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Dacie

45° 42′ N, 26° 30′ E
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Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voirDacie, pour les provinces romaines homonymes :Dacie trajane (Dacia Felix, 106 - 256apr. J.-C.) etDacie aurélienne, et pour l'entreprise du secteur automobileDacia.

La Dacieromaine antique, « Trajane » et « Aurélienne »[1].

LaDacie (enlatin etroumainDacia) est, dans l’Antiquité, un territoire à cheval sur lesCarpates et le bassin du bas-Danube jusqu'au littoralpontique occidental, correspondant approximativement aux actuellesRoumanie,Moldavie et aux régions adjacentes. Le motDacie vient de ses principaux occupants, lesDaces, très proches desThraces[2]. Il a aussi donné son nom à la roche volcaniquedacite et à lamarque automobile roumaine « Dacia ».

Peuples et migrations

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La Dacie parmi les autres paysthraces et illyriens.

La Dacie était également peuplée par desCeltes (Scordices, Britolages), desScythes, desSarmates et desBastarnes. Ses côtes ont étécolonisées par une dizaine de cités-ports helléniques, vecteurs d'uneinfluence hellénique (lorsque les Daces écrivaient, ils utilisaient, comme lesGaulois, legrec). Il y avait aussi des commerçantsromains. Les tribus daces se sont souvent affrontées entre elles, mais se sont parfois unies contre lesMacédoniens et les Romains. Leurs alliés sont les Celtes, les Thraces et les Grecs, jusqu'à la conquête de laGrèce par l'Empire romain. Les tribus vivant dans la plaine céréalière duDanube se sont souvent alliées aux Romains contre celles, montagnardes etpastorales, desCarpates (un fossé antique, défensif contre les assauts venus des montagnes, et nommébrazda lui Novac en roumain, s'étire d'ouest en est à travers l'actuelleValachie).

Après 256, les tribus daces épargnées par laconquête romaine (essentiellement lesCarpes) s'allient avec lesGoths et lesSarmates dans une« fédération de peuples barbares » constituée autour des goths. On évoque aussi des alliances ultérieures avec lesHuns vers leIIIe siècle, et plus tard encore avec desVénèdes, ancêtres desSlaves[3]. Avec les Goths, lesCarpes pénètrent dans lesBalkans mais, contrairement aux Goths, ils s'y fixent : les linguistes[n 1] y voient l'origine desAlbanais et expliquent ainsi le lexique commun entre lalangue albanaise et leslangues romanes orientales[4].

Carte de la Dacie parAdrien-Hubert Brué (1826).
Burebista Dacia
Carte montrant les campagnes de Burebista

L'épuisement des filonsaurifèreses desmonts Porolissenses et la pression despeuples « barbares » sont les principales raisons de l'abandon par l'empereur Aurélien de laDacie trajane, province frontalière devenue déficitaire[2]. Toutefois, pour que la province ne disparaisse pas des tables impériales et pour que ses légionnaires et fonctionnaires ne se retrouvent pas sans solde, le nom et l'ensemble des structures militaires et administratives furent officiellement déplacées en 271 au Sud duDanube dans la partie occidentale de l'ancienne province deMésie, alors nomméeDacie aurélienne, puis divisée en 285 en Dacie ripuaire et Dacie méditerranéenne. Selon l'historien romainEutrope[5] la populationromanisée aurait été elle aussi déplacée au sud du Danube, laissant la Dacie« déserte » jusqu'à l'arrivée desAvars auVIe siècle (thèse dite de l'« Awarenwüste »[6]).

Quoi qu'il en soit et quelle qu'ait pu être la répartition des populations de part et d'autre du Danube, les actuelleslangues romanes orientales sont la preuve que lespopulations romanisées n'ont pas disparu[7]. Les controverses entre spécialistes, ne disposant pour cette période que de rares sources peu explicites, portent donc sur desthèses contradictoires concernant les éventuels déplacements, thèsesarchéologiquement et historiquement invérifiables en l'état actuel des sources et des recherches, mais fortement teintées par lesnationalismes antagonistes des états modernes de la région, et aussi par leprotochronisme qui lui, est hors du champ historique, mais très influent[8].

Selon ces thèses irréconciliables, lespopulations romanophones auraient initialement évolué soit exclusivement au nord du Danube, pour migrer ensuite partiellement vers lesBalkans (mais après l'arrivée desSlaves)[9] soit exclusivement au sud du Danube, pour migrer ensuite tardivement vers laDacie nordique (mais après l'arrivée desMagyars)[10],[11],[12],[13].

Ces thèses nationalistes font fi de la permanence dupastoralisme et de latranshumance qui ont maintenu le contact entre les deux rives du fleuve chez les locuteurs deslangues romanes orientales et impliquent que ces locuteurs auraient été, pendant mille ans, les seuls à ne pas traverser lesCarpates et leDanube, alors que lesGoths, lesAvars, lesSlaves, lesProto-Bulgares, lesMagyars, lesAlains, lesPétchénègues et lesCoumans l'ont fait[14]. Le lien entre les deux rives est démontré d'une part par la « pidginisationpastorale » deslangues romanes danubiennes[15] qui n'ont commencé à se différencier entre elles qu'à partir duXIIe siècle[16] et d'autre part par le fait qu'elles ont intégré l'« union linguistique balkanique »[17]. Si, duXIe au XIVe siècle, le nombre de ces locuteurs augmente au nord du fleuve et diminue au sud, c'est pour des raisons politiques et économiques : à ce moment leroyaume de Hongrie commence à stabiliser la situation au nord, favorisant la sédentarisation des pasteurs romanophones, tandis qu'au sud, lesSlaves établis en masse assimilent[18] lescommunautés valaques