’est enroulé autour de son mât. Par respect pour ce qu’il représente, le drapeau ne doit jamais toucher le sol. Il est souvent d’usage de saluer le drapeau lorsqu’on le hisse sur son mât dans des contextes officiels ou militaires.
Lamise en berne d’un drapeau est une coutume visant à rendre un hommage, lors du décès d’une personnalité d’importance nationale ou étatique, d’un membre du gouvernement ou de la famille royale. Les drapeaux sont également parfois mis en berne la nuit ou selon un code établi par les autorités des organisations et États qu’ils représentent.
Drapeau de la république populaire de Chine en berne pendant le deuil national pour les victimes du tremblement de terre du Sichuan en.
Il n'est pas d'usage de superposer des drapeaux sur un même mât car l’organisation ou l’État représenté par un drapeau ne peut pas prendre le dessus sur un autre. Il existe des exceptions, en ce qui concerne, par exemple, le drapeau d'un pays, pouvant flotter au-dessus de celui d'un de ses États ou d'une de ses provinces.
Certains drapeaux flottant à l’envers (« tête en bas ») peuvent signifier que la base ou les bâtiments où ils flottent sont passés aux mains de l’ennemi. C'est également un signe de détresse, mais peut aussi être un signe de contestation ou de rébellion.
Drapeau des États-Unis hissé « tête en bas » par des contestataires pacifistes lors d'une manifestation anti-guerre à Seattle le.
Il existe pour les usages officiels, un protocole sur la façon de plier un drapeau.
Les cercueils de soldats morts en territoire étranger sont souvent recouverts ou enveloppés d'un pavillon lors de leur rapatriement.
On distingue également le drapeau du pavillon. Le drapeau est conçu pour être porté à la main, et dispose d'une hampe le plus souvent enPVC ; alors que le pavillon est une étoffe qui est conçue pour être montée sur les mâts. Dans le langage courant, nous utilisons à tort le mot drapeau pour désigner les drapeaux et les pavillons.
Le drapeau trouve son origine dans l'usage devexilloïdes, à l'origine des bâtons de commandement pour les chefs et qui servaient de signe de ralliement ou pour indiquer la direction d'une attaque. Les plus anciens vexilloïdes connus apparaissent sur des poteries égyptiennes de laculture deNagada II et au revers de lapalette de Narmer. Ces vexilloïdes étaient des symboles desnomes de l'Égypte prédynastique. Il en a également été utilisé au temps de l'Empire d'Akkad comme il apparaît sur lastèle de victoire du roi Naram-Sin. ÀAlacahöyük ont été découverts des vexilloïdeshittites datant d'environ à, dont les extrémités représentent des taureaux, des cerfs, ainsi que des formes abstraites souvent interprétées comme des symboles solaires[Z 1]. L'un des plus anciens drapeaux en tissu est daté duMoyen Empire égyptien, vers[6].
Les arméesgrecques antiques utilisaient des bannières semblables à des vexilloïdes, telles que laphoinikis, une étoffe rouge foncé suspendue au sommet d'une hampe ou d'une lance. Il n'est pas connu si elle portait un quelconque emblème ou décoration[Z 1]. LesRomains de l'Antiquité ont adopté l'usage des vexilloïdes auprès desPerses pour les étendards des légions romaines. L'emblème de l'aigle est le plus important[Z 1]. Ils employaient également des drapeaux de tissu appelésvexillum, à l'effigie de la déesse de laVictoire, de l'empereur, parfois accompagné de membres de sa famille, d'officiels du gouvernement ou à partir deConstantin duchrisme[6]. Le vexilloïde a par exemple aussi été en usage chez lesAztèques, chez lesMongols, les populationsturques et les tribus dePapouasie-Nouvelle-Guinée[Z 1].
Apparition et diffusion des bannières textiles en Asie du sud-est
Les drapeaux sont utilisés enArabie au début duVIIe siècle,Mahomet en utilisant l'un blanc, l'autre noir. En raison de l'interdiction de l'art figuratif, les motifs sont abstraits ou consistent en inscriptionscalligraphiques souvent religieuses. Ces motifs brodés, appliqués ou peints et le champs du drapeau sont de couleurs contrastées pour être bien visibles. Des couleurs spécifiques sont adoptées par lesdynasties de dirigeants afin de renforcer leur identité politique, les couleurs des premiers drapeaux étant choisies en raison de leur association avec Mahomet[Z 2].
Dans le monde chrétien, des bannières appeléespallia, à l'origine un vêtement, sont offertes par le pape àsaint Augustin (354-430), àCharlemagne (742-814) et àGuillaume le Conquérant (1028-1087). Il s'agit dans ce dernier cas d'une transmission depouvoir temporel et d'autorité morale[16]. Au cours duXIIe siècle se développent dans une grande partie de l'Europe les symboles et couleurshéraldiques. Il sont héritiers pour certains des couleurs et motifs qui permettaient d'identifier à l'origine les combattants sur le champs de bataille, et qui peu à peu sont devenus permanents. À la fin duXIe siècle, lescroisades conduisent les Européens à s'inspirer des bannières militaires arabes. Il apparaît ainsi les premiers drapeaux à croix, signe de ralliement partagé par tous les croisés. Rapidement, les signes deviennent héréditaires[17],[16]. Nombre de drapeaux adoptés par la suite sont par leurs couleurs et leurs motifs inspirés d'armoiries[Z 3].
