De haut en bas et de gauche à droite : panorama de la ville, les arcades de la Bourse, l'église St-Jacques, lecafé des Tribunaux, la Porte de Dieppe, le port de plaisance,le château, panorama du port.
La commune, bordée par laManche, est également une commune littorale au sens de la loi du, diteloi littoral[16]. Des dispositions spécifiques d’urbanisme s’y appliquent dès lors afin de préserver les espaces naturels, les sites, les paysages et l’équilibre écologique dulittoral, comme le principe d'inconstructibilité, en dehors des espaces urbanisés, sur la bande littorale des 100 mètres, ou plus si leplan local d’urbanisme le prévoit[17].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (83,3 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (76,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (56,1 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (22,5 %), prairies (7,2 %),terres arables (5,2 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (4,7 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (1,9 %), zones agricoles hétérogènes (1,2 %), zones humides côtières (0,9 %), eaux maritimes (0,3 %)[18]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Dieppe est une ville articulée autour de ses quatre ports et de ses quartiers.
Le centre historique de la ville de Dieppe est situé dans l'estuaire de l'Arques. Il comprend tout le front de mer, le quartier du bout du quai, le quai Henri-IV, la Grande-Rue, le quartier Saint-Jacques, l'ex-bassin Bérigny, comblé dans les années 1930, et la zone de l'avenue Gambetta. Ce centre-ville connait une rénovation urbaine depuis la fin des années 1970, qui en a préservé le caractère original. Il se prolonge au sud vers le quartier résidentiel de Saint-Pierre et à l'ouest par le faubourg de la Barre vers les quartiers résidentiels de l'Esplanade et de Caude Côte, sur la route de Pourville.
À l'est du centre-ville, de l'autre côté du chenal, se situe le quartier duPollet aux habitations de pêcheurs typiques. Au sud et à l'est du Pollet se trouvent respectivement le quartier du Vieux-Neuville (Neuville-lès-Dieppe) et le Neuville-neuf, construit au tournant des années 1960-1970, qui s'étire sur la falaise est.
Lehameau balnéaire de Puys est quant à lui le quartier le plus au nord-est de Dieppe.
Vers le sud-est, en amont de l'Arques, s’étirent leport de commerce puis lesecteur industriel ettertiaire de la ville (parc d'activités du Talou) qui constitue laZone d'aménagement concerté de Dieppe-Sud, traversée par l'avenue Normandie-Sussex et séparée du quartier Saint-Pierre par le réseau des chemins de fer et la gare.
Enfin, le quartier du Val Druel est situé dans le sud-est de Dieppe, un peu à l'écart de la ville, séparé du quartier des Bruyères par l'avenue des Canadiens, voie d'entrée principale sur Dieppe en provenance de Paris et de Rouen, et séparé du quartier Saint-Pierre et de Dieppe-Sud par la rocade de Dieppe et leparc d'activité commerciale du Belvédère. Ce quartier a été construit au milieu des années 1970 sous la municipalitéIrénée Bourgois, sur la base d'un dessin initial d'Oscar Niemeyer, qui sera finalement simplifié et édulcoré.
Place du Moulin-à-Vent :logements sociaux dans une maison Ventabren réhabilitée par la société d'économie mixte de l'Agglomération dieppoise dans le cadre de la rénovation urbaine et de l'amélioration de l'habitat.
En 2018, le nombre total delogements dans la commune était de 19 367, alors qu'il était de 18 929 en 2013 et de 18 645 en 2008[I 2].
Le tableau ci-dessous présente la typologie des logements à Dieppe en 2018 en comparaison avec celle de la Seine-Maritime et de la France entière. Une caractéristique marquante du parc de logements est ainsi une proportion derésidences secondaires et logements occasionnels (9,6 %) supérieure à celle du département (3,9 %) et à celle de la France entière (9,7 %). Concernant le statut d'occupation de ces logements, 34,4 % des habitants de la commune sont propriétaires de leur logement (36,5 % en 2013), contre 53 % pour la Seine-Maritime et 57,5 pour la France entière[I 4].
L'important parc delogements locatifs à loyer modéré que propose la ville est destiné principalement à des personnes à faibles revenus. Au sein de l'agglomération dieppoise, dans laquelle le parc social est inégalement réparti, la ville de Dieppe concentre très fortement une population en difficulté financière ou sociale, en particulier dans lesquartiers prioritaires de Val Druel, des Bruyères, de Neuville Neuf[20]. Un quart de la population dieppoise vit dans les trois quartiers prioritaires de la ville (Neuville-Nord, Val Druel, Les Bruyères)[21],[22].
Ce nom est emprunté à une appellation transitoire de la rivière qui se jette en ce lieu dans laManche. Cette rivière appeléeTella dans les textesmérovingiens etcarolingiens, est désignéeDieppe (Deppae 1015-1029) après l'installation decolonsanglo-scandinaves, avant de prendre le nom deBéthune (laBéthune se jette dans l'Arques près d'Arques-la-Bataille) « qui en l'état de nos informations n'est pas attesté avant leXVIe siècle »[24].
Il s'agit donc d'un adjectif substantivé dont la terminaison-a est la désinence féminine, sans doute par imitation du nom précédentTella, d'où son sens de « la Profonde ». Cette terminaison-a a pu se confondre avec le vieux norroisá « rivière »[28], d'où le sens global de « rivière profonde », ce qui en ferait un homonyme de la Djúpá, mot pour mot, « rivière profonde » enIslande.
Anciennes maisons de pêcheurs du quartier du Pollet.
Cet élémentDieppe- /Dip- se retrouve dans le type toponymique normand :Dieppedalle, Dieppedalle (Canteleu) ouDipdal (Cotentin)[28]. Le second élément est le vieux norroisdalr « vallée »[29],[28]. Ces toponymes sont tous situés dans la zone de diffusion de la toponymie anglo-scandinave et il signifie « vallée profonde », « val profond ». Par contre, l'homophonie avecDieppe-sous-Douaumont (Despia 984) est fortuite[30].
Ce fleuve a longtemps séparé la ville en deux quartiers, est et ouest, l'autre quartier étant le Pollet. L'explication traditionnelle dePollet par « port de l'est » est une étymologie populaire. En effet, on lit dans des documents l'appellation « port de l'ouest », qui est contradictoire, et surtout l'attestation ancienne sous la forme latiniséeTerram de Poleto en 1172[31] qui permettent de rejeter cette interprétation. En revanche, ce toponyme est à rapprocher du Pollet àAvremesnil (Seine-Maritime), du Pollet àGuernesey, de la rue du Pollet àPort-en-Bessin (Calvados), de la Polle àOcteville (Manche), et de l'anse du Poulet àSaint-Pierre-Église (Manche), etc., qui sont vraisemblablement issus du vieux norroispollr « trou d'eau, bassin, anse arrondie », suivi du suffixe diminutif-et[28],[32]. Le mot noroispollr se perpétue dans le norvégienpoll(no)[32].
Le Pollet est désormais unepresqu'île depuis le creusement, en 1848, d'un bassin supplémentaire au port.
À l'époque gallo-romaine, le Camp de César ou « Cité de Limes », située au nord de l'actuelle cité de Dieppe, est une enceinte gallo-romaine qui atteste la plus ancienne présence de vie humaine dans la région dieppoise. Quelques rares restes de poteries ou d’armes gauloises témoignent de cette époque encore méconnue.
Laconquête de l’Angleterre par lesNormands à partir de 1066 donne toute son importance au petit port de pêche, alors à l'ombre de la cité d'Arques, pour le développement des relations transmanche. Dieppe fait partie des ports de chaque côté de laManche que les Normands entreprennent d'équiper et de développer. Le, c'est notamment de Dieppe queGuillaume le Conquérant rembarque pour l'Angleterre.
Encore peu peuplée, Dieppe connaît une prospérité croissante durant leXIIe siècle après que l’impératrice Mathilde eut donné un acre de terre dénué de toute construction sur « le galet de Dieppe » à son chambellan Roscelin pour qu'il puisse y construire une maison de pierre ou de bois à sa convenance, et y constituer un fief[33].Guillaume d'Anjou (en anglais, Guillaume FitzEmperesse) est né le àArgentan et mort le àRouen. Il est le fils de l’impératrice Mathilde, fut vicomte de Dieppe et frère d'Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre.
Dieppe bénéficie alors des relations étroites qui se sont établies entre la Normandie et l’Angleterre et un château y est édifié en 1188 parHenri II Plantagenêt. Cependant, en 1195, ce château est rasé et la ville incendiée par les troupes du roi de FrancePhilippe Auguste pour affaiblir son adversaireRichard Cœur de Lion, duc de Normandie. Il incendia également tous les navires du port et fit prisonniers ceux des habitants qui n’avaient pas pu fuir. Deux ans plus, tard, en, Richard Ier échange avec l'archevêque de Rouen Dieppe etBouteilles[34] contre la baronnie desAndelys, aboutissant à la construction deChâteau-Gaillard[35], mais en 1204, après la chute de Château-Gaillard et la prise de Rouen, Dieppe et laNormandie sontannexées au royaume de France par Philippe Auguste.
En passant sous le contrôle français, le site de Dieppe perd sa position avantageuse et la source de sa prospérité fondée sur les relations entre la Normandie et l'Angleterre. La ville elle-même peine à se relever du passage incendiaire de Philippe Auguste.
La géographie des lieux permet l'accès au port à marée haute et à marée basse, notamment grâce à une digue naturelle formée degalets (galets qui furent également utilisés pour bâtir les fondations des maisons du centre-ville ; des restes des anciennes demeures médiévales sont également visibles grâce aux caves conservées de l'époque). Il s'agit alors d'un port important car c'est le seul de la côte normande entreSaint-Malo etBoulogne-sur-Mer accessible à marée basse. Les marins de Dieppe commercent avec laScandinavie,Venise ou encore laHanse[36].
Au début duXIVe siècle, la ville de Dieppe compte environ 7 000 habitants et s'étend jusqu’aux villages deBouteilles et du Pollet[33]. Si les maisons construites en pierre sont plus nombreuses sur les quais, les types de construction sont globalement disparates mais beaucoup sont construites sur un solin de pierre généralement en grès et faites d’une armature de bois et d’un colombage empli de torchis composés d’argile et de paille ou de foin séché[33].
Durant laguerre de Cent Ans, Dieppe se retrouve au cœur du conflit entre la France et l'Angleterre. Ce n'est qu'en 1300 d'ailleurs que Dieppe reprend son aspect de ville portuaire. En 1339, des marins et corsaires dieppois participent à un raid victorieux surSouthampton. La ville est également attaquée par les Flamands, provoquant des dégâts limités[37]. En 1345, le roiPhilippe VI de Valois, parlettres patentes, supprime le droit degabelle et accorde aux Dieppois quelques libéralités dans le commerce. Il autorise surtout les Dieppois à fortifier la ville[37].
