Au début de sa carrière cinématographique, cecanard grincheux et colérique sert de contrepoint au caractère progressivement plus posé deMickey Mouse. Il devient rapidement héros de sa propre série dedessins animés. Dans labande dessinée, il s'entoure rapidement d'un nombre important de personnages nouveaux et d'un univers qui lui est propre, sous la plume de grands scénaristes-dessinateurs américains, tels queAl Taliaferro puisCarl Barks. L'importance du personnage lui-même s'efface un peu devant les nombreux autres personnages créés dans l'univers des canards de Disney, tel son oncleBalthazar Picsou.
Donald a presque totalement disparu du monde cinématographique. Dans le monde de labande dessinée, il reste très populaire dans lespays scandinaves et d'Europe du Nord, où il l'est même davantage que Mickey Mouse, ainsi qu'enItalie. EnSuède, il est le plus populaire des personnages Disney et possède son propre magazine qui a été publié en 2001 à plus de 400 000 exemplaires[3].A contrario, c'est son onclePicsou et non Donald qui possède des publications à son nom en France (Picsou Magazine,Super Picsou Géant). Mais il possède aussi des publications à son nom moins populaires ; commeHardi présente Donald publié de1947 à1953[4], ou plus récemmentLes trésors de Donald ouSuper Donald Géant. Les histoires en bande dessinée de Donald sont publiées dans ces magazines aux côté de Mickey ou d'autres personnages Disney, mais Donald Duck reste le plus populaire dans ce milieu. Donald reste aussi très présent dans les produits dérivés de l'univers Disney.
Le nom complet de Donald en anglais, « Donald Fauntleroy Duck », figure sur son avis de mobilisation dans un dessin animé de1941 lorsque les États-Unis entrent en guerre et est repris dans quelques bandes dessinées.
Les animateurs et dessinateurs des studios Disney ont créé plusieurs personnages autour de leursouris-vedetteMickey Mouse. La plupart des amis de Mickey sont d'abord issus des animaux de la ferme. On retrouve ainsi une vache,Clarabelle Cow et un cheval,Horace Horsecollar. Le canard n'avait pas encore été créé.
En1931, un canard nommé « Donald Duck » est cité parmi les amis de la souris dansMickey's 'Hoozoo' Witswitch, And Wotswot[5], un poème contenu dans un livre de la sérieThe Adventures of Mickey Mouse[6],[7] publié par David McKay deNew York[8]. Cette histoire a été republiée en1932 àLondres et illustrée parWilfred Haughton, sous la forme des premières versions desMickey Mouse Annual[5]. Elle permet de voir dans l'angle inférieur gauche un canard aux ailes courtes, vêtu d'un short similaire à celui de Mickey, à la tête noire et découverte[9]. Il ne ressemble pas vraiment à ce qu'il sera quelques années plus tard[NB 3].
La création de Donald Duck doit beaucoup à l'évolution de la carrière deClarence Nash, alors « vendeur de lait » (présentateur de publicité) pour l'Adohr Milk Company[10]. Il avait réalisé les bruitages de chevaux tirant le wagon de lait dans une publicité[10]. En1933, il décide de déposer ce film publicitaire auxStudios de Disney comme CV[11]. Il auditionne ensuite pour des sons d'animaux. Lors d'une prise de son pour un chevreau dansMarie a un petit agneau,Walt Disney aurait trouvé la voix pour son « canard parlant »[7],[11],[12]. En décembre 1933, Clarence Nash signe un contrat avec les studios Disney pour faire la voix d'un personnage alors à créer[11].
Nash a donné sa voix en version originale au canard de 1934 à 1983[13], ce qui l'a fait surnommer Ducky Nash ; mais il a aussi participé à la définition de soncaractère[11], le processus de production des films Disney intégrant les dialogues dès les premières phases de création[14]. C'est le personnage de Donald qui a rendu Nash célèbre[15].
Depuis la mort de Nash en 1985, c'estTony Anselmo, un animateur des studios, qui a repris le rôle.
La première apparition officielle de Donald Duck a lieu dans le film d'animationUne petite poule avisée le[16], dans lequel il tient le rôle d'un canard paresseux qu'une mère poule va mettre sur le chemin du travail. Ce film est uneSilly Symphony et non un Mickey Mouse. Loin d'avoir le premier rôle, il était plutôt le comparse infortuné de la saga d'origine. Dès cette aventure, il est habillé en costume de marin : pour Disney, le canard rappelle l'eau, donc la marine, de plus le personnage joueLa cornemuse du marin. Cette histoire est publiée sous forme depages dominicales auxÉtats-Unis de septembre à décembre 1934[17], puis enFrance dansLe Journal de Mickey d'avril à août 1935 et sous forme de livre aux États-Unis en 1935.
Graphiquement parlant, Donald Duck est né d'après Flora O'Brien sous les crayons d'Art Babbitt,Dick Huemer etDick Lundy, les animateurs d'Une petite poule avisée mais c'est ce dernier qui le reprend et le développe dansLe Gala des orphelins (11 août 1934), les deux autres animateurs ayant été placés sur d'autres productions[1]. Pour Russel Merritt and J. B. Kaufman[18], Dick Lundy n'a pas participé àUne petite poule avisée. C'est pour cette raison que John Grant mentionne seulement Babbitt et Huemer comme les deux premiers animateurs de Donald[7].
Pour Merritt et Kaufman, Art Babbitt et Dick Huemer ont réalisé les premières séquences avec Donald, Babbitt la scène de danse et Huemer la séquence finale. Mais elles ont été en partie coupées au montage et la scène de danse a été retravaillée par Gilles DeTremauden. Quoi qu'il en soit dansLe Gala des orphelins, l'animateur Dick Lundy donne à Donald des traits plus anguleux (par exemple le bec), un corps plus grossier, des pieds plus grands et surtout des bras anthropomorphes, non plus des ailes.
Dans leGala des Orphelins, dirigé parBurton Gillett, Donald commence une carrière de second rôle aux côtés de Mickey. Il est mis en situation parmi d'autres personnages devant divertir desorphelins. Son numéro est de lire un poème devant un public agité[19]. Mais il a déjà du mal à le déclamer, il est interrompu régulièrement par les enfants qui ne le comprennent pas et le corrigent. Tout cela l'exaspère et le pousse à des accès de colères : signe désormais caractéristique du personnage dans les films suivants. Le poème n'est pas n'importe lequel, c'estMarie a un petit agneau, un clin d'œil à la première séance de Clarence Nash[7]. À la fin du spectacle, il tente de déclamer un autre poème,Little Boy Blue, mais les enfants l'attaquent ce qui provoque sa colère et une crise de furie. Ce caractère volcanique, apparu ici un peu par vengeance, lui sera ensuite associé pendant toute sa carrière, exception faite d'un ou deux films[7].
1935 : La bande dessinée, un trio et le père spirituel
Donald a fait ses débuts en bandes dessinées dès 1934 dans la version papier de la Silly SymphonyUne petite poule avisée. Cet épisode, dessiné parTed Osborne etAl Taliaferro, a été publié dans les bandes dessinées dominicales entre le 16 septembre et le 16 décembre 1934[17].
Mais c'est en1935 que naît réellement le personnage de Donald Duck avec un livre qui lui est directement dédié : une bande dessinée de 14 pages publiée parWhitman Publishing Company[8]. Peu après,Al Taliaferro dessine descomics strips de Donald dans les journaux. Dès le, Ted Osborne etFloyd Gottfredson, intègrent Donald auxhistoires dominicales de Mickey, ce sont des petits gags qui tiennent en trois ou quatre cases se suivant sur de longues périodes. Il apparaît à partir du 4 mars dans lestrip quotidienMickey journaliste (Editor in grief)[20].
Graphiquement, il est intéressant de noter que Floyd Gottfredson est le seul à lui dessiner un bec presque pointu[21] pendant les deux ou trois années où il le représente en compagnie de Mickey[22].
En 1935, lestudio commence l'attribution de licences pour les produits dérivés de Donald Duck[23]. En 15 ans plusieurs centaines de produits sont commercialisés, des poupées, des livres, du savon, des jeux, des brosses à dents, un train miniature de Lionel, une montre Ingersoll et diverses nourritures comme des céréales, du popcorn et un jus d'orange[23].
Ce n'est qu'à la fin desannées 1930, que les auteurs-dessinateurs américains et italiens de Disney se lancent dans des histoires longues de Donald Duck[24].
Un tournant décisif de la popularité de Donald Duck en Bande dessiné est dû àCarl Barks, qui donne un caractère plus profond au personnage et lui invente tout un univers, qui deviendra célèbre à travers lescomic-books d'abord américains, puis qui s'étendent à de nombreux pays.
Au cinéma, Donald apparaît ensuite dans plusieurs dessins animés, comme second rôle râleur aux côtés de Mickey. Le premier court métrage de l'année estLa Fanfare.John Grant indique qu'il poursuit ici ce qu'il avait commencé dansLe Gala des orphelins : le « vol du rôle vedette »[25]. Il cite pour étayer son propos Helen G Thompson, une journaliste du magazine britanniqueThe Stage[25], peu avare d'éloges :
« …Au début duGala des Orphelins [une erreur], il embarque la maison, avec les briques, les plantes en pot et les autres dépendances… Il a été dit que personne n'avait été aussi captivant depuisBen Turpin. Personne n'avait été dégonflé avec une telle finalité depuis que lerouleau compresseur avait aplati le petit Fido[NB 4]. Sa persistance était comparable à celle deJean Valjean dansLes Misérables. »
Dans le script initial Donald aurait dû jouer un saxophoniste mais Walt en décida autrement[26]. Autre élément, Donald se retrouve ici aux prises avec une abeille, fait qui se reproduira 7 fois entre 1948 et 1952[27].
Donald commence à apparaître dans d'autres films de la série des Mickey Mouse présentant ensemble Mickey,Dingo,Minnie etPluto. DansMickey's Service Station (16 mars 1935), Donald entame un trio avec Dingo et Mickey. Ce trio sera présent dans la plupart des courts-métrages réalisés parBen Sharpsteen entre 1935 et 1938.
Ce trio est présent dans de nombreux courts-métrages et permet aux scénaristes et animateurs de présenter de nombreuses scènes comiques. Ces courts-métrages sont souvent désignés comme des classiques de l'animation, comme le rappelleLeonard Maltin[28]. Toutefois en y regardant de plus près, la plupart des gags ne sont centrés que sur l'un des personnages. Le dessin animé se résume alors à la succession de gags, souvent spécifiques à chaque personnage en raison de leurs caractères et leurs caractéristiques physiques (Dingo est naïf et simple d'esprit mais c'est ce qui le rend attachant et amusant, Donald est colérique et peureux mais il est bon, Mickey est petit mais courageux) dans un environnement donné.
