Après une décennie de silence, il sort à la surprise générale l'albumThe Next Day en2013 qui est un succès commercial et critique. Son dernier album studio, lejazzyBlackstar, paraît le. Sa mort, deux jours plus tard, d'uncancer du foie dont il n'avait pas révélé l'existence au public, crée une grande émotion dans le monde de la musique et offre un grand succès à cet ultime album à la dimension testamentaire évidente.
En parallèle de son activité musicale, Bowie mène également une carrière d'acteur. Son premier grand rôle est celui de l'extraterrestre Thomas Jerome Newton dansL'Homme qui venait d'ailleurs (1976). Il explore par la suite plusieurs genres, du film d'auteur en incarnant le major Jack Celliers dansFuryo (1983) au biopicBasquiat (1996) où il tient le rôle d'Andy Warhol, tout en passant par le grand public avecLabyrinthe (1986), dans lequel il est Jareth, le roi des gobelins, soit l'un de ses rôles les plus connus et aujourd'hui culte. David Bowie collabore également avec des réalisateurs de renom commeMartin Scorsese en incarnantPonce Pilate dansLa Dernière Tentation du Christ (1988) ou encoreDavid Lynch pour qui il joue dansTwin Peaks: Fire Walk with Me (1992). Ses chansons sont également utilisées à de nombreuses reprises au cinéma et Bowie lui-même a signé la composition de quelques bande-sons cinématographiques.
David Robert Jones est né le àBrixton, un quartier du sud deLondres. Sa mère, Margaret Mary Burns (1913-2001), est la fille d'un coupleirlandais ayant émigré àManchester ; elle travaille comme ouvreuse dans un cinéma deRoyal Tunbridge Wells[6]. Son père, Haywood Stenton Jones (1912-1969), est originaire deDoncaster et s'occupe des relations publiques de l'association caritativeBarnardo's[7]. Ils habitent au 40 Stansfield Road, à la frontière des quartiers de Brixton etStockwell. Le jeune David Jones est scolarisé à l'école primaire de Stockwell jusqu'à l'âge de six ans. C'est un élève doué et déterminé, mais aussi bagarreur[8].
En 1953, les Jones déménagent àBromley, banlieue londonienne plus aisée, et David entre à la Burnt Ash Junior School deux ans plus tard. Sa voix est jugée passable par la chorale de l'école, et il joue mieux de laflûte à bec que la moyenne. Il se distingue à l'âge de neuf ans lors des cours de danse, où il fait preuve d'une grande imagination[9]. La collection de 45 tours américains rapportée à la maison par son père la même année stimule son intérêt pour la musique : il découvre lesTeenagers, lesPlatters,Fats Domino,Elvis Presley etLittle Richard[10],[11]. Il se met auukulélé et à lacontrebassine pour jouer duskiffle avec ses amis et commence à apprendre lepiano[11].
Après avoir passé soneleven-plus, David Jones entre au lycée technique de Bromley où il étudie l'art, la musique et le design[12]. Son demi-frère aîné Terry Burns, né d'un précédent mariage de sa mère, lui fait découvrir le jazz moderne et il s'enthousiasme pourCharles Mingus etJohn Coltrane, ce qui incite sa mère à lui offrir unsaxophone Grafton en 1961. Le saxophonisteRonnie Ross lui apprend à jouer de cet instrument[13]. En 1962, il est gravement blessé après s'être battu à l'école avec son amiGeorge Underwood, qui lui donne un coup de poing dans l'œil gauche. Malgré plusieurs opérations et quatre mois d'hospitalisation, les médecins ne parviennent pas à guérir complètement le jeune garçon, qui en conserve une pupille perpétuellement dilatée (anisocorie enmydriase) et une mauvaiseperception de la profondeur. Cette différence entre ses deux yeux, souvent décrite à tort comme unehétérochromie, reste l'un de ses traits les plus distinctifs[14]. Malgré cet incident, Bowie reste en bons termes avec Underwood, qui conçoit les pochettes de plusieurs de ses albums par la suite.
David Jones fonde son premier groupe en 1962. Les Konrads, groupe derock 'n' roll à guitare, se produisent à des mariages et autres fêtes de jeunes[15]. En quittant le lycée technique, l'année suivante, Jones annonce à ses parents son intention de devenir une vedette pop, mais sa mère lui trouve un travail d'apprenti électricien. Frustré par le manque d'ambition des Konrads, il rejoint un autre groupe, les King Bees. Il écrit à l'homme d'affairesJohn Bloom(en), qui a fait fortune dans les machines à laver, pour l'inviter à devenir leurBrian Epstein. Bien qu'il ne réponde pas à cette offre, Bloom la fait suivre à Leslie Conn, le partenaire deDick James(en), qui fait signer à Jones son premier contrat de management[16].
Le 5 juin1964 paraîtLiza Jane, le premier 45 tours de « Davie Jones with the King Bees ». C'est un échec commercial. Jones quitte les King Bees moins d'un mois plus tard, se sentant limité par leur répertoire constitué de reprises deHowlin' Wolf etWillie Dixon. Il rejoint un autre groupe, les Mannish Boys, qui ne jouent pas seulement du blues, mais aussi du folk et de la soul. Par la suite, il déclare avoir rêvé de« devenir leurMick Jagger[16] ». Leur reprise deI Pity the Fool, publiée en single en mars1965, est un autre échec, et Jones change à nouveau de groupe pour rejoindre The Lower Third, un trio fortement influencé par lesWho. Le singleYou've Got a Habit of Leaving, une composition de Jones inspirée par la musiquemod, sort au mois d'août, mais il ne rencontre pas davantage le succès que les deux précédents et marque la fin de son contrat avec Leslie Conn[17].
