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Diaspora savoyarde

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Ladiaspora savoyarde désigne lesmouvements migratoires des populations issues de laSavoie — désignant actuellement les deux départements de laSavoie et de laHaute-Savoie — au cours des différentes périodes de l'Histoire, et notamment duXVIIIe jusqu’au milieu duXXe siècle.

LaSavoie est également devenue une terre d'immigration vers la toute fin duXIXe siècle et de manière plus importante au cours du siècle suivant.

Histoire

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Les migrations savoyardes sont, selon Gilbert Maistre, spécialiste de l'émigration locale,« une donnée permanente et un fait majeur de la géographie humaine duduché »[1]. L'historien Abel Poitrineau (1924-2013) qualifie ce phénomène, dans un essai publié en 1982, deRemues d'hommes[2], c'est-à-dire une migration temporaire afin de restreindre notamment le nombre de bouches à nourrir durant la saison hivernale[3]. Tant les destinations que les causes des départs sont diverses, selon les périodes. Les aires de réceptions sont principalement les régions voisines — France, Italie, ou pays alémaniques (Alsace, Allemagne, Autriche, Suisse) — ou encore leNouveau Monde, l'Afrique du Nord ou la Russie. Cette migration traditionnelle répond entre autres au manque de ressources locales suffisantes pour subvenir à une population nombreuse, à la nécessité de trouver un complément financier durant la longue période d'hiver ou encore d'obtenir un meilleur niveau de vie.

Migrations au Moyen Âge

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Au cours de la période médiévale, lesSavoyards émigrent principalement au sein desÉtats de Savoie (Piémont etPays de Vaud) ainsi que vers les régions voisines telles que laFranche-Comté,Genève, mais également laLorraine (et plus généralement les divers pays de langues germaniques) ainsi qu'enFrance, notamment en régionslyonnaise etparisienne[4][réf. à confirmer].

Migrations contemporaines

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Les migrations savoyardes, auXVIIIe siècle, sont saisonnières, puis deviennent définitives au cours duXIXe siècle. Les destinations se font dans un premier temps dans les régions voisines (France, Suisse, Italie, Saint-Empire), puis tendent à se diriger vers des destinations plus lointaines. Elles sont aussi marquées par son histoire et les liens avec la France, puisqu'elle a été« rattachée à la république française à partir de 1792 puis au premier empire, la Savoie a connu la conscription dans les armées de la révolution puis dans les armées napoléoniennes »[5].

Au début duXIXe siècle, la population du duché est estimée à583 000 habitants, correspondant à son sommet démographique[2]. Au cours des années 1830-1840, selon le témoignage de Joseph Depoisier (1811-1878)[Note 1], le nombre de départs était de30 000 par an[2].

Un rapport de recherche pour leMusée savoisien intitulé « Les flux migratoires en Savoie et Haute-Savoie 1860-2015 » (2018) précise, qu'après que l'ancienduché de Savoie a été intégré à la France, en 1860, ledépartement de la Savoie est moins touché par le phénomène migratoire que le département voisin de laHaute-Savoie, qui possède par ailleurs« une proportion presque deux fois moindre d’étrangers dans sa population globale »[5].

... vers la France

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Les destinations sont diverses, d'abord dans les villes et régions voisines (cantons suisses, Lyon), mais avec l'annexion révolutionnaire de 1792, ils se dirigent de plus en plus versParis[7],[8].

