Ledimanche est lejour de la semaine privilégié pour lerepos hebdomadaire dans plusieurs pays du monde, dont la France. La norme internationaleISO 8601 considère que le dimanche clôt lasemaine[1], et le code avec le chiffre7.
L'étymologie du terme peut être retracée à partir de l'Apocalypse (1,10) et de laDidachè :Dies dominicus est une traduction dugrecKuriake Heméra (quoique la Didaché ne définisse pas le « jour du Seigneur » de façon explicite comme étant le dimanche).
L'expression appliquée à ce jour de la semaine est un usage chrétien, quand leschrétiens se réunissant chaque semaine pour commémorer l'eucharistie de larésurrection deJésus-Christ, qui aurait pris place le premier jour de lasemaine juive (le lendemain duShabbat), ce premier jour devenant ainsi ledies dominicus soit le « jour du Seigneur ».
La norme internationaleISO 8601 considère que la semaine commence unlundi et code le dimanche avec le chiffre7.
Les calendriers rédigés enanglais eten japonais sont généralement imprimés avec le dimanche en premier et certainssites internet, ou deslogiciels informatiques (commeSAS pour son format des dates), continuent cette pratique. Toutefois la tendance générale semble aller vers l'adoption de la norme ISO 8601.
LeLittré de 1863 indique seulement : « premier jour de la semaine »[11]. L'Académie française note, en1990, dans la neuvième édition de sondictionnaire : « Du latin chrétiendies dominicus, « jour du Seigneur ». Il comportait aussi la prescription du repos. Dans la langue courante, septième et dernier jour de la semaine »[12].
Dans laBible hébraïque, leLivre de la Genèse raconte que Dieu, aprèsavoir achevé l'Univers en six jours, se repose le septième jour (Gn 2-3), et le quatrième desDix Commandements prescrit que le septième jour[13], soit leShabbat (hébreu שבת) de chaque semaine devra être un jour de repos (Exode 20:8-11) pour les êtres humains (qu'ils soienthommes libres,femmes ouesclaves) et lesanimaux. Ce jour duChabbat est rappelé en multiples autres occurrences (Ex 16:23 (« le Shabbat solennel, le saint chômage en l'honneur de l'Éternel »), Ex 31:14-16 ;Deut 5:12-14 ;Lév 23:3...) de la même source[13]. Le Commandement est ainsi donné auxHébreux :
« Observe le Shabbat pour le sanctifier (Ex 20:8) »
Le Chabbath est un temps de repos assigné, de cessation d'activité, commençant levendredi soir à la tombée de la nuit jusqu'ausamedi soir ; ainsi, l'heure de début et de fin de Chabbath change-t-elle chaque semaine (voircalendrier hébraïque). Le mot vient de l'hébreushābbath, שבת, dérivant du verbeshābath « s'arrêter, se reposer » (Gen 2:2-3), passé ensuite augrecσάββατον (sábbaton) puis aulatinsabbatum. De façon indirecte, le français « samedi » en est dérivé à partir desambe-di envieux français.
En hébreu moderne, le mot « samedi » ou l'expression « la journée du samedi » se disent « Shabath ».
Durant le Chabbath, se reposer de tout acte de création, du travail de la semaine, permet de régénérer son âme et respectant l'ordre divin, répond à lasanctification du nom de Dieu ; « c’est faire publiquement la profession de foi que Dieu a créé l’Univers..., que Son Esprit domine la matière, qu’Il Est le Maître de notre force de travail, de notre vie »[14].
Dans leNouveau Testament,Jésus-Christ dit à ses disciples : « le Fils de l’homme est maître même du Sabbat » (Marc 2:28). Il n'attaque jamais le principe de la loi de Dieu concernant le sabbat et ne le viole pas ; « au contraire, il le confirme, obéissant radicalement au commandement sabbatique »[15].
Lagénération apostolique montre que Jésus n’a pas aboli le Shabbat car elle continue à l'observer, et bien d'autres également qui la suivront : « On fréquente leTemple (Ac 2:46 ; 3:1 ; 5:20-42) et lasynagogue (Ac 9:2).Saül/Paul de Tarse connu pour son engagement en faveur de l'évangélisation despaïens commencera toujours ses missions par les synagogues, le jour du sabbat (Ac 13:14 et ss ; 16:33 ; 17:2 ; 18:4...) »[16]. Paul s’oppose aux tendances judaïsantes qui se manifestent dans les communautés de laGalatie et deColosses, qui veulent proposer l’observance du Shabbat comme élément essentiel à l’obtention dusalut pour les éthno-chrétiens aussi (Gal 4;8-10 ;Col 2:16-17)[15]. Auconcile de Jérusalem, au milieu duIer siècle, lesapôtres choisissent de ne rien imposer aux païens en plus dubaptême, à l’exception de certaines obligations liées à lanourriture licite[16].