Avec son nouveau manager Ralph Horton, Jones obtient un contrat avecPye Records, pour qui il enregistre trois singles au cours de l'année1966 :Can't Help Thinking About Me,Do Anything You Say etI Dig Everything. Le premier est crédité à « David Bowie with The Lower Third ». C'est la première apparition du pseudonyme définitif de David Jones, dont le vrai nom ressemble trop à celui duMonkeeDavy Jones. « Bowie » fait référence au pionnier américainJames Bowie et aucouteau Bowie auquel il a donné son nom[18][b]. Bowie est accompagné par son nouveau groupe, The Buzz, surDo Anything You Say, et par des musiciens de studio surI Dig Everything. Ces trois singles sont à nouveau des échecs commerciaux et à la fin de l'année, Bowie se retrouve avec un nouveau manager,Kenneth Pitt, et une nouvelle maison de disques,Deram Records, qui publie son premier album,David Bowie, en juin1967. C'est un mélange depop baroque et demusic-hall qui échoue à rencontrer un public, d'autant que les efforts de Deram pour le promouvoir sont limités[20].
Bowie rencontre le danseurLindsay Kemp en 1967 et s'inscrit à ses cours au London Dance Centre. Sous son égide, il découvre le théâtre d'avant-garde, lemime et lacommedia dell'arte et développe un intérêt pour son image et l'idée de personnages à présenter au public. En janvier 1968, il fait la connaissance de la danseuseHermione Farthingale, qui devient sa petite amie. Ils forment un trio acoustique avec le guitariste John Hutchinson qui donne quelques concerts entre la fin 1968 et le début 1969 où se mêlent musique folk,Merseybeat, poésie et mime[21]. Bowie et Farthingale se séparent au début de l'année 1969. Ils apparaissent ensemble pour la dernière fois dansLove You till Tuesday, un film promotionnel de 30 minutes conçu parKen Pitt pour faire découvrir les chansons de Bowie à un plus grand public. Ce film, qui inclut notamment une première version deSpace Oddity, reste inédit jusqu'en 1984.
Après sa rupture avec Farthingale et la fin de son contrat avec Deram, Bowie se retrouve dans une situation difficile. Il joue dans une publicité pour les glacesLyons Maid(en), maisKit Kat rejette sa candidature pour un autre spot publicitaire. En février-mars 1969, il participe en tant que mime à une tournée deTyrannosaurus Rex, le duo deMarc Bolan. Il rencontre enfin le succès avec la parution du singleSpace Oddity chezPhilips Records le 11 juillet 1969, quelques jours avant le lancement de la missionApollo 11, qui lui permet d'atteindre la5e place duhit-parade britannique. Bowie continue cependant à s'éloigner du blues et du rock de ses débuts en participant à la création d'un club de folk dans le quartier deBeckenham, qui donne naissance au Beckenham Arts Lab, un centre culturel alternatif qui connaît un certain succès[22]. La chansonMemory of a Free Festival rend hommage à un festival organisé par le centre culturel en août 1969.
Le deuxième album de Bowie est publié au mois de novembre par Philips. Il est simplement intituléDavid Bowie. Pour éviter toute confusion avec son premier album, il paraît sous le nomMan of Words / Man of Music aux États-Unis sur le labelMercury, la branche américaine de Philips. Pour sa réédition en 1972,RCA choisit de le rebaptiserSpace Oddity, chanson qui ouvre l'album. Produit parTony Visconti, l'album propose des chansons d'inspiration folk et psychédélique, avec des paroles reprenant le point de vue hippie sur la vie et l'amour. Le succès commercial n'est pas au rendez-vous[23],[24].
David Bowie en 1971, avec son managerTony Defries.
Bowie se marie en mars 1970 avecAngela Barnett, une actrice américaine dont il a fait la connaissance l'année précédente. Elle joue très vite un rôle important dans sa carrière, au détriment de Ken Pitt[25]. Ce dernier est renvoyé peu après et remplacé parTony Defries[26]. Installé à Haddon Hall, une maison de Beckenham, Bowie s'entoure de nouveaux musiciens pour former le groupe Hype :Mick Ronson à la guitare, Tony Visconti à la basse et John Cambridge à la batterie, ce dernier rapidement remplacé parMick Woodmansey[27],[28]. L'idée d'un groupe est rapidement abandonnée, mais ce sont ces musiciens qui enregistrent le troisième album de Bowie,The Man Who Sold the World, qui présente un son plus électrique et lourd queSpace Oddity. Exploitant l'imageandrogyne du chanteur, la pochette de l'édition britannique le présente alangui sur un sofa, habillé d'une robe. C'est dans ce costume qu'il se fait interviewer par la presse durant la campagne de promotion de l'album[29],[30]. Cette campagne le conduit aux États-Unis de janvier à février 1971, où il peut observer directement des musiciens commeIggy Pop etLou Reed, deux inspirations du personnage deZiggy Stardust[29].
Hunky Dory, quatrième album de Bowie et son premier pourRCA Records, est enregistré durant l'été 1971 et publié en décembre. Tony Visconti y est remplacé comme bassiste parTrevor Bolder et comme producteur parKen Scott. Certaines chansons voient Bowie reprendre le ton léger et acoustique deSpace Oddity, notammentKooks, dédiée à son filsDuncan Zowie Jones, né le 30 mai[31]. Le chanteur aborde également des sujets plus sombres et rend directement hommage à ses influences avec les chansonsSong for Bob Dylan,Andy Warhol etQueen Bitch (un pastiche duVelvet Underground)[32]. Les ventes restent médiocres[33].
Le 10 février 1972, David Bowie donne un concert au Toby Jug deTolworth, dans le sud-ouest de Londres, qui marque le début de latournée Ziggy Stardust[34]. Aux côtés de Mick Ronson, Trevor Bolder et Woody Woodmansey, devenus les « Spiders from Mars », le chanteur apparaît sur scène dans un costume extravagant, les cheveux teints en rouge foncé. Il incarne le personnage deZiggy Stardust, un extraterrestre descendu sur Terre pour devenir une icône du rock. Bowie construit son alter-ego sur de nombreuses influences: notammentVince Taylor, un rockeur britannique du début des années 1960, et le modéliste japonaisKansai Yamamoto. Son nom est en partie repris auLegendary Stardust Cowboy, pionnier américain dupsychobilly, et àIggy Pop, chanteur pre-punk desStooges, qu'il a rencontré lors d'un premier voyage à New York en septembre 1971 et décrit déjà comme son chanteur préféré lors d'une interview àMelody Maker en décembre 1970[35]; "Ziggy" serait aussi le nom d'une boutique de tailleur devant laquelle il serait passé par hasard, et qu'il aurait décidé d'adopter comme "sa propre petite blague" puisque "tout ce truc va être une histoire de vêtements"[35]. Durant les six mois qui suivent, Bowie se produit dans tout le Royaume-Uni devant un public toujours plus nombreux et enthousiaste. En combinant le hard rock deThe Man Who Sold the World et la pop plus légère deHunky Dory, l'albumThe Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars participe à la création du courantglam rock avecT. Rex, le groupe deMarc Bolan. Il sort au mois de juin, deux mois après le singleStarman. Les deux grimpent rapidement les échelons du hit-parade britannique après l'apparition remarquée de Bowie dans l'émission téléviséeTop of the Pops au mois de juillet (no 5 pour l'album,no 10 pour le single). Bowie reste présent dans lescharts tout au long de l'été avec les singlesJohn, I'm Only Dancing (no 12) etAll the Young Dudes (no 3), une composition de Bowie interprétée par le groupeMott the Hoople[36]. Ses anciens albums, ignorés au moment de leur sortie, sont réédités pour faire face à la demande du public.
