| Organisation | |
|---|---|
| Constructeur | |
| Programme | New Millennium |
| Domaine | Technologie, Étude d'objets célestes mineurs |
| Type demission | Survol |
| Statut | Mission achevée |
| Lancement | 24 octobre 1998 |
| Lanceur | Delta II 7326 |
| Fin de mission | 18 décembre 2001 |
| Identifiant COSPAR | 1998-061A |
| Site | http://nmp.jpl.nasa.gov/ds1/ |
| 29 juillet 1999 | Survol de l'astéroïdeBraille |
|---|---|
| 22 septembre 2001 | Survol de lacomèteBorrelly |
| Masse au lancement | 486,32 kg |
|---|---|
| Propulsion | Ionique |
| Ergols | Xénon,Hydrazine |
| Masse ergols | 113 kg dont 81,5 kg de xénon |
| Δv | 4,2 km/s |
| Contrôle d'attitude | Stabilisé 3 axes |
| Source d'énergie | Panneaux solaires |
| Puissance électrique | 2,5 kW à 1 ua |
| MICAS | Caméras/Spectromètres |
|---|---|
| PEPE | Spectromètre à ions et électrons |

Deep Space 1 est une mission spatiale de l'agence spatialeaméricaine, laNASA, destinée à tester de nouvelles techniques. Elle est lancée le et s'achève le. Cette petitesonde spatiale de487 kilogrammes est le premier engin à utiliser unmoteur ionique comme propulsion principale.Deep Space 1 est également la première mission duprogrammeNew Millennium, dont l'objectif est de mettre au point les équipements utilisés par les engins interplanétaires de taille réduite imposée par la nouvelle stratégie d'exploration du système solaire (« faster, cheaper, better »).
Deep Space 1 accomplit sa mission avec succès, en démontrant en particulier que la propulsion ionique dispose de l'endurance nécessaire pour propulser une mission interplanétaire de longue durée sans perturber le fonctionnement des instruments scientifiques. La sonde spatiale atteint également ses objectifs secondaires en survolant l'astéroïde(9969) Braille et lacomèteBorrelly tout en collectant des données scientifiques et des photographies de ces corps mineurs.
Deep Space 1 est la première mission spatiale duprogrammeNew Millennium (NMP) de laNASA.New Millenium s'inscrit dans la nouvelle stratégie d'exploration du système solaire de la NASA mise en place par sonadministrateurDaniel Goldin, consistant à développer des missions moins coûteuses que par le passé (« faster, cheaper, better ») mais plus nombreuses. Jusque là, les nouvelles techniques spatiales étaient testées sur les missions opérationnelles en profitant de leurs budgets très importants comme le recours aux mémoires flash durant la missionCassini. Cette option n'est plus envisageable dans le cadre des nouvelles missions, qui imposent pour limiter les coûts, d'utiliser des techniques parfaitement rodées. Pourtant ces nouvelles missions nécessitent la mise au point de nouvelles techniques spatiales permettant la miniaturisation et la réduction des coûts. Pour gérer ce besoinCharles Elachi, directeur du centre JPL, propose à Goldin, un nouveau programme rassemblant des missions développées dans l'esprit du« faster, cheaper, better » et consacrées à la qualification de ces nouvelles techniques avant leur déploiement sur des missions plus opérationnelles. Parmi ces techniques figurent notamment lapropulsion ionique. La gestion du programme est confiée au centreJet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA. Les objectifs principaux de ces missions sont donc d'abord d'ordre technique, les retombées scientifiques étant un objectif secondaire. En, le Congrès américain donne son accord pour le lancement du programmeNew Millennium et en particulier pour le développement d'une missionDeep Space 1 consacrée principalement à la mise au point de la propulsion ionique[1].