Les drapeaux de forme rectangulaire sont les plus nombreux. Cependant, chaque drapeau peut avoir unrapport différent, c'est-à-dire plus ou moins allongé. La représentation exacte d'un drapeau correspond à son rapport équivalent. Le rapport le plus fréquent est 2:3 (plus de 40 % des drapeaux nationaux), puis 1:2 et 3:5.
Ledrapeau du Qatar est 2,54 fois plus large que haut, ce qui en fait le drapeau national le plus allongé.Ledrapeau du Togo est le seul drapeau rectangulaire à posséder un rapportnon rationnel :φ =1+√5/2 ≈ 1.618034
Ledrapeau du Népal est le seul drapeau national qui ne soit pas un quadrilatère, il est formé de deux triangles. C'est également le seul drapeau national à être plus haut que large.D'autres drapeaux ont également adopté une forme non rectangulaire.
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Ledrapeau du Paraguay est le seul drapeau national à avoirun symbole différent sur chacune de ses faces. Sur l'endroit, on peut observer les armoiries du pays, alors que, sur l'envers, on trouve un lion assis de profil devant unepique surmontée dubonnet phrygien, le tout entouré par la devise nationalePaz y Justicia (« Paix et Justice »). Par le passé, les drapeaux deMoldavie (1990-2010), desPhilippines (1898-1901) et de l'Union soviétique (1923-1991) dont certains symboles n'étaient pas reproduits au revers ont donc eu deux faces distinctes, mais pas un symbole différent sur chaque face.
Nombre (barres bleues) et pourcentage (barres orange) de drapeaux nationaux par couleur en 2013
Dans les drapeaux nationaux, en 2013, les couleurs les plus utilisées sont le rouge et le blanc suivies du bleu et du vert[18]. À ces couleurs sont attachées des symboliques variées. Les définitions les plus fréquemment utilisées pour leblanc, lebleu, lejaune, levert et lenoir sont respectivement la pureté (43 %), la mer (48 %), la richesse (35 %), la nature (53 %) et les personnes noires (41 %)[18]. Lacouleur rouge est choisie dans la moitié des cas pour représenter le sang ayant coulé au cours d'un épisode sanglant de la nation[18]. L'orange, particulièrement rare sur les drapeaux nationaux, est adopté par nombre de logos et donc de drapeaux de partis politiques européens à partir des années 1970, pour des raisonsmarketing, mais aussi dans certains cas pour rappeler une filiation avec la dynastie royale d'Orange-Nassau[19].
Ledrapeau olympique : de couleurs bleu, jaune, noir, vert et rouge, représente tous les pays du monde car tous les drapeaux nationaux possèdent au moins une de ces six couleurs (en comptant le blanc pour la couleur du fond). Le nombre des anneaux représente les cinq continents, sans pour autant apparenter chaque anneau à un continent précis. Le drapeau officiel de l'Organisation internationale de la francophonie représente un cercle, subdivisé en cinq arcs de couleurs différentes. De la même manière que le drapeau olympique, il représente les cinq continents habités. Les couleurs sont identiques à l’exception du noir remplacé par le violet.
LePanafricanisme est un mouvement intellectuel et politique qui prône généralement une étroite collaboration politique, économique et sociale. Elle est, notamment à ses débuts, porteuse d'un sentiment de résistance contre lespuissances coloniales[20]. L'Éthiopie est le seul État africain ayant réussi à conserver son indépendance vis-à-vis des puissances coloniales. Il arbore undrapeau aux bandes rouge, jaune et verte[Pr 1]. À la fin des années 1910, le militant jamaïcainMarcus Garvey, fondateur de l'Universal Negro Improvement Association and African Communities League (UNIA), adopte pour son organisation un drapeau aux couleurs rouge, noire et verte. Le rouge symbolise le sang versé desNoirs, le vert la nature et le noir la couleur de peau des Africains. Il semble qu'il ait cru que ces couleurs soient celles de l'Éthiopie[Cr 1]. En 1927, il est déporté vers laJamaïque[Cr 2]. Là-bas, ses idées promouvant l’Éthiopie ont un rôle important dans le développement durastafarisme qui adopte, à travers des éléments décoratifs, les couleurs de Garvey auxquelles sont ajoutées le jaune éthiopien figurant le soleil et l'or[Cr 3],[21].