La tournée Ziggy Stardust se poursuit aux États-Unis en septembre-octobre 1972, avec l'arrivée du pianisteMike Garson comme cinquième membre du groupe. Durant son séjour outre-Atlantique, Bowie compose une série de chansons qui forment la majeure partie de son album suivant,Aladdin Sane, qu'il décrit comme« Ziggy en Amérique ». L'album sort en avril 1973 et se classe en tête des ventes au Royaume-Uni alors que Bowie donne ses premiers concerts auJapon. Les singlesThe Jean Genie etDrive-In Saturday apparaissent également dans le Top 5 britannique[37],[38]. Durant cette période, Bowie collabore avecLou Reed et Iggy Pop pour enregistrer et produire leurs albumsTransformer (1972) etRaw Power (1973)[39].
Au fil de la tournée, Bowie éprouve de plus en plus de difficultés à faire la part des choses entre sa propre identité et son personnage de Ziggy Stardust, dans lequel il se projette totalement[40]. Les concerts sont également de plus en plus théâtraux, avec des moments susceptibles de choquer le public : le chanteur se déshabille jusqu'à n'être plus vêtu que d'un pagne de sumo et simule une fellation sur la guitare de Mick Ronson[41]. Le 3 juillet 1973, il fait une annonce spectaculaire à la fin de son concert auHammersmith Odeon de Londres :« c'est non seulement le dernier concert de la tournée, mais c'est aussi le tout dernier que nous ferons » (« not only is it the last show of the tour, but it's the last show that we'll ever do »). Cette formulation ambigüe est interprétée par une partie du public comme l'annonce de la retraite de Bowie, mais en réalité, seul le personnage de Ziggy Stardust disparaît.
À la fin de l'année, Bowie publiePin Ups, un album de reprises de chansons des années 1960. Les Spiders from Mars n'existent alors plus, Woodmansey ayant été remplacé parAynsley Dunbar.Pin Ups est également le dernier album que Bowie enregistre avec Ronson et Bolder. CommeAladdin Sane, il se classe en tête des ventes au Royaume-Uni. À ce moment-là, tous les albums de Bowie figurent dans le hit-parade britannique, à l'exception de celui de 1967[42].
David Bowie en costume de Halloween Jack lors du tournage du clipRebel Rebel, en 1974.
Bowie s'installe aux États-Unis en 1974, d'abord àNew York, puis àLos Angeles[43]. En mai sort son huitième album,Diamond Dogs, le fruit de deux projets distincts : un album-concept racontant les aventures d'un nouveau personnage, « Halloween Jack », dans une ville post-apocalyptique, et une adaptation en comédie musicale du roman1984 deGeorge Orwell dont la veuve Sonia refuse de lui céder les droits. Musicalement, il témoigne d'une évolution vers lasoul et lefunk[44]. S'étant séparé deMick Ronson, jusque-là son principal collaborateur, Bowie assure lui-même les parties de guitare. Le résultat est« un son abrasif, rauque, à moitié amateur[45] ». Le succès est encore au rendez-vous : l'album estno 1 des ventes au Royaume-Uni,no 5 aux États-Unis, et les singlesRebel Rebel etDiamond Dogs réalisent également de belles performances.
La tournéeDiamond Dogs Tour se déroule aux États-Unis et au Canada à partir de juin 1974. Il s'agit d'une entreprise à gros budget, avec des effets spéciaux élaborés et une choréographie conçue parToni Basil. Le documentaireCracked Actor, filmé durant cette tournée, présente un Bowie pâle et émacié, signe que sa consommation decocaïne est en train de devenir une véritable addiction[46]. Le chanteur, affaibli, sombre peu à peu dans laparanoïa et les délires mystiques sans que sa popularité n'en pâtisse, comme en témoigne le succès de l'albumDavid Live, capté pendant la tournéeDiamond Dogs. Après une pause àPhiladelphie durant laquelle Bowie enregistre de nouvelles chansons avec l'aide de musiciens américains soul commeLuther Vandross ouAndy Newmark (batteur deSly and the Family Stone), la tournée se poursuit jusqu'en décembre, sur un ton résolument soul[47].
David Bowie etCher dans l'émissionCher(en) en 1975.
Après avoir interprété un extraterrestre dans le film deNicolas RoegL'Homme qui venait d'ailleurs (son premier grand rôle au cinéma), Bowie publie son dixième album studio,Station to Station, en janvier 1976. Il marque l'apparition de son dernier personnage, le Thin White Duke (« maigre duc blanc »), en partie inspiré de son rôle dansL'Homme qui venait d'ailleurs. Musicalement, certaines chansons se situent dans la continuité de la soul deYoung Americans, commeGolden Years, que Bowie aurait offerte àElvis Presley - ou, selon Angela Bowie, écrite pour elle[48]- ou les funkyTVC 15 etStay, alors que d'autres sont dominées par lessynthétiseurs et annoncent les expérimentations de la période berlinoise, à commencer par lachanson-titre, longue de plus de dix minutes. Aux côtés de Carlos Alomar, le bassisteGeorge Murray et le batteurDennis Davis participent à l'enregistrement deStation to Station. Ces trois musiciens continuent à accompagner Bowie jusqu'à la fin de la décennie, à commencer par la tournéeIsolar, qui parcourt l'Europe et l'Amérique du Nord de février à mai 1976 avec une esthétique froide et dépouillée empruntée à l'expressionnisme allemand et àBertolt Brecht.