En 1348, laPeste noire frappe la ville, entraînant la mort d’environ un tiers de la population, soit plus de 2 000 personnes. L'épidémie devint même récurrente frappant encore la ville au début des années 1360, en 1387, en 1408 et en 1438[37]. La forte mortalité bouleversa le paysage urbain, de nombreuses maisons, se retrouvant sans habitants, tombèrent en ruines laissant place à des terrains vagues[37].
En 1358, si l'enceinte fortifiée de Dieppe n'est pas encore achevée, la ville possède des portes qui sont fermées la nuit. En 1361, le roiJean II le Bon accorde aux Dieppois le droit de lever des taxes afin de financer les fortifications, fossés et autres ouvrages nécessaires. En 1363, le roi considère Dieppe comme étant une ville désormais difficile à prendre sans en faire le siège[37].
La place du moulin à vent près de la butte où se situait le phare.
Charles V le Sage accorde de nouvelles exemptions, privilèges et autres largesses qui permettent à la ville de prendre son essor. À partir de 1364, des pêcheurs dieppois se font navigateurs et partent au loin chercher des épices et de l'ivoire (date du premier voyage vers l'Afrique)[36]. Ainsi deux grands navires dieppois naviguent jusqu’à la hauteur de l'actuelCap-Vert où ils débarquent puis longent la Guinée et fondent un comptoir qu'ils baptisentPetit-Dieppe à l'embouchure durio Cestos sur les côtes duLiberia actuel. Ils en ramèneront de l’ivoire brut et de lamalaguette. Des navigateurs dieppois fondent égalementLa Mine, sur laCôte de l'Or (actuelGhana) avant que laguerre de Cent Ans n'interrompe les expéditions normandes[38].
En 1420, à la suite de labataille d'Azincourt, Dieppe est occupée par les Anglais qui la traitent en cité rebelle. Ils la conservent durant15 ans. En 1430, la ville est notamment le lieu de détention provisoire deJeanne d'Arc avant qu'elle ne soit transférée àRouen où elle sera jugée et brûlée sur un bûcher[39].
En 1463, parlettres patentes, le roiLouis XI soutient les réparations et les fortifications de la ville, en y attribuant des droits, notamment ceux du sel[42].
Puis, à la suite de leur prédécesseur, les roisCharles VIII etLouis XII accordent à Dieppe une protection particulière permettant à la ville de connaître une grande période de prospérité fondée sur le commerce et la navigation. C'est le début de la célèbreécole de cartographie de Dieppe qui accueillera les plus grands cartographes français et étrangers. Plusieurs Dieppois s'illustrent alors par leurs entreprises maritimes : exploration des côtes d'Afrique, où ils bâtissentPetit-Dieppe à l'embouchure de laGambie, reconnaissance desCanaries.
En 1488, le capitaine dieppoisJean Cousin, en route vers l'Afrique de l'ouest et les îles desAçores, égaré à la suite d'une tempête, semble avoir accosté auBrésil au cap San Rogue[43]. En compagnie des frères Pinzón (le frère aînéMartín Alonso Pinzón et le cadet Vincent Pinzón[44]), il aurait remonté un grand fleuve que Jean Cousin nomme « Maragnon »[45] bien qu'il n'existe aucune preuve concrète de cette exploration.
AuXVIe siècle, la puissance maritime de la ville atteint son apogée, particulièrement sous le règne deFrançois Ier. De nombreux navigateurs partent de Dieppe pour explorer le monde. Les navires de l'armateur dieppoisJehan Ango (1480-1551) atteignent notammentSumatra, leBrésil et leCanada. En 1508, les capitainesThomas Aubert etJean Vérassen embarquent de Dieppe pour se rendre àTerre-Neuve. Ils reconnaissent lefleuve Saint-Laurent auquel ils donnent son nom[46]. Le, les navigateursJean et Raoul Parmentier, voyageant pour le compte de Jehan Ango[47], quittent Dieppe pour une longue navigation qui les amène jusqu’enIndonésie et Sumatra. Jean Parmentier est désigné comme capitaine deLa Pensée, bâtiment de trois cents tonneaux. Raoul prend le commandement duSacre. La maladie et lescorbut font de nombreuses victimes parmi l'équipage. Malade, Jean Parmentier est inhumé à Sumatra (). Raoul Parmentier meurt quelque temps plus tard. Le navigateur Pierre Crignon prend les commandes de l’expédition qui continue son périple versIndrapura en Indonésie avant que les vaisseaux ne reviennent à bon port.
En 1522 débute à Dieppe la construction de l'église Saint-Rémi[49] tandis qu'en 1537 apparaissent plusieurs foyers deprotestantisme dans la cité dieppoise. En 1562, Dieppe est touchée par lesguerres de Religion, lesprotestants dévastent la ville[50]. À cette date, c'est un quart des habitants de la ville qui s'est rallié à laRéforme et est devenuhuguenot.
Dans le contexte des guerres de Religion qui déchirent la France, la forteresse et la ville sont nettement fortifiées tandis que les protestants dieppois sont réprimés par le sieur de Sygogne, gouverneur de la ville.
En 1578, le roiHenri III vient à Dieppe sur les conseils de ses médecins pour prendre un bain de mer.
En 1617, inspirée par les travaux de l'ingénieur dieppoisSalomon de Caus, une fontaine mécanique « en forme de rocher » est édifiée devant l’hôtel de ville (actuelle place Nationale), en l’honneur de la venue deLouis XIII à Dieppe. Elle enchante alors la population locale par ses jeux d’eau et ses oiseaux artificiels chantants[54].
De 1619 à 1624, lapeste s'installe à nouveau à Dieppe[55].
Le, plus de trois cents personnes quittent Dieppe et émigrent pour laNouvelle-France.
En 1633, lecardinal de Richelieu accorde le monopole du commerce du Sénégal et de la Gambie pour dix ans à une compagnie de marchands de Dieppe et de Rouen (la Compagnie Rozée), étendue un an plus tard à la côte de Guinée. Cette compagnie va prospérer durant32 ans, avec trois navires portant toujours les noms deSaint Jean,Saint Louis etLe Florissant, et établir des comptoirs français au Sénégal, notamment celui deSaint-Louis, fondé par le capitaine dieppoisThomas Lambert en 1637, jusqu’à ce que ses plus importants actionnaires intègrent la nouvelleCompagnie des Indes occidentales[38]. La véritable denrée lucrative provenant du Sénégal, davantage que le cuir, l’or ou le cuivre, est alors lagomme arabique que les teinturiers d’Espagne utilisent pour fixer les colorants[38].
À partir de 1664, le Sénégal, sous contrôle dieppois, sert d’arrière-base pour des activités de flibusterie dans lesAntilles alors que l’île de la Tortue et la côte deSaint-Domingue deviennent les destinations principales au départ du port de Dieppe[38].
Les 22 et,Dieppe est bombardée durant deux jours par la flotte anglo-néerlandaise de l'amiral Berkeley (guerre de la Ligue d’Augsbourg). La ville, dont les maisons sont essentiellement àpans de bois, est incendiée et presque complètement détruite. Seuls subsistent quelques édifices comme le château, l'église Saint-Rémi, l'église Saint-Jacques, la tour aux Crabes et quelques maisons sur le quai, la place du moulin à vent ou dans la rue d’Écosse. Le seul asile qui reste alors aux habitants est de trouver à se loger dans le faubourg du Pollet, qui, grâce à la falaise sous laquelle il est abrité, n’a pas été atteint par les bombes mais les quatre cinquièmes de la population restèrent néanmoins sans abri[53]. Deux mois après le bombardement, Louis XIV ordonne de nettoyer les rues et que Dieppe soit reconstruite mais hors de la portée des bombes[53].
En attendant que la reconstruction soit achevée, la manufacture des tabacs est relogée dans l'une des rares constructions préservées, la maison Miffant. Toutefois, les débats sur le lieu puis la lenteur de la reconstruction, qui dure jusqu'aux années 1720, fait perdre à Dieppe son statut de métropole de commerce dans les deux mondes avec le départ pour d'autres ports des bourgeois industrieux, des commerçants, des ouvriers de marine et des marins au long cours[60], imités par les matelots, les charpentiers, les calfats, les cordiers et les voiliers, qui, faute d’armement de navires dieppois, ne peuvent rester plus longtemps sans salaire et partent offrir ailleurs leurs services[53].
Finalement, les nouveaux bâtiments de Ventabren avec ses séries d'arcades régulières ne rencontrent guère d'enthousiasme chez les habitants et dès 1752, la stricte uniformité des façades imposées par Ventabren n'est plus de mise et les habitations réaménagées pour être beaucoup plus en adéquation avec les besoins concrets de la population[59].
Vue du port de Dieppe en 1765. Peinture deJoseph Vernet.
En 1715, les ouvriers de la manufacture des tabacs se révoltent. De 1735 à 1737, des nouveaux locaux de la Manufacture royale des Tabacs sont édifiés[61], à l'emplacement de l'actuel hôtel Aguado.
Les tentatives pour relancer la richesse du port de Dieppe échouent et seule la pêche, dont les bénéfices sont encore importants, fait vivre ce qui reste de la population dieppoise en déclin démographique.
En 1744, la guerre éclate de nouveau entre la France et l'Angleterre. La pêche est elle-même interdite et troispoudrières (Fort Blanc, Fort Tremblant et Fort Royal) sont construites sur la façade maritime pour servir de batteries durant laguerre de Sept Ans[62].
Le port commence pourtant à se repeupler quand, en 1756, une nouvelle guerre avec l'Angleterre hypothèque les espoirs de relance de la cité maritime. La côte de Dieppe étant le point le plus rapproché de la capitale, la flotte anglaise croise sans cesse dans sa rade et menace la ville jusqu'en 1763 et la signature de la paix.
En 1762, après l'Expulsion des Jésuites de France, leur résidence à Dieppe, située près des remparts du littoral, est vendue pour laisser la place à une nouvelle maison de ville (hôtel de ville)[62].
En 1774, les relations avec l'Angleterre sont apaisées et une liaison régulière transmanche est ouverte. Dieppe connait alors également une nouvelle renaissance maritime : ses chantiers de construction sont à nouveau prospères[62].
En 1776, un luxueux mais aussi éphémère établissement de bains (Maison de Santé) est installé à Dieppe, face à la mer[63].
Les notables locaux restent en place jusqu’aux élections de 1791 et l'arrivée des municipalitésPocholle etDaniel Brière de Lesmont, d'inspiration girondine[64].
L’adhésion à l’élan révolutionnaire ne se fait que très progressivement. En 1791, le tabac cesse d'être unmonopole de l'État et la Manufacture des Tabacs estprivatisée. Étant un passage presque obligé des émigrés vers l'Angleterre, Dieppe du fait de sa situation géographique stratégique, intéresse la Convention au cours de l’an II. Plus de 1 600 prêtres embarquèrent de Dieppe en particulier après la loi du. Entre septembre et, les Représentants de la Convention en mission à Dieppedestituent26 membres de l’administration locale, dont le maireDaniel Brièrede Lesmont[65], mais aussi huit notables, sept officiers municipaux, quatre juges et legreffier de la police criminelle. C'est à la suite de cette mission que laguillotine est dressée sur la place nationale. Elle décapitera quatre personnes en 1794 (dont un prêtre réfractaire, l’abbé Clément Briche)[64].
