LeDazangjing (大藏經 ;pinyin: Dà Zàng Jīng « Grande collection de sutras »),Canon chinois ouTripitaka chinois, est lecanon bouddhiste utilisé en Chine, au Japon, en Corée et partiellement au Vietnam. Il est composé surtout de textesmahayana, mais comprend aussi des textes issus des écoles dubouddhisme ancien qui ont leur équivalent dans lecanon pali[1], ainsi que certains textes appartenant aubouddhisme tantrique. Comme le canon originel en pali, il est divisé en « trois corbeilles » :Sutras (經jing),Vinaya (律lü) etAbhidharma (論lun). Un second niveau de subdivision distingue les texteshinayana (Agama), les textes mahayana et les divers (雜 za). La principale édition de référence depuis les années 1930 est leTaishō Shinshū Daizōkyō produit au Japon en prenant pour référence essentielle leTripitaka Koreana. Le contenu du Daizōkyō est accessible en ligne[2].
co : Dae Jang Kyung ;ja : Daizōkyō ;vi : Đại Tạng Kinh
Selon la tradition, la première mise en ordre du canon mahayana (accompagnée de la traduction ensanscrit des textes rédigés engandhari, langue vernaculaire locale) eut lieu dans l’Empire kouchan (au Cachemire ou à Jalandhar) sous le règne deKanishkaIer (127-147), lors d’un concile présidé par Vasumitra. Cinq cents moines auraient accompli le travail en douze ans. Il est parfois mentionné dans le couranttheravada comme le « concile des moines hérétiques ».
Le premier catalogue notable serait celui de la bibliothèque bouddhiste deLiang Wudi conservée au temple de Hualin (華林院) près deNankin, compilé par le moine Baochang (寶唱)[3]. Suivront celui desWei (533-534), ceux deWendi (594-602) etYangdi (605-16) desSui. Le plus important est leCatalogue de Kaiyuan (开元释教录) compilé sous lesTang par le moine Zhisheng (智昇), qui répertorie 2275 textes traduits depuis lesHan postérieurs (~67) j’usqu’à la18e année de l’ère de Kaiyuan (713-741), ainsi que 1073 textes ou extraits divers (compléments, répétitions, provenance incertaine etc.). Les canons officiels compilés à partir desSong se baseront sur ce catalogue.
Les textes gravés sur pierre constituent une référence importante pour le repérage des modifications et erreurs de copie ultérieures à leur date de gravure. L’ensemble le plus connu est celui des « sutras de pierre de Fangshan » (房山石經) abrités dans le domaine du temple Yunjuprès de Pékin. Neuf grottes contenant 4195 dalles sont connues depuis l’origine, une dixième en abritant 10 082 fut découverte en 1956. On doit l'existence de cet ensemble au moine Jingwan (靜琬, fin duVIe siècle) des Sui qui aurait ainsi réalisé un vœu exprimé par son maîtreHuisi. Débuté à l’ère Daye (大業 605-617), le travail fut poursuivi sous les Tang, lesLiao, lesJin et lesMing.
Il existe aussi des ensembles de textes bouddhistes sur pierre àTaishan et Culaishan (徂徕山) auShandong (le second : textesPrajnaparamita), à Fengyu (风峪) près deTaiyuan auShanxi et à Beixiangtangshan (北响堂山) auHebei.
Le premier canon proprement dit apparaît sous lesSong après le développement de laxylographie. Il s’agit duCanon de Kaibao (开宝藏) dont les plaques furent fabriquées sousSong Taizu (968-976) à Yizhou,Sichuan,dans l'ancien pays deShu, d’où son autre nom deShuben (屬本). Il prend pour référence leCatalogue de Kaiyuan et sera la base des canons suivants, soit dix-huit éditions chinoises (huit des Song auxJin, deux sous lesYuan, cinq sous lesMing et trois sous lesQing), trois éditions coréennes et huit éditions japonaises.
Quelques éditions notables:
Les Coréens avaient reçu de Chine au moins deux collections importantes de textes, en 565 et 928. Un exemplaire du premier canon chinois imprimé, leShuben (蜀本), arriva en 991 sur la requête du roi de Koryŏ, suivi d’autres éditions en 1021, 1063 et 1083 ; des textesPrajnaparamita traduits parXuanzang parvinrent en 1022.