Population : nombre d'habitants de1860 à1926[9]
AnnéesSavoieHaute-Savoie
1860275 039267 496
1866271 663273 768
1876268 361273 801
1896259 790265 872
1901254 781263 803
1911247 890255 137
1921225 034235 668
1926231 210245 317

Si on estime à environ30 000 départs annuellement auXVIIIe siècle, il y aurait100 000 Savoyards vivant en France dans au début desannées 1840, soit environ« 18 % de la population totale duduché »[10],[11]. L'historienPaul Guichonnet souligne qu'avec20 000 migrants en 1834 et42 000 résidents en 1860,« Paris est devenu la plus grande ville savoyarde, puisqueChambéry ne compte que19 000 habitants etAnnecy, 10 000 »[10],[11]. Au niveau local, ces dynamiques migratoires jouent sur le nombre d'habitants de certaines communes ou vallées touchées par le phénomène. Ainsi à partir des années 1886, les deux départements savoyards perdent des habitants (-7 %). En un demi-siècle, ceux-ci connaissent une baisse de leur population, à -9,87 % pour laSavoie et -4,62 % pour laHaute-Savoie. Sans prendre en compte les travailleurs saisonniers qui se dirigent vers les régions lyonnaise ou parisienne ou encore le sud de la France, la perte brute pour les départements savoyards est estimé à100 000 habitants[12].

Le directeur du Musée Municipal de Thônes, François Cochat, observe dans son histoire duGrand-Bornand que le nombre d'habitants de la commune,« qui avait été de 2 400 habitants était tombé [en 1859] à 1995. La cause de cette diminution se trouvait justement dans l'émigration qui enlevait chaque année au pays la fleur de sa jeunesse. C'était alors un véritable besoin pour les jeunes de 18 à 24 ans de se rendre à Paris. Aussi était-il rare de trouver dans la vallée un jeune homme de cet âge n'ayant pas visité la grande ville. Vers 1850, le Grand-Bornand comptait 5 à 600 de ses enfants à l'étranger »[13].

En France, ces immigrés étaient souvent mal vus par les Français. On pouvait ainsi voir, sur des affiches parisiennes datant de 1850, qu'ils étaient accusés de monopoliser les emplois et de prendre la richesse française en épargnant excessivement. Ces affiches vont même jusqu'à proposer une imposition supplémentaire, de peur que cela malmène l'économie du pays[14].

... vers l'Europe

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... vers le Nouveau Monde

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Premier contingent d'immigrants savoyards en route pour le Lac-Saint-Jean, 16 mai 1904

AuXIXe siècle, les migrations savoyardes suivent le flux des différentes migrations européennes à destination du continent américain, notamment leCanada (notamment la province de laSaskatchewan), lesÉtats-Unis (principalement l'État de l'Ohio ou encore laLouisiane), leMexique ou encore l'Argentine)[15],[16].

Le chanoineMarcel Dechavassine (1905-1965), dans sa synthèse sur la migration desFaucignerands vers l'Amérique, rappelle que les raisons de ces départs de Savoie ne sont ni la misère, ni les charges fiscales, mais un accroissement démographique conséquent[17]. Les choix des destinations diffères selon les provinces, le chanoine Dechavassine fait remarquer que les habitants du Faucigny se tournent plutôt vers le Canada (et l'Afrique du Nord), tandis que ceux du Chablais se dirigent vers l'Argentine[17]. Le phénomène s'accroit notamment à partir des années 1870 avec le vignoble ravagé par lephylloxéra, mais aussi la crise l'industrie horlogère suisse dont est tributaire une partie de la population savoyarde[17]. Par ailleurs, le choix de la migration semble favorable à l'enrôlement dans l'armée sarde (guerre de Crimée,guerres d'indépendance italiennes)[17].

La migration vers l'Argentine se développe, et ce sont pas moins de 4 000 Savoyards qui partent entre 1860 et 1914. Arrivés àSan José de Feliciano, les colons savoyards partent s'installer notamment dans les nouveaux villages San José (1858), deVilla Elisa (1890) etColón (1890) dans laprovince d'Entre Ríos[15],[18]. Cette émigration a été étudiée notamment par l'historien savoyardClaude Châtelain[15]. Ce dernier estime que le tout premier colon savoyard à s'être installé dans cette partie du monde remonte au tout début des années 1820. En effet, ce savoyard, Antoine Dunoyer (né en 1810), est un négociant installé à Buenos Aires et originaire deMontmélian[15],[19]. Il est Consul général de Sardaigne depuis 1849[20]. Ce dernier, avec son frère Gabriel, architecte à Chambéry, diffusent à travers la presse du duché les possibilités offertes aux candidats pour le Nouveau Monde[21]. Ils font notamment publier une brochure « Émigration savoisienne - Renseignements à la classe ouvrière ; République de La Plata (1853-1854) »[21]. Parmi les Savoyards partis en Argentine,Claude Martin, originaire de l'Avant-Pays savoyard, s'enrichit dans le commerce et revient s'installer àChambéry où il devient bienfaiteur de la ville[22].

