Ladraft de laNBA (ou « repêchage » pour les Canadiens francophones auQuébec) est un événement annuel majeur dans la ligue debasket-ball nord-américaine. Elle est comparable à une bourse de joueurs qui vont débuter dans la ligue : lors d’une soirée où sont réunis le commissaire de la NBA et les dirigeants des 30 équipes, chaque club va sélectionner à tour de rôle un joueur issu de l’université, du lycée, ou de l’étranger. La draft est le point d'entrée principal pour la majorité des joueurs évoluant enNBA.
La draft de la NBA est organisée à la fin du mois de juin, en général deux semaines après l'issue de la saison. Chaque club dispose initialement de deux choix, répartis sur deux tours, pour sélectionner les joueurs universitaires et mondiaux qui se sont inscrits. Les choix de draft étant fréquemment inclus dans les échanges de joueurs, il est courant de voir un club disposer de plus de deux choix lors d’une draft.
Les joueurs n’ayant pas achevé leur cursus universitaire (underclassmen) ainsi que les joueurs étrangers peuvent s’inscrire à la draft jusqu’à la mi-mai, à condition qu’ils aient plus de 19 ans le jour de la draft, et qu'ils aient quitté le lycée depuis plus d'un an. Une fois déclarés, ils ont jusqu'à une semaine avant l’événement pour se retirer ; toutefois, en 2018, la NCAA envisage de permettre le retour des joueurs non draftés[1]. Les joueurs étrangers de plus de 22 ans, ainsi que les joueurs universitaires ayant achevé leur cursus sont automatiquement inscrits.
Les choix suivants du premier tour, ainsi que l’ordre du second tour, sont définis dans l’ordre inverse du classement de la saison précédente de chaque équipe (l’équipe ayant obtenu le meilleur bilan lors de la saison écoulée n’obtient que le dernier choix).
Si un choix de draft a été échangé, l’ordre est déterminé par l’équipe qui détenait initialement les droits (même si le choix de draft a été transféré à plusieurs reprises). C'est ainsi qu'en vertu d'un échange conclu en1979, lesLakers ont bénéficié du premier choix hérité desCavaliers, derniers de la saison, pour ladraft 1982. C'est la première fois qu'une équipe championne hérite ainsi du premier choix de la draft[2].
La durée du contrat avec le joueur sélectionné est fixée à l’avance : deux ans avec une option d’un an supplémentaire pour les joueurs du premier tour, un an pour les joueurs du second tour (mais ce contrat n'est pas garanti). Cette différence rend parfois un haut choix du second tour plus intéressant qu’un choix en fin de premier tour : la durée du contrat étant moindre, les risques pour les clubs de s’encombrer d’un mauvais joueur sont minimisés. Les salaires sont également fixés en fonction de la position où le joueur a été choisi. Cette limitation a été instaurée après queGlenn Robinson, premier choix de ladraft 1994 avait demandé un contrat de 100 millions de dollars auxBucks de Milwaukee avant même d'avoir joué une seule minute en NBA.Kenny Anderson, deuxième choix de ladraft 1991, a même manqué le début de la saison, n’arrivant pas à trouver un accord salarial avec lesNets du New Jersey.Jim Jackson eut le même problème en1992[3].
La draft de la NBA existe depuis les débuts de la ligue, en1947. À l’époque, les équipes sélectionnent les joueurs issus de l’université jusqu'à épuisement. L'ordre de chaque tour est établi dans l'ordre inverse du classement de la saison passée.
Le Territorial Pick est un type de choix particulier en vigueur de1950 à1965. Cette procédure permettait avant le déroulement de la draft classique par ordre, à une équipe de choisir un joueur formé à proximité de l'implantation de l'équipe professionnelle. Elle avait été créée pour soutenir, à une époque où la NBA restait fragile, les équipes sélectionnant des vedettes formées dans les universités proches, dans un rayon de 50miles[4]. Rendue moins pertinente par l'effacement du caractère local de la popularité des joueurs et contestée par certaines dérives de l'appréciation du caractère local, le territorial pick est appliqué pour la dernière fois au cours de ladraft 1965.
