Le dernier roi de laIIe dynastie a porté au cours de son règne deux noms principaux, parfois accompagné d'une épithète (Hotep-Netjerouy-Imef, « Celui grâce à qui les Deux Dieux sont satisfaits ») pour le second ; ce changement serait dû à un évènement politique marquant, peut-être une réunification du pays[1] :
le premier nom était lenom d'HorusKhâsekhem (leserekh est surmonté du fauconHorus couronné de la couronne blanchehedjet, symbole de laHaute-Égypte), attesté sur les documents suivants :
des vases en granit et travertin découverts dans le temple d'Horus àNekhen ; tous ces vases montrent une inscription figurant la déesseNekhbet (la déesse tutélaire de la Haute-Égypte) debout sur un anneau à l'intérieur duquel se trouve le mot « rebelle » (bš̤) et accompagnée d'une légende indiquant « l'année de combattre l'ennemi du nord »[2],[3],
une statuette en calcaire et une statuette ensiltite, découvertes àNekhen également ; ces statuettes montrent des ennemis défaits dans des positions contorsionnées, légendés comme « 47 209 ennemis du nord »[4],[3],
une stèle fragmentaire en quartzite verdâtre foncé découverte àNekhen également ; elle montre un captif sur une plateforme et une tête coupée surmontée du signe de l'arc, permettant d'écrire le nom de la Nubie,Ta-Séty ; l'inscription au-dessous indique « humilier le pays étranger »[4],[5],
une tête de hache en cuivre sans provenance connue et se trouvant aujourd'hui dans une collection privée[4],
le second était lenom d'Horus et deSethKhâsekhemouy (leserekh est surmonté du fauconHorus portant la double-couronnepschent, symbole des Haute et Basse-Égypte unifiée, et de l'animalséthien portant lui aussi lepschent) ; ce nomKhâsekhemouy a également été découvert en tant que nom de Nebty ; de plus, ce nomKhâsekhemouy est attesté accompagné de l'épithèteHotep-Netjerouy-Imef, à la fois pour le nom d'Horus-Seth et le nom de Nebty, ainsi que de l'épithèteNeboukhetsen cette fois uniquement pour le nom de Nebty ; cette formeKhâsekhemouy est attestée sur les documents suivants :
un fragment de vase enbrèche découvert dans la zone d'un temple égyptien àByblos, portant l'inscription « Horus-Seth Khâsekhemouy, vie offerte » ; inhabituellement, l'animal séthien porte la couronne rougedecheret, symbole de laBasse-Égypte[4],
un vase en granit, inscrit au nom de NebtyKhâsekhemouy sans provenance connue et aujourd'hui auMusée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye,
un montant de porte découvert dans la zone du temple d'Horus àNekhen, dont l'une des faces porte le nom d'Horus-SethKhâsekhemouy Hotep-Netjerouy-Imef, tandis que l'autre face, ultérieurement arasée, a été décorée avec une scène du roi pendant une cérémonie de fondation en compagnie de la déesseSeshat, d'autres blocs ont également été découverts, dont un bloc endommagé avec une liste de pays étrangers et des nombres (aujourd'hui endommagés) associés à chacun d'entre eux, renvoyant peut-être à des tributs ou des ennemis tués[6],[7],
des reliefs fragmentaires découverts dans une construction en brique nommé le « Fort » deNekhen, qui est peut-être un enclos funéraire[8],
un bloc de granit découvert dans la ville voisine d'El Kab inscrit au nom d'Horus-SethKhâsekhemouy Hotep-Netjerouy-Imef et appartenant probablement à un bâtiment important[8],
sa tombe V dans la nécropole d'Oumm el-Qa'ab àAbydos, dans laquelle ont été découverts deux stèles funéraires en granit à son nom (des fragments de la première ont été découverts au sud de la tombe tandis que la seconde, brisée, a été découverte hors contexte à deux kilomètres à l'est), un précieux sceptre, des vases en pierre calcaire dolomitique avec couvercles en feuille d'or, de la vaisselle en bronze et cuivre, et des empreintes de sceaux du roi avec celles deDjéser[16],[17],[18],
son enclos funéraire, nommé aujourd'huiShunet El Zebib et situé à plus d'un kilomètre à louest de la tombe, près de la limite du désert et dans lequel ont été découvertes des empreintes de sceaux du roi avec celles deDjéser ainsi qu'un fragment de vaisselle en diorite portant l'inscriptionNebty Khâsekhemouy Neboukhetsen, seule attestation connue de cette épithète[16],[17],[19].
