| Diocèse d'Amiens (la)Dioecesis Ambianensis | ||
Cathédrale Notre-Dame d'Amiens. | ||
| Informations générales | ||
|---|---|---|
| Pays | France | |
| Église | catholique | |
| Rite liturgique | romain | |
| Type de juridiction | diocèse | |
| Création | IVe siècle | |
| Affiliation | Église catholique en France | |
| Province ecclésiastique | Reims | |
| Siège | Évêché d'Amiens Maison diocésaine Saint François de Sales384 rue Saint Fuscien80030 Amiens cedex 1 | |
| Diocèses suffragants | aucun | |
| Conférence des évêques | Conférence des évêques de France | |
| Titulaire actuel | Gérard Le Stang | |
| Langue(s) liturgique(s) | français | |
| Calendrier | grégorien | |
| Territoire | département de la Somme | |
| Superficie | 6 170,1 km2 | |
| Population totale | 573 651(2012) | |
| Site web | site officiel | |
Localisation du diocèse | ||
| (en) Notice surwww.catholic-hierarchy.org | ||
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Lediocèse d’Amiens (enlatin :Dioecesis Ambianensis) est undiocèse de l'Église catholique en France.Gérard Le Stang est l'actuel évêque. Le diocèse d'Amiens est un des diocèses historiques dePicardie.

Selon la tradition catholique, le diocèse d'Amiens a été fondé parsaint Firmin, chrétien d'Hispanie venu en Gaule auIVe siècle[1], et qui aurait été exécuté par les Romains[2]. Il est lepatron du diocèse[3]. Si Jean Lestocquoy affirme qu'en dehors des récits hagiographiques, nous ne savons rien de la vie des saints patrons des diocèses de la Belgique seconde, dont saint Firmin, il ne remet pas en cause leur existence[4].
Érigé probablement au cours duIVe siècle[5] comme évêché dont le siège est situé à Amiens, chef-lieu de cité, le diocèse couvre le territoire de lacivitas desAmbiens[6]. Le premier évêque d'Amiens dont le nom est assuré estEulogius, mentionné sur la liste du pseudo-concile de Cologne en 346[7],[8]. Par la suite, aucun évêque amiénois n'est sûrement attesté jusqu'en 511, date de la participation d'Edibius, évêque des Ambiens auVIe siècle, auconcile d'Orléans[7],[9]. Pour Jean Lestocquoy, les lacunes dans les listes épiscopales des diocèses de laBelgique seconde entre lesIVe et lesVe siècles s'expliquent vraisemblablement par l'absence de diocèse dans les régions concernées, les missionnaires s'attachant à l'une ou l'autre descivitates selon les besoins de leur mission d'évangélisation[9]. L'installation de chrétiens dans la région d'Amiens est précoce : des inscriptionspaléochrétiennes ont été découvertes dans lecimetière Saint-Acheul. La mémoire de cette implantation a été conservée et le cimetière est considéré, dès leXe ou leXIe siècle, comme le berceau mythique de la communauté chrétienne dans la région[10]. Pour Sabine Racinet, l'expansion du christianisme en Gaule du Nord a été freinée par la persistance du paganisme dans les campagnes, tandis que lesgrandes invasions ont entraîné un reflux de la population des cités importantes de la Picardie, un phénomène défavorable à l'implantation durable de la religion chrétienne. L'évangélisation de la région n'est donc pas linéaire :« il y a [...] des avancées mais aussi des moments de régression »[11].