La présence savoyarde sur les terres desÉtats-Unis débute au tout début duXIXe siècle[23].Nicolas Girod joue un rôle comparable à celui d'un consul pour cette région[23]. Ce dernier est venu enLouisiane avec deux de ses frères, des neveux et un peu plus d'une vingtaine d'habitants de Thônes, selon chanoine Pochat-Baron[24],[25]. Nicolas Girod deviendra maire de laNouvelle-Orléans, le premier de 1812 jusqu'à sa démission en 1815[25],[24]. Son neveu, Joseph-Marie Girod, aurait été aussi, dit-on, le tout premier magistrat de cette ville[25],[24]. Les Thonains partis en Amériques sont appelés les « Anglais de Thônes »[25]. Dans le sillage des Girod, des Faucignerands, notamment originaires de Samoëns[23].

Quelques individus partent s'installer dans la partie sud duChili, en provenance des villages deBrizon et deMont-Saxonnex[26].

Il faut attendre l'année 1873, pour que laNouvelle-France soit proposée comme lieu d'émigration[19],[27]. Les premiers départs enregistrés se font notamment dans la région deBonneville, avant de toucher larégion rochoise (Amancy, Arenthon, Saint-Sixt)[28]. Une colonie constituée de Chablaisiens et de Faucignerands s'installent àDuck Lake (Saskatchewan), dans la partie nord du Canada[28].

... vers l'Afrique du Nord

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L'implantation des Savoyards en Afrique du Nord et notamment enAlgérie, et plus particulièrement dans la région deSétif, dans l'Est, est due notamment à laCompagnie genevoise des colonies suisses[29]. Cette migration débute à partir desannées 1850[29]. Sur les 10 villages installés, deux — Mahouane etEl Ouricia — sont habités par des Savoyards, originaires principalement de la région annécienne[29].

Dans un article concernant l'émigration des populations de laprovince du Faucigny, le chanoine Dechavassine note que l'Algérie est la terre de prédilection d'émigration dans cette région, à partir des années 1870 (surtout entre 1873 et 1878)[29]. Cette période est surtout liée à la crise horlogère[17],[29]. L'auteur tient un décompte du nombre de migrants par villages, et indiquent que les familles faucignerandes se trouvent sur les hauts plateaux sétifiens, énumérants :« il y a àAmpère, des Orsat, deLa Rivière-Enverse, et des Millet, deMarignier ; àSt-Donat, àSt-Arnaud : des Crochet, dePeillonnex, desGervais, deMarnaz ; àLa Fayette, àAïn-Abessa : des Blanc, des Guyot, deMégevette ; des Dussaix, Perrier et Robert, deThyez ; à Fermatou, des Tournier, deBonneville ; plus au sud, dans la région deColbert, on trouve encore des Saulnier, deVougy, sans compter tous les autres noms qui ont échappé à notre investigation. »[29] Il poursuit« sur les familles venues de Savoie pour habiterJemmapes ouAuribeau plusieurs sont originaires deNangy »[29].

