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L'Enlèvement au sérail
| Genre | Opéra (singspiel) |
|---|---|
| Nbre d'actes | 3 |
| Musique | Wolfgang Amadeus Mozart |
| Livret | Gottlieb Stephanie |
| Langue originale | Allemand |
| Création | Vienne Burgtheater |
Airs
Die Entführung aus dem Serail[1],K.384 (L'Enlèvement au sérail en français, souventIl Serraglio en italien et en turc:Saraydan Kız Kaçırma), est unsingspiel en trois actes deWolfgang Amadeus Mozart, sur un livret en allemand deGottlieb Stephanie[2] d'après la pièce deChristoph Friedrich Bretzner (en)[2].
Il fut créé auBurgtheater deVienne, le[2], sous la direction du compositeur.
L'opéra raconte la tentative par le noble Belmonte d'enlever sa fiancée Konstanze, retenue prisonnière dans le palais du pacha turc Selim.
| Rôle | Tessiture | Distribution originale |
|---|---|---|
| Belmonte,noble espagnol | ténor | Johann Valentin Adamberger |
| Konstanze,fiancée de Belmonte | soprano | Katharina Cavalieri |
| Blondchen,sa servante | soprano | Theresia Teyber |
| Pedrillo,valet de Belmonte | ténor | Johann Ernst Dauer |
| Osmin,gardien du sérail | basse | Johann Ignaz Ludwig Fischer |
| Selim Bassa,pacha | rôle parlé | Dominik Jautz |
| Klaas | rôle parlé | |
| Janissaires | chœur |
L'action se passe dans le palais du pacha Selim, en Turquie auXVIIIe siècle[réf. nécessaire].
Belmonte entre, à la recherche de sa fiancée Konstanze, qui est tombée, avec sa servante Blonde, aux mains de pirates ; ceux-ci les ont vendues aupacha Selim (« Hier soll ich dich denn sehen »). Osmin, gardien du sérail et serviteur du pacha, entre pour cueillir des figues dans le jardin. Belmonte le presse alors de questions auxquelles le serviteur ne répond pas, occupé à exprimer sa frustration et son sentiment de jalousie (« Wer ein Liebchen hat gefunden »)[3]. Belmonte cherche entre autres à obtenir des nouvelles de son serviteur, Pedrillo, qui après avoir été capturé avec les deux femmes est devenu un serviteur dans le palais du pacha Selim. Osmin, en entendant le nom de Pedrillo, s'emporte et chasse Belmonte[4]. Pedrillo entre et Osmin tempête contre lui, promettant de le faire torturer et tuer de différentes manières («Solche hergelaufne Laffen »). Osmin part. Belmonte revient et retrouve avec joie Pedrillo. Ce dernier lui assure que Konstanze est en vie mais que le sauvetage de celle-ci et de Blonde, qui est par ailleurs la fiancée de Pedrillo, ne sera pas tâche aisée. Pour ce faire, ils doivent trouver un moyen de tromper Osmin. Pedrillo a un plan : Belmonte se fera passer pour un architecte, afin de pouvoir accéder au palais («Konstanze, Konstanze, dich wiederzusehen... O wie ängstlich»).
Accompagné par un chœur dejanissaires (« Singt dem großen Bassa Lieder »), le pacha Selim apparaît avec Konstanze. Il s’efforce d’obtenir l’amour de Konstanze, en vain, et pose un ultimatum sous peine d’utiliser la force. Elle lui révèle que son cœur est déjà pris («Ach ich liebte ») et lui demande plus de temps avant l’échéance de l’ultimatum, puis sort. Pedrillo entre et interrompt les pensées du pacha pour lui présenter Belmonte, « l’architecte ». Lorsque Belmonte et Pedrillo entrent dans le palais, Osmin leur barre encore une fois le chemin, sans succès (« Marsch! Trollt euch fort! »).

Blonde repousse les tentatives insistantes d'Osmin (« Durch Zärtlichkeit und Schmeicheln ») qui fait valoir qu’elle est sa propriété. Elle refuse, déclarant fièrement qu’elle n’est la propriété de personne. Il fulmine et elle le menace de l’attaquer. Après un duo (« Ich gehe, doch rate ich dir »), Osmin sort. Konstanze, pleine de tristesse, entre. Blonde tente alors de la réconforter en lui assurant que le sauvetage aura bien lieu (« Welcher Wechsel herrscht in meiner Seele... Traurigkeit ward mir zum Lose»). Puis Blonde ressort en voyant le pacha approcher. Il déclare à Konstanze que sa patience est à bout et la menace d'utiliser la force si elle ne cède pas à ses avances d’ici au lendemain (« Martern aller Arten »). Bravement, elle refuse.
Pedrillo annonce à sa bien-aimée Blonde que Belmonte est arrivé et que tout est prêt pour l’enlèvement. Blonde exulte (« Welche Wonne, welche Lust ») mais s’inquiète d’Osmin. Pedrillo la rassure en lui expliquant qu’il mélangera un somnifère à du vin qu’il fera boire au serviteur du pacha. Elle sort pour informer Konstanze. Osmin rentre, et Pedrillo l’invite à boire (« zum Frisch Kampfe »; «Vivat Bacchus ! Bacchus lebe »). Son plan ayant réussi, les deux couples se réunissent («Ach Belmonte ! Ach, mein Leben»). Cependant, pris de suspicion, Belmonte et Pedrillo interrogent avec inquiétude leurs fiancées respectives pour savoir si elles sont restées fidèles au cours de leur séparation forcée. À leur plus grande joie, les femmes réagissent avec indignation et consternation. Elles leur pardonnent néanmoins ces questions et le rideau tombe.
