Damas (enarabe :دِمَشْقُ /dimašq) est lacapitale de laSyrie. Plus grandeville du pays en nombre d'habitants, elle comptait plus de 2 500 000 habitants en 2022, pour uneagglomération qui dépasse les 5 000 000 habitants. C'est l'une des villes les plus anciennes continuellement habitées au monde.
Elle possède plusieurs noms en arabe, tels que : « le Cham » (enarabe :الشَّامُ,aš-šām?) ou encore « la ville dujasmin » (enarabe :مَدِينَةُ ٱلْيَاسَمِينِ,madīnat al-yāsmīn?).
Enarabe, la cité s'appelleدمشق الشام (Dimachqal-Chām), bien que ceci soit souvent abrégé enDimachq oual-Chām par les habitants de Damas, de Syrie et des pays arabes voisins.
L'étymologie du mot ancien « Damascus » est incertaine, mais elle est souvent considérée comme étantprésémitique. On retrouve les termes 𒁲𒈦𒋡Dimašqa enakkadien,
Al-Cham (enarabe : al-šʾām,الشَّام « la gauche ; le nord ; la Syrie ; Damas ») désigne le côté gauche lorsqu'on se tourne vers l'orient (lorsqu'on s'oriente), c'est-à-dire lenord, par opposition au sud ouYémen. Cf.Maghreb etMachrek.
La vieille ville se trouve sur la rive sud de la rivièreBarada, qui est presque à sec. À l'intérieur des remparts se trouvent plusieurs monuments comme lamosquée des Omeyyades, lepalais Azem ou encore lecaravansérailKhan Assad Pacha. Rues ou ruelles couvertes et bordées de boutiques, les souks (souk Al-Hamidié, souk Medhatt Bacha, souk Bzourié) pénètrent la vieille cité, principalement à l'ouest de la mosquée des Omeyyades. Par le tracé de l'ancienneVia Recta on gagne la partie Est où se situent les quartiers chrétiens, en particulier le quartier de Bab Touma. Ces derniers abritent de nombreuses églises, basiliques et cathédrales de tous les rites présents en Syrie : grec-orthodoxe, grec-catholique (melkite),maronite, syriaque, arménien, chaldéen qui montrent toute la richesse liturgique orientale. À Bab Charki, lachapelle Saint-Paul commémore la fuite desaint Paul caché dans un panier, à ce niveau du mur d'enceinte.
Pour le sud-est, nord et nord-est, elle est entourée de banlieues dont l'histoire remonte au Moyen Âge : Midane, dans le sud-ouest, Sarouja et Imara dans le nord et le nord-ouest. Ces districts se construisent d'abord sur les routes de la ville, près des tombes de personnalités religieuses. AuXIXe siècle, les villages se développent sur les pentes du Jabal Qassioun, surplombant la ville. C'est à cette époque qu'apparaît le site du quartier d'As Salihié autour de l'important sanctuaire de MohiaddineIbn Arabî. Ces nouveaux quartiers ont été d'abord colonisés par des soldats kurdes et des réfugiés musulmans des régions européennes de l'Empire ottoman, qui avaient été reconquises par les chrétiens. Aussi prirent-ils les noms d'al-Akrad (les Kurdes) et d'al-Mouhajerine (les migrants). Ces quartiers se situent à environ deux ou trois kilomètres au nord-ouest de la vieille ville.
Damas est entourée, dans sa partie orientale, d'uneoasis, la Ghouta, arrosée par le Barada. La petite ville d'Aïn-el-Fijeh avec ses abondantescascades, située à l'ouest de la vallée du Barada, alimente la capitale eneau potable. La Ghouta de Damas a diminué en taille avec l'expansion rapide de l'habitat et de l'industrie dans la ville et elle est presque à sec. Elle est aussi devenue polluée en raison de la circulation, de l'industrie et des eaux usées.
Le transport public à Damas dépend largement des minicars. Il existe environ une centaine de lignes qui opèrent à l'intérieur de la ville et certaines d'entre elles s'étendent du centre-ville à proximité des banlieues. Il n'y a pas d'horaire pour les lignes, et en raison du nombre limité d'arrêts d’autobus officiels, ceux-ci s'arrêtent généralement là où un passager a besoin de monter ou de descendre. Le nombre de minicars desservant la même ligne est relativement élevé, ce qui minimise les temps d'attente. Cependant le réseau s'est récemment modernisé et de nouveaux autobus en livrée verte sont apparus. Ils tendentactuellement[Quand ?] à remplacer les minicars. Les lignes sont à présent numérotées et la destination de la ligne apparaît sur un écran lumineux. Lagare ferroviaire d'Al-Hedjaz, fermée, se trouve dans le centre-ville à l'extrémité ouest de l'avenue An-Nasr.