Les drapeaux et bannières ont été utilisés dès les premiers jours de l'Islam lors des batailles militaires deMahomet. Il en utilisait un blanc, un autre noir. Ses successeurs, les califesAbou Bakr As-Siddiq etOmar ibn al-Khattâb ont utilisé des drapeaux blancs et rouges[Po 1]. Chaque dynastie islamique a par la suite tenté de s'associer symboliquement à une certaine couleur. Les drapeaux de la dynastie desOmeyyades sont blancs, leurs adversaires lesAbbassides choisissent le noir. LesFatimides qui se réclament descendant deFatima Zahra, fille du prophète, adoptent le vert en raison de la tradition selon laquelle Mahomet portait un manteau de cette couleur. LesKharijites, un groupe de dissidents, optent pour le rouge, couleur reprise par l'Empire ottoman[Po 1].
Ces quatre couleurs, ditescouleurs panarabes, du fait de leur association au prophète ou à ses successeurs, ont rapidement été sanctifiées[Po 1]. Elles sont utilisées en totalité par dix des vingt-deux pays de laLigue arabe et, à l'exception deDjibouti et de laSomalie, les autres ont adopté au moins une de ces couleurs et un symbole islamique spécifique[Po 2].
Au cours de larévolte arabe de 1916-1918 contre lesturcs ottomans,Hussein ben Ali adopte le, un drapeau constitué de trois bandes horizontales noire, verte, blanche auxquelles se superpose un triangle rouge. Il se pourrait que ce drapeau soit issu de conceptions suggérées par des mouvements intellectuels nationalistes arabes tels queAl-Muntada al-Adabi(ar) etAl-Fatat avec lesquels son fils était en contact. L'historiographie envisage également qu'il ait été proposé à Hussein ben Ali par le fonctionnaire britanniqueMark Sykes« qui pensait qu'un drapeau arabe arboré dans les territoires arabes sous contrôle britannique servirait de contrepoids à un drapeau français arboré dans les territoires arabes sous contrôle français »[Po 3]. Ledrapeau de la révolte arabe, évènement fondateur et symbole dupanarabisme, est devenu un prototype autour duquel d'autres États arabes ont conçu leur drapeau[Po 4]. Plus tard, avec le déclin de l'idéologie panarabe, il est utilisé pour véhiculer simultanément les identités islamique, arabe et territoriale[Po 5].
LesPalestiniens ont adopté le drapeau de la révolte arabe tel quel car il symbolise à leurs yeux« la nécessité d'un effort entièrement arabe contre la causesioniste »[Po 6]. LaJordanie y a simplement ajouté une étoile à sept branches symbolisant soit l'unité du peuple jordanien, soit les sept versets de lapremière sourate duCoran[Po 7]. Durant la brève fédérationhachémite, appeléeFédération arabe, formée en février 1958, la Jordanie et l'Irak ont repris le drapeau de la révolte arabe[Po 8].
En février 1958, lors de la création de laRépublique arabe unie unissant laSyrie et l’Égypte, le drapeau de la libération égyptienne est repris mais l'oiseau est remplacé par deux étoiles vertes représentant les deux districts, la Syrie et l'Égypte[Po 10]. Auparavant, ledrapeau syrien, adopté en 1932, arbore un drapeau à trois bandes horizontales verte, blanche, noir. Au milieu de la bande blanche trois étoiles rouges représentent les quartiers deDamas. L'objectif est de déconnecter symboliquement la Syrie de son passéhachémite, mais pas de son héritage arabe et islamique[Po 11].
LaRépublique arabe unie forme avec leYémen, lesÉtats arabes unis, une confédération dont l'existence cesse en 1961 avec la dissolution de la République arabe unie mais l’Égypte en conserve le nom et le drapeau jusqu'en 1971[Po 12]. Lors du coup d'état militaire de 1962 soutenu par l'Égypte renversant la monarchie auYémen du Nord, il est adopté le drapeau de la République arabe unie mais avec une seule étoile. Celle-ci est ôtée lors de l'unification du nord et du sud duYémen en 1990[Po 12].
En 1963, pour indiquer leur aspiration à une nouvelle fédération unissant l'Égypte, la Syrie, et l'Irak, ces deux derniers reprennent le drapeau de la République arabe unie et ajoutent une troisième étoile verte[Po 13]. Ce drapeau est conservé par l'Irak bien après la rapide dissolution de la fédération. Par la suite, le contenu de la bande centrale et sa signification évoluent au gré des évènements politiques[Po 14].
En 1971 est créée l'Union des Républiques arabes qui doit fédérer l'Égypte, la Syrie et laLibye. Le drapeau se compose de trois bandes horizontales de couleur rouge, blanche et noire, avec au milieu de la bande blanche un faucon doré représentant la tribuQuraysh du Prophète. Le projet avorte rapidement mais la Syrie conserve ce drapeau jusqu'en 1980, date officielle de la dissolution. Le présidentHafez el-Assad, attaché à l'idéal panarabe, reprend ensuite le drapeau de la République arabe unie pour asseoir sa légitimité[Po 15]. De son côté, en 1984, l'Égypte remplace le faucon par l'aigle de Saladin pour symboliser à la fois l'ère deSaladin et la Révolution de 1952. Le drapeau représente ainsi les identités islamique et arabe de son peuple[Po 12].