Les archives épiscopales ayant été détruites par lesNormands lors des nombreux raids qu'ils mènent à Amiens au cours de la deuxième moitié duIXe siècle, il est difficile de retracer l'histoire des débuts du diocèse à partir des seules sources écrites. AuVIe siècle,Grégoire de Tours[12] mentionne l'existence d'un oratoire desservi par des religieuses[N 1], construit près de la porte aux Jumeaux[14], sur le lieu oùsaint Martin avait partagé son manteau. Une charte de révèle l'existence à Amiens d'unensemble épiscopal composé d'au moins deux églises à l'angle nord-est de la ville fortifiée, retranchée, depuis la fin duIIIe siècle, ou le début duIVe siècle, derrière une enceinte fortifiée d'environ 20 hectares[10]. Placées sous le vocable de la Vierge et de saint Firmin, ces édifices religieux sont, selon Didier Bayard, construits sur l'emplacement de la cathédrale actuelle. En effet, des fouilles archéologiques ont mis au jour des inscriptions funéraires desVIIe etVIIIe siècles au sud de la cathédrale, rue Cormont, et à l'ouest, sous le parvis. En outre, Didier Bayard rejette la tradition, formée auVIIIe ouIXe siècle, selon laquelle la première église amiénoise se trouve dans le cimetière Saint-Acheul où serait enterré saint Firmin. D'autres bâtiments, situés au nord-est ducastrum, complètent l'ensemble épiscopal : unHôtel-Dieu, fondé auXIe siècle, et unpalais épiscopal. D'après Didier Bayard, le groupe épiscopal fait l'objet de travaux importants au cours duVIe siècle[14].
En 1790, le diocèse d'Amiens compte 1201 prêtres. Parmi ceux-ci, 51,20 % acceptent laConstitution civile du clergé, votée le 12 juillet 1790, et prêtent serment[15]. Ils représentent les prêtres constitutionnels[16]. Dès 1791, des membres du clergé sont victimes de violence. Selon l'historienRobert Legrand, ces violences s'expliquent par la hausse des prix et la disette[17]. A partir de février 1790, les couvents sont fermés et les ordres religieux supprimés[18]. Par le décret du 18 septembre 1794,Pierre-Joseph Cambon fait supprimer le budget des cultes, ce qui provoque la fin de l’Église assermentée[19].
De1790 à 1801, Amiens fut le siège épiscopal dudiocèse de la Somme, un des quatre-vingt-trois diocèses de l'Église constitutionnelle créés par laconstitution civile du clergé.
LaLoi de séparation des Églises et de l'État, qui met fin aurégime concordataire, est promulguée le 9 décembre 1905. Dans son article 3, elle prévoit un inventaire des biens mobiliers et immobiliers des établissements publics du culte avant que ne soit rendue aux associations cultuelles la partie de ces biens estimée nécessaire au culte et que le reste soit saisi. À l'inverse d'autres régions de France, les opérations d'inventaire, qui se déroulent dans la Somme entre janvier et mars 1906, ne provoquent pas de trouble important au sein du diocèse[20]. Les paroisses situés à l’ouest au centre du département ne manifestent aucune opposition[21], à l'inverse des paroisses des arrondissements de Péronne et de Montdidier. ÀTempleux-le-Guérard le 8 mars 1906, la population s'en prend au fonctionnaire de l'Administration des Domaines et aux témoins venus deRoisel, après avoir repoussé une première fois l'inventaire le 20 février[22].
Selon Xavier Boniface, la faible résistance des Samariens à l'égard des opérations d'inventaires s'explique par leur indifférence religieuse[N 2],« leur pondération habituelle [et] l'influence du clergé et des notables »[24]. Il suppose également que la population n'a pas réagi« en constatant que la présence traditionnelle de l’Église dans leur région n'était pas remise en cause : le prêtre n'était pas chassé, l'exercice du culte pas entravé et les rites religieux pas disparus »[25].
À la suite de la promulgation en 1905 de laloi de séparation des Églises et de l'État, lesétablissements publics du culte, structures de droit public chargés de la gestion des lieux de culte, sont supprimés au profit desassociations cultuelles, qui relèvent de la loi de 1901 sur les associations. Comme l'ensemble des diocèses de France, Amiens refuse de se constituer en association cultuelle, ouvrant une période d'insécurité juridique pour l'Église catholique en France[26].Selon Philippe Portier, ce refus s'explique par deux raisons : il est« théologiquement inconcevable pour le pape que l’Église perde son statut de droit public et soit ainsi dissociée de l’État ». En outre, elle juge que les dispositions de la loi ne garantissent pas l'organisation hiérarchique de l'institution, craignant notamment que les laïcs ne profitent du flou de l'article 4 sur l'organisation des associations cultuelles pour constituer des structures parallèles[26], et prendre le pouvoir[27].
