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Digamma

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Digamma
Interprétation contemporaine de la lettre grecque archaïque digamma en capitale et bas-de-casse, avec la police Times New Roman
Interprétation contemporaine de la lettre grecque archaïque digamma en capitale et bas-de-casse, avec la policeTimes New Roman
Graphies
CapitaleϜ
Bas de casseϝ
Utilisation
AlphabetsGrec archaïque
OrdreEpsilon-Digamma pamphylien
Phonèmes principauxGrec ancien : /w/
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Digamma (capitale :Ϝ, minuscule :ϝ ; engrecδίγαμμα[1], c'est-à-diregamma double) est unelettrearchaïque de l'alphabet grec. Dérivée de la lettrewāu de l'alphabet phénicien, elle a été utilisée pour transcrire laconsonne spirante labio-vélaire voisée /w/ héritée de l’indo-européen commun. Elle est l'ancêtre de la lettreF de l'alphabet latin. Appelée simplement « wau » dans lesalphabets grecs archaïques, elle note le son/w/ et est placée en6e position, entre l'epsilon et lezêta. Son usage est attesté jusqu'à l'époque classique ; elle cesse d'être utilisée lorsque le son /w/ disparaît de la langue grecque.

L'usage du digamma persiste dans lanumération grecque, où il désigne le nombre 6 ; tracé plus simplement enonciale médiévale, il s'est confondu avec lestigma,ϛ, dont le tracé est semblable.

Usage

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Grec

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Dans certains dialectes archaïques dugrec ancien, le digamma représente laconsonne spirante labio-vélaire voisée/w/ et est placée en6e position dans l'alphabet. Il s'agit du doublet consonantal de la voyelleupsilon (/u/).

Albanais

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Dans l’alphabet grec albanais, le digamma représente laconsonne occlusive vélaire voisée/g/[2].

Nombre

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Bien que le digamma disparaisse définitivement en tant que consonne auIIe siècle, le caractère reste utilisé dans le système denumération grecque, attribué àMilet. La lettre numérale y possède la valeur 6, reflétant sa place d'origine dans l'alphabet grec. Il s'agit de l'une des trois lettres additionnelles de l'alphabet classique utilisées comme nombres, avec lekoppa (ϙ) pour 90 et lesampi (ϡ) pour 900.

Le tracé de ces trois symboles s'est fortement modifié au cours du temps, d'autant plus qu'ils ne sont plus utilisés dans l'écriture alphabétique courante : enonciale grecque médiévale puis dans l'écriture cursive, le digamma en vient, par simplification duductus, à être écrit (en un seul trait courbé et sans traverse centrale). Or, cela le fait ressembler fortement (et fortuitement) à laligaturestigma, (où l'on reconnaît lesigma lunaire,Ϲ, semblable à la lettre latineC), très fréquente alors et tracée actuellementϚ (ϛ en minuscule). Finalement, les deux signes sont confondus, le digamma, rare en tant que lettre indépendante, s'éclipsant au profit de la ligature, plus courante.

Le digamma numéral est écrit avec un stigma dans les textes modernes, le digamma ancien,Ϝ, restant le plus souvent limité aux usages textuels ou comme signe numéral dans les éditions de textes anciens. Toutefois, la ligature stigma ayant disparu en tant que telle auXVIIIe siècle (comme les autres ligatures manuscrites grecques), elle n'est pas toujours accessible aux éditeurs, qui la remplacent très souvent par sa forme décomposée,sigmatau :στ. Enfin, par une confusion due à la ressemblance fortuite entre l'œil du stigma et celui du sigma final — ς — certains éditeurs (rarement en Grèce) confondent les deux caractères. C'est cependant un emploi abusif.

En conclusion, le nombre 6 se rencontre de plusieurs manières en numération grecque :ϝʹ (surtout en épigraphie ou pour des textes anciens),ϛʹ ouστʹ (ςʹ étant à éviter).

Sciences

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Enmathématiques, lafonction digamma est nommée d'après la lettre digamma, par analogie avec lafonction gamma dont elle découle.

