Cette maladie se manifeste par des symptômes propres au diabète (syndrome polyuropolydipsique) et par des lésions d'organes tels larétine, lesreins ou lesartères coronaires, lésions dues à la toxicité de l'acétone produite lors d'une dégradation rapide des graisses arrivant en cas de défaillance de l'insuline menant à une hyperglycémie majeure.
Le motdiabète vient dugrec ancienδιαβήτης /diabḗtēs, « diabète », lui-même tiré du verbe grecδιαβαίνω /diabaínō, « traverser, franchir »[3]. Les médecins grecs anciens, telsArétée de Cappadoce[4] etOribase, avaient observé cesyndrome diabétique : les malades semblaient uriner aussitôt ce qu'ils venaient de boire, comme s'ils étaient « traversés par l'eau » sans pouvoir la retenir. Puis ils maigrissaient, malgré une nourriture abondante, et mouraient en quelques semaines ou moins.
Graphique montrant l'évolution des taux sanguins de glucose et d'insuline durant la journée.
La régulation de la glycémie par l'organisme est en grande partie liée à la capacité des cellules à absorber le glucose, faisant ainsi baisser sa concentration dans le sang. L'insuline est unehormone sécrétée par lepancréas, dont la fonction est d'augmenter l'entrée de glucose dans les cellules en cas d'hyperglycémie (d'où son action hypoglycémiante).
Lapolyurie-polydipsie (littéralement, « beaucoup uriner et soif intense ») est une conséquence de l'hyperglycémie (augmentation du taux de sucre sanguin). Les reins ne peuvent récupérer tout le glucose filtré, qui passe dans les urines et par osmose appelle l'eau de l'urine primaire et provoque une perte d'eau importante dans les urines, ce qui entraîne unedéshydratation et une soif permanente. Les malades boivent donc parce qu'ils urinent trop et non l'inverse.
Le risque de transmission du diabète n'est pas le même dans letype 1 ou letype 2. Il est généralement considéré comme un risque assez important : il est de 5 % dans lediabète insulino-dépendant (type 1). Dans le diabète insulino-résistant (type 2), ce risque s'élève à 30 % si un seul parent est atteint, et à 50 % si les deux parents sont diabétiques.
Plusieurs défaillances existent et caractérisent des formes de diabète différentes. Les symptômes et les complications peuvent être variables selon le ou les mécanismes défaillants (Tima et Aissal, A).
En France, cette forme de diabète représente près de 6 % des cas de diabète[14]. Autrefois appelé diabète insulino-dépendant (ou encore diabète juvénile), ce diabète apparaît le plus souvent de manière brutale. C'est la cause la plus fréquente de diabète chez l'enfant, mais il peut survenir à tous les âges.
Sa forme la plus fréquente est la conséquence d'unemaladie auto-immune, c'est-à-dire la destruction decellules bêta desîlots de Langerhans dupancréas (qui synthétisent l'insuline) par lesystème immunitaire, ce dont témoigne la présence d'anticorps dans le sang. Leur destruction a pour conséquence une absence d'insuline dans le sang. Le diabète detype 1 est le plus souvent un diabète insulinodépendant.
Dessin représentant une personne atteinte de diabète en train de s'habiller. Une pompe à insuline et un moniteur de glucose sont visibles sur son ventre. Des pompes à insulines utilisées sont visibles dans sa poubelle.
Cette forme de diabète représente 90 % des cas de diabète[15]. Autrefois appelé diabète non insulinodépendant (ou diabète de l'âge mûr), ce diabète survient classiquement chez l'adulte de plus de quarante ans présentant, dans 80 % des cas, uneobésité ou du moins un excès pondéral, et avec souvent des antécédents familiaux de diabète detype 2. Chez la femme, cela a parfois été précédé de diabètegestationnel (diabète transitoire pendant les grossesses), ou plus souvent de gros bébés.
Au début de lamaladie, la production d'insuline par lepancréas est normale (voire excessive). Mais, les cellules de l'organisme chargées de capter et d'utiliser le glucose deviennent insensibles à l'insuline, d'où une augmentation de la glycémie. Le diabète detype 2 est le plus souvent non insulinodépendant, mais un traitement par insuline peut être nécessaire pour la maîtrise de l'équilibre glycémique.
