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Dalmatie

43° 48′ 46″ N, 16° 13′ 08″ E
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Pour l'ancienne province, voirDalmatie (thème).

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Armes de la Dalmatie.

LaDalmatie (encroate :Dalmacija ; enitalien :Dalmazia ; enlatin :Dalmatia) est une région historique littorale desBalkans, le long de lamer Adriatique, aujourd'hui partagée entre laCroatie qui en possède la plus grande part, leMonténégro et l'Herzégovine.

Géographie

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Territoire duroyaume de Dalmatie qui existait au sein de l'Autriche-Hongrie jusqu'en 1918, représenté dans les frontières actuelles.

La Dalmatie s'étire sur 350 km sur la côte est de lamer Adriatique sur environ 60 km de large, et couvre 12 100 km2 pour 897 000 habitants (2001). Elle est traversée par lesAlpes dinariques et comporte en outre denombreuses îles, de l'île de Pag, au nord-ouest, jusqu'àDubrovnik et à labaie de Kotor (Monténégro) au sud-est. Dubrovnik et l'ancien territoire de larépublique de Raguse ne faisaient pas partie de la Dalmatie historique qui étaitvénitienne, mais sont aujourd'hui considérés comme inclus dans la Dalmatie géographique.

L'historien Danijel Dzino définit la Dalmatie comme un espace compris entre la rivièreSava (ou la rivièreDrava) et la mer Adriatique[1].

La Dalmatie s'étend sur tout ou partie de quatrecomitats croates : ceuxde Zadar, deŠibenik-Knin, deSplit et deDubrovnik-Neretva.

Étymologie et linguistique

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Le nom de Dalmatie provient de la tribu antique desDalmates, apparentée auxIllyriens et auxPannoniens[2], dont la cité principale était la ville deDelminium, à proximité de l'actuelle ville deTomislavgrad, enBosnie-Herzégovine. Toutefois, l'étymologie du nom est toujours discutée. Selon l'opinion des linguistesalbanaisprotochronistes, « Dalmatie » viendrait d'un mot illyrien que l'on retrouverait aujourd'hui dans l'albanaisdelmë, signifiant « mouton », à supposer que l'albanais soit effectivement issu des dialectes illyriens. D'autres linguistes affirment que laromanisation des Illyriens, pendant la dominationromaine (qui dure ici près de mille ans, de-219 jusqu'auVIIe siècle en comptant l'Empire romain d'Orient), a abouti à l'apparition dudalmate, unelangue romane aujourd'hui disparue, tandis que l'albanais, lui, proviendrait dusubstratthraco-dace, non romanisé et non illyrien, des langues paléo-balkaniques[3].

Le dalmate comprenait plusieurs dialectes. Le dialecteragusain de la région deDubrovnik (anciennement Raguse, qui après avoir été vassale deByzance, deVenise et duroyaume de Hongrie, devint indépendante auXVe siècle), a cessé d'être parlé auXVe siècle, la ville passant à l'italienvénitien, et la région aucroate ; le dialectevégliote est celui qui a survécu le plus longtemps : il était encore parlé dans l'île deVeglia, aujourd'hui Krk auXIXe siècle et a disparu le, à la mort deTuone Udaina, dernier locuteur du dalmate[4]. L'arrivée desSlaves à partir duVIe siècle a fait, petit à petit et par assimilation, décliner la langue romane dalmate, et l'adjectif « dalmate » peut aujourd'hui désigner, dans le langage courant, leserbo-croate (langue slave) parlé sur les rives de lamer Adriatique.

Histoire

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Antiquité

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Royaumes illyriens et dalmates

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AuVIe siècle av. J.-C., lesGrecs fondent descolonies enIllyrie, dont la Dalmatie faisait alors partie. La plus lointaine d'entre elles étaitApsoris sur l'île deChersos, dans legolfe Flanatique près de l'Istrie[5].

En -229 et -228, laflotte romaine combat les pirates illyriens qui s’abritent dans les multiples îles de cette région, et à partir de -219, lesRomains prennent le contrôle de la côte dalmate pour garantir leur sécurité en mer Adriatique.