En 2008, le gouvernement a annoncé un plan pour construire un tram à Damas et l'ouverture de la ligne verte est prévue pour 2016[2]. La ligne verte traversera la ville d'Ouest en Est, de Moadamiéh (route de Qouneytra) à la gare routière de Qaboun, via le centre ville et la gare Al-Hedjaz. À terme, un réseau de quatre lignes de métro devrait être mis en service.
Les rues de Damas sont souvent étroites, surtout dans les parties les plus anciennes de la ville, et des ralentisseurs sont largement utilisés pour limiter la vitesse.
« La ville de Damas surpasse toutes les autres en beauté et en perfection ; et toute description, si longue qu’elle soit, est toujours trop courte pour ses belles qualités[7]. »
Plus tard, la ville souffre des conflits entreDiadoques notamment entreLagides etSéleucides puis est intégrée au royaume de ces derniers: elle devient colonie vers 90 av. J.-C., se dote des éléments caractéristiques de l'urbanisme hellénistique, avant de passer sous le contrôle des Nabatéens puis d'être rattachée àl'Empire romain, sous lequel elle prospère.
Elle fut par ailleurs l'un des berceaux du christianisme et vitsaint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans la maison d'Ananie, où celui-ci a ouvert une église domestique dès l'année37. Cette dernière est la plus vieille de Syrie (aujourd'hui dans le quartier chrétien de Bab Touma).
En635, Damas se soumit aux musulmans et devint la capitale de la dynastie desOmeyyades de661 à750. Avec l'adoption de la langue arabe, elle devint le centre culturel et administratif de l'empire musulman durant près d'un siècle. Par la suite, elle demeura un foyer culturel majeur et un pôle économique de premier plan profitant de sa situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins deLa Mecque, l'Afrique, l'Anatolie, lamer Méditerranée et l'Asie (route de la soie en direction de laChine et du commerce des épices avec l'Inde).
L'historien, intellectuel et savantIbn 'Asakir (m. 1176) est l'un des auteurs indispensables à prendre en compte pour étudier l'histoire de Damas et de la Syrie en général aux premiers siècles de l'Islam. En effet, le travail de sa vie futl'Histoire de Damas (en arabe :تاريخ دمشق )[9]. Plus qu'une simple chronique de l'histoire de la ville, il s'agit d'une œuvre en 80 volumes qui rassemblent près de 10 000 biographies. Ces 80 volumes permettent de dessiner l'histoire de la ville de Damas à travers des biographies de rois, califes, intellectuels, femmes érudites et hommes de science, marchands et chanteurs ainsi que toute personne ayant les portes de la ville du VIIe siècle jusqu'à son époque. Il s'agit d'une source très utilisée par les historiens arabes et européens de l'époque moderne mais aussi contemporaine dans l'étude et la compréhension de la Syrie à l'époque médiévale.
La ville fut saccagée par lesTurco-Mongol deTamerlan en1401[10].Ibn Khaldoun conduit une délégation de citoyens de Damas auprès de Tamerlan pour éviter la destruction de la ville. Sous le règne desmamelouks, Damas a fut considéré comme la seconde ville du Sultanat après le Caire. Dès sa prise de pouvoir, le SultanBaybars a décidé de grands desseins pour cette cité qui s'est vu affecté à son autorité des gouverneurs situés dans les hautes sphères du pouvoir mamelouk. En effet le maitre de Damas avait pour titre le "Sultan présent". Ce n'est pas un hasard quand on sait que de nombreux émirs Damascènes ont eu des tentations sécessionnistes à plusieurs reprises, ceci est une conséquence logique de l'aspect "Vice-Royale" de cette cité[11].
Vue panoramique de la cour de la résidence du général Sarrail
Depuis les années 1970, l'exode rural et l’urbanisation intense ont profondément transformé le paysage de la ville qui était autrefois une oasis avec des marécages, de nombreux vergers et de nombreux espaces verts.
