Comme la quasi-totalité des écritures indiennes, la devanagari descend de l'écriturebrahmi[4],[note 1], plus précisément de l'écriture gupta[5].
On retrace les origines de la devanagari autour duXIIe siècle, vraisemblablement comme une modification dusiddham. Elle remplaça peu à peu l'écriture sharda[note 2] dans une grande partie du nord de l'Inde.
La devanagari est maintenant l'une des écritures les plus employées de l'Inde, étant majoritairement utilisée pour écrire lehindi, langue de loin la plus parlée en Inde[6]. Le hindi écrit en devanagari est également une langue officielle de l'Inde[7], il en est de même pour lenépalais écrit en devanagari, « langue de la nation » duNépal[8]. Cette écriture sert aussi à écrire entre autres lemarâthî et lesindhi. Traditionnellement, dans le nord de l'Inde, c'est avec elle qu'on écrivait lesanskrit[4].
Des langues moins parlées utilisent également cette écriture : lebihari (et lemaïthili), lebhili, lekonkani, lebhodjpuri, lenepalbhasa. Il arrive que lecachemiri fasse également usage de la devanagari, bien qu'il utilise principalement l'alphabet arabe sous une forme modifiée.
Affichage commercial utilisant la devanagari (ici àVaranasi).
La devanagari s’écrit horizontalement, de gauche à droite, ne fait pas de distinction entre majuscules et minuscules[12]. Elle est reconnaissable à la barre horizontale (« potence », « ligne de tête ») continue sous laquelle sont attachés les caractères[note 3]. Cette barre s'interrompt brièvement pour certains caractères ouverts en haut[13]. Elle est également interrompue entre les mots dans les langues modernes mais peut recouvrir plusieurs mots d'affilée en sanskrit dans le cas des composés et dessandhi[14]. Dans l'écriture manuscrite, la barre est tracée après avoir écrit un mot en entier[15].
Elle utilise maintenant les mêmes signes de ponctuation que l’alphabet latin, sauf parfois pour les fins de vers et de phrases dans l’écriture traditionnelle[16]. Il existe des variantes pour certains caractères.
C'est une écriture quasiment phonétique, où un symbole représente toujours le mêmephonème, même s'il existe quelques variations d'une langue ou d'undialecte à l'autre. L'unité de base — appeléeakshara (dusanskritअक्षर (akṣara), signifiant « lettre, caractère »[17]) — est constituée soit d'un groupement d'une ou plusieursconsonnes consécutives éventuellement suivies d'unevoyelle, soit d'une voyelle seule[18]. Lorsqu'une voyelle suit une consonne, elle est représentée par un signediacritique attaché à cette consonne. Lorsque plusieurs consonnes se suivent, elles sont représentées par une ligature. L’akshara constitue souvent, mais pas toujours, unesyllabe d'un mot[4].
La barre horizontale sous laquelle s’inscrivent la plupart des lettres de base est jointive graphiquement avec les barres horizontales des lettres de base précédentes et suivantes, quand elles en ont une. Lors de la justification de texte, il est permis d’allonger l’interlettrage entre lesaksharas, en conservant cette jonction graphique qui identifie les mots. Mais la forme graphique de l’akshara reste normalement inchangée (en particulier, le demi-glyphe verticaldanda, lié graphiquement à la droite de certaines lettres pleines et qui représente graphiquement la voyelle implicite dans la lettre pleine, ne doit pas s’écarter du demi-glyphe représentant la lettre morte correspondante).
Lesaksharas délimitant les syllabes, lacésure est permise presque n’importe où dans un mot entre deuxaksharas. Toutefois, pour que cette césure respecte les syllabes phonétiques ou sémantiques, la devanagari permet de transcrire un groupe de consonnes en deux parties distinctes en forçant la dernière consonne du premier groupe à adopter une forme pleine explicitement privée de sa voyelle associée, mais malgré tout séparable. Dans ce cas, ce groupe de consonnes est lié logiquement à l’akshara précédente terminé par une voyelle comme si c'était des consonnes finales, et la césure dans ce cas ne sera pas permise avant ce groupe de consonnes.
सभी मनुष्यों को गौरव और अधिकारों के मामले में जन्मजात स्वतन्त्रता और समानता प्राप्त है। उन्हें बुद्धि और अन्तरात्मा की देन है और परस्पर उन्हें भाईचारे के भाव से बर्ताव करना चाहिये।[19]
Sabhī manuṣyoṃ ko gaurav aur adhikāroṃ ke māmle meṃ janmajāt svatantratā aur samāntā prāpt hai. Unheṃ buddhi aur antrātmā kī den hai aur parspar unheṃ bhāīcāre ke bhāv se bartāv karnā cāhiye.