La reprise du dialogue entre la République française et le Saint-Siège à partir de 1920, initie un échange de lettres entreRaymond Poincaré, président du Conseil, etBonaventura Cerretti, nonce apostolique àParis, au sujet des associations cultuelles. Ces discussions aboutissent en 1924 à la conclusion des accords Poincaré-Cerretti, qui permettent la création des associations diocésaines, reconnaissant que les évêques sont à la tête de ces structures[26]. Dans le sillage de ces accords, le diocèse d'Amiens met en place en décembre 1924 une association diocésaine chargée de« subvenir aux frais et à l'entretien du culte catholique »[28].
Comme dans d'autres diocèses de France, les recrutements sacerdotaux se tarissent à partir des années 1960[29]. En mai 1961, l'évêque d'Amiens,René-Louis Stourm supprime la messe dominicale dans 108 églises rurales, afin de réaffecter les prêtres du diocèse dans les paroisses urbaines et dans les aumôneries de collèges et de lycées[30]. L'année suivante, René-Louis Stourm annonce la fermeture dugrand séminaire d'Amiens pour octobre 1962 : les 15 séminaristes terminent leurs études au grand séminaire de Soissons. Dix ans auparavant, le séminaire accueillait 60 séminaristes[31].
Pour faire face au manque de prêtres, le diocèse favorise depuis les années 2000 la participation des laïcs à l'exercice de la charge pastorale. En 2008, il met en place des équipes de conduite pastorale (ECP), constituées de cinq laïcs élus pour trois ans par l'assemblée paroissiale lors d'un vote à bulletins secrets, dans les 49 paroisses nouvelles. Ils partagent avec le curé la charge pastorale de la paroisse[32], autour de cinq missions :« annoncer, célébrer, servir, gérer les deniers ou coordonner l'équipe »[33]. En 2014, le diocèse compte 35 prêtres en activité, dont cinq prêtres coréens et trois prêtres africains, pour 500 000 habitants[33]. Sept ans plus tard, le diocèse dénombre 43 prêtres en activité, dont 22 étrangers[34], 18 diacres et quatre séminaristes[35].
Sous l'impulsion de l'association Chrétiens-Médias Somme, le diocèse d'Amiens investit le web en 1999 en créant un site internet[36]. Le site, hébergé sur le domaine de laConférence des évêques de France, est mis en ligne le 21 mai 1999, lors du week-end de laPentecôte[37]. Le mouvement est général au sein de l’Église catholique en France : entre 1996 et 2001, 90 des 95 diocèses français se dotent d'un site internet[38].
En mars 2015, le diocèse d'Amiens inaugure un nouveau site internet, qui n'est plus hébergé par la Conférence des évêques de France. Le diocèse dispose également des comptes institutionnels sur différents réseaux sociaux commeTwitter,Facebook etYouTube[39].
En 2017,Olivier Leborgne convoque unsynode diocésain. Porté par 650 groupes de réflexion, il réunit les fidèles baptisés de la Somme. En avril 2018, ils soumettent 630 propositions à l'assemblée synodale[40]. Les décrets synodaux sont publiés en septembre 2018 dans la lettre pastorale intitulée« A Dieu tout est possible »[41],[35]. Parmi les 12 propositions retenues, une école diocésaine pour servir l'évangélisation, animée par une équipe de laïcs itinérants, propose aux communautés chrétiennes qui le demandent de les accompagner à élaborer leur projet à vocation missionnaire[34].
Dès le début du premier confinement, le diocèse d'Amiens met en place une cellule d'écoute à destination des personnes isolées, chrétiennes ou non, animée par une équipe d'une quarantaine de bénévoles. Toutefois, mal connue, elle ne reçoit qu'une dizaine d'appels par semaine entre mars et avril 2020[42].
