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Diasystème roman de l'Est

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Diasystème roman de l'Est
PaysCroatie,Roumanie,Moldavie,Serbie,Grèce,Albanie,Macédoine du Nord
ÉcritureAlphabet latin,Alphabet grec,alphabet cyrillique
Classification par famille
Codes de langue
Glottologeast2714
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Lediasystème roman de l'Est désigne leslangues romanes orientales issues duproto-roumain, lui-même provenant de laromanisation desDaces et desThraces. Le diasystème roman de l'Est comprend au Nord ledaco-roumain (parlé enRoumanie et enrépublique de Moldavie, à l'Ouest l'istro-roumain (ou « istrien », parlé enIstriecroate), au Sud l'aroumain et lemégléno-roumain (parlés dans les Balkans et aussi appelés « macédo-roumain », « méglénite » ou « zinzare »). Les linguistes y incluent aussi le lexique latin présent enalbanais et engrec, mais non ledalmate qui provient de laromanisation de l'illyrien, ni leslangues italo-romanes parlées dans lapéninsule italienne au sud de laligne La Spezia-Rimini[1].

Certains linguistes roumains (notamment desXIXe et XXe siècles)[2] appellent « roumain » l'ensemble du diasystème roman de l'Est et considèrent le daco-roumain, l'istro-roumain, l'aroumain et le mégléno-roumain comme desdialectes d'une langue unique, mais d'autres[3] les considèrent comme des langues autonomes. Radu Flora est d'un avis différent, affirmant qu’aroumain etmégléno-roumain sont les deux groupes de dialectes d'une même langue romane orientale du Sud, tandis qu'istro-roumain et daco-roumain sont les deux groupes de dialectes d'une même langue romane orientale du Nord[4].

Tous cependant s'accordent sur le fait que le diasystème roman de l'Est résulte de la différenciation, entre lesXe et XIIIe siècles, d'une langue commune initiale appelée« roumain commun » ou « proto-roumain », issue de laromanisation desThraces qui a produit le « roman oriental » parlé par lesromanophones des Balkans, dont la présence auVIe siècle est mentionnée par les chroniqueursThéophane le Confesseur etThéophylacte Simocatta[5].

Place du diasystème roman de l'Est (en haut à droite en rouge) parmi leslangues romanes, et les influences subies.
Carte linguistique de l'Europe centrale et du Sud-Est : leslangues romanes orientales en bleu clair.
Diasystème roman de l'Est.
Évolution du diasystème roman de l'Est parmi les autres langues d'Europe du Sud-Est, avec les trois phases de la formation, de la cohabitation et de la séparation.
« Ligne Jireček ».
Diocèses romains deDacie et deThrace auvie siècle.
Dispersion linguistique desValaques dans lesBalkans et lesCarpates.

Le daco-roumain présente à son tourdeux groupes régionaux, du Nord (banatéen,transylvain,marmatien etmoldave[6]) et du Sud (olténien,munténien et dicien deDobrogée)[7],[8],[9],[10],[11],[12].

Les locuteurs du diasystème roman de l'Est se désignent par diverses variantes de l'endonymeromân, mais les étrangers les désignaient traditionnellement par la dénomination de « Valaques » et leurs territoires ou pays sont appelés des « valachies » (nom commun)[13].

Origines

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Lesorigines des locuteurs du diasystème roman de l'Est sont discutées, parfois pour des raisons scientifiques, plus souvent pour des raisons politiques, car lesÉtats actuels sur les territoires desquels ces langues ont évolué, tentent de s'enapproprier le passé en y projetant lesnations modernes (comme si elles s'étaient constituées dès l'Antiquité tardive ou le hautMoyen Âge) et leurhistoriographie minimise ou occulte les apports qu'elle perçoit comme exogènes (et qui pourraient légitimer des revendications territoriales de leurs voisins : voir les notes et la bibliographie des articlesThraco-Romains,Proto-roumain,Origine des roumanophones,Histoire de la Valachie,Romanies populaires etValaques).

