La Dacie était également peuplée par desCeltes (Scordices, Britolages), desScythes, desSarmates et desBastarnes. Ses côtes ont étécolonisées par une dizaine de cités-ports helléniques, vecteurs d'uneinfluence hellénique (lorsque les Daces écrivaient, ils utilisaient, comme lesGaulois, legrec). Il y avait aussi des commerçantsromains. Les tribus daces se sont souvent affrontées entre elles, mais se sont parfois unies contre lesMacédoniens et les Romains. Leurs alliés sont les Celtes, les Thraces et les Grecs, jusqu'à la conquête de laGrèce par l'Empire romain. Les tribus vivant dans la plaine céréalière duDanube se sont souvent alliées aux Romains contre celles, montagnardes etpastorales, desCarpates (un fossé antique, défensif contre les assauts venus des montagnes, et nommébrazda lui Novac en roumain, s'étire d'ouest en est à travers l'actuelleValachie).
Carte de la Dacie parAdrien-Hubert Brué (1826). Carte montrant les campagnes de Burebista
L'épuisement des filonsaurifèreses desmonts Porolissenses et la pression despeuples « barbares » sont les principales raisons de l'abandon par l'empereur Aurélien de laDacie trajane, province frontalière devenue déficitaire[2]. Toutefois, pour que la province ne disparaisse pas des tables impériales et pour que ses légionnaires et fonctionnaires ne se retrouvent pas sans solde, le nom et l'ensemble des structures militaires et administratives furent officiellement déplacées en 271 au Sud duDanube dans la partie occidentale de l'ancienne province deMésie, alors nomméeDacie aurélienne, puis divisée en 285 en Dacie ripuaire et Dacie méditerranéenne. Selon l'historien romainEutrope[5] la populationromanisée aurait été elle aussi déplacée au sud du Danube, laissant la Dacie« déserte » jusqu'à l'arrivée desAvars auVIe siècle (thèse dite de l'« Awarenwüste »[6]).
Quoi qu'il en soit et quelle qu'ait pu être la répartition des populations de part et d'autre du Danube, les actuelleslangues romanes orientales sont la preuve que lespopulations romanisées n'ont pas disparu[7]. Les controverses entre spécialistes, ne disposant pour cette période que de rares sources peu explicites, portent donc sur desthèses contradictoires concernant les éventuels déplacements, thèsesarchéologiquement et historiquement invérifiables en l'état actuel des sources et des recherches, mais fortement teintées par lesnationalismes antagonistes des états modernes de la région, et aussi par leprotochronisme qui lui, est hors du champ historique, mais très influent[8].
Selon ces thèses irréconciliables, lespopulations romanophones auraient initialement évolué soit exclusivement au nord du Danube, pour migrer ensuite partiellement vers lesBalkans (mais après l'arrivée desSlaves)[9] soit exclusivement au sud du Danube, pour migrer ensuite tardivement vers laDacie nordique (mais après l'arrivée desMagyars)[10],[11],[12],[13].
On retrouve chez les Daces la « trilogie sociale » de beaucoup de peuples, décrite parGeorges Dumézil : peuple ordinaire (paysans, artisans, marchands...), guerriers et prêtres. En Dacie, le peuple devait se découvrir devant les aristocrates, mais pouvait laisser pousser les cheveux d'où le nom de « Comates » (comati oucapillati) ; dans la guerre, il formait l'infanterie. L'aristocratie des « Tarabostes » (tarabostesei oupileati) qui, à la guerre, formait lacavalerie, se signalait par le port d'unbonnet spécifique en tissu,feutre oulaine, à cause duquel les Grecs les surnommaientpilophores (« porteurs de bonnets »), qualifiant aussi lesScythes[20]. Enfin les « Polistes » formaient la caste des prêtres[21].
Chaque tribu dace avait sa propre aristocratie et ses propres prêtres ; les tribus, de quelques dizaines de milliers de membres, vivent originellement dans des huttes de bois, en habitat dispersé ou bien regroupées en villages entourés par une palissade, puis, à une époque tardive, dans desoppidums qui évoluèrent en forteresses (davae en dace) munies de tours coniques en pierre. À la veille de laconquête romaine, cesdavae étaient en passe d'évoluer en villes[22].
