Dīs (varianteDītis) est la contraction dedīves (« riche, fortuné"), probablement dérivé dedīus (« divin ») via la forme*deui-ot ou*deui-et (« celui qui est comme les dieux, protégé par les dieux »)[3].
Chez les Romains, Dis Pater est un dieu assez obscur assimilé àPluton. Or, d'aprèsJules César[4],« (...) LesGaulois se vantent d'être issus deDis Pater, tradition qu'ils disent tenir desdruides. C'est pour cette raison qu'ils mesurent letemps, non par le nombre desjours ; mais par celui desnuits. Ils calculent les jours de naissance, le commencement des mois et celui des années, de manière que le jour suive la nuit dans leur calcul (...) ». Quand Jules César évoque les dieux des Gaulois, il les désigne sous le nom de divinités romaines. L'affirmation relative à Dis Pater a donné lieu à plusieurs interprétations, les historiens et archéologues cherchant à identifier le dieu gaulois que César présente sous un nomlatin Hadès ou Pluton.
Selon l'archéologue et chercheur au CNRSJean-Louis Brunaux, la personnalité du dieu gaulois qui lui est comparée ne peut être comprise que si elle est mise en relation avec la croyance, transmise par les druides, de latransmigration des âmes, une forme demétempsycose au cours de laquelle l'âme du défunt s'installe dans un autre corps humain à sa mort. Dans le texte de César, c'est cette théorie qui serait évoquée, les corps humains ne sont que les véhicules de l'âme et le dieu gaulois serait le père de toutes les âmes : celles-ci seraient issues dumonde souterrain qu'elles quitteraient pour gagner la vie terrestre[5]. Pour Jean-Louis Brunaux, on peut penser que c'est dans le royaume souterrain de Dis Pater que les âmes passaient d'un corps à l'autre[6]. Les âmes immortelles passeraient ainsi de corps en corps jusqu'à l'atteinte d'un état de pureté la rendant totalement divine : les âmes des guerriers les plus braves étant ainsi appelées à échapper au cycle des réincarnations et à rejoindre le séjour des dieux.
Selon l'archiviste paléographeAnne Lombard-Jourdan, le dieu père des Gaulois pourrait avoir été honoré sous des formes et des dénominations variées : tel peuple pouvait célébrer son culte sous tel ou tel nom selon des qualités divines mises en avant par les druides locaux[7]. Ces appellations ont donné naissance à des dieux plus connus : chacun de ces dieux ne serait en fait qu'une hypostase du dieu Père.Cernunnos pourrait être ainsi une désignation de Dis Pater.
Selon l'historienPaul-Marie Duval, il existe des parallélismes entre Dis Pater etSucellos[8].Sucellos est un dieu gaulois, représenté avec un maillet,divinité chtonienne qui possède le don de frapper et de faire renaître.