Durant cette période révolutionnaire, Dieppe s’agrandit avec l'annexion du fief de Caude Côte situé entre le village de Janval et les terres en bordure de mer. La nomenclature des rues et des places publiques est elle-même modifiée par un arrêté municipal du2messidor de l'anII () : ainsi, parmi d'autres, la place du moulin à vent est rebaptiséeplace Brutus, larue du Petit-Enfer devient cellede la Raison, laplace d'Armes cellede l’Égalité, larue de l’Épée cellede la Pique, laGrande rue de la Barre cellede la Liberté, larue du Mortier-d'Or celledela Carmagnole tandis que laGrande Rue est rebaptiséerue de la République. Les quartiers sont par ailleurs reconfigurés en 5 sections renomméesSans-Culottes,Égalité,Marat,Brutus etMontagne[66]. Toutes ces voiries retrouveront leurs toponymes une fois passée la période révolutionnaire.
Fontaine (détruite) et château-d’eau de la place de la Barre en 1838. Tableau de W. C. Stanfield.Marie-Thérèse de France - Madame Royale - fille du roiLouis XVI et de la reineMarie-Antoinette, revient d'exil par Dieppe le.
En 1803, uneescadre anglaise bombarde la ville et ses environs sans faire trop de dégâts. Plusieurs autres engagements s'ensuivent par la suite à l'ouest de Dieppe[68].
En 1804, l'avènement duPremier Empire est accepté sans hostilité. Consulté sur la question de la dignité impériale, les Dieppois votentoui par156 voix contre 3non[69].
En 1806, le bassinBérigny est construit. C'est le premier bassin à flot du port de Dieppe avec écluses à l'emplacement d'une zone marécageuse appeléechamp du Pardon où étaient enterrés les pestiférés[70].
Cette même année 1806, lacomtesse de Boigne, souffrante, s’y rend pour se rétablir en y prenant des bains de mer, pratique qu’elle avait connue durant son exil en Angleterre mais totalement inconnue et incongrue à l’époque[71].
Entre 1809 et 1812, le premier établissement de bains à Dieppe est fondé par Jean-Baptiste Deparis, un maître poulieur. Il comprend alors une cabane en bois, quelques tentes et des vieilles baignoires[72].
Le, durant sonvoyage de noces, sur le chemin entreBoulogne etLe Havre,Napoléon séjourne brièvement à Dieppe avec l'impératrice Marie-Louise, le temps de visiter le port, d'y passer une nuit et d'aller à la messe du dimanche matin[73]. Si Napoléon envisage pour la ville la construction d'un bassin large et profond pour y accueillir des navires de guerre afin de conquérir l'Angleterre, la possibilité d'effectuer des bains de mer à Dieppe commence à y attirer quelques grandes dames de l'aristocratie napoléonienne comme, en 1813,Hortense de Beauharnais, accompagnée de ses enfants, dont le futurNapoléon III[74].
En 1814, lapremière Restauration est bien accueillie à Dieppe[75]. Durant lesCent-Jours ( au), le conseil municipal et les habitants boudent le nouveau préfet bonapartiste tandis que dans les campagnes, ledrapeau blanc des Bourbons est arboré ostensiblement[75]. La nouvelle de la défaite définitive de Napoléon àWaterloo est particulièrement bien ressentie par les armateurs de la ville. Le, une brillante réception à l’hôtel de ville et des fêtes populaires sont ainsi données à Dieppe pour accueillir à son débarquement,Madame Royale, fille deLouis XVI, de retour d'exil par le port de Dieppe[75]. Le, parlettres patentes du roiLouis XVIII, lesarmoiries de Dieppe sont officiellement rétablies.
Sous laSeconde Restauration, les corsaires disparaissent, une liaison transmanche favorise la venue des Anglais[72] tandis que Dieppe s'ouvre sur l'espace littoral, condamnant les fortifications urbaines. Durant des siècles, la chaussée de mer, également appelée banquée, avait été une vaste zone de défense littorale longue d’un kilomètre et demi, garnie d’ouvrages défensifs, tels que des postes d'observation, des batteries de canons et de mortiers ou des tours à usage de poudrières. L’autorité militaire avait concédé progressivement l'apparition d'activités maritimes artisanales[76].
Le peintre anglaisWilliam Turner a réalisé trois grands tableaux de ports du nord de l'Europe continentale. Les esquisses de celui exposé à laFrick Collection à New York, datent de la fin de l'été 1821 et représente un certain nombre de bâtiments que l'on peut voir encore aujourd'hui, comme l'hôtel d'Anvers[77]. Le port de Dieppe sur la côte normande de la France a été le point de départ des recherches de Turner sur la vallée de la Seine, dont il a fait de nombreux croquis. La peinture conservée à laTate Britain à Londres a ses origines dans un dessin au crayon lui aussi de 1821[78].
En 1822, la premièreSociété Anonyme des Bains de mer de Dieppe (bien avant laSociété des bains de mer de Monaco de 1863) est créée par lecomte de Brancas[79],sous-préfet de la ville, qui édifie le premier véritable « établissement des bains » de France sur la partie ouest de la banquée. Conçu par l’architecte Pierre Châtelain[79], cet établissement entouré d’un jardin prend la forme d’une galerie, longue d’environ50 mètres, coupée en son milieu par un arc de triomphe et flanquée à ses extrémités de deux pavillons carrés, l’un réservé aux dames, l’autre aux hommes[72]. Des pontons de bois mènent directement du bâtiment jusqu'à la mer où, sur la plage, des tentes décorées servent de vestiaires[72]. L'établissement est baptisébains de mer Caroline en l'honneur deCaroline de Bourbon, duchesse de Berry, belle-fille du roiCharles X qui inaugure en 1824 la mode des bains de mer à Dieppe. Elle y reviendra chaque année six semaines environ, jusqu'en 1829. Dans son sillage, la duchesse de Berry emmène une pléthore de personnalités et de membres de la hautebourgeoisie française. Par ses achats, elle relance l'artisanat de la ville (sculpture surivoire) qui avait été sinistré par leblocus continental. Elle subventionne la création d’une école-manufacture dedentelles, à laquelle elle adjoindra bientôt une section couture, puis une section pêche pour la réparation des filets. Pour amplifier son action, elle lance des souscriptions. Un théâtre en l'honneur de la duchesse et, sur le front de mer, uncasino sont construits[80].
En 1829, Dieppe ne fait plus officiellement partie des places de guerre et le statut de territoire défensif du littoral change pour devenir un espace public et permettre la constitution d’un front de mer bâti[76].
Depuis 1821, la ville de Dieppe cherchait à acquérir la plage et les vestiges de l’ancienne enceinte afin d'y élever des habitations et aménager un jardin public. En 1835, elle obtient la jouissance des terrains de la « banquée » puis devient propriétaire de parcelles de l’enceinte fortifiée qu’elle rétrocède à des particuliers qui commencent alors à faire construire des villas et des immeubles d'habitation à des fins locatives[76]. Le riche banquier espagnol, le marquisAlexandre Aguado (1784-1842), attiré par les bains de mer, découvre Dieppe durant cette période et contribue au développement et à la prospérité de la ville balnéaire[82].
En, une statue en bronze du DieppoisAbraham Duquesne, sculptée parAntoine Laurent Dantan, est érigée par la ville de Dieppe sur la place royale (actuelle place nationale).
Portrait deNapoléon III parWinterhalter (1853).Napoléon III est le chef d’État français qui aura séjourné le plus longuement à Dieppe. Il y aura aussi initié d'importants travaux d'aménagements du front de mer et du port.
En 1848, uneliaison ferroviaire entre Rouen et Dieppe est inaugurée[36]. Lechemin de fer dessert la ville, permettant de relier Dieppe à Paris en moins de six heures. Cela facilite le déplacement des personnes et le transport des marchandises, notammentla marée provenant du port de Dieppe.
Lors de l'élection présidentielle de 1848, le général Cavaignac remporte de justesse la majorité des suffrages à Dieppe devantLouis-Napoléon Bonaparte (1 447 voix contre 1 145) bien que sur l'arrondissement de Dieppe, Louis-Napoléon Bonaparte soit plébiscité[83]. En Seine-Maritime, Dieppe etLe Havre sont les seules villes à préférer Cavaignac au vainqueur de l'élection présidentielle à l'échelle nationale[83].
Lors des plébiscites des 20 et, 2 327 électeurs de Dieppe et de Neuville apportent leur soutien àLouis-Napoléon Bonaparte et au coup d’État, l'opposition ne comptabilisant que410 voix hostiles[84]. Au niveau de l'arrondissement de Dieppe, ce sont 24 147 oui contre863 non[83]. Dieppe célèbre les résultats de la consultation nationale par unTe Deum et diverses célébrations et pavoisements le. En février, l'arbre de la liberté, planté en 1848, est sapé[83].
Sous leSecond Empire, Dieppe connaît une renaissance et un développement accéléré de sa station balnéaire. Le a lieu la première course de l’hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil[86].
Du au, Dieppe est le lieu de résidence de l'empereurNapoléon III et de l'impératriceEugénie qui séjournent longuement dans la ville portuaire à l'occasion de leurvoyage de noces. Ce séjour du couple impérial place Dieppe sur le devant de la scène nationale et amène la municipalité à travailler à un réaménagement moderne et fonctionnel de son bord de mer. En effet, logé à l’hôtel de ville, transformé en habitation luxueuse et confortable,Napoléon III déplore dès son arrivée le mauvais état de la plage[87] et demande que les chantiers de construction et de réparation des bateaux évacuent le bord de mer pour que des installations balnéaires puissent s'y développer[79]. Préoccupé de la situation du port de Dieppe et ayant de grandes ambitions pour son développement[87], il charge une commission de lui fournir les renseignements les plus précis, tant sur les projets approuvés ou élaborés depuis 1781, que sur les améliorations urgentes à réaliser[88]. Celle-ci soumet notamment à son approbation le prolongement de la jetée de l’ouest sous forme d’estacade, la construction de brise-lames en charpente, le dévasement et l’approfondissement de l’avant-port et des bassins[88]. Toutes ces propositions sont approuvées par l'Empereur ainsi que la disparition des vestiges des fortifications telles que les 3 tours poudrières pour que le front de mer soit transformé en un grand jardin alternant massifs de fleurs et pelouses, agrémenté de chemins définissant des parcours pour la promenade[88],[79]. L’Impératrice Eugénie dessine elle-même sur papier le projet impérial qui est remis aux administrateurs de la commune qui le mettent en œuvre. En quelques jours, avec l'aide des militaires, une pelouse traversée de passages transforme le front de mer dieppois[79].