Davie Bowie en costume de Thin White Duke sur scène en 1976 (Isolar Tour).
Cette période est marquée par une série de controverses. De passage àStockholm en avril, Bowie déclare à la presse qu'un leader fasciste ferait du bien à la Grande-Bretagne, et il est arrêté par les douanes à lafrontière entre la Pologne et la Russie en possession de souvenirs nazis. Le 2 mai, en arrivant à lagare de Londres-Victoria dans une Mercedes décapotable, Bowie semble adresser unsalut nazi à la foule venue l'accueillir et les photos parues dans l'hebdomadaireNew Musical Express font scandale. Par la suite, Bowie met son comportement erratique durant cette période sur le compte du personnage du Thin White Duke et de son addiction à la cocaïne, renforcée par l'aliénation liée à son séjour à Los Angeles. Il réitère à plusieurs reprises dans les années 1980 et 1990 son opposition au fascisme et au racisme, mais ses propos de 1976 sont, avec ceux tenus parEric Clapton sous l'influence de l'alcool la même année, à l'origine de la campagneRock Against Racism.
Fuyant l'atmosphère viciée de Los Angeles, Bowie émigre enSuisse en 1976, s'installant dans un chalet àBlonay[49], au nord dulac Léman. Dans ce nouvel environnement, sa consommation de cocaïne diminue et il se consacre à d'autres domaines artistiques, notamment la peinture et la photographie. Son intérêt pour la scène musicale allemande et son désir de se libérer de la drogue l'incitent à déménager à nouveau pourBerlin-Ouest avant la fin de l'année. Partageant un appartement àSchöneberg avecIggy Pop, il commence à travailler avecBrian Eno etTony Visconti sur le premier album de sa « trilogie berlinoise ». Il contribue également de manière significative aux deux premiers albums d'Iggy Pop en solo,The Idiot etLust for Life, tous deux sortis en1977, et participe à la tournée de Pop en Europe et aux États-Unis entre mars et avril.
Publié en janvier 1977,Low voit Bowie s'éloigner de son mode de composition habituel basé sur la narration, au profit d'une écriture plus abstraite, dans laquelle les paroles jouent un rôle moindre. La musique est très influencée par le courantkrautrock, représenté par des groupes commeKraftwerk ouNeu! Bien que l'album ait été achevé dès novembre 1976, RCA hésite pendant plusieurs mois avant de mettre sur le marché un produit aussi peu vendeur. C'est pourtant un succès commercial au Royaume-Uni (no 2 des ventes, mieux queStation to Station), tout comme le premier single qui en est tiré,Sound and Vision.
Le deuxième album de la trilogie,"Heroes", poursuit dans la veine minimaliste et instrumentale deLow tout en intégrant davantage d'éléments pop et rock, à l'image de la guitare deRobert Fripp. La palette sonore est toujours aussi diversifiée, des synthétiseurs aukoto, un instrument japonais traditionnel. Bien qu'elle ne soit pas un succès immédiat au Royaume-Uni, lachanson-titre devient l'une des plus populaires de Bowie en Europe continentale. Des versions chantées en allemand et en français suivent rapidement. Bowie l'interprète à la télévision dans l'émission deMarc Bolan en septembre, puis dans la dernière émission de Noël présentée parBing Crosby surCBS. À cette occasion, il chante également avec Crosby une chanson de Noël,Peace on Earth/Little Drummer Boy, qui devient un succès lorsqu'elle est éditée en single lors de la période des fêtes en 1982.
Bowie consacre la majeure partie de l'année 1978 à la tournée mondialeIsolar II (70 concerts dans 12 pays). C'est la première fois depuis cinq ans qu'il se produit sur scène libéré de l'influence de la drogue. Outre le trio Alomar-Murray-Davis, il est accompagné du guitaristeAdrian Belew, des claviéristesRoger Powell etSean Mayes et du violonisteSimon House. Cette tournée est illustrée par l'albumliveStage, publié au mois de septembre.
La trilogie berlinoise se conclut avecLodger (1979), enregistré en Suisse, au Mountain Studion à Montreux[49], contrairement àLow etHeroes. Il s'éloigne du minimalisme et renoue en partie avec le rock à guitare et batterie. Le désir d'expérimenter reste néanmoins présent, avec des influencesnew wave etmusiques du monde. Lesstratégies obliques de Brian Eno et Peter Schmidt sont également utilisées pour apporter un élément de hasard aux séances d'enregistrements : ainsi, les musiciens échangent leurs instruments pour créerBoys Keep Swinging, tandis queMove On est conçue en passant à l'envers la bande instrumentale deAll the Young Dudes.
Sorti en1980,Scary Monsters (and Super Creeps) inclut le single à succèsAshes to Ashes, qui se présente comme une suite deSpace Oddity. La chanson et son clip, à l'époque l'un des plus coûteux de tous les temps, contribuent à populariser le mouvement desNouveaux Romantiques, dont plusieurs représentants (dontSteve Strange) accompagnent le chanteur dans le clip. Bowie y reprend le personnage de pantomime Pierrot, qui se veut être un hommage à son activité de mime dans lesannées 1960. L'albumScary Monsters suit les principes établis par la trilogie berlinoise, mais la musique et les paroles sont beaucoup plus accessibles et directes, avec des contributions deRobert Fripp,Chuck Hammer etPete Townshend à la guitare. Il s'agit de la dernière participation du trio Alomar-Murray-Davis à un album de Bowie (seul le premier rejoue avec lui par la suite), et du dernier album de Bowie produit par Tony Visconti jusqu'en 2002.
Scary Monsters marque la fin du contrat de Bowie avec RCA et le début de près de trois ans sans nouvel album. Durant cette période, il interprèteJohn Merrick dans la pièceThe Elephant Man fin 1980[50] ; il enregistre en 1981 un duo avecQueen,Under Pressure ; il interprète le rôle-titre dans l'adaptation de la pièce deBertolt BrechtBaal produite par la BBC en 1982 ; il collabore la même année avecGiorgio Moroder pour la chansonCat People (Putting Out Fire), générique du filmLa Féline.