LesCeltics de Boston utilisent ainsi ce choix pour sélectionnerTom Heinsohn en1956, qui participa à la conquête de huit titres en neuf saisons avecBill Russell, sélectionné la même année. Pour le très convoitéWilt Chamberlain, le propriétaire desWarriors Edward Gottlieb fit valoir qu’il avait grandi et était devenu un joueur de high school populaire àPhiladelphie et l'absence de franchise NBA auKansas bien qu'il ait rejoint ensuite l'université du Kansas... très éloignée de Philadelphie. Le cas deJerry Lucas mit également à mal la règle, dans une moindre mesure que pour Chamberlain, la ville de l'Université d'État d'Ohio étant située àColombus au-delà du rayon de 50 miles autour de la franchise, mais les Royals était alors la seule franchise de l'Ohio et Lucas était né et avait été formé à ses débuts dans le rayon effectif des 50 miles.
En 1966, la ligue décide d'introduire une part de hasard dans l’obtention du premier choix : la plus mauvaise équipe de chaque conférence jouera à pile ou face ce choix[5]. Ainsi en 1969, lesBucks de Milwaukee emportent au tirage sur lesSuns de Phoenix et sélectionnent la starKareem Abdul-Jabbar (alors appelé Lew Alcindor), qui contribue grandement à leur titre de champion en1971[6].
Le système perdure jusqu’en1985, car lors de la draft précédente, des soupçons pèsent sur Houston, qui aurait volontairement perdu des matches afin d'avoir une chance sur deux d'obtenir le premier choix et, grâce à leur réussite au tirage au sort, de sélectionnerHakeem Olajuwon. La ligue instaure alors une loterie[5] : les sept équipes qui n’ont pas participé aux play-offs jouent à chances égales le premier choix. L’année suivante, la loterie évolue pour garantir au minimum le quatrième choix à la plus mauvaise équipe. De plus, seuls les trois premiers choix sont joués à la loterie, le reste des choix étant établi dans l'ordre inverse du classement de la saison précédente[6].
Ce système dure jusqu'en1989, pour être remplacé par une loterie pondérée l'année suivante : parmi les 11 équipes non qualifiées (la ligue s'agrandit entre-temps), la plus mauvaise reçoit 11 chances sur 66 d'obtenir le premier choix, quand la11e n'obtient qu’une chance sur 66. Néanmoins, leMagic d'Orlando remporte le premier choix deux saisons d'affilée : en1992, alors deuxième plus mauvaise équipe de la ligue avec 10 chances sur 66 (pour choisirShaquille O'Neal), et en1993 (et choisissentChris Webber), avec seulement une chance sur 66.
Ce coup du hasard pousse la NBA à modifier les règles : en1994, les chances de remporter le premier choix passent de 16,7 à 25 % pour la plus mauvaise équipe[5], et régressent de 1,6 à 0,5 % pour la « moins mauvaise »[6]. Le tirage de la loterie ne sort plus le nom d’une équipe mais une combinaison à quatre chiffres, chaque équipe se voyant confier aléatoirement de 250 à 5 combinaisons.
Autrefois illimité, le nombre de tours de draft est réduit à 10 en1974. Mais au-delà du deuxième tour, seule une poignée des joueurs sélectionnés avaient une carrière en NBA. C’est la principale raison pour laquelle la draft a été amenée progressivement à deux tours. Elle passe à sept tours en1985, avant de connaître le système à trois tours en1988, puis à deux tours en1989, encore utilisé aujourd'hui[6].
Une franchise peut céder un de ses choix de draft à venir à une autre équipe. L'acquéreur effectuera son choix en fonction du classement de l'équipe d'origine. Ainsi,James Worthy sera choisi en1982 par lesLakers bien que Los Angeles soit champion en titre, car leur choix de draft a été acquis en échange du modeste Don Ford pour Butch Lee et le premier tour de draft desCavaliers de Cleveland de 1982, qui se classeront derniers (15 victoires - 67 défaites) de laSaison NBA 1981-1982[7].
Le propriétaire des Cavaliers entre 1981 et 1983Ted Stepien ayant échangé ses premiers tours de draft 1981, 1982, 1983, 1984, 1985 et 1986 contre des joueurs de second rang, met en péril la revente de la franchise par des repreneurs qui voient leur avenir si obscurci que la NBA doit créer des choix supplémentaires pour Cleveland. Le premier tour de laDraft 1984 de la NBA compte ainsi 24 choix alors que la NBA n'a alors que 23 franchises. Cleveland est titulaire du12e choix (pourTim McCormick) alors que son choix de draft d'origine est placé en4e position pourSam Perkins, choisi par lesMavericks de Dallas.