Le diabète detype 2 s'associe souvent à d'autres facteurs derisque cardiovasculaire, comme l'hypertension artérielle, larépartition androïde des graisses, l'hypertriglycéridémie et la baisse du taux ducholestérol-HDL, lesyndrome métabolique. Son incidence augmente, en conséquence des modifications du mode de vie (sédentarité, alimentation hypercalorique, hyperlipidique). Jusqu'à récemment, ce diabète touchait essentiellement des adultes, à partir de la trentaine, mais en raison de l'augmentation du taux d'obésité juvénile, il touche maintenant de plus en plus d'adolescents, voire d'enfants.
Lediabète de type 2, ou diabète de la maturité, s'observe le plus souvent chez des individus en surpoids ou obèses, aussi appelé « syndrome dysmétabolique » avec risque destéatose hépatique (surcharge graisseuse du foie). On dit plus souvent que ce diabète est un diabète âgé.
Lediabète gestationnel est un diabète qui apparaît pour la première fois chez certaines femmes au cours de la grossesse. Il est caractérisé par une intolérance au glucose due à la production d'hormones placentaires, provoquant une insulinorésistance qui entraîne une hyperglycémie. Le diabète gestationnel peut être isolé (il ne survient que pendant les grossesses) ; celui-ci disparaît généralement après l'accouchement, cependant il augmente les risques pour la mère de développer durant les années qui suivent un diabète detype 2[16] ou peut être la première manifestation d'un diabète detype 1.
Il existe de nombreuses autres causes de diabète sucré, relativement rares. On peut citer[17] :
les anomalies de fonction des cellules bêta d'origine génétique :
MODY — maturity-onset diabetes of the young — de début habituellement précoce (avant 25 ans en général), et non insulinodépendant, avectransmission de type autosomique dominant, pouvant concerner lesgènesHNF4 (hepatocyte nuclear factor 4) alpha pour MODY 1,glucokinase (hexokinase hépatique) pour MODY 2,HNF1 alpha pour MODY 3, ou plus rarement IPF (insuline promotor factor)-1, HNF-1 beta, neuroD1,
le diabète LADA –Latent Autoimmune Diabetes in Adults – un diabète de nature auto-immune d'évolution lente qui apparaît généralement chez des adultes âgés de plus de trente ans, souvent de poids normal et en bonne santé. Comme le pancréas produit encore parfois de l'insuline au moment du diagnostic de diabète, il arrive que le patient reçoive, à tort, un diagnostic de diabète de type 2, surtout s'il est âgé de plus de 40 ans et/ou en surpoids. Il devient cependant insulinodépendant lorsque la maladie évolue et un diabète LADA est alors constaté, parfois lors d'une hospitalisation pour acidocétose diabétique[18]
Le diabète peut être responsable de complications métaboliques aigües caractérisées par un taux de sucre sanguin (glycémie) élevé, et uncoma de typeacidocétosique ouhyperosmolaire.
Les complications des petits vaisseaux (microangiopathie) touchent :
les yeux : par larétinopathie diabétique ischémique (sans formation de néovaisseaux) ou hémorragique (avec formation de néovaisseaux) pouvant entraîner cécité, microanévrisme, œdème maculaire. Il est conseillé aux diabétiques de faire unfond d'œilune fois par an ;
le réseau nerveux : la neuropathie diabétique est un trouble de la sensibilité épicritique et profonde parfois accompagné de douleurs neuropathiques principalement au niveau des membres inférieurs, ces troubles de la sensibilité peuvent entraîner un retard de prise en charge de plaies du pied. L'ostéoarthropathie diabétique nerveuse (OD) des chevilles et des pieds a pris le nom de « pied deCharcot »[19]. Le diabétique ne se rend pas compte qu'il a une blessure par l'absence destimuli douloureux, il laisse évoluer une blessure pouvant entraîner uneescarre, voire un authentiquemal perforant plantaire. Les diabétiques testent annuellement leur sensibilitédistale avec un monofilament[20] ;
les reins : lanéphropathie diabétique pouvant évoluer jusqu'à l'insuffisance rénale. Différentes lésions peuvent atteindre le rein diabétique, surtout les néphropathies glomérulaires et les néphropathies vasculaires ;
Sur le plan immunitaire, le milieu sucré profite à beaucoup d'agents infectieux telles lescandidoses par une atteinte de l'immunité cellulaire. Il est associé à lamaladie parodontale[21],[22].