En 1982, Bowie fait l'acquisition du château du Signal, à Sauvabelin. Il réside à Lausanne entre 1982 et 1997, appréciant le calme de la ville[51].
La popularité de Bowie est à son apogée avecLet's Dance, son premier album chezEMI, sorti en1983. Coproduit parNile Rodgers deChic, c'est un disquedance-rock conçu pour plaire au plus grand nombre, sur lequel Bowie ne joue pour la première fois d'aucun instrument et se contente de chanter. C'est un succès commercial planétaire :Let's Dance est certifié disque de platine au Royaume-Uni et aux États-Unis et les trois singles qui en sont tirés se classent dans le top 20 des ventes dans les deux pays. Lachanson-titre atteint le sommet des hit-parades britannique et américain. Les clips deLet's Dance etChina Girl, réalisés par David Mallet, rencontrent également un grand succès surMTV. Bowie passe la majeure partie de l'année sur la route : la tournéeSerious Moonlight dure de mai à décembre, avec près de 100 concerts à guichets fermés dans 15 pays.
Tonight (1984) se place dans la continuité deLet's Dance, mais l'implication de Bowie est moindre, comme en témoigne le grand nombre de reprises, dont lachanson-titre, une reprise d'Iggy Pop qu'il interprète en duo avecTina Turner. Le succès commercial est encore au rendez-vous, mais la critique pointe du doigt la stagnation créative de Bowie. La promotion de l'album passe par un court-métrage réalisé parJulien Temple,Jazzin' for Blue Jean, qui sert de clip à la chansonBlue Jean et remporte unGrammy Award en 1985, soit le seul gagné de son vivant au cours de sa carrière. La même année, David Bowie participe auLive Aid, un concert de charité se déroulant simultanément àLondres et àPhiladelphie où il interprèteTVC15,Rebel Rebel,Modern Love etHeroes. Il enregistre également à cette occasion avec son amiMick Jagger, membre desRolling Stones, une reprise deDancing in the Street qui n'est finalement pas interprétée lors de l'événement mais qui, lors de sa sortie en single la même année, s'avère être un succès commercial.
Dans les années qui suivent, Bowie se consacre principalement au cinéma. En 1986, il joue dansAbsolute Beginners deJulien Temple etLabyrinthe deJim Henson où il interprète Jareth, le roi des gobelins. Il contribue quelques chansons aux bandes originales de ces deux films, ainsi qu'à celles duJeu du faucon et du film d'animationQuand souffle le vent.
Bowie publie son troisième et dernier album des années 1980,Never Let Me Down, en1987. Il se veut un retour au rock, avec davantage de guitare (Peter Frampton participe à l'enregistrement), mais il ne remporte pas le succès critique et commercial escompté ; Bowie le décrit par la suite comme son« nadir ». La tournée mondialeGlass Spider, bien que très ambitieuse (décor avec araignée géante animée, troupe de danseurs), ne fait pas l'unanimité auprès des critiques et rencontre de nombreux problèmes techniques, même si le public est là. Après 86 concerts et six mois sur les routes, un Bowie épuisé en fait brûler le décor dans un champ de Nouvelle-Zélande.
Bowie fait la connaissance du guitaristeReeves Gabrels durant la tournée Glass Spider et commence à travailler avec lui sur de nouveaux morceaux. Avec les frèresTony (basse) etHunt Sales (batterie), qui ont accompagné Iggy Pop sur les albums produits par Bowie en 1977, ils forment un groupe dehard rock baptiséTin Machine. Le groupe est défini d'emblée comme une démocratie, bien que Bowie reste l'auteur de la majorité des chansons. Tin Machine publie deux albums studio :Tin Machine (1989) etTin Machine II (1991), ainsi qu'un live,Tin Machine Live: Oy Vey, Baby (1992). Si le premier, entièrement enregistré dans des conditionslive, connaît des ventes honorables, le public n'est pas entièrement séduit par ce changement brutal de direction, tout comme la maison de disques EMI, qui accepte de laisser partir Bowie. Le deuxième Tin Machine et lelive, publiés par London Records, échouent à convaincre, ce qui contribue à la séparation du groupe courant 1992.
Entre-temps, Bowie retourne à sa carrière solo pour la tournéeSound + Vision Tour. Conçue pour accompagner la sortie du coffret rétrospectifSound + Vision, elle se déroule de mars à septembre 1990, avec plus de 100 concerts dans le monde entier durant lesquels le chanteur interprète ses chansons les plus connues, prétendument pour la dernière fois. Le dispositif scénique est beaucoup moins élaboré que celui de la tournée Glass Spider. La critique et le public sont au rendez-vous. Le, il participe auFreddie Mercury Tribute. Il interprète aux côtés des membres survivants deQueenUnder Pressure avecAnnie Lennox,All the Young Dudes avecMick RonsonIan Hunter,Joe Elliott etPhil Collen, puis"Heroes" avec Mick Ronson. Il étonne le public en récitant leNotre Père à genoux.
Bowie publie son premier album solo depuis la fin de Tin Machine en avril1993. Coproduit avec Nile Rodgers,Black Tie White Noise est conçu à dessein pour ne pas être unLet's Dance II. D'inspirationjazz,soul ethip-hop, il présente un son très électronique. À sa sortie, il est salué par la critique comme l'album du renouveau, et les ventes sont très bonnes, en particulier au Royaume-Uni où le singleJump They Say se classe dans le Top 10. En revanche, la faillite du distributeur américainSavage Records nuit à ses performances commerciales outre-Atlantique.
Également sorti en 1993,The Buddha of Suburbia, enregistré avec le multi-instrumentisteErdal Kızılçay, prolonge les expériences électroniques entamées surBlack Tie White Noise tout en se rapprochant durock alternatif. Cet album est conçu comme la bande originale d'une adaptation télévisée du roman deHanif KureishiLe Bouddha de banlieue, mais à l'exception de la chanson-titre, les chansons de Bowie n'apparaissent pas dans la minisérie de la BBC. À sa sortie,The Buddha of Suburbia passe quasiment inaperçu, n'étant pas promu comme un album de Bowie, mais comme une simple bande originale. Il est également éclipsé par la compilationThe Singles Collection publiée par EMI au même moment.