En conséquence du confinement, le diocèse d'Amiens voit en 2020 ses recettes diminuer de près de 40 % par rapport à l'année précédente, ce qui représente une perte de près de 500 000 euros. En effet, avec la fermeture des églises, le diocèse est privé des revenus de la quête, du casuel et des offrandes de messe[43], ceux-ci représentant respectivement 23 %, 11 % et 7 % des ressources d'un diocèse en France[44].
Au terme de l'assemblée diocésaine d'avril 2024, l'évêque d'Amiens annonce la réorganisation des paroisses du diocèse autour de six champs missionnaires, remplaçant les 14 secteurs paroissiaux qui faisaient office dedoyennés. Les 49 paroisses du diocèse restent en place, conservant leur organisation spécifique. Selon l'abbé Nicolas Jouy, vicaire général, la réforme est nécessaire pour faire face au manque de prêtre, tout en assurant« une plus grande proximité avec les communautés locales »[45]. La réforme entre en vigueur en septembre 2024[46].
Depuis le début des années 2020, le nombre d'adultes qui souhaitent recevoir le baptême est en hausse constante dans le diocèse d'Amiens : en 2022, 38 adultes sont baptisés, en 2023, 52 et en 2024, 75[47]. Cette augmentation, de l'ordre de 30 % entre 2023 et 2024, est dans la moyenne des autres diocèses français[48]. En 2025, 111 adultes reçoivent le baptême, dont 68 femmes et 43 hommes. Parmi eux, 83 % ont moins de 40 ans, et 45 % entre 17 et 25 ans. D'après Blandine Brandicourt, responsable du service du catéchuménat du diocèse d'Amiens, cette hausse des catéchumènes s'explique par plusieurs facteurs, et notamment une recherche de sens, l'impact de l'isolement provoqué par la pandémie de Covid-19 et l'influence des réseaux sociaux[47]. Pour l'évêque d'Amiens, Gérard Le Stang, ce phénomène relève dumystère de la foi, mais il note également une influence de l'islam chez les jeunes en recherche religieuse[48]. Selon Sarah Belouezzane et Benoît Vitkine, journalistes pourLe Monde, les jeunes qui demandent le baptême le font tout autant par mimétisme avec l'islam que par affirmation identitaire[49].
Jusqu'à la Révolution, le diocèse d'Amiens recouvre les limites géographiques de l'anciennecité desAmbiens au sein de la province deGaule Belgique. Il confine au nord avec le diocèse deBoulogne, au nord-est avec lediocèse d'Arras, à l'est avec lediocèse de Noyon, et au sud avec les diocèses deBeauvais et deRouen. Depuis leXe siècle au moins[50],[N 3], le diocèse d'Amiens est divisé en deuxarchidiaconés, ceux d'Amiens et duPonthieu, respectivement subdivisés en 13 et 8doyennés. Selon Bernard Guillemain, le diocèse compte auXIVe siècle 750 paroisses[N 4], 27 personnats, 283chapellenies, une vingtaine d'abbayes d'hommes, six de femmes et 57 prieurés. En 1730, le diocèse compte 778 paroisses[52]. Ce territoire évolue très peu au cours du temps.
En1789, le diocèse couvre l'Amiénois, lePonthieu et leVimeu, troispays traditionnels de Haute-Picardie. Les dispositions de laConstitution civile du clergé, adoptée par l'Assemblée nationale le 12 juillet 1790, font coïncider les limites du diocèse avec celles du département de la Somme. Le diocèse perd une partie de son territoire au nord, enclavée entre laCanche et l'Authie, au profit du diocèse d'Arras[53], mais il récupère le quart nord-ouest du diocèse de Noyon[54]. En outre, le diocèse de la Somme est compris dans lamétropole des Côtes de la Manche, dont le siège est à Rouen.