Deux types d'armes existent alors de manière certaine : armes de lutte à distance et armes de lutte au corps à corps. La cavalerie a un rôle de harcèlement, visant à attirer l'ennemi, lui tendre des pièges, et le mettre en position défavorable. Les Daces semblent n'avoir jamais utilisé des techniques massives avec des unités rigides et nombreuses. En revanche, ils se sont fait livrer des machines de guerre par les Romains et on sait qu'en raison d'un redoux inopiné, ils en ont perdu en passant leDanube gelé peu avant labataille d'Adamclisi (accessoirement, cela nous renseigne sur leshivers de l'époque, assez rudes pour qu'il soit envisageable de passer ces machines sur la glace).
Pour les luttes au corps à corps, les Daces préfèrent porter une arme spécifique, lasica, ornée des symboles sacrés. Cette arme est ensuite adoptée par une partie desgladiateurs à Rome, appelésthraces par les Romains. Sur lacolonne Trajane, on peut voir des Daces utilisant desfaux de guerre (falx) particulières, appeléesfaux daces(en), dont la lame, de taille égale au manche, est dans la continuité de celui-ci. Une version à une main existe aussi, peut être laromphée (romphaia) des Thraces. Les légionnaires romains durent adopter leur équipement en conséquence, se protégeant le bras droit par des plaques articulées pour éviter d'être mutilés par ces faux.
Initialement, la religion dace était unculte à mystères à base dedivinations et d'initiations. La présence d'une vingtaine de divinités attestées témoigne d'une croyancepolythéiste. Les Daces avaient commetotem leloup et se définissaient comme « ceux qui sont semblables aux loups ». Leurs principaux symboles de guerre étaient le loup et le dragon utilisés ensyrinx avec un tissu flottant à l'arrière et desanches pour produire des sons effrayants[24].
Les « Polistes » se rassemblaient parfois pour des rituels communs sur une « montagne sacrée » (Kogaionon endace) qui semble avoir joué chez eux un rôle similaire à la « forêt desCarnutes » pour lesdruidesgaulois. SelonPlaton (Charmide), la religion des Daces aurait aussi évolué sous l'influence de l'orphisme, à travers un orphiste dace du nom deZalmoxis ayant introduit parmi les « Polistes » le culte deGebeleizis, père des Dieux, l'idée de l'immortalité de l'âme ainsi que des périodes de jeûne et de retraite, avant d'être lui-même ultérieurement divinisé après sa mort ; toutefois, ces nouveautés n'étaient pas unanimement acceptées et on trouve chez les auteurs antiques des échos de ces débats[25].
Les Daces connaissent et utilisent uncalendrier solaire sacré, qui est conservé à l'intérieur de la cité deSarmizégétuse. Ce serait un des plus précis de toute l'Antiquité, puisque l'erreur de ce calendrier ne serait que de 1 h 15 min 3 s chaque année (8 840 ans si on applique des corrections tous les trois ans)[26].
Leurs principales activités sont l'agriculture et l'élevage. Les chevaux sont surtout utilisés comme animaux de trait. Ils connaissent de nombreuses plantes médicinales dont les noms ont été sauvegardés par les Grecs, sans que leur traduction soit établie.
Les plus nombreuses sont les statères en or au nom deKoson, ainsi nommées d'après l'inscription KOSON qui y figure, et qu'on suppose être le nom du chef des Daces dans une région après l'assassinat de Burebista en Dacie (et de César à Rome la même année). À l'avers de ces pièces, on voit un consul romain entouré de deux licteurs et un monogramme qui semble être la composition des lettres B et R. En exergue,Κοσών en alphabet grec. Le revers présente un aigle avec les ailes déployées, une serre sur un sceptre, et, dans l'autre serre, une couronne. 8,41 grammes or, 18-21 mm diamètre (description de Constantin Preda). Ces pièces ressemblent auxdeniers deBrutus (les licteurs) et de Pomponius (l'aigle de la Victoire). Ils auraient pu être frappés par Brutus pour obtenir le soutien militaire de Kozon dans le cadre de la guerre contreOctave etMarc Antoine avant labataille de Philippes.Appien affirme en effet que Brutus a battu monnaie avec de l’or et de l’argent que lui avait fourni la femme d’un membre de la dynastie, un roi deThrace. De nombreux Thraces ont combattu dans les rangs de Brutus lors de cette bataille décisive.