QuandNapoléon III quitte Dieppe, la municipalité et le sous-préfet lui propose de faire de l’hôtel de ville, ou du bâtiment de la sous-préfecture, une résidence d'été pour les souverains mais l'Empereur décline, tout en manifestant ses bons sentiments (il ne reviendra jamais à Dieppe, lui préférantBiarritz pour passer ses étés, et en fit accessoirement la prospérité)[87]. Outre son impulsion pour construire des promenades àArques,Neuville,Varengeville-sur-Mer et àLa Chapelle-du-Bourgay[87],Napoléon III remet au sculpteur dieppoisPierre Adrien Graillon (1807-1872) la croix de chevalier de laLégion d'honneur tandis que l'artiste-peintre dieppois Constant-Armand Mélicourt-Lefebvre (1816-1833), ancien élève dePaul Delaroche et premier conservateur du musée de Dieppe, peint son portrait ainsi que celui de l'Impératrice.
Dans la continuité des projets napoléoniens pour Dieppe, un nouvel établissement de bains/casino, en fonte et en verre, est construit en 1857, succédant à l'établissement de la restauration bourbonienne. Dessiné par l’architecte Lehmann et décoré par Cambon, le nouveau bâtiment est constitué d'une longue galerie parallèle à la mer, coupée par trois pavillons abritant un salon de jeux, une salle des fêtes et une salle de lecture, dont le premier étage est relié par des terrasses d’où l’on domine la plage et la ville. Davantage dédié aux plaisirs mondains, le style est inspiré par celui duCrystal Palace, présenté à l’occasion de l’Exposition Universelle de Londres de 1851[89],[79].
Dieppe devient à partir de cette période le lieu devillégiature à la mode des hautes sociétés parisienne et londonienne, fréquentée notamment par lacomtesse de Castiglione (à partir de 1861), par LordRobert Cecil,marquis de Salisbury — qui se fait construire en 1873 une villa à Puys, en amont de Dieppe —, par le futurÉdouard VII, parCharles Meyer — qui y transfère en 1888 son domicile et son activité professionnelle, un commerce de cycles et d'automobiles — ou encore par le peintreJames Abbott McNeill Whistler.
Le casino mauresque construit en 1886.
Auplébiscite du 8 mai 1870, les électeurs de Dieppe manifestent leur soutien au régime impérial et votent oui en faveur de l'Empire libéral (1 810 votes en faveur contre 1 410 votes en défaveur). Dans l'arrondissement de Dieppe, le voteoui atteint 21 038 voix contre 4 467 voix[90].
De 1880 à 1882, lepavage des rues est modernisé. Les rues sont dorénavant bordées detrottoirs enasphalte. De 1883 à 1887, un très gros programme de travaux de modernisation du port de Dieppe, décidé en 1879, est mis en œuvre : prolongement de la jetée ouest et rectification de la jetée est ; approfondissement du chenal par un dragage à deux mètres cinquante au-dessous des plus basses mers, ce jusqu'à deux cents mètres au-delà de la nouvelle jetée ; reconstruction de quais dans l'avant-port (quai Henri-IV) pour l'arrivée despaquebots ; canalisation de l'Arques, qui devient souterraine sur un tronçon ; creusement du bassin de l'arrière-port, du bassin de mi-marée, et du bassin à flot, à la place du bassin de retenue de chasse aménagé auXVIIIe siècle ; construction d'une forme deradoub à la place de l'ancien canal de chasse, percé dans le Pollet auXVIIIe siècle ; percement du chenal du Pollet, sur lequel on construit un pont tournant, lepont Colbert. L'ensemble de ces ouvrages est inauguré le[91],[92].
Le, à la suite de la mort d'un Polletais tué par un Italien au cours d'une rixe dans un café, une émeute éclate contre des travailleurs transalpins que la foule veut noyer dans leurs caissons sous-marins, en coupant les tuyaux d'arrivée d'air. L'émeute est contenue par l'intervention des autorités[94].
Photographie ancienne du Boulevard maritime de DieppeLe front de mer entre l'hôtel Métropole et l'hôtel Royal.La villa du prince Sturdza et la maison mauresque (tout à droite).Manoir Saint-Martin et villa anglo-normande sur la rue Aguado (boulevard de Verdun).
En 1886 est inauguré un nouveau casino construit à l'initiative d'Isidore Bloch (1848-1919), son directeur, sur les plans de l'architecte Alexandre Durville. Destyle mauresque, il s’appuie sur l’ancien bâtiment central de 1857, flanqué de quatre tours carrées et de deux ailes, et comprend une immense salle des fêtes de 500 m2. Uneestacade de bois de trois étages descend de la promenade jusqu'à la mer. En outre, le jardin est agrandi pour couvrir une surfacede 7hectares sur une longueur supérieure à 400 mètres[79].
En 1889, le transport de passagers avec l'Angleterre devient régulier et à horaires fixes grâce à la propulsion à vapeur qui équipe les paquebots.
En 1891, le premier syndicat ouvrier de Dieppe est créé à laManufacture des Tabacs. Le personnel de la manufacture étant essentiellement féminin, il est dirigé par des femmes.
En 1892, Dieppe est victime d'une épidémie decholéra. Le prince Dimitri Sturdza (1818-1908), fils du princeMihail Sturdzaayant régné en Moldavie de 1834 à 1849, édifie à cette époque sur le front de mer de Dieppe une imposante villa qui nécessite la démolition de l'ancienne villa dePierre Adrien Graillon, non sans avoir pris le soin de sauvegarder les sculptures et bas-reliefs qui ornaient la façade pour les exposer dans le hall d'entrée de ce nouveau « palais » dieppois. À la mort du prince en 1908, la villa devient la propriété de ses fils, les princes Michel et Grégoire Sturdza[95].
En 1895, le boulevard Aguado est élargi. Le quartier du bas-fort blanc est aménagé avec la construction de grandes villas bourgeoises sur la rue de la Grève (rebaptisée rue Alexandre-Dumas en 1902) contribuant au développement de la vie mondaine, artistique et intellectuelle de la ville[96]. Deux ans plus tard, en 1897, l'un despremiers terrains de golf de France est inauguré sur la falaise de Dieppe. C'est aussi l'époque des premières courses automobiles entre Paris et Dieppe tandis qu'Oscar Wilde séjourne dans la ville durant l'été 1897.
Lors du mandat de Camille Coche (1898-1910), les cités ouvrières se développent, une politique de décoration florale des rues est mise en place tandis que sur le front de mer, le boulevard maritime est aménagé avec des abris pour les promeneurs et que sont rachetés par la Ville la plage et le château de Dieppe. Plein d'ambitions pour Dieppe, Camille Coche initie alors plusieurs autres projets urbanistiques qui finalement n'aboutissent pas comme la construction d'un réseau de tramways électriques[97].
Camille Pissarro s'installe à Dieppe en 1901 dans une petite chambre d'hôtel en face de l'église Saint-Jacques et de la place qui, de tout temps, servait de marché. La série qu'il créé à Dieppe en 1901 se compose de sept toiles, dontLa Foire de Dieppe[99].
Rivale deTrouville-sur-Mer,Cabourg ou duTouquet, Dieppe est également à cette époque un port maritime renommé. De nombreux édifices sont construits ou rénovés : le théâtre de Dieppe rénové en 1900 dans lestyle rocaille sur la place de la Comédie (actuelle placeCamille Saint-Saëns). Un foyer vitré donnant sur le front de mer est ajouté à la place de l'ancien atelier du peintre Mélicourt. Un palais de justice est construit sur les terrains de l'ancien marché aux bestiaux (1900) par l'architecte rouennaisLucien Lefort.
Photographie ancienne de la Belle Époque montrant une habitation de pêcheurs creusée dans la falaise à Dieppe.
En 1910, des festivités sont organisées par la municipalité de Camille Coche en présence du ministre de la Marine à l'occasion du tricentenaire de la naissance du dieppoisAbraham Duquesne.
Si la ville de Dieppe est située à l'arrière du front, le port de Dieppe connait de son côté une activité maritime intense avec la Grande-Bretagne d'où transitent hommes et matériels vers la France. La Manche devient alors le terrain de chasse desU-Boote, les sous-marins allemands qui coulent plusieurs navires alliés[101],[102].
Le, le paquebotSussex de la ligne Dieppe-Newhaven, commandé par le capitaine au cabotage Auguste Mouffet, est torpillé par le sous-marin allemandUB-29 entreFolkestone et Dieppe, causant la mort d'une cinquantaine de personnes, dont le célèbre compositeur espagnolEnrique Granados et son épouse. L'étrave arrachée, leSussex sera remorqué jusqu'àBoulogne-sur-Mer où il sera réparé[103].
Le, leRouen de la ligne Dieppe-Newhaven, paquebot armé encroiseur auxiliaire et commandé par lelieutenant de vaisseau André Achille Delavaut, est torpillé dans lesCasquets (Manche) sans doute par le sous-marinUB-29. Remorqué jusqu'à Dieppe, il sera réparé et participera à la Seconde Guerre mondiale[104].
Le, ledragueur de minesAnjou commandé par lecapitaine de corvette Xavier Dukers, saute sur une mine mouillée par le sous-marin allemandUC-48 à six nautiques dans le nord-ouest de l'Adour. Sur un équipage de onze hommes, majoritairement dieppois, il y aura sept morts et quatre survivants[105].
Le, le chalutier à moteur dieppoisL'Espérance commandé par Joseph Gournay, saute sur une mine mouillée par un sous-marin allemand à quinze nautiques de Dieppe, causant la mort de dix marins. Il n'y aura qu'un seul rescapé.
Le, au cours d'une traversée Newhaven-Dieppe, le cargo charbonnier françaisMaine, commandé par le capitaine de la marine marchande Jean Mathieu Mallet, est torpillé par le sous-marin allemandUB-56 à21 nautiques au nord-ouest de la pointe d'Ailly. Transportant des munitions, le navire explose entraînant la mort de25 marins. Il n'y aura qu'un seul survivant[106].
Chalets de la rue Alexandre-Dumas.Villa Rachel, tourelles et foyer vitré du théâtre municipal (avant 1940).
Au sortir de la Première Guerre mondiale, bénéficiant notamment de nouvelles aides au logement accordées par l’État, Dieppe connaît un renouveau substantiel de son habitat et le développement de ses faubourgs (Janval) permettant de diminuer la pression démographique de certains quartiers du centre-ville (bout du quai, Saint-Jacques, Saint-Rémy) et de faire face à la vétusté et à l'insalubrité de certains immeubles anciens. Les lotissements d'habitations à bon marché à Janval (cité des Quatre vents), au Pollet (cité Bonne nouvelle) et à Neuville (cité Bel Air, lotissement Beau Soleil) sont notamment construits durant les années 1920. Des lotissements pour les classes plus aisées sont également développés dans les années 1930 (esplanade du château et lotissement des hospices)[107].