Aussi, Paul de Tarse établit-il un jour déterminé pour mettre à part lesoffrandes qui doivent être envoyées aux pauvres de l’Église de Jérusalem « chaque premier jour de la semaine » (1Co 16:2). Il s'agit là d’une application de l’usagecaritatif (« panier des pauvres ») qu’une bonne part dujudaïsme contemporain de l'époque (aussi de nos jours) réserve à la veille du Shabbat pour que les indigents puissent le célébrer dignement[17].
Pour une majorité dechrétiens, leShabbat, qui représentait l'achèvement de la première création est toutefois remplacé par le « jour du Seigneur », soit le dimanche, le premier jour de la semaine hébraïque, qui rappelle la création nouvelle inaugurée à larésurrection de leurmessie,Jésus-Christ, célébrée hebdomadairement[18],[19]. Dès leIer siècle, lesévangélistes considèrent qu'en accomplissant son sacrifice à laCroix, Christ rend à perpétuité sans objet tout le cérémonial de laLoi juive et ses multiples prescriptions ; l'Épître aux Hébreux traite ce thème en profondeur ou enJean « car la loi a été donnée parMoïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jn 1:17)[20].
Toutefois, l’Église des quatre premiers siècles connaît une triple position concernant le maintien ou non de l'observance du jour du Shabbat juif :
l’attitude favorable à la conservation de l’observance sabbatique en plus du dimanche, voire exclusive, dans les milieuxjudéo-chrétiens[21] ;
la tendance, qui s’est affirmée dès leIIe siècle, qui souligne la rupture avec le Shabbat en faveur de l’observance uniquement du dimanche (sans pour autant que des formes de vénération et de culte sabbatique aient complètement disparu auxIIe et IIIe siècles) dans les milieuxpagano-chrétiens[22] ;
enfin, la position intermédiaire attestée dans lesÉglises d’Orient duIVe siècle, où une observance sabbatique spiritualisée, non sujette à prescriptions légales ni à l’abstention absolue du travail, cohabite avec la fête dominicale, qui maintient sa suprématie par rapport au shabbat juif et aux autres jours de la semaine.
« La nécessité de se différencier dujudaïsme a contribué de façon substantielle à l’adoption de l’observance du dimanche à la place du shabbat. Ce n’est vraisemblablement pas àJérusalem qu’il faut en voir la source, même si les premiers chrétiens ont pu y connaître despersécutions... mais àRome ». Cette différentiation a été progressive dans l’empire romain et ignorée à Jérusalem, jusqu’en135. À la fin duIer siècle, lepape Clément « écrit une lettre auxCorinthiens (vers 95), premier document post-apostolique en faveur de la préséance de l'évêque de Rome dans l'Église du Christ. À partir de là, on peut penser que la pratique romaine va influencer l’ensemble de l’Église »[16]. « Dès leIIe siècle, on voit par ailleurs se développer dans la littératureecclésiale une forte opposition auxpratiques juives, qui ira jusqu’à l’interdiction pure et simple de l’observance du shabbat au début duIVe siècle »[23]. Marginalement, certains commeGrégoire de Nysse (deuxième partie duIVe) recommandent la double célébration du sabbat et du dimanche : « avec quels yeux, écrit-il, pourras-tu regarder le dimanche en face, après avoir déshonoré le sabbat ? Ne sais–tu pas que ces deux jours sont frères ? Et que, si tu commets une offense à l’égard de l’un, tu offenses également l’autre ? »[16].
Vers 150,Justin de Naplouse écrit : « nous nous assemblons tous le « jour du soleil » (dies solis) parce que c’est le premier jour (après le sabbat juif, mais aussi le premier jour) où Dieu tirant la matière des ténèbres a créé le monde et que, ce même jour, Jésus-Christ, notre sauveur ressuscita d’entre les morts »[16].