Après 1938, les trois personnages apparaissent plutôt en solo et sont les stars de leurs propres séries et ce principalement en raison du manque de possibilités pour concevoir des histoires avec Mickey Mouse, son caractère étant devenu trop strict pour lui faire faire des bêtises. Comme signe de cet état de fait, en juin 1938, le court-métrageTrappeurs arctiques ne présente que Donald et Dingo, en duo.
En1935, un nouveau dessinateur est engagé par les studios Disney, il se nommeCarl Barks. Il travaille sur des courts-métrages et, comme tous ses collègues, il participe aux créations de gags pour les films en préparation. Il imagine six mois plus tard le fameux gag de Donald et du fauteuil debarbier, et empoche une prime de 50 $ pour cela[26].Walt Disney incite Barks à entrer dans le groupe de scénaristes et à travailler sur Donald Duck, ce fait marque en quelque sorte la naissance de l'univers des canards de Disney[26].
La première animation de Barks scénariste estInventions modernes (1937 avec Jack King) et qui intègre le gag du fauteuil[26].
Le gag du fauteuil de barbier présente Donald découvrant un fauteuil de barbier robotisé. Il met une pièce attachée au bout d'un fil[NB 5] dans la machine qui commence alors sa coupe. En se levant la machine met Donald la tête en bas. La partie supérieure du robot commence alors à coiffer l'arrière-train du canard, tandis que l'inférieure cire son bec. Donald se retrouve alors avec le visage noir et poli et avec une raie sur les fesses.Cette séquence, à une époque où le métier de barbier était encore assez populaire, rendit les spectateurs hystériques de rire, en présentant des scènes jamais osées dans les films comiques[26].
Jusqu'en1941, Carl Barks travaille sur les dessins animés avecJack King etJack Hannah. Mais, avec laSeconde Guerre mondiale, Donald fait partie des héros de fiction mobilisés pour lapropagande de guerre, alors que Barks préfère l'humour et les gags. Fin1942, Barks démissionne de Disney mais poursuivra sa carrière avec le canard.
Embauché parWestern Publishing de1942 à1967, il va dessiner des aventures de Donald en bandes dessinées, développant tout sonunivers, devenant le plus important dessinateur sur Donald et créant de nombreux personnages en plus de ceux inventés après 1942. Beaucoup des personnages les plus célèbres sont de Barks commePicsou,Gontran Bonheur,Les Rapetou,Géo Trouvetou,Miss Tick,Archibald Gripsou,Crésus Flairsou... et donne aux personnages une ville :Donaldville (Duckburg, la ville des canards dans la version originale). Barks est ainsi devenu l'auteur le plus influent de l'univers des canards de Disney. La vision de cet univers, qu'il développe dans ses histoires, sert de souvent de repère à tous les autres créateurs de séries présentant Donald, contemporains de Barks ou non.
L'année1936 marque le début de la carrière solo de Donald Duck.
Côté bande dessinée, Donald domine la production des strips desSilly Symphonies entre le et le. Durant cette période, les histoires sont écrites par Ted Osborne et dessinées par Al Taliaferro, mais des études de leurs travaux montrent que Taliaferro participait aussi aux scénarios. L'importance est telle qu'il est alors envisagé de faire de Donald un personnage indépendant desSilly Symphonies.
Cette dissociation intervient toutefois d'abord dans l'animation. Le, dans le court-métrageDonald et Pluto de la série Mickey Mouse, Donald obtient un premier rôle aux côtés du chien de Mickey, la souris n'apparaissant pas. Ce film marque le début de la carrière solo de Donald, qui naîtra quelques mois plus tard au début de 1937.
L'année 1937 est un grand tournant dans l'histoire de Donald, comme le sera aussi l'année 1947, de nombreuses nouveautés interviennent autour du canard colérique. Tout d'abord Donald obtient sa propre série de dessins animés, suivie peu après par ses propres bandes dessinées. Cette période voit aussi sa vie changée avec l'apparition d'une famille et de nouveaux traits de caractères.Voir pour ce dernier point lasection consacrée à l'analyse du caractère du personnage.
Dans ce film, le spectateur découvre le personnage sujet de tous les amours de Donald. La cane ne s'appelle pas encore Daisy, mais Donna[26]. Cette période est très chargée pour l' « acteur Donald » qui, en plus de sa propre série, est présent dans plusieurs films de la série des Mickey Mouse au sein du trio Mickey-Donald-Dingo, entame la sérieDingo et Donald, et se voit attribuer une fiancée caractérielle et une grande famille.
De plus cette même année, le filmInventions modernes est remarquable par le fait que Donald est le seul héros. À la fin du court métrage Donald est « emprisonné » dans un fauteuil de barbier mécanique, le gag de Carl Barks (cf.ci-avant). Nash associe le succès hilarant du film à une anecdote : « Au Canada, un homme riait tellement qu'il aurait perdu son dentier dans le cinéma, derrière lui »[26].
En parallèle les productions de Disney changent aussi. On peut noter l'arrêt desSilly Symphonies, le ralentissement des Mickey Mouse par manque de possibilités scénaristiques mais aussi un redéploiement, voulu par Walt, des animateurs en équipes séparées spécialisées sur des personnages[29]. Cette répartition en plus d'être financièrement plus économique permet aussi une meilleure qualité sur chaque personnage, Donald est ainsi confié àJack Hannah etJack King, Pluto parNorman Ferguson etCharles August Nichols, Mickey parBill Roberts etRiley Thompson tandisJack Kinney prend en charge Dingo[29].
Le duo Barks-Hannah réalisera les scénarios de 27 dessins animés entre 1937 et 1947, l'âge d'or de Donald, et la plupart sous la direction deJack King[1].
À cette époque, Donald est parvenu à une apparence « moderne », principalement plus ronde, comme Mickey Mouse avait pu le faire dans les années 1930 sous l'impulsion deDavid Hand et aussi à partir de1939 avec celle deFranklin Thomas etOllie Johnston.
Le, Donald apparaît dans son proprestrip au sein d'un journal quotidien. Ces histoires sont dessinées par Al Taliaferro, d'après un scénario deBob Karp[30].
Le, Donald intervient pour la première fois dans une histoire spécialement taillée pour un journal à séries. L'histoire fut publiée par l'entreprise anglaiseFleetway et s'intitulait « Donald et Donna »[31].
Dans leurs histoires, le duo Osborne-Taliaferro transforme Donald de campagnard en citadin. Ils insérèrent même les premiers membres de la famille des canards : ses neveuxRiri, Fifi et Loulou, qui débutèrent le[32]. Ce sont les triplés, fils deDella, la sœur de Donald. Ils sont envoyés à Donald pour qu'il s'occupe d'eux pendant le séjour à l'hôpital du père des triplés, qui lui doit se remette de leurs dernières frasques. Donald devient alors une sorte de père adoptif.
Fin 1937, Disney a octroyé les droits de production de série à la maison italienneMondadori. La série deFederico Pedrocchi s'intitulantPaolino Paperino e il Mistero di Marte est alors publiée entre le et le. Dans cette histoire, Donald et son compère d'Une petite poule aviséePeter Pig vont surMars[33],[34]. L'histoire est publiée d'une façon hebdomadaire sur 18 mois. Ceci constitue la première série de longue durée avec Donald et, à la différence des comic-strip de Taliaferro, la première série d'aventures avec Donald. QuandIl Misterio di Marte s'arrêta, une nouvelle série est lancéePaolino Paperino inviato speciale qui dure alors 30 semaines. Cette histoire d'espionnage, inédite en France a depuis été rééditée en suédois en 1988 dansMa vie comme canard (Mitt liv som anka), sous le titreDonald dans l'incendie (Kalle Anka i elden).
Les débuts de Donald aux États-Unis dans les séries journalistiques ont quant à eux attendu encore quelques années.
À l'instar de Mickey avecMinnie, Donald est doté d'une « fiancée ». Mais contrairement à Mickey qui a toujours connu Minnie, la première fiancée de Donald ne sera pas la bonne. Une cane nomméeDonna Duck apparaît en janvier1937 dansDon Donald. Ce fait en partie anodin marque le début d'une importante histoire familiale parfois inextricable. La fiancée de Donald, Donna Duck sera « définitivement (re-)baptisée »Daisy Duck en 1940 dansL'Entreprenant M. Duck (Mr. Duck Steps Out). Mais ce n'est pas la fin de Donna. En effet elle va être réutilisée par d'autres auteurs, notamment par Bob Karp et Al Taliaferro qui feront plusieurs gags quotidiens de 3 cases la mettant en scène avec Daisy. C'est dans un de ces gags que les deux rivales se rencontrent pour la première fois[35].
En bande dessinée, Donald se voit confier trois neveux fin1937,Riri, Fifi et Loulou, fils de sa sœurDella Duck. Dès le, ces « chenapans » apparaissent dans le court-métrageLes Neveux de Donald. Daisy et les trois neveux commencent alors à prendre une part plus importante dans la vie de Donald[26].
En1939, Donald est confronté aux peurs des superstitions dansDonald le chanceux[26]. Il est ensuite gratifié d'un cousin un jars nomméGus Glouton (déjà apparu dans des comics strips en1938) dans le court métrage au nom très expliciteLe Cousin de Donald.
En 1940,Al Taliaferro représente dans un strip hebdomadaire sur une photo, la grand-mère de Donald, simplement surnomméeGrand-Mère Donald[36], officiellement nomméeElvire Duck néeÉcoutum (Elvira Coot en VO). Elle deviendra un personnage à part entière en 1943 et sera rejointe dans sa ferme par Gus Glouton, son petit-neveu.
John Grant présenteDonald cuistot (1941) comme un chef-d'œuvre de Jack King, alors au sommet de sa gloire, en raison de sa simplicité et de son côté très hilarant[37].
En 1941, Donald Duck apparaît dans le filmLe Dragon récalcitrant à deux reprises. La première permet de montrer les rudiments de l'animation, éléments qui s'assemblent pour devenir un extrait du court métrageDonald fermier (Old MacDonald Duck) alors en production[38] et sorti par la suite le[39].