Les sources secondaires modernes ne mentionnent généralement pas l'existence du diasystème roman de l'Est entre la fin de l'Empire romain et l'émergence des principautés médiévales deMoldavie etValachie (soit pendant plus d'un millénaire). Cette apparente « disparition de mille ans »[14] s'explique par l'influence desnationalismes desXIXe siècle,XXe siècle etXXIe siècle, qui réfutent avec véhémence la présence des locuteurs duproto-roumain tantôt au nord, tantôt au sud duDanube, selon le principe « absence de preuves irréfutables = preuve indubitable d'absence », cristallisant ainsi deux thèses historiques irréconciliables :

  • la thèse austro-hongroise et germanique, surnomméeAwarenwüste (« Désert desAvars »)[15], postule que les locuteurs du diasystème roman de l'Est sont apparus exclusivement au sud du Danube et ne sont venus au nord que tardivement après lesMagyars, le « droit valaque » n'étant rien d'autre qu'une exemption de taxes accordée par les rois hongrois àleurs nobles pour défricher des terres royales avec des ouvriers agricoles valaquesserfs, importés desBalkans[16] ; les thèses russes et soviétiques rejoignent ce point de vue afin d'affirmer que la présence des romanophones dans l'actuelle Moldavie est bien postérieure à l'arrivée desSlaves dont, notamment, lesOulitches et lesTivertses[17] ;
  • la thèse bulgaro-yougoslave postule que les locuteurs du diasystème roman de l'Est sont apparus exclusivement au nord du Danube et ne sont venus au sud que tardivement après lesSlaves et en très petit nombre[18].

Les partisans de ces deux thèses utilisent, pour se contredire les uns les autres, laméthode hypercritique[19] qui finit par tous les discréditer.

Les historiens qui refusent d'entrer dans cespolémiques se basent sur lalinguistique, latoponymie et l'archéologie pour en déduire que les locuteurs du diasystème roman de l'Est, principalementpasteurstranshumants durant les périodes anciennes, n'ont certes pas fondé de grands et puissants royaumes, mais n'ont pas pour autant été le seul peuple de la région à ne pas pouvoir franchir leDanube, lesBalkans et lesCarpates[20],[21] et se sont mélangés aux autres peuples dans tout le bassin du bas-Danube et au-delà, de laHongrie orientale à laPodolie et de l'Adriatique à laGrèce. Leurs études ne valident ni la thèse du « millénaire d'absence suivi d'une inexplicable réapparition », ni celle duroumain qui descendrait en « droite ligne » dudace romanisé, thèses qui ont incité des historiens roumains commeGheorghe I. Brătianu à qualifier lesRoumains d'« énigme et miracle historique »[22], et queNeagu Djuvara brocardait dans un entretien de2008 :« Les arguments des thèses antagonistes peuvent tous être contestés, mais ils ont le mérite d'exister, tandis qu'aucun faitarchéologique et aucune source écrite n'étaye l'hypothèse d'une disparition pure et simple des langues romanes orientales pendant mille ans… »[23].

En effet, si l'on tient compte dusuperstratslave dans le diasystème roman de l'Est et en albanais, et dusubstrat partiellement ou entièrementromanisé dans les langues slaves des Balkans et en albanais, on parvient à la conclusion qu'il n'y a pas de « droite ligne », mais des influences croisées multiples pour toutes leslangues des Balkans, qui ont d'ailleurs mené à la constitution d'une « Union linguistique balkanique »[24] caractérisée, au-delà des origines différentes de ces langues, par une mêmetypologie prédominante, avec des traitsmorphologiques,syntaxiques etlexicaux communs[25].

Selon ces chercheurs, dans les Balkans et au nord du Danube :

  • les lieux ayant conservé leur appellation antique ont évolué selon deslois phonétiques propres auxlangues slaves, ce qui conclut à une occupation slave des piémonts et des plaines dans tout cet espace, les Slaves se mélangeant aux ancêtres desAlbanais et auxThraco-Romains, et intercalant leurs « sklavinies » entre les « valachies » de ces derniers ;
  • l'albanais et le diasystème roman de l'Est ont emprunté une bonne partie de leur vocabulaire maritime et halieutique ancien augrec, ce qui indique que les locuteurs de ces langues vivaient à l'intérieur des terres, les régions côtières des Balkans et de lamer Noire restant à majorité grecque ;
  • les mots communs entre l'albanais et du diasystème roman de l'Est ne proviennent ni dudaco-thrace, ni de l'illyrien, langues dont on ne connaît presque rien car elles ont disparu en seromanisant, mais duthraco-roman et de l'illyro-roman qui se sont substituées aux langues antérieures à la manière dugallo-roman remplaçant leceltique enGaule. Cela montre une implantation albanaise ancienne plus orientale qu'aujourd'hui, et une implantation des langues romanes orientales plus vaste qu'aujourd'hui, le contact entre ces deux ensembles se situant dans leKosovo et laSerbie actuelle.