En -168, le consul romainPaul Émile le Macédonien bat leroyaume de Macédoine et ses alliés les rois Illyriens. Les Romains prennent le contrôle de la Dalmatie, pour s’assurer une route terrestre permanente vers la Macédoine et la Grèce. En revanche, ils n’allèrent pas très profondément dans le territoire illyrien, etJules César, proconsul des Gaules et de l’Illyrie à partir de -58, dirige ses légions vers laGaule.

Période romaine

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Entre -13 et -9, lesRomains commandés parTibère font la conquête de l'Illyrie jusqu'auDanube. Tibère doit intervenir à nouveau entre les années 6 et 9 pour réduire une révolte des Illyriens au cours d’une guerre difficile, engageant pas moins de15 légions et autant d’auxiliaires, soit un effectif considérable compris entre 150 000 et 180 000 soldats. Après sa victoire, l’Illyrie est divisée en deuxprovinces : la Dalmatie et laPannonie.

En raison de la présence de deuxlégions, l'ancienneprovince sénatoriale de Dalmatie est réorganisée en l’an 10 en uneprovince impériale, avec comme capitaleSalonae (Salone, aux importants vestiges archéologiques romains : puissants remparts, thermes, basilique). D'autres villes romaines furent prospères : Tarsatica (Trsat, au sud deRijeka),Iader (Zadar, où sont encore visibles les vestiges du forum romain),Narona,Burnum. Les mines d’or et d’argent contribuent à la prospérité de la Dalmatie.

Même après le départ deslégions vers les provinces frontalières du Danube,Pannonie etMésie, la Dalmatie conserva son statut de province impériale confiée à un ancien consul. Par exemple,Lucius Plotius Pegasus est gouverneur de la province sousVespasien. La Dalmatie conserve une garnison auxiliaire qui renforcée durant le règne deMarc Aurèle. Celle-ci semble avoir été touchée à cette époque par des phénomènes de brigandages.Didius Julianus, futur empereur et alors gouverneur, aurait mené des opérations contre les brigands vers 175–178. Son importance stratégique s'était aussi réaffirmée puisque les Barbares avaient traversé les provinces frontières pour parvenir en Italie. À partir duIIe siècle, l'urbanisation, laromanisation puis lachristianisation des Illyres progressent, et la région devient une place importante de l'empire, constituant, avec laRhétie et leNorique la liaison incontournable entre l'Italie et les frontièresdanubiennes.

Durant leIIIe siècle, la Dalmatie semble être le cœur de l'Illyricum, ensemble s'étendant du Danube aux mersAdriatique,Ionienne,Égée etNoire, et concentrant d'importantes armées. De nombreux officiers originaires de ces régions jouèrent un rôle important dans la défense de l'empire lors de la crise duIIIe siècle : l'importance politique de la Dalmatie grandissait. Sont originaires de Dalmatie l’empereur romainCarus (282-283), né àNarona selon certains auteurs, ses fils et successeursCarin (283-285) etNumérien (283-284), et l’illustreDioclétien, empereur de 284 à 305. Dioclétien se fit construire près de Salone unvaste palais fortifié sur la côte Dalmate, où il se retira en 305 après son abdication. Ce palais fut à l'origine de la ville deSplit.Jérôme de Stridon, traducteur de laVulgate, était également d'origine dalmate.

Le remodelage des provinces sous latétrarchie conserva la Dalmatie en une seule province. Son contrôle est fréquemment disputé entre les empereurs régnant sur les parties occidentale et orientale de l’Empire Romain. Lors de l’ultime division de l’Empire romain en 395, la Dalmatie est rattachée à l’Empire romain d'Occident.

Lors desinvasions germaniques duIVe siècle, la Dalmatie devient le refuge de ce qui reste de l’armée romaine d’Illyrie et le dernier lien terrestre entre l’empire d’Occident et l’Empire romain d’Orient. Elle voit le passage des candidats à l’empire d’Occident soutenus par Constantinople (Valentinien III,Anthémius,Julius Nepos), avant d'être annexée parOdoacre, vainqueur du comteOvida en 481–482. Vers 490, la Dalmatie passe sous la domination desOstrogoths.

Moyen Âge

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Article connexe :Dalmatie (thème).