DesDaces se trouvent à Rome, avec d'autres populations originaires de la région actuelle desBalkans, comme lesIllyriens par exemple, dès la période entre (mort deJules César) et, lors de l'instauration du principat d'Auguste.
Ils ont de nombreuses occupations, dont la plus importante reste celle degladiateur, qui leur convient bien, vu leur goût pour la lutte individuelle. Les gladiateurs s'entraînent surtout dans une arène nomméeLudus Dacicus mais aussi dans d'autres arènes : Gallicus, Magnus ou Matutinus.
Lorsque la Dacie devient province romaine, les Daces se dirigent vers les activités militaires, devenant membres de la garde impériale — les prétoriens et la garde à cheval. La présence dace à Rome dans la garde impériale est attestée par des inscriptions dédiées aux empereurs et sur lesquelles on relève également les noms des soldats avec leur lieu d’origine : Aurelius Valerius -Drubeta, Antonius Bassinas -Sarmizégétuse, Titus Lempronius Augustus -Apulum. Sur un total de 120 noms daces, 15 sont originaires deSarmizégétuse. Parmi eux, on remarque Claudiano, centurion de la6e cohorte.
Une autre inscription concerne Iulius Secondinus,natione Dacus, prétorien appelé de nouveau au service, âgé de 85 ans, dans des conditions où à cette époque on dépasse rarement l'âge de 50 ans.
Les inscriptions des pierres funèbres des soldats appartenant à la garde impériale portent avec une certaine distinction le lieu d'origine des décédés. Par exemple :natione Thrax - pour lesThraces ; Lucius Avilius Dacus, dont le nom est écrit en marbre (70 av. J.-C.), deux siècles avant la conquête de la Dacie.
Une autre inscription a été découverte sur la Via Flaminia, dédiée à la mémoire de la reine Zia, veuve du roi desCostoboces, Dieporus, mise par ses petits-enfants Natoporus et Driglisa. Il semblerait que des prisonniers d'origine royale et noble aient été reçus sur la Via Flaminia.
L'empereur romainTrajan déclare :« Recevant l'empire pourrissant et affaibli dans toutes ses directions, par cette tyrannie qui l'avait travaillé longtemps à l'intérieur et par les nombreuses invasions des Gètes d'en dehors, j'ai été le seul à avoir osé attaquer ces peuples de l'autre côté duDanube. J'ai même conquis ces Gètes, la plus guerrière des nations qui ait jamais existé, non seulement par le corps, mais aussi par ces maximes deZalmoxis, qui vit avec eux dans une telle vénération qu'il les a touchés si profondément dans leur cœur. Car ne croyant pas qu’ils meurent, ils pensent qu'ils changent seulement d'habitation… »
vers 2400-1700 av. J.-C., à la fin dunéolithique, des peuples parlant deslangues indo-européennes commencent à s'installer dans les territoires qui deviendront plus tard ceux de la Dacie, de la Mésie, de la Thrace et de la Grèce. Une civilisation agricole prend le relais de celles qui l'ont précédée (surnommées « pélasgiques ») et les nécropoles présentent de nombreux objets en or et argent.
112-109 av. J.-C., puis 74 av. J.-C., 60-59 av. J.-C. et plus tard : conflits avec lesRomains. Le chefBurebista, ayant rassemblé les autres chefs daces, gagne sans difficulté toutes ses batailles et prend parti pourPompée contreCésar, mais il arrive trop tard.Burebista est assassiné par l'aristocratie dace (les « Tarabostes ») la même année queJules César, très peu de temps après celui-ci.