Bowie retrouveBrian Eno pour1. Outside (1995), un disque issu d'improvisations en studio conçu comme le premier volume d'un opéra-rock en cinq albums. L'histoire, racontée de manière non linéaire, suit un détective dans un futur proche, chargé d'enquêter sur un meurtre dans le monde de l'art. La critique et le public sont déroutés par ce concept complexe, ainsi que par la musique, qui s'inscrit cette fois dans le courant durock industriel. Durant les concerts américains de la tournéeOutside, Bowie choisit d'être accompagné par le groupeNine Inch Nails. Pour les dates européennes, Bowie offre au tout jeune groupePlacebo l'opportunité d'assurer sa première partie.
En 1999, Bowie travaille avec Reeves Gabrels sur la bande originale du jeu vidéoThe Nomad Soul. Sa nouvelle épouse Iman et lui apparaissent en tant que personnages dans le jeu[52]. Plusieurs chansons deThe Nomad Soul sont reprises dans'hours...', l'album que Bowie sort la même année, qui présente un son plus calme et moins électronique queEarthling ou1. Outside. Il marque la fin de la collaboration entre Bowie et Gabrels : ce dernier joue pour la dernière fois avec Bowie dans l'émissionVH1 Storytellers, le 23 août 1999.hours... ne fait pas l'objet d'une tournée de promotion à grande échelle, mais le chanteur participe à plusieurs concerts significatifs dans les années qui suivent : il est tête d'affiche dufestival de Glastonbury en 2000 et ouvre leConcert for New York City fin 2001.
Période néoclassique et retrait de la vie publique (1999-2013)
En 2000, Bowie se lance dans un projet consistant à enregistrer de nouvelles versions de chansons qu'il a écrites dans les années 1960. L'albumToy n'est jamais publié (il fuite sur Internet en 2011), la maison de disques Virgin favorisant la publication de chansons inédites. En fin de compte, Bowie travaille avec son producteur historiqueTony Visconti à un nouvel album, qui sort en2002 sous le titreHeathen. C'est la première parution du label indépendant créé par Bowie, ISO, distribué parColumbia Records. La tournée de promotion se déroule de juin à octobre et débute auMeltdown Festival dont Bowie est le curateur cette année-là.
Un an à peine aprèsHeathen sortReality, qui donne lieu à une tournée mondiale d'une longueur inégalée depuis la tournéeOutside. Le 18 Juillet 2002 Bowie donne un concert - exceptionnel à plus d'un titre - à Montreux[53].A Reality Tour s'achève prématurément auHurricane Festival deScheeßel, dans le Nord de l'Allemagne, le 25 juin 2004 : souffrant de douleurs à la poitrine, Bowie doit subir en urgence uneangioplastie pour déboucher uneartère coronaire. Les 14 derniers concerts de la tournée sont annulés. Un double album tiré de la tournée,A Reality Tour, est publié en 2010.
Le, à la surprise générale, le site officiel de David Bowie annonce la publication d'un nouvel album du chanteur,The Next Day, enregistré en secret à New York au cours des deux années précédentes et coproduit avec Tony Visconti. L'accueil réservé à l'album à sa sortie est triomphal, aussi bien de la part des critiques que du public :no 1 des ventes au Royaume-Uni (pour la première fois depuisBlack Tie White Noise),no 2 aux États-Unis (un record). La même année débute l'expositionDavid Bowie Is auVictoria and Albert Museum de Londres, qui rencontre également un grand succès et se déplace entre plusieurs villes du monde au cours des cinq années qui suivent. En dépit de ce retour en fanfare, le chanteur reste très discret : il n'accorde pas d'entretiens à la presse et annonce clairement son intention de ne pas donner de tournée de promotion.
Hommages rendus par des fans à la suite du décès de Bowie au pied de son appartement àNew York.
Fin 2015, Bowie se sait condamné : le cancer s'est propagé dans son organisme. Il continue à garder le secret sur sa maladie. Sa dernière apparition publique a lieu le 7 décembre, lors de la première de lacomédie musicaleLazarus, une suite au filmL'Homme qui venait d'ailleurs construite autour de son répertoire. Il meurt dans son appartement new-yorkais le 10 janvier, deux jours après la sortie deBlackstar[54]. En accord avec ses dernières volontés, il est incinéré au Château de Becker[55] et ses cendres sont dispersées suivant le rite bouddhiste sur l'île deBali[56].
Les premières compositions de Bowie sont inspirées des pionniers durock 'n' roll, commeLittle Richard etElvis Presley. Sur son premier album, il s'inspire beaucoup vocalement d'Anthony Newley, un chanteur de music-hall britannique[20],[65]. Sa fascination pour le music-hall est une constante de sa carrière, même s'il s'illustre par la suite dans de nombreux autres genres, dufolk psychédélique auhard rock en passant par lasoul ou ladance pop[66].
Il étudie le théâtre d'avant-garde et l'art du mime avecLindsay Kemp, et commence sa carrière de comédien avec le rôle de Cloud dans la production théâtrale de Kemp,Pierrot in Turquoise en1967 (laquelle donne, en 1970, le téléfilmThe Looking Glass Murders). Dans le court-métrage en noir et blancThe Image deMichael Armstrong (1967), il campe un jeune fantôme sorti de la toile d'un peintre pour le hanter[70]. La même année, il fait une apparition dans l'adaptation du roman de Leslie Thomas,The Virgin Soldiers.
Au milieu desannées 1970, il rêve d'interpréter le rôle deDivine, le héros du romanNotre-Dame-des-Fleurs deJean Genet. Avec le producteur Christophe Stamp (le frère de l’acteurTerence Stamp), ils demandent à l'auteur de composer une adaptation pour le cinéma. Le scénario est rédigé en 1975 mais ne sera jamais tourné, le manuscrit du scénario deDivine n'est retrouvé qu'en 2020[71].