Si l'on prend ces faits en compte, l'origine du diasystème roman de l'Est est à rechercher :

  • sur le plan paléolinguistique, à la croisée des influences latines orientales ayant romanisé les populations thraco-illyriennes des Balkans, et des influencesvieux-slaves, au contact du proto-albanais ;
  • sur le plangéographique, dans le bassin du bas-Danube, au contact à la fois des ancêtres des Albanais et des Slaves, dans une aire géographique à cheval sur les actuellesSerbie,Roumanie etBulgarie, forcément au nord de laligne Jireček et au sud des anciennes frontières de l'Empire romain. L'étendue exacte de cette aire géographique ne pouvant être déterminée, et la probabilité qu'elle ait largement fluctué au cours du temps étant évidente, les historiens la représentent (quand ils ne l'ignorent pas) de manière très différente : les historiens des pays voisins de la Roumanie, mais aussi les historiens occidentaux et russes (Hans-Erich Stier,Westermann grosser Atlas zur Weltgeschichte[26]) la réduisent à de tout petits territoires, soit en Serbie méridionale, soit au centre de laValachie, soit dans le sud de laTransylvanie ; les historiens roumains lui donnent davantage d'étendue (mais surtout dans l'actuelle Roumanie), tandis que ceux d'originearoumaine commeNeagu Djuvara dansComment est né le peuple roumain[27] la placent, sans en préciser les contours, à cheval sur le Danube, enDacie méridionale, enMésie, enScythie mineure et dans lesdiocèses romains de Dacie et de Thrace. C'est ultérieurement, à partir duXe siècle) que le proto-roumain a commencé à se différencier, lesvariantes du nord subissant une influencehongroise etgermanique médiévale, tandis que lesvariantes du sud subissaient une influencegrecque médiévale.

Traits communs des idiomes du diasystème roman de l'Est

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Les ressemblances entre lesidiomes du diasystème roman de l'Est consistent tout d'abord dans la profondeur desmodifications phonétiques qui s'y sont opérées par rapport aulatin, puis dans leur structuregrammaticale, enfin dans leurlexique fondamental.

Il y a non seulement des traits communs hérités du latin, mais aussi des innovations communes, datant de la période du proto-roumain et même ultérieures, parallèles, par exemple ladésinence-m de la premièrepersonne dusingulier de l'imparfait, ou lapalatalisation deslabiales.

Il y a davantage de ressemblances entre les trois idiomes sud-danubiens qu'entre ceux-ci et le daco-roumain. Parmi lesvariétés régionales de ce dernier, ceux de l'Ouest (du Banat, d'Olténie) ressemblent davantage aux idiomes sud-danubiens que les autres.

Phonétique et prosodie

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Évolution des voyelles

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Lesvoyelles latines ont évolué d'une façon en général semblable dans le diasystème. L'ordre des langues dans les exemples est : latin | roumain | aroumain | mégléno-roumain | istro-roumain | français[28].