Au fil des innovations thérapeutiques et des progrès réalisés en termes d’espérance de vie des patients vivant avec un diabète de type 1 (DT1) et de type 2 (DT2), la nature des complications associées à la maladie diabétique est en train de changer. Au cours du siècle dernier, les hospitalisations associées au diabète étaient principalement en rapport avec les urgences hyperglycémiques, non-hyperglycémiques et vasculaires. Un nouveau profil de complications a émergé depuis. Non traditionnellement associées à la maladie diabétique, ces nouvelles complications concernent notamment le foie (stéatose métabolique non alcoolique), le cerveau (dépression et trouble anxieux, risque de démence et troubles cognitifs) ainsi que d’autres organes (surrisque de plusieurs types de cancer, complications infectieuses, syndrome d’apnée du sommeil, handicap fonctionnel touchant les membres inférieurs). Ces complications sont autant de défis à relever en matière de santé publique[23].
Le diabète, sans être véritablement classé dans lesmaladies émergentes, est unemaladie chronique et invalidante qui se développe de manière épidémique depuis quelques décennies, et dont laprévalence augmente fortement et rapidement dans tous les pays, surtout avec le mode de vie, l'urbanisation et ses conséquences[24], laissant supposer qu'outre une composante génétique, cette maladie a un ou plusieurs facteurs environnementaux.
La maladie s'est d'abord développée dans les pays riches ou dits « développés en rapport avec la sédentarité et l'alimentation », mais de nombreux indices indiquent qu'elle se développe rapidement dans les pays pauvres (la malnutrition, l'ignorance, les infections).
Laprévalence était en2003 la plus élevée enAmérique du Nord (7,9 % de la population nord-américaine) et enEurope (7,8 % de la région Europe), auMaroc environ 5 %. La prévalence est croissante enAsie du Sud-Est, elle pourrait d'ici vingt ans devenir la zone où le risque de diabète serait le plus élevé (13,2 % de la population y est déjà victime d'intolérance au glucose (IGT)).
L'Organisation mondiale de la santé évoque une véritableépidémie avec un nombre de cas estimés passé de 30 millions en1985 à 135 millions en1995, dix ans plus tard et 177 millions en2000, puis 194 millions en2003[25]. L'OMS s'attend à un nombre de diabétiques d'environ 300 millions d'ici à 2025 (330 selon la fédération mondiale du diabète qui estime qu'en2003, il y a 194 millions de diabétiques dans le monde, c'est-à-dire 5,1 % des adultes en moyenne, et qu'ils seront 6,3 %, d’ici 2025).
En2012, le taux de diabète estimé chez les jeunesChinois de 7 à 18 ans est 4 fois supérieur à celui observé chez les jeunesAméricains.Ainsi, 1/3 des enfants chinois de moins de 17 ans présente au moins un facteur derisque cardiovasculaire.
Ceci s'explique par les changements nutritionnels qui ont accompagné l’essor économique du pays et ont entraîné une véritable épidémie d’obésité. À signaler que la quasi-totalité des cas sont des diabètes detype 2, letype 1 étant une forme de diabète quasiment inexistante en Chine[26],[27].
En Europe, le diabète représente en moyenne 2 % de la mortalité. Il peut dépasser le taux de 50 morts par 100 000 habitants, ou être inférieur à 10 morts pour 100 000 habitants.
Parmi les régions européennes les plus touchées, on compte desrégions ultrapériphériques du Portugal, Chypre, des régions tchèques et des régions ultrapériphériques françaises. Inversement les régions les moins touchées par le diabète se trouvent en Roumanie, au Royaume-Uni et en Finlande[28].
EnFrance, la prévalence du diabète est mieux suivie depuis1998 grâce à des enquêtes spécifiques : 2,5 millions de personnes en2008 y seraient atteintes dediabète de type 2 (prévalence de 3,5 %). La prévalence est passée de 2,7 à 3,6 % de2000 à2005 (augmentation moyenne annuelle de 5,7 %). 500 000 à 800 000 Français vivraient sans savoir encore qu'ils sont diabétiques.