Mouvements migratoires

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Depuis la fin duIVe siècle et jusqu'à la fin duVIIe siècle, enEurope, prend place la période des « Grandes Invasions ». Elle se définit par de nombreux mouvements migratoires de populations se déplaçant de l’est vers l’ouest, et du nord vers le sud. En Dalmatie, et dans les régions limitrophes, cette période marque l’établissement successif desLombards, desAvars, puis desSlaves.

LesLombards, population germanique, s'installent auVIe siècle enPannonie (la grande plaine pannonienne se situe autour de la Hongrie actuelle et englobe notamment le nord de la Croatie) enItalie. Puis lesAvars, population nomade originaire de l’Altaï (en Russie actuelle) remplacent dès 568 lesLombards et s'installent enPannonie. Enfin lesSlaves, population originaire du nord de la mer Noire, arrivent en Dalmatie certainement au début duVIIe siècle.

Ces différentes populations sont donc amenées à coexister avec lesDalmates, qui sont des populations locales dont les langages proviennent d'une latinisation progressive des dialectesillyriens. Les Dalmates, souvent appelés « Romains » dans les sources de l'époque (en raison de leur culture romanisée), vivent alors principalement dans les cités du bord de la mer Adriatique, et gardent des liens étroits avec l'Empire romain d'Orient[6].

Conflits entre populations locales (Dalmates) et étrangères (Avars)
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En535, l’empereur byzantinJustinien Ier envoie le généralBélisaire contre leroyaume Ostrogoth d’Italie. Au passage,Bélisaire ramène la Dalmatie dans l’Empire romain d'Orient, pour quelques années.

Vue aérienne de la ville de Split. La ville s'est donc développée à l'intérieur des remparts du palais de Dioclétien.

LesAvars, qui progressivement dominent la plupart des villes de Dalmatie au début duVIIe siècle, poussent les populationsromanes (Dalmates) vers le littoral. En effet, la destruction de la cité dalmate deSalone (historiquement la capitale de la Dalmatie) par lesAvars en 615 a contraint ses habitants à se réfugier à l'intérieur et autour dupalais de Dioclétien — évènement fondateur de la ville deSpalato (Split)[7].

D'autres réfugiés dalmates s'installent sur un îlot facile à défendre, contribuant à la fondation deRaguse (Dubrovnik). Quelques villes côtières comme Zara (Zadar) ou Traù (Trogir), ainsi que la plupart des îles, demeurent territoires de l'Empire romain d'Orient. Desbergers romanophones venus de l'intérieur (massifs deRomanija Planina,Stari Vlah et autres) s'y installent aussi , bientôt surnommésMorlaques (« Valaques de la mer »)[8].

L'arrivée desSlaves méridionaux au début duVIIe siècle est providentielle pour l'Empire romain d'Orient en lutte contre lesAvars (qui mènent de nombreuses attaques dans la région) :Constantin VII Porphyrogénète rédige, auXe siècle un récit très élogieux sur l'histoire des Croates (origo gentis) :De administrando Imperio (DAI). Il s'agit de la seule source écrite dont nous disposons pour situer l'arrivée des Slaves en Dalmatie auVIIe siècle[1].

Arrivée des Slaves en Dalmatie
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Depuis leIVe siècle, des hordes venues d’Asie (Huns,Avars, Obres, Ouïgours, et plus tard lesMagyars) sont amenées à traverser le territoire d'origine des Slaves (nord de la Mer Noire) et à mener des opérations tantôt pacifiques ou violentes, qui provoquent des brassages, des séparations, et des migrations chez les populations slaves. De sorte que l’on observe, dès leVIe siècle, desflux migratoires slaves en direction de l’Europe centrale et desBalkans[9].

L'arrivée des Croates sur les rives de l'Adriatique.

Des populationsslaves de plus en plus nombreuses s'installent dans l'arrière-pays de la Dalmatie auVIIe siècle et s'organisent ensklavinies, fédérées en uneprincipauté de Dalmatie[réf. nécessaire].

Parmi lesSlaves d'Europe, lesHrobates deGalicie se séparent enBjalohrobates (ou « Croates blancs », qui restent sur place et participent à l’ethnogenèse desPolonais et desRusyns (Ruthènes)) etČernohrobates (ou « Croates noirs », qui descendent vers le sud-ouest et, en 640, apparaissent enPannonie). Il s'agit en tout cas ce récit que nous donne Constantin VII auXe siècle : aucune autre source vient avérer ces informations[7].