L'expansion territoriale de l'Empire russe a permis la diffusion de ces couleurs et son appropriation commedrapeau ethnique, puis commedrapeau national d'État, par les autres peuplesslaves[He 2]. Ainsi en 1835, ledrapeau serbe, s'inspirant de la« Mère Russie », choisit le drapeau rouge, bleu, blanc[He 3]. Au cours desrévolutions d'Europeen 1848, se tient le premier Congrès slave au cours duquel les peuples représentés se mettent d'accord pour adopter les trois couleurs[23]. LesSlovaques et lesSlovènes adoptent l'ordre blanc, bleu, rouge, lesCroates l'ordre rouge, blanc, bleu. Ces agencements de couleurs manifestent d'abord l'austroslavisme et lepanslavisme, avant de devenirindépendantistes et d'être repris plus tard dans les drapeaux des nouveaux États slaves[He 3]. Ainsi, vers 1880, leMonténégro reprend le drapeau serbe, mais y ajoute ses propres armes[He 3].
Les drapeaux à la croix dite scandinave sont héritiers dudrapeau national danois, l'un des plus anciens drapeaux nationaux d'Europe. Il serait apparu selon une légende dans le ciel en 1219 lors d'unebataille victorieuse desDanoischrétiens contre lesEstonienspaïens[7]. Il est officiellement adopté en 1625 bien qu'utilisé auparavant[24]. Pour les pays l'ayant intégré à leur drapeau, la croix scandinave n'a pas de connotation religieuse, leurs voisins étant tous chrétiens, elle ne peut servir de caractère discriminant. Elle a une signification d'identité cultuelle en renvoyant à lanordicité[7],[25].
Le drapeau suédois est créé en réaction au drapeau danois après laguerre contre le Danemark en 1521-1523. En 1809, la Suède perd laguerre de Finlande au profit de laRussie impériale qui établit en son sein legrand-duchéde Finlande qui adopte son propre drapeau en 1863. En 1814, avec letraité de Kiel entériné par laguerre suédo-norvégienne, le Danemark qui s'était allié à l'Empire Français deNapoléonIer perd la Norvège au profit de la Suède. Il est créé l'Union entre la Suède et la Norvège. Le parlement norvégien adopte son propre drapeau en 1821, combinant les couleurs danoises et suédoises tout en rappelant les couleurs du drapeau français, terre des idéaux de liberté et de fraternité. Mais, il n'est pas reconnu par la Suède avant 1899. Il devient officiel en 1905 avec l'Indépendance. De son côté, l'Islande adopte le sien en 1915 en prélude au processus de son chemin vers l'indépendance vis-à-vis du Danemark qui aboutit en 1944. La drapeau danois est décliné en plusieurs autres variantes, par exemple pour lesîles Féroé et lesîles Åland[7].
Les étoiles sont l'un des symboles géométriques les plus couramment utilisés dans les drapeaux. Près de 45 % des drapeaux de l'Organisation des Nations unies comportent au moins une étoile. Elles sont, dans l'histoire humaine, un symbole des corps célestes et de la divinité, elles sont aussi dans les drapeaux un symbole par défaut susceptible de représenter toute valeur souhaitée ou objet[26].
Par défaut, depuis le premier drapeau américain, le nombre de bras d'une étoile est de cinq. Pour la plupart des drapeaux, le nombre de bras n'a pas de signification, mais lorsqu'il est différent de cinq, il peut représenter un nombre de subdivisions territoriales ou des vertus importantes. La multiplication des bras permet de ne pas multiplier les étoiles. Dans ledrapeau australien, une étoile à sept bras apparaît sous l'Union Jack. Six bras figurent les sixÉtats australiens et la septième ses deuxterritoires. L'étoile dudrapeau des Îles Marshall possède 24 bras, le plus grand nombre enregistré, se rapportant à ses 24 districts. Quatre bras plus longs que les autres signalent les centres politiques et culturels du pays. Sur ledrapeau de Bonaire, dépendance desPays-Bas, les six bras correspondent aux six villages initiaux, sur celui de sa voisineAruba, les quatre bras symbolisent les quatrepoints cardinaux et pour celui deCuraçao, les cinq bras indiquent les cinq continents d'où sont originaires les ancêtres de sa population. Pour lesdrapeau de Nauru et de l'Azerbaïdjan, le nombre de bras de l'étoile est à rapprocher du nombre de tribus. Le nombre minimal de bras pour une étoile est de trois. Le drapeau desbrigades internationales en arbore une, ses membres provenant de trois continents[26].
