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Donation de Constantin

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Fresque anonyme duXIIe siècle représentant la donation de Constantin (Rome,basilique des Quatre-Saints-Couronnés).

Ladonation de Constantin (enlatin :Donatio Constantini) est uneforgerie rédigée à l'époque carolingienne, par laquelle l'empereurConstantinIer était censé avoir donné au papeSylvestre l’imperium sur l'Occident en 315. Lapapauté s'en servit à partir de la fin duIer millénaire pour justifier ses prétentions territoriales et politiques.

La démonstration de sa fausseté en1440 par l'humanisteLaurent Valla est généralement considérée comme l'acte fondateur de lacritique textuelle (herméneutique).

Si les motivations de la supercherie sont sujettes à spéculations, il est clair qu'elle servait les intérêts carolingiens et pontificaux.

Contexte

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Contenu

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Il comprend deux parties, la première (confessio) faussement datée du quatrième consulat de Constantin (315) et la seconde (donatio) faussement datée aussi du consulat deOvinius Gallicanus (317)[1].

Laconfessio fait état de la foi qui a été transmise à Constantin par le papeSylvestre Ier. Elle décrit également comment ce dernier l'a guéri de lalèpre (épisode repris auxActa Silvestri duVe siècle) avant qu'il ne se convertisse.

Ladonatio est une énumération de territoires et de privilèges que Constantin donne au Pape :

Elle se conclut par une déclaration de retrait de l'Empereur vers l'Orient, laissant ainsi l'Occident au pouvoir (potestas) du Pape.

L'existence du texte n'est pas attestée avant le milieu duIXe siècle. Il est intégré auxDécrétales pseudo-isidoriennes et se répand d'abord en Gaule carolingienne. Curieusement à Rome même, sa vogue est plus tardive. La donation est citée pour la première fois dans un acte pontifical en. Elle n'est pas utilisée comme argument avant, dans un texte du cardinalHumbert de Silva Candida. Elle est ensuite intégrée auDecretum deGratien[1].

Remise en cause

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Dès leXIIe siècle, les critiques se font jour. Dans l'Église orthodoxe, la donation est traduite en grec et critiquée par le théologienJean Kinnamos, secrétaire de l'empereur byzantinManuelIer Comnène. L'argumentation est juridique : selon Kinnamos, Constantin a donné l’imperium au pape, lequel l'a confié àCharlemagne, considéré comme un imposteur. Or, pour Kinnamos, le pape n'avait pas le droit de se défaire de son pouvoir. Un peu plus tard, cette thèse est reprise parThéodore Balsamon,patriarche d'Antioche et protégé de l'empereurIsaac II Ange. Dans une lettre adressée àInnocent III, Balsamon explique que le transfert de l'Empire de Rome àConstantinople signe la déchéance de la première.

Atelier deRaphaël,La Donation de Rome.Chambres de Raphaël,Vatican (années 1520).

En Occident,Arnaud de Brescia voit dans la donation la main de l'Antéchrist, motif que reprendraMartin Luther par la suite : selon lui, seuls les laïcs peuvent posséder des biens. Il remet donc en cause la donation en même temps qu'il remet en cause toute possession ecclésiastique. AuXIVe siècle,Marsile de Padoue renverse le sens du texte : si l'empereur a accordé au pape des pouvoirs temporels, cela prouve bien la supériorité du premier sur le second.Guillaume d'Ockham met quant à lui en doute l'authenticité du texte.

En1440, l'humanisteLaurent Valla entreprend un travail decritique textuelle du document[2]. D'abord destiné auconcile de Florence, son texte est imprimé en1506. Il prouve la fausseté du document, dont il situe la rédaction auVIIIe siècle. Cependant, il ne remet pas en cause le contenu de la donation, ce qui incite la polémique protestante à l'attaquer violemment pendant laRéforme[3]. Ce travail est généralement considéré comme l'acte fondateur de lacritique textuelle (herméneutique)[4].

Interprétation

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L'origine exacte de la donation est sujette à controverse. Son but est de répondre au besoin de « preuve » pour expliquer la propriété du clergé qui« cherche un appui auprès des pouvoirs civils, non seulement pour défendre son bien mais aussi pour l’insérer dans un cadre qui puisse défier le temps »[5].

Si les motivations de la supercherie sont sujettes à spéculations, il est clair qu'elle servait les intérêts carolingiens et pontificaux. En effet, le pape souhaitait conserver le territoire quePépin le Bref lui avait donné après avoir chassé le peuple germain qui l'occupait. L'exarchat de Ravenne était revendiqué par les Byzantins qui le possédaient avant que lesLombards ne réussissent à le reconquérir. Avec la donation de Constantin, le pape avait théoriquement le droit de conserver ce territoire[1].