Puis il apparaît sous la forme des personnages des grands tableaux de maîtres[38]. C'est l'extrait d'un court métrage baptiséMuseum Keeper (ouOld Masters ouDonald and the Old Masters) entamé fin 1938 sous la direction de Frank Tashlin mais non réalisé[40]. L'un des tableaux représente Donald commeLe Cavalier riant (1624) deFrans Hals[38]. Les chefs-d'œuvre revus et corrigés selon l'univers des canards de Disney ont par la suite été publiés ou copiés à maintes reprises[41]. Seize de ces œuvres ont été reproduites dans le numéro du 16 avril 1945 duLife Magazine[42], à savoir :
Vénus et Adonis (1553-1554) deTitien, présenté avec Donald, Daisy, deux chiens et un neveu en angelot
un mélange de la sériePortrait d’homme deFrans Hals avec le tableau de 1630 pour les mains, lePortrait d'Andries Van der Horn (1638) pour le chapeau et la collerette deMaria Pietersdochter Olycan (1638)
Durant laSeconde Guerre mondiale, le public cherchait des personnages plus volontaires, plus forts, parfois brutaux. Tandis que des personnages comme Minnie participent à l'effort de guerre depuis le « pays », Walt Disney n'accepte pas de transformer Mickey en un personnage de propagande, et de l'envoyer au front. Mais ce ne sera pas le cas de Donald, tout au contraire. Ce n'est pas par hasard si la popularité de personnages commeBugs Bunny ou Donald monta en flèche. Le canard, après avoir lutté contre de nombreux animaux et végétaux, semble prêt pour d'autres combats[26].
Pendant cette période, la carrière de Donald se sépare en deux axes, les courts métrages de propagande dans lesquels il est souvent un soldat et de l'autre dans deux longs métrages de type compilations, il est un « ambassadeur », un Américain moyen visitant les pays d'Amérique du Sud.
Donald est présent dans deux des quatre séquences du filmSaludos Amigos (1942). Ce film est un voyage touristique enAmérique du Sud avec des scènes de vie, de l'art et de la musique de cette région[43] mais il représente aussi une caricature du touriste américain[44]. La présence du personnage de Donald est justifiée par son caractère international, du moins par le fait que même dans sa langue natale, le canard est presque incompréhensible[45]. À cause de cela, les animateurs ont développé pour Donald unlangage corporel qui a permis de résoudre le problème de la traduction et de son coût, pour la sortie du film en Amérique du Sud[45]. D'autres personnages ont été évoqués comme Simplet, lenain muet deBlanche-Neige, mais la teneur des émotions de Donald est plus facilement perceptible[45]. A contrario Donald devient l'ambassadeur, le meilleur vendeur du modèle américain, le « propagandisteno 1 » de la société américaine[43].
DansLes Trois Caballeros (1945), Donald sert de fil conducteur au film. John Grant considère que le film permet à Donald Duck d'offrir un tremplin aux deux autres héros, certains critiques résumant ce constat au seul José Cariocia[46]. Jerry Beck justifie la présence de Donald dans ces deux films latino-américains par son premier amourDonna Duck une cane mexicaine apparue en1937 dansDon Donald[47].Grant note que dans ce film Donald est semblable à lui-même mais il tombe amoureux de trois sud-américaines, amour qui est loin d'être platonique[46]. Donald joue ici le rôle d'un militaire américain moyen qui profite d'être loin de son pays pour, comme l'indique Panchito, être un« little wolf's in duck's clothings » (petit loup dans des habits de canards)[46]. Il est aussi un prétendant potentiel pour des demoiselles réelles et d'après leTimes, un « alarmant cas incongru de vêtements dénudés[48]. » Sébastien Roffat indique que de nombreux critiques ont condamné le film pour son mauvais goût et ont été choqués par la répétition de l'expression de l'attirance sexuelle de Donald pour les jolies filles sud-américaines[49]. Sean Griffin entame son analyse par un rappel que la réaction critique à l'encontre du film exprime l'inconfort de voir Donald dans une « transe » sexuelle courant de filles brésiliennes en filles mexicaines[50]. LeSaturday Review se demande pourquoi Walt Disney et son équipe ont envoyé leurs trois caballeros pour un voyage sur un tapis magique à travers des plages pleines de beautés en maillot de bain[50]. Steven Watts désapprouve les scènes où Donald en canard dévergondé convoite des jeunes femmes aux galbes généreux en chair et en os, ce film est un Disney et cela en a perturbé plus d'un[51]. LePhiladelphia Record note que« la pensée sexuelle est agréable mais indubitablementfreudienne... notre vieil ami Donald devient unmalard très dévergondé ainsi qu'un coureur de jupon à laHarpo Marx[51]. » Un journaliste duThe New Yorker voit dans la scène avec Donald et une jeune fille sur une allée plantée de hauts cactus une imagephallique[51],[52],[53] et suggère de demander son avis à lacommission Hays[52]. Grant commente ces propos en déclarant simplement que l'intrusion d'une telle promiscuité dans la vie de Donald n'est pas un succès[46].
La production d'autres courts-métrages de ce genre a été entamée pour d'éventuelles compilations mais abandonnée. Ainsi un court-métrage prévu pour juin 1944 avec Donaldlépidoptériste, intituléLa Loca Mariposa semble anticiper la scène des insectes du miroir du filmAlice au pays des merveilles (1951)[41].
Avant 1941, Donald apparaît dans environ 50 films mais après cette date et jusqu'en 1965, c'est plus d'une centaine de films qui comprennent le personnage. Tandis que la production des Mickey Mouse est stoppée de 1942 à 1947, celle de la série Donald Duck se fait à un rythme de 7 à 10 films par an jusqu'en 1955. En1949, la popularité de Donald dépasse même celle de Mickey, il est la vedette Disney des temps de guerre[54].
Certains dessins animés de Donald servent à lapropagande de guerre : Donald devient ainsi soldat et vit l'enrôlement, les combats dans la jungle. Sa première confrontation à la guerre se fait dansDonald bénévole (The Volunteer Worker, septembre 1940) dans lequel il est l'un des bénévoles donnant à une œuvre caritative pour le soutien aux soldats.
DansThe New Spirit (1942), Donald est sollicité pour payer ses impôts. Le film montre les conséquences de ne payer à temps les taxes et a été réalisé dans un laps de temps très court parDick Huemer etJoe Grant au début de l'année 1942[55], le scénario aurait été écrit en deux jours[56]. Le film à peine achevé, les deux animateurs se sont envolés pour Washington accompagnés de Walt et Roy Disney pour le présenter audépartement du Trésor des États-Unis[55]. Lorsque le secrétaire au trésorHenry Morgenthau montra son désaccord sur la mise au second plan du personnage du fonctionnaire des impôts, Walt Disney répondit que l'usage de Donald Duck équivalait à Clarke CGable pour le studio MGM[55],[57]. Pour Grant, l'effet du film sur la population américaine n'a jamais été calculé, « spécialement sur les payeurs récalcitrants mais il est connu que le film a eu un rôle très significatif »[26]. Les séquences avec Donald ont été dirigées parWilfred Jackson et celle militaire parBen Sharpsteen[26]. Les studios Disney ont eu du mal à se faire payer par l'état américain, commanditaire du film, les 80 000 USD de frais de production[26].
Le dansDonald à l'armée (Donald Gets Drafted), Donald reçoit son avis d'incorporation et se voit engagé sous les drapeaux, rattaché ausergentPat Hibulaire. C'est grâce à cet avis que l'on apprend le second prénom de Donald,Fauntleroy. Le filmDonald's Decision (1942) voulait faire acheter des bons canadiens mais il montre clairement que les studios Disney réutilisaient des séquences pour réduire les coûts[26]. Le film reprend en grande partie des séquences deL'Ange gardien de Donald (1938) dont les deux consciences de Donald.
Fin 1942, Carl Barks décide de démissionner des studios Disney pour travailler directement avec l'éditeur des histoires de Donald,Western Publishing.
DansDer Fuehrer's Face (1943) dirigé parJack Kinney, il rêve qu'il est un travailleur dans une fabrique de munitions au pays des « Nutzi »[55],[58]. LeNutziland est une parodie de l'Allemagne nazie, le terme de Nutzi étant un jeu de mots entre « Nut », fou, et « Nazi »[58]. Ce film se termine par l'apparition en ombre de lastatue de la Liberté[59].Der Fuehrer's Face remporte l'Oscar du meilleur court-métrage animé la même année[58] et est sans conteste la plus grande contribution de Donald à l'effort de guerre[60]. La chanson jouée au début et composée parOliver Wallace par le groupe nazi devint très populaire[59],[58] et avait même été diffusée à la radio avant la sortie du film[61]. La chanson est vendue par le label Southern Music Publishing à 200 000 dès novembre 1942 et lorsque l'animateur newyorkais Martin Block annonce début octobre 1942 offrir le disque pour toute souscription à bonds de guerre de 30 USD, le soir même 10 000 souscriptions ont été enregistrés[62].
DansThe Spirit of '43, Donald est tiraillé entre deux facettes de sa personnalité : lezazou qui le pousse à dépenser son argent en futilités et l'économe, représenté par un écossais préfigurantBalthazar Picsou, qui l'incite à payer ses impôts afin de soutenir l'effort de guerre[63].
Le dernier film lié à une carrière militaire pour Donald estCommando Duck (1944).
Toutefois ce ne sont pas les seuls films de l'époque. Le caractère râleur et impulsif du canard offre aux animateurs de nombreuses possibilités de le voir contrarié et de faire rire le spectateur.
Après la Seconde Guerre mondiale l'univers de Donald ne cesse de s'étendre. Les publications à l'international font grandir le nombre d'histoires et celui des personnages.
En1947 dansDonald chez les écureuils, Jack Hannah confronte Donald avec les écureuilsTic et Tac qui avaient déjà ennuyé Pluto en1943 dansPluto soldat. DansLe Dilemme de Donald,Jack King « parodie la psychanalyse » et « donne aussi à Daisy la possibilité de jouer les vedettes »[37]. Pour Grant, cette période est marquée de la patte de Jack King qui « associe une progression quasi-logique des événements à une certaine irréalité, permet à de nombreux courts métrages de plaire au public »[37]. King prouve que parfois dans l'animation, « en fonction du contexte, la plus mauvaise blague peut être la plus drôle »[37].
Un autre fait important de l’année1947 est la création par Carl Barks de l'oncleBalthazar Picsou qui amène ensuite la création d'un énorme arbre généalogique, d'une ribambelle de personnages. On peut aussi noter en1948 la création deGontran Bonheur.
Les années 1950 marquent la fin de la série de courts métrages de Donald Duck.