Histoire

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Origine

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La lettre digamma tire son origine de la lettre de l'alphabet phénicienwāu ou wāv. Celle-ci provient peut-être de l'alphabet protosinaïtique, une écriture utilisée dans leSinaï il y a plus de 3 500 ans, elle-même probablement dérivée de certainshiéroglyphes égyptiens. La lettre phénicienne semble signifier littéralement « crochet, hameçon ». L'alphabet phénicien atteint une forme plus ou moins standard vers leXIe siècle av. J.-C. Sa6e lettre est uneconsonne (l'alphabet phénicien est unabjad qui ne note pas les voyelles) correspondant probablement au son [w].

Pour créer leursalphabets, Les peuples grecs empruntent auVIIIe siècle av. J.-C. leslettres phéniciennes. La6e lettre de celui-ci, wāu, sert également aux Grecs à transcrire laconsonne spirante labio-vélaire voisée /w/ héritée de l'indo-européen. Toutefois, ce phonème est très faible en grec et tous les dialectes ne l'emploient pas. À l'époque archaïque, les dialectes l'utilisant comprennent la majorité de la Grèce continentale (sauf l'Attique), l'Eubée et laCrète. ÀAthènes et àNaxos, il n'est apparemment utilisé que dans le registre poétique. EnIonie, Attique etDorien oriental, le son /w/ est absent ou rapidement éliminé[3]. La disparition plus ou moins graduelle de ce phonème dans la langue rend assez fragile l'existence d'un signe pour le noter. Par contre, ce phonème et la lettre correspondante se sont conservés plus longtemps en grec occidental et dansl'alphabet correspondant, d'où est issu (via l'étrusque) l'alphabet latin.

Le wāu phénicien ressemble à unY. Outre le digamma, ce glyphe donne naissance auupsilon grec, transcrivant le phonème /u/. Le digamma conserve la position alphabétique du wāu mais voit sa forme modifiée ; l'upsilon conserve lui cette forme mais est placé à une position différente, près de la fin de l'alphabet. La Crète emploie une forme archaïque proche du wāu phénicien, ou une variante avec une branche inclinée,. La forme subit pendant la période archaïque un développement parallèle à celui de l'epsilon (qui passe de à E), les bras devenant perpendiculaires à la barre verticale, dont la partie inférieure est abandonnée. Cette évolution conduit à deux variantes du digamma : le F classique et le carré[4].

En résumé, le digamma prend des formes diverses comme[5],[6] :

Dans certains alphabets, le digamma prend une forme ressemblant à la lettrecyrillique moderneИ :. Toutefois, dans l'alphabet dePamphylie, cette variante, appelée aujourd’huidigamma pamphylien, existe comme lettre distincte du digamma standard. On suppose que dans ce dialecte, le son /w/ pourrait avoir changé en /v/ dans certains environnements. La lettre en forme de F pourrait avoir été utilisée pour noter ce son /v/, tandis que la lettre en forme de Ͷ indiquerait les cas où le son /w/ est préservé[7].

Alphabets archaïques

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Fragment de céramique représentant un cheval et son cavalier. L'inscription signifie[...]Ι ϜΑΝΑΚΤΙ ([...]i wanakti, « au roi »), avec un digamma initial (et uneforme locale en Σ duiota).
Alphabet grec peint sur la panse d'une coupe attique à figures noires ; le digamma, visible sur la gauche du vase, ressemble à un « C » latin carré.

Le son/w/ existe enMycénien, comme attesté par lelinéaire B et certaines inscriptions archaïques grecques utilisant le digamma. Il est également confirmé dans le nomhittite deTroie,Wilusa, correspondant au nom grec *Wilion.