Un premierknèze (« roi », ou « prince ») dalmatien, Radoslav, est attesté vers l'an688[réf. nécessaire]. Ces knèzes règnent sur des populations « dalmatiennes » qui sont delangue slave, « dalmates » de la côte (ou «morlaques») et « valaques » desplateaux montagneux qui sont delangues romanes, etalbanaises (« shqiptarët ») du sud de la région, qui sont de langueillyrienne. Progressivement, lalangue slave méridionale du centre-ouest desBalkans se diffuse.

Christianisation des Slaves et entrée dans la chrétienté

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Religion slave
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Procope de Césarée dansDe bello gothico (III, 14) nous informe auVIe siècle, que lesSlaves (dont sont issus lesCroates) pratiquent unpolythéisme. Il est défini comme la croyance en unemythologie slave centrée sur un dieu de la foudre, et d’autres dieux. Il est également avancé que les Slaves vouent des cultes aux rivières et aux nymphes, et pratiquent des actes sacrificiels[10].

Christianisation des Slaves de Dalmatie
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Nous savons que lesSlaves sont arrivés en Dalmatie au début duVIIe siècle, et on présume qu’un processus dechristianisation était alors déjà en cours par le biais de structures ecclésiastiques actives dans les villesdalmates.

Illustration reproduisant les fonts baptismaux duknez Višeslav, vers 800. Monument conservé au musée archéologique de Split, Croatie.

Mais il n’en reste pas moins que le début de lachristianisation croate peut être située au moins à partir du début duIXe siècle — comme tendent à le montrer lesfonts baptismaux du prince Višeslav datant de cette époque. En effet, cette fontaine baptismale viendrait vers 800 commémorer le baptême duknez Višeslav. Certains chercheurs ont toutefois exprimé des doutes sur son authenticité[11].

Néanmoins, le passage en Dalmatie et enPannonie au milieu duIXe siècle deGodescalc d’Orbais, qui a été moine àFulda et àOrbais, avant de parcourir l'Italie et lesBalkans pour prêcher, tend à montrer que le processus de christianisation était bien en cours à cette époque. Il est reçu à la cour du ducTrpimirIer de 846 à 848, ce qui témoigne de l’ouverture de la sociétéslave de Dalmatie à lareligion chrétienne. De plus, nous savons que depuis leIVe siècle la ville d’Aquilée située au sein de la marche duFrioul (Empire carolingien) est le siège dupatriarcat d’Aquilée, qui est un important centre dechristianisation pour l’Italie nord-orientale et la Dalmatie.

En outre, un témoignage deConstantin VII Porphyrogénète nous informe que lesSlaves de Dalmatie ont commencé à être christianisés « au temps de leur prince Porinos », après la mort d'un personnage nommé « Kotzillis » (Kocel ?). Or ce personnage a pu être assimilé àCadolah (mort en 819)[1].

On a donc un fort mouvement de christianisation du territoire dalmate auIXe siècle, ce qui lui permet par l’intermédiaire deRome, de progressivement intégrer lachrétientéoccidentale et d'éviter son déchirement entre les puissances franques et byzantines. L'accélération de la christianisation va de pair avec l'émergence d'entités politiques plus complexes.

Ethnogénèse des Croates (VIIe – Xe siècles)

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Consolidation d'un espace culturel slave (VIIe siècle)
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Après plusieurs années de conflits les Slaves « l’emportèrent et massacrèrent une partie des Avars, et contraignirent les autres à se soumettre ». Ainsi au cours duVIIe siècle la population slave s’est retrouvée dominante sur le territoire, avec une assimilation de populations avares. En témoigne le terme croate « Ban » utilisé à partir duVIIe siècle comme un titre de noblesse hérité du mot avarBayan, illustrant l’assimilation desAvars au sein de la population slave[7].

La Dalmatie : entité vassale au sein de l'empire franc (803-828)
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En effet dès la fin duVIIIe siècle — alors que la Dalmatie était jusque là majoritairement l’objet des influences de l’Empire romain d’Orient et duKhaganat avar — la majeure partie du territoire passe sous domination franque en 803.