Le, leGroupe Abril lance sa toute première publication,Pato Donald version en portugais de Donald Duck, publiée auBrésil[64].
En 1953 dans le filmLes Cacahuètes de Donald, Donald trouve un de ses rares alliés dans la guerre qui l'oppose àTic et Tac enDolorès un éléphant de zoo, où Donald travaille comme gardien[65].
En1953Romano Scarpa débute à Mondadori, c'est la personne qui se révèle la plus influente des séries Disney. Sa version de Donald a ses racines chez Barks, mais son action sur cinq décennies voit aussi la création de personnages bien à lui. Le personnage le plus connu estBrigitte McBridge, une cane éperdument amoureuse de Picsou. Barks à lui-même commenté Brigitte, et exprima son intérêt positif à son sujet[66].
La vie de Donald se poursuit alors surtout avec la bande dessinée, avant la création de séries télévisées et des jeux vidéo dans les décennies suivantes.
Toutefois en1959, Donald apparaît dans son premier moyen-métrageDonald au pays des mathémagiques. Donald tient dans ce film un rôle qui sera dévolu à partir de1969, à un nouveau membre de sa famille, un oncle (très) éloigné, le professeurDonald Dingue. Ce moyen-métrage est la première tentative télévisuelle de Donald[63].
Les années 1960 : explosion des bandes dessinées européennes
En1961, le dernier court métrage d'animation avec Donald Duck,The Litterbug sort au cinéma[67].
Côté bande dessinée, lesannées 1960 sont marquées par une augmentation du nombre de créateurs de séries. Avec le ralentissement des productions américaines c'est surtout au sein de la maison d'édition danoiseEgmont et des séries italiennes que Donald évolue.
La maison d'éditionEgmont (dont le siège est àCopenhague) commence à exploiter la licence des séries Disney dès1948 mais c'est à partir des années 1960, à la suite de l'achat de l'éditeur Aschehoug, spécialisé dans les livres que les publications se font plus nombreuses. Le Donald présenté dans ces séries peut se caractériser ainsi :
Donald habite avec ses neveux au 111, rue des pommes du paradis àDonaldville. Il a pour voiture le modèle 1934 de marque la Scrutto, avec une plaque d'immatriculation portant le numéro 313. Il travaille irrégulièrement dans une fabrique de margarine à Donaldville. Picsou oblige souvent Donald à travailler pour lui, ou bien à le suivre pour les chasses au trésor. Lorsqu'il travaille pour son oncle, c'est pour un salaire de misère de 30 centimes de l'heure. Il réalise pour lui des tâches sans intérêt comme nettoyer les milliards de pièces contenues dans son coffre-fort. Malheureusement pour lui, l'argent qu'il voit ne sort jamais d'où il est. Lors des chasses au trésor, les gaffes de Donald sont même au contraire un motif pour Picsou d'allonger les dettes de Donald.
Par contraste les créations italiennes ne sont pas aussi codifiées. Avec le concours du scénaristeGuido Martina et du dessinateurGiovan Battista Carpi, la personnalité de Donald est significativement modifiée surtout lorsqu'en1969 ils créentFantomiald (Paperinik en VO), l'alter-ego de Donald, un super-héros masqué. Ceci donna à Donald une nouvelle dimension, maintenant il peut :
tenter de faire quelque chose contre le comportement de Picsou qui utilise à son avantage les difficultés financières de ses neveux ;
utiliser l'aspect super-héros pour raviver l'amour de Daisy ;
contrer Gontran et tous les autres personnages qui le voyaient comme un perdant notoire. Mais tout ceci reste compliqué, car son identité doit rester secrète.
Plusieurs auteurs ont ensuite critiqué cette nouvelle facette de Donald, car l'intrusion du super-héros a considérablement modifié la personnalité de Donald.
Les années 1970 : un personnage toujours contemporain
Les années 1970 voient l'essor du Donald moderne, avec par exemple le Donald au look « techno » adopté parGiorgio Cavazzano et qui a été repris par de nombreux auteurs. On peut aussi noter l'apparition deReginella, l'amoureuse de Donald qui est l'une des créations les plus célèbres de la production Disney italienne[68],[69],[70]. Par ailleurs, dans les pays scandinaves, on commence à prendre la mesure de Barks (fanzines) et ses histoires sont rééditées en grand nombre, tandis queDaan Jippes etFreddy Milton s'en emparent pour dessiner des histoires sur ce modèle. Au Danemark, c'est leChilienVicar qui est l'un des plus grands maîtres de Donald, et des auteurs anglais (comme Paul Halas) qui reviennent aux « fondamentaux » de Barks.
Dans lesannées 1980, Vicar et l'ArgentinDaniel Branca, au trait énergique, produisent toujours sur le modèle de Barks, des histoires de Donald comptées parmi les meilleures, qui mettent l'accent sur la vie de tous les jours du canard, tandis que les auteurs italiens sont plus axés sur les grandes aventures et abordent des thèmes descience-fiction et des reprises des grands classiques (avecMassimo De Vita, fils dePier Lorenzo).
En1983, Donald réapparaît au cinéma dansLe Noël de Mickey où il joue le rôle du neveu d'Ebenezer Scrooge dans cette adaptation d'Un chant de Noël deCharles Dickens. Mais il ne développe pas dans ce film son tempérament ce qui fait dire à John Grant que cette apparition est à la fois « agréable et décevante »[72].
Les années 1980 marquent également un regain d'intérêt pour l'univers des canards de Disney, ainsi que l'apparition d'une nouvelle « école » pour les canards, l'école française, en plus de l'américaine, de l'italienne et de la scandinave.
Les premières histoires de Donaldmade in France sont publiées en1982. La première estLe Papillon qui venait du froid[73] dessinée parClaude Marin et écrite parLouis Cance etPatrice Valli.
L'intérêt pour Donald est en partie ravivé grâce à l'anniversaire de ses 50 ans en1984 qui coïncide avec l'arrivée d'une nouvelle direction à la tête de la société Disney, menée parMichael Eisner. À cette occasion, un avion nomméDuck One sillonne les États-Unis avec à son bord Clarence Nash, la voix du canard[74]. Le, Donald laisse sesempreintes de pas dans le ciment devant leGrauman's Chinese Theatre, aux côtés du nom deClarence Nash[75].
L'année 1984 marque aussi le premier jeu vidéo produit parWalt Disney Educational Productions avec Donald,Donald Duck's Playground. De nombreux titres de jeu vidéo seront édités principalement au début des années 1990 puis à partir de 2000.
L'année1985 est marquée par la mort de Clarence Nash[13],Tony Anselmo a ensuite repris la voix de Donald Duck[76].
En1987, paraît la sérieLa Bande à Picsou où Donald apparaît très rarement. Il est un oncle absent en raison de son travail de matelot dans l'armée. Le reste des histoires se concentre surtout sur les personnages de Picsou, deRiri, Fifi et Loulou et de nouveaux personnages. Elles poursuivent le principe lancé par Barks des chasses aux trésors. D'aprèsTad Stones, le fait qu'il soit peu présent dans la série s'explique par le fait qu'il ne pouvait pas parler autant que dans les BD car sa voix peut rendre ses paroles incompréhensibles[78].
En1988, Donald apparaît dans le long métrageQui veut la peau de Roger Rabbit où il fait un numéro de piano avec et contreDaffy Duck, et pour le plus grand plaisir des spectateurs, il explose de colère[72].
Les années 1990 et 2000 : l'Italie moteur de développement
Dans les années 1990, les histoires hollandaises ont un grand succès (notamment Ben Verhagen, Mau Heymans, Kirsten de Graaf). Ces auteurs reprennent le style de Barks des années 1948-1952. À mentionner aussi Tito Faraci en Italie et Francesco Guerrini.
Vers le milieu des années 1990, le personnage deFantomiald (Paperinik), créé en Italie en1969, est relancé et modernisé dans une publication mensuelle italienne nomméePKNA - Paperinik New Adventures, proche du format descomics de super-héros. Dans ce mensuel, Donald Duck reprend une vie de super-héros assez proche de celle de Fantomiald mais le monde qui l'entoure et son comportement sont plus actuels. Cette série débute le parEvroniani[79]. Dans la version originale, il conserve son pseudonyme dePaperinik mais comme des incohérences apparaissent et aussi pour conserver le symbolePK, le personnage est nommé dans certains paysPowerduck. Toutefois Donald est rarement mentionné dans cette version.
Fin1998, Bruno Enna, Diego Fasano et Paola Mulazz crée enItalie, une série intituléeDonald Junior (Paperino Paperotto en VO) narrant l'enfance de Donald Duck. Elle débute le 12 janvier 1999 dansTopolino N.2250 avec une histoire dessinée parAlessandro Barbucci[80].
La fin des années 1990 offre à Donald un rôle comparable à celui de Mickey dansFantasia (1940). Il joue le rôle de l'assistant deNoé lors du remplissage de l'Arche dans la séquencePomp and Circumstance deFantasia 2000.
Dans les années 2000, Lars Jensen, Flemming Andersen et Casty sont les auteurs les plus renommés[NB 6].
En2001,PKNA est remplacée par une nouvelle version nomméePK² ouDuclair en anglais[81], publiée de février 2001 à août 2002.
En août2002, la sériePK² est remplacée parPK en Italie (ouPK - Pikappa) aussi nomméePowerduck en France (codePK3). La première histoire s'intituleSuperhéros par hasard (Un supereroe per caso)[82]. L'environnement à encore changé par rapport à la version précédente.Donaldville est très différente, l'aspect du héros reste proche mais sa personnalité change comme son arsenal d' « outils/gadgets ». À l'instar des premières versions, l'origine du personnage est racontée dans certains épisodes mais n'a rien à voir avec les précédentes. C'est cette version qui a été adaptée en jeux vidéo sous le nomDonald Duck : Qui est PK ? (2002).
Les deux décennies 1990 et 2000 sont surtout marquées par l'informatique, d'un côté avec les nombreux jeux vidéo mettant en scène le Donald colérique et celui simple acolyte de Mickey et de l'autre les images de synthèse avec la sérieLa Maison de Mickey de 2006 montrant Donald en 3D. Dans cette série le personnage est graphiquement beaucoup plus lissé qu'en bande dessinée. Ses plumes sont ainsi presque non apparentes mais son caractère et son problème d'élocution sont intacts malgré la jeune audience visée par la série.