Disparition

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Le son/w/ s'amuït à différents moments suivant les dialectes, la plupart avant l'époque classique (leIIe siècle av. J.-C. constitue une date limite). Enionien,/w/ disparaît probablement avant que les épopées d'Homère ne soient écrites (VIIIe siècle av. J.-C.), mais sa présence ancienne peut être détectée dans de nombreux cas car son omission rend lamétrique défectueuse. Par exemple, les motsἄναξ (ànax, « roi »), rencontré dans l'Iliade, à l'origineϝάναξ (wánaks), etοἶνος (oînos, « vin ») sont parfois utilisés là où un mot débutant par une consonne serait attendu. D'autres preuves, couplées avec une analyse des mots apparentés, montre queοἶνος est auparavant écritϝοῖνος (wóînos)[8],[9] (dorien crétoisibêna,latinvīnum,anglaiswine).

L'éolien est le dialecte qui conserve le son/w/ le plus longtemps. Dans les textes des anciens grammairiens grecs de l'époque hellénistique, cette lettre est souvent décrite comme une caractéristique de l'éolien.

Les formes actuelles des lettres proviennent de l'alphabet utilisé enIonie, qui est progressivement adopté par le reste du monde grec antique (Athènes passe un décret formel pour son adoption officielle en 403 av. J.-C. ; son usage est commun dans les cités grecques avant le milieu duIVe siècle av. J.-C.). En Ionie, le phonème /w/ s'amuït très vite dans toutes les positions, entraînant naturellement l'inutilité d'un signe pour le transcrire. Le digamma disparaît alors de l'alphabet grec. Pendant quelque temps, le son/w-/ initial demeure étranger à la phonologie grecque et est abandonné dans les emprunts étrangers (selon l'explication la plus courante, le nomItalie provient d'Italia, de l'osque *Ϝιτελιυ,Viteliu ; le nom desVénètes est transcrit en grec (Ἐνετοί,Enetoí). Le phonème est à nouveau usité à partir duIIe siècle av. J.-C., mais sans digamma (le nomvate est par exemple transcrit en grecοὐάτεις,οuáteis).

Signe numéral

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Fragment dupapyrus 115 (en) comportant le nombre « χιϛ » (616 ; χ = 6, ι = 10 et ϛ = 6), avec un digamma final en forme de C.

La numération grecque antique, originaire de la ville ionienne deMilet, utilise les lettres de l'alphabet pour noter les nombres. 27 symboles sont employés : les 24 lettres de l'alphabet classique et 3 lettres archaïques, qui survivent dans cette fonction : le digamma pour 6 (sa place d'origine dans l'alphabet), lekoppa pour 90 et lesampi pour 900. Le digamma numéral prend plusieurs formes suivant les lieux : ϝ, mais égalementϜ,Ϝ,Ϝ,Ϝ,5,6[10]. Une des formes,, employée enBéotie,Eubée etThessalie, ressemble à une forme anguleuse du C latin.

Dans l'écritureonciale, utilisée pour les manuscrits littéraires surpapyrus etvélin, la forme anguleuse se développe en une forme plus arrondie, notée sur les manuscrits en papyrus, sur certains pièces. Une queue verticale lui est ensuite rajoutée (,). Elle adopte au bout du compte une forme similaire au « s » latin,[11]. Ces formescursives se rencontrent également sur les inscriptions de l'Antiquité tardive[10].

Confusion avec la ligature στ

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Deux exemples de digamma en forme de s dans un manuscrit mathématique duXIIe siècle : le nombre 9996 4/6 (͵θϡϟϛ δʹ ϛʹ) sur la première ligne ; sur la2e ligne, une phrase contenant deux ligatures στ (« ἔσται τὸ στερεὸν »).

AuxIXe et Xe siècles, la forme cursive du digamma est confondue visuellement avec laligature d'unsigma (dans sa forme lunaire,) et d'untau :,)[11]. La ligature στ est courante dans l'écritureminuscule à partir duIXe siècle. Les formes fermée () et ouverte () du digamma sont utilisées alors sans distinction à la fois pour la ligature et le signe numeral. Cette ligature prend le nom destigma.

Dérivés

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La lettre digamma est transmise à l'alphabet latin par l'intermédiaire de l'alphabet étrusque, lui-même dérivé de l'alphabet grec « rouge » employé enEubée — alphabet que lesÉtrusques apprennent à Pithécusses (Ischia), près deCumes.