Il est à noter que des reliefs situés àGebelein et provenant du temple d'Hathor local sont attribués à Khâsekhemouy d'après leur style[8],[11], ainsi qu'une tête de statuette, sans provenance connue et aujourd'hui à Boston, du fait de sa forte ressemblance aux deux statuettes découvertes àNekhen.
Vase en travertin découvert dans le temple d'Horus àNekhen et inscrit au nom deKhâsekhem.
Le roi est mentionné au début du cinquième registre du recto de lapierre de Palerme, plus spécifiquement sur le fragment du même nom ; seules les six dernières années pleines et la dernière année, incomplète car partagée avec son successeur, sont inscrites sur le fragment de Palerme, le reste étant perdu[20],[21],[22]. Le roi serait également inscrit sur le registre supérieur du fragment de Londres qui correspondrait donc à des années antérieures aux années du fragment de Palerme[23]. Ces années sont les suivantes :
fragment de Londres :
« Première [occasion du] (recensement de ?) l'or ... » ([zp] tpj ... nw ... t ... nbw ...),
« (Suivants d'Horus ?) ; deuxième recensement (du cheptel) ; trois coudées six paumes deux doigts » ((Šms-Ḥr ?) ; zp 2 ṯnwt ; mḥ 3 šsp 6 ḏbˁ.wy),
« ... du peuple ; trois coudées une paume » (... rḥjt ; mḥ 3 šsp 1),
« ... troisième [recensement (du cheptel)] ; une coudée ... » (... [zp] 3 [ṯnwt] ; mḥ 1 ...),
fragment de Palerme :
« Suivants d'Horus ; sixième recensement (du cheptel) ; deux coudées quatre paumes un doigt et demi » (Šms-Ḥr ; zp 6 ṯnwt ; mḥ 2 šsp 4 ḏbˁ 1½),
« Apparition du roi de Basse et Haute-Égypte ; construction en pierre (du bâtiment) « La déesse perdure » ; deux coudées trois paumes un doigt » (ḫˁ(t)-nsw.t-bjty ; qd jn(r) Mn-Nṯr.t ; mḥ 2 šsp 3 ḏbˁ),
« Suivants d'Horus ; septième recensement (du cheptel) ; trois et deux tiers de coudées » (Šms-Ḥr ; zp 7 ṯnwt ; mḥ 3⅔),
« Création en cuivre de (la statue) « Grand est Khâsekhemouy » ; deux coudées six paumes deux doigt et demi » (mst ḥm (?) q(ȝj)-Ḫˁ-sḫm.wy ; mḥ 2 šsp 6 ḏbˁ 2½),
« Suivants d'Horus ; huitième recensement (du cheptel) ; quatre coudées deux paumes deux et deux tiers de doigts » (Šms-Ḥr ; zp 8 ṯnwt ; mḥ 4 šsp 2 ḏbˁ 2⅔),
« Quatrième rituel « atteindre le mur » (rituel inconnu par ailleurs) ; construction de navires (dans ?) Doua-djéf(a) ; quatre coudées deux paumes » (zp 4 jn jnb ; šd dšrt Dwȝ-ḏf(ȝ) ; mḥ 4 šsp 2),
« Deux mois et vingt-trois jours » (ȝbd 2 sw 23).
Le dernier roi de laIIe dynastie est présent sur les listes royales ramessides sous un nom différent, le nom écrit étant corrompu par le temps :
lecanon royal de Turin, daté de laXIXe dynastie, dans lequel le nom deBebty est inscrit à la troisième position de la quatrième colonne ; le papyrus lui compte vingt-sept ans, deux mois et un jour de règne[24],
La situation politique du royaume égyptien à cette époque reculée, depuis la fin du règne deNynetjer jusqu'à l'avènement de Khâsekhemouy, est floue. Il semble que le royaume était divisée et que Khâsekhemouy a commencé son règne en contrôlant le sud de l'Égypte seulement, bien que la frontière nord de ce territoire ne soit pas connue. En effet, plusieurs documents (statuettes assises, vases deNekhen) portant le nomKhâsekhem mentionnent la lutte contre des ennemis du nord, et les attestations de ce mêmeKhâsekhem proviennent tous de la région deNekhen, à l'exception d'un vase découvert dans les galeries duComplexe funéraire deDjéser et déposé pendant le règne de ce dernier. De plus, le nom d'Horus du roi est surmontée du faucon Horus portant la couronne blanchehedjet de la Haute-Égypte, et non lepschent, couronne de l'Égypte unifiée. Si, pour la Haute-Égypte, Khâsekhemouy a semble-t-il succédé àSekhemib, à moi que ce roi soit identique àPéribsen (ceci ne fait pas l'unanimité), il a été suggéré que le roi (ou les rois) ayant précédé Khâsekhemouy en Basse-Égypte soit représenté par la lacune (écrithoudejfa en égyptien) précédent immédiatement le nom de Khâsekhemouy dans latable de Saqqarah et leCanon royal de Turin. Il semble par ailleurs que le roi ait mené une campagne contre les Nubiens au sud avant d'avoir réunifié l'Égypte, car une stèle fragmentaire découverte àNekhen figure une captif et une tête coupé sous le signe de l'arc servant à écrire le nom de la Nubie,Ta-Séty et mentionne la formule suivante « humilier le pays étranger »[1].