Traduction en français
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
La lettre क accompagnée desmatras (en rouge) associées respectivement aux voyelles अ, आ, इ, ई, उ, ऊ, ऋ, ॠ, ए, ऐ, ओ et औ.
Unevoyelle peut être rendue par deux signes différents selon qu’elle suit une consonne (forme dépendante) ou non (forme indépendante)[21] :
dans le premier cas, la voyelle dépendante est représentée par un signe diacritique — appelématra[22] (मात्रा) — qui peut être lié à droite, à gauche, en dessous ou au-dessus de la consonne après laquelle elle est prononcée ;
dans le second cas, la voyelle indépendante est uneakshara à part entière.
(Beaucoup de glyphes ont une prononciation très différente selon les langues. Ils sont présentés avec "/" séparant les variantes.)
Il y a plusieurs cas de nasalisation de consonnes ou de voyelles pouvant être rendus :
soit par unbindu (बिन्दु), un point suscrit (par exemple avec अ : अं)
soit par uncandrabindu (चन्द्रबिन्दु) un point surmontant une demi-lune (ici avec अ : अँ)
Lorsque la première consonne d'une combinaison est unenasale et est suivie d'une consonne de la mêmeclasse articulatoire, elle peut être représentée par unbindu placé sur l’akshara précédent.Cette nasalisation s'appelleanusvara[24] (अनुस्वार). Devant हanusvara représente unenasale vélaire[24] (api [ŋ]).Ainsi la labiale म peut être affichée comme unanusvara quand elle précède la labiale ब, la dentale न quand elle précède la dentale त ou स, etc.En sanskrit, la voyelle précédant lebindu est également nasalisée, mais pas en hindi/ourdou.
Lanasalisation de voyelle s'appelleanunasika[25] (अनुनासिक). Elle est rendue par unbindu ou uncandrabindu[25].En hindi moderne, lecandrabindu est rarement utilisé et lebindu seul presque systématique. Une solution parfois retenue est d'utiliser lecandrabindu quand l’akshara n'est surmonté d'aucun signe, le point seul quand le graphe syllabique est accompagné d'unmatra[26]. Dans ce cas, le point est à droite de celui-ci[27].
utilisé pour prolonger le son d'une voyelle (enmarâthî, le signe marque explicitement la non-élision de la voyelle implicite en fin de mot, cette élision étant généralement implicite et non marquée)
Pancarte dans une école indienne montrant les signes de la devanagari classés selon l'ordre classique (phonétique) généralement utilisé[31].
Lorsqu’uneconsonne n'est ni directement précédée ni directement suivie d’une autre consonne, elle est représentée par un symbole de base (forme pleine). Dans ce cas elle est prononcée suivie de la voyelle implicite [ə][32], ou parfois prononcée sans voyelle du tout dans certains cas dans des langues comme le hindi[22]. De nombreuxglyphes de consonnes comportent une barre verticale appeléedanda[33].
Si la consonne est suivie du signe diacritique sanskritvirama (विराम), aucune voyelle n'est prononcée[4]. Ce signe est attaché en dessous dudanda final de la consonne pleine, ou centré dessous si le signe de la consonne pleine ne comporte pas dedanda : क् (ici accompagnant क). Il est appeléhalant (हलन्त) enhindi[34].
Quand un mot est terminé par unakshara surmonté d'unanusvara qui ne sert pas à nasaliser une voyelle, cetanusvara représente म्[35]. Par exemple ग्रामं = ग्रामम्.
Pour transcrire des sons non-natifs de la devanagari, et d'autres sons qui n'existaient pas ensanskrit, certaines consonnes sont souscrites d'un point[36] appelénuqtā[37].
Quelques exemples de consonnes souscrites d'unnuqtā
Combinaison de consonnes regroupant dans l'ordre न (en gris), द (en bleu) et र (en rouge).
Quand plusieurs consonnes sont prononcées d'affilée (sans voyelle intermédiaire), la devanagari utilise des combinaisons de consonnes qui regroupent plusieurs symboles de consonnes formant uneligature[38]. Elle peut être soit une simple compression graphique des consonnes attachées entre elles, soit unglyphe entièrement nouveau[39]. Elle peut être complétée d'une voyelle sous forme dematra classique qui s'applique à l'ensemble de la combinaison créée[27]. La ligature résultant d'une combinaison et son éventuelle voyelle forment unakshara.