LesÉtrusques utilisent une lettre dérivée du digamma : le son/w/ étant absent deleur langue, ils l'utilisent pour représenter le son/v/ (absent du grec à cette époque) ; le son/f/ (également absent du grec archaïque) est représenté synthétiquement par ledigramme FH.

Lelatin n'utilise pas le phonème/v/. En empruntant l'alphabet étrusque, les Romains utilisent le V (descendant de l'upsilon grec) pour noter/u/ et/w/, et le FH pour le/f/. Cette graphie est simplifiée en F à partir duIVe siècle av. J.-C. ; on retrouve cette ancienne graphie FH par exemple dans l'inscription de lafibule de Préneste.

Dans l'alphabet copte, le digamma conduit à la lettre sou. Cette lettre sert également dans lanumération copte. Lesrunes provenant vraisemblablement des anciens alphabets italiques, la runefehu, ᚠ, dériverait également du digamma.

Il est possible que l'alphabet arménien dérive de l'alphabet grec. Dans ce cas, le hiunՒ dériverait du digamma.

  • Wau phénicien
    Wau phénicien
  • Digamma épigraphique grec
    Digamma épigraphique grec
  • Digamma grec archaïque de l'alphabet eubéen
    Digamma grec archaïque de l'alphabet eubéen
  • F étrusque
    F étrusque
  • F romain
    F romain
  • Sou copte
    Sou copte
  • Fehu runique
    Fehu runique

Noms

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Généralités

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Wau

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La lettre phéniciennewāu signifierait « crochet » ou « hameçon » ; le nom phénicien est utilisé en grec ancien pour le nom original de la lettre notant le son/w/[12],[4]. Ce nom est souvent cité dans sa forme reconstruiteϝαῦ (waû). Cette forme n'est pas attestée historiquement dans les inscriptions grecques mais l'existence du nom est déduite par les descriptions de grammairiens latins contemporaines, commeVarron, qui l'appellent « vav »[13]. Dans le grec ultérieur, où la lettre et le son qu'elle représente n'existent plus, ce nom est transcrit enβαῦ (baû) ouοὐαῦ (ouaû). AuXIXe siècle en Angleterre, la forme angliciséevau est un nom courant pour le symbole ϛ et sa fonction numérique, utilisé par des auteurs qui le distinguent du digamma alphabétique et du ϛ comme ligature στ[14].

Digamma

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L'appellation « digamma » est plus tardive que celle de « wau ». Elle se rencontre toutefois en grec ancien :δίγαμμα (dígamma)[1]. Ce nom signifie littéralement « double gamma », la forme Ϝ étant semblable à deuxgammas majuscules qui auraient été empilés.

Épisémon

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Article détaillé :Épisème (mathématiques).

Le nom « épisémon » est utilisé pour le symbole numérique pendant l'époque byzantine. Il est parfois encore employé aujourd'hui sous la forme épisémon ou épisème, soit pour nommer spécifiquement le digamma/stigma, soit comme terme générique pour l'ensemble des signes numéraux extra-alphabétiques (digamma,koppa etsampi).