Le développement de lapropulsion ionique débute à la NASA dans lesannées 1950. Le docteurHarold Kaufman ducentre de recherche Lewis (établissement de la NASA), construit le premier moteur de ce type en 1959. En 1964, un petit satellite expérimental,Space Electric Rocket Test 1 (SERT 1), est lancé par une fuséeScout. Un des deux moteurs parvient à fonctionner durant31 minutes.SERT 2 également équipé de deux moteurs ioniques est mis en orbite en 1970 : un des deux moteurs fonctionne durant5 mois (3 871 heures en continu), l'autre durant3 mois. Ces premiers moteurs utilisent commeergols soit ducésium soit dumercure. Mais ces deux éléments chimiques présentent des inconvénients et les ingénieurs choisissent pour les moteurs suivants lexénon qui s'avère plus simple à utiliser. Au début des années 1960 le centre de rechercheHRL Laboratories situé àMalibu (Californie), filiale du constructeur aérospatialHughes, travaille également sur la propulsion ionique. Un premier moteur expérimental de ce constructeur est testé à bord du satellite militaireGeophysics Laboratory's Spacecraft Charging at High Altitude lancé en 1979. En août 1997, une version opérationnelle est installée à bord dusatellite de télécommunications PanAmSat 5 : le moteur ionique est utilisé pour maintenir le satellite sur sa position géostationnaire et contrôler son orientation. Au début des années 1990, leJet Propulsion Laboratory et lecentre de recherche Lewis développent ensemble le moteur ioniqueNSTAR dans l'optique de l'utiliser pour propulser des engins spatiaux interplanétaires. Le centre Lewis fait fonctionner le moteur dans unechambre à vide durant 8 000 heures. Les tests qui s'achèvent en septembre 1997 sont un succès et la NASA décide de développer un moteur ionique opérationnel avec Hughes pour la missionDeep Space 1[2].
La propulsion électrique (Solar Electric Propulsion ou SEP) avait été proposée dès les années 1970 pour des missions d'exploration du système solaire de la NASA ne nécessitant pas de manœuvres de freinage brutales (hors de portée de ce type de propulsion) comme le survol decomètes et d'astéroïdes (par exemple mission Halle/Tempel 2 International Comet Mission). Mais, malgré les tests effectués dans le cadre des missions SERT, cette technique était considérée comme immature car les interactions avec les instruments scientifiques étaient mal connues tandis que la conception de missions utilisant ce type de propulsion, soumises à de fortes contraintes, n'était pas maitrisée.Deep Space 1, première mission duprogrammeNew Millennium, est initialement, dans l'esprit de ses concepteurs, une mission d'exploration d'objets mineurs (comètes, astéroïdes) destinée à tester une forte miniaturisation de tous les composants. L'objectif est que la masse totale au lancement de la sonde spatiale soit inférieure à100 kilogrammes. Une étude plus poussée démontre que la technologie critique permettant d'alléger une sonde spatiale est la propulsion électrique etDeep Space 1 devint une mission consacrée à la qualification de cette technique.Deep Space 1 embarque également un système de navigation autonome expérimental utilisant la position des étoiles pour la correction de sa trajectoire. Les responsables du JPL décident de développer cette nouvelle mission en un temps très court (36 mois) en se donnant comme objectif un lancement en juillet 1998.Spectrum Astro, une petite société de l'Arizona, est retenue pour la construction de laplateforme[3].
L'objectif principal deDeep Space 1 est de valider douze nouvelles techniques spatiales et plus particulièrement l'utilisation de lapropulsion ionique qui n'a, jusque là, jamais été utilisée comme propulsion principale d'une mission interplanétaire[4],[5].

NSTAR est le premiermoteur ionique utilisé dans le cadre d'une mission interplanétaire. Le moteur alimenté électriquement par despanneaux solaires constitue le système de propulsion principal de la sonde spatiale.
SCARLET (Solar Concentrator Array of Refractive Linear Element Technologies) : despanneaux solaires expérimentaux utilisant des cellules photovoltaïques de type GaInP2/GaAs/Ge recouverts de lentilles cylindriques ayant pour rôle à la fois de concentrer la lumière et de protéger les cellules. Ce système de lentille permet d'augmenter de 20% l'énergie produite par les cellules solaires et donc de réduire la masse consacrée à la production d'énergie.
La multiplication des sondes spatiales qui découlent de la stratégie du« faster, cheaper, better » entraîne un plan de charges plus important pour les antennes géantes duDeep Space Network.Deep Space 1 teste trois nouvelles technologiques dont l'objectif est de permettre à la sonde spatiale d'être plus autonome et donc de réduire les échanges avec les équipes au sol[6] :


Deep Space 1 est principalement une mission destinée à mettre au point de nouvelles techniques mais des objectifs secondaires scientifiques, adaptés aux caractéristiques techniques de la sonde spatiale, ont également été définis. Il s'agit de survoler des corps mineurs orbitant sur des orbites proches de celle de la Terre. Selon la planification initiale la sonde spatiale doit survoler mi-janvier 1999 l'astéroïde(3352) McAuliffe à une vitesse relative de6,7 km/s puis en la comète76P/West-Kohoutek-Ikemura à une vitesse relative de15 km/s. En avril 2000 la sonde spatiale devait survoler Mars et potentiellement effectuer à cette occasion un survol à faible distance dePhobos, lune de cette planète[10].