La modernisation générale de la ville reflète alors également les grands courants architecturaux de l'époque qui opposent notamment le courant régionaliste normand (en vogue depuis 1860), exaltant les façades néo-médiévales à pan de bois et les toitures débordantes, face au courant moderniste promouvant les façades lisses et sobres, les briques et le béton armé[108]. En 1932, un nouveau casino de styleBauhaus, aux murs lisses et blancs en béton armé, succède au casino mauresque[109]. Laborieusement reconstruit en six ans sur fond de crise financière, il peine à séduire et à retrouver la clientèle huppée de Paris et d'Angleterre d'avant-guerre qui lui préfèrent définitivement les établissements balnéaires de villégiature et de loisirs deDeauville, Cabourg et Trouville, plus récentes, ou mêmeForges-les-Eaux, ainsi que les stations méditerranéennes, plus aisément accessibles en train désormais[36].
Le, pris dans une tempête, le dundeeGloire à Marie est drossé sous la falaise entre Dieppe et Puys. Le sauvetage se fait par un va et vient entre le voilier et la falaise. Le canot de sauvetageRaoul Guérin venu à son secours chavire. On dénombrera quatre morts : deux sur les24 marins duGloire à Marie et deux noyés parmi les neuf sauveteurs duRaoul Guérin.
En mai 1934,Serge de Lenz, auteur en 1931 d'un médiatique cambriolage de la villa des Tourelles sur le front de mer, est jugé aux assises de laSeine-Inférieure.
De 1934 à 1936, le bassin Bérigny est comblé. Devenu le parc Jehan Ango, l'actuel hôtel de ville est bâti dessus. Durant l'été 1936, étant la station balnéaire la plus proche de Paris, Dieppe accueille de nombreux et tout nouveaux bénéficiaires descongés payés. La clientèle aisée qui était restée fidèle à la ville se retranche versPourville-sur-Mer etVarengeville, au sud de Dieppe. L'hôtel Royal, dont l'actuel bâtiment avait été édifié en 1901, cesse son activité hôtelière devenue déficitaire et est reconverti en immeuble d'habitations.
Le et le, le port de Dieppe est touché par 2 grèves des marins pêcheurs. Ils se mobilisent contre leurs armateurs pour obtenir l'amélioration de leurs conditions de travail et de meilleurs salaires, notamment en réglant le problème du paiement des « marées (dites) à cheval ». Le meneur de la contestation est le marin syndicaliste Charles Delaby, avec quelques militants de la CGT des pêcheurs. Ils seront condamnés à des amendes et des peines de prison, mais les revendications des marins seront partiellement satisfaites.
Raid du :char Churchill devant la maison aux cariatides et les ruines du Grand Hôtel.
La ville est particulièrement marquée par laSeconde Guerre mondiale. Du au, Dieppe subit les premiersbombardements allemands. Le, l'aviation allemande bombarde le navire-hôpital britanniqueMaid of Kent, accosté dans le bassin de Paris. On dénombre près de400 morts (le tableau deGustave MoïseBombardement de Dieppe -, conservé à l'hôtel de ville de Dieppe, fait mémoire de la tragédie[110]). Puis le, après plusieurs autres bombardements de laLuftwaffe, laWehrmacht entre dans Dieppe. La ville est bombardée par laRAF à partir du mois d'août.
Le, alors qu'il faisait route surSaint-Valery-en-Caux pour évacuer des soldats britanniques encerclés par les troupes allemandes lors de la Débâcle, le Train FerryTF2 est atteint par le tir des batteries côtières allemandes au large de Saint-Valery-en-Caux. Il coule à la pointe d'Ailly, à trois nautiques à l'ouest de Dieppe, entraînant la mort de quatorze marins.
Le, les Allemands s'entraînent au débarquement dans le chenal de Dieppe. Le jeune capitainebelge Joseph Godu (23 ans) et son mécanicien, leFrançais Jean de Ruyckfont sauter le remorqueurDüsseldorf en sacrifiant leurs vies[111]. Les36 militaires allemands à bord n'ont pas survécu[112]. C'est le premier acte desabotage en France contre l'occupant allemand. Le 18 juin 2003, une stèle d'hommage est posée[113].
Le, Dieppe, comme toutes les communes du littoral, est classée en « Zone interdite ».
Le, le marin dieppois Charles Delaby, résistantcommuniste est arrêté par laGestapo àBagnolet. Il meurt au camp d'Auschwitz mi-. CesyndicalisteCGT avait été l'organisateur des grèves des marins pêcheurs de 1936 et 1938[114]. Une place du Pollet porte son nom.
Le, lesAlliés tentent un raid sur Dieppe, composé de troupes majoritairement canadiennes : l'opérationJubilee. La justification officielle de cette opération est de tester les défenses allemandes. Mais leraid est un échec lors duquel plus de deux mille soldats (canadiens pour la plupart) laisseront leur vie. La façade maritime de la ville est ravagée et la manufacture de tabac détruite.
À la suite de ce raid, l’armée allemande procède à la destruction des hôtels et de plusieurs propriétés du front de mer et du littoral afin de supprimer toute protection à un autre débarquement. Lecasino de Dieppe, notamment, est rasé. En remerciement à la population dieppoise pour son attitude pendant les opérations de débarquement, les Allemands libèrent lesprisonniers de guerre originaires de Dieppe. Ils seront de retour dans leurs foyers en fin d'année. En souvenir de l'opérationJubilee, plusieurs villagesacadiensfrancophones duNouveau-Brunswick (province maritime duCanada) se regroupent après la guerre pour former la commune deDieppe, en mémoire dessoldats desforces armées canadiennes tués le sur les côtesnormandes. En2022, le souvenir de l'opération est encore vivant au Canada[115].
Le, le chalutier dieppois l'Ailly (qui avait coulé un sous-marin allemand en 1918), commandé par François Pailler, en provenance de Dieppe, saute sur une mine au large de La Rochelle. Onze marins trouvèrent la mort.
À Dieppe, le bilan de la Seconde Guerre mondiale est de207 morts civils,584 blessés,117 militaires et FFI tués,38 fusillés et déportés morts en captivité. Au cours des44 bombardements subis par la ville,718 immeubles ont été totalement détruits, soit 35 % des immeubles de la ville[118].
Le bâtiment des Postes du boulevard du Maréchal-Joffre, construit à la fin des années 1950, devant le parc Jehan-Ango.
Sur le littoral, outre le casino, plusieurs édifices prestigieux ou remarquables ont été détruits ou trop endommagés pour être restaurés, comme le Grand Hôtel, la villa Sturdza, la manufacture de tabac, l'hôtel Métropole, la villa Bristol, l'hôtel Regina, l'hôtel des Anglais, l'hôtel des Étrangers, la villa La Case ducomte Greffulhe (route de Pourville) et les chalets de la rue Alexandre-Dumas, notamment la villa Olga offerte par leprince de Galles à la duchesse de Caracciolo[119].
Transformée en champ de mine, la plage de Dieppe est presque inaccessible pendant une dizaine d'années.
Le, alors qu'il appareillait de Dieppe vers Newhaven, le train ferryTF3, baptiséDaffodil, saute sur une mine au large de Dieppe, provoquant la mort de 27 personnes. L'épave repose à quelques nautiques seulement de son sister ship, leTF2, coulé le.
Le, le chalutier de DieppePluviose commandé par Charles Duboc de l'armement Mallet, saute sur une mine prise dans sonchalut au large desCornouailles. Perdu corps et biens, l'explosion cause la mort des 15 marins de son équipage.
Le, le chalutier de DieppeAbraham Duquesne, commandé par André Rasse de l'armement Leveau, saute sur une mine prise dans son chalut au large du Havre. Le chalutier est perdu corps et biens, et les 15 marins de son équipage trouvent la mort.
Le, la caserne Duquesne accueille l'École du personnel féminin de l'armée de terre (EPFAT). LeMinistère de la Défense cède les lieux auMinistère de la Santé et en le Centre de formation de la santé s'installe dans la caserne. Il prépare ses élèves à l'examen d'entrée dans les écoles d'infirmières, aux concours administratifs (catégorie C) et de sténodactylos.
En, les marins pêcheurs vivent un nouveau conflit syndical. La principale revendication est de bénéficier du même salaire minimum garanti et des mêmes indemnités de vivres que leurs homologues de la Marine de commerce. En outre, ils demandent une amélioration de leurs couchages faisant état d'une circulaire ministérielle stipulant que « tout navire jaugeant plus de 500 tonneaux doit être équipé de matelas en laine, kapok ou pneumatique ». Or, ils ne disposent alors que de paillasses qui sont des sacs à pommes de terre remplis de paille, cousus et brûlés tous les 3 mois. Le conflit se prolonge pendant 26 jours mais ils obtiennent satisfaction après l'arbitrage du Ministre de laMarine marchande.
Le, le chalutier de DieppeVert Prairial, commandé par Jean-Baptiste Coppin de l'armement Mallet, s'échoue au pied de la falaise de Porthcurno (Cornouailles). Perdu corps et biens, ce naufrage cause la mort des 17 marins de son équipage.
Le, un terrible incendie ravage deux grands magasins, le luxueuxPrintemps et le plus populairePrisunic, tous deux mitoyens et situés au début de la Grande Rue. Les dégâts sont considérables. Un sapeur-pompier de Dieppe trouve la mort dans cette intervention.
Le, legénéral de Gaulle s'adresse aux Dieppois, place Nationale[120]. C'est le premier chef d'État en exercice, depuisAlexandre Millerand, à se rendre à Dieppe et le dernier à ce jour.
Le, le cargo fruitier norvégienBraga, de la compagnie Fred Olsen, heurte le quai du chenal en sortant du port de Dieppe. Victime d'une déchirure de la coque, il coule à 25 nautiques de Dieppe. C'est le cargoRennes de la ligne Dieppe-Newhaven qui récupère l'équipage. Il n'y a aucun blessé à déplorer.
En 1961 est inauguré l'actuel casino (le cinquième depuis 1822), en retrait du front de mer à l'emplacement de la villa Rachel (démolie pour l'occasion). La même année est inauguré un centre dethalassothérapie.
Le, le chalutier de DieppeJeanne Gougy commandé par Joseph Penher de l'armement Le Bouder, s'échoue par mauvais temps au pied ducap Lizard (Cornouailles). Ce naufrage cause la mort de 12 marins. Il y aura6 survivants.
En 1964, la miroiterie de la famille Clouet, véritable institution dieppoise installée Grande-Rue à Dieppe depuis 1849 et où se fournissait Renoir ou Monet en pinceaux et tubes de couleurs, ferme définitivement ses portes[121].
En 1965, le docteur Jean Tournier est élu maire de Dieppe. Sous son mandat, le quartier de Janval s'urbanise et un vaste plan d’habitat est mis en œuvre. Il donne naissance au quartier du Val Druel et au quartier des Bruyères[122]. En 1966, un nouvel hôtel de ville est inauguré à l'emplacement de l'ancien bassin Bérigny.
Les années 1970 marquent de leur empreinte architecturale le front de mer où plusieurs villas du début du siècle sont victimes d'un renouveau immobilier. Le chalet Normand (manoir Saint-Martin) et les villas adjacentes sont démolis pour laisser place à de grands immeubles huppés.