Son premier rôle important est celui deThomas Jerome Newton dansL'Homme qui venait d'ailleurs réalisé parNicolas Roeg en1976, un extra-terrestre venu sur terre pour trouver des ressources afin de sauver sa planète mourante[72].David Hemmings lui donne le rôle d'un officierprussien dans l'anglo-allemandC'est mon gigolo en1979 (aux côtés deMarlene Dietrich). David Bowie monte sur les planches deBroadway pour le rôle principal deThe Elephant Man, pièce qui révéla son jeu d'acteur et son talent d'expression. Il y eut 157 représentations entre1980 et1981. Il apparaît alors dans son propre rôle lors d'un concert àBerlin dansMoi, Christiane F., pour lequel des morceaux de la trilogie berlinoise sont utilisés. L'artiste joue ensuite aux côtés deCatherine Deneuve etSusan Sarandon dansLes Prédateurs en1983. Son rôle le plus notoire sera sans doute celui du major Jack Celliers, dansFuryo deNagisa Ōshima. Il partagera ici l'affiche avecRyūichi Sakamoto, également compositeur de la célèbre bande-son du film.
Perruque et costume portés par David Bowie dansLabyrinthe en1986.
Il fait une apparition dansBarbe d'or et les Pirates en1983 créé par lesMonty Python, ainsi qu'un rôle mineur dansInto the night en1985. On lui proposa la même année le rôle deMax Zorin dans le James BondDangereusement vôtre, rôle qu'il déclina (il fut ensuite donné àChristopher Walken). Il compose avec la chanteuseSade la musique de la comédie musicale rockAbsolute Beginners (1986), dans laquelle il tient également un rôle de second plan. La même année,Jim Henson lui demande d'incarner Jareth, maléfique roi des gobelins dans son film fantastique pour enfantsLabyrinthe. Il en écrit ainsi la musique (dont le singleMagic Dance).
Rôle mineur mais décisif pour la carrière du chanteur à l'écran, celui de l'artisteAndy Warhol (auquel il avait déjà dédié une chanson homonyme dans son albumHunky Dory) dans le film biographique sur l'avant-gardisteJean-Michel Basquiat,Basquiat en1996.Harvey Keitel et lui s'opposent dans le western italienGunfighters Revenge en1998 (à l'origineIl Mio West). Il y démontre une fois de plus la diversité de son jeu. Andrew Goth le fait jouer Bernie, un gangster vieillissant, dansEverybody Loves Sunshine en1999. Il joue un des rôles principaux dans le rôle-titre deMr. Rice's Secret, voisin philanthrope d'un jeune garçon en phase terminale à qui il lègue un antidote à la mort. Il fait également une intervention dans leZoolander deBen Stiller l'année suivante. Bowie tient en2006 le rôle secondaire mais central du physicienNikola Tesla dansLe Prestige deChristopher Nolan, opposantChristian Bale etHugh Jackman. Il prête également sa voix à quelques personnages de films d'animation tels que Malthazard dansArthur et les Minimoys, ou encore Lord Royal Highness dansBob l'éponge.
Il est apparu au grand écran en2008 avecAugust(en), film deAustin Chick(en) avecJosh Hartnett, pour lequel il retrouveRip Torn avec qui il avait travaillé dansThe Man Who Fell To Earth, trente ans plus tôt. Il est également un personnage énormément cité (mais que l'on voit seulement deux fois) dans le filmCollege Rock Stars deTodd Graff.
En 2016, il est pressenti pour jouer aux côtés deHarrison Ford etRyan Gosling dans le rôle deNiander Wallace dans le filmBlade Runner 2049. Sa mort prématurée l'empêche d'interpréter ce rôle[73], finalement incarné parJared Leto. Bowie devait également apparaître dans la troisième saison deTwin Peaks,The Return, dans laquelle il devait reprendre son rôle de Phillip Jeffries qu'il interprétait dansFire Walk with Me en 1992. Il avait donné à David Lynch son accord afin d'apparaître dans les nouveaux épisodes mais sa mort ne lui a pas permis de pouvoir tourner ses scènes[74]. Par conséquent, Lynch a utilisé des images d'archives du film et l'épisode 14 est dédié à la mémoire de Bowie.
Bowie s'adonne également à la peinture. La pochette de l'album1. Outside (1995) est un autoportrait à l'acrylique. Sa première exposition, intitulée « New Afro/Pagan and Work: 1975–1995 », prend place la même année à The Gallery, une salle londonienne située surCork Street. Il rejoint le comité de rédaction du magazineModern Painters en 1998, et contribue au canular deWilliam Boyd sur le prétendu artiste Nat Tate la même année.
Sa collection d'art, comprenant des œuvres deDamien Hirst,Frank Auerbach,Henry Moore etJean-Michel Basquiat, estimée à plus de 10 millions de livres sterling en 2016, est, après sa mort, vendue en grande partie par sa famille lors d'une vente aux enchères les 10 et 11 novembre 2016 àSotheby's.
En 1997, avec l'aide du banquier d'affairesnew-yorkais David Pullman[75], David Bowie devient le premier artiste[2] àtitriser ses propresdroits d'auteur, en l'occurrence sur ses albums antérieurs à 1990 ; ces titres sont baptisés « Bowie Bonds »[76]. Ceux-ci proposent untaux d'intérêt de 7,9 % sur 10 ans et lui permettent de gagner instantanément 55 millions de dollars, au lieu d'encaisser ses droits d'auteur au fur et à mesure[76]. Ils sont alors crédités de lanote AAA par l'agenceMoody's[75]. Selon David Pullman, David Bowie cherche par ce moyen à lever de l'argent pour ses héritiers, n'ayant lui-même pas besoin de ces fonds[75]. Cependant, il explique également que David Bowie a utilisé une partie de l'argent levé pour racheter les droits de certaines chansons détenues par un ancien manager[75]. D'autres artistes commeJames Brown,Rod Stewart ouIron Maiden recourent par la suite à ce procédé[76]. David Bowie conclut également en 1997 un accord avec la maison de disques britanniqueEMI prévoyant le versement d'une avance de 30 millions de dollars sur ses futuresredevances en échange de l'exclusivité des droits de distribution à travers le monde de son catalogue couvrant son œuvre entre 1969 et 1990[76]. En 2004, l'agence de notation Moody's abaisse la note des « Bowie Bonds » à BBB+, un cran au-dessus de la catégoriespéculative[76]. Elle justifie cette dégradation par le fait que le secteur musical voit ses revenus se contracter nettement avec l'arrivée du piratage et dutéléchargement illégal[75].