Ce mouvement commence dans la décennie 790 qui aboutit en 796 par la victoire du roiPépin d’Italie (fils deCharlemagne) sur le second Khaganat avar. En 799,Charlemagne envahit la Dalmatie, la contestant auxByzantins, et la conquiert définitivement en 803. La victoire carolingienne sur lesAvars (en 803), situés alors enPannonie ne signifie pas la disparition desAvars, mais seulement marque la fin de leur pouvoir politique en Dalmatie.

L’invasion franque des cités côtières dalmates au début duIXe siècle provoque une guerre avec l’Empire byzantin, qui ne se résout qu’en 812 par la Paix d’Aix-la-Chapelle. L'Empire carolingien domine alors la majorité du territoire, et l’Empire romain d’Orient conserve une souveraineté sur certains espaces côtiers de Dalmatie : sur trois îles (Osor, Krk et Rab) et sur cinq cités (Zadar,Trogir,Split,Dubrovnik etKotor)[1].

Comme le montrent lesAnnales regni Francorum, au début duIXe siècle, ce territoire est dirigé depuis leFrioul par « Cadolah », qui est, en 818, « préfet des marches du Frioul »[12].

En 819, l'Empire carolingien envoie une armée contre une rébellion (rébellion de Ljudevit) menée parLjudevit Posavski, qui était un duc vassal en territoire dePannonie inférieure (entre laDrava et laSava) - mais la répression militaire de la révolte est un échec. On assiste donc à une crise du maintien politique de la marche carolingienne en Dalmatie. En 822, les troupes deLjudevit sont vaincues par le margrave du FrioulBalderic[12].

Toutefois en 826 lesBulgares prennent le contrôle du sud-est de laPannonie, et mettent en échec le margraveBaldéric, qui est évincé de sa fonction en 828.

À partir de 828, l’Empire carolingien administre une réorganisation de lamarche du Frioul et se désintéresse progressivement de la Dalmatie, ce qui donne donc l'opportunité aux différents duchés « croates » d’obtenir une autonomie relative[1].

Naissance de l'identité croate et émergence d'un État croate autonome (IXe – Xe siècles)

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Vers le milieu duIXe siècle, on voit apparaître un terme désignant une identitécroate dans une charte latine désignantTrpimirIer commeDux Chroatorum (Duc de Croatie) - alors que dans les manuscritscarolingiens du début duIXe siècle, ces populations étaient simplement nommées « Slaves ». Il n'est donc pas correct de parler d'un peuple « croate » avant cette époque. SelonDanijel Dzino la conscience d’une identité croate s’est construite au milieu duIXe siècle, grâce à l’apparition d’un nouveau système social, politique et culturel emprunté à l’Empire carolingien. Après 828, on voit apparaître une nouvelle élite héréditaire dans un espace compris entreNin,Knin etSkradin. Ces individus ont été impliqués dans le système politique de la périphérie carolingienne avant 828. Dans une société de plus en plus imprégnée par la culture de l’Occident chrétien, ces élites ont tenté de mettre en évidence une identité ancienne qui les différencie desFrancs, pour légitimer leur pouvoir[1].

Eglise de Saint-Donat à Zadar (Croatie), datant duIXe siècle.

AuIXe siècle on observe l’émergence d’identités nouvelles à la fois sur le plan politique et religieux. Nous pouvons penser que cette ethnogenèse desCroates est également orientée par les différentes interactions avec les populations frontalières. LesCroates sont desSlaves aux limites de lachrétienté (voire despaïens) pour les Francs, et ce sont des populationschrétiennes (selon le rite latin) imprégnées d’une culturefranque pour les autres Slaves[1].

Cetteethnogenèse est accompagnée par un mouvement de statogenèse initié auIXe siècle. Ce mouvement aboutit au règne deTomislavIer (910-928) qui unifie le territoire occupé par lesCroates en un seul État[1].

De plus on observe un rapprochement entre l'État croate et l'Empire romain d'Orient dans une lutte commune contre lesBulgares. L’étroite collaboration entre les deux entités politiques s’exprime notamment par l’accession de TomislavIer au poste de proconsul byzantin disposant du contrôle des cités-Etats de Dalmatie[1].