Durant leIIe siècle et leIIIe siècle, on retrouve des phénomènes de vénération du shabbat chez les chrétiens, comme il ressort des polémiques d’Ignace d'Antioche en 110 contre lesjudaïsants[26], des affirmations de Justin de Naplouse en 160 environ[27] ou vers la fin duIIe siècle avecTertullien qui parle d’un groupe de chrétiens qui ne s’agenouillent ni le sabbat ni le dimanche[28]. On peut donc parler d’un déclin de l’observance du Shabbat de la part des chrétiens durant cette période mais non d’une disparition totale. AuIVe siècle,Eusèbe de Césarée (proche de l'empereur Constantin[29]) évoque l’observance dominicale desEbionites, (groupe judéo-chrétien) qui s’en tenaient encore « avec insistance, à une observance littérale de la Loi »[30] : « les ébionites, qui ne se référaient qu’à l’Évangile dit ‘des Hébreux’, observaient… le sabbat et suivaient les autres coutumes juives, mais le dimanche, ils célébraient des rites assez semblables aux nôtres en mémoire de la résurrection du Sauveur »[4].
Augustin d'Hippone affirme[31] auVe siècle que le commandement du repos sabbatique est le seul duDécalogue qui ne doive pas être observé à la lettre de la part des chrétiens mais qu’il faut l’entendre dans un sensspirituel, et Eusèbe de Césarée avait précédemment précisé[32] que « Tout ce qui a été prescrit pour le sabbat, nous l’avons transposé au dimanche »[15].
Le[33], dimanche est décrété jour de repos légal dans l'empire romain par l'empereur romainConstantinIer[10], qui, usant de sondroit régalien, se sert de la notion dejustitium — une institution romaine qui permettait de suspendre toute activité étatique judiciaire pour marquer un événement marquant[34]. Une coïncidence veut que les doctrinesastrologiques juives etgréco-romaines attribuent toutes deux lesplanètes connues — au nombre de sept avec le Soleil — à différents jours de la semaine. Un de ceux-ci est dédié à l'astre solaire, comme l'atteste encore l'étymologie des mots allemand « Sonntag » ou anglais « sunday »,danois ounorvégien « sōndag » ouislandais « sunnudagur », littéralement « jour du Soleil ». Constantin déclare donc unjustitium permanent qui prend place ce jour connu tant despaïens que des chrétiens, le « dies solis », le « jour du soleil » en hommage auSoleil invaincu (Sol Invictus), quand les chrétiens, pour leur part, se réunissent hebdomadairement pour commémorer l'eucharistie de larésurrection de Jésus-Christ, indiquée au premier jour de lasemaine juive (le lendemain du chabbat). Cette décision a pour effet d'imposer un nouveau rythme temporel hebdomadaire, différent ducalendrier romain[10].
Si on ne connaît pas les motivations réelles de Constantin, il est envisageable qu'elles aient été largement fondées sur des considérations d'ordresocio-économiques pour s'adapter aux coutumes du plus grand nombre, puisqu’à cette époque où les chrétiens ne sont encore qu'une petite minorité, c'était le jour dédié auculte solaire, très répandu[35]. Néanmoins, cette décision est à compter au nombre des actes qui favorisent indirectement la reconnaissance duchristianisme.
Après Eusèbe de Césarée[36],[37], l’Église catholique « transfère la solennité du samedi au dimanche » lors duConcile de Laodicée, en363. Il s'agissait d'empêcher encore les Chrétiens de judaïser en se reposant le shabbat.
Dès leVIe siècle, l’extension et les modes durepos dominical font naître dans le domaine chrétien unecasuistique qui a peu à envier à la si critiquée casuistique juive sur le shabbat[15]. « Par un curieux mécanisme de substitution, c’est au moment où la pratique du shabbat est pratiquement abandonnée dans les communautés chrétiennes de l’Empire romain que la notion de « repos sabbatique » revient en force à propos du « Jour du Seigneur...». LesPères de l’Église enracineront l’obligation du repos dominical dans lecommandement sabbatique. AinsiÉphrem le Syrien (vers 350) se réfère directement à laLoi juive pour justifier le repos du dimanche : « la Loi ordonne que le repos soit accordé aux esclaves et aux animaux, afin que tous, esclaves, servantes et travailleurs, puissent cesser le travail »[38].
Ainsi, le dimanche connaît un processus de « shabbatisation » en raison duquel il devient « le shabbat chrétien ». Le report des principaux préceptes sabbatiques au dimanche a assuré l'extension des valeurs qu'apporte leshabbat juif, une manière plus assimilable pour les peuples peu à peu touchés par le christianisme d'entrer dans l'exigence d'un temps pour Dieu[16].