En avril2008, une nouvelle série provenant d'Italie, voit le jour sous le nom deDoubleDuck créée par les scénaristes Fausto Vitaliano et Marco Bosco et le dessinateur Andrea Freccero. La première histoire s'intituleBon baisers de Doubleduck[84]. On y retrouve Donald avec une double vie d'agent secret qu'il cache à Daisy. Il a pour mission de s'occuper des bandits de la ville. La série est publiée dans le magazineSuper Picsou géant[85].
Le,Glénat annonce la publication en bande dessinée des œuvres complètes deMickey Mouse et Donald Duck en 2011 et 2012 ainsi que de nouvelles histoires[86].
En2017, Donald revient à l'écran avec lereboot deLa Bande à Picsou. Cette fois-ci, Donald est beaucoup plus présent à l'écran où au cours de la série, il accompagnera de temps en temps Picsou et la bande dans leurs aventures[87].
Donald Duck est apparu dans les 128 courts métrages de la sérieDonald Duck produite entre1934 et1961[88] ainsi que bon nombre deMickey Mouse. Donald apparait aussi dans la sérieDonald et Dingo.
Rien qu'avec sa propre série, il dépasse les 119 films de Mickey, produits eux entre 1928 et 1953.
Donald est aussi à l'affiche de quelques longs et moyens métrages.
Depuis 1934, Donald Duck est apparu dans plusieurs dizaines de milliers d'histoires ou de gags. Le siteINDUCKS recense en 2011 selon les pays et les producteurs[89]:
Comme la plupart des personnages vedettes de Disney, Donald a vu apparaître au cours des décennies de nombreux produits dérivés. Toutefois, il reste dans ce domaine un personnage secondaire. Il est souvent associé au groupe Mickey-Minnie-Dingo par exemple dans les produits destinés aux bébés (gammeDisney Baby), aux objets de cuisine, à l'alimentaire (gammeDisney Garden).
Steven Watts mentionne dans les années 1930 des« kits de peinture Donald Duck pour œufs de pâques »[91]. La société américaine General Beverage a produit entre 1952 et 1955 unDonald DuckCola[90],[92].
À l'inverse de Mickey ou deWinnie l'ourson, qui possèdent chacun certaines gammes transversales qui leur sont consacrées, Donald Duck reste en marge des produits dérivés, plus justement en position de rôle secondaire.
En1998, le parcTokyo Disneyland a fêté l'anniversaire de Donald Duck en lançant un ensemble de manifestations nomméeDonald's Wacky Kingdom comprenant plusieurs spectacles.
Donald est aussi présent dans plusieurs attractions des parcs Disney :
Mickey Mouse Revue (1971), attraction fermée en 1980 auMagic Kingdom mais transférée au Tokyo Disneyland où elle est encore en activité[71].
il possède un bateau leMiss Daisy dans les trois versions deMickey's Toontown (1993 et 1996)
Mickey's PhilharMagic (2003) où il est l'objet d'un gag. À la fin de l'attraction, il est encastré dans un mur et est visible de l'autre côté du mur dans la boutique adjacente[93].
L'un des éléments caractéristiques de Donald est son phrasé ainsi que la sonorité de sa voix. Cette sonorité a donné à tort son nom à l'effet Donald Duck, fait de parler avec une voix déformée par l'hélium[95]. Mais comme le souligne Neil Sinyard, l'idée du personnage ne vient pas du dessin mais d'une voix, ce qui est assez rare dans l'animation[12].
Donald est uncanardanthropomorphique mais il est plus proche de l'animal que d'autres personnages tels que la souris Mickey Mouse ou le chien Dingo[96].
Une posture typique de Donald est celle de la pose de combat, qu'il adopte dès 1934 dansLe Gala des orphelins pour tenter de rosser les chenapans qui l'exaspèrent. Cette posture montre la flexibilité du corps du canard, tel que pouvait l'avoir Mickey dans ses premières années mais que Donald conserve et donne aussi à ces ascendants-descendants. Donald, et les autres canards de Disney, peuvent adopter des postures vraiment fantastiques, à tel point que Walt Disney déclare qu'ils ont « une plasticité plus[96] ! » Jack Hannah ajoute que cette plasticité physique n'a d'égal que celle de caractère qui permet à Donald de passer de « l'abattement du condamné au sourire du diable »[96].
ses genoux cagneux ont disparu au profit de « tubes lisses et malléables » comme la plupart des autres personnages de Disney de l'époque ;
ses doigts de plumes au bout de ses ailes sont devenus des mains presque humaines à quatre doigts.
Il possède depuis ses débuts une tenue de marin qui évolua peu, elle s'est raccourcie vers 1936 comme lebéret associé. Toutefois, certains détails n'ont pas changé comme l'absence de pantalon sauf dans quelques rares scènes de baignades où il porte un maillot intégral. Donald est un vétéran du second conflit mondial, où il sert tour à tour dans la Marine, l'Armée de terre ou l'Armée de l'air américaine. Il est à noter qu'il possédait une tenue de marin avant le second conflit mondial, ayant récupéré son fameux bonnet auprès d'un vrai marin lorsqu'il était enfant (selon une histoire parue dans le journal de Mickey en 1983).
Mais l'aspect essentiel de Donald est la très forte interaction de son aspect graphique avec ses expressions. Flora O'Brien déclare que l'âme de Donald et son corps ne font qu'un[97]. Le visage de Donald est déjà très expressif avec ses grands yeux surmontés de sourcils très mobiles, souvent soulignés par des mèches sur sa tête. Mais chaque élément de sa tenue et de son corps réagit en fonction de la situation et accroît la signification. Ainsi le ruban de son béret tombe sur le nez dans un moment de contrariété ou le béret s'envole dans un moment de surprise, tandis que sa veste s'enroule parfois sous le coup de la colère, sa queue devenant même une main pour différentes actions.
John Grant[98] fait un parallèle entre l'évolution de Mickey Mouse vue selon une optique anthropologique par le naturalisteStephen Jay Gould dans un essai publié en mai1979[99] et celle de Donald. Les deux ayant pour lui rajeunit de la même façon, juste un peu moins pour Donald. Voici ce que disait Gould :
« Les transformations de Mickey à travers le temps ont eu en général pour effet de le rendre plus jeune. Le visage de Mickey est devenu à la fois moins espiègle et plus juvénile. La taille de soncrâne a augmenté, ainsi que la taille de sa tête par rapport au reste du corps… ses jambes se sont raccourcies et épaissies, ses yeux se sont proportionnellement beaucoup agrandis. Tous ces développements sont des signes d'accentuation de sa juvénilité. »
Donald est involontairement à l'origine d'une énigme assez connue :Pourquoi Donald met une serviette autour de sa taille en sortant de la douche, alors qu'habituellement il ne met jamais de pantalon ou autre ?
On peut noter l'apparition depuis l'été 2006, d'une gamme de produits nomméeDisney Cuties présentant Donald Duck sous un aspectadorable, style graphique inspiré par lemanga, et plus particulièrement les personnages d'Hello Kitty etPucca.
Donald Duck possède plusieurs traits decaractère particuliers :
colérique et grincheux entre les années 1930 et les années 1950, il s'assagit progressivement (sans perdre son côté râleur) avec l'entrée des neveux chez lesCastors Juniors et grâce à l'avarice et le côté bougon de l'oncle Picsou ;
il est malmené par une formidable malchance. La chance éhontée de l'oisif et suffisant cousinGontran Bonheur l'enrage d'autant plus ;
les auteurs de la fin duXXe siècle, commeDon Rosa, ont ajouté à ce portrait un aspect d'amour paternel qui lie Donald à ses trois neveux et qui efface l'autoritarisme parental des premières années de cohabitation entre eux.
Les traits de Donald sont dus au département des scénarios des studios Disney qui n'accorda que des catastrophes au personnage de Donald afin d'être en adéquation avec son caractère[100]. Le caractère de Donald selon Jack Hannah concentre tout ce que l'être humain peut éprouver comme sentiment : « mignon, malicieux, chaleureux, froid et ce à n'importe quel moment ». La liste des adjectifs pour le qualifier pourrait être sans fin mais pour n'en retenir que quelques-uns :« Crédule, rêveur, persévérant, déterminé voire obstiné, héroïque mais pas téméraire, grincheux, angoissé, fier, égocentrique, hystérique et surtout colérique. »
Jack Hannah, cité par John Grant, indique qu'à l'époque des débuts de Donald[25], « il était déjà difficile de trouver des histoires pour Mickey... vous ne pouviez pas trop le bousculer. Et Dingo, vous ne pouviez pas bousculer le simple d'esprit... Donald était très facile à utiliser... Donald pouvait être n'importe quoi. »
Son caractère a évolué surtout à partir de 1937, comme Mickey Mouse, Donald était un personnage affecté par laGrande Dépression desannées 1930. Il avait ainsi exercé de nombreux emplois, et son tempérament l'a en quelque sorte aidé à s'en sortir. Avec l'année 1937, il retrouve un peu de calme et s'installe dans une maison[101]. En 1938, il prend des cours deself control dans le film justement intituléLe Sang-froid de Donald (Self Control en anglais), son caractère emporté devient un élément central de sa personnalité[102]. C'est une première étape avant son rôle d'ange gardien dansL'Ange gardien de Donald et la naissance de son côté paternaliste pourRiri, Fifi et Loulou dansLes Neveux de Donald, tous deux aussi de 1938. Il adopte aussi dans les années 1940 un côté libidineux[103].
Cet ensemble de traits est pour John Grant la raison de son succès et son abondante carrière[10]. Mais cela l'a aussi desservi. Il est ainsi d'après lui plus apprécié par les adultes que par les jeunes qui ne retrouvent pas en lui la force du héros, à cause du mauvais caractère[10]. La conséquence est que Donald est très populaire en bandes dessinées, un support lu... plus accessible aux adultes qu'aux enfants.
Mais à l'opposé les animateurs et scénaristes de Disney avaient du mal à traiter le personnage. La limitation des histoires à une succession d'actions et des réactions colériques de Donald a limité les efforts des artistes[7].
En 1944, John Hubley indique simplement[7] :« Donald est venu avec ses caractéristiques […] Le résultat a été une limitation à la fois pour les auteurs, dans leurs tentatives d'élargir le contenu des histoires et pour les animateurs à rendre expressif les actions et réactions du personnage ».Bill Tytla est lui plus critique[7] :« Les canards je n'aime pas, non pas du tout. Les canards je n'ai pas la patience de travailler avec ». John Grant émet la possibilité que, graphiquement, les canards de Disney sont très, trop, proches des oies, au point que Donald soit plus proche de l'oie que du canard, rendant peu aisé pour les animateurs les séances d'étude sur des animaux vivants[7]. Mais cela n'a pas empêché le public d'apprécier Donald[7]. Selon Steven Watts, dansNettoyeurs de carreaux (1940),Donald le riveur (1940) etDonald groom d'hôtel (1942), Donald Duck est présenté comme un employé urbain mais dans les années 1950, il devient un papa-poule dans un foyer de la classe moyenne[104].