Le premier canon imprimé en Corée fut commandité en 1010 par le roi Hyŏnjong, selon la tradition sous la forme d’un vœu fait pour le départ des troupes chinoises qui occupaient alors le pays ; le travail aurait demandé plus de quarante ans. Une autre édition importante (1010 titres en 4740 rouleaux) fut réalisée quelques décennies plus tard, enrichie par les efforts du moine et érudit Ŭich'ŏn, fils du roi Munjong. Parti en Chine contre le vœu de son père, il en revint un an plus tard avec 3000 rouleaux et expédia des envoyés en Chine et au Japon à la recherche de textes tardifs rédigés en Extrême-Orient, excluant toutefois les textesChan. Le catalogue fut publié en 1090. Ce canon fut brûlé par les Mongols en 1232-1233. Le roi ordonna alors sa reconstitution, qui est sous le nom deTripitaka Koreana le plus ancien canon survivant, qui a servi de référence pour les récents canons japonais, dont leTaisho Shinshu Daizokyo (1924-34). Réalisé sous la direction du moine Sugi, leTripitaka Koreana se base sur leShuben enrichi des apports duCanon des Liao, mais les textes plus récents inclus par Ŭich'ŏn ne furent pas retenus[4].
Le canon chinois a également pénétré vers 987 au Japon où des textes bouddhistes avaient commencé à parvenir à partir duVe siècle, tout d’abord en provenance de Corée. Il est généralement connu sous les noms deDaizōkyō (chinoisDazangjing 大藏經) ouIssaikyō (一切経) « intégralité des sutras », et divisé enKyōzō (Sutras),Ritsuzō (Vinaya),Ronzō (Abidharma) etZatsu (divers). Les textes sont pour la grande majorité en chinois mais peuvent être lus en japonais.
La première édition locale fut imprimée sur ordre de l’empereurHorikawa en 1102. D’autres suivirent en 1278, 1288, et entre 1338 et 1358. À l'Époque d'Edo paraissent leTenkaizo (天海藏) ouTanejizo (寬永寺藏) (1637-1648), et l’Obakuban Daizoku (黃檗藏) ouTetsugen Issaikyo (鐵眼一切経) (1678) du moine Tetsugen Doko (1630-1682). À la fin duXIXe siècle est compilé leDainihon kotei shukusatsu daizokyo (日本校訂縮刷大藏經), (1880-1885), basé essentiellement sur leTripitaka Koreana, leZifu (Song), lePuning (Yuan) et leJiaxing (Ming), ainsi que leCatalogue de Nanjo compilé par Nanjo Bunyu (南条文雄 1849-1927). Au début duXXe siècle paraissent leManjizo (卍字藏) ouDainihon kōtei kunten daizokyo (日本校訂訓點大藏經) (1902-1905), puis leManji zoku zo (卍字續藏) (1905-1912) après la destruction du précédent dans un incendie. LeTaisho Shinshu Daizokyo compilé entre 1924 et 1934 est devenu la version de référence auXXe siècle.
Lesempereurs tangout obtinrent leur première version du canon chinois deRenzong des Song. Une traduction entangoute fut entreprise, particulièrement rapide dans la deuxième moitié duXIe siècle sous le patronage de l’impératrice douairière Liang qui sollicita des versions plus récentes de la cour chinoise pour compléter l’ensemble. La première édition tangoute équivalant aux deux-tiers du canon Song fut achevée entre 1090 et 1094[5]. Une impression eut lieu sous les Yuan en 1302 à Hangzhou, presque un siècle après la disparition de l’empire tangout[6].
Au Vietnam, la première version du canon chinois fut obtenue en 1008 par l’empereur Lê Đại-Hành ; d’autres versions suivirent en 1018, 1034 et 1239. Cette dernière fut la base d’une édition imprimée sous la direction du moine Pháp Loa (法螺禪師 1284-1330), protégé de l’empereur Trân Anh-tôn. En 2006 fut entreprise une traduction en vietnamien de la version de la Chinese Buddhist Electronic Text Association duDaizokyo.
Le canon chinois a aussi fait l’objet de traductions partielles enmongol et enmandchou.