À un moment donné, le roi a changé sa titulature pourKhâsekhemouy et a surmonté son nom par le faucon Horus, cette fois couronné dupschent, et de l'animalséthien portant lui aussi la couronnepschent. Il est possible que ce changement soit dû à une réunification réalisée par le roi. Toujours est-il que si la région deNekhen est toujours le lieu où le plus grand nombre d'attestations du roi a été trouvé, le roi est attesté plus au nord, que ce soit àAbydos, avec la construction de sa tombe et de son enclos funéraire, àBeit Khallaf avec une empreinte de sceau dans la tombe K1, et àSaqqarah, avec une empreinte de sceau dans la tombe de fonctionnaire S3043 et des empreintes de sceaux dans le complexe funéraire de son fils Djéser, dont la présence pourrait signifier que le roi avait mis en place quelque chose sous son règne[29],[9].
Concernant les relations internationales, elles semblent atteindre un nouveau niveau, comme l'attestent la première mention de l'histoire égyptienne du titre « surveillant des pays étrangers » (jmj-rȝ ḫȝst), suggérant l'imposition de l'hégémonie égyptienne sur des territoires étrangers (il pourrait s'agir d'un territoire nubien d'après la stèle fragmentaire découverte àNekhen suggérant une campagne militaire), ainsi que la découverte àByblos d'un fragment de vase portant son nom, suggérant un certain niveau de relations commerciales entre cette ville et l'Égypte sous son règne, bien que ce vase ait pu atteindre ce lieu à une date ultérieure[4].
À sa mort, laIIe dynastie prend fin et laIIIe dynastie commence. Cependant, il ne s'agit pas d'un changement de lignée : en effet, Khâsekhemouy a probablement pour successeur direct son filsDjéser[34],[35],[19],[36], bien queSanakht soit aussi évoqué[37].
Sa sépulture a été retrouvée àAbydos enHaute-Égypte. Cette tombe (référencée par la lettreV), unique en son genre, est la plus vaste et la plus complexe de la nécropole d'Oumm el-Qa'ab. De forme trapézoïdale, d'une longueur de soixante-dix mètres et d'une largeur variant de dix-sept à dix mètres d'une extrémité à l'autre, elle possède une chambre funéraire édifié en pierre à peu près en son centre[20],[33].
Elle estfouillée parÉmile Amélineau durant ses fouilles dans la nécropole ayant eu lieu entre 1894 et 1898, puis parWilliam Matthew Flinders Petrie en 1901, dont les fouilles de la nécropole datent de 1899 à 1903[38]. Elle contenait de la vaisselle en bronze et cuivre, un sceptre en sardoine bagué d'or, des vases de pierre et des vases en céramique remplis de grains et de fruits. Il y avait aussi de petits objets laqués, des perles decornaline, des outils en silex et en cuivre, de la vannerie et une grande quantité de sceaux à son nom. Elle a livré également un certain nombre d'artefact provenant du viatique funéraire du roi[20],[39].
À un kilomètre environ de la tombe, dans le désert d'Abydos, se trouve leShunet El Zebib, vaste structure de briques qui dessine un rectangle de 137 × 77 mètres. Ses murs, avec leur articulation en façade de palais, mesurent jusqu'à cinq mètres d'épaisseur et vingt mètres de hauteur. On ignore la fonction exacte de cet édifice semblable à une forteresse. Les fouilles ont révélé l'existence de constructions internes compliquées. Le monument était peut-être associé aux réserves faite pour leka du roi dans la tombe située à proximité[20],[32].
Mur en « façade de palais » de l'enclos funéraire.
Plan de la nécropole d'Oumm el-Qa'ab, avec la tombe de Khâsekhemouy située tout à gauche.
Tombe de Khâsekhemouy remplie de sable - Nécropole deOumm el-Qa'ab.
Vaisselle en bronze et cuivre trouvée dans la tombe de Khâsekhemouy -British Museum,Londres.
↑En termes de chronologie absolue, la détermination de dates exactes de début et de fin de règne est un exercice périlleux du fait de l'ancienneté du règne ; on trouve par exemple :