Parla bulle du 29 novembre 1801, le papePie VII supprime les 135 sièges épiscopaux situés en France avant 1789[55]. Dissous, le diocèse d'Amiens est recréé par la loi sur l'organisation des cultes du 8 avril 1802[56], et ses limites géographiques, modifiées. En plus du département de la Somme, le diocèse couvre le territoire des anciens diocèses de Beauvais et de Noyon. Après avoir étésuffragant de l'archidiocèse métropolitain deReims[57], depuis leVe siècle[58], puis deRouen, Amiens devient suffragant de la métropole de Paris[59]. Par la bulle pontificalePaternae Caritatis du 6 octobre 1822, rendue exécutoire par l'ordonnance royale du 31 octobre suivant, le pape Pie VII rétablit le siège épiscopal de Beauvais pour le département de l'Oise. Le diocèse d'Amiens ne couvre plus que le département de la Somme, et redevient suffragant de l'archidiocèse de Reims[60].
En tant qu'évêché, le diocèse d'Amiens est défini par leCode de droit canonique comme l'ensemble des catholiques de laSomme, gouverné par un évêque, en collaboration avec lepresbyterium[61],[62].
L'évêque d'Amiens est assisté dans son gouvernement par au moins deux conseils obligatoires : leconseil presbytéral, qui représente l'ensemble des prêtres du diocèse[63], et le conseil pour les affaires économiques, sociales et juridiques, composé d'au moins trois fidèles, nommés par l'évêque pour un mandat de cinq ans. Ces derniers aident l'évêque dans la gestion des affaires financières et des biens du diocèse[64],[65],[66].
Le diocèse d'Amiens compte également plusieurs conseils, considérés comme facultatifs par leCode de droit canonique : leconseil épiscopal, constitué des vicaires généraux, des vicaires épiscopaux et des responsables des services diocésains[62], lecollège des consulteurs, composés de membres choisis parmi le conseil presbytéral[67],[65], leconseil pastoral, réunissant au moins une fois par an clercs, religieux et laïcs« spécialement choisis » par l'évêque[68],[65], et enfin, le conseil diocésain de la vie religieuse[66]. Toutefois, le rôle des conseils de l'évêque est purement consultatif, celui-ci étant libre de ses décisions[65].
En droit français, l'association diocésaine,association cultuelle dont l'objet exclusif est de subvenir aux frais et à l'entretien du culte, est le support juridique du diocèse. L'évêque est le président de droit du conseil d'administration de l'association[69]. Pour l'administration de leurs biens, les diocèses ont également recours auxsociétés civiles immobilières[70]. Le diocèse d'Amiens créé ainsi la SCI diocésaine Jean XXIII en 2002[71]. Bien qu'elles jouissent d'une reconnaissance canonique, les paroisses ne disposent pas de personnalité juridique civile, étant simplement considérées comme des établissements particuliers du diocèse. Pour conserver des biens n'entrant pas dans l'objet statutaire de l'association diocésaine[N 5], les paroisses se constituent habituellement enassociation loi de 1901[72].
En raison de la diminution du nombre des fidèles, les ressources du diocèse sont de plus en plus fragiles. Dans les années 2000, le diocèse rationalise ses dépenses et cherche de nouvelles recettes pour maintenir l'équilibre budgétaire. Il mène en particulier une politique active en matière de communication[N 6] et parvient en six ans, entre 2005 et 2011, à augmenter le montant du denier du culte de 30 %. En parallèle, le diocèse vise à réduire sa dépendance aux revenus des legs pour boucler le budget à l'équilibre[74]. En effet, comme beaucoup d'autres diocèses en France[75], Amiens est régulièrement en déficit de fonctionnement. Ainsi, entre 2013 et 2023, l'association diocésaine d'Amiens présente à neuf reprises un résultat d'exploitation négatif, parvenant à conserver un résultat net positif grâce aux produits financiers et aux produits exceptionnels comme les legs[76],[75].