Le mot grecἐπίσημον (épísêmon), formé parἐπί- (epí-, « sur ») etσήμα (sếma, « signe »), signifie littéralement « signe distinctif », « insigne », mais est également la forme neutre de l'adjectifἐπίσημος (épísêmos, « distingué », « remarquable »). Il est lié au nombre 6 via lanumérologie mystique chrétienne antique. Selon un compte-rendu des enseignements deMarcus parIrénée, le nombre 6 est perçu comme le symbole du Christ et est appelé « ὁ ἐπίσημος ἀριθμός » (« le nombre exceptionnel ») ; de même, le nomἸησοῦς (« Jésus »), ayant six lettres, est « τὸ ἐπίσημον ὄνομα » (« le nom exceptionnel »), etc. Le traité duVIe siècleDu mystère des lettres (en), qui lie également le six au Christ, appelle le signe numéralto Episēmon[15]. Le même nom se retrouve dans un manuel d'arithmétique duXVe siècle écrit par le mathématicien grecNikolaos Rabdas (en)[16]. On le trouve également dans un certain nombre de textes ouest-européens sur l'alphabet grec écrits en latin au début du Moyen Âge.De loquela per gestum digitorum, un texte didactique d'arithmétique attribué àBède le Vénérable, appelle les numéraux grecs pour 6, 90 et 900 « episimon », « cophe » et « enneacosis »[17]. Suivant Bède, le terme est adopté auXVIIe siècle par l'humanisteJoseph Juste Scaliger[18]. Toutefois, Scaliger interprète mal Bède et applique le terme épisêmon aux trois lettres numérales et pas seulement au digamma. À la suite de Scaliger, le terme intègre l'usage académique moderne dans son nouveau sens, voire pour désigner des symboles numéraux complémentaires en dehors de séquences alphabétiques propres, en grec ou dans d'autres écritures[19].

Gabex ou Gamex

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Dans un commentaire biblique duIVe siècle,Ammonios d'Alexandrie aurait mentionné que le symbole numérique pour 6 est appelé « gabex » par ses contemporains[20],[21]. Cette référence à Ammonios est parfois lue « gam(m)ex » par certains auteurs modernes[22],[23]. Ammonios, ainsi que des théologiens ultérieurs[24], discutent du symbole dans le contexte de l'apparente contradiction dans les Évangiles qui attribuent la mort de Jésus soit à la3e heure, soit à la6e, argumentant que le symbole pourrait facilement avoir été substitué à un autre à la suite d'une erreur d'écriture.

Stigma

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Le termeστίγμα (stígma) signifie à l'origine en grec « marque, point, perforation » ou plus généralement « signe », du verbeστίζω (stízo, « perforer »)[25]. Dans le contexte de l'écriture, il désigne un point de ponctuation, utilisé par exemple pour noter le raccourcissement d'une syllabe dans la notation d'un rythme[26]. Il devient par la suite le nom de la ligature στ, paracrophonie de son initialest- et par analogie avec le nomsigma. Il possède d'autres noms conçus suivant le même principe : sti[27] ou stau[28],[29].

Typographie

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Exemple d'une police duXIXe siècle utilisant un stigma majuscule en forme de S (1re ligne) et unkoppa majuscule en forme de G (2e ligne).

Entypographie moderne, le digammacapitale prend la forme Ϝ, sa formebas-de-casse étant ϝ. Il est utilisé enépigraphie grecque pour transcrire les anciennes inscriptions qui contiennent un digamma, et en linguistique et grammaire historique pour décrire les proto-formes reconstituées de mots grecs qui contiennent le son /w/.

Les écrits modernes distinguent le digamma numéral de sa forme alphabétique. De façon générale, il est représenté par le même caractère que la ligature stigma, ϛ. Dans les textes, cette ligature (ainsi que de nombreuses autres) continue à être utilisée jusqu'au début duXIXe siècle, avant d'être graduellement abandonnée. La ligature stigma est parmi celles qui subsistent le plus longtemps, mais elle devient obsolète après le milieu duXIXe siècle. Actuellement, elle n'est utilisée que pour représenter le digamma numérique, jamais pour la séquence στ.

Comme lekoppa et lesampi, le digamma numérique ne fait généralement pas la distinction entre les formes capitale et bas-de-casse[30] (les autres lettres alphabétiques peuvent être utilisées comme numéraux dans les deux cas). Des versions capitales distinctes sont utilisées à l'occasion auXIXe siècle. On trouve différentes formes de stigma, avec la terminaison inférieure possédant un petit crochet courbe en forme de s () ou une ligne droite, avec () ou sans empattement (). Une stylisation capitale alternative duXXe siècle est, une ligature des C et T capitales.