La couleur de l'étoile a également son importance. Une étoile noire se rapportant auxcouleurs panarabes est visible au milieu dudrapeau du Somaliland. Une ou deux étoiles noires apparaissent sur les drapeaux africains duGhana, de laGuinée-Bissau et deSão Tomé et Principe. Elles y symbolisent la liberté et le noir est également unecouleur panafricaine. Il en est de même du jaune, couleur de prospérité et de richesse et donc aussi d'espoir, choisi pour les étoiles dudrapeau de la république d'Adyguée et de laRépublique démocratique du Congo. Le blanc est souvent une couleur par défaut dans les étoiles, mais dans celui duChili, il figure la neige sur lesAndes et dans celui duTimor oriental la paix. Les étoiles bleues se rapportent souvent à la mer. Elles sont ainsi souvent employées pour les drapeaux d'organisations liées à la mer. L'étoile rouge, à l'origine symbole de l'URSS, a évolué pour devenir un symbole ducommunisme. L'étoile verte peut renvoyer à l'Islam[26].
La plupart du temps, la disposition des étoiles dans un drapeau est réalisée pour des raisons pratiques ou esthétiques. Les étoiles sont ainsi agencées en un demi-cercle sur des drapeaux nationaux ou infranationaux d'Amérique latine. Mais, elles peuvent représenter une carte terrestre, une constellation ou une carte du ciel, comme il est traité plus loin. Disposées en cercle comme sur ledrapeau européen ou celui desÎles Cook, elles sont un symbole d'unité, de paix et de solidarité[26].
L'étoile associée au croissant de lune est un symbole important de l'Islam bien que d'origine païenne. Il est un emblème de la ville deByzance en l'honneur des dieux de la population locale. Lors de la conquête de la ville et de sa région, lesOttomans reprennent ce symbole pour se représenter. À l'exception dudrapeau des Maldives où n'est visible qu'un croissant, ce dernier est toujours associé à une étoile sur les autres drapeaux nationaux où il apparaît. En revanche, le croissant est généralement seul sur les drapeaux d'organisations obédiences islamiques. L'étoile et le croissant sont ordinairement un signe de la pratique de l'Islam dans la population, mais ils peuvent aussi représenter le patrimoine historique et culturel de la nation[26]. Dans le cas de Singapour, le croissant et les étoiles n'ont aucun rapport avec l'Islam. Le croissant denouvelle lune symbolise la croissance d'une jeune nation et les cinq étoiles les valeurs de démocratie, de paix, de progrès, de justice et d'égalité[26],[27].
L'étoile de David, agencement de deux triangles se chevauchant, un symbole courant de « bonne chance » au Moyen-Orient, est le motif symbole du judaïsme. Sa reprise par lemouvement sioniste illustre la nature religieusejuive de l’État d’Israël. Elle apparaît en bleu, une des couleurs traditionnelles dujudaïsme, sur ledrapeau d'Israël[26].
Ledrapeau français bleu, blanc et rouge à trois bandes verticales, originaire de laRévolution française a influencé de nombreux drapeaux étrangers, de groupes révolutionnaires ou de pays[Sm 1]. Cela a pu être dans le choix des couleurs comme pour celui de laRépublique centrafricaine qui associe les couleurs françaises auxcouleurs panafricaines[Sm 2], celui d'Haïti qui résulte de l'emploi d'un drapeau français dont la bande blanche est arrachée[28], et peut-être dans celui duLuxembourg[Sm 3]. Ledrapeau tchadien, choisi par le dernier gouverneur françaisÉmile Biasini, est un calque du drapeau français, le blanc ayant été remplacé par le jaune[29]. L'empreinte du drapeau français s'observe également dans la disposition en trois bandes verticales égales de couleurs différentes des drapeaux de l'Italie, de laBelgique, de l'Irlande et de laRoumanie en Europe, duMexique en Amérique centrale, duCameroun, de laCôte d'Ivoire, de laGuinée, duMali, duSénégal et duTchad en Afrique[Sm 4],[29].
Le drapeau du Royaume-Uni est placé en canton de nombreux drapeaux de territoires britanniques, un blason ou un symbole propre étant disposé au centre de la partie droite. De nombreux drapeaux nationaux, infranationaux ou d'organisations de pays ayant été des colonies ou protectorats britanniques arborent l'Union Jack en canton ou adoptent les couleurs des pavillons de marine. La couleur blanche est ordinairement réservée aux pavillons de marine et les couleurs rouges et bleues aux pavillons civils ou aux drapeaux nationaux. L'Union Jack est alors perçu comme constituant une partie de l'identité nationale[30],[31]. Le drapeau d'Hawaï est le seul à l'arborer bien qu'il n'ait jamais été lié au Royaume-Uni. Il est un souvenir duRed Ensign donné par l'explorateur britanniqueGeorge Vancouver en signe d'amitié au roiKamehamehaIer[32].
Ledrapeau des États-Unis ouStar-Spangled Banner arbore cinquante étoiles blanches sur fond bleu dans le canton (rectangle en haut près de la hampe) — le nombre actuel d’États depuis l’intégration d’Hawaï en 1959 — et treize bandes, sept rouges et six blanches alternées, représentant les treize États fondateurs. Le premier drapeau adopté en 1777 ne comportait que treize étoiles.
