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En pratique :Quelles sources sont attendues ?Comment ajouter mes sources ?Ledesign fiction oudesign spéculatif, ou encoredesign critique, est une pratique dudesign qui consiste à explorer les implications d'évolutions futures. Il peut s'agir de futur probable, possible, ou complètement spéculatif. Contrairement aux démarches classiques du design qui consistent à répondre à une commande et/ou résoudre un problème précis en créant un objet, un service ou une application, l'objectif du design fiction est de matérialiser des scénarios possibles pour ensuite les mettre en débat. Il se rapproche des techniques narratives ditesdiégétiques dans le sens où il consiste à créer des artefacts exprimant ces futurs afin de les rendre compréhensibles et envisageables.
Les designers James Auger et Jimmy Loizeau en donnent cette définition :« Speculative design combines informed, hypothetical extrapolations of an emerging technology’s development with a deep consideration of the cultural landscape into which it might be deployed, to speculate on future products, systems and services. »[1] (Le design spéculatif combine des extrapolations hypothétiques et informées du développement d'une technologie émergente avec une conscience profonde du paysage culturel dans laquelle elle pourrait être déployée, afin de réfléchir produits, systèmes et services futurs).
Le design fiction est lié à la discipline dudesign spéculatif, lui-même apparenté audesign critique[2]. Le terme de "design fiction" a été pour la première fois formulé parBruce Sterling en 2005 puis développé plus précisément en 2009 par Julian Bleecker[3] dans un essai[4].
Le design fiction se nourrit de signaux faibles dans notre quotidien, comme les innovations en matière de technologie ou les tendances culturelles émergentes, puis les extrapole pour construire des visions disruptives de la société. En bousculant le statu quo, cette pratique vise à questionner nos usages, normes, éthiques et valeurs.
Les fictions qu'il construit tendent à s'écarter des visions manichéennes du futur (utopie ou dystopie), et à explorer les zones grises des sujets étudiés. Comme l'explique Fabien Girardin, cofondateur du Near Future Laboratory, "le design fiction ne vise pas vraiment à prédire le futur. C'est un moyen d'appréhender le futur autrement ; un moyen de raconter des histoires d'alternatives et de trajectoires inattendues ; un moyen de discuter un autre type de futur que la bifurcation typique entre l'utopique et le dystopique"[5].
Le design fiction est une pratique en constante évolution, reflétant la diversité des approches des designers et des studios. Il est néanmoins possible d'en identifier certains principes communs :
Les fictions de design reposent fréquemment sur une question : « Et si ? », qui instaure d'emblée un cadre propice à la speculation. Cette approche interrogative favorise l'exploration des tensions et des zones de friction, conduisant à la création d'un univers fictionnel situé dans un présent alternatif ou un futur proche, porteur d'un nouvel ensemble de valeurs et de morales qualifié de : « La Nouvelle Normalité »[6].
Le scénario spéculatif et l'univers fictionnel dans lequel il s'inscrit prennent forme grâce à des outils et des méthodes de conception permettant de créer ce que David A. Kirby fut le premier à nommer des « prototypes diégétiques »[7],[8]. Le terme diégétique souligne leur dimension narrative, conçue pour rendre explicite l'univers dont ils sont issus. Parallèlement, ces objets laissent volontairement des espaces d'interprétation à l'imagination du spectateur : ils « racontent des mondes plutôt que des histoires »[9]. Comme l'explique Julian Bleecker : « Les objets fictionnels conçus sont des totems à travers lesquels une histoire plus vaste peut être racontée, imaginée ou exprimée. Ce sont des artefacts venus d'ailleurs, qui évoquent d'autres mondes »[10].
Ces prototypes constituent des points d'entrée privilégiés pour explorer des sujets complexes ou controversés relevant des enjeux socio-technologiques, tels que les technologies numériques,l'Internet des objets,l'informatique ubiquitaire,la biotechnologie,la biologie de synthèse,le transhumanisme,l'intelligence artificielle,les données oules algorithmes . Ils « permettent de rendre les choses suffisamment concrètes et tangibles pour susciter le débat et favoriser la prise de décision »[11].