Campagnes militaires daces de Burebista (60-).La Dacie dans l'Empire romain, vers 120.Influence romaine en bleu, influence des Daces libres en rouge (approximatif et variable).LaDacie aurélienne.
Après la conquête des forteresses daces (davae) situées entre le Danube et la capitale, commence le siège de la capitale dace,Sarmizégétuse : conquise après une résistance prolongée, celle-ci est détruite jusqu'à ses fondations. Seul le calendrier sacré est épargné.
Toutes les forteresses daces sont détruites. Une partie desPolistes (prêtres) et desTarabostes (aristocrates) daces réussissent néanmoins à s'échapper deSarmizégétuse, avec Décébale à leur tête, et organisent une résistance. Pourchassés, bientôt acculés, leur chef Décébale se suicide pour ne pas tomber prisonnier, et leur permettre une reddition honorable.
Du côté romain, la construction de lacolonne Trajane n'est pas la seule façon de célébrer la conquête d'une partie de la Dacie et d'employer le butin saisi. L'État romain donne une fête de 123 jours, pendant lesquels la population peut boire et manger à volonté aux frais de l'État. AuForum de Trajan, également dû àApollodore de Damas, on érige des statues destarabostes capturés, qui se trouvent actuellement en haut des colonnes de l'Arc de Constantin.
La province romaine de Dacie se limite aux actuellesTransylvanie etOlténie. Le reste de l'ancien royaume dace revient aux tribus daces restées libres, qui ne s'étaient pas ralliées à Décébale, voire avaient aidé les Romains : lesCarpiens, les Costoboces et les Tyrgètes. On peut le voir sur certaines cartes[30]. Elle reste sous l'autorité d'un gouverneur de rang prétorien. LaLégion XIII Gemina et ses nombreux auxiliaires ont leurs quartiers dans la province.
85-89 ap. J.-C., les Daces engagent deuxgrandes guerres contre les Romains, avec des incursions profondes dans l'Empire romain qui font des ravages. Victoire deDécébale, roi des Daces. Décébale accepte de se reconnaître client de l’Empire, mais omet de rendre les prisonniers et les étendards des légions. Un traité sanctionne lestatu quo.
101-102 ap. J.-C., pour mettre fin à cet accord humiliant,Trajan lance sa premièrecampagne. En 105-106 ap. J.-C., lors de la deuxième campagne, une partie de la Dacie devient province romaine.
La retraite romaine de Dacie inaugure une période de l'histoire desancêtres des Roumains et des Aroumains surnommée par les historiens roumains « Âge pastoral » en référence à l'occupation principale desThraco-Romains, période connue surtout à travers l'archéologie, lalinguistique comparée et latoponymie, car pour l'antiquité tardive et lehaut Moyen Âge, les sources écrites, tantépigraphiques quepaléographiques, sont succinctes et sujettes à controverses. Cette« diète documentaire » fait appeler cette période« Âge obscur » ou« Âge sombre » par les historiens hongrois, slaves, allemands ou occidentaux qui affirment que, puisqu'il n'y a pas de sources fiables, c'est que lesancêtres des Roumains ne s'y trouvaient pas. Suivant le postulat« absence de preuve égale preuve d'absence », les atlas historiques de ces pays ne mentionnent pas l'existence des locuteurs deslangues romanes danubiennes entre 271 et 1300, bien que leurs locuteurs soient attestés par la toponymie et par des chroniqueurs commeThéophane le Confesseur,Théophylacte Simocatta,Kedrenos,Nicétas Choniatès etAnne Comnène. L'historien roumainNeagu Djuvara remarque avec humour que : « Les arguments des thèses antagonistes peuvent tous être contestés, mais ils ont le mérite d'exister, tandis qu'aucun fait archéologique et aucune source écrite n'étayent l'hypothèse d'une disparition pure et simple des roumanophones pendant mille ans, qu'ils se soient envolés avec les hirondelles pour migrer enAfrique, ou qu'ils soient allés hiberner avec les ours dans les grottes desCarpates ou desBalkans... »[31]. Même s'il n'y avait aucune preuve archéologique ou toponymique et aucune mention écrite, la simple existence deslangues romanes orientales suffit à prouver que lesThraco-Romains n'ont pas disparu pendant un millénaire pour réapparaître par « génération spontanée » ensuite[n 2].