La date de lancement prévue est juillet 1998 mais des problèmes portant à la fois sur la mise au point des équipements et le développement deslogiciels embarqués impose en mars 1998 de repousser le lancement à octobre 1998. Pour tenir ce nouvel objectif l'équipe projet décide de reporter après le lancement la mise au point du logiciel expérimentalRemote Agent (qui sera téléchargé en cours de mission) tandis que le développement des autres logiciels s'appuie en partie sur des programmes réalisés pour la missionMars Pathfinder. Le report de la date de lancement impose la modification des objectifs scientifiques. À partir d'une liste de 100 corps mineurs, la NASA sélectionne l'astéroïde1992KD découvert en 1992 par des astronomes du centre JPL. Il s'agit d'unastéroïde aréocroiseur c'est-à-dire dont l'orbite coupe celle de Mars. Son orbite évolue rapidement et il devrait d'ici quelques milliers d'années devenir unastéroïde géocroiseur (coupant l'orbite de la Terre). L'analyse spectrale indique qu'il s'agit d'un des raresastéroïdes de type Q présents dans laceinture d'astéroïdes. Cette particularité et l'évolution de son orbite en font un objectif scientifique particulièrement intéressant. Pour accroître l'intérêt du public, la NASA renomme l'astéroïdeBraille en l'honneur deLouis Braille inventeur du système d’écriture tactile à points saillants à l’usage des personnes aveugles. À l'époque on estime que l'astéroïde est long de 3 km et de forme allongé. Il circule sur une orbite ayant une inclinaison de 28° par rapport auplan de l'écliptique.Deep Space 1 doit survoler l'astéroïde à une vitesse relative de15,5 km/s[11].

La fermeture de lafenêtre de lancement retenue (15 octobre-10 novembre 1998) est uniquement imposée par la nécessité de libérer lepas de tir pour le lancement des sondesMars Surveyor (Mars Climate Orbiter etMars Polar Lander).Deep Space 1 est lancée le depuis labase de lancement de Cap Canaveral (Floride) par une fuséeDelta II 7326-9 Med-Lite dont c'est la première utilisation. La fusée emporte également un micro satellite SEDSat 1 développé par des étudiants qui est largué avant la mise à feu du troisième étage de la fusée. Cette dernière place la sonde spatiale sur uneorbite héliocentrique de 1 × 1,3 ua. Dès le début de la mission les premiers problèmes apparaissent. Leviseur d'étoiles refuse de fonctionner mais lespanneaux solaires se déploient correctement et lerépéteur permet de confirmer que la trajectoire est conforme à ce qui est prévu[12],[13].
Le 10 novembre, le moteur ionique est mis en marche pour la première fois pour un test d'une durée prévue de 17 heures. Mais il s'éteint au bout de 4,5 minutes et toutes les tentatives pour le remettre en marche échouent. Les ingénieurs au sol partent de l'hypothèse que cet arrêt est provoqué par un court-circuit électrique dû à un débris coincé dans les grilles enmolybdène du moteur. Ils décident de soumettre celles-ci à une exposition alternée au Soleil puis au froid de l'espace qui entraîne successivement leur expansion puis leur contraction en espérant que ces opérations parviendront à déloger le débris. Fin novembre, le moteur ionique est remis en marche et se met à fonctionner de manière nominale. Les dix premiers jours, la poussée est orientée de manière à maximiser l'effet Doppler des signaux reçus sur Terre afin de mesurer avec précision les performances du moteur, puis l'orientation de la sonde spatiale est modifiée de manière à la remettre sur la trajectoire d'interception de l'astéroïde Braille. Les problèmes rencontrés ne permettent pas d'effectuer l'étalonnage des caméras à l'aide d'images de la Terre et de Mars, ce qui aura des conséquences sur le déroulement ultérieur des opérations. Les opérations d'étalonnage de MICAS démontrent que le spectromètre ultraviolet fournit des données inexploitables et que, en lumière visible et infrarouge, les images prises par les caméras de MICAS sont touchées par unelumière parasite générée par la réflexion du rayonnement solaire sur certaines parties de la sonde spatiale. Le 22 janvier, l'équipe projet effectue des tests de modulation de la poussée qui permettent de vérifier que les transmissions et mesures effectuées avec les instruments de mesure du plasma ne sont pas perturbées par le fonctionnement du moteur ionique. Une mise à jour majeure des logiciels embarqués est transmise et installée en février. Les tests effectués par la suite avec lelogiciel de navigation autonome Autonav démontrent que celui-ci fonctionne de manière satisfaisante. Le 27 avril, le moteur ionique est arrêté car la sonde spatiale est désormais sur une trajectoire balistique qui doit lui permettre de survoler l'astéroïde à faible distance. Depuis le lancement, le moteur ionique a fonctionné durant 1 800 heures et redémarré à 34 reprises. Lavitesse a été modifiée de699,6 m/s et 11,4 kilogrammes dexénon ont été consommés[14].