Donald montre dansDonald amoureux (1945) un trait de caractère répréhensible le rendant très humain : il « emprunte » l'argent de ses neveux dans leurcochon tirelire pour emmener en rendez-vous Daisy, habillée à la mode duOld South[37]. Pris deremords, autre trait humain, il remet de l'argent mais averti par le narrateur il tente de reprendre une pièce mise en trop et est pris la main dans la tirelire par ses neveux. Il possède un élément similaire àPluto, une conscience double à la fois angélique et diabolique qui apparaît sous la forme de réplique miniature de lui-même en forme d'ange ou en forme de diable.
Donald Duck partage de nombreux traits communs avec le canardDaffy Duck : les traits physiques du canard, un caractère colérique, une difficulté à parler (bien que moins prononcée chez Daffy). Ils « joueront » d'ailleurs une scène ensemble (à l'instar deBugs Bunny etMickey) dans le filmQui veut la peau de Roger Rabbit (1988).
« Pauvre oncle Donald ! il n'a pas d'amis ! Oncle Picsou le traite comme un esclave et le cousin Gontran se moque constamment de lui ! (...) Pauvre oncle Donald ! Solitaire... » La vision des choses parRiri, Fifi et Loulou dans l'histoire deDon Rosa "Le Retour des trois Caballeros"[105]. Devant leur oncle, Riri Fifi et Loulou ressentent souvent de lapitié. Mais le plus souvent, Donald est tantôtcomplice, tantôt en guerre permanente avec ses neveux. Mais il est continuellement attaché à eux, qu'il considère comme ses enfants, même si il a souvent une relationfraternelle avec eux, en se lançant avec eux dans des disputes puériles.
« Espèce de crétinoïde hydrocéphale ! Misérable niquedouille ! Même la tâche la plus simple n'échappe pas à ta capacité de ratage intégral ! / C'est ainsi que tu traites la vareuse que j'ai lavée et repassée avec amour ? ! En rampant sur le sol comme le serpent que tu es ? Affreux goujat ! » La vision des choses parPicsou etDaisy envers Donald dans l'histoire de Don Rosa "Les 7 Fantastiques Caballeros (moins 4)..."[106]. Si Daisy et Picsou sont attachés à Donald, ils n’hésitent pourtant pas à lui crier dessus à cause de sonincompétence. Donald manque d'affirmation, et n'avoue jamais ses qualités, si ce n'est des bobards qu'il a inventé pendant qu'il était énervé.
« Et lui qui faisait semblant d'avoir une vie ennuyeuse ! Nous sommes en sécurité, avec Donaldo comme guide ! C'est un grand aventurier » La vision des choses des deux amis de Donald, dans l'histoire de Don Rosa "Les 7 Fantastiques Caballeros (moins 4)...".José Carioca etPanchito Pistoles effacent tous les défauts de Donald, et sontadmiratifs de toutes ces qualités, que lui-même a du mal à admettre. C'est donc exclusivement avec ses deux amis qu'il peut réellement avoir un contactamical sans jamais se disputer avec eux.
« Un noël, je me suis senti trop seul et j'ai appelé Donald, le fils d'Hortense. Entre temps, il avait recueilli chez lui ses trois neveux ! Il avait fondé une famille ! Il était bien plus riche que moi ! En eux, j'ai retrouvé les McPicsou ! J'ai vu leur soif d'aventures, de connaissance et de plaisir ! Des qualités que j'avais eues. Je me suis souvenu qu'à une époque, j'étais fidèle à mes idéaux... Ils ont ravivé quelque chose en moi ! » La vision des choses par Picsou, dans l'histoire de Don Rosa "Une lettre de la maison"[107]La relation entre Picsou et Donald est la plus compliquée. Les deux personnages entrent souvent en conflit, mais sont indispensables l'un à l'autre. Sans le savoir, c'est Donald qui a fait de Picsou ce qu'il est aujourd'hui. C'est lui qui l'a fait renaître alors qu'il ressassait toute sa vie passé dans un manoir gigantesque, durant le fameux noël1947[108],[109]. Donald croit à tort que son oncle Picsou collectionne l'argent pour la valeur monétaire, et pas pour les souvenirs qui accompagne cet argent. Il n'admet pas -du moins oralement- que son oncle est sentimental, et le décrit comme un avare acariâtre sans cœur. Mais pourtant, il l’apprécie et ne l’abandonnerai jamais.
Il a une sœur,Della, qui est mentionnée pour la première fois en 1937 sous forme de signature d'une lettre qui accompagne l'arrivée deRiri, Fifi et Loulou chez Donald (histoire d'un comic strip puis adaptée dans un dessin animéLes Neveux de Donald).
Durant les nombreuses histoires de voyages à travers le monde, la famille a vu apparaître de nombreux membres, qui a même tourné à de la généalogie lorsqu'on regarde les histoires de Don Rosa, surtout avec sonArbre généalogique de Donald Duck établi à partir de1993. Toutefois cet arbre n'est pas stable et de nombreux auteurs ne le suivent pas à la lettre.
Dans l'épisode 2 de la saison 4 du dessin animé éducatifLa maison de Mickey, intituléDonald JR, on découvre que Donald a un fils, qui s'appelle Donald Junior. Il n'est pas le fils de Daisy, mais celle-ci ne semble pas surprise de le découvrir avec son père ce qui suppose qu'elle connaissait son existence au préalable ; Mickey semble gêné. Ce fils est illégitime, c'est certain, puisqu'il n'y est pas fait mention dans l'arbre généalogique officiel, et qu'on ne lui connait pas de compagne antérieure à Daisy.
À l'inverse de Mickey avec Pluto ou Minnie avec Figaro, Donald ne semble pas avoir d'animal de compagnie attitré. Toutefois en cherchant bien, on lui trouve plusieurs animaux de compagnie, principalement dans l'univers de la bande dessinée.
Deux animaux sortent du lot. Le premier est le chiensaint-bernardBolivar qui devient le chien de Donald dans les strips comics de Al Taliaferro et Bob Karp puis repris régulièrement par Carl Barks.
Donald est aussi affublé d'un chat nommé Catmembert (Tabby)[110] créé parDick Kinney etAl Hubbard. Il apparaît en 1964 dans l'histoireUn cousin à l'épreuve des bombes !!! (The Health Nut)[111] en même temps que Popop, le cousin de Donald qu'il fuit systématiquement[112].
John Grant, dans son encyclopédie sur les personnages Disney de l'animation, considère Donald avant tout comme un héros de courts métrages d'animation malgré sa présence dans plusieurs longs métrages[113], l'ouvrage n'étudiant pas la bande dessinée.
Autour de Donald, les auteurs ont créé de nombreux éléments inspirés par la réalité. Ainsi comme Mickey etMickeyville, Donald habiteDonaldville, une ville située dans l'État fictif duCalisota. Barks et Rosa situent cet État sur la côte ouest des États-Unis à des endroits différents soit au nord soit au sud deSan Francisco.
Pour John Grant (auteur écossais), le Donald américain est moins populaire auprès des enfants que Mickey en raison de son fort caractère et de la prépondérance des supports écrits[10]. Il argue que c'est dû à la conception erronée que « les dessins animés sont pour les enfants et non les adultes. » Il indique que le « public britannique est moins réfractaire car pour lui l'animation est destiné à tous les âges »[10].
Le public américain adulte est toutefois très friand des histoires de Donald, preuve en est le nombre de courts métrages, supérieurs à celui de Mickey[25]. La popularité de Donald est aussi visible dans les 15 désignations auxOscars dont une nomination pourDer Fuehrer's Face[72]. Un journaliste propose même dans les années 1930 que Donald soit élu membre de l'American Academy of Arts and Letters[114].
Selon l'historien Lewis Jacobs, l'émergence de Donald Duck comme une vedette à partir de 1939 est reliée à celles des gouvernements nationalistes et des conflits dans le monde, le tempérament du canard reflétant plus l'esprit violent de l'époque queMickey Mouse, alors en déclin[115]. Pour Ariel Dorfman etArmand Mattelart, Donald Duck et les histoires associées aux canards de Disney permettent de retrouver l' « idéologie impérialiste des États-Unis » et consacrent un livre à l'étude des publications Disney américaines republiées enAmérique latine[116]. Pour le psychologue Lawrence Gould, « les courts métrages de Donald et Mickey contiennent un désir collectif d'échapper à la pression de la vie moderne et de revenir à l'enfance[117]. »
Un personnage longtemps assimilé à Donald Duck est devenu la mascotte de l'équipe de l'Université d'Oregon, lesOregon Ducks[118]. En 1947, une photographie montre le canard au côté deWalt Disney[118], l'Oregon Fighting Duck. Mais après la mort de Walt Disney, la société Disney s'aperçoit qu'il n'existe aucun contrat écrit concernant l'usage du personnage[118]. En1974, Disney et l'université parviennent à un accord pour un usage gratuit du canard nomméOregon Fighting Duck[119], reprenant la posture de combat de Donald.
En 1979, Disney refuse que l'université puisse accorder une sous-licence sur le personnage[119]. En 1991, un nouveau contrat est signé, accordant une licence à 12 % de la valeur (au lieu du double) pour l'usage du personnage mais limité à un usage « correct » et restreint à la zone géographique dePortland dans l'Oregon[119]. Ces limitations n'ont pas permis à l'université de vendre des articles avec leurs mascottes au niveau national ou international comme l'ont fait d'autres établissements[119]. Le, afin de simplifier, la société Disney émet un document spécifiant que le personnage n'est pas assimilable à Donald Duck, accordant ainsi à l'université d'Oregon l'usage de sa mascotte sans restriction[118].
EnFrance, le personnage de Donald Duck est très populaire comme dans de nombreux pays. Toutefois, il est et reste essentiellement un personnage secondaire, un peu éclipsé derrièreMickey Mouse ou l'oncle Picsou.
En France, comme aux États-Unis, le personnage Donald est principalement présent dans le domaine de l'animation, des bandes dessinées et des produits dérivés. Comparons ces différents domaines.
