Au planbotanique, la datte est unebaie. Ce que l'on appelle familièrement le « noyau » de la datte, enveloppé dans l'endocarpe membraneux, est en réalité lagraine, très dure et àalbumen corné. Le fruit n'est donc pas unedrupe.
Larécolte de ceproduit agricole se déroule au niveau de lastrate arborée et se présente en régime (issu de l'inflorescence femelle) pouvant regrouper une centaine de rameaux et plusieurs centaines de dattes.
Les palmiers mâles et femelles fleurissent entre février et avril. Sans intervention humaine, la pollinisation est essentiellement assurée par le vent, et un peu par les insectes et les oiseaux. Un palmier mâle suffit à fertiliser 50 à 100 palmiers femelles. Il est traditionnel d'améliorer le rendement de la pollinisation en plaçant parmi les inflorescences d'un palmier femelle une à trois branches portant des inflorescences mâles. Aujourd'hui on disperse plutôt le pollen à la main ou par un procédé mécanique. La température optimale pour que le pollen germe est d'environ35 °C[1].
Dattes au stadekhalal (partiellement mûres). Mûrissement d'une datte.
Le fruit fertilisé mais encore rudimentaire est appeléhababauk. Son mûrissement, qui s'étale sur environ200 jours (28 semaines), est classiquement divisé en quatre stades[1],[2] :
kimri (jusqu'aux semaines 17 à 19) : la taille et le poids du fruit augmentent rapidement (surtout pendant les 4-5 premières semaines, au bout desquelles le fruit atteint 90 % de sa taille finale), ainsi que sa teneur en sucres réducteurs, en acides et en humidité. À la fin de ce stade le fruit, initialement vert, est devenu jaune ou rouge selon lescultivars. La maturité botanique est acquise mais la datte estamère etastringente, impropre à la consommation ;
khalaal (semaines 19 à 25) : le gain de poids est lent, mais la teneur ensaccharose augmente, tandis que la teneur en humidité diminue. Lestanins commencent à précipiter, entraînant une réduction de l'astringence, rendant certaines variétés agréables au goût et déjà commercialisables ;
rutab (semaines 26 à 28, environ) : perte supplémentaire d'humidité (qui se réduit à environ 35 %) et, chez certains cultivars, transformation dusaccharose ensucre inverti, brunissement et ramollissement de la peau. C'est la période pendant laquelle les dattes fraîches sont commercialisées ;
tamr : dattes laissées sur le palmier pour subir un mûrissement supplémentaire : taux d'humidité réduit à 24-25 %, couleur brun à noirâtre. Généralement les dattes se conservent naturellement quand elles ont atteint ce stade.
Dans les palmeraies, les dattes ne mûrissent pas toutes en même temps sur le régime. Pour des raisons technologiques et économiques, on coupe alors les régimes non mûrs et on conduit le mûrissement artificiellement. Cette technique a l'avantage de réduire la durée du mûrissement et de prévenir les dégâts causés par la pluie ou la chute des fruits déjà mûrs. Le chauffage accélère le processus de mûrissement à condition que celui-ci ait été conduit naturellement jusqu'à un certain stade, quelques jours avant lavéraison (apparition de la première tache foncée et molle, qu'on observe en général au sommet de la datte et qui annonce le passage du stadekhalaal au staderutab)[3].
La datte fraîche, quand elle arrive à maturité, est un fruit fragile et délicat à transporter. C'est en partie pour cette raison qu'elle est séchée (de 70 % d'eau pour la datte fraîche elle passe à 20 %). Sa valeur énergétique est de 287 kcal par 100 grammes. Elle est très riche en sucres (glucose,fructose etsaccharose). Elle est riche enpotassium et contient d'autres sels minéraux (magnésium etcalcium). Elle est également riche enchrome ainsi qu'enfibres. Elle contient également des vitamines (B2,B3,B5 etB6).
Au sein d'uneoasis, toutes lesstrates sont exploitées pour tirer un rapport des sols fertiles de celle-ci. Certaines mises en culture, via une agriculture conventionnelle du dattier, posent des problèmes sanitaires. Les engrais et produits phytosanitaires de synthèse, destinés aux intercultures situées au niveau de lastrate herbacée etarbustive sont également absorbés par les palmiers dattiers et se retrouvent dans les fruits. Le traitement contre lapyrale, un parasite des dattes, se fait en pulvérisation souvent par avion.
Le traitement des dattes comprend le nettoyage, le tri, le traitement thermique, le séchage, la fumigation, l'irradiation, l'humidification, la piqûre, lapasteurisation, l'enrobage et l'emballage. Les produits du palmier dattier comprennent les produits de datte semi-finis et prêts à l'emploi, les produits dérivés de la datte tels que le jus de datte, le sirop de datte, la tartinade de datte, le sucre liquide de datte, l'arakTarooneh et le sagou. Les produits fermentés à partir de dattes comprennent l'alcool, le vin, les acides organiques et les protéines unicellulaires. Les sous-produits de dattes, noyaux et tourteaux, peuvent être utilisés pour la production d'alcool et d'aliments pour animaux. Comme le noyau des dattes contient des fibres alimentaires et des composés phénoliques, il peut être utilisé dans lesalicaments[5].
En moyenne plus de 5 millions de tonnes de dattes sont récoltées dans le monde chaque année[6]. L'Égypte est le plus gros producteur, mais les dattes voyageant peu – 90 % de la production est consommée dans son pays d'origine, notamment comme aliment pour lebétail. L'Europe est surtout approvisionnée par l'Afrique du Nord (principalementAlgérie etTunisie). On dénombre plus de trois cents variétés (cultivars en fait).
Trois variétés sont commercialisées sous cette forme : lahayani dont le fruit est petit avec une peau luisante et noire, labarhi à la peau lisse et claire, sucrée et juteuse et lasphinx, plus grosse et moins allongée dont la couleur devient brun-noir. Les dattes fraîches ne se conservent que quelques jours ; c'est pourquoi on les congèle ce qui permet aussi de les proposer toute l'année. Elles sont cueillies non matures, le mûrissement se faisant après décongélation.
Sous cette forme, la dattedeglet nourest la plus réputée avec son fruit petit et bien parfumé[réf. nécessaire] ; viennent ensuite lahalawi, tendre et sucrée, ladayri au goût de caramel et lazahidi, un peu plus ronde et légèrement moins sucrée que les autres. Plus grosse, la dattemedjoul est très tendre et sucrée ; alors que l'amary est plus riche en fibres. Les variétéskenta,alig etkhouat alig sont également commercialisées.
La dessiccation des dattes débute sur l'arbre et se poursuit au soleil ou dans des étuves en veillant à conserver au fruit ses qualités gustatives : la datte doit garder son parfum, et rester suffisamment moelleuse.
Selon la tradition musulmane, la datte est le fruit duparadis, considérée comme un fruit miraculeux pour ses nombreuses vertus nutritionnelles. Dans leCoran, elle est particulièrement citée dansMaryam, la19esourate. Ses nombreux bienfaits liés à sa composition sont notamment loués dans le cadre d'une grossesse et d'un accouchement pour aider les femmes durant ces étapes de la vie[14].
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Jean-Henri Fabre,Un voyage au pays des dattes : monographie du palmier-dattier dans l'extrême-sud constantinois avec quelques considérations économiques sur la maturation artificielle des dattes, B. Sirven, 1920
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