Le, le chalutier de DieppeJean Gougy commandé par Pierre Deruelle de l'armement Le Bouder, disparait corps et biens au large desîles Scilly. Cettefortune de mer coûte la vie aux 13 marins de son équipage.
En 1974, Dieppe perd son titre de premier port bananier de France. La modernisation du mode de transport à bord des navires bananiers, avec l'arrivée de conteneurs frigorifiques, fait perdre progressivement le trafic desAntilles au profit duport du Havre. Compte tenu de leur taille, lesporte-conteneurs ne peuvent pas entrer dans le port de Dieppe. Après 1978, ce trafic est définitivement perdu et seul le trafic bananier avec laCôte d'Ivoire continue à transiter par Dieppe.
Le, Neuville-lès-Dieppe fusionne avec Dieppe[125].
Café des tribunaux, place du Puits-Salé (2012).Statue deDuquesne devant l'église Saint-Jacques (privé de son campanile depuis 2015) sur la place nationale (ancienne place royale) de Dieppe (2017).
Le, alors qu'il pêchait la coquille saint Jacques au large deSaint-Vaast-la-Hougue, lecoquillard dieppoisLe Flibustier, commandé par Jean-Pierre Herrou, est perdu corps et biens avec ses 6 marins. Les causes de cette fortune de mer sont à ce jour inconnues.
En 1985, un plan de rénovation de l'habitat ancien est mis en œuvre. L'îlot Sainte-Catherine est restauré et des logementsHLM sont installés dans des immeubles construits sur les plans de Ventabren. En 1987, la villa mauresque située sur le front de mer est condamnée à la démolition par le conseil municipal au prétexte« qu'elle ne représentait rien »[126]. Bâti en 1870 par Charles Lebon (1799-1872), ce bâtiment d'architecture orientale qui influença de nombreux immeubles de Dieppe était à l'abandon depuis plusieurs années. Il est remplacé par un hôtel.
Le, à la suite d'un défaut de conception, le chalutier-usineSnekkar Arctic commandé par le capitaine Claude Jaouen de l'armement Leveau, coule en Mer du Nord. Cettefortune de mer cause la mort de 16 marins. Il y aura 7 rescapés.
Le, alors qu'il pêchait la coquille Saint-Jacques au large de Saint-Vaast-la-Hougue, lecoquillard dieppoisBonne sainte Rita est perdu corps et biens avec les 6 marins de son équipage. L'enquête révèlera que l'avarie d'un tangon est responsable du naufrage.
En 1991, un festival de musique ancienne est créé. La chapelle de l'hôpital (1860) est pour sa part démolie pour permettre l'extension de l'hôpital moderne[127].
En 2002, la ville entame une nouvelle politique de développement économique fondée sur le tourisme[128] (projet de lotissement du golf, rénovation de la Grande-Rue, réouverture du petit théâtre municipal fermé depuis 1961) et annonce un programme écologique de développement social (création de logements sur le site de l'ancienne prison, construction d'habitats répondant aux normes écologiques…) : la Grande-Rue est rénovée (2004), un nouvel ensemble destation balnéaire avec bassins ludiques et un nouveau complexe dethalassothérapie sont inaugurés sur la façade maritime de la ville (2007). Entre 2003 et 2013, la ville et ses alentours sont touchés par uneépidémie de méningites bactériennes qui entraîne la mise en place d'une campagne de vaccination[129].
En 2010-2011, un projet d'implantation sur la zone portuaire de Dieppe d'une usine d’engrais russe[130] est abandonné à la suite d'une forte opposition locale transpartisane[131] à laquelle s'ajoute une autre polémique concernant l'absence de célébration prévue pour le quadricentenaire de la naissance d'Abraham Duquesne. En 2010, le Syndicat mixte du Port de Dieppe engage les travaux pour la mise en service d'un port à sec pour plus de 300 bateaux à moteur jusqu’à 7 mètres dans la forme de radoub. Il était prévu pour être opérationnel en 2011, mais des problèmes de conception le rendaient encore inutilisable en 2014[132].
En 2019, le port de Dieppe a fusionné avec les ports de Cherbourg et de Caen-Ouistreham au sein dePorts de Normandie[135].
Le, lecoquillard dieppoisScaramouche, victime d'un incendie, coule à 20 nautiques au large de Dieppe. Les 4 marins de son équipage sont sauvés par d'autres bateaux.
Cette section doit êtreactualisée.(Dernière mise à jour : 2012) Des passages de cette section sont obsolètes ou annoncent des événements désormais passés.Améliorez-la oudiscutez-en.
Cette section doit êtreactualisée.(Dernière mise à jour : 2017) Des passages de cette section sont obsolètes ou annoncent des événements désormais passés.Améliorez-la oudiscutez-en.
Sous laCinquième République, après avoir étéCNI (1958-1962),SFIO (1962-1967),gaulliste (1968-1978),communiste (1978-1981) puissocialiste (1981-1993), lacirconscription de Seine-Maritime comprenant la ville de Dieppe a systématiquement connu une période d'alternance politique entre 1993 et 2007. Ainsi, siÉdouard Leveau (RPR) remporte la circonscription en 1993, il la cède àChristian Cuvilliez (PCF) en 1997 avant de la lui reprendre en 2002. En2007, le premier tour confirme que le PCF reste très ancré dans la ville avec 30,54 % des voix, mais le second tour voit s'affronter la candidate socialisteSandrine Hurel (18,74 % dans Dieppe au premier tour) au candidatUMPJean Bazin (31 % au premier tour dans Dieppe) alors que le député-maire sortantÉdouard Leveau (alorsCNI) n'obtient que 7,63 % des suffrages. Le second tour est remporté par Sandrine Hurel (55,25 % de suffrages portés sur son nom dans Dieppe)[139].
Lors du second tour desélections municipales de, la liste PCF/EELV/Front de Gauche conduite parSébastien Jumel remporte les élections municipales à Dieppe[142] avec 6 749 voix, et 50,37 % des voix contre 4 699 voix et 35,07 % à la liste UMP conduite par André Gautier, et 1 950 voix et 14,55 % des voix à la liste Centre-droit/PS conduite par Bernard Brébion et soutenue par la députée socialisteSandrine Hurel (PS).
Géographiquement, les électeurs des quartiers du centre-ville (Mairie, front de mer) et résidentiel (Caude Côte, Puys, Saint-Pierre) votent plutôt pour la droite lors des élections locales et nationales tandis que ceux des quartiers populaires comme Neuville-Nord, Bruyères, le Pollet et le Val Druel votent nettement à gauche. Ainsi, lors des élections municipales de 2014, la liste conduite par André Gautier (UMP) l'a remporté dans le hameau de Puys et dans les bureaux du centre-ville (l’un des deux de l’Hôtel de Ville, celui du restaurant scolaire Desceliers sur le front de mer, l'école Richard-Simon et l'école maternelle Blainville rue Blainville, l'école maternelle Thomas sur le quai Henri-IV) ainsi qu'à l'école maternelle Louis-de-Broglie dans le quartier de Janval. La liste conduite parSébastien Jumel l'emportait pour sa part dans les bureaux de vote du Val Druel, des Bruyères, de Neuville-lès-Dieppe, dans la majorité des bureaux de vote de Janval et dans le premier bureau ainsi que celui des services de communication de l’Hôtel de Ville[143].
Lors desélections municipales de 2020 dans la Seine-Maritime, la liste menée par le maire sortant Nicolas Langlois (PCF) — qui avait succédé àSébastien Jumel à la suite de son élection comme député et de sa démission de la fonction de maire en application de la législation limitant lecumul des mandats en France — remporte l'élection dès le premier tour de scrutin avec 61,41 % des suffrages exprimés, suivie par les listes d'André Gautier (17,73 %), de Dominique Garçonnet (10,97 %), de Louis-Armand de Béjarry (Rassemblement national, 8,56 %) et d'Éric Moisan (Lutte ouvrière, 1,34 %), lors d'un scrutin marqué par 56,16 % d'abstention[144]
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L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de plus de 10 000 habitants les recensements ont lieu chaque année à la suite d'une enquête par sondage auprès d'un échantillon d'adresses représentant 8 % de leurs logements, contrairement aux autres communes qui ont un recensement réel tous les cinq ans[156],[Note 6].
En 2022, la commune comptait 28 599 habitants[Note 7], en évolution de −3,4 % par rapport à 2016 (Seine-Maritime : +0,35 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Malgré une démographie en berne, Dieppe est une ville jeune où plus d'un habitant sur cinq a moins de 18 ans, et plus d'un habitant sur trois (36 %) a moins de 30 ans. Cette population est toutefois en moyenne moins diplômée et plus souvent au chômage qu’ailleurs. Ainsi, 13,2 % des jeunes Dieppois de 18 à 29 ans n’ont aucun diplôme (contre 11,7 % en moyenne) et entre 15 et 29 ans, le taux de chômage atteint 30 %[158].
La population de la commune est relativement âgée. En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à30 ans s'élève à 31,3 %, soit un taux inférieur à la moyenne départementale (36,5 %). À l'inverse, le taux de personnes d'un âge supérieur à 60 ans (34,7 %) est supérieur au taux départemental (26,0 %).
En 2018, la commune comptait 13 062 hommes pour 15 499 femmes, soit un taux de 54,27 % de femmes, supérieur au taux départemental (51,90 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit :
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[I 7]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
1,1
90 ou +
3,0
8,6
75-89 ans
14,2
19,8
60-74 ans
21,7
19,3
45-59 ans
19,5
15,9
30-44 ans
13,6
18,0
15-29 ans
15,6
17,3
0-14 ans
12,3
Pyramide des âges du département de laSeine-Maritime en 2021 en pourcentage[159]
Depuis 1980, Dieppe accueille tous les deux ans, sur les pelouses de la plage du front de mer, leFestival International de Cerf-Volant, accueillant quarante-quatre pays et classé parmi les trois cents plus grands événements mondiaux. Si à ses débuts, une demi-douzaine de pays européens seulement participait à ces premières rencontres, celles-ci accueillent dès 1986 des délégations venues de pays plus lointains tels que laThaïlande et laChine, et sont médiatiquement consacrées en 1988 comme« la plus grande manifestation européenne de son genre ». En 1996, le festival international de cerfs-volants de Dieppe reçoit 300 000 visiteurs pour trente nations représentées de tous les continents. En 1998, la ville est l'hôtesse de la coupe du monde de cerf-volant acrobatique ainsi que de la Coupe du monde de cerf-volant de combat. En 2005, le festival est à son apogée et dépasse le demi-million de visiteurs[162]. Durant le festival, des ateliers de confection de cerfs-volants sont accessibles aux adultes et aux enfants[163].
Depuis 2007, le festival international du film de Dieppe se consacre à la promotion du cinéma indépendant.
Dieppe accueille également un festival de bandes-dessinées et un festival international d'échecs. La ville accueille régulièrement depuis 2009 laSolitaire du Figaro.
Lachapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, chemin des Falaises (1876) : dominant la falaise est de la ville, au-dessus du Pollet, elle fut d'abord un lieu de pèlerinage, puis un lieu dédié à la mémoire des marins disparus en mer[166].
Ville en déclin depuis une quarantaine d'années, letaux de chômage de l'agglomération dieppoise est élevé depuis les années 1970 et figure parmi les plus élevés de la région (10,8 % au deuxième trimestre 2006). Ce haut niveau de chômage résulte du déclin deschantiers navals et de l’industrie textile[I 8].
En 2018, le taux d'activité de Dieppe atteignait 68,92 % (taux d'activité de 71,9 % au niveau national)[19]. Le taux de chômage est passé de 18,11% en 2006 à 23,9 % en 2018 (9,1% au niveau national)[19].
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Dieppe compte un total de 19 490 foyers fiscaux dont 62,3 % ne sont pas imposables (moyenne départementale de 52,5 %).[Quand ?]
Dieppe est unesous-préfecture de la Seine-Maritime et exerce un rôle de pôle à l’échelle de son agglomération, autant en terme d’emplois que d’équipements ou de services. Elle offre ainsi tous les principauxservices publics tels qu'un hôpital et un tribunal.
Dieppe et sazone d'emploi sont marquées par une faible croissance démographique qui ne permet pas de stimuler les activités de services (la ville perd elle-même continuellement des habitants depuis 1975). L’économie de l'agglomération dieppoise semble cependant relativement équilibrée du point de vue sectoriel, même si elle a souffert depuis la fin des années 1980 de la fermeture de la ligne de chemin de fer directe de Paris à Dieppe parPontoise. En 2003, lesecteur secondaire industriel représente 25 % des emplois, lesecteur primaire (agriculture, pêche) concentre 4 % de l’emploi et le secteur tertiaire 65 % des emplois. Les industries présentes dans la zone de l'agglomération dieppoise se caractérisent par le recours à une main-d’œuvre qui est plutôt peu qualifiée. Les emplois d’ouvriers sont ainsi plus nombreux en moyenne qu'au niveau national alors que la part des cadres, tant dusecteur privé que dusecteur public, mais aussi la part des techniciens et des agents de maîtrise, est assez faible. Ce faible niveau de qualification résulte aussi d'un niveau moyen de formation initiale de la population résidente. On compte dans l'agglomération dieppoise seulement 25 % de bacheliers parmi les20 à 59 ans alors que 35 % de la population de cette classe d’âge ne possède aucun diplôme ou uniquement le CEP[I 8]. Au regard du contexte local, le quartier de « Caude Côte » semble favorisé avec un actif résident sur cinq classé dans lesCSP+ et un faible taux de chômage. Les quartiers Janval, autour de la cité Million, et des Coteaux occupent pour leur part une position médiane entre les quartiers les plus favorisés et ceux les plus pauvres[20].
Dieppe rassemble 17 000 emplois. Deux emplois sur cinq sont occupés par des résidents dieppois, et trois emplois sur cinq par des habitants des communes périphériques. C'est une ville commerçante, activité qui regroupe à elle seule 15 % des emplois. Ainsi, la ville est un carrefour commerçant de l'agglomération où se concentrent plusieurshypermarchés (voir Centre commercial du Belvédère Dieppe).
Elle est le siège de lachambre de commerce et d'industrie de Dieppe. La CCI, qui fut à l'origine de la transformation du quai Henri-IV à la fin des années 1990, gère le port de pêche et de commerce jusqu’à la fin de l'année 2006. Depuis, la gestion du port est assurée par un syndicat mixte.
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Dieppe fut jusqu’à la fin des années 1970 le premier port bananier de France. Depuis que le commerce de labanane se fait à l'aide des conteneurs et donc à partir de ports équipés pour ce type de transport, le trafic transmanche constitue l'essentiel de l'activité du commerce maritime. Le port génère un trafic annuel de marchandises de 1,7 million de tonnes et gère une liaison maritime avec l'Angleterre de 250 000 passagers et 120 000 véhicules[I 11].
Prévu pour être mis en service fin 2011, leport à sec, installé dans une ancienne forme de radoub, ne peut pas encore, en 2014, stocker les trois cents embarcations à moteur mesurant jusqu'à sept mètres de long, qui auraient dû pouvoir être mises à l'eau grâce à untransstockeur entièrement automatisé. Mais les mille anneaux du port conventionnel restent disponibles pour accueillir voiliers et vedettes de service[169],[170].
Sous leSecond Empire, Dieppe connait une renaissance et un développement accéléré de sa station balnéaire. Le se déroule la première course de l’hippodrome de Dieppe-Rouxmesnil.
Château de Dieppe.Ancien collège des oratoriens (Inscrit MH) et ancien hôtel de la Vicomté (Inscrit MH), quai Henri-IV.L'apport architectural des années 1970 à l'ancienne rue Aguado (vue du nord-est) : le nouveau manoir Saint-Martin et les résidences Caravelle, Frégate et Phare.Immeuble néo-classique blanc caractéristique du1er front de mer, construit en 1842-1845 sur l'ancienne rue Aguado.Ancien hôtel d'Anvers (Inscrit MH), quai Henri-IV.Les maisons Second Empire du boulevard deVerdun (ex-rue Aguado), construites entre 1854 et 1857 sur le terrain dit des Corderies.Rue Aguado vers 1905 : vue du sud-ouest sur l'ancien manoir Saint-Martin (chalet normand, 1890) et en arrière-plan, les villas Second Empire, le Grand Hôtel, la maison mauresque et la villa Sturdza.
Lechâteau de Dieppe a pour origine un premier « château » qui existait vraisemblablement auXIIe siècle, à l’époque dePhilippe Auguste. La construction du château actuel débute en 1443 à l'instigation de Charles Des Marets. La tour ouest date peut-être duXIVe siècle. L'appareillage en silex etgrès est souvent remanié au cours des âges. On y ajoute un bastion en briques et divers bâtiments. Ce véritablechâteau fort présente en 2022 une architecture composite.
Le château de Dieppe abrite jusqu'en 1923 la caserne Ruffin. Il abrite en 2022 lemusée de Dieppe où l'on peut admirer une des plus grandes et belles collections d’ivoire sculpté d’Europe (crucifix, chapelets, statuettes, éventails, tabatières, etc.), des œuvres du peintreGeorges Braque, le mobilier de salon du pianisteCamille Saint-Saëns et des expositions temporaires.
Du château, on a un point de vue panoramique sur la ville.
On relève par ailleurs que les anciens souterrains etblockhaus allemands de laSeconde Guerre mondiale sont dissimulés dans la falaise à proximité du château[173].
Le front de mer de 1 500 mètres et l'esplanade maritime, dessinée par l'impératrice Eugénie lors de son passage dans la ville, séparant le boulevard deVerdun (ex-rue Aguado) de la promenade maritime.
La plage de galets qui jouxte une plage de sable à marée basse.
Lepont Colbert : pont tournant métallique composé de poutrelles métalliques rivetées construit entre 1885 et 1889, il est le dernier plus grand pont tournant d’Europe en fonction dans sa configuration d’origine. Réalisé sous la direction de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Paul Alexandre (1847-1931), le pont Colbert, long de soixante-dix mètres, surplombe le chenal du Pollet creusé lors de l'aménagement du port qui sépara le quartier du Pollet en deux[177]. Il est riveté, en fer puddlé. Dynamité en 1944 par l'armée allemande, il sera réparé à l'identique et remis en service pour la fête nationale du[178]. Fonctionnant toujours avec son mécanisme d'origine, c'est le dernier grand pont tournant à système hydraulique encore en activité. Sa cabine de manœuvres montre son mécanisme. Son entretien coûte cependant cher ce qui a amené depuis 2009 le Syndicat mixte du Port de Dieppe à étudier des projets visant à le remplacer par un édifice plus moderne. Une association de sauvegarde du pont Colbert a été depuis lors constituée pour le préserver[179].
Le pont Ango[180] : d'abord pont tournant métallique (1881), détruit en 1944, reconstruit en pont levant (1950).
La Grande-Rue jusqu'à laplace du Puits-Salé est une voie piétonne depuis 1976, rénovée en 2004.
La rue de la Barre, prolongement de la Grande-Rue.
Les maisons et chalets du faubourg de la Barre (quartier Caude-Côte).
La place du moulin à vent avec ses maisons pittoresques.
Le quartier Sainte-Catherine : construit entre 1694 et 1720 et réhabilité en 1985, ce quartier est caractéristique du programme d'urbanisme imposé par l'architecte Ventabren avec son modèle unique de façade de brique, comprenant un rez-de-chaussée dédié au commerce ou à l'artisanat, un entresol sous arcade pour constituer les réserves, un premier étage d'habitation et des combles éclairés par une lucarne[177].
La maison Miffant (1624), construite à pans de bois, est un rare vestige de la ville avant la « bombarderie » de par la flotte anglo-hollandaise[181]. Classée monument historique, la maison Miffant constitue un témoignage unique de l'architecture dieppoise duXVIIe siècle[177] et a été restaurée en 2015.
Les maisons de la rue Jules-Ferry, de style régionaliste ou néo-normand de la fin duXIXe siècle.
À l'exception de la villa Nelly, le bloc situé entre la rue Parmentier et la rue de la Brasserie est caractéristique des grands ensembles immobiliers de luxe construits dans les années 1970, sacrifiant notamment pour leur édification, l'emblématique manoir Saint-Martin (le chalet normand), la petite villa anglo-normande adjacente et l'ancienne école Saint-Charles.
Le boulevard deVerdun : (à comparer avec les cartes postales d'avant-guerre). L’habitat du front de mer offre un large panel des types de constructions balnéaires de Dieppe sur une période allant de 1837 à nos jours[76]. À l'origine, la plupart des résidences et immeubles construits l’avaient été à des fins locatives. Le premier règlement d’urbanisme imposait un alignement allant d’une profondeur de 7 m à 16 m entre les façades et la rue, et une hauteur maximale de deux étages[76]. Dans les années 1880-1900 sont construites des nouvelles villas affichant des références historiques, régionalistes, exotiques ou étrangères, privilégiant notamment les hautes toitures débordantes, les vérandas, les balcons, les tourelles ou encore les bow-windows[76]. Des hôtels monumentaux luxueux sont également élevés dont le plus ancien, et le seul qui subsiste, est l’Hôtel Royal (1833, rebâtie en 1900-1901). L'harmonie architecturale des maisons du front de mer a été profondément endommagée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale mais aussi par le vandalisme architectural des années 1970 et 80.