Dans l'animation, Donald est visible grâce aux rediffusions des dessins animés de sa propre série, de la série Mickey Mouse, et par les épisodes des sériesLa bande à Picsou,Disney's tous en boîte etLa Maison de Mickey. En dehors de sa propre série dedessins animés peu diffusées régulièrement, Donald est soit en position de second rôle soit rarement présent.
Dans le domaine littéraire c'est surtout par les bandes dessinées que Donald est présent. On peut noter la publication entre le et le, d'un hebdomadaire nomméHardi présente Donald (souvent abrégéDonald) consacré au canard[120]. Cette publication s'arrêta au bout de 313 parutions. L'univers des canards est quand même repris en 1972 parPicsou Magazine. La présence de ce titre appelé d'après le personnage de Picsou (à l'image de l'Uncle Scrooge américain) montre visiblement que l'oncle de Donald est plus vendeur que celui du brave neveu, bien que plus de la moitié des histoires du magazine le mette en scène. Sa présence est surtout due à l'importance des productions européennes proches de la France comme l'Italie et les pays scandinaves.
Concernant les produits dérivés autour de Donald, on retrouve souvent le canard dans des gammes de produits associées à l'univers de Mickey Mouse soit comme troisième[121] ou quatrième membre[122] de la « bande à Mickey ». Ces gammes se composent essentiellement de produits de la maison : meubles, accessoires de cuisine, vêtements. Il faut toutefois rappeler que le second personnage le plus apprécié de Disney, derrière la mascotte Mickey, estWinnie l'ourson, dont les gammes de produits sont très nombreuses.
On peut donc remarquer que Donald est très souvent présent dans l'univers Disney français et se place dans le peloton de tête des personnages de la société mais il est caractérisé par une place de second, probablement dû à son caractère. Toutefois dans certains pays la popularité de Donald égale, comme c'est le cas enItalie, voire dépasse celle de Mickey, par exemple dans les pays scandinaves tels que laSuède.
Il est doublé depuis 1989 en français parSylvain Caruso, succédant àGuy Montagné etMichel Elias qui l'avaient interprété dans les années 1980 ou encore àJacques Bodoin (voix du personnage dans le premier doublage deCoquin de Printemps). Clarence Nash avait également lui-même assuré les dialogues en français du personnage à quelques occasions (notamment dans le premier doublage deSaludos Amigos).
Au Canada (Québec) en 1986,Sébastien Dhavernas était le doublage et la voix du personnage de Donald Duck, et 1988 à 2021, Daniel Lesourd était la voix deuxièmement de Donald. Puis de 2023 à aujourd’hui,Kevin Houle était la voix officielle, la troisième et actuelle voix de Donald Duck.
EnItalie, la présence de Donald remonte à très loin, ainsiFederico Pedrocchi dessine les séries de Donald dès 1940. L'importance de Donald est surtout marquée par une abondante production d'histoires centrées sur les canards de Disney. Cependant,Mondadori continue à produire beaucoup de séries Disney. Les Italiens entendent quand même marquer les séries de leur empreinte, tout en gardant la qualité supérieure du travail de Barks. Ces séries diffèrent des danoises et des américaines en ce sens où elles sont produites en format de poche : au lieu des 10-15 pages par série, les séries italiennes sont environ de 30 pages.
EnSuède, Donald fait ses débuts en bande dessinée en 1935 dans le magazineHemmets veckotidning[NB 7]. C'est ce journal qui publie aussi les strips de Mickey dans son édition du dimanche[NB 8]. Plus tard cette même année, Donald est publié dans le journal deStockholm,Stockholms Dagblads, toujours dans les séries d'aventures quotidiennes de Mickey[NB 9]. En1936,Den kloka lilla hönan, la version danoise de la petite poule avisée est publiée dansSvenska Journalen[NB 10].
En1937 le premier numéro duJournal de Mickey est à son tour publié, dans ce journal Donald est dès le départ, un personnage récurrent. LeJournal de Mickey est un élément remarquable, premièrement par le fait d'être historiquement le premier journal de bande dessinée en Suède, deuxièmement pour publier jusqu'à maintenant des séries Disney produites en Suède. La même année 1937, le livre d'imagesMusses små kusiner (Les petits cousins de Mickey) est publié. Dans cette histoire, Donald a pour mission de s'occuper des neveux de Mickey (appelés alors « cousins de Mickey »). À noter que Donald reçoit ici le nom d'Oncle Magnus. La suite est que le nom suédois complet de Donald se transforme enKarl Magnus Anka. C'est sous ce nom qu'il est présenté dans l'arbre généalogique de Don Rosa. C'est aussi comme cela qu'il est nommé dans la sérieL'enfance de Donald (Kalle Ankas barndom), publiée dansKalle Anka & C:o et lesKalle Ankas Pocket depuis 2000.
Les histoires quotidiennes de Donald débutent dans l'édition du du journalAftonbladet[NB 11]. La publication de ces histoires se poursuit jusqu'en 1977. La page du dimanche est publiée dans le journal hebdomadaireVårt Hem, soit « Notre Maison », à partir du numéro 14 de 1940[NB 12]. Dans l'article qui lance Donald, celui-ci est nommé Karl Anka (« Canard Karl »). Il faut attendre1941 pour voir une publication contenir le nom Kalle :Le livre de noël de Donald Duck (« julhäftet Kalle Anka »), histoire qui est de nos jours publiée en fin de chaque année. Cependant il est appelé Kalle Anka dans les séries suivantes (où « Kalle » est apparemment pensé comme un surnom). En septembre1948, le premier numéro deKalle Anka & C:o sort, cette série est encore publiée de nos jours.
Les histoires de Donald sont actuellement publiées dans cinq publications suédoises régulières, en dehors des journaux et des livres, qui proposent aussi des histoires. Ces publications sont :
Kalle Anka & C:o - C'est la plus importante publication de bande dessinée en Suède, publiée depuis 1948. Elle propose les séries développées par Egmont, mais aussi des histoires allemandes, françaises et des américaines plus anciennes.
Kalle Ankas Pocket - cette publication débuta de manière sporadique en1968, et s'est progressivement développée. Aujourd'hui, 13 numéros sont publiés par an. Elle était spécialisée dans la reproduction de séries italiennes mais utilise actuellement aussi bien des séries d'Egmont que parfois des séries écrites auBrésil. Depuis 1997, une version spéciale double est publiée ainsi que depuis 2005, une version de poche nomméeDonald Duck's Minipocket.
Stål-Kalle - C'est un mensuel publié depuis 1997 proposé des histoires de Donald Duck dans un style inspiré deMarvel Comics ayant des origines italiennes.
Musse Pigg & C:o - nommée à l'origineWalt Disney's series, cette publication avant 1980 avec l'introduction des histoires de Donald Duck. Depuis 1999, elle comprend principalement des rééditions deKalle Anka & C:o et des histoires françaises.
Oppfinnar-Jockes kluriga magasin - journal publiant depuis 1982 des petites histoires.
Un parti politique satirique, le Parti de Donald Duck, fondé dans lesannées 1990, est nommé d'après le héros de Walt Disney.
En Allemagne, juste après la Seconde Guerre mondiale, les instances de la jeune République fédérale hésitent à interdire l'import des comics américains[123]. En1951, l'éditeurEhapa est fondé par le groupe danoisGutenberghus (depuis renommé Egmont) et lance le magazine mensuelMicky Maus adaptant les histoires américaines[123]. La directrice d'Ehapa,Erika Fuchs, docteure en histoire, décide d'étoffer les histoires, principalement deCarl Barks, avec des notes historiques afin de faire taire les critiques sur une possible perte du langage à cause des comics[123]. Elle prend aussi le parti d'avoir des noms de personnages plus complexes que les noms américains plus proches de l'onomatopée et des phrases plus construites[123].
En1951, seuls 135 000 exemplaires deMicky Maus sont écoulés sur les 300 000 publiés[123]. La publication devient bimensuelle à partir de janvier1956 et enfin hebdomadaire à partir de janvier1959[124] pour satisfaire son lectorat et la publication atteint les 650 000 exemplaires à la fin des années 1960[123].
Le travail de Fuchs paye et Egmont reste le principal éditeur dans les pays germaniques. Donald Duck est devenu en Allemagne un personnage populaire, proche des gens, auquel on peut s’identifier, enfant comme adulte[123].
Les auteurs ayant influencé l'univers des canards de Disney
Lesstrips quotidiens consacrés à Donald furent publiés à partir du 2 février 1938, tandis que lapage dominicale débuta le 10 décembre 1939. Ces publications étaient l'œuvre d'Al Taliaferro, le dessinateur et deBob Karp, le scénariste. Comme il l'avait toujours fait, Taliaferro participe également aux scénarios en termes d'idées. Des études suggèrent que ses idées ont transformé les histoires en de véritables classiques. Taliaferro travailla sur les séries de Donald jusqu'à sa mort le. Son dernier comic-strip quotidien fut publié le et sa dernière page du dimanche le.
Durant cette période, Taliaferro va étoffer l'univers de Donald en créant plusieurs personnages[125] :
le cousinGus Glouton, qui apparaît pour la première fois le[127] qui va apparaître par la suite au cinéma,
Grand-Mère Donald, qui apparaît sur un portrait mural le[36], puis apparaît « en chair et en os » le[128]. Pour son personnage, Taliaferro s'est inspiré de sa propre belle-mère Mme Donnie M. Wheaton possédant le même type de coiffure[129].
C'est également Taliaferro qui fait apparaître pour la première fois Daisy Duck dans les bandes dessinée le après avoir fait son apparition en dessin animé. Il n'a pas créé le personnage mais à participer à son développement.
Taliaferro a également introduit la célèbre voiture rouge de Donald avec 313 comme plaque d'immatriculation. Cet engin, tombant toujours en rade, est l'objet à la source de beaucoup de sketchs et d'humour.
Il a posé les fondements de l'univers de Donald qui seront pas la suite développés par Carl Barks.
La première aventure de Donald dans les journaux à séries aux États-Unis s'intituleLe trésor du Capitaine Morgan (Donald Duck Finds Pirate Gold) et est publié en octobre1942. L'action avait au départ été suggérée par Harry Reeves et Homer Brightman pour un court métrage qui n'a pas vu le jour. Les notes ont été données à Bob Karp qui les utilisa pour concevoir le script de cette histoire. À son tour, il confia le scénario àCarl Barks et les dessins àJack Hannah. Ils créèrent avec ce scénario une histoire de 64 pages. L'histoire est la suivante :
Donald, avec ses neveux, part à la chasse au trésor d'Henry Morgan. Selon le manuscrit, il doit dessiner un port et un bateau à voile.Barks, dont c'est l'un des premiers travaux, montre un esprit du détail dans le dessin. Afin d'avoir une meilleure apparence graphique, Barks décida de prendre le magazineNational Geographic comme référence.