Le royaume de Croatie à partir duXe siècle

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Leroyaume de Croatie, incluant la Dalmatie continentale, eut plusieurs capitales successives :Biaći,Nin,Biograd,Šibenik,Knin,Split,Omiš,Klis etSolin. AuIXe siècle, unduché autonome se forme autour deZadar qui est alors considérée comme la capitale de la Dalmatie. Lors duschisme entre chrétiens, les Croates choisissent lecatholicisme et y sont demeurés fidèles depuis, au point que cette appartenance fait partie de leur identité.

En1102, la Croatie, incluant la Dalmatie, s'unit à laHongrie. De 1115 à 1420, la Dalmatie fut le théâtre de nombreuses confrontations, comme lesiège de Zara et letraité de Zara, entre leRoyaume hongro-croate et larépublique de Venise, qui avait hérité les îles dalmates de l'Empire byzantin. À la longue, par la guerre, la négociation ou l'achat, Venise finit par étendre son domaine en Dalmatie continentale, à l'exclusion de larépublique de Raguse (aujourd'huiDubrovnik), restée autonome, mais égalementromane, avec sa propre langue, leragusain.

Période moderne

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Les huit siècles vénitiens

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Article connexe :Liste des provéditeurs-généraux de Dalmatie.

En 1403,Ladislas deDurazzo, roiangevin deNaples et prétendant au trône deHongrie-Croatie, renonce à ses droits sur la Dalmatie continentale en échange de 100 000 ducats, etVenise, déjàprésente sur la côte et dans les îles depuis quatre siècles, s'agrandit alors à l'intérieur des terres, sans jamais parvenir à conquérir ni éliminer sa rivale Raguse. La Dalmatie vénitienne est gouvernée par unprovéditeur-général.

De nombreux Vénitiens s'installent durant cette période dans les ports et les îles de la Dalmatie et levénitien y remplace progressivement ledalmate. Venise ne perd définitivement la Dalmatie qu'avec sa propre indépendance, lors de sa conquête parBonaparte en 1797. Toutefois, sous le régime vénitien, lalangue croate a pu se développer en Dalmatie (y compris dans les îles) au même titre que l'italien, et des écoles, des publications y ont vu le jour. La languedalmate, en revanche, n'était pas enseignée et a fini par disparaître.

Période napoléonienne

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Après la chute de la république de Venise en 1797, pendant laRévolution française, la Dalmatie devient possession desHabsbourg d'Autriche par letraité de Campo-Formio. Cédée auroyaume d'Italie sous tutelle française, elle est rattachée en 1809 auxProvinces illyriennes. Lemaréchal Soult est titré duc de Dalmatie en1808. Disputée entre les Empiresfrançais,russe etautrichien lors de lacampagne de Dalmatie (1806-1814), elle fait finalement retour à l'Autriche aucongrès de Vienne en 1815.

Période autrichienne

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Sous le nom deroyaume de Dalmatie, la province est rattachée directement à l'administration de Vienne. L'Autriche, plus encore que Venise, y favorise le développement de la culture croate, d'autant qu'elle y voit un moyen de limiter l'irrédentisme des Italiens de la côte. En1816 la présence italienne dans la région était estimée à 20 %, en1865 elle n’était plus que de 12,5 %[13].

Période yougoslave

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Par letraité de Rapallo en 1920, à la suite de la défaite des puissances centrales dans laPremière Guerre mondiale, la Dalmatie, à l'exception de la ville deZadar (Zara) et de l'île deLastovo (Lagosta), cédées à l'Italie, fut incluse avec le reste de laCroatie dans leroyaume des Serbes, Croates et Slovènes, rebaptisé un peu plus tardroyaume de Yougoslavie. Pendant laSeconde Guerre mondiale, lesItaliens ont annexé de1941 à1943 certaines autres îles et une partie de la Dalmatie continentale, formant ungouvernorat de Dalmatie : un traité laisse le reste du territoire dalmate à l'État indépendant de Croatie d'Ante Pavelić, qui le contrôle en totalité après octobre1943, à l'exception de la région de Zadar. En 1944–1945 lespartisans yougoslaves reprennent la Dalmatie auxOustachis d'Ante Pavelić. Entre 1945 et 1950, la minorité italienne est expulsée vers l'Italie (environ 30 000 personnes dont 20 000 de la ville deZadar). En moins de dix ans la présence italienne en Dalmatie est pratiquement éradiquée. Après cettepurification ethnique il ne reste aujourd'hui dans toute la Dalmatie que quelques centaines d'Italiens, derniers témoins d'une présence romane plus que millénaire.