Pendant toute son histoire, la forme du digamma est souvent similaire à celle d'autres symboles, avec lesquels il est facilement confondu. Sur les papyrus anciens, la forme cursive du digamma numérique () est souvent indifférentiable de la forme lunaire dusigma. Au Moyen Âge, elle a la même forme que l’abréviation pourκαὶ (kaì, « et »).

En écriture manuscrite antique et médiévale, le koppa passe de à,,, puis. Les formes majuscules et peuvent représenter le koppa ou le stigma. Les confusions fréquentes entre ces deux valeurs dans l'imprimerie contemporaine sont déjà notées par les commentateurs duXVIIIe siècle[31]. L’ambiguïté n'a pas disparu dans les polices modernes, beaucoup continuant à avoir un glyphe similaire à pour koppa ou stigma.

Importance dans l'étude épigraphique et philologique

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La consonne /w/ (qu'elle soit réalisée [w], ou [β] voire [v] parrenforcement articulatoire) étant fréquente dans certainsdialectes grecs anciens (et donc dans leur écriture : la lettre est présente dans les alphabets deCrète,Corcyre,Béotie,Corinthe,Laconie,Arcadie, entre autres), il est nécessaire, dans la transcription d'inscriptionsépigraphiques ou detextes littéraires, de disposer d'un caractère spécifique. De même, lalinguistique comparée deslangues indo-européennes et l'étudediachronique de la langue grecque demandent un tel caractère, ce qui explique qu'il se lise fréquemment dans les textes didactiques ou les éditions universitaires de textes non ioniens-attiques.

Exemples :

  • en épigraphie :ϜΑΡΓΟΝ /wargon (éléen),ϜΟΙΚΟΣ /woikos (thessalien),ϜΕϘΟΝΤΑΣ /wekontas (locrien),ΒΟϜΑ (pamphylien) ;
  • chezAlcée de Mytilène, qui écrivait en lesbien (dialecte éolien asiatique) :ϝρῆξις /wrễxis « déchirure » (en ionien-attique :ῥῆξις /rhễxis) ; de même chezSappho :Τὸν ϝὸν παῖδα κάλει /Tòn wòn paîda kálei,« elle le nomme son propre enfant » ;
  • bien que déjà disparue de lalangue homérique, la consonne /w/ s'y révèle en filigrane par lascansion deshexamètres dactyliques. L'aède, en effet, pratique deshiatus normalement évités, allonge des syllabes normalement brèves d'une manière que les Anciens prenaient pour une licence poétique. Or, rétablir un /w/ là où ces phénomènes se produisent (pas systématiquement, cependant), permet de comprendre que s'était maintenu le souvenir d'une telle consonne, grâce, notamment, à l'existence de formules prêtes à l'emploi tirées de divers dialectes dans lesquels /w/ s'était parfois conservé. Dans ce cas, on notera /w/ par undigamma. Comme l'explique Jean Humbert (cf. bibliographie plus bas) :

« Encore que l'hexamètre dactylique, dont il [Homère] use, exclue en principe les hiatus entre les voyelles, il sait que le même hiatus est autorisé dans une formule telle queΤενέδοιο τε ἶφι ἀνάσσεις “tu règnes en souverain sur Ténédos”, sans se douter que les deux hiatus disparaissent si on litϝῖφι (cf. lat[in].uis “force”) etϝανάσσεις (cf. myc[énien]wanake =ἄνακτες “les souverains”), restituant ainsi leϝ dont, aussi loin que l'on remonte, l'ionien n'a pas conservé de traces. »