Durant le survol de BrailleDeep Space 1 doit prendre des photos et effectuer des analyses spectrales de l'astéroïde à l'aide de l'instrument MICAS tandis que l'instrument PEPE doit mesurer les perturbations du vent solaire qui pourraient révéler la présence d'un champ magnétique. On espère que l'impact du vent solaire sur la surface de l'astéroïde éjecte des ions qui grâce à l'analyse spectrale pourront être identifiés et fourniront ainsi des informations importantes sur la composition de Braille. Il est prévu que la sonde spatiale passe à 5-10 kilomètres de l'astéroïde soit la plus faible distance de toutes les missions spatiales passées. La caméra, au plus près de l'astéroïde, ne pourra pas suivre le déplacement de Braille et il n'est pas prévu de prendre d'images à ce moment-là. Aussi la meilleure résolution spatiale des photos de Braille ne sera que de 30 à50 mètres. Une heure après le survol la sonde spatiale doit orienter son antenne vers la Terre et transférer les données recueillies par ses instruments[15].
Trente jours avant le survol, MICAS commence à prendre des photos du fonds du ciel pour alimenter le système de navigation AUTONAV qui effectue des corrections en utilisant comme référentiel les étoiles environnantes. Deux semaines avant la rencontre le logiciel de la sonde spatiale effectue avec succès une répétition de l'ensemble des opérations prévues durant cet événement. Toutefois la surface de l'astéroïde se révèle beaucoup plus sombre que prévu car MICAS ne parvient toujours pas à le distinguer. 40 heures avant le survol, les ingénieurs parviennent à identifier Braille sur les photos en utilisant un logiciel de correction qui n'est toutefois pas disponible à bord de la sonde spatiale. Braille est à environ430 kilomètres de la position prévue et une commande qui doit permettre la correction de la trajectoire est envoyée à la sonde spatiale. Le, quelques heures avant le survol, la sonde spatiale passe temporairement enmode survie ce qui entraîne une correction de trajectoire moins précise. Comme prévu le détecteur CMOS de la caméra MICAS, plus fiable que le CCD, est utilisé dans les 27 dernières minutes précédent la rencontre pour orienter les instruments vers l'astéroïde qui va défiler à environ26 kilomètres de la sonde spatiale à la vitesse relative de15,5 km/s. Malheureusement le capteur CMOS ne parvient pas à repérer l'astéroïde sur les23 images prises et aucun des instruments n'est pointé vers Braille au moment du survol. Après dépouillement des données par les équipes au sol, les seules images disponibles sont celles prises par la caméra CCD70 minutes avant le survol à une distance de 40 000 kilomètres dans lesquels l'astéroïde ne représente que quatre pixels. En raison de la capacité limitée de la mémoire de masse deDeep Space 1, toutes les images prises à une distance plus proche avaient été supprimées pour faire de la place aux images à haute résolution attendues. Quelques informations ont néanmoins pu être tirées à partir de l'analyse des spectres infrarouges pris après le survol. Dans l'ensemble le survol a été considéré comme un échec sur le plan scientifique en partie en raison de caractéristiques inattendues de l'astéroïde mais en partie également du fait d'une préparation insuffisante des équipes au sol[16].