Les disparités d'âge et disparités géographiques sont fortes : la maladie est diagnostiquée à l'âge moyen de 64,8 ans. Les 75 ans et plus sont les plus touchés (13,4 %) juste devant les 65-74 ans (13,3 %). Un cinquième de la population âgée de plus de 75 ans est diabétique. Les régions d'outre-mer sont les plus touchées avec 7,8 % desRéunionnais, 7,3 % desGuadeloupéens, 6,8 % desMartiniquais. En métropole, les diabétiques sont plus nombreux dans le quart nord-est du pays et notamment enSeine-Saint-Denis (5,1 % de la population), l'ouest étant moins touché [14]. C'est enAlsace, peut-être à cause de l'alimentation, que le nombre de diabétiques est le plus élevé (avec une prévalence de 6,5 %[29]).
L’étude Entred (Échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques), publiée en novembre 2022, décrit les caractéristiques et l’état de santé des personnes recevant un traitement médicamenteux pour un diabète en France métropolitaine. Parmi les 3 166 répondants, 2 714 (environ 94 % ont été classées comme souffrant d’un diabète de type 2 (DT2), 412 (environ 5 %) comme ayant un diabète de type 1 (DT1). Les personnes avec un DT2 étaient principalement des hommes (environ 55 %), d’âge moyen 67 ans, nées en France dans environ 76 % des cas et nées dans un pays du Maghreb dans 11,1% des cas. Il ressort que 57 % des personnes vivant avec un DT1 étaient des hommes, âgés en moyenne de 47 ans et nés en France dans plus de 82 % des cas[30]. Il apparaît que les adultes DT1 ont un niveau socioéconomique plus élevé que les DT2[30].
La Fédération internationale du diabète estime que, en Belgique, une personne sur douze est atteinte de diabète (7,8 %) (statistiques de 2007). Dans vingt ans, ce chiffre devrait atteindre1 sur 10.
Le diabète est devenu la quatrième ou cinquième cause de mortalité dans la plupart des pays développés. Il a d'abord touché essentiellement des pays riches ou développés, mais s'étend maintenant dans les pays pauvres ou nouvellement industrialisés. Sonincidence est difficile à mesurer, notamment dans les pays pauvres et ce, par manque d'études spécifiques. L'OMS estime[24] que vers l'an 2000, quatre millions de personnes en mourraient par an dans le monde, ce qui correspond à untaux de létalité de 9 % environ.
Les complications oculaires etcardiovasculaires de cette maladie qui surviennent souvent chez des gens jeunes ou encore en activité poussent les services de santé et organismes desécurité sociale à dépenser de plus en plus pour lutter contre le diabète dont les causes restent incomprises. Le nombre de cas continue néanmoins d'augmenter.
Chez les patients ayant déjà développé un diabète, divers moyens existent pour en diminuer les impacts :
le traitement précoce de l’hypertension artérielle et de l’hyperlipémie, le contrôle de laglycémie, par la prise d'antidiabétiques oraux pour le diabète de type II et d'insuline pour le diabète de type I, réduisent les complications et freinent l'évolution vers les formes graves de diabète. La détection et le traitement précoces de laprotéinurie limitent ou freinent l'évolution vers l'insuffisance rénale ;
la prévention de l'ulcération des pieds par une éducation et des soins appropriés divise par deux l’incidence des amputations (source OMS) ;
le dépistage et le traitement précoces desrétinopathies évitent nombre de cécités et diminuent les coûts globaux (dont indirects et immatériels) du diabète ;
une lutte plus efficace contre le tabagisme et l'alcoolisme, facteurs d'aggravation du diabète (hypertension et cardiopathie) est également recommandée par l'OMS.
De nouvelles expériences sont menées à travers les jeux vidéo (tel quel'Affaire Birman etTime-out) pour aider les diabétiques à gérer leur maladie et à développer de bons réflexes.
Des moyens de détection simplifiés voire automatiques de la glycémie sont régulièrement à l'étude. La sociétéGoogle a par exemple pendant un temps soutenu un projet pour développer deslentilles de contact permettant de mesurer le taux de glucose dans les larmes et d'alerter leur porteur si nécessaire[31]. Ce projet a été abandonné, faute de fiabilité[32].
↑Anne Fagot-Campagna, Isabelle Romon, Sandrine Fosse, Candice Roudier, « Prévalence et incidence du diabète, et mortalité liée au diabète en France : Synthèse épidémiologique »,Maladies chroniques et traumatismes, InVS,(lire en ligne[PDF]).