  • [u] et[uː][29] >[u] :
LŬPUS >luplup, lúpŭ[30]lupluploup
GŪLA >gurăgurãgurăgurę, ɣura[31],[32]bouche
  • confusion entre[i] et[eː] >[e] :
LIGŌ >leglegleglegje lie
TRĒS >treitreitrei̯trei̯trois
FĔRRUM >fierher, hĭerŭ[30]i̯erfl'erfer
  • diphtongaison de[i] tonique (>ea), son évolution à[ε] en istro-roumain :
LIGAT >leagăleagãleagălęgęil/elle lie
  • diphtongaison de[o] tonique (>oa), à l'exception de l'istro-roumain, où il est resté[o] :
NOCTEM >noaptenoapti, noapte[33]noaptinuit
  • fermeture des voyelles suivies de[n] intervocalique :
[a] >[ə],[ɨ] ou[ɔ]LĀNA >lânălãnãlǫnălârę, lâra[32]laine
[e] >[i]VENIT >vineyini, vinji[33]vinivireil/elle vient
[o] >[u]BONUS >bunbunbun, búnŭ[30]burbon
  • fermeture des voyelles prétoniques[34] :
[a] >[ə][35]CADĒRE >căderecãdeari, cãdeare[33]cădearichute
[o] >[u]DOMINICA >duminicăduminicãduminicădumirekę, dumireca[32]dimanche
  • fermeture des voyelles atones finales :
[a] >[ə], en istro-roumain[ε]CASA >casăcasãcasăcåsę[36]maison
[o] >[u]AFFLŌ >afluafluafluåfluj'apprends (une nouvelle)
  • [i] atone final >[j][37] en roumain,[j] en aroumain, disparu dans les deux autres :
LUPĪ >lupi[lupʲ]lúchĭ[38]lupluploups
  • chute de[u] atone final, sauf dans certaines variétés régionales aroumaines, où il est devenuŭ (semi-voyelle) :
LUPUS >lupluplup, lúpŭ[30]luploup

Évolution des consonnes

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Lesconsonnes et groupes de consonnes latins on subi les évolutions suivantes :

[k]FOCUS >focfoc, fócŭ[30]focfocfeu
[p]*CAPUM[39] >capcap, cápŭ[30]capcåptête
[t]TOTUS >tottot, tótŭ[30]tottottout
  • conservation de[s] intervocalique :
CASA >casăcasãcasăcåsę, cåsa[32]maison
  • chute de[b] et de[v] intervocaliques :
CABALLUS >calcal, cálŭ[30]całcheval
OVIS >oaieoai, oae[33]u̯ai̯eoi̭emouton
  • exception commune :
HABĒRE >aveaavereaveari, aveare[33](a)vę[40]avoir
MOLA >moarămoarãmoarămoręmoulin
  • évolution de[ll] intervocalique:
[ll] >[w], en istro-roumain[v]STĒLLA >stea(uă)steauãsteau̯ăstę(vu)étoile
[ll] >[l]CALLIS >calecali, cale[33]calicålevoie
[k] >[t͡ʃ] ou[t͡s]CAELUM >certsertserčer, țer[41]ciel
[t] >[t͡ʃ]*FETIOLUS >feciorficior, ficĭórŭ[30]fitšorfečor, fețor[41]jeune homme
[t] +[ia] ou[iu] atone >[t͡s]TITIA >țâțătsãtsãtsǫtsătița[42]mamelle
[g] >[d͡ʒ],[d͡z],[ʒ] ou[z]GENUC(U)LUM >genunchidzinucljuzinucl'užeruŋclʼu,zeruŋcl'u[41]genou
[d] >[ʒ],[gj] ou[z]DEOSUM ouDIOSUMjosnghios, nghĭósŭ[30]josžos, zos[41]en bas
  • évolution de[kʷ] et[gʷ] +[e] ou[i] pareille à celle de[k] et[g] :
[kʷ] +[e] ou[i] >[t͡ʃ] ou[t͡s]CINQUE >cincitsintsitsintsčinč, ținț[41]cinq
[gʷ] +[e] ou[i] >[d͡ʒ],[ d͡z],[ʒ] ou[z]SANGUEM >sângesãndzi, sãndze[33]sǫnzisânže, sânze[41]sang
  • [kʷ] +[a] >[p] :
AQUA >apăapãapu, apăåpę, åpa[32]eau
QUATTUOR >patrupatrupatrupatruquatre
  • [gʷ] +[a] >[b] :
LINGUA >limbălimbãlimbălimbę, limba[32]langue
  • conservation des groupes[bl],[pl] et[fl] :
*BLASTEMŌ >blestemblastimblastimje maudis
PLĒNUS >plinmplinạmplinplirplein
INFLĀRE >umflareumflari, umflare[33]anflari, amflari[33]âmflå[42]gonflement
  • palatalisation de[l] (>[ʎ]) dans les groupes[kl] et[gl], sa chute en roumain :
CLĀMŌ >chemacljem, acljĭémŭ[30]cl'emcl'emj'appelle
*GLEMUS >ghemgljem, glĭémŭ[30]gl'emgl'ęmpelote
  • [gn] >[mn] :
LIGNUM >lemnlemnulemnlemân[42]bois (le matériau)
  • [ks] >[ps] :
COXA >coapsăcoapsãcuisse
  • [kt] >[pt] :
LACTEM >laptelapti, lapte[33]laptilåptelait
*CUBIUM >cuibcuibucui̯bcul'ib, cui̯ib[43],col'ub[42]nid