Cette histoire a été importante tant pour Carl Barks, qui signe ici sa première série, que pour Donald, qui inaugure un nouvel aspect de sa personnalité : celui de chasseur de trésor. Il rejoint ainsi d'autres personnages de Disney au rôle récurrent, presque leurs métiers comme le détective Mickey, ou Dingo, le démonstrateur[130].
Barks abandonne rapidement son poste d'animateur, principalement sur des courts métrages, au sein des studios de Disney, pour travailler chezWestern Publishing, société qui a obtenu les droits de production de bandes dessinées avec les personnages Disney.
Il est payé 12,50 dollars américains la page[131]. Au départ, l'entreprise l'a engagé pour illustrer un manuscrit, dont les instructions étaient :« voilà une histoire de Donald sur 10 pages. J'espère que tu apprécieras. À toi de l'illustrer. Si tu penses pouvoir l'améliorer, ou si quelque chose ne colle pas à la personnalité de Donald, à toi de le modifier ».
Dans la mesure où Barks voulait faire ses propres manuscrits, il change allègrement le script reçu. Le résultat ne contient alors plus grand-chose de l'original. La nouvelle histoire s'appelleThe Victory Garden et elle est publiée pour la première fois en avril 1943. Dès lors, Barks est autorisé à écrire et à dessiner ses propres histoires, et non des scénarios déjà écrits.
Le rythme de production annuel de Barks arrive à sa vitesse de croisière à la fin des années 1940. Il écrit alors huit histoires de 10 pages par mois qui sont publiées dansWalt Disney's Comics and Stories, ainsi qu'une histoire plus longue publiée dans le magazine américain de Donald, au rythme de publication plus sporadique. La première longue série pour laquelle Barks écrit le scénario, est intituléThe mummy's ring, c'est une histoire de 28 pages.
Les histoires courtes portent principalement sur la vie de tous les jours de Donald et sont axées sur le comique. Les histoires plus longues sont, elles, plus dramatiques et sombres, Donald et ses neveux s'y trouvent confrontés à des situations souvent dangereuses.
Dans les deux cas, Donald se révèle avoir une personnalité multi-facettes, chacune étant mise en avant en fonction de la situation. Barks dira plus tard :« il était parfois vilain, parfois adorable, mais il était toujours gauche, tout comme un être normal ». Un autre signe réaliste des histoires de Barks est que Donald pouvait sortir comme vainqueur ou perdant. Souvent même, ses victoires étaient plutôt « creuses ».
Ses neveux ont également cet aspect multi-facettes. Parfois, et au grand dam de Donald, ils agissent comme de petits malfrats. Parfois, ils se mettent dans le pétrin et Donald doit les sauver. D'autres fois, ils s'avèrent sages et inventifs, et aident même leur oncle dans des situations sensibles. Parfois même, ils montrent de la sensibilité, de la compréhension, ainsi qu'un courage plus marqué que Donald.
Le premier personnage créé par Barks estLagrogne (Neighbor Jones), le voisin de Donald Duck. Ce personnage apparaît d'abord comme un simple nom dans l'histoireLe B.A.-BA des B.A., écrite le et publiée en juillet 1943[132]. Donald aime bien embêter ce voisin, toutefois d'une façon plus taquine que vile.
En novembre 1943, Lagrogne intervient comme un personnage à part entière dansChers voisins, écrite le[133]. Dans cette histoire, Donald et Lagrogne ont enterré lahache de guerre, mais interprètent mal une série de comportements maladroits qu'ils ont l'un envers l'autre, ce qui débouche sur la reprise des hostilités. Ils en arrivent à pratiquement détruire la maison de l'autre. Les neveux, qui en ont assez, le répètent aux propriétaires respectifs. Ils doivent alors chercher d'autres habitations. Finalement, ils se rendent compte qu'ils sont de nouveaux voisins… Évidemment, la guerre de voisinage continue. La situation avec Lagrogne, qui semble toujours de mauvais poil, et Donald, qui semble toujours parvenir à l'énerver, est la source de nombreuses histoires, souvent longues de plus de dix pages.
Le personnage suivant produit par Barks estBalthazar Picsou, ou bienOncle Picsou, qui est le frère de la mère de Donald. Sa première apparition est dansNoël sur le mont Ours, publié en décembre 1947. Gontran apparaît sitôt après et ce, dans l'histoireUn pari ridicule, du[134].
À cette date, aucun de ces deux personnages n'a encore sa personnalité caractéristique. Picsou a une barbe et de petites lunettes. Il est un vieillard relativement riche qui utilise sa canne comme appui. Il vit seul dans une grande propriété — une situation qui semble influencée par le filmCitizen Kane (1941) d'Orson Welles. Il invite ses neveux à la montagne et passe son temps à les effrayer, ce qui était à cette époque sa façon de s'amuser.
Gontran est, lui, présenté comme un cousin arrogant prétendant avoir un droit sur la maison de Donald. En effet, il est dit que Gontran avait réussi à faire un pari avec Donald : soit Donald se baigne dans un lac pour Noël, soit Gontran reçoit en gage la maison de Donald. En ce temps-là, il n'était pas encore appelé « le canard le plus chanceux du monde ». Daisy, qui aide Donald à garder sa maison, ne semble pas encore avoir d'intérêts sentimentaux pour Gontran — leur triangle amoureux ne sera mis en scène que plus tard.
Les années passent et voient Gontran et Picsou apparaître d'une manière régulière. On voit Gontran défier son cousin Donald dans toute sorte de coups. Sa chance incroyable[135] apparaît dansDonald dans les mers du sud (1949)[136]. Cette histoire voit également pour la première fois concourir ces personnages pour savoir qui serait le favori de Picsou, et donc être éligible à l'héritage. Gontran est aussi le rival de Donald pourDaisy. Cetriangle amoureux a été longtemps l'inspiration des scénaristes.
Le développement de Gontran jusqu'à son personnage actuel prend environ une année. Picsou, quant à lui, prend beaucoup plus longtemps. Au départ, Barks ne pense pas utiliser Picsou plus d'une fois. Cependant, il change rapidement d'avis. Picsou apparaît alors comme deuxième personnage phare avec Donald. En1952, il est si populaire aux États-Unis qu'une publication propre lui est consacrée, le magazineUncle Scrooge. À partir de ce moment-là, Picsou est la star de Barks dans les histoires longues, et Donald obtient un rôle moins important. Cependant, Donald reste le personnage principal dans les histoires de dix pages.
Don Rosa lors d'une séance de dédicace en 1999 en Finlande
Un auteur contemporain de Donald se distingue parmi tous :Don Rosa. Il est même appelé « l'héritier de Carl Barks ». Il a non seulement à cœur de conserver l'héritage de Donald, trait de caractère qui peut se mesurer à celui de Barks, mais il a aussi le désir de coller au travail de son célèbre prédécesseur. On peut le voir dans la pratique, où beaucoup de ses créations sont les suites directes des aventures les plus célèbres créées par Barks.
Néanmoins, Rosa se concentre en priorité sur le personnage de Picsou. Dans les années 1990, il écrit entre autres la série de 12 épisodesLa Jeunesse de Picsou, qui retrace l'histoire du personnage grâce aux éléments distillés par Barks dans ses histoires. Au cours de la même période, Rosa compile l'arbre généalogique de Donald Duck.
Don Rosa est très populaire au sein des lecteurs pour ses dessins souvent riches et détaillés. Ses séries, réels objets de collection, sortent avec des titres en majuscules, élément qui était alors seulement utilisé pour les séries de Barks.
Les séries de Rosa ne sont néanmoins pas appréciées de tous. Certains lui reprochent de casser le charme des histoires en prenant à la lettre chaque détail des bandes dessinées de Barks (à la différence de Barks qui n'a jamais cherché à construire un modèle cohérent), ou encore de dénaturer la série en usant par trop du sentimentalisme. Certains signes montrent que Barks n'était pas toujours en accord avec les choix de Don Rosa. Il déclare notamment queVicar (Victor José Arriagada Ríos) est son dessinateur préféré[137] tandis qu'il choisitWilliam Van Horn en1994 pour dessiner sa dernière histoireLa Chevauchée historique[138].
Ainsi, en reliant toutes les informations distillées par Carl Barks dans ses récits, il crée de nombreuses informations sur Donald Duck et sur d'autres personnages, qui seront vite considéré par les fans comme des faits.
Donald Duck est le nom du personnage en anglais, en allemand, en norvégien, en français et en néerlandais. Il existe toutefois d'autres formes selon les pays et les langues :
↑L'historien et éditeur Disney David Gerstein note sur laDisney Comics Mailing List (mai 2000) qu'un grand nombre de personnages nouveaux apparaissaient à l'époque sur ces textes illustrés, seuls quelques autres obscurs personnages sont devenus récurrents, comme le fermier Gideon Goat
↑A priori c'est une blague anglophone, toujours d'actualité. Fido est un chien. C'est aussi l'acronyme deForget It, Drive On (oublie le et roule).
↑traduisible par leJournal hebdomadaire pour la maison
↑Ce journal, fait pour toutes les tâches de la maison allant du bricolage à la cuisine, a actuellement 500 000 lecteurs et fut fondé en 1929. Il propose également des rubriques santé, mode, beauté, romans.
↑ce journal conservateur du matin n'est plus en activité : fondé en 1824, il a fusionné en septembre 1931 avec « Stockholms-Tidningen »
↑Journal catholique fondé en1925 qui sort 11 fois par an. C'est le premier journal suédois qui publia des séries de Disney
↑Fondé en1830, et actuellement l'un des deux journaux du soir dominant ce segment de marché
↑Fondé en1946,Vårt Hem fusionne en 1952 avecÅret Runt, se positionne comme plus gros journal hebdomadaire du pays et devientåret Runt, Vårt Hem, puis, en 1960,året Runt
↑Indiqué sur la page "Partager les honneurs : AL TALIAFERRO" dans l'ouvrageMickey Mouse par Floyd Gottfredson N&B - Tome 1,Glénat,(ISBN9782344023143),p. 275
↑"Confiant le dessin à l'un de ses épigones, l'Américain William Van Horn.." Prologue La chevauchée historiqueLa dynastie Donald Duck Tome 18,Glénat,(ISBN9782344010457), p238
La version du 16 janvier 2008 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.