LaBible instaure l'obligation d'observer le jour deshabbat, jour deculte et de repos. Le commandement se trouve dans leDécalogue (Exode 20:8) et fait écho au jour de repos de Dieu lors de la création (Genèse 2:2). LeChrist confirme ce commandement enMarc 2:27,28 déclarant que la Loi est pour l'homme et qu'il en est le divin Législateur.
L'observation du repos dominical devient bientôt une obligation pour tous les chrétiens, et il faut que Charlemagne fasse accepter par l'Église des exceptions pour les paysans en raison de la nécessité pour ces derniers de ne pas laisser passer le beau temps pendant les moissons[39].
La seule citation « Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur » se trouve dansl'Apocalypse : « je tombais en extase au jour du Seigneur »[40] :kyriaké eméra. En réalité, il s’agit moins d’un dimanche ordinaire que du jour final de la manifestation du Christ et du jugement (Act 2.20). Toutefois, en raison du qualificatif « du Seigneur » (kuriakè), on a pu rapprocher ce jour de la pratique du « repas du Seigneur » (cf. 1Co 11:17 et ss), autrement dit l’eucharistie »[16].
Parmi lespremiers chrétiens, certains continuèrent à observer le shabbat durant encore plusieurs siècles, tandis que d'autres (une majorité), sous l'impulsion de l'Église catholique romaine et dans l'intérêt de se distinguer dujudaïsme[41],[42] célébrèrent le dimanche, considéré par eux comme le jour de larésurrection deJésus de Nazareth. D'après la Bible, Jésus meurt sur laCroix un vendredi après-midi. Il fut enterré rapidement à cause du shabbat qui commence dès la tombée de lanuit et pendant lequel il est interdit d'ensevelir les morts et de les couvrir de parfum. Les femmesmyrrhophores furent donc obligées d'attendre le dimanche matin, pour procéder auxembaumements et préparations qu'elles n'auraient pas eu le temps de faire levendredi avant lecoucher du soleil. Elles découvrirent alors letombeau vide : « Après le shabbat, à l'aube du premier jour de la semaine,Marie de Magdala et l'autreMarie allèrent voir le sépulcre » (Mt 28:1).
Chaque dimanche est la célébration de larésurrection du Christ, événement capital sur lequel se fonde la foi chrétienne. C'est pourquoi le dimanche est aussi considéré comme le huitième jour d'une création nouvelle inaugurée par la Résurrection. C'est au cours de la journée du dimanche qu'a lieu la principale célébration eucharistique de la semaine ditemesse chez les catholiques,culte chez lesprotestants etSainte liturgie chez lesorthodoxes[43].
Ainsi, les trois événementseschatologiques fondamentaux que sont la résurrection, les apparitions du Ressuscité, le don de l’Esprit Saint ont tous place le premier jour de la semaine. Les chrétiens ont donc repris le rythme hebdomadaire du repos juif instauré par la Bible mais, en vertu de ces événements majeurs et de l'eucharistie de laCène(fractio panis) en lien avec l’événementpascal[44], ils ont attribué une importance centrale au jour qui suit le shabbat[15]. Le lien entre lesamedi et le dimanche se trouve dans la personne de Jésus, qui est « juif pour toujours », qui a vécu la fidélité au shabbat, qui a révéléDieu par ses comportements le jour du shabbat et par sa résurrection des morts[15].
Le changement de jour du samedi (dernier jour de la semaine) au dimanche (premier jour de la semaine) correspond également à un changement d’alliance[20].
Le dimanche, chaque catholique doit se rendre à la « messe dominicale ». Pour faciliter cette participation, l'Église romaine a obtenu que le dimanche deviennejour de repos légal, à partir duIVe et surtout duVe siècle à Rome, depuis le règne de l'empereurConstantin[43]. Néanmoins, encore à cette époque, le paganisme n'est pas éradiqué et les conciles statuent régulièrement dans ce but ; en589, leconcile de Narbonne interdit encore de fêter lejeudi comme jour dédié àJupiter[45] ; en650, leconcile de Rouen impose des surveillants pour faire respecter lerepos dominical.