Le paysage, élément d'affection, est considéré comme un élément neutre qui permet de mobiliser le collectif, d'unifier des populations culturellement différentes. Les paysages peuvent être figurés de façons plus ou moins complexes[33].
Des drapeaux nationaux simples à deux ou trois bandes de couleur sont susceptibles de représenter de façon symbolique un paysage imaginaire. La bande bleu dudrapeau ukrainien symbolise le ciel et la bande jaune les vastes champs de céréales, notamment le blé, qui constituent un paysage agricole typique du pays. Ce paysage est un moyen de créer l'unité malgré les différences culturelles entre les ukrainiens et la minorité russe[33]. Sur ledrapeau de l'Estonie, les bandes offrent un paysage hivernal sombre. le bleu représente le ciel, l'eau et la fidélité, le noir le manteau des anciens paysans, le sol et un passé de souffrance et d'oppression des Estoniens, le blanc la neige et le désir de liberté. Le bleu et le blanc sont également les couleurs desFinlandais avec lesquels les Estoniens sont culturellement associés[33]. Les couleurs dudrapeau argentin sont parfois interprétées comme la représentation d'un ciel dont les nuages blancs se sont dissipés pour révéler un soleil éclatant lors de laRévolution de Mai. LeSol de Mayo, ajouté en 1818, métaphore de la liberté, est aussi un symbole de beaucoup de peuples indigènes de la région. Ce drapeau représente un idéal de nation unissant les Européens et les autochtones au début duXIXe siècle[33].
Des images schématiques sont utilisées sur d'autres drapeaux. Sur celui d'Antigua-et-Barbuda, le dynamisme du peuple (le rouge), est entaillé dusigne V de la victoire qui ouvre sur l'aube d'une ère nouvelle (soleil d'or naissant) où lamer des Caraïbes (bande bleue) et les plages de sable clair (bande blanche) sont l'attraction touristique locale. Le noir représente l'ascendance africaine. Lescouleurs panafricaines sont aussi employées dans ledrapeau du Malawi[33]. Le soleil rouge levant de l'indépendance, signe d'une nouvelle ère et figuration du sang versé, se reflète dans les eaux dulac Malawi (bande rouge) — enchewa, le nom du pays signifie« lumière réfléchie »,« brume brillante » ou« eau flamboyante » — bordé par les terres cultivées, les forêts et autres ressources naturelles (bande verte)[33]. Le soleil de l'aube est cette fois figuré au-dessus des vagues bleues et blanches de l'Océan Pacifique sur ledrapeau des Kiribati. Dans cette naissance de la nation apparaît unefrégate du Pacifique, symbole de la souveraineté locale[33]. Ledrapeau bleu ciel du Kazakhstan, couleur traditionnelle qui symbolise l'unité des nomades, est porteur d'un soleil au-dessous duquel apparaît, stylisé, unaigle royal, symbole traditionnel de la liberté. Cette vue paysagère au-dessus de l'horizon,« dans l'ampleur du ciel, puisque le rapport à l'espace géographique n'implique pas un attachement territorial », sert à la reconstruction d'une identité nationale basée sur lenomadisme après l'époque soviétique[33].
Un certain nombre de drapeaux portent unécu armorié. Les représentations varient entre unsymbolisme pur, avec une forte stylisation, et des images essentiellementallégoriques, donc moins stylisées. Sur ledrapeau de la Slovaquie, trois collines bleues apparaissent sous unecroix de lorraine. Elles représentent à la fois des saints chrétiens et des massifs montagneux desCarpates occidentales, lesTatras, laGrande Fatra et leMátra,actuellement[C'est-à-dire ?] enHongrie. Le même motif s'observe dans l'écu hongrois. Il est héritier de l'époque de l'Autriche-Hongrie. Sur ledrapeau slovène, une montagne à trois pics figure leTriglav, point culminant desAlpes juliennes, et deux ondulations à la fois lamer Adriatique et les rivièresDrave etSave, proposant ainsi un balayage du pays. Dans l'écu dudrapeau de Saint-Marin, trois tours blanches représentent les trois châteaux situés au sommet dumont Titano et la capacité du pays à défendre sa liberté. Sur les drapeaux de plusieurs pays d'Amérique centrale, lesarmoiries figurent un paysage local montagneux, plus réaliste, symbolisant la nature montagneuse du pays, parfois identifiables à des massifs particuliers, sur lesquels sont disposés des figures représentant les richesses locales (animales, agricoles, végétales, minières, maritimes). D'autres figures à la symbolique plus politique s'observent également[33].
Armoiries apparaissant dans des drapeaux nationaux
De nombreux drapeaux arborent des éléments decartographie terrestre,céleste et, pour quelques-uns, des objets relevant de la cartographie. Plusieurs raisons ont cependant probablement limité un emploi plus important de cette thématique à l'échelle des pays. La forme complexe de certains territoires n'était pas aisée à reproduire avant l'apparition des moyens de fabrication modernes. Elle peut également être peu reconnaissable, inadaptée à la forme d'un drapeau, inesthétique. Dans les pays où la population n'est pas éduquée à la lecture des cartes, la forme peut ne pas être reconnue. Dans le cas de pays aux frontières changeantes ou au nombre d'éléments constitutifs variant au cours du temps, l'emploi d'une carte est peu pratique. Enfin, l'utilisation d'une carte est une déclaration hautement politique. En cas de contestation des frontières, elle peut provoquer des réactions agressives[Wh 1].