| En euros | 2013[77] | 2014[78] | 2015[79] | 2016[80] | 2017[81] | 2018[82] | 2019[83] | 2020[83] | 2021[84] | 2022[85] | 2023[86] | 2024[87] |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| Résultat d'exploitation (€) | −954 296 | −768 253 | −691 517 | −1 093 940 | −937 939 | −864 960 | −943 847 | 48 850 | −314 502 | 220 636 | −251 863 | −659 662 |
| Résultat net (€) | 1 789 284 | 503 344 | 225 229 | −169 863 | 716 865 | 61 605 | 57 307 | 575 992 | −328 196 | 196 833 | 364 193 | −180 262 |
Le patrimoine du diocèse comprend l'ensemble des biens mobiliers et immobiliers destinés à lui fournir les moyens nécessaires à la poursuite de son activité[88],[72]. Le patrimoine immobilier des diocèses est de trois types : les biens à usage cultuel, les églises construites après 1905, les biens à usage pastoral, les presbytères, les salles de réunions ou les locaux à usage culturel, et les biens à usage locatif[89]. Un diocèse n'a pas vocation à conserver un bien qui n'est plus utile à l'accomplissement de sa mission[72]. Ainsi en 2011, les revenus locatifs ne représentent en moyenne que 3% des ressources des diocèses, soit 23 millions d'euros[89].
En 2023, le département de la Somme compte entre 800 et 850 églises, dont quatre sont fermées pour des raisons de sécurité[90] : l'église Saint-Martin deMaurepas[91],l'église Saint-Jean Baptiste d'Allonville[92], l'église deRoisel, et l'église Saint-Germain d'Amiens[93]. Depuis février 2024,l'église Saint-Médard deDomart-en-Ponthieu est également fermée au public[94],[95]. En 2021, sur la huit-centaine d'églises que compte le département, quatre sont la propriété du diocèse, contre 13 dans le département de l'Oise et 22 dans le département de l'Aisne[96]. Les quatre églises sont situées dans l'arrondissement d'Amiens : l'église Saint-Geoffroy de Rivery[97], l'église Saint-Paul d'Étouvie à Amiens[98], l'église du Cœur-Immaculé-de-Marie d'Amiens[99] et l'église Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus d'Amiens[100].
Au cours duXXe siècle, deux églises samariennes ont été détruites :l'église Saint-Jacques del'Étoile, victime de deux incendies, un en 1977 et un en 1991, et jamais reconstruite, et l'église Saint-Jacques d'Abbeville, détruite en 2013. Depuis 1905, le diocèse d'Amiens recense près d'une dizaine d'églises désacralisées dans le département de la Somme[90].
Dans un inventaire réalisé en 2002 par le service de l'inventaire général du patrimoine culturel de la régionPicardie, Isabelle Barbedor relève 67 églises, dont 20 bâtiments détruits, sur le territoire de la communauté d’agglomérationAmiens Métropole. Au sein du corpus étudié, sept églises ont été construites auXXe siècle[101]
Lacathédrale Notre-Dame d'Amiens est l'église cathédrale du diocèse d'Amiens. Elle est une basilique mineure.
L'autre basilique mineure du diocèse est labasilique Notre-Dame de Brebières àAlbert.
La maison Saint François de Sales est la fusion de l'évêché, du centre diocésain et du centre spirituel Saint-François-de-Sales dans l'ancien monastère de la visitation d'Amiens, ce projet est lancé parJean-Luc Bouilleret puisOlivier Leborgne pose lapremière pierre en2014[102].
Dès leVIe siècle, l'historienGrégoire de Tours[12] mentionne l'existence d'un oratoire desservi par des religieuses, construit à Amiens près de la porte aux Jumeaux[14], sur le lieu oùsaint Martin avait partagé son manteau. Selon le pèreJean Becquet,o.s.b., les premières fondations monastiques dans la région sont d'inspiration colombanienne, le diocèse d'Amiens, doté d'une façade maritime, étant sur le chemin des îles britanniques à Rome : en 611, l'AuvergnatValery, moine de l'abbaye de Luxeuil, créé unmonastère à l'embouchure de la Somme, près du port deLeuconaus. Au milieu duVIIe siècle,Riquier, converti par des missionnaires colombaniens, fonde uneabbaye dans lePonthieu après avoir été ermite àForest-Montiers. Le père Jean Becquet, o.s.b. mentionne également unmonastère établi àPéronne parFursy, en plus de l'abbaye du Mont-Saint-Quentin voisine, mais qui disparaît au bout d'un siècle[103].