La mission primaire s'achève le 18 septembre 1999 mais la NASA décide de la prolonger de deux ans en débloquant 9,6 millions US$. Les objectifs technologiques ayant été atteints, les objectifs scientifiques prennent désormais le pas. L'objectif de la mission étendue est de réaliser un survol de lacomète Wilson-Harrington en janvier 2001 à une vitesse relative de15,8 km/s puis de la comèteBorrelly en septembre 2001. Wilson-Harrington découverte une première fois en 1949 puis redécouverte en 1979 était une comète reclassée astéroïde car ne présentant plus les caractéristiques d'une comète lors des observations ultérieures. La taille du noyau est évaluée à 4 km. Le survol s'annonce difficile car il doit se produire à un moment proche d'une conjonction solaire c'est-à-dire lorsque le Soleil s'interpose entre la sonde spatiale et la Terre interrompant les communications. Borrely découverte en 1904 par le marseillais Alphonse Louis Nicolas Borrelly est une comète typique avec une périodicité de 6,9 ans qui a pu être observée à chacun de ses passages près du Soleil. Son orbite est bien connue et des observations effectuée à l'aide du télescope Hubble en 1994 ont permis de déterminer ses caractéristiques : elle a une forme allongée (8,8 × 3,6 km) et sa période de rotation est de 25 heures. Son inclinaison par rapport au plan de l'écliptique est de 30° et son périgée (point de l'orbite proche du Soleil) se situe entre les orbites de Mars et de la Terre[17],[18].
Début août 1999, quelques dizaines d'heures après le survol de Braille, le moteur ionique deDeep Space 1 avait été remis en marche pour laisser toutes les options ouvertes en cas de prolongement de la mission. Pour atteindre sa première cible le moteur est arrêté le 20 octobre et la sonde spatiale suit désormais une trajectoire inertielle. À cette date le moteur ionique a fonctionné 3 571 heures en accélérant la sonde de1,32 km/s et en consommant 21,6 kg de xénon. Le 11 novembre 1999 une avarie très grave frappe la sonde spatiale. Leviseur d'étoiles tombe en panne et, aucune redondance n'étant prévue, la sonde spatiale passe automatiquement enmode survie. Cette indisponibilité prive la sonde spatiale du seul équipement fournissant les données utilisées pour maintenir son orientation fixe par rapport aux étoiles. La sonde spatiale se met en rotation lente (1 tour par heure) en maintenant la surface des panneaux solaires perpendiculaires à la direction du Soleil. L'instrument PEPE s'est arrêté automatiquement sans qu'on sache si cet événement est corrélé avec la panne du viseur d'étoiles. Les responsables de la mission décident d'abandonner le survol de la comète Wilson-Harrington et de tenter d'effectuer le survol de Borrelly malgré l'indisponibilité du viseur d'étoiles. Fin 1999, le moteur ionique a consommé 22 kg de xénon en fournissant undelta-v de1 300 m/s[17],[19].
Les responsables de l'agence spatiale envisagent l'arrêt de la mission car aucune solution ne semble permettre de contourner la panne duviseur d'étoiles. Le nouveau mode de stabilisation adopté ne permet pas d'utiliser l'antenne grandgain, car celle-ci n'est plus pointée vers la Terre, ce qui limite fortement le volume de données transmises. Finalement mi-janvier 2000, unenutation (oscillation de l'axe de rotation) est introduite dans le mouvement de rotation de la sonde spatiale ce qui permet à l'antenne grand gain d'être pointée de manière intermittente vers la Terre. Une grande quantité de données sur l'état de la sonde spatiale ainsi que certaines données scientifiques qui étaient restées stockées dans lamémoire de masse de la sonde spatiale à la suite de la panne peuvent être transmises vers la Terre[20].
Les ingénieurs au sol décident de reconfigurer le système decontrôle d'attitude de manière qu'il puisse utiliser les images fournies par la caméra de MICAS à la place de celle du viseur d'étoiles. Cette modification est complexe car lechamp de vue de la caméra est beaucoup plus étroit que celui du viseur d'étoiles. Une étoile de référence relativement brillante, baptisée "thrustar", est sélectionnée pour le reste de la mission. Désormais le système de contrôle d'attitude modifie périodiquement l'orientation de la sonde spatiale pour pointer l'axe de la caméra de MICAS vers cette étoile puis déclenche la prise d'une image de celle-ci. Après avoir soustrait le fond d'étoiles, le programme mesure l'écart entre la position de l'astre constaté sur la photo et celle prévue puis, en fonction