... vers l'Égypte et l'Afrique de l'Ouest

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L'Égypte et sa région attire certains aventuriers savoyards, originaires notamment de Maurienne. En 1831,Jacques Brun, dit Antoine Brun-Rollet s'y rend et fait du commerce avec les peuples d'Abyssinie avant d'entreprendre une expédition dans la région de la haute vallée du Nil[30]. Il devient proconsul de Sardaigne àKhartoum[30]. En 1839, le mauriennaisAlexandre Vaudey débarque également dans le pays et devient enseignant[30]. Il devient, en 1852, proconsul de Sardaigne en 1852[30],[31]. Il est rejoint par ses deux neveux,Jules Poncet etAmbroise Poncet qui entreprennent des expéditions dans l'Est de l'Afrique, notamment à la recherche des sources du Nil[30].

Activités des migrants savoyards

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Les migrants savoyards pratiquent de nombreuses activités lors de leur installation dans leur terre d'accueil. Toutefois, l'imaginaire collectif garde celui du ramoneur et notamment des enfants pratiquants cette activité.

Les ramoneurs

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Le Savoyard et la marmotte, toile d'Antoine Watteau, 1716.

Le migrant savoyard reste dans l'imaginaire collectif, tant en France que dans les pays alémaniques, unramoneur[32]. Toutefois, la réalité historique est tout autre puisque ceux-ci ne représentent qu'un faible pourcentage des migrants. Selon une étude réalisée par l'abbéLouis Rendu, en 1838, sur22 655 migrants comptabilisés, les ramoneurs ne représentent que 400 individus, soit un peu moins de 2 % des partants[33],[34]. De plus, il semblerait que la majorité des ramoneurs de Paris soient en réalité originaires d'Auvergne[34].

Face à l'évolution du bâti, les cheminées d'appartement ou de demeures deviennent plus étroites[1]. Ces cheminées, face aux risques d'incendie et la réglementation, doivent être régulièrement nettoyées[1]. Le recours au travail des enfants devient alors nécessaire[1]. Ces derniers sont recrutés à l'automne en Savoie par un patron[1]. Ce dernier promet généralement de s'occuper des enfants qu'il prend en charge, mais les laisse, une fois en ville, mendier de quoi se nourrir[34]. Les enfants sont régulièrement battus s'ils ne rapportent pas assez à la fin de leur travail[34]. Le recrutement de ces enfants se fait principalement dans la vallée de la Maurienne et dans quelques villages de Tarentaise[34].

Les auteurs, retranscrivantl'enquête deMgrRendu (1845) dans l'ouvrageMœurs et coutumes de la Savoie du Nord auXIXe siècle, rapportent l'exemple dans les vallées de Thônes avec le témoignage sur les usages de ces« maîtres ramoneurs qui emmenaient avec eux des jeunes enfants », notamment le témoignage du maire deThônes en 1811[35], cité notamment par le chanoine et historien local François Pochat-Baron (1860-1951)[36]. Ce dernier indique au sous-Préfet que les communes touchées par ce phénomène dans les vallées sont Les Clefs, Manigod et Serraval[35]. Le curé deSerraval, dans lesAravis, indique dans une section dédiée à ces migrations« A peu près cents personnes, hommes, émigrent l'hivers et vont colporter, ramoner en France, dans les provinces où ils se comportent encore assez chrétiennement, d'autres vont à Paris et laissent le Bon Dieu en Savoye »[35]. Ces maîtres ramoneurs« emmènent chaque année environ 80 de ces enfants, dont vingt fournis par chacune des communes des Clefs et de Manigod et quarante par celle de Serraval », à la promesse« de les nourrir, de leur fournir une paire de souliers neufs avec quelques haillons, et enfin de payer aux parents de chacun des enfants une rétribution qui varie de dix, quinze à vingt-cinq francs »[36],[35]. La migration s'effectue principalement dans les départements« de la Marne, de l'Aisne, et ceux avoisinants »[36],[35].

Une fois en ville, ces enfants sont obligés de mendier afin de se nourrir[34]. Ils sont, par ailleurs, régulièrement battus s'ils ne rapportent pas assez à la fin de leur travail[34].