Pour éviter ces abus, la NBA instaure la « règle Stepien » (Stepien rule) qui interdit le transfert des premiers choix d'une franchise sur deux années consécutives et au-delà de sept années[8].
Seuls les joueurs ayant accompli leur cursus universitaire peuvent être draftés jusqu'en 1970 inclus, mais le règlement est amendé à la suite de la procédure judiciaire engagée contre la NBA parSpencer Haywood qui doit jouer enAmerican Basketball Association faute de pouvoir être admis en NBA. En1971, les étudiants non-diplômés ayant des difficultés financières sont également admis à la draft, puis celle-ci est ouverte à tous les jeunes joueurs à partir de1976 s'ils signifient par écrit au commissaire de la NBA renoncer à leur cursus[6].
Les deux premiers choix de draft ayant eu le plus fort impact sur leur club ont tous deux été choisis par lesSpurs de San Antonio :David Robinson a fait passer le bilan de son équipe de 21 à 56 victoires (+35) etTim Duncan de 20 à 56 (+36)[2].
Kwame Brown — Premier joueur sortant directement du lycée à être1er choix de la draft, il est drafté en2001 par lesWizards de Washington. Sa première année, absolument catastrophique, lui vaut de nombreuses critiques et est parmi les années rookie les plus faibles des premiers choix de la draft. Caractériel, tête de turc des fans, Brown (7,7 points et 5,7 rebonds en carrière) est considéré comme l'un des plus gros bides de la draft avecLaRue Martin.
Anthony Bennett —1er choix de la draft2013 par lesCavaliers de Cleveland — échangé par les Cavs seulement un an après avoir été drafté — 4,1 points, 2,9 rebonds, 0,2 contre, 0,3 passe décisive et 35,2 % de réussite au tir pour sa première saison. Il est le premier joueur sélectionné en première position de la Draft à être placé enD-League (le 20 décembre 2015 par lesRaptors de Toronto).
Pervis Ellison —1er choix de la draft1989 par lesKings de Sacramento. Ne joue que 34 matches lors de sa saison de rookie en raison d'une blessure. Il est envoyé aux Bullets de Washington où il ne fera illusion que 2 saisons, le temps néanmoins d'être élu joueur ayant le plus progressé en 1992. 9,7 points et 6,8 rebonds en carrière.
Shawn Bradley —2e choix de ladraft 1993 par lesSixers de Philadelphie. Il a écumé la plupart des franchises de bas de tableau et s'est fait bien malgré lui une réputation de joueur sur lequel tous les arrières de la ligue se doivent de dunker — 8 points de moyenne en carrière.
Len Bias2e choix1986 drafté par lesCeltics de Boston, est victime d'une overdose de cocaïne le soir même de sa sélection, et décède moins de 48 heures après sa draft[10].
Les joueurs sélectionnés au-delà du premier tour ne font généralement pas une grande carrière. De plus, la NBA, longtemps très centrée sur les Américains, a pendant longtemps eu tendance à ignorer les joueurs du reste du monde. De nombreux Européens et Sud-Américains se sont trouvés relégués au second tour.
Voici cependant une liste de joueurs devenus stars :
Certains joueurs, jugés trop petits pour leurs postes ou venant d’universités peu prestigieuses, se retrouvent snobés par les équipes et ne sont pas sélectionnés. Si la plupart d’entre eux ne percent jamais en NBA, certains ont dépassé toutes les attentes, souvent après un long périple dans les ligues mineures (G-League,CBA,ABA, etc.) ou en Europe :
De nombreux fans et spécialistes tentent de prédire chaque année quels joueurs seront sélectionnés durant la draft : c’est ce qu'on appelle lesmock drafts.
Deux autres formes de draft existent : ladraft d'expansion, dans laquelle une nouvelle franchise sélectionne des joueurs dans les autres franchises de la ligue, et ladraft de dispersion, dans laquelle les joueurs d’un club démantelé sont répartis dans les autres équipes.