Beylerbey de Sidon(d) | |
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Darwish Pasha al-Kurji(en) |
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Dahir al-Umaral-Zaydani ouẒāhir āl-'Umar az-Zaydānī (enarabe :ظاهر آل عمر الزيداني), né en 1689/1690 àArraba, mort le àAcre, est un chefarabe du Sud de laSyrie ottoman. Au milieu duXVIIIe siècle, profitant de l'affaiblissement de l'Empire ottoman, il parvient à établir une principauté quasi indépendante et à résister à plusieurs offensives menées par les gouverneurs ottomans de Syrie et d'Égypte. Mais il est finalement vaincu et tué en 1775.
Dahir al-Umar est uncheikh de la tribu desZaydani (en) dans la région du lac de Tibériade, qui alors faisait partie de laSyrie ottomane. Son père, Omar al-Zaydani, et son grand-père étaient desmultazim (collecteurs de taxes) pour le compte de l'émirat du Mont-Liban dirigé par la famille féodaledruze desMaan (en). Après la mort de son père, il s'établit àSafed et partage l'autorité avec ses frères et son oncle. À partir des années 1730, son domaine se compose principalement de laGalilée, avec pour capitales successivesTibériade,Arraba, etNazareth. En 1742, il est assiégé dans Tibériade par legouverneur de Damas mais la mort de celui-ci met fin à l'attaque ottomane. Il évince ses parents et reste le seul maître de la région[1].
En 1746, il fortifie la ville d'Acre, qui devient une place commerciale entre la Palestine ottomane et l'Europe. Au milieu des années 1760, il occupe la ville portuaire deHaïfa[2]. Il encourage laculture du coton qui devient un produit d'exportation vers l'Europe. Il est conseillé par des marchandsjuifs de Tibériade puis par desSyriens catholiques dont le banquierIbrahim Sabbagh qui fait figure de « ministre des Finances »[3]. Il se montre tolérant envers toutes les religions, protège les paysans contre les pillages desBédouins et accueille des migrants du Proche-Orient et deChypre. Cependant, les ambitions rivales de ses fils provoquent des affrontements ponctuels[1].
En 1766,Ali Bey al-Kabir, chef mamelouk temporairement chassé d'Égypte par des luttes de faction, se réfugie auprès de Dahir al-Umar. Il revient en Égypte peu après, élimine ses rivaux et, en 1770, devient le seul maître du pays. Ali Bey entreprend alors d'étendre son pouvoir en s'emparant de la Syrie. Il envoie une armée commandée par son lieutenantAbou Dhahab et lance une proclamation aux Syriens prétendant qu'il n'intervient que pour mettre fin à la tyrannie d'Othman Pacha al-Kurji (en),gouverneur de Damas, et rétablir la sécurité dupèlerinage de La Mecque. Dahir al-Umar fait alliance avec Ali Bey, sur le conseil d'Ibrahim Sabbagh qui croit pouvoir s'appuyer sur laRussie à la faveur de laguerre russo-turque de 1768-1774. Mais le général mamelouk Abou Dhahab, fidèle au pouvoir ottoman, se retourne contre Ali Bey et le chasse d'Égypte. Dahir al-Umar continue la lutte et remporte plusieurs victoires sur Othman Pacha et surYoussef Chehab,émir du Mont-Liban. Ali Bey et les Zaydani, avec l'aide de la flotte russe d'Alexeï Orlov, vont assiéger le port deJaffa. La ville tombe après un siège de 8 mois (-) mais Ali Bey est tué peu après dans une vaine tentative pour reconquérir l'Égypte tandis que la flotte russe quitte la Méditerranée à la suite dutraité de Küçük Kaynarca ()[4],[5].
La Sublime Porte décide d'en finir avec Dahir al-Umar. En 1774, elle attribue à Abou Dhahab, en plus du gouvernement de l'Égypte, le revenu fiscal (iltizam) de la Palestine. Au début du printemps 1775, l'armée égyptienne envahit la Palestine, prendGaza etRamlah et s'empare deJaffa après un court siège (du au) : Abou Dhahab, pour faire un exemple, massacre les défenseurs et les habitants. Les autres villes de la région se rendent sans combat. Arrivé à Acre, Abou Dhahab annonce l'intention d'exterminer les chrétiens mais il meurt subitement le. Les commandants mamelouks retournent alors en Égypte pour s'y disputer la succession[6].
Dahir al-Umar reprend possession de la ville d'Acre. Cependant, la Porte envoie contre lui une flotte et une armée sous le commandement ducapitan pacha (commandant en chef de lamarine ottomane)Cezayirli Gâzi Hasan Pacha qui débarque àHaïfa le. Le vieil émir, qui reste un combattant énergique à plus de 80 ans, est assiégé dans Acre. Des négociations s'ouvrent : Dahir al-Umar se voit réclamer un tribut de 500 000piastres, plus un don de 50 000piastres pour Hasan Pacha lui-même, mais le financier Ibrahim Sabbagh s'y oppose, prétendant que cette dépense serait inutile. Al-Dinkizli, chef des mercenairesmaghrébins de Dahir al-Umar fait alors défection. Dahir al-Umar s'enfuit à cheval mais il est rattrapé et décapité le. Sa tête est envoyée àConstantinople et plusieurs de ses parents sont exécutés[5].
Ibrahim Sabbagh est fait prisonnier et sa fortune confisquée. Il meurt dans des circonstances incertaines. Sa famille se réfugie en Égypte[7].
Après la mort de Dahir al-Umar, le général ottomanDjezzar Pacha, nommégouverneur de Sidon, profite de la ruine des Zaydani pour s'emparer d'Acre et de la Galilée[6]. Lors de l'expédition française d'Égypte en 1798-1801,Bonaparte fonde de grands espoirs sur les anciens partisans de Dahir al-Umar et les autres populations insoumises du Levant ottoman,chiites,druzes etmaronites, qu'il espère rallier dans sa lutte contre lacoalition anglo-ottomane[8]. Le, au début dusiège d'Acre, Abbas Dahir, petit-fils de Dahir al-Umar, vient lui offrir le concours de ses hommes : avec l'aide de la cavalerie française deMurat, ils empêcheront les mouvements des garnisons ottomanes deDamas et deNaplouse. Mais seuls les Zaydani et une partie des chiites se rallient aux Français, la population sunnite restant massivement fidèle au sultan ottoman,calife de l'islam[9]. Les assauts français contre la ville d'Acre, où Djezzar Pacha a reçu des renforts britanniques et ottomans, échouent l'un après l'autre. Le, Bonaparte décide de lever le siège et d'abandonner la Palestine : il saccage le pays derrière lui, pratiquant lapolitique de la terre brûlée. Les derniers partisans des Zaydani, pour échapper aux représailles ottomanes, se retirent avec l'armée française[10].
Un petit-fils d'Ibrahim Sabbagh, également prénommé Ibrahim (ouMichel Sabbagh), s'attache au généralCaffarelli et devient secrétaire des savants français de laCommission des sciences et des arts auCaire. Il s'installe plus tard en France où il rédige une biographie de Dahir al-Umar[11].