En 2012, commencèrent des combats dans Damas et dans saprovince, au cours d'uneguerre civile qui avait débuté le 15 mars 2011. De nombreux Syriens y sont tués ou blessés et une partie dupatrimoine de la capitale détruit, dont le site dePalmyreclassé par l'UNESCO. La guerre continue de faire rage dans le pays, jusqu'en 2024, où une série de bombardements de la campagne d'Alep par les forces armées syriennes entraîne le déclenchement d'une offensive générale par l'armée syrienne libre en réponse. Le gouvernement perd rapidement du terrain dans l'ensemble du pays et Damas tombe le 8 décembre.
Le « damasquinage » consiste à incruster de petits filets d'or ou d'argent dans un objet de métal. Cette technique s'est répandue de Damas àTolède et enInde.
Le « damas soudé » consiste à forger des barres de fer pour constituer l'âme à la fois résistante et souple d'épées, dont les tranchants étaient rapportés par soudure : leslames de Damas. Des barres de fer doux et carburé, disposées alternativement étaient soudées, martelées, repliées sur elles-mêmes comme pour faire une pâte feuilletée. Après polissage, le métal était plongé dans un bain d'acide pour faire apparaître l'effet de moirage des couches de métal blanc et noir, appelé le « damassé ».
Damas est réputée pour ses étoffes de soie et surtout pour sesbrocarts tramés d'or que l'on appelle des « damas ». L'industrie de la soie à Damas a été longtemps l'apanage de vieilles familles chrétiennes et en particulier à son apogée entre leXVIIe siècle et leXIXe siècle.
Il y a aussi le linge « damassé » sur lequel apparaissent des dessins par des procédés de tissage. Cet art existe encore, mais avec des métiersJacquard.
Dans les souks, on voit beaucoup de tapis, mais ce sont principalement des importations d'Iran, d'Afghanistan ou d'Ouzbékistan.
On trouve aussi à Damas de nombreuses confiseries offrant des fruits confits entiers :abricots,poires,mandarines, etc. en piles impressionnantes. AuMoyen Âge, la région était le premier producteur desucre, les croisades en ont rapporté l'usage en occident (confitures et fruits confits).
Damas est par excellence la ville dujasmin et de larose.
Grande mosquée des OmeyyadesGrande mosquée des Omeyyades
La grande mosquée, communément appeléeGrande mosquée des Omeyyades, a été construite vers705, sans doute sur les fondements d'une basilique chrétienne. C'est la plus ancienne mosquée, avec leDôme du Rocher deJérusalem, à être pratiquement dans son état initial.
Fait exceptionnel, la salle de prière abrite un tombeau : celui deJean-Baptiste (Sidi Yahia pour les musulmans), cousin deJésus. Cette présence d'un tombeaudans la salle de prière d'une mosquée est un cas pratiquement unique dans l'architecture musulmane. Les chrétiens du quartier Est de la vieille ville de Damas viennent s'y recueillir. On voit donc dans cette salle à la fois les prosternations des musulmans, et les signes de croix et les génuflexions des chrétiens.
La présence de ce tombeau s'explique historiquement. Lorsque les Arabes conquirent la ville en 635, ils y trouvèrent en plein centre la grande basilique Saint-Jean Baptiste, fierté des chrétiens, qui abritait le tombeau du Précurseur. Un dignitaire chrétien de la ville qui devait à ses origines arabes de s'exprimer en arabe, Sarjoun (Serge), père de saintJean Damascène, vint demander au calife qu'il épargne ce sanctuaire chrétien. Ce qui fut fait. Ensuite, par respect pour Sarjoun, les califes successifs préservèrent durant soixante-dix ans le grand sanctuaire chrétien. Et lorsqueAl-OualidIer décida de transformer l'église en mosquée, en 705, il épargna le tombeau du Baptiste, faisant construire la mosquée autour de lui.
La mosquée est très fréquentée durant toute la journée. On y entre pour prier, pour admirer, et on y vient aussi tout simplement pour faire la sieste, allongé sur le tapis ou adossé à une colonne, car c'est un endroit frais et calme dans le centre de la ville. Véritable lieu de vie, on y voit même des enfants jouer, parfois avec des trottinettes.
À la Grande Mosquée des Omeyyades à Damas, l’un des minarets, appelé « Minaret de Jésus », est associé à une tradition locale selon laquelleJésus, le Messie, reviendra sur Terre à partir de ce lieu avant le Jour du Jugement. Ce minaret, bien que n’étant pas nécessairement le plus élevé, occupe une place symbolique importante dans le folklore et la foi islamique de la région. La venue de Jésus est vue comme un signe majeur de la fin des temps, précédant leJugement Dernier.