Accentuation

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L'accent peut frapper n'importe laquelle des cinq dernièressyllabes, ayant une valeur fonctionnelle, c'est-à-dire que la place de l'accent différencie les sens lexicaux ou grammaticaux ce certains mots, par exemple[a't͡ʃele] « ces ... là » (féminin) vs['at͡ʃele] « les aiguilles »,cântă['kɨntə] « il/elle chante » vs[kɨn'tə] « il/elle chanta ».

Grammaire

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Le système grammatical des idiomes romans de l'Est présente lui aussi des traits communs[44].

Morphologie

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Les ressemblances dans le systèmemorphologique sont les suivants :

  • Legenre neutre est conservé, mais réorganisé, devenu ausingulier identique au masculin, et aupluriel identique au féminin, ce qui ressort de la forme desdéterminantsaccordés avec lesnoms de ce genre :un animal,două animale « un animal, deux animaux ».
  • Malgré de nombreuses exceptions, dans la formation du pluriel des noms et desadjectifs, les désinences typiques aunominatif sont-e et-le au féminin,-i au masculin,-uri au neutre :case « maisons »,stele « étoiles »,lupi « loups »,locuri « lieux ».
  • La désinence-e degénitif-datif au féminin singulier et la désinence-e devocatif au masculin singulier se sont conservées :unei fete « d'une fille / à une fille »,Hei, băiete ! « Hé ! Le garçon ! »
  • Laflexion comporte de nombreusesalternances phonétiques (vocaliques et consonantiques)[45] :o faunei fete « une fille – d'une fille / à une fille »,băiatbăii « garçon – garçons ».
  • L'article défini est postposé et la déclinaison concerne plutôt lesarticles défini et indéfini que le nom :lupullupului « le loup – du loup / au loup »,un lupunui lup « un loup – d'un loup / à un loup ».
  • Il existe desarticles démonstratifs (cel, cea, cei, cele) et desarticles possessifs (al, a, ai, ale) :Alexandrucel Mare « Alexandrele Grand »,Casa noastră este mică, dara părinților mei este mare. « Notre maison est petite, maiscelle de mes parents est grande. »
  • Lecomparatif se forme avec l'adverbemai :mai mare « plus grand(e) ».
  • Lesnuméraux cardinaux de 11 à 19 ont la structure du chiffre + laprépositionspre « vers » +zece « dix » :doisprezece « douze ».
  • Les numéraux ordinaux ont les structures :
    • au masculin et au neutre : article possessif + numéral cardinal + l'article défini-le + la particule-a :al doilea « le deuxième » ;
    • au féminin : article possessif + numéral cardinal + l'article défini-a confondu avec la particule-a :a doua « la deuxième ».
  • Dans la déclinaison despronoms personnels se sont conservées les formes toniques d'accusatif évoluées de *MENE et *TENE :mine « moi »,tine « toi ».
  • Le féminin-neutre pluriel desadjectifs-pronoms possessifs se forme avec la désinence-le :mele « mes/miennes »,tale « tes/tiennes »,sale « ses/siennes ».
  • Les quatre groupes de conjugaison du latin se sont conservées :a cânta « chanter »,a părea « paraître »,a bate « battre »,a dormi « dormir ».
  • Lemorphème principal dusubjonctif est laconjonction :Vreau mă asculți. « Je veuxque tu m'écoutes. »
  • Il y a desverbes appelés « àsuffixe » à l'indicatif présent et au subjonctif présent,1re et4e conjugaisons :lucrez « je travaille » (1re conj.),mă căsătoresc « je me marie » (4e conj.) ;
  • Lepassé composé se forme avec leverbe auxiliairea avea « avoir » pour tous les verbes :am mâncat « j'ai mangé »,am venit « je suis venu(e) ».
  • Lefutur a pour auxiliairea voi « vouloir » :voi cânta « je chanterai »[46].
  • Leconditionnel présent se forme avec l'auxiliairea avea : cânta « je chanterais »[46]
  • Il y a desverbes pronominaux à valeur passive :Se face ușor « Ça se fait facilement ».
  • Les formesam « j'ai » (1re personne du singulier) etare « il/elle a » (3e personne du singulier) du verbea avea sont communes.