Ces conditions de travail des enfants font réagir quelques voix, notamment issues du clergé[34]. Le, l’abbé C. F. Bugnot, directeur de l'Œuvre diocésaine deChalon-sur-Saône, rédige une lettre-pétition au Sénat, concernant l'exploitation des petits Savoyards[37]. L'année suivante, il fait publier une brochure intituléeLes petits Savoyards ou l'exploitation de l'enfant par l'homme[1],[37]. Il n'y eut pas particulièrement d'attention portée à cette thématique à l'issue de cette dénonciation de la part des institutions[37]. Seuls quelques religieux agissent à leur niveau, notamment à Dijon avec l'abbé Joly (dès 1664), à Paris avec l'abbé de Pontbriand (1735) ou encore les œuvres diocésaines[34].

Variété de métiers

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Les différents auteurs, tout comme Gilbert Maistre[38], font remarquer la variété des métiers occupés (« 36 métiers »[33]) par les migrants savoyards, et notamment une spécialisation selon les vallées ou provinces d'origine[38]. Au-delà des ramoneurs, ou encore du montreur de marmottes, il existe une diversité de professions exercées, peu qualifiées à plus qualifiées[11], comme lescolporteurs, lesrémouleurs, lesmarchands, leshongreurs, lesfermiers, lescochers defiacre, lesenseignants ou encore lescollets rouges de l'hôtel Drouot[39].

Les chiffres avancés, pour l'année 1838 à Paris, sont d'environ« 5000journaliers, 2000 ouvriers de fabrique, 1000 apprentis ouvriers, 2000décrotteurs, 1000crocheteurs, 400 porteurs d’eau [...] 500 cochers de fiacre, 1000 commissionnaires et coursiers, 300 instituteurs etrépétiteurs, 100 teneurs de livres et caissiers. »[11]

Louis-Léopold Boilly, Le Messager (dit aussi Le Commissionnaire), vers 1793.

Les saisonniers quittent leur village pour effectuer divers travaux, notamment agricoles dans les régions voisines, ou ayant d'autres activités dans les villes.

Parmi les ouvriers saisonniers originaires du Faucigny et plus particulièrement de lavallée du Giffre (Samoëns), les métiers de prédilection sont les travaux de maçonnerie, dela pierre ou encore du bois (charpentier)[38]. Cette spécialisation s'observe de la période moyenâgeuse auXIXe siècle[38]. On les retrouve notamment sur les chantiers à édifier les forts sur la frontière est du royaume de France[40]. Les migrants du Haut-Faucigny (Cluses,Magland,Sallanches) se spécialisent dans lachaudronnerie ambulante, l'étamerie, la réparation d'ustensiles de cuisine (Magnin)[40]. Leur nombre est estimé auXVIIIe siècle à plus de 300 individus[40]. Afin de travailler en Suisse, un permis devient nécessaire[40]. LesChamoniards deviennent bergers[39].

De la région du Chablais, sont issus lesrémouleurs (Boëge[39]) ou les aiguiseurs[40]. Les hommes et les enfants effectuent leurs déplacements, vers les régions voisines, durant la saison hivernale[40]. Contrairement à d'autres métiers, les gains restent très modestes[40]. Toutefois, leur migration lointaine les amène à se convertir dans le petit commerce demercerie[40]. Plus spécifique, les migrants de la commune deLa Côte-d'Arbroz deviennent vendeurs de graines de jardin entre leXVIIIe siècle et leXXe siècle[40]. Les marchands s'approvisionnaient dans leval de Loire et vendaient leurs produits en vantant leur résistance du fait d'une origine montagnarde[40]. En 1952, une quarantaine d'habitants pratiquaient encore cette activité[40].

Les habitants des hautes vallées de laHaute-Savoie ou deHaute-Tarentaise s'engagent commecommissionnaires à Paris, les futurs « cols rouges »[41]. Ils obtiennent en1860 de l'empereurNapoléon III le monopole savoyard sur l’Union des commissionnaires de l’Hôtel des ventes[42], créé par des Auvergnats vers 1832[41]. La corporation compte 90 membres en 1891, et passant de 110 de 1920 à 2010[41].