Les fictions conceptuelles sont conçues pour être exposées afin de créer un espace de discussion et de débat. Elles peuvent être présentées dans divers contextes selon les publics cibles : en ligne : plateformes vidéo, réseaux sociaux, sites web dédiés ou hors ligne : galeries ou musées[12], commerces de proximité[13],[14], forums[15], en dévoilant ou non leur nature fictionnelle. En 2013, le projet 99¢ FUTURES[13] mené par le studio Extrapolation Factory, a démontré que des discussions et des débats pouvaient avoir lieu avec succès dans des lieux non institutionnels, comme dans un commerce de proximité : des artefacts préalablement imaginés et conçus lors d’un atelier étaient disposés parmi des objets de consommation courante. Les clients ont commencé à discuter de ces visions du futur, allant même jusqu’à acheter celle qui leur plaisait le plus pour quelques euros.
Le design fiction consitute un outil privilégié pour encourager et faire progresser les processus d'élaboration des politiques publiques. En 2015,ProtoPolicy, un projet de co-conception mené par le studio Design Friction, le Groupe parlementaire multipartite de conception et d'innovation (APDIG) et Age UK, visait à développer une compréhension partagée des contraintes et des opportunités liées aux enjeux politiques du maintien à domicile et de la solitude grâce au design fiction[16]. Une série d'ateliers créatifs, impliquant des communautés de personnes âgées, a conduit à la conception de « Soulaje », un dispositif portable d'euthanasie auto-administrée, volontairement provocateur et destiné à susciter la réflexion autour des taboues liés à la mort et au libre arbitre. Un second scénario introduisait « Le thérapeute à domicile intelligent », une figure active de professionnel combinant expertise en psychologie humaine et en intelligence artificielle, chargé de faciliter la relation des personnes âgées avec leur maison connectée et de simplifier leur accès à des produits et services domestiques personnalisés[17].
Le design fiction peut constituer un outil stratégique pour les entreprises souhaitant explorer de nouvelles perspectives ou identifier des opportunités au sein de secteurs émergents ou en transformation. Elle permet d'inspirer des visions prospectives, de recueillir des données qualitatives utiles à la formulation de décisions et d'orientations stratégiques, d'anticiper les risques ainsi que les obstacles socioculturels, et de favoriser le dialogue entre les differents parties prenantes. En impliquant à la fois les équipes internes et les publics externes dans la définition de futurs possibles, le design fiction contribue à faire émerger des retours d'expérience inattendus, des conflits ou des detournements d'usage tout en mettant en lumière les impacts multiples (économiques, sociaux et culturels) des technologies et innovations sur les utilisateurs potentiels et sur la société dans son ensemble.
Le Near Future Laboratory décrit son approche du design fiction appliquée au monde de l'entreprise comme une méthode visant à rendre tangibles les futurs possibles : « Le design fiction est une approche parmi d’autres, mais sa contribution se concentre sur le futur proche et est concrète. Par exemple, plutôt que de participer à des ateliers réunissant des experts multidisciplinaires autour d'une présentation PowerPoint remplie d’idées technologiques, nous proposons de créer le manuel d’utilisation du produit envisagé ou de produire une vidéo montrant comment un employé s’approprie les technologies, en présentant leurs caractéristiques et leurs limites. Ces artefacts ont pour objectif de matérialiser les transformations, les opportunités et les implications associées à l'usage des technologies. Ils mettent en évidence les détails en situation d’usage afin d’éviter une discussion trop abstraite. Comme le précisent les membres du laboratoire : pour nos clients, un design fiction réussie signifie qu’ils peuvent ressentir, appréhender et comprendre les opportunités du futur proche, grâce à des éléments convaincants illustrant les changements potentiels de leurs clients, marchés, technologies ou concurrents. »
Le design fiction peut prendre une dimension proche de l'activisme lorsqu'il vise à sensibiliser le grand public aux enjeux sociaux, juridiques, politiques ou économiques émergents. En 2016, le studio A Parede a développé le projetOniria en réaction au Statut de l'enfant à naître, un projet de loi brésilien définissant le début de la vie au moment de la fécondation de l'ovule, ce qui aurait pour effet d'interdire la pilule du lendemain dans un pays où l'avortement est déjà illégal dans la mojorité des cas. À travers une approche critique, les designers ont imaginé un scénario dans lequel une entreprise ommercialise une technologie contraceptive conforme à cette législation. Le public était invité à partager, via differentes plateformes de médias, sa propre interprétation des conséquences qu'un tel dispositif pourrait avoir sur sa vie quotidienne et sur la société.
(en) Julian Bleecker, « Design Fiction, A short essay on design, science fact and fiction »[PDF],