Syntaxe

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Les structuressyntaxiques des idiomes romans de l'Est ont elles aussi des traits communs, certains à tous, d'autres non pas à tous. Leur spécificités principales sont :

  • la restriction de l'emploi de l'infinitif et son remplacement par le subjonctif dans lespropositions subordonnées ayant le mêmesujet que laproposition principale (Vreau să plec « Je veux partir »,Am venit ca să rămân « Je suis venu(e) pour rester »), à l'exception de l'istro-roumain :Vreț âl ântrebå? « Vous voulez lui demander ? »,Męre lucrå « Il/Elle va travailler »[47] ;
  • la possibilité de ne pas exprimer le sujet par un pronom personnel, mais de l'inclure, de l'exprimer par la désinence du verbe :Vorbește « Il/Elle parle » ;
  • l'expression du mêmecomplément d'objet personne par un nom et par le pronom personnel complément d'objet conjoint qui lui correspond (O iubeștepe Maria « Il/Elle aime Marie »,Îi aratădirectorului dosarul « Il/Elle montre le dossier au directeur »), sauf en istro-roumain, où faute decontexte adéquat il y a risque de confusion :Bovu ântręba åsiru « Le bœuf demande à l'âne » ou « L'âne demande au bœuf[48] ;
  • l'ordre des mots relativement libre, en istro-roumain très libre ;
  • laconcordance des temps relativement libre.

Lexique

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Lelexique des idiomes romans de l'Est est plus différent de l'un à l'autre que leurs structures grammaticales, à cause de leurs sources d'emprunts, qui ne sont pas les mêmes pour tous. Traits communs[49] :

  • mots latins conservés seulement dans les idiomes romans de l'EstA(D)STERNO >aștern « j'étends, j'étale »,LINGULA >lingură « cuillère » ;
  • mots latins dont le sens d'origine ne s'est conservé que dans ces idiomes :ANIMA >inimă « cœur »,TENER >tânăr « jeune » ;
  • mots latins qui ne se sont pas transmis dans ces idiomes et ont été remplacés par d'autres mots latins ou non latins :
    • GRANDIS remplacé parMARE (latin) >mare « grand » ;
    • PLORO remplacé parPLANGO (latin) >plâng « je pleure » ;
    • CENTUM remplacé parsută (slave) « cent » ;
  • mots communs supposés provenir dusubstrat thrace-dace, existant enalbanais aussi :cătun « petit village »,copac « arbre »,moș « vieillard »,sâmbure « noyau »,țap « bouc » ;
  • mots etaffixes lexicaux communs d'origine slave :
    • babă « vieille femme »,coasă « faux »,nevastă « épouse »,a plăti « payer »,slab « maigre, faible » ;
    • lepréfixe négatifne- :nefericit « malheureux » ;
    • le suffixediminutif féminin-iță :fetiță « fillette »,școlăriță « petite écolière ».

Différences

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L'intelligibilité mutuelle entre les idiomes du diasystème roman de l'Est n'est que partielle, à cause de l'isolement prolongé entre eux. Au sud du Danube, seuls l'aroumain et le mégléno-roumain sont relativement proches l'un de l'autre. Par conséquent, les idiomes du diasystème roman de l'Est ont subi des influences étrangères différentes, surtout en ce qui concerne le lexique :grecque et albanaise sur l'aroumain,macédonienne sur le mégléno-roumain,croate sur l'istro-roumain,hongroise et celle des autres langues romanes (latin savant,français,italien) sur le daco-roumain[50].

En détail sur les différences, voir les articlesRoumain,Aroumain,Mégléno-roumain etIstro-roumain.