En Maurienne, les hommes originaires deMontpascal deviennent maîtres d'école[39].

Les habitants de la commune d'Arith, dans les Bauges, exercent le métier dehongreur et exportent leur savoir faire dans la partie sud de la France[39],[40]. Parallèlement, ils vendent deshorloges comtoises[40].

L'entraide savoyarde

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Lessociétés de secours mutuels (ousociétés philanthropiques) savoyardes apparaissent à partir duXIXe siècle. Présentes dans le royaume de Sardaigne, elles se développent plus particulièrement en France à partir de la loi du[43].

Société philanthropique savoisienne de Paris

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LaSociété philanthropique savoisienne de Paris est une société de secours mutuel fondée le, à Paris[44],[45]. Elle est considérée comme la « doyenne des institutions d'entraide et de patronage de tous les émigrés de la capitale ». Sa devise est« Unité, Bienfaisance ». Elle fut reconnue d' utilité publique en 1896 et obtint une médaille d'or à l'Exposition universelle.

Les conditions de vie sur place étant difficiles, des Savoyards ayant réussi fondent une société d'entraide. Parmi eux, les avocats François Quétand (1804-1866) et Basile Rubin (1793-1866), tous deux originaires deLa Roche, le doyen de la Faculté de Droit,Albert-Paul Royer-Collard (1797-1865), l'homme politique radicalÉmile Chautemps, originaire de Valléry, les médecins Paul Caffe (1803-1876), chef de clinique à l'Hôtel-Dieu[46], et le médecin Jacques Coster (1795-1868), originaire de Chapeiry[47], le manufacturier Joseph Agnolet, de Saint-Jean-de-Sixt, le chimiste Darbier, originaire de Moûtiers... Ses présidents sont considérés comme de « véritable consul officieux de la Savoie à Paris »[8].

Les statuts de l'association indiquent :« L'association savoisienne est essentiellement philanthropique ; elle a pour but de rapprocher les uns des autres les Savoisiens qui sont à Paris, de leur donner l'instruction, d'étendre entre eux leurs relations commerciales, de procurer des emplois et de l'ouvrage à ceux qui n'en ont pas ; de donner des secours en nature ou en argent à ceux qui sont dans le besoin, de les faire soigner dans leurs maladies ; enfin d'établir entre tous un lien de fraternité, afin de s'aider et de se secourir mutuellement ».

Les sociétés savoyardes dans le monde

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  • L'Alliance catholique savoisienne, à Paris, fondée notamment par l'avocat et homme politique Jules Challamel (1853-1927)[48]. Ce dernier est également vice-président de la Société philanthropique (1905), puis son président (1908-1910) et conseiller général ducanton de Sallanches (1907-1913) ;
  • L'Association savoisienne philanthropique (1878), àLyon[49]

Les associations de nos jours

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La fédération des Savoyards du monde

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La fédération des « Savoyards du monde » (2013)[50] succède à l'Union Mondiale des Associations de Savoyards (1990)[51] et réunit l'ensemble des associations réunissant les Savoyards dans les différentes parties du monde. La fédération organise le premier weekend d'août un grand rassemblement[50]. Lors des célébrations du85e anniversaire, elle réunit une centaine de ses adhérents àAillon-le-Jeune, le week-end du 4 août 2018[52]. Elle compte 23 associations domiciliées principalement en Europe[52], dont 16 en France et 7 à l'étranger (Argentine, Canada, Émirats arabes unis, Qatar, Singapour Uruguay).

L’Union mondiale des Savoyards a été fondée en 1933 par le sénateurAntoine Borrel[51] et le députéLouis Martel. Elle devient une fédération en 1990[51].

Liste des associations

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Le site de la fédération des Savoyards du monde propose une liste des associations adhérentes.