Sous l'impulsion de la reine des FrancsBathilde, l'abbaye de Corbie est créée auVIIe siècle avec des moines de l'abbaye de Luxeuil. Plus importante des fondations monastiques, l'abbaye se trouve rapidement au centre d'un comté étendu sur un vaste territoire, et donne dès leVIIIe siècle un évêque au diocèse d'Amiens,Léger de Corbie. AuxVIIIe etIXe siècles, l'abbaye est le siège d'une vie intellectuelle intense autour de personnages illustres comme les abbésAngilbert,Adalard[N 7] etPaschase Radbert, ou les moinesAnschaire[N 8] etRatramne. C'est à la même époque que l'empereurCharlemagne offre à l'abbé Angilbert un riche manuscrit enluminé, l'Évangéliaire de Saint-Riquier[103].
Toutefois, à la suite des destructions provoquées par lesinvasions normandes dans la deuxième moitié duIXe siècle, l'abbaye de Saint-Riquier éclipse l'abbaye de Corbie en tant qu'acteur de la réforme grégorienne dans le diocèse d'Amiens, participant aurenouveau monastique dans la région. Elle bénéficie notamment du soutien du pouvoir capétien dans le Ponthieu et des enseignements de l'École de Chartres. Alors que sous l'impulsion de l'abbéGervin, originaire de l'abbaye Saint-Vanne, des principes de laréforme grégorienne sont introduits à Saint-Riquier dès la deuxième moitié duXIe siècle, l'abbaye de Corbie doit attendre les années 1120 pour adopter la règle clunisienne[104]. AuXIe siècle, deux évêques formés au sein de l'abbaye de Saint-Riquier diffusent la réforme grégorienne auprès du clergé canonial :Gui de Ponthieu, évêque du diocèse d'Amiens, et Drogon, évêque duThérouanne qui fonde à Amiens la collégiale Saint-Nicolas-au-Cloître après avoir été exilé de son diocèse[105].
Pour le père Jean Becquet, o.s.b.,« l'époque desXIe etXIIe siècles est celle de fondations nombreuses, plus souples que les lourdes abbayes d'origine mérovingienne »[106]. Durant son épiscopat, l'évêque d'AmiensGeoffroy installe des moines bénédictins dans l'abbaye de Saint-Fuscien, celle-ci étant dotée dedépendances[106]. En 1124, lesPrémontrés s'installent à Amiens, donnant naissance à l'abbaye Saint-Jean[N 9]. En 1178, unprieuré dechanoines desaint Augustin àÉpécamps est placé sous la dépendance de l'abbaye Saint-Martin-aux-Jumeaux. ARibemont-sur-Ancre, les chanoines de Saint-Laurent créent le prieuré de Saint-Nicolas de Régny àJumel, au sud d'Amiens, l'érigeant en annexe du prieuré de Saint-Laurent-au-Bois àRibemont-sur-Ancre. Cette congrégation diocésaine, dont le théologienHugues de Fouilloy est un membre illustre, ne dure que deux ou trois générations : ses établissements sont absorbés par l'abbaye de Corbie[105].
AuxXIe etXIIe siècles, le nombre des dépendances monastiques augmente dans la région, souvent sous l'impulsion de communautés extérieures au diocèse d'Amiens : des prieurésclunisiens sont ainsi fondés àAbbeville, àLihons et àMontdidier. Dans ce mouvement de fondation, les moines noirs jouent un rôle important, notamment en raison de leur prestige : à l'abbaye de Cluny s'ajoutent les abbayes deSaint-Martin-des-Champs, deNotre-Dame de Molesme et deSaint-Pierre de Chezal-Benoît comme agents de l'expansion des grandes abbayes bénédictines dans le diocèse d'Amiens[106].