En 1998, David Bowie cofonde unfournisseur d'accès à Internet, BowieNet, qui propose un ensemble de services : accès au Web, adresse decourrier électronique terminant par @davidbowie.com, mais aussi des informations (y compris sportives et financières), et des produits en exclusivité (photos, musique, etc.) sur lui-même. Avec l'établissement financier USABancshares.com, il lance sa proprebanque en ligne en 1999, accessible via le site Bowiebanc.com. Les clients bénéficient d'une carte bancaire et d'un chéquier à son effigie. À partir de 2002, David Bowie publie ses albums sous son propre label, ISO records, la distribution restant confiée àColumbia, une filiale deSony Music[2].
David Bowie en 2009 avec son filsDuncan Jones lors de la première du filmMoon.David Bowie en 2009 avec son épouseIman.
David Bowie a été marié deux fois. Le 20 mars 1970, il épouse l'actrice américaineAngela Barnett àBromley (Angleterre). Ils ont un fils, le réalisateurDuncan Jones, né le 30 mai 1971[77]. Leur divorce est prononcé enSuisse le 8 février 1980.
Bowie brise un tabou enjanvier 1972 en annonçant sabisexualité dans une interview accordée auMelody Maker, à l'époque où il se réinvente en glam-rocker et lance le personnage de Ziggy Stardust. Interviewé par le magazinePlayboy enseptembre 1976, il dit :
« C'est vrai — je suis bisexuel. Mais je ne peux pas nier que j'ai très bien utilisé ce fait. Je suppose que c'est la meilleure chose qui me soit arrivée. »
(« It's true — I am a bisexual. But I can't deny that I've used that fact very well. I suppose it's the best thing that ever happened to me »)[80].
Bowie s'en distanciera lors d'une interview en1983 au magazineRolling Stone, disant que cette déclaration était« sa plus grosse erreur » (« the biggest mistake I ever made »). En1993, il déclare être« un hétérosexuel dans le placard »(« closet heterosexual »), que son intérêt pour la culture homosexuelle et bisexuelle était plus un produit du temps et de la situation que de ses propres sentiments.« Ce n'était pas quelque chose avec quoi je me sentais à l'aise » (« It wasn't something I was comfortable with at all »).
Bowie exprime encore un avis différent dans l'interview de2002 au magazineBlender, en réponse à la question :« Vous avez une fois dit que dire que vous étiez bisexuel était la plus grosse erreur que vous ayez jamais faite. Le croyez-vous toujours ? » :
« Intéressant. [Longue pause] Je ne pense pas que c'était une erreur pour l'Europe, mais c'était bien plus problématique en Amérique. Je n'ai eu aucun problème concernant le fait que les gens sachent que j'étais bisexuel. Mais je n'avais aucune envie de tenir un drapeau ou d'être le représentant d'un quelconque groupe de personnes. Je savais ce que je voulais être, à savoir un auteur-compositeur et un interprète, et je sentais que l'on me résumait désormais à cette bisexualité ici [en Amérique] et pour très longtemps. L'Amérique est très puritaine et je pense que ça m'a gêné dans beaucoup de choses que je voulais faire »[81].
La journaliste Wendy Leigh publie en 2014 une biographie retraçant certains éléments de sa vie privée, notamment sa bisexualité ; elle y estime que David Bowie n'est pas seulement une icône musicale mais également une« icône sexuelle d'avant-garde »[82].
Le chanteurJulien Ribot lui rend hommage dans la chanson 'We Obi Diva' (anagramme de David Bowie), parue sur l'album "Do You Feel 9?" (2021, December Square, Kuronkeko).
En2020 sort un biopic centré autour de la genèse deZiggy Stardust,Stardust, réalisé parGabriel Range. Cependant, les proches de Bowie n'ayant pas approuvé le projet, celui-ci ne comporte que des reprises musicales du chanteur[91].
En2022,Brett Morgen réalise un documentaire rétrospectif sur la carrière de Bowie,Moonage Daydream. Cette fois-ci approuvé par la famille de l'artiste, le film contient, en plus des chansons du répertoire de Bowie, de nombreuses images d'archives, pour certaines inédites[92].
↑C'est l'hypothèse communément admise. Le père de Bowie pourrait aussi avoir suggéré ce pseudonyme, inspiré par Norman Bowie, héros de guerre, homme d'affaires et dirigeant de l'organisme de bienfaisanceBarnardo's où il travaillait[19].
↑Dans l'interview d'origine :« Interesting. I don’t think it was a mistake in Europe, but it was a lot tougher in America. I had no problem with people knowing I was bisexual. But I had no inclination to hold any banners or be a representative of any group of people. I knew what I wanted to be, which was a songwriter and a performer, and I felt that bisexuality became my headline over here for so long. America is a very puritanical place, and I think it stood in the way of so much I wanted to do ».
↑« Sous la couette de David Bowie, entre orgies bisexuelles et monogamie »,Les Inrockuptibles, 23 septembre 2014 (lire en ligne).
Enrique Seknadje,David Bowie : Le phénomène Ziggy Stardust et autres essais, Rosières-en-Haye : Éditions du Camion blanc, 2009, 217 p.(ISBN978-2-35779-009-4).
Nicolas Ungemuth,David Bowie, Paris : Librio, 1999, 89 p.(ISBN978-2277302667).
Let's Jazz - Dossier David Bowie, inJazz magazine, décembre 2022-janvier 2023, n°755, p. 41-52
Scénarios, Thierry Lamy ; dessins, Martin Trystam, Thomas Gibert, Marcello Quintanilha...[et al.]David Bowie en BD ; textes biographiques, Nicolas Finet, Rouen : Petit à petit, 2020, 169 p.(ISBN978-2-38046-028-5)
Sandro Cassati,David Bowie : pop légende, Bernay : City biographie, 2020, 254 p.(ISBN978-2-8246-1689-6)