La plus ancienne dénomination du dimanche est « premier jour de la semaine », qui dérive de l'appellationhébraïque (יום ראשון,Yom rishon ; littéralement « jour un » ou « jour premier ») et n'est pas marquée d'un sens chrétien comme le sera « jour du Seigneur ». Celle-ci se trouve pour la première fois enAp 1:10 et s'impose vite. L’expressionkyriaké eméra (« jour du Seigneur » ; litt. « jour seigneurial ») qui apparaît dans Actes des Apôtres se répand dans les milieux de l’Asie Mineure sous la formekyriaké (avec l’usage substantivé de l’adjectif), qui deviendra en latin (dies)dominicus, d’où « dimanche »[15].
Dans lecalendrier hébraïque, le « premier jour » est en effet le jour suivant le shabbat (puisque Dieu s'est reposé le dernier jour, soit le shabbat), et ce n’est que dans la chrétienté delangue sémitique que le dimanche continue à être appelé, aujourd’hui encore, « premier jour de la semaine » (ensyriaque,arabe ouéthiopien[46]). Cette appellation, tout comme le rythme hebdomadaire dessynaxes qui se déroulaient ce jour-là, dénote un lien évident avec le calendrier et la pratiqueliturgique juive et en particulier avec la fréquence hebdomadaire de la fête du shabbat[47].
Si l’Écriture connaît l’expression « huitième jour », le dimanche ne sera explicitement appelé ainsi que parBarnabé, vers 130.
Si le dimanche est né comme un jour essentiellementcultuel (jour du rassemblement de l’assemblée chrétienne célébrant la mort-résurrection du Christ), il s’est peu à peu développé au cours des trois premiers siècles de notre ère, sans pour autant assumer l’élément du repos, central et déterminant dans le shabbat juif[15]. Les témoignages issus de cette période soulignent tout au plus la nécessité de différer certains travaux afin de trouver le temps de participer à l’assemblée eucharistique et ne pas faire passer les activités propres avant laParole de Dieu[48]. Ce n’est qu’à partir duIVe siècle que le dimanche s’enrichit de l’élément de l’abstention du travail avec les constitutions promulguées en 321 par l'empereur Constantin, complétées ultérieurement - avec l'interdiction des divertissements[49] -, et particulièrement avec le3esynode d’Orléans en 538, où le repos dominical se transforme même en une obligation. Après des siècles de casuistique[50],Vatican II marque un tournant à l’égard de l’interprétation réglementaire du dimanche.
Thomas d'Aquin s'appuie sur le cinquième précepte duDécalogue[13] pour définir la sanctification du dimanche : c'est le jour où l'esprit humain participe au repos de Dieu. « À cela s'oppose la négligence spirituelle à l'égard du bien divin », c'est-à-dire l'acédie ou paresse spirituelle, unpéché capital[51].
Le repos dominical, qui interrompt la production, le commerce et la course auprofit, est, pour les chrétiens, un signe de gratuité et degrâce[52].
L'aspect de liberté par rapport au commandement de lasanctification du jour du repos a été particulièrement repris par leprotestantisme[53] pour qui il ne s'agit pas d'une prescription à suivre de manière intégriste ou légaliste, parce que« Le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat »[54].
Le dimanche est un tempssacramentel qui rappelle que l’histoire du salut est récapitulée dans lemessie Jésus, une forme de repos et de fête qui permettent de vivre pleinement les dimensions du jour dominical[55].
Selon le théologienJean Dujardin, « c’est après l’œuvre de création que Dieu se retire. Mais il ne se met pas en retrait de l’œuvre de rédemption »[56], ce que poursuit le rabbinRivon Krygier : « Jésus ne cherche pas à réformer la loi rabbinique, ni à instaurer de nouvelles règles. Mais il met en œuvre les clauses dérogatoires inhérentes à la Loi en raison du contexte eschatologique, dans le but de précipiter les consciences et donc l’événement attendu »[57].
La plupart des Églises chrétiennes ont choisi le « premier jour de la semaine », le dimanche, pour célébrer leur culte[58]. Elles considèrent[59] que leNouveau Testament instaure une nouvelle ère de liberté affranchissant le peuple de la Nouvelle Alliance des observances de laLoi de Moïse[60], le dimanche devenant célébration de la « nouvelle création » inaugurée dans larésurrection de Jésus-Christ[52]. Ainsi, le dimanche, jour de cette résurrection[61], est désormais le jour à sanctifier[62],[63].