Ledrapeau de l'unification coréenne, drapeau pseudo-national, figure laCorée, deux îles deCorée du Sud et plusieurs îles et rochers à la souveraineté disputée avec leJapon ou laChine mais contrôlés par la Corée du Sud. Il est utilisé lorsque laCorée du Nord et la Corée du Sud défilent ensemble ou rassemblent leurs athlètes lors d'événements sportifs[Wh 2].
La représentation cartographique réaliste peut difficilement être adoptée dans le cas des nations insulaires, en raison de la petite taille des terres émergées, impossibles à représenter autrement que par des points sur une carte du monde, ainsi que des formes de ces îles insuffisamment distinctes de celles d'autres îles[Wh 2]. D'autres partis peuvent cependant être adoptés. Ledrapeau des Tuvalu choisi en 1978 figure une carte de l'archipel ou chaque île habitée est symbolisée par une étoile[Wh 3]. Dans celui ducomté américain de Ward dans leTexas, les étoiles figurent la position des villes et villages[26]. Ledrapeau de Nauru utilise une étoile, représentant l'unique île du pays, sur un fond bleu, l'océan Pacifique, au-dessous d'une fine bande horizontale jaune figurant l'équateur et explicitant la proximité géographique immédiate de ceparallèle terrestre[Wh 4].
Les divisions infranationales sont souvent moins conservatrices dans l'utilisation d'éléments culturels locaux, de conceptions complexes, peut-être parce que ces drapeaux sont moins reproduits. On y retrouve plus régulièrement la représentation de leur territoire[Wh 4],. Par exemple, pour l'Amérique du Nord, auxÉtats-Unis, plus de 12 % d'entre elles figurent une carte de leur territoire, 10,1 % auNicaragua, 6,3 % auSalvador, 4,4 % auGuatemala mais à peine 1,5 % auCanada[MR 2]. Un quart d'entre eux mettent en évidence leur emplacement, généralement au moyen d'une étoile, au sein d'une division politique plus élevée, ce qui peut permettre de distinguer des lieux différents mais portant le même nom à l'échelle du pays[MR 3]. D'une manière générale, le nom du lieu est presque toujours ajouté aux drapeaux avec carte[MR 4]. Un tel drapeau peut aussi être un moyen d'informer l'étranger sur le lieu où il se situe[Wh 5].
En Asie, le drapeau despréfectures japonaises peut tirer parti des formes distinctives du littoral. Lapréfecture d'Aomori a fait le choix d'une représentation stylisée et facilement reconnaissable de loin de son contour. Celle deShizuoka a adopté un drapeau avec un motif dont la moitié supérieure représente l'élévation latérale dumont Fuji et la partie inférieure son trait côtier. D'autres préfectures comme celle deKumamoto intègrent le trait côtier à un autre motif, dans le cas présent un caractèrekatakana (« Ku »)[Wh 4].
Quelques drapeaux américains affichent une carte du pays[Wh 4],[MR 2]. Dans le cas du drapeau de l'État de São Paulo au Brésil, son adoption s'explique par la création du drapeau dans le cadre d'une révolte nationale en 1888-1889[Wh 4].
De nombreux drapeaux nationaux et infranationaux de l'hémisphère sud utilisent laCroix du Sud, constellation visible depuis lepôle Sud, observable périodiquement jusqu'à 20° de latitude nord et continuellement dans le ciel nocturne en dessous de 34° de latitude sud[Wh 7]. Elle a joué un rôle important dans la navigation en permettant de retrouver assez précisément le pôle sud[36]. LaNouvelle-Zélande et l'Australie utilisent ledrapeau bleu colonial britannique standard avec la Croix du Sud centrée. La Nouvelle-Zélande se distingue par l'absence d'Epsilon Crucis, la plus petite étoile de la constellation. Sur celui de l'Australie, une étoile isolée représente le commonwealth d'Australie[Wh 7]. Ledrapeau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée figure la Croix du Sud dans une moitié inférieure. Elle symbolise l'emplacement du pays dans l'hémisphère sud ainsi que ses liens avec les nations de l'Océan Pacifique[Wh 8]. Celui desSamoa n'a compté pendant un temps que les quatre principales étoiles puis la cinquième fut ajoutée[Wh 9]. Des subdivisions administratives australiennes, néo-zélandaises, brésiliennes, chiliennes et argentines, ainsi que leMERCOSUR emploient cette constellation pour leur drapeau[Wh 9],[36]. Bien que la ressemblance soit plus ténue, ledrapeau de larévolte d'Eureka desmines d'or deBallarat dans l’État de Victoria en 1854, est considéré comme la représentant[Wh 10].