Notes et références

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  1. Lorenzo Renzi,(it)Nuova introduzione alla filologia romanza, éd. Il Mulino, Bologne,(ISBN 88-15-04340-3).
  2. Gustav Weigand (de) (Marius Sala, dir.,Enciclopedia limbilor romanice - « Encyclopédie des langues romanes » - Bucarest, Ed. Științifică și Enciclopedică, 1989,(ISBN 973-29-0043-1),p. 275).
  3. George Giuglea, Alexandru Graur ou Ion Coteanu, voir Sala 1989,p. 275.
  4. Radu Flora est un linguiste originaire de laminorité nationale roumaine deVoïvodine (Serbie) : voir Sala 1989,p. 158.
  5. Ovid Densușianu,Sextil Pușcariu, Theodor Capidan et Alexandru Rosetti dans sonIstoria limbii române - « Histoire du roumain » - 2 vol., Bucarest, 1965-1969.
  6. Il ne faut pas confondre le « parler moldave » reconnu par tous leslinguistes, et pratiqué enMoldavie aussi bienroumaine qu'indépendante, avec l'appellation politique « Moldave » de la langue roumaine moderne enURSS et dans les états issus de ladislocation de l'URSS, y compris la Moldavie entre 1994 et 2023.
  7. Ion Penișoară, « Aspects dialectaux du parler de Dobroudja », in :Annales duXe symposium d'onomastique, Cluj, 26-28 octobre 1993
  8. George Vâlsan,Graiul românesc, I, 1927, nr. 7,p. 142 etŒuvres posthumes, Bucarest, 1936,p. 49 ; en outre, le parler « Dicien » est mentionné dans ces deux ouvrages :[1],[2].
  9. T. Mateescu, « Les paysans de Dobroudja », inAnnuaire de l'institut d'histoire et d'archéologie A.D. Xenopol, XIX, 1972
  10. M. Guboglu,Catalogue des sources primaires ottomanes, I, Bucarest 1960.
  11. D. Șandru, LesMocans en Dobroudja, Bucarest 1946,p. 13
  12. E. Mateș,Les pasteurs transylvains dans les Principautés et en Dobroudja, Arad, 1925,p. 187-188.
  13. Selon les historiens Giurescu, Iorga et Xenopol, il y a eu historiquement des dizaines de valachies, équivalent romanophone dessklaviniesslaves : les trois principautés à majorité roumanophone deTransylvanie,Moldavie etValachie jadis respectivement cartographiées « Valachie intérieure », « Bogdano-Valachie » et « Hongro-Valachie », et par ailleurs le despotat deDobrogée, les « Vlašina », « Vlašić », « Vlahina » et « Romanja Planina » de l'ancienneYougoslavie, la « Megali Valacheia » deGrèce septentrionale et deMacédoine, et la « Valachie morave » (Moravsko Valaško), à l'est de l'actuelleRépublique tchèque. Toutefois il faut remarquer que les trois principautés à majorité roumanophone résultent elles-mêmes de la fusion de valachies antérieures plus petites, régies par le « droit valaque » et nomméesțări ouținuturi en roumain ouvlachföldek enhongrois (cas desvoïvodats ou pays deMarmatie,Oaș, Crasna, Lăpuș, Năsăud, Gurghiu, Bihor, Montana, Amlaș, Cibin et Făgăraș en Transylvanie ; Strășinețul, Baia (Mulda), Soroca, Hansca, Bârladul et Tințul-Tigheciul en Moldavie ; Severin, Motru, Jaleș, Gilort, Lotru, Argeș et Muscel en Valachie).
  14. L'illusion historiographique d'une disparition totale du diasystème roman de l'Est durant mille ans, suivie d'une réapparition inexpliquée, est illustrée par un très grand nombre de cartes numériques concernant l'Antiquité tardive et duhaut Moyen Âge dans les sources secondaires.
  15. Eduard-Robert Rössler,(de)Romänische Studien : untersuchungen zur älteren Geschichte Rumäniens, Leipzig, 1871
  16. Béla Köpeczi (éd.),(en)History of Transylvania, 3 vol. , Boulder 2001-2002.
  17. Вернадский, Георгий Владимирович (Gueorgui Vladimirovitch Vernadski) История России (Histoire des peuples russes) sur:Образование Киевской Руси (839—878 гг.)