En tant que région agricole, le diocèse d'Amiens n'est pas un terrain favorable à l'implantation desordres religieux nouveaux[107]. LesCisterciens fondent vers 1137-1139 les abbayes masculines deValloires et duGard, puis en 1191, l'abbaye du Lieu-Dieu. Si des communautés cisterciennes féminines s'installent àWillencourt, àCottenchy, àÉpagne-Épagnette et àBiaches, les abbayesSaint-Michel de Doullens etNotre-Dame de Berteaucourt restent bénédictines. D'autres ordres religieux s'implantent dans le diocèse d'Amiens : en 1146, lesFontevristes créent unprieuré au lieu-dit de Moreaucourt àL'Étoile. En 1301, lesChartreux établissent un monastère àAbbeville et en 1389, lesCélestins s'installent dans un faubourg d'Amiens[108].
Durant l'époque moderne, les fondations monastiques se font moins nombreuses : le père Jean Becquet, o.s.b. relève principalement l'installation desFeuillants àAmiens en 1620. Pour échapper aux troubles qui agitent les campagnes auxXVIe etXVIIe siècles, notamment en raison des invasions espagnoles, les moniales de l'abbaye Notre-Dame du Paraclet et celles de Moreaucourt s'installent à Amiens, tandis que les religieuses d'Épagne et celles de Willencourt se réfugient à Abbeville[108].
Les communautés monastiques du diocèse d'Amiens ne restent pas imperméables aux mouvements de réforme monastique qui touchent le royaume : les abbayes bénédictines de la région rejoignent en majorité lacongrégation de Saint-Maur, tandis que lesabbaye Saint-Martin-aux-Jumeaux et deSaint-Acheul accueillent la réformegénovéfaine. Parmi le clergé canonial, l'abbaye prémontrée Notre-Dame de Séry adhère à la Congrégation de l'Antique rigueur. Malgré ces réformes, les prieurés ruraux sont sur le déclin, vidés de leurs occupants. Tout comme les ordres monastiques anciens de la région, ils sont balayés par laRévolution française[108].
Depuis la Révolution, le diocèse d'Amiens a accueilli une seule nouvelle fondation monastique, lacongrégation Notre-Dame d'Espérance àCroixrault[109], fondée en 1966 parHenri-Marie Guilluy, ancienmaître des novices de l'abbaye Saint-Paul de Wisques, pour recevoir les hommes en situation de handicap ou en mauvaise santé qui souhaitent devenir moines[110].
En 2025, le diocèse d'Amiens compte 16 religieux, membres d'instituts, decongrégations masculines ou desociété de vie apostolique. Parmi ces religieux, 9 ont été ordonnés prêtres. Le diocèse compte également 109 religieuses, membres de 12 congrégations, dont unordre contemplatif, lesCarmélites[111].
Les relations entre l'évêque et lesinstituts de vie consacrée de son diocèse sont d'abord déterminées par la forme de droit dont ils relèvent. Les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique sont de deux types : de droit diocésain ou de droit pontifical. Les fondations de type diocésaine dépendent de l'autorité d'un évêque, tandis que celles de type pontificale relèvent duDicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique[112]. Toutefois, les instituts de vie consacrée qui s'étendent en dehors du diocèse d'origine restent toujours sous l'autorité de l'évêque qui en a autorisé la création, en concertation avec les autres évêques concernés pour les affaires d'importance[113].
Dans les deux cas, l'évêque doit promouvoir la vie consacrée dans son diocèse. LeDirectoire pour le ministère pastorale des évêques précise que les personnes consacrées« sont soumises à l'autorité pastorale de l'évêque en tant que maître de la foi et responsable de l'observance de la discipline ecclésiastique universelle, gardien de la vie liturgique et modérateur de tout le ministère de la parole »[112].
Circonscriptions catholiques en France | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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