Toutefois, pour lesÉglises adventistes, lesÉglises baptistes du Septième Jour et d'autres minorités chrétiennes, il n'appartenait pas à l'homme (Père de l'Église ouempereur romain) de modifier l'institution du shabbat[53]. LeDécalogue, écrit par Dieu lui-même (Dt 9.10), est éternel comme l'est le Tout-Puissant. Le shabbat, inclus dans cette Loi, continuera d'être observé sur la nouvelle terre (Es 66.23). Ces mouvements continuent donc d'observer le samedi comme jour de culte, considérant que Dieu n'a pas aboli la loi du shabbat (cf Jésus Mt 5.18) telle que mentionnée dans le Décalogue[13]
Le huitième dimanche après Pâques est le dimanche de laTrinité.
Le premier dimanche duCarême est surnommé ledimanche des Bures.
Il n'y a pas dejeûne le dimanche, même en période de Carême. De fait, le temps de Carême (40 jours avant Pâques) se mesure sans tenir compte des dimanches.
Le papeJean-PaulII explique dans la lettre apostolique,Le jour du Seigneur ouDies Domini publiée le 31 mai 1998, l'importance de rentrer dans une théologie dushabbat pour mieux appréhender lemystère pascal. Il invite les chrétiens à redécouvrir le précepte du shabbat[64]. La volonté de l'Église catholique de redécouvrir sesracines juives trouve sa source dans la reprise dedialogue entre juifs et catholiques initiée et voulue par leConcile VaticanII.
« Le dimanche a longtemps été dédié à l’assistance auxoffices religieux. LeXIXe siècleindustriel en a fait un jour travaillé comme les autres, et ce sont finalement les luttes pour l’amélioration desconditions de travail qui ont poussé l’ensemble despays industrialisés à renouer avec la tradition du dimanche chômé »[67]. Si le dimanche est un jour particulier qui marque une rupture dans le déroulement de la semaine, longue fut la marche[68] menant à la loi du 13 juillet1906, octroyant un jour de repos par semaine en France[69],[70].
De nos jours, des autorisations de plus en plus larges sont accordées au travail dominical[69]. Selon leministère du travail, le « principe du repos dominical connaît plusieurs types de dérogations qui peuvent, selon le cas, être permanentes ou temporaires, soumises ou non à autorisation, applicables à l’ensemble du territoire ou à certaines zones précisément délimitées »[71].
Le dimanche 30 janvier1972, àDerry, enIrlande du Nord, est organisée une marche pacifique pour l'égalité des droits entre catholiques et protestants. Malgré des tentatives de négociation avec les forces de l'ordre britanniques, la manifestation se transforme en massacre : treize personnes sont tuées par l'armée. Cette journée, désormais inscrite dans l'Histoire sous le nom deBloody Sunday, marque le début de laguerre civile irlandaise.
Le dimanche correspond soit au premier, soit au dernier jour de la semaine.
C'est pourquoi, aujourd'hui, certainscalendriers (surtout anglo-saxons) affichent le dimanche comme étant le premier jour de la semaine (car les exégètes juifs désignent le samedi (le jour du shabbat) comme étant le dernier jour de la semaine).
À l'inverse, les Chrétiens qui suivent lecalendrier grégorien définissent le dimanche comme dernier jour de la semaine et respectent volontiers, comme Dieu, le repos dominical[72].
EnIsraël, le dimanche est le premier jour de la semaine (littéralement « Jour premier ») où les gens reprennent leurs activités après avoir chômé la veille, leshabbath.
EnOccident, lesJuifs se marient volontiers le dimanche, jour de repos légal.
Dans de nombreuses juridictions de culture chrétienne, le commerce est restreint le dimanche.
AuRoyaume-Uni, c'est illégal de tirer augibier le dimanche, ni à la nuit.
Les « habits du dimanche » désignent des vêtements soignés réservés aux dimanches et aux circonstances solennelles, d'où le verbe « endimancher ».
L'expressionpéjorative « du dimanche » désigne un amateur, quelqu'un d'inexpérimenté ou pas sérieux, par exemple « un conducteur du dimanche ».
↑En France notamment, la semaine de travail commence lelundi et les calendriers sont imprimés avec le dimanche à la fin de la semaine. Certains dictionnaires récents le définissent comme le dernier jour de la semaine. En revanche, aux États-Unis ainsi que dans plusieurs autres pays du globe, le dimanche est toujours considéré comme le premier jour de la semaine.