du résultat, envoie des commandes au système propulsif pour corriger l'orientation deDeep Space 1. Cette évolution dulogiciel, dont la réalisation prend quatre mois et entraîne un surcoût de 800 000 US$, se fait dans l'urgence, car la sonde spatiale doit absolument redevenir opérationnelle avant début juillet, pour pouvoir effectuer les manœuvres permettant le survol de Borrelly. Le survol de lacomète Wilson-Harrington, quant à lui, a été abandonné car la sonde spatiale n'a d'ores et déjà plus le temps de manœuvrer pour l'effectuer. La nouvelle version du logiciel de contrôle d'attitude est téléchargée fin mai. La modification est un succès et le 28 juin, avec une semaine d'avance sur la date limite, lemoteur ionique est remis en marche pour modifier la trajectoire et permettre l'interception de Borrelly. Mais un autre problème apparait. Depuis la panne du viseur d'étoiles, la sonde spatiale a consommé une grande partie de l'hydrazine brûlée par ses petitsmoteurs-fusées pour corriger l'orientation et il ne reste plus qu'un tiers de la quantité initiale (31 kg) soit une quantité tout juste suffisante pour la phase de transit vers Borrelly. Pour réduire la consommation d'hydrazine, les ingénieurs décident d'utiliser de manière permanente le moteur ionique, qui est légèrement orientable, pour effectuer les corrections d'orientation. Lorsque la sonde spatiale n'a pas recours au moteur ionique pour corriger sa trajectoire, celui-ci est quand même utilisé avec une poussée fortement réduite pour économiser l'hydrazine. Conséquence de cette décision la sonde spatiale bat le 17 août le record de la plus longue durée d'utilisation sans interruption d'un système propulsif dans l'espace (162 jours). Ce record avait été établi par le satellite expérimentalSERT 2. Entre fin octobre et fin novembre 2000 la sonde spatiale passe derrière le Soleil et le moteur ionique n'est plus utilisé que pour le contrôle d'attitude. Le 2 janvier, le moteur ionique fonctionne de nouveau à pleine puissance. Début mai la sonde spatiale a atteint sa trajectoire qui doit lui permettre d'intercepter la comète et le moteur ionique n'est plus sollicité que pour le contrôle d'attitude[17],[21].


Le survol de la comète Borrelly, contrairement à celui de l'astéroïde Braille, est préparé avec soin par l'équipe au sol. Un programme téléchargé début mars à bord deDeep Space 1 a été conçu pour que la sonde spatiale puisse de manière autonome reconnaitre le noyau de la comète sur les images prises par la caméra MICAS. Deep Space 1 n'a pas été conçue pour résister aux impacts des particules de la queue de la comète et ses panneaux solaires pourraient être gravement endommagés durant le survol. Les responsables de mission choisissent de faire passer la sonde spatiale à 2 000 kilomètres du noyau ce qui donne une chance raisonnable de survie à la sonde spatiale sans compromettre les résultats scientifiques. Plusieurs télescopes, dont letélescope spatial Hubble, sont pointés vers la comète pour affiner sa position et permettre de corriger en connaissance de cause la trajectoire deDeep Space 1[22].
Les observations scientifiques débutent le 22 septembre, 12 heures avant le survol : l'instrument PEPE (mesure des électrons et des ions) commence à détecter les ions produits par la comète à une distance de 588 000 km de celle-ci tandis que l'onde de choc du vent solaire avec la queue de la comète est identifiée à 152 000 km de distance 2 heures et demi avant le survol. Au moment du survol la comète, qui a passé le point le plus proche du Soleil seulement8 jours auparavant, est en pleine activité, éjectant des gaz sous l'action du Soleil. Les premières images prises par la caméra de MICAS83 minutes avant le survol montrent un jet de poussière étroit de quelques kilomètres de large et de100 kilomètres de long qui fait un angle de 30° avec la direction du Soleil. À partir de t-32 minutes (t heure de survol), deux images du noyau sont prises chaque minute. Pour économiser la place de stockage en mémoire, seuls les pixels entourant le noyau sont conservés. En tout 52 images de Borrelly sont prises.Deep Space 1 passe au plus près de la comète à 22h30 UTC à une vitesse relative de16,6 km/s et à une distance d'environ 2 171 kilomètres. Pour économiser l'hydrazine aucune image n'est prise après le survol et30 minutes après celui-ci la sonde spatiale modifie son orientation pour pointer son antenne grand gain vers la Terre et transmettre les données recueillies[23].