Au milieu de la nuit, Belmonte et Pedrillo arrivent dans le jardin avec des échelles pour commencer le sauvetage (« Ich baue ganz auf deine Stärke »; « In Mohrenland gefangen war »). Malheureusement, Osmin se réveille et donne l’alarme dans le palais (« Ha, wie will ich triumphieren »). Konstanze implore la pitié du pacha Selim et Belmonte explique que son père est unGrand d’Espagne, et le gouverneur d'Oran, nommé Lostados, qui payera une importante rançon. Malheureusement, le pacha et Lostados sont des ennemis de longue date. Le premier se réjouit de la possibilité de tuer le fils de son ennemi. Il laisse Belmonte et Konstanze seuls pour choisir la meilleure méthode de torture et de mort («Welch ein Geschick ! O Qual der Seele»). Quand il revient, il décide cependant de se rendre généreux, au contraire du père de Belmonte, et de leur laisser la vie sauve. Tous sont remis en liberté - à la grande consternation d'Osmin, qui aurait préféré les voir tous brutalement exécutés. Belmonte, Konstanze, Pedrillo et Blonde chantent les louanges de la bonté humaine. Les janissaires réapparaissent et chantent en l'honneur du pacha (« Nie werd' ich deine Huld verkennen »).

Ouverture en ut majeur (Presto-Andante-Presto)
Acte I
Acte II
Acte III
L'opéra fait vaguement référence à la pratique descorsaires barbaresques d'Afrique du Nord, qui opéraient principalement en Méditerranée occidentale, consistant à détourner des navires appartenant à des États chrétiens. Sous prétexte dejihad, le navire et la cargaison n’étaient vendus ou restitués qu’après paiement d’une rançon. L'objectif réel, cependant, était l'enlèvement de l'équipage et des passagers, pour extorquer une rançon ou pour les vendre commeesclaves. Il était également courant de forcer les nations maritimes de confession non musulmane touchées à payer untribut ouune somme d’argent pour leur « protection ». Les corsaires agissaient au nom ou avec l'accord des dirigeants musulmans locaux àAlger,Tunis etTripoli (Libye). Ce type depiraterie subventionnée par l’État n’a pris fin qu’avecdeux interventions américaines (1801-1805, 1815), uneexpédition autrichienne contre le Maroc (1829) et, plus tardivement, laconquête d’Alger par la France (1830)[8],[9].
L'opéra résulte d'une commande de l'empereur du Saint-EmpireJoseph II. Il fut créé le[2] auBurgtheater deVienne. La première fut un succès[10] et établit la réputation de Mozart à Vienne après son départ deSalzbourg. L'opéra répond à un souhait de l'empereur qui voulait faire du Burgtheater un théâtre d'opéra allemand ; les représentations précédentes qui avaient eu du succès étaient des traductions d'œuvres étrangères.
Il s'agit d'unSingspiel ; la plus grande partie de l'action a lieu pendant les dialogues parlés et la musique ne comporte pas de récitatifs et ne contient que les airs et ensembles numérotés.
L'œuvre est légère et écrite pour l'amusement. Elle utilise la mode pour la musique exotique de l'empire ottoman récemment défait militairement. On y trouve de lamusique turque avec triangle, cymbales et grand tambour, à l'imitation des fanfares desjanissaires utilisées pour stimuler les soldats turcs. Comme beaucoup de comédies de ce temps-là, de nombreux éléments sont empruntés à laCommedia dell'Arte.
Les personnages de l'opéra montrent quelques stéréotypes turcs, surtout Osmin, le sinistre gardien du sérail du pacha, qui lance ses menaces de sa profonde voix de basse… alors qu'il s'agit d'uncastrat[réf. souhaitée]. Le thème principal est pourtant la clémence, thème qui sera repris dansLa Clémence de Titus, et le rôle du pacha est parlé.
La distribution de la création comporte les meilleurs chanteurs de l'époque, capables de surmonter les difficultés vocales présentes dans les airs. Ainsi l'air d'OsminWie will ich triumphieren descend deux fois jusqu'auré grave et c'estJohann Ignaz Ludwig Fischer qui a créé le personnage[10]. Constanze a plusieurs airs, dont le fameuxMartern aller Arten, où elle rejoint les grandes héroïnes de la mythologie et atteint le contre-ré, et son premier airAch ich liebte, également très tendu (11 contre-ré) ; ce rôle a été créé parKatharina Cavalieri[10], alors au sommet de sa virtuosité.
La complexité de l'écriture a surpris de nombreux contemporains. « Trop de notes, Mozart » aurait ditJoseph II[10].
Selon laNeue Mozart-Ausgabe (dme.mozarteum.at), l'orchestre doit se composer des instruments suivants : piccolo, deux flûtes, deuxhautbois, deux clarinettes et deux cors de basset, deux bassons ; deux cors, deux trompettes ; timbales, tambour allemand, triangles, cymbales, grand tambour (tambour Turc) ; cordes ; pianoforte ou clavecin[11].
Pour cet« opéra turc », Mozart a recours à certains instruments turcs et orientaux comme la grosse caisse, diverses cymbales et autres percussions, et emploie leflageolet pour rappeler la flûte turque.
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