en 271, la retraite romaine est définitive au nord duDanube. Les relations commerciales continuent néanmoins avec les habitants au nord du Danube, comme le prouve l’archéologie. Suivant ces relations, lechristianisme aussi s’étend au nord du Danube. La création de laDacie aurélienne vise à assurer aux légions et administrations retirées de la province abandonnée une pérennité au sud du Danube et peut-être à préparer la reconquête de la Dacie nord-Danubienne en cas de redressement de la situation[32].
la mère de l’empereur romainGalère qui règne de 293-311, était une Taraboste (aristocrate) dace élevée à Rome. Parce que Galère a persécuté les chrétiens, l’auteur chrétienLactance le présente sous un jour très noir dans son livreLa Mort des persécuteurs (vers 250, vers 325) : « au moment où il est devenu empereur, il s'est déclaré l’ennemi du nom même de "Romain" : il proposa alors que l’empire soit appelé, non pas l’Empire romain, mais l’Empire dace » ; lesprotochronistes roumains modernes prennent cette affirmation à la lettre pour y voir du « patriotisme dace », mais en réalité cet empereur gouverne et défend efficacement l’Empire romain pendant près de vingt ans[33].
de 271 à 381, les Daces du nord du Danube passent sous contrôle des tribuscarpiennes, des Daces libres, et forment les Carpo-Daces ; ceux du sud du Danube restent citoyens romains enDacie aurélienne et enMésie où se poursuit leurromanisation[34].
néanmoins ces populations, dans leur mémoire collective et dans leursauto-désignations n’oublient pas leurs origines romanes, comme le montrent de nombreuses sources[n 4].
Depuis l’Etymologicum Magnum Romaniae deBogdan Petriceicu Hasdeu (1886) faisant descendre lanoblesse roumaine directement des tarabostes daces, et laDacie préhistorique deNicolae Densușianu (1913) imaginant la Dacie comme le centre d'une« civilisationpélasge allant de l'Atlantique à l'Inde, base de toute la culture européenne »[36],[37], un courantpseudo-historique appelé « protochronisme » postule que lesDaces sont la plus ancienne civilisation au monde, les premiers à avoir inventé l'écriture, et que les ancêtres desGrecs et desLatins étaient en fait« des tribus daces ayant migré en Grèce et en Italie ».
Ce courant ne s'imposait cependant pas aux milieux universitaires, et n'était pas enseigné dans les écoles tant que l'État roumain restait pluraliste, mais après 1938, avec la succession de dictatures durant un demi-siècle (carlisme,état national-légionnaire,fascisme collaborationniste etcommunisme de type stalinien), le protochronisme est devenu officiel et fut « enseigné » aux habitants, dès l'école primaire, pour les convaincre que le pays devait se fermer à toute influence étrangère, qu'il pouvait se suffire à lui-même sur tous les plans et que le régime en place s'enracinait dans l'histoire la plus ancienne. Pour étayer ces thèses, des artefactsapocryphes anciens (comme leCodex Rohonczi) ou plus récents (comme lestablettes de Tărtăria prétendûment datés de 7 300 ans avant le présent), ont été utilisés et ont fait l'objet d'études et de publications d'aspect scientifique, mais dont les sources sont soigneusement triées et les assertions invérifiables par d'autres chercheurs[38],[39].
Pour prolonger leur crédibilité, les protochronistes, une fois lecommunisme abandonné dans leurs pays, ont donné à leurs hypothèses un aspectmystique en avançant que les religions desIllyriens, Thraces et Daces seraient parmi les plus élaborées ayant existé à l'époque dans le monde[40],[41],[42],[43]. Ces postulats sont contestés par le milieu universitaire dont les représentants expriment à ce sujet un profondscepticisme[44], mais les protochronistes sont beaucoup plus actifs dans la sphère médiatique, sur les réseaux sociaux et au sein de l'église orthodoxe roumaine[45].