Quelques rares drapeaux arborent des objets ou symboles relevant de la cartographie. Pour l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, il s'agit d'unerose des vents figurant« la route commune vers la paix sur laquelle les pays membres se sont engagés », recoupant un cercle symbole de l’unité et de la coopération. Le bleu symbolise l’océan Atlantique[37],[Wh 11]. Ledrapeau du Portugal comporte sous un écu unesphère armillaire jaune en référence au princeHenri le Navigateur. Des sphères armillaires similaires apparaissent sur d'anciens drapeaux du Portugal et duBrésil en l'honneur des premiers voyages de découverte portugais[Wh 11].
De nombreux drapeaux anciens sont porteurs d'armes. Elles apparaissent également sur quinze drapeaux nationaux ou sur des drapeaux infranationaux actuels comme celui de l'Essex (trois épées) et duMiddlesex (trois épées avec une couronne) en Angleterre, de la ville d'Astrakhan en Russie[38].
Sur les drapeaux nationaux d'Afrique, les armes apparaissent en tant qu'outil clef dans la lutte pour l'indépendance ou symbole de la vigilance de l’État à protéger son peuple. Sur ledrapeau de l'Angola, lamachette symbolise le« début de la lutte armée ». Sur celui duMozambique, laKalachnikov AK-47 provient du drapeau du mouvement politique armé qui a combattu pour l'indépendance et est un symbole de« vigilance et défense ». Pour certains pays, une volonté de célébrer les traditions culturelles s'y adjoint. Ainsi, il apparaît sur ledrapeau du Kenya deux lances blanches croisées derrière un bouclier centralMaasaï, sur ledrapeau de l'Eswatini deuxsagaies et un bâtonzoulou orné de plumes derrière un bouclier zoulou, des instruments de pouvoir[38].
En Asie, ledrapeau omanais comprend un poignard à pointe recourbée, symbole du sultanat, brochant sur deux épées croisées, des armes traditionnelles faisant partie du vêtement quotidien. Sur ledrapeau de l'Arabie saoudite, l'épée blanche est un symbole de la« rigueur tout en appliquant la justice » dans la société saoudienne. Dans ledrapeau sri-lankais, un lion, symbole du peuplecinghalais et du pouvoir de l'État, tient dans sa main levée une épée, symbole de la souveraineté de la nation[38].
L'Amérique du Sud et l'Amérique centrale sont les régions où la prévalence d'armes sur les drapeaux nationaux est la plus élevée. Sur ledrapeau de la Barbade, est dessiné un trident noir dont la poignée cassée représente la rupture avec la période coloniale durant laquelle l'insigne de la colonie figuraitBritannia tenant un trident entier[38]. Sur les autres drapeaux, les armes apparaissent souvent en plusieurs exemplaires, croisées et servant de support à d'autres figures, ou comme porte-drapeau comme pour celui de laRépublique dominicaine[38]. Sur ledrapeau d'État de la Bolivie, des fusils croisés placés derrière un bouclier et un trophée de drapeaux symbolisent la volonté de défendre le pays. À côté, une hache représente l'autorité et une pique surmontée d'un bonnet phrygien la Révolution. Les canons croisés, qui sont placés sur les fusils, symbolisent l'armement même de l'État[38]. Sur ledrapeau du Guatemala, deux fusils à baïonnettes croisés symbolisent la volonté de protéger les intérêts nationaux et deux épées croisées l'honneur en tant que concept éthique[38]. Unfaisceau de licteur avec une hache, symbole de dignité républicaine, est figuré sur ledrapeau de l’Équateur, qui reprend pour partie ledrapeau de la Grande Colombie[38]. Ledrapeau haïtien, dont les couleurs sont reprises du drapeau français, figure en son centre des armoiries avec des fusils et des canons copiant l'en-tête du papier à lettre des généraux français de l'expédition de Saint-Domingue[28].
RobertShanafelt, « The Nature of Flag Power: How Flags Entail Dominance, Subordination, and Social Solidarity »,Politics and the Life Sciences,vol. 27,no 2,,p. 13–27(ISSN0730-9384,lire en ligne, consulté le)
↑[1] - Planche duRecueil de toutes sortes de machines, d'outils, et d'ustensiles en usages pour la construction et carenne des vaisseaux, et de tout ce qui a rapport à leurs armements dans un arsenal de marine
↑EmirKarakaya et MariaEliades,The representations of histories: flags as connecting and distinguishing representations, s.l., s.n.,, 22 p.(lire en ligne),p. 5-6
↑KaarinaAitamurto et ScottSimpson,Modern Pagan and Native Faith Movements in Central and Eastern Europe, Abington-on-Thames, Taylor & Francis,, 352 p.(ISBN9781317544616)
↑a etbJean-ChristopheBlanchard,Drapeaux et armoiries des pays issus de la décolonisation de l'Afrique équatoriale française et de l'Afrique occidentale française. Un marqueur d'indépendance ?,, 11 p.(lire en ligne),p. 5-6