Une combinaison peut aussi être représentée en apposant simplement unvirama à la première consonne[34].
Dans le cas général le plus simple, quand la première consonne (en forme pleine) est bordée à droite par undanda, elle est combinée à l’autre en perdant sondanda et en se collant à la suivante. De même क et फ voient leur extrémité droite atrophiée[40].
Dans quelques cas, c'est la deuxième consonne de la combinaison qui est atrophiée, la première gardant sa forme initiale. Ainsi lorsque द est la première consonne d'une combinaison, la deuxième vient en général se coller en bas à sa gauche après avoir perdu sondanda. Bien que bordée d'undanda, श peut prendre une forme spéciale — elle-même bordée d'undanda — quand elle est la première d'une combinaison et que la deuxième consonne est व, र, च ou न, la deuxième consonne venant alors se coller en bas à sa gauche. Cependant la forme habituelle avec une simple absence dudanda peut se rencontrer également[38]. En première position d'une combinaison ह, elle, reçoit en bas à gauche la consonne suivante, ou bien s'ouvre par la droite[41].
La consonne र prend des formes très particulières dans les combinaisons.
Si elle suit une consonne munie d'undanda dans sa forme pleine, र est généralement représentée sous la forme d’un segment oblique accroché en bas à gauche dudanda. Lorsque cette consonne précédente ne comporte pas dedanda, र est représentée sous la forme d'un segment oblique joint attaché sous la consonne précédente en forme pleine (lorsque celle-ci comprend undanda où vient s'attacher latéralement ce segment), ou de deux segments obliques joints par le haut et attachés sous la consonne précédente en forme pleine (ne comprenant pas dedanda)[39].
Quand रprécède une autre consonne, elle est représentée sous forme d’un arc de cercle courbé vers la droite, placé en haut à droite de l’akshara (c’est-à-dire le groupe de consonnes qui suit et qui peut lui-même former une ligature ou être accompagné d'une voyelle dépendante) à laquelle elle appartient[38].
L’écriture devanagari traditionnelle utilise des centaines de ces ligatures spécifiques, toutefois aucune n'est essentielle à la lecture, tant que le signevirama permettant la distinction des consonnes mortes et vives est bien représenté.
En plus de légères différences esthétiques dans certains cas, la devanagari connaît d'importantes variations dans la représentation des symboles अ, आ, ओ, औ, ण et झ[45].
De même que l'alphabet latin suit l'ordre alphabétique, la devanagari suit un ordre, notamment utilisé dans lesdictionnaires[46].
On a d'abord les voyelles dans l'ordreअ,आ,ॲ,ऑ,इ,ई,उ,ऊ,ऋ,ॠ,ऌ,ॡ,ए,ऐ,ओ,औ, puis les signes de nasalisations (anusvara oucandrabindu) suivi de visarga, et enfin les consonnes dans l'ordreक,ख,ग,घ,ङ,च,छ,ज,झ,ञ,ट,ठ,ड,ढ,ण,त,थ,द,ध,न,प,फ,ब,भ,म,य,र,ल,व,श,ष,स,ह[31],[47] (le tableau des symboles deconsonnes dans cet article indique la logique que suit l'ordre jusqu'au म). Une consonne marquée d'unnuqta suit immédiatement la consonne non marquée[48].
↑Sauf indication contraire, lorsqu'unetranscription sera utilisée pour rendre compte des lettres de la devanagari avec les lettres de l'alphabet latin, on utilisera larecommandation de Wikipédia sur la transcription des langues indiennes.
↑Cette écriture est toutefois longtemps restée en usage pour noter lecachemiri.
↑Ce n'est cependant pas la seule écriture indienne à avoir cette caractéristique.
↑Prononcé \de.va.na.ɡa.ʁi\ (voirwikt:devanagari). Aussi parfois écrit ‹ dévanagari › en français ou, variablement selon la transcription, ‹ devanāgarī ›, ‹ devanâgarî ›, voire ‹ dévanâgarî ›.
AnnieMontaut et AkshayBakaya,Le hindi sans peine,Assimil,(ISBN2-7005-0172-1), « L'écriture et les sons du hindi »
AnnieMontaut et SarasvatiJoshi,Parlons hindi, Paris/Montréal (Québec), L'Harmattan,, 281 p.(ISBN2-7384-8135-3,lire en ligne), « Les sons et les lettres »
La version du 15 juillet 2007 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.