L'ensemble archéologique de forteresses, tours, murs et installations civiles marquant les frontières de l'empire romain en Dacie est inscrit aupatrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en juillet 2024[46].
↑Les historiens roumains voient enDacie trajane etDacie aurélienne le « foyer d'origine » dupeuple roumain. Mais les historiens hongrois et russes nient leur persistance au nord du Danube, tandis que les historiens serbes et bulgares nient leur persistance au sud du Danube. Le résultant est que la « romanité orientale » paraît avoir disparu pendant un millénaire (Georges I. Brătianu,Une énigme et un miracle historique : le peuple roumain, Kryos 2009), lesThraco-Romains et leProto-roumain étant censés n'avoir jamais existé et n'être qu'une pure invention de l'historiographie roumaine (Michel Mourre -dir.-,Dictionnaire encyclopédique d'Histoire, vol. 7, art. « Roumanie », Bordas 1989).
↑Eduard Robert Rösler :Romänische Studien : untersuchungen zur älteren Geschichte Rumäniens, Leipzig, 1871.
↑Alexandru Avram, Mircea Babeş, Lucian Badea, Mircea Petrescu-Dîmboviţa et Alexandru Vulpe (dir.),Istoria românilor : moştenirea timpurilor îndepărtate (« Histoire des Roumains : l'héritage des temps anciens ») vol.1, éd. Enciclopedică, Bucarest 2001,(ISBN973-45-0382-0).
↑Dimitri Kitsikis,La Montée du national-bolchevisme dans les Balkans, Avatar, Paris 2008.
↑Olivier Gillet, « L'histoire de la Transylvanie : le différend historiographique hungaro-roumain », in :Revue belge de philologie et d'histoire, 1997, tome 75, fasc. 2,p. 457–485.
↑Georges Castellan, « Quelques problèmes d'histoire entre Hongrois et Roumains », dansMelikov zbornik : Slovenci v zgodovini in njihovi srednjeevropski sosedje, sous la dir. de Vincenc Rajšp et al.,Ljubljana, Založba ZRC, 2001,p. 153–162.
↑Arnaud Etchamendy, thèse de doctoratEuskera-Erderak, basque et langues indo-européennes : essai de comparaison, Université de Pau 2007, montre que lapidginisation pastorale est un phénomène propre aux refugesmontagneux accueillant des bergers et des exclus de diverses origines, fuyant la faim, la sécheresse, les persécutions en plaine : voir aussiBasque ouSaracatsanes.
↑Nicolae Iorga, Teodor Capidan, Constantin Giurescu :Histoire des Roumains, éd. (et rééd.) de l'Académie Roumaine
↑Kristian Sandfeld,Linguistique balkanique ; problèmes et résultats, Champion, Coll. linguistique de la Société linguistique de Paris, Paris, 1930.
↑Georg Ostrogorsky,Histoire de l'État byzantin, Payot, Paris, 1956.
↑Radu Cinpoes,Nationalism and Identity in Romania : A History of Extreme Politics from the Birth of the State to EU Accession, I.B.Tauris,, 320 p.(ISBN978-0-85772-030-6,lire en ligne),p. 64
↑Si leslangues romanes orientales ne proviennent pas, comme l'affirment les historiens roumains Alexandru Avram, Mircea Babeş, Lucian Badea, Mircea Petrescu-Dîmboviţa et Alexandru Vulpe (dir.) dansIstoria românilor : moştenirea timpurilor îndepărtate (« Histoire des Roumains : l'héritage des temps anciens ») vol.1, éd. Enciclopedică, Bucarest 2001,(ISBN973-45-0382-0), de laromanisation deslangues paléo-balkaniques par l’Empire romain, alors seule l’hypothèse deVladimir Jirinovski (qui n’est ni linguiste, ni historien) peut constituer une alternative : selon lui, les roumanophones proviendraient d’un« mélange de colonsitaliens venus sur lesnefs génoises et deTziganes danubiens, mélange qui a envahi des terres appartenant légitimement à laBulgarie, à laHongrie et à laRussie » (déclaration deSofia en 1994[4])