Deep Space 1 n'est que la deuxième mission après la sonde spatiale européenneGiotto à réussir à photographier de près le noyau d'une comète. La photo la plus détaillée est prise170 secondes avant le passage au plus près alors que la sonde spatiale se trouvait à 3 556 km du noyau. Larésolution spatiale, qui est de47 mètres par pixel, permet de distinguer la forme proche de celle d'une quille de bowling qui serait longue de 8 km et large de 3,2 kilomètres. Les photos prises montrent de nombreuses cavités circulaires sombres de 200 à300 mètres de diamètre qui ne sont pas de cratères d'impact mais plutôt des irrégularités de terrain produites par des effondrements ou le processus desublimation. La surface est parsemée de cavités, crêtes, collines, stries et bosses qui semblent résulter de phénomènes de sublimation passés. Les zones actives (en cours de dégazage) ne représentent qu'environ 10% de la surface totale. Le noyau est particulièrement sombre ne reflétant généralement que 3% de la lumière. Les images de Borrelly confirment donc que la surface des comètes, contrairement à celle desastéroïdes, n'est pas façonnée par les impacts mais essentiellement par des phénomènes de sublimation.157 secondes avant le passage au plus près de la comète, à une distance de 2 910 km, des spectres électromagnétiques du noyau sont collectés dans l'infrarouge. Aucun trace de glace d'eau n'est détectée mais tous les spectres contiennent une bande d'absorption qui pourrait correspondre à un mélange d'hydrocarbures. Les données spectrales permettent de déduire la température de la surface qui est comprise entre30 °C (près duterminateur) et70 °C. Les mesures de la composition de la queue de la comète indiquent la présence d'un grand nombre d'ions dérivés de la molécule d'eau dont la concentration atteint son maximum (90 %) à 1 500 km du noyau. La sonde spatiale survit sans dommage à la traversée de la queue : 17 impacts sont enregistrés sur l'antenne de l'instrument PEPE au cours de 4 périodes distinctes d'une durée de 0,5 seconde chacune[17],[24].
Le 8 octobre débute une nouvelle phase de la mission, au cours de laquelle certains des tests effectués en début de mission sont répétés pour permettre d'évaluer le niveau de dégradation après un séjour de3 ans dans l'espace. Le fonctionnement du moteur ionique est vérifié à différents niveaux de poussée. L'instrument PEPE est maintenu en marche en permanence. Plusieurs options sont envisagées pour la suite de la mission mais la quantité d'ergols restante est très faible. Selon les estimations, l'hydrazine restante ne permet de prolonger la mission que3 mois et la quantité de xénon permet au moteur ionique de fonctionner à un régime très faible que3 mois. Les responsables décident d'arrêter la mission et, le 22 septembre 2001, une commande est envoyée à la sonde spatiale pour qu'elle cesse d'émettre. En mars 2002 les ingénieurs du JPL tenteront sans succès de reprendre contact avec la sonde spatiale pour effectuer des tests en bande Ka. La sonde spatiale poursuit sa course sur une orbite héliocentrique de 1,22 x 1,46 Unité astronomique. Le moteur ionique a fonctionné en tout678 jours sur une période de3 ans en consommant 73,4 kg de xénon et en accélérant la sonde spatiale de4,3 km/s[25].

La sondeDeep Space 1 est constituée d'uneplateforme de forme parallélépipédique de 1,1 × 1,1 × 1,5 m dont la structure est en aluminium. La plupart des équipements sont fixés à l'extérieur de la structure de la sonde spatiale pour faciliter leur accès et leur remplacement durant les phases d'assemblage et de test. Les dimensions de la sonde spatiale avec les instruments et les antennes déployés atteignent 2,5 × 2,1 × 1,7 m. La masse au lancement est de 486,3 kg dont 31,1 kg d'hydrazine utilisée par les moteurs contrôlant l'orientation et 81,5 kg dexénon utilisé par lemoteur ionique qui constitue la propulsion principale.Deep Space 1 dispose de deux ailes orientables composées chacune de quatrepanneaux solaires recouverts decellules photovoltaïques expérimentales (expérience SCARLETT II). Chaque panneau solaire a une superficie de 160 cm × 113 cm et l'envergure totale une fois les panneaux solaires déployés en orbite est de 11,75 mètres. Les panneaux solaires fournissent 2 500 watts à 1 ua au début de la mission dont 2 100 watts sont utilisés par le moteur ionique lorsqu'il est en marche. L'énergie est stockée dans une batterie nickel hydrogène de 24 Ah fournie par lePhillips Laboratory de l'Armée de l'Air américaine[26],[27],[13].