  18. Roumen Daskalov, Alexander Vezenkov,(en) « Entangled Histories of the Balkans - Shared Pasts, Disputed Legacies » Vol. III inBalkan Studies Library, Brill 2015,(ISBN 9004290362), pp. 289-316.
  19. « Hypercritique », surCntrl
  20. A. Drăgoescu (ed.),(en)History of Transylvania, 2 vol. , Cluj/Kolozsvar, 1997-1999.
  21. François Bédarida, « les responsabilités de l'historien "expert" », dans Jean Boutier, Dominique Julia,Passés recomposés. Champs et chantiers de l'histoire,Autrement,no 150-151, janvier 1995, 349 p.(ISBN 9782862605166),p. 138.
  22. Gheorghe Brătianu,(ro)O enigmă și un miracol istoric: poporul român, ed. Fundația Academia Civică, Bucarest 2019,(ISBN 9786068924069)
  23. Neagu Djuvara sur[3]
  24. Pollo & Buda (1969) et Pollo & Arben (1974) écrivent que« le mythe de la droite ligne, hérité duXIXe siècle a été élevé au statut de dogme par les régimes communistes ». Kersaudy, historien et traducteur, décrit des langues« formées sur un fond thraco-illyrien vers leVIe siècle, ayant subi des processus successifs delatinisation puis deslavisation encore sensibles dans les langues modernes. » Enfin le collectif Schwandner-Sievers (2002) réduit les hypothèses de la « droite ligne » au rang de simplesmythes.
  25. Les faits linguistiques de l'« Union linguistique balkanique » s'expliquent dans un ensemble phylogénétiquedaco-thrace (groupe satem de l'ensemble thraco-illyrien) selon Georgiev (1960a, 1960b, 1961, Kortlandt (1988 ), Russu (1969), Sergent (1995).
  26. Hans-Erich Stier (dir.),Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte, 1985,(ISBN 3-14-100919-8)
  27. Neagu Djuvara,Comment est né le peuple roumain, éd. Humanitas, 2001,(ISBN 973-50-0181-0)
  28. Les exemples proviennent deDexonline,Cunia 2010,Capidan 1935,Kovačec 1998 etSala 1989.
  29. Le signeː marque une voyelle longue.
  30. abcdefghijk etlVariantes régionales, la seconde dans la transcription phonétique de Cunia 2010.
  31. Pour la graphie de l'aroumain, on applique ici l'alphabet adopté au Symposium de standardisation de l'écriture de l'aroumain ayant eu lieu àBitola en août1997, et la transcription phonétique deCunia 2010, pour le mégléno-roumain la notation deCapidan 1935, et pour l'istro-roumain celle deKovačec 1998.
  32. abcde etfLa première variante istro-roumaine dans sesparlers du sud, la seconde dans celui deŽejane. Dans celle-ci, la forme sansarticle se termine en-a, comme celle àarticle défini.
  33. abcdefghi etjVariantes régionales.
  34. Située avant la voyelle accentuée du mot.
  35. Sauf en istro-roumain.
  36. Seulement dans les parlers du sud, dans celui de Žejane c'est[a] (forme sans article qui se confond avec celle à article défini).
  37. [j] à peine perceptible, appelé aussi « chuchoté ».
  38. Transcription phonétique deCunia 2010
  39. L'astérisque marque les mots non attestés et reconstitués par des linguistes.
  40. En istro-roumain, seule la forme dite brève de l'infinitif s'est conservée.
  41. abcde etfDans le parler deŠušnjevica on prononce[t͡s] au lieu de[t͡ʃ] et[z] au lieu de[ʒ].
  42. abc etdDans le parler de Žejane.
  43. Seulement dans le parler de Šušnjevica.
  44. Section d'aprèsSala 1989,p. 275-276, sauf les informations des sources indiquées à part. Les exemples illustrant les traits communs sont seulement roumains.
  45. Changement de la nature de certainssons duradical d'un mot au cours de la (déclinaison et de laconjugaison).
  46. a etbPană Dindelegan 2013,p. 4.
  47. Kovačec 1998.
  48. Naroumov 2001,p. 669.
  49. Section d'aprèsSala 1989,p. 276.
  50. Sala 1989,p. 276.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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