La Dalmatie dans laguerre en Croatie (1991-1995)

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En 1991, après que laCroatie a déclaré son indépendance vis-à-vis de larépublique fédérative socialiste de Yougoslavie, la région redevient un champ de bataille entre indépendantistes croates et pro-yougoslaves serbes : la flotte yougoslave fait leblocus des côtes et bombarde les ports. Lesiège de Dubrovnik, d'octobre 1991 à mai 1992, cause à la ville des dommages considérables. La flotte yougoslave doit cependant ensuite se regrouper àKotor, qui dépend de la république deMonténégro, fidèle à la Fédération. Mais une partie des unités, aux équipages majoritairement croates, se mutinent et préfèrent rejoindre la Croatie.

Le àKnin, sous l'impulsion du colonelRatko Mladić nommé dans ce but dans cette ville, lesSerbes, majoritaires en Dalmatie du nord, déclarent vouloir rester Yougoslaves et refusent que la Dalmatie du nord intègre la république de Croatie. Ils barrent les routes, coupant la liaison terrestre entre la Croatie du nord et le reste de la Dalmatie : c'est la « révolution des Rondins ». Lorsque la nouvelle police croate tente de dégager les routes, l'armée yougoslave (JNA) ouvre le feu contre elle. En1991, les dirigeants serbes, alors dirigés parMilan Babić, expulsent les habitants croates (non sans violences) du nord de la Dalmatie, et le rattachent à larépublique serbe de Krajina autoproclamée, dont ils font de Knin la capitale. Ils légitiment cette proclamation par l'appartenance de la Krajina, à l'époque autrichienne, auxconfins militaires des Habsbourg, à majorité serbe (bien que la Dalmatie et Knin n'en aient pas fait partie[14]). Encerclée par l'Armée de la république de Croatie et par les troupes duConseil croate de défense deBosnie-Herzégovine (HVO), la république serbe de Krajina tombe (non sans morts) au cours d'une offensive menée en1994-1995. Le, Knin tombe aux mains de l'armée et de la police croates lors de l'opération Tempête (encroate,Oluja). Les habitants croates peuvent regagner leurs foyers, tandis que ce sont cette fois les Serbes — plus de 250 000 — qui sont chassés et qui se replient enrépublique serbe de Bosnie.

La Dalmatie dans la république de Croatie

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Après1996 commence une période de reconstruction qui, à partir de2000, permet un développement essentiellement axé sur letourisme, qui n'est pas sans effet sur les ressources en eau ethalieutiques, sur laqualité des eaux et la préservation des paysages.

Économie

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Les ressources de la Dalmatie sont l'industrie (constructions navales, métallurgie), ainsi que l'agriculture et la pêche, en déclin, tandis que dans les îles et sur la côte, le tourisme prend au contraire une très grande ampleur, avec un rythme de construction très rapide et des prix qui ne cessent de grimper.

Culture et patrimoine

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AuXVe siècle, les échanges culturels avec l'Italie étaient importants et le nom deSchiavone, « leSlavon », était donné en Italie aux personnes originaires de Dalmatie. C'est ainsi que le peintre Juraj Culinovic né en 1436/7 et mort en 1504, est connu en Italie sous le nom deGiorgio Schiavone. Il a été apprenti deSquarcione àPadoue de 1456 à 1459, puis est retourné en Dalmatie. En 1462, il se trouvait àZadar et il épousa Jelena, fille du sculpteur Giorgio di Matteo. À partir de 1463 il habiteSebenico, tout en se rendant de temps en temps à Padoue[15].

Le mathématicien et astronomeRoger Josip Bošković (1711–1787), né à Raguse (Dubrovnik), a fait ses premières études dans cette ville mais la plus grande partie de sa carrière s'est déroulée à l'étranger.