Deux principales hypothèses de datation de cette forgerie existent : selon la première dominante parmi les chercheurs, le texte écrit à Rome daterait« des années 750-760, au moment où se noue l'alliance entre les papes et les Francs sous l'autorité dePépin le Bref, qui aboutit au couronnement impérial de Charlemagne en 800. ».

La seconde hypothèse, qui a toujours ses partisans, considère qu'il pourrait s'agir d'un document plus tardif, rédigé par des moines francs dans les années 830-840, qui soutiennent le pape contre l'empereurLouis le Pieux, successeur de Charlemagne, à un moment de crise entre lesdeux pouvoirs. Il est très difficile de trancher entre les deux hypothèses. Mais dans les deux cas, nous sommes bien en présence d'un faux d'époque carolingienne, qui réutilise lesActus silvestris (it), ce récit hagiographique lui-même largement imaginaire constituant aussi la base textuelle de la mise en image de lachapelle des Santi Quattro Coronati[6].Valla a des prédécesseurs.« Alors queGuillaume d'Ockham se limitait à signaler, dans sonBreviloquium (1342), le caractère apocryphe de la donation (Verba prefata sunt apocripha), les humanistes s’engagèrent de plain-pied dans une nouvelle démarche. Présenté auconcile de Bâle (1431-1449), leDe concordantia catholica (de) (1433/1434) deNicolas de Cues (†1464) entend dégager une solution médiane entre papauté et Empire, en vue de la réforme de l’Église. Traitant de la donation de Constantin, il traque le texte (en vain) dans les sources les plus anciennes, documents des papes et des empereurs autant queLiber pontificalis, passe au crible les premières donations des Carolingiens, distingue les canons duDécret de Gratien et lespaleae postérieures (dont leConstitutum Constantini) et relève, d’après la version d’un manuscrit des Fausses Décrétales, la dépendance à l’égard de la légende de Silvestre ainsi que « d’évidentes preuves de forgerie et de fausseté » (argumenta manifesta confictionis et falsitatis)… La tendance fut poussée à son plus haut degré d’expression par Lorenzo Valla (†1457). Écrivant pour le roi d'AragonAlphonse le Magnanime, alors aux prises avecEugène IV (1431-1447), tout juste déposé par le concile de Bâle au profit deFélix V (1439-1449), l'humaniste romain fut le premier à consacrer, en 1440, un opuscule spécifique à la donation de Constantin. Son traité, leDe falso credita et ementita Constantini donatione, ne se comprend pas sans la crise de succession que traverse leroyaume de Naples, fief du Siège apostolique, dans laquelle Eugène IV soutenaitRené d'Anjou, rival d'Alphonse[7] ».

La distorsion évidente entre la publicité du texte enGaule carolingienne et l'obscurité de son statut à Rome plaide en la faveur d'un faux carolingien. De fait, les rois puis empereurs francs se voient volontiers en « héritiers spirituels » de Constantin lorsqu'ils accordent ou confirment des privilèges à la papauté :

Cependant, le ton, le vocabulaire et l'objectif du texte renvoient plutôt à la papauté duVIIIe siècle : la donation entend alimenter la revendication de l'évêque de Rome au moment où il construit un pouvoir pontifical destiné à supplanter les autres patriarcats.

Notes et références

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Notes

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Références

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  1. ab etc(it) Pier Giorgio Ricci, « Donazione di Costantino in "Enciclopedia Dantesca" », surtreccani.it,(consulté le).
  2. (en) Vauchez Andre,Encyclopedia of the Middle Ages, Routledge,, 1624 p.(ISBN 978-1-57958-282-1),p. 445.
  3. (en) Whelton M.,Two Paths : Papal Monarchy – Collegial Tradition, Salisbury, Regina Orthodox Press,,p. 113.
  4. (it) « Grande Antologia Filosofica : Valla la Donazione di Costantino », surfilosofico.net, Marzorati, Milano, 1964, - vol. X,- pages: 84-86, 88)(consulté le).
  5. Philippe Martin, « Une question millénaire », inPatrimoine religieux. Désacralisation, requalification, réappropriation (sous la dir. de Claude Faltrauer, Philippe Martin, Lionel Obadia), Riveneuve éditions, 2013,p. 12.
  6. Patrick Boucheron,Quand l'histoire fait dates. Dix manières de créer l'événement, Seuil,,p. 357-358.
  7. Fabrice Delivré, « La (fausse) donation de Constantin »,Raison présente,no 208,‎,p. 83-94(DOI 10.3917/rpre.208.0083,lire en ligne).

Annexes

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Bibliographie

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Éditions du texte
Analyse critique de Valla

Articles connexes

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Liens externes

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