Le moteur ionique unique est installé à la base de la sonde spatiale, au milieu de l'anneau de l'adaptateur qui permet de fixer la sonde spatiale sur sonlanceur, tandis que les antennes et la majorité des capteurs des instruments sont fixés à l'extrémité opposée. La sonde spatiale eststabilisée 3 axes. Son orientation est déterminée à l'aide unviseur d'étoiles, uncapteur solaire et unecentrale à inertie utilisant desgyroscopes laser. Les corrections d'orientation sont effectuées à l'aide de petitsmoteurs-fusées brûlant de l'hydrazine. Pour les communications avec la Terre, la sonde spatiale dispose d'une antenne grandgain fixe de 27,4 cm de diamètre au faisceau relativement ouvert(6°), de trois antennes faible gain, ces quatre antennes étant utilisées enbande X, et d'uneantenne cornet enbande Ka, toutes montées sur la partie supérieure de la sonde ainsi que d'une antenne faible gain montée à la base. Les données sont transmises au sol avec un débit maximum de 20kilobits par seconde[26],[27],[28],[13].
En application de la philosophie de coût réduit, l'antenne grand gain est une pièce de rechange de la missionMars Pathfinder. Les équipements sont, dans la mesure du possible, acquis sur étagère. Par ailleurs, contrairement aux pratiques en vigueur, aucune redondance n'est prévue pour la plupart des équipements utilisant une technique rodée. En particulier le contrôle d'attitude est pris en charge uniquement par les petits moteurs-fusées brûlant de l'hydrazine[27].

La propulsion principale est prise en charge par unmoteur ionique (à grilles) baptiséNSTAR (NASA Solar Electric Propulsion (Technology Applications Readiness) monté sur la partie inférieure de laplateforme de la sonde. L'engin dont la grille (l'équivalent de la tuyère d'un moteur-fusée classique) a un diamètre de 30 cm comporte une chambre d'ionisation dans laquelle lexénon est injecté. Desélectrons émis par unecathode ionisent le xénon en arrachant les électrons de ses atomes et en les transformant enions avec une charge positive. Les ions sont accélérés par une grille portée à 1 280 volts à une vitesse de40 km/s et sont éjectés dans l'espace. Le moteur fournit une poussée maximale 0,09newton avec une consommation électrique de 2 500 watts. La force exercée est égale à peu près au poids d'une feuille de papier posée sur la main. L'orientation de l'axe de poussée peut être modifiée au maximum de 5° (en faisant pivoter tout le moteur avec deux degrés de liberté) pour corriger l'orientation de la sonde spatiale, mais en pratique cette fonction ne sera jamais utilisée au cours de la mission. La poussée peut être modulée avec 120 pas en réduisant l'énergie électrique consommée. La poussée minimale d'une valeur de 0,019 N est obtenue en consommant 500 W. Le rendement du moteur ionique est dix fois supérieur à celui d'un moteur-fusée chimique classique c'est-à-dire qu'il permet d'augmenter la vitesse de l'engin spatial dix fois plus avec la même quantité d'ergols. Sans le recours à la propulsion ionique et certains autres équipements expérimentaux, il a été estimé que la sonde spatiale aurait pesé environ 1 300 kg. La sonde spatiale embarque un ensemble d'instruments de mesurer IPS/IDS (Ion Propulsion System Diagnostic Subsystem) qui analyse l'impact de la propulsion ionique sur son environnement immédiat. Cet ensemble comprend 12 capteurs dont deuxmagnétomètres et un instrument de mesure desondes de plasma[29],[4].

L'ensemble de la mission a coûté 160 millions de dollars dont 95 millions pour le développement et la construction de la sonde spatiale, 43 millions pour le lancement, 10 millions pour les coûts d'exploitation durant l'extension de la mission entre septembre 1999 et décembre 2001 et environ 4 millions pour les aspects scientifiques[13]. Ce coût inclut le développement de certains des nouveaux équipements testés. Les résultats obtenus sont remarquables compte tenu de la modicité du coût de la mission et du cycle de développement très court (39 mois entre le début de la conception et le lancement). Malgré de nombreux problèmes rencontrés au cours de la mission, la sonde spatiale a atteint tous ses objectifs en validant l'ensemble des nouvelles techniques embarquées. La propulsion ionique a démontré plus particulièrement qu'elle était adaptée à une mission interplanétaire : le moteur a fonctionné en tout environ 15 300 heures soit 77 fois l'objectif minimal fixé à la mission pour la qualifier de succès. La propulsion aaccéléré la sonde spatiale de 4,2 kilomètres par seconde en consommant seulement70 kilogrammes dexénon.Deep Space 1 a de plus collecté des informations scientifiques d'une qualité inégalée sur les comètes lors du survol deBorrelly. Les techniques validées grâce àDeep Space 1 ont trouvé des applications pratiques sur de nombreuses missions postérieures[30],[31] :
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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