L'association Savoie-Argentine[53] regroupe aujourd'hui les descendants de Savoyards partis s'installer en Argentine.

Notes et références

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Notes

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  1. Joseph Depoisier, originaire de Cluses et professeur au petit séminaire deSaint-Nicolas-du-Chardonnet[6] est l'auteur d'un texte « Étude statistique sur les émigrations de la Savoie depuis 1783 jusqu’en 1847 » publié dansL’investigateur, Journal de l’Institut historique, T. VIII, février 1858[2],.

Références

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  2. abc etdChavanon, Barou, 2018,p. 14.
  3. Abel Poitrineau,Paul Guichonnet,Remues d'hommes, essai sur les migrations montagnardes en France auXVIIe etXVIIIe siècles, Paris, Aubier Montaigne,, 325 p..
  4. « Emigration et immigration en Savoie », surle site alain.cerri.free.fr.
  5. a etbChavanon, Barou, 2018,p. 11.
  6. Notice surdata.bnf.fr.
  7. Histoire de Savoie, 1986,p. 128-129.
  8. a etbPaul Guichonnet (préf. Henri Baud),Histoire de l'annexion de la Savoie à la France et ses dossiers secrets, Roanne, Éditions Horvath,, 354 p.(ISBN 978-2-7171-0235-2),p. 140.
  9. Archives départementales de la Savoie, « Le patrimoine écrit du département », surConseil général de la Savoie(consulté le).
  10. a etbGuichonnet 1993,p. 19.
  11. abc etdChavanon, Barou, 2018,p. 15.
  12. Histoire de Savoie, 1986,p. 262.
  13. François Cochat,Nos vallées autrefois. Histoire du Grand-Bornand, Dépollier, Annecy, 1945,p. 53-55.
  14. « Des étrangers, les Savoyards, inondent la France et portent préjudice au pays »,Club de Mediapart,‎(lire en ligne, consulté le).
  15. abc etd[PDF](es) Michèle Bincaz, « Saboyanos en la Pampa : miradas cruzadas »,Anuario Americanista Europeo,no 3,‎,p. 345 à 362(lire en ligne).
  16. Dechavassine 1958 a,p. 33.
  17. abcd eteDechavassine 1958 a,p. 35.
  18. Comité Association Savoie Argentine, « Association Savoie Argentine », surle site www.savoie-argentine.asso.fr(consulté le).
  19. a etbMaistre 1993,p. 14.
  20. Dechavassine 1958 a,p. 37.
  21. a etbDechavassine 1958 a,p. 36.
  22. Jean Exertier, « Histoire de nos rues... : Claude Martin (1826-1906) »,Vieux Chambéry,no XV,‎,p. 45-81(lire en ligne).
  23. ab etcDechavassine 1958 a,p. 39, « En Louisianne et États-Unis ».
  24. ab etcFrançoisPochat-Baron,Mémoires et documents de l'Académie Salésienne : Histoire de Thônes depuis les origines les plus lointaines jusqu'à nos jours,vol. Tome44e, Annecy, Imprimerie commerciale,, 557 p.(lire en ligne),p. 492.
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  31. Patrice Buet,Deux explorateurs savoyards : Ambroise et Jules Poncet, 13 et 15 ans, Montmélian,La Fontaine de Siloé,, 232 p.(ISBN 978-2-84206-353-5,lire en ligne),p. 15.
  32. Monique Dejammet, « Les petits ramoneurs », surSabaudia.org(consulté le).
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Voir aussi

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Bibliographie

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Dossiers

Classement par ordre alphabétique des noms d'auteurs des ouvrages ou d'articles.

  • Jules Forni,Histoire de la Société philanthropique savoisienne de Paris, discours prononcé en assemblée générale par M. Forni, Bureaux du journal "Paris-Savoie, 1889, 43 pages.

Articles connexes

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Histoire du duché
Départements

Liens externes

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