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| Doctrinaires | |
| Chambre | Chambre des députés |
|---|---|
| Fondation | |
| Disparition | |
| Membres principaux | Pierre Paul Royer-Collard François Guizot |
| Régime | Restauration |
| Organe | Le Censeur |
| Positionnement | Centre[1] |
| Idéologie | Monarchisme constitutionnel |
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LesDoctrinaires forment un descourants politiques deRestauration (1814-1830). Ils siègent aucentre au sein de laChambre des députés et sont classés parmi les constitutionnels jusqu'en 1820, puis ils se fondent ensuite dans l'opposition libérale[1]. Bien qu'influents sur la politique ministérielle, notamment entre 1817 et 1820, ils n'occupent qu'un petit nombre de siège à la Chambre[1].
Dirigés parRoyer-Collard, ces royalistes libéraux souhaitaient une monarchie constitutionnelle, avec unsuffrage censitaire et fort limité -Louis XVIII, après être monté sur le trône, s'était contenté d'accorder uneCharte aux Français avec unechambre des pairs et unechambre des députés élues selon une loi électorale très restrictive (à peu près 100 000 Français avaient alors le droit de vote, et à peine 15 000 étaient éligibles).
Les doctrinaires avaient commencé par obtenir en 1816 la faveur de Louis XVIII, qu'avait effrayé la violence desUltras pendant laChambre introuvable de 1815. Les Ultras, cependant, revinrent bien vite au pouvoir, dirigés par lecomte de Villèle. Les doctrinaires se retrouvèrent alors dans l'opposition, bien qu'ils fussent restés très proches du gouvernement, particulièrement deDecazes qui assumait certaines fonctions gouvernementales. Davantage cercle de réflexion que parti politique, les doctrinaires s'opposaient sur leur gauche aux républicains et aux « socialistes utopiques » (comme les appelle plus tardKarl Marx) et sur leur droite aux Ultras.
Les doctrinaires ont fini par disparaître à la suite de la politique réactionnaire deCharles X, qui avait succédé à son frère Louis XVIII, et avait pris comme Premier ministre un ultra, leprince de Polignac. Cette nomination fut une des causes de larévolution de Juillet (1830), après laquelle certains doctrinaires se fondirent dans lesOrléanistes, dont aucune question de principe ne les avait jamais séparés ; d'autres, comme Royer-Collard resté légitimiste, se retirèrent de la vie politique à la suite de cette révolution qu'ils avaient pourtant préparée[2]. Selon la classification célèbre deRené Rémond au sujet des diverses familles de la droite en France, les Orléanistes sont devenus à droite la deuxième tradition à émerger à côté desLégitimistes, terme employé pour désigner les défenseurs de la dynastie desBourbons après la révolution de Juillet.
Le nom, comme ce fut souvent le cas quand il s'agissait de désigner des partis politiques, avait été employé au début par dérision sous la plume d'un adversaire. En 1816Le Nain jaune réfugié, journal français, édité à Bruxelles par des exilés bonapartistes et libéraux, commença à parler deRoyer-Collard comme d'un doctrinaire en l'appelant le Pierre Royer-Collard de la doctrine chrétienne, un nom qui rappelait ses études chez lesPères de la Doctrine, un ordre religieux français fondé en 1592 parCésar de Bus et connu familièrement sous le nom de doctrinaires.
Le choix d'un surnom pour Royer-Collard fait honneur à la perspicacité journalistique des collaborateurs duNain jaune réfugié, parce que c'était tout à fait un homme dont la passion était de prêcher une doctrine et une orthodoxie. L'appellation devint rapidement populaire et fut étendue aux collègues de Royer-Collard, venus parfois d'horizons différents. Leduc de Richelieu avait été au nombre des émigrés royalistes sous la Révolution et l'Empire, mais des tendances libérales ont permis à certains[3] de le classer parmi les doctrinaires. D'autre le classent comme un homme d'État du centre mais pas doctrinaire[4]. Ce qui fait la grande différence entre les doctrinaires et les autres députés du centre c'est qu'ils sont royalistes et acceptent la Révolution sauf la Terreur. Or Richelieu n'accepte pas la Révolution[5]. Pour sa part,De Serre, autre ancien émigré, était, en 1819, suivantJean-Baptiste Honoré Raymond Capefigue « l’expression éloquente du parti doctrinaire[6] ».
Royer-Collard lui-même,Lamarque, etMaine de Biran avaient siégé dans les Assemblées révolutionnaires.Pasquier, lecomte de Beugnot, lebaron de Barante,Georges Cuvier,Mounier etDecazes avaient été des fonctionnaires impériaux. Cependant, ils étaient étroitement unis par leurs principes politiques, et également par une certaine similitude de leurs méthodes. Une partie d'entre eux, notamment Guizot et Maine de Biran, étaient des théoriciens et des commentateurs des principes de gouvernement. Le baron de Barante était un lettré éminent. Tous étaient connus pour la concordance doctrinale de leurs principes et la rigidité dialectique de leurs arguments. Leur objet, comme le définissait le futur duc Decazes, était de « nationaliser la monarchie et royaliser la France ». Le roi, qui avait été « roi de France » pendant l'Ancien Régime, ne devait-il pas devenir « roi des Français » sous lamonarchie de Juillet ? Ce changement illustra bien le passage dudroit divin des rois à lasouveraineté nationale : cette souveraineté n'est plus issue de Dieu, mais du peuple.
Les moyens par lesquels ils espéraient atteindre leur but étaient une application loyale de laCharte accordée parLouis XVIII, et la coopération régulière entre le roi et eux-mêmes afin de combattre lesUltra-royalistes, c'est-à-dire les contre-révolutionnaires qui visaient le démantèlement complet de l'œuvre politique et sociale de la Révolution. Les doctrinaires étaient prêts à accorder au roi une grande liberté dans le choix de ses ministres et dans la direction de la politique nationale. Ils refusaient le principe de la responsabilité devant le parlement, n'admettant pas que des ministres dussent démissionner pour obéir à un vote hostile de la chambre.
Leur idéal était en fait de faire cohabiter un roi qui aurait loyalement accepté les acquis de la Révolution, et qui régnerait dans un esprit libéral, et une chambre élue qui l'assisterait de ses conseils. Elle devait être désignée par un collège électoral très limité, où les propriétaires et les gens instruits formeraient sinon la totalité du moins une très grande majorité. Ils ne devaient pas trouver un roi de cette espèce jusqu'à lamonarchie de Juillet et au règne de Louis-Philippe. C'estGuizot qui a le mieux exprimé l'idéologie des doctrinaires dans son traitéDu gouvernement représentatif et de l'état actuel de la France. Dans la presse, les principaux organes du parti étaientL'Indépendant, devenuLe Constitutionnel en 1817, etLe Journal des Débats. Les doctrinaires étaient principalement soutenus par d'anciens fonctionnaires de l'Empire, qui croyaient en la nécessité d'un gouvernement monarchique mais se souvenaient encore de la rude poigne deNapoléon, ainsi que des négociants, des industriels et des membres des professions libérales, en particulier des avocats, qui n'avaient pas moins de haine envers l'Ancien Régime.
On comptait parmi eux :
Bien que peu nombreux, les Doctrinaires exercèrent par l'ascendant de leur talent une grande influence sous les deuxmonarchies de 1814 etde 1830.