Lebrudet, soupe ou ragoût de poisson, est un plat fréquemment préparé sur toute la côte adriatique croate, mais particulièrement apprécié en Dalmatie, dans les régions de Zadar, de Šibenik et de Split[16].

Notes et références

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  1. abcdefgh eti(en) Danijel Dzino,Becoming Slav, Becoming Croat : Identity Transformations in Post-Roman and Early Medieval Dalmatia, Leiden, éditions Brill,, 271 p.(ISBN 978-90-04-18646-0), page 3, ligne 6 : "Ancient and early medieval Dalmatia encompassed the space between the eastern coast of the Adriatic almost to the river Sava".
  2. (en)J. J. Wilkes,The Illyrians, Oxford, B. Blackwell,, 351 p.(ISBN 0-631-14671-7,9780631146711 et0631198075,OCLC 23689275).
  3. Eqrem Çabej,Eric Hamp, Georgiev, Kortlandt,Walter Porzig, Sergent et d'autreslinguistes considèrent, dans une perspectivepaléolinguistique ouphylogénétique, que le proto-albanais s'est formé sur unfond thraco-illyrien vers leVIe siècle, à l'intérieur des terres, subissant un début deromanisation encore sensible dans la langue moderne, tandis que lesemprunts les plus anciens de l'albanais auxlangues romanes proviennent dudiasystème roman oriental et non de l'illyro-roman qui était la langue romane anciennement parlée enIllyrie après la disparition de l'illyrien (pendant l'occupation romaine, l'illyro-roman a remplacé l'illyrien à la manière dugallo-roman remplaçant leceltique enGaule). Comme les lieux albanais ayant conservé leur appellation antique ont évolué selon deslois phonétiques propres auxlangues slaves et que l'albanais a emprunté tout son vocabulaire maritime aulatin et augrec, ces auteurs pensent que les ancêtres des Albanais ont vécu à l'est de l'actuelle Albanie et que des régions côtières de ce pays (thème du Dyrrhacheion) étaient initialement gréco-latines. De nos jours, l'existence enalbanais de mots empruntés auroman oriental balkanique et en roumain de mots de substrat apparentés à des mots albanais corrobore cette manière de voir.
  4. Tuone Udaina était un berger auprès duquel lelinguisteitalienMateo Bartoli avait relevé et étudié le dalmate végliote.
  5. Natale Vadori,Italia Illyrica sive glossarium italicorum exonymorum Illyriae, Moesiae Traciaeque ovvero glossario degli esonimi italiani di Illiria, Mesia e Tracia, ed. Ellerani, San Vito al Tagliamento 2012, p. 472,(ISBN 978-88-85339-29-3).
  6. Lucien Musset, « Invasions Grandes », surEncyclopædia Universalis(consulté le).
  7. ab etc(grk) Constantin VII (empereur byzantin),De administrando Imperio (DAI), Constantinople, entre 948 et 952, Chapitre 30, origo gentis des Croates.
  8. Lucien Musset, « Grandes Invasions », surEncyclopædia Universalis(consulté le).
  9. Marie-Madeleine De Cevin,L'Europe centrale au Moyen Age, Rennes, Presses universitaires de Rennes,(ISBN 9782753522473),p. 36.
  10. Procope de Césarée,De bello gothico,6e siècle, (III, 14).
  11. (en) Danijel Dzino,Becoming Slav, Becoming Croat: Identity Transformations in Post-Roman and Early Medieval Dalmatia, Leiden, éditions Brill,, « For the inscription from the font, see Delonga 1996: 205–7. Doubts about its authenticity and origins: Suić and Perinić 1962; Klaić 1971: 197–8; Jakšić 2002. » [p.187].
  12. a etb(la)Annales regni Francorum.
  13. Dictionnaire Encyclopédique Italien (v. III,p. 729), Rome, Édition de l'Institut de l'Encyclopédie Italienne, fondé par Giovanni Treccani, 1970.
  14. Hans-Erich Stier,Westermann grosser Atlas zur Weltgeschichte,p. 126, 130, 131.
  15. (en)Giorgio Schiavone,National Gallery.
  16. «Brudet» (Soupe de poissons variés) sur le site croatia.hr

Annexes

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Articles connexes

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Périodes historiques

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Liens externes

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  1. Indépendance non unanimement reconnue.
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