Diomède est le fils deTydée, roi d'Argolide[1], et deDéipyle, fille du roiAdraste. Alors qu'il est encore enfant, son père prend part à l'expédition desSept contre Thèbes, dans laquelle il trouve la mort. Devenu adulte, Diomède rejoint les fils des autres participants pour venger son père : c'est l'expédition desÉpigones, littéralement « les descendants »[2]. Là où leurs pères ont échoué, ils réussissent à prendreThèbes[3]. Diomède fait ensuite la guerre enÉtolie contre les enfants de son oncleAgrios, usurpateur du trône d'Œnée : c'est pendant cette absence qu'Agamemnon envahit son royaume, pour ne le lui rendre qu'en échange de sa participation à la guerre à Troie. Ce n'est pas Diomède qui ensuite succède à son grand-père sur le trône deCalydon, maisAndrémon, qui avait épousé une fille d'Œnée,Gorgé(es). Diomède succèdera à son père sur l'Argolide.
Il part avec les autres chefs grecs àTroie, emmenant avec lui 80 vaisseaux[4], avec un des équipages d'Argolide. C'est l'un des plus grands guerriers grecs, et également le plus jeune. On compte seize morts de sa main dans l’Iliade, ce qui le place en deuxième position derrièreAchille[5] ; sonaristie se déroule au chant V. Curieusement, il n'a jamais d'échange avec Achille : il ne lui parle jamais ni au combat ni aux conseils, et lors des jeux funéraires en l'honneur dePatrocle, c'est son écuyer qui reçoit pour lui son prix des mains d'Achille. Seul entre tous, il est constamment protégé parAthéna.
Toujours victorieux, il pousse l'audace jusqu'à s'attaquer aux dieux : il blesseArès[6] etAphrodite[7], etApollon, poursuivi, doit lui rappeler que les hommes et les dieux sont deux races différentes[8]. Dans l'épopée, c'est le guerrier absolu. Dans le chant V, on le compare, lors de son aristie, aux forces naturelles :
« Il va, furieux, par la plaine, pareil au fleuve débordé, grossi des pluies d'orage, dont les eaux ont tôt fait de renverser toute levée de terre. Les levées formant digue ne l'arrêtent pas plus que les clôtures des vergers florissants, quand il arrive tout à coup, aux jours où la pluie de Zeus s'abat lourdement sur la terre. (…) Ainsi sont bousculés, sous le choc du fils de Tydée, les bataillons compacts des Troyens, et, pour nombreux qu'ils soient, devant lui ils ne tiennent pas[9]. »
Sthenelos bande les doigts de Diomède.
Diomède a l'habitude de combattre à pied, suivi par son secondSthénélos, qui se tient constamment derrière lui sur un char.
Lors des jeux funéraires de Patrocle, il prend part à lacourse de chars avec les chevaux deTros qu'il a pris àÉnée[10] ; il concourt contreEumélos,Ménélas,Antiloque etMérion. Lors de la course, il talonne Eumélos quand Apollon, irrité contre lui, fait tomber son fouet ; Athéna intervient pour le lui rendre et pour briser le joug du char d'Eumélos[11]. Ainsi Diomède remporte-t-il le prix : un trépied en bronze et une captive[12]. Il se bat ensuite en duel contreAjax le Grand pour les armes deSarpédon, princelycien tué parPatrocle[13]. Il l'emporte quand lesAchéens, craignant pour Ajax, mettent fin au combat[14]. Diomède reçoit alors la moitié des armes de Sarpédon ainsi qu'un poignard deThrace à clous d'argent[15].
Par la suite, Diomède assisteUlysse lorsqu'il pénètre de nuit dans Troie pour dérober lePalladion, une effigie d'Athéna qui, selon le devinHélénos, est indispensable aux Grecs pour faire tomber la ville[16].
Pour se venger de la blessure qu'il lui a infligée,Aphrodite pousse sa femme à lui être infidèle pendant qu'il combat à Troie[18]. Rentré chez lui, Diomède est attaqué et chassé[19] parCométès, fils de l'ÉpigoneSthénélos et amant en titre de sa femme, auquel Diomède avait confié le soin de veiller sur ses intérêts pendant son absence ; le héros doit se réfugier auprès d'un autel d'Héra pour sauver sa vie. Diomède quitte alors laGrèce pour fonder Argyrippa (ouArpi) enGrande-Grèce. Là, il est tué à la chasse par le roiDaunos (ou l'un de ses fils).Athéna lui confère alors l'immortalité et transforme ses compagnons enhérons — Diomède donne ainsi son nom à l'espèceCalonectris diomedea, oupuffin de Scopoli.
Virgile rapporte commentÉnée a rencontré Diomède bien des années après la fin de la guerre de Troie : auchant XI, les partisans de la reineAmata etTurnus apprennent que Diomède ne les aidera pas contre les Troyens. En effet, il ne veut plus avoir à subir la colère de Vénus[20],[21], qui a suscité une passion pour d'autres dans le cœur de la reine Ægialé : devenu roi par son mariage, Diomède a quitté laGrèce dès son retour deTroie.
Ulysse et Diomède traînentIphigénie de force vers le lieu du sacrifice. Fresque antique dePompéi, peut-être une copie du tableau deTimanthe.
« On raconte que dans l'île de Diomède, dans l'Adriatique, se trouve un sanctuaire remarquable et sacré dédié à Diomède, et que des oiseaux de grande taille, aux becs larges et durs, se tiennent autour de ce sanctuaire en cercle. On dit aussi que si jamais des Grecs débarquent sur place, ils se taisent, mais si des barbares qui habitent aux alentours débarquent là, ils se lèvent et, en faisant volte-face, attaquent leurs têtes et les blessent avec leur bec, les tuent. La légende raconte que ces oiseaux descendent des compagnons de Diomède, qui firent naufrage près de l'île, lorsque Diomède fut assassiné par traîtrise par Énée, roi de ces contrées à l'époque. »