  • L'allongement de certaines syllabes s'explique d'une manière similaire. Bien que le digamma n'ait jamais été écrit dans les éditions les plus anciennes d'Homère, certains éditeurs le rétablissent cependant, ce qui permet une analyse plus fidèle du texte mais ne signifie pas qu'il était réellement prononcé à l'époque d'Homère, encore moins à celle de la fixation du texte par écrit (VIe siècle av. J.-C., sousPisistrate). C'est le cas dans l'éditioncastillane de Luis Segalá y Estalella des textes homériques (chez Editorial Voluntad, 1934), qui écrit par exemple le vers 3 du premier chant de l'Iliadeπολλὰς δ' ἰφθίμους ψυχὰς Ἄϝιδι προΐαψε là où d'autres éditions n'auront queἌϊδι (en ionien-attiqueἍιδης ouᾍδης aunominatif) ;
  • dans des analyses comparatives ou diachroniques modernes (dans ce cas, le digamma est un artifice philologique permettant de transcrire un phonème /w/ ancien même quand il n'existe pas de forme attestée l'utilisant) : « Le génitif deπῆκυς devrait êtreπήκεος [*πηκεϝος] attesté chez Hérodote » (Grammaire grecque de Ragon chez Nathan / de Gigord, paragraphe 61, remarque III ; remarquer l'utilisation de l'astérisque pour désigner une forme reconstituée non attestée). D'une même manière, la transcription de textesmycéniens, langue dans laquelle /w/ est parfaitement conservé, fait appel au digamma.

Il est cependant fréquent que le phonème /w/ ait été noté par d'autres lettres, d'autant plus quand il s'était renforcé : on trouve par exemple chezSappho l'adjectifvrádinos « souple » (avec [v] issu de /w/) écritβράδινος (en ionien-attique :ῥαδινός /rhadinós).

Codage

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La majusculeϜ possède les codages suivants :

La minusculeϝ possède les codages suivants :

  • UTF-8 :0xCF 0x9D ;
  • UTF-8, représentation octale :\317\235 ;
  • entité numérique décimale HTML :ϝ.
  • TeX : \digamma ;ϝ{\displaystyle \digamma }

Le digamma numéral confondu avec lestigma est codé de la même manière que cette ligature.

Le tableau suivant recense les différents caractèresUnicode utilisant le digamma :

CaractèreReprésentationCodeBloc UnicodeNom Unicode
ϜϜU+03DCU+03DCGrec et copte[32]Lettre grecque digamma
ϝϝU+03DDU+03DDGrec et copteLettre minuscule grecque digamma
ͶͶU+0376U+0376Grec et copteLettre majuscule grecque digamma pamphylien
ͷͷU+0377U+0377Grec et copteLettre minuscule grecque digamma pamphylien
𝟊𝟊U+1D7CAU+1D7CASymboles mathématiques alphanumériques[33]Minuscule mathématique grasse digamma
𝟋𝟋U+1D7CBU+1D7CBSymboles mathématiques alphanumériquesMajuscule mathématique italique digamma

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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Références

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  1. a etb(en) « δίγαμμα », Greek Word Study Tool - Perseus Digital Library
  2. La consonne « [g] » est une interprétation du digamma, d'après « deux gammas ».
  3. Jeffery 1961,p. 24.
  4. a etbJeffery 1961,p. 24f.
  5. Jeffery 1961,p. 23, 30, 248.
  6. « Browse by letter form », Poinikastas
  7. (en) Nick Nicholas, « Proposal to add Greek epigraphical letters to the UCS. Technical report »[PDF], Unicode Consortium,
  8. (en) « οἶνος », Greek Word Study Tool - Perseus Digital Library
  9. (grc)Code de Gortyne, « col. X.39 : Ϝοῖνος », Searchable Greek Inscriptions
  10. a etb(en) Marcus N. Tod, « The alphabetic numeral system in Attica »,Annual of the British School at Athens,vol. 45,‎,p. 126–139
  11. a etb(en) Victor Gardthausen,Griechische Palaeographie,vol. 2, Leipzig, B.G. Teubner,,p. 367
  12. (en) Roger D. Woodard,A companion to the ancient Greek language, Oxford, Blackwell,, « Phoinikeia grammata: an alphabet for the Greek language »,p. 30f
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  14. (en) Philipp Buttmann,Buttmann's larger Greek grammar : a Greek grammar for use of high schools and universities, New York,,p. 22
  15. (de) Cordula Bandt,Der Traktat "Vom Mysterium der Buchstaben." Kritischer Text mit Einführung, Übersetzung und Kommentar, Berlin, de Gruyter,
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