« C'est la plus sublime mosquée du monde par sa pompe, la plus artistement construite, la plus admirable par sa beauté, sa grâce et sa perfection. On n'en connaît pas une semblable, et l'on n'en trouve pas une seconde qui puisse soutenir la comparaison avec elle. Celui qui a présidé à sa construction et à son arrangement fut le commandeur des croyants, [...]
Il fit partir une ambassade vers l'empereur des Grecs, à Constantinople, pour intimer à ce prince l'ordre de lui envoyer des artisans, et ce dernier lui en expédia douze mille. Le lieu où se trouve la mosquée était d'abord une église. [...]
Au milieu de la mosquée est le tombeau deZacharie, au-dessus duquel se voit un cercueil placé obliquement entre deux colonnes, et recouvert d'une étoffe de soie noire et brodée. On y voit écrit, en lettres de couleur blanche, ce qui suit: « Ô Zacharie! nous t'annonçons la naissance d'un garçon, dont le nom seraYahia. »
La renommée de cette mosquée et de ses mérites est très répandue; On lit à ce sujet, dans l'ouvrage qui a pour titreLes Qualités excellentes de Damas, l'assertion suivante : « La prière dans la mosquée de Damas équivaut à trente mille prières ». Et dans les traditions du prophète on trouve ces paroles deMahomet : « On adorera Dieu, dans la mosquée de Damas, durant quarante années après la destruction du monde[12]. » »
Curieusement Ibn Battouta voit le tombeau de Zacharie, père deJean-Baptiste, là où la tradition actuelle situe le tombeau du second.
Dans une annexe, hors de l'enceinte de la salle de prière se trouve un petit mausolée consacré àHossayn, un personnage majeur duchiisme; l'édifice est supposé avoir contenu (ou contenir ?) le crâne du troisième Imam des chiites, décapité à labataille de Kerbala (Achoura : 10 de moharram 61H;). Le corps deHossayn se trouve, lui, àNadjaf (au sud de l'Irak) et la tête tranchée a été enterrée auCaire.
« Lorsque Khaoualî, portant la tête de Hossayn, arriva auprès d'Obaïdallah, fils de Ziad, il lui dit: Tu dois me combler de cadeaux, car je t'apporte la tête du meilleur de tous les hommes ! [...] Puis il (Obaïdallah) toucha avec une baguette la bouche de Hossayn, en récitant ce vers: « Nous tranchons les têtes des hommes qui nous sont chers, mais qui sont devenus rebelles et insolents[13]. » »
Malgré les recommandations de l'UNESCO, Centre du Patrimoine Mondial :
le souk el-Atik dans la zone tampon protégée a été détruit en trois jours en novembre 2006 ;
la rue du roi Fayçal, un quartier d'artisanat traditionnel de Damas, dans la zone tampon protégée tout près des murs d'enceinte de la vieille ville, entre la citadelle etBab Touma, est menacée de destruction par un projet de voie rapide[17] ;
en 2007, leWorld Monument Fund mettait en garde contre des projets de réaménagement de la vieille ville de Damas qui la« mett[ai]ent en danger (...) et menaç[ai]ent de détruire cette ville historique et vivante »[18].
L'expressionchemin de Damas évoque un parcours provoquant un changement radical d'attitude chez celui qui le vit (cf. retournement). Elle évoque l'expérience deSaint Paul, persécuteur deschrétiens quelques années après la mort deJésus : selon lesActes des Apôtres, se rendant à Damas, il eut une illumination et une révélation qui en firent le principal prosélyte des premières heures duchristianisme[19]. Environ 400 000 chrétiens vivaient à Damas en 2010[réf. nécessaire] ;
depuis la destruction de la ville d'Antioche (entre1268 et1872), Damas est le lieu de résidence de plusieurs chefs d'Églises autocéphales :
Ledamasson, petite prune rouge, cultivé dans lejuraSuisse à l’origine de l’eau de vieAOPDamassine a été ramené de Damas par des croisés. Depuis, elle est cultivée enAjoie dans le Jura Suisse. Dans d’autres régions du monde, le damasson (qui est unsous-cultivar) se nommePrunier de Damas.