↑Article « Dimanche »,Le Robert historique de la langue française. En espagnolcastillan, il y a identité entre le nom donné à ce jour du Seigneur et le prénom Dominique, « domingo ».
↑abc etd« Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. / Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes » - Cinquième précepte du Décalogue
↑a etbCette collecte « prend, dans le cadre de l’Église, une place analogue à celle qu’occupait dans le judaïsme le ramassage hebdomadaire du panier des pauvres, à la veille du sabbat », « Du sabbat juif », II, p. 31-32
↑« La Résurrection du Seigneur n’est pas célébrée une fois par an, mais constamment, tous les huit jours », (Origène,Homilia in Isaiam, 5,2, cité in Isabelle Rak, « Sabbat et dimanche », RevueResurrectionno 134, novembre 2009-décembre 2010
↑Aux Magnésiens 9:1-3« Il ne suffit pas d’être appelé Chrétien, il faut l’être en effet et ne pas ressembler à ces personnes pour qui l’évêque n’est qu’un nom... Leur manière de se réunir n’est pas selon la règle... ne vous laissez pas séduire par... d’anciennes fables entièrement inutiles. Vivre encore selon la loi, c’est dire qu’on n’est pas encore sous la grâce... Si donc ceux qui vivaient dans l'ancien ordre de choses sont venus à la nouvelle espérance, n'observant plus le sabbat, mais le jour du Seigneur, jour où notre vie s'est levée par lui et par sa mort, - quelques-uns le nient ; mais c'est par ce mystère que nous avons reçu la foi… Rejetez un reste de vieux levain aigre et gâté… C’est absurde de parler de Jésus-Christ et de judaïser… »
↑Justin estimait qu’on pouvait conserver une pleine communion avec lesjudéo-chrétiens fidèles aux pratiques juives et observant le sabbat, à condition qu’ils n’exercent pas de pression morales sur les éthno-chrétiens pour les induire à se fairecirconcire et à observer le sabbat, inDialogue avec Tryphon 47.
↑Voir C. S. Mosna,Storia della domenica dalle origini fino agli inizi del V secolo (Analecta Gregoriana 170), Rome, 1969, pp. 201-206
↑a etbL'empereur Constantin précise cependant, dans l'Édit de l'année 312 :« Les paysans toutefois pourront librement cultiver leurs terres… afin de ne pas manquer une occasion favorable de mettre la semence dans le sillon ou de planter le pied de vigne… » cité dans :« À propos du dimanche », surFédération protestante de France.
↑« le dimanche ne sera rien d’autre que la célébration hebdomadaire du mystère pascal », P. Jounel, « Le dimanche et la semaine » in A. G. Martimort,L’Église en prière, IV :La liturgie et le temps, Tournai, 1983, p. 24
↑H. Dumaine, « Dimanche », inDACL, IV, Paris 1928, col. 859-860, n. 5 ; B. Botte, « Les dénominations du dimanche dans la tradition chrétienne », inLe dimanche (Lex Orandi 39), Paris, 1965, p. 7-8, 14, 25-26.
↑P. Grelot, « Du sabbat juif au dimanche chrétien », II, inLa Maison-Dieu 124, 1975, p. 27-34 ; C. S. Mosna,Storia della domenica dalle origini fino agli inizi del V secolo (Analecta Gregoriana 170), Rome, 1969, p. 4-5
↑P. Massi,La domenica nella storia della salvezza, Napoli, 1967, p. 345 ; A. Verheul, « Du sabbat au jour du Seigneur », inQuestions liturgiques 51, 1970, p. 20.
↑a etb« De cette même Église catholique, vous avez accepté votre dimanche, et celui-ci, comme Jour du Seigneur, vous a été transmis comme tradition, et le monde protestant tout entier l’a accepté en tant que tradition, car il n’existe pas un iota des Écritures pour le soutenir. Donc, ce que vous avez accepté comme règle de foi, aussi inapproprié que cela puisse être, tout comme votre dimanche, vous l’avez accepté sur l’autorité de l’Église catholique romaine ». D. B. Ray,The Papal Controversy, p. 179, 1892
↑Jean Dujardin, « Hommage à Rivon Krygier », revue « Sens », 14 octobre 2013
↑Rivon Krygier, « La trangression du Shabbat comme faire-valoir messianique dans l’Evangile de Jean, au miroir de la littérature rabbinique », revue « Sens »,no 354, décembre 2010