Les maisons bourgeoises d'époqueSecond Empire, situées entre la rue Parmentier et la rue de la Rade, furent construites entre 1854 et 1857 sur le terrain dit des Corderies selon un cahier des charges précis imposant un jardin de 16 m de profondeur devant chaque logis[76]. Elles constituent le seul bloc intact de maisons du front de mer qui soit antérieur à la Seconde Guerre mondiale (si on excepte que l'architecture de la maison à l'angle de la rue Parmentier fut plusieurs fois modifiée pour être surélevée avant et après la guerre). Ce sont des immeubles sobres et relativement uniformes, d'esprit classique, en briques recouvertes d’un enduit blanc, à la façade plane agrémentée de discrets balcons, dont quelques-uns couverts en toits-terrasses[76]. Parmi ces maisons, la villa ornée de deuxcariatides, située à l'angle de la rue de la Rade, est l'ancien hôtel Édouard-VII, érigé en 1857 par l’architecte de la Ville, Pierre Aubin Alexandre Dupont, pour l’armateur Dieppois Nicolas Picquet[76]. La villa voisine a la particularité d'avoir son jardin séparé du trottoir par une grille en fer forgé (qui n'est plus d'origine), caractéristique de celles qu'arboraient toutes les maisons du front de mer avant la Seconde Guerre mondiale.
L'hôtel Aguado (1958), situé boulevard de Verdun. Second hôtel du front de mer à avoir porté ce nom, il a été construit à l'emplacement de la Manufacture Royale des Tabacs, incendiée durant la Seconde Guerre mondiale.
La résidence métropole se dresse à l'emplacement de l'ancien hôtel Métropole (1893) détruit durant la guerre.
L'ancien hôtel Royal (1901) : autrefois fleuron de la ville, construit en 1833 et agrandi et surélevé en 1901, il est le dernier survivant des grands palaces et a été reconverti en appartements. C'est un des plus beaux édifices du boulevard de Verdun. Deux maisons plus loin, la petite maison à colonnade est l'ancien hôtel du Rhin et New Haven du début duXXe siècle.
Les résidences de l'Epsom et de l'Univers sont les édifices les plus récents du boulevard de Verdun (années 2000) et ont été construits à la place de l'ancien hôtel Epsom (ex-hôtel du Rhin) et de l'ancien hôtel de l'Univers.
La villa Perrotte (Inscrit MH(2012)[182] bénéficiant duLabel « Patrimoine du XXe siècle ») : bâti en 1928, cet hôtel particulier avant-gardiste de style Art déco et moderniste est dessiné par les architectes Georges Feray et Louis Filliol. Entre 2008 et 2014, elle a abrité une galerie d'art et un centre culturel. Elle est exemplaire des grands principes de Le Corbusier par le recours à des portes intérieures coulissantes et par l'utilisation du béton armé permettant d'agrandir les pièces et les fenêtres[177].
Le petit théâtre municipal (1900) est inscrit à l'inventaire supplémentaire desmonuments historiques depuis 1990. Il abrite depuis 2002 lemémorial du 19 août 1942[183]. Outre l'intérêt de l'exposition, l'intérieur de l'édifice est destyle rocailleLouisXV avec dorures. Ce théâtre à l'italienne, construit par l'ingénieur Frissard, fut offert par la duchesse de Berry à la municipalité en 1826[184]. Remanié en 190 et agrandi d'un foyer vers la mer[184], il est contemporain du casino mauresque et est un des derniers vestiges de l'époque où Dieppe attirait l'aristocratie et la haute-bourgeoisie européenne. Endommagé pendant laSeconde Guerre mondiale, ses façades sont rhabillées en ciment dans les années 1960. Le théâtre est fermé en 1961[184]. Il est de nouveau ouvert au public en 2002 à l'initiative du maireÉdouard Leveau, pour abriter un mémorial dédié au débarquement canadien à Dieppe. Le théâtre a été une source de polémique politique, notamment en 2007 quand un projet de réhabilitation fut proposé par la majorité municipale de l'époque mais combattu par l'opposition locale.
Lecasino, inauguré en 1961 en présence deRobert Buron, ministre des Travaux publics, des Transports et du Tourisme, succède au casino mauresque et au casinoArt déco des années 1930. Il se situe principalement à l'emplacement de l'ancienne villa Rachel qui fut démolie pour permettre son édification.[réf. nécessaire] Il présente une architecture remarquable.
Lechâteau d'eau, dans le quartier des Vertus à l'entrée de la ville de Dieppe, est construit en 1971 par l'architecte Herbelin. Il est décoré depuis 1973 d'une fresque polychrome deVictor Vasarely, formée de losanges orange et noirs sur fond bleu[186].
Georges Simenon,Tempête sur la Manche, 1944, Gallimard: Le couple Maigret doit prendre à Dieppe un bateau pour l'Angleterre. Le temps est mauvais, la traversée de laManche ne peut être assurée. Les Maigret s'installent dans unepension de famille de la ville portuaire.
Série téléBelgravia (2020): John Bellasis après avoir voulu assassiner Charles Pope s'enfuit en Europe; on voit Bellasis sortir d'une auberge et l'aubergiste lui dire qu'il pleut fort à Dieppe.
Drôle de Félix : film français réalisé parOlivier Ducastel etJacques Martineau, sorti le. Félix, jeune Dieppois dont la mère normande est morte récemment, profite de son chômage récent pour partir enauto-stop à la recherche de son père maghrébin qui habite àMarseille et qui a quitté la mère du jeune homme avant sa naissance.
NapoléonIII (1808-1873) et l'impératrice Eugénie (1826-1920) séjournent à Dieppe lors de leur voyage de noces. Le couple impérial, et l'impératrice Eugénie en particulier, est à l'initiative de l'aménagement de la promenade maritime avec la transformation du vague terrain herbeux situé sur le littoral en un jardin d’ornement public[191],[192].
Thomas Pesquet (1978-), spationaute. Il a été élève au lycée Jehan-Ango.
Tony Parker (1982-), joueur international de basket-ball, a passé une partie de son enfance à Dieppe, où son père jouait pour l'équipe locale de basket.
Parti d'azur et degueules ; au navire de trois mâts contourné d'argent, à l'ancre, voiles ferlées, sur une mer du même, le tout brochant[194]. Ce blason est souvent représenté, à tort, sans mer, le navire tourné à gauche)
Devise / Cri
Nautae tui et gubernatores (Tes marins, et au gouvernail).
Détails
Le statut officiel du blason reste à déterminer.
Le coucher de soleil sur la plage de Dieppe est un spectacle quotidien apprécié des touristes et des Dieppois.
↑Une unité urbaine est, en France, une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de200 mètres entre deux constructions) et comptant au moins 2 000 habitants. Une commune doit avoir plus de la moitié de sa population dans cette zone bâtie.
↑Dans une agglomération multicommunale, une commune est dite ville-centre lorsque sa population représente plus de 50 % de la population de l’agglomération ou de la population de la commune la plus peuplée. L'unité urbaine de Dieppe comprend une ville-centre et quatre communes de banlieue.
↑Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations de référence postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population de référence publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑a etbÉlisabeth Ridel,Les Vikings et les mots : l'apport de l'ancien scandinave à la langue française, éditions Errance,p. 252-253.
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↑Vincent Pinzon deviendra le futur commandant de laNiña et son frère Martin Pinzon celui deLa Pinta, deux des trois bateaux qui s’élancèrent à la conquête duNouveau Monde quatre ans plus tard sous les ordres deChristophe Colomb.
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↑« Municipales à Dieppe : plébiscite pour le maire sortant communiste, Nicolas Langlois : Nicolas Langlois, maire sortant communiste, a été réélu avec plus de 60 % des voix. Une très large victoire au terme d’une campagne soutenue et d’un premier tour marqué par l’esprit coronavirus »,Paris-Normandie,(lire en ligne, consulté le).
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↑Sylvie Callier, « Dieppe : Sébastien Jumel quitte son mandat de maire : Un conseil municipal extraordinaire a lieu dimanche 9 juillet pour élire un nouveau maire. Sébastien Jumel, élu député, doit passer la main »,France-3 Normandie,(lire en ligne, consulté le).
↑Réélu maire en 2014 :Aurélien Bénard, « Les Dieppois renouvellent leur confiance à Sébastien Jumel : Sébastien Jumel, le maire sortant PCF de Dieppe, a remporté le second tour des élections municipales avec 50,38% des suffrages exprimés. Analyses et commentaires. »,Les informations dieppoises,(lire en ligne).
↑« Nicolas Langlois, figure montante de la politique dieppoise : A 30 ans, l'ascension du jeune secrétaire du PCF dieppois en politique est fulgurante. Il intégrera dimanche le conseil municipal avec un poste d’adjoint. Portrait »,Paris Normandie,(lire en ligne, consulté le).
↑Mélanie Bourdon, « Dieppe : le maire, Nicolas Langlois, dévoile son programme de rentrée »,Paris Normandie,(lire en ligne, consulté le).
↑Maxime Cartier, « 52e édition de la foire aux harengs à Dieppe : le guide pour circuler et stationner sans souci : La 52e édition de la foire aux harengs à Dieppe (Seine-Maritime) arrive samedi 19 et dimanche 20 novembre. La circulation sera énormément perturbée. Voici ce qu'il faut savoir »,Les Informations dieppoises,(lire en ligne, consulté le).
↑Fabien Massin, « Foire aux harengs et à la coquille Saint-Jacques de Dieppe : un timbre et une carte postale édités : L’association philatélique de Dieppe et la confrérie des chevaliers du hareng se sont associées pour éditer un timbre et une carte sur le thème de la foire aux harengs »,Les Informations dieppoises,(lire en ligne, consulté le).
↑Matthieu Cazalets Lacoste, « Le 5 décembre 1870. En pleine guerre, Alexandre Dumas meurt dans la discrétion à Puys : Le 5 décembre 1870, Alexandre Dumas mourrait près de Dieppe (Seine-Maritime), en pleine guerre. Retour sur le décès d’un des plus grands romanciers de la littérature française »,Les Informations dieppoises,(lire en ligne, consulté le).
↑Base de données des députés français depuis 1789[2].
A. M.Gaudet, Louis-BenoîtGuersant, Jean Baptiste ÉdouardBousquet et JacquesLisfranc,Notice médicale sur l'établissement des bains de mer de Dieppe / par le Dr Gaudet,.... suivie du rapport fait à l'Académie… de médecine dans la séance du 29 avril 1837,... sur les effets hygiéniques et thérapeutiques des bains de mer / par MM. Guersent ["sic"], Lisfranc et Bousquet,(lire en ligne).
Alexandre-AugusteGuilmeth,Histoire communale des environs de Dieppe, contenant les cantons de Longueville, Tôtes, Bacqueville, Offranville, Envermeu et Bellencombre ; Seconde édition,(lire en ligne).
Maurice Duteurtre,Dieppe, les années 1900, Carnet d'un voyageur, Édition Bertout, 1997.
Jean-François Miniac,Flamboyants escrocs de Normandie, Orep, 2012 (sur l'affaire Rogé en 1898 et la célèbre affaire dieppoise deSerge de Lenz en 1934).
Claude Féron,Dictionnaire historique des rues de Dieppe, Nolléval, L’Écho des vagues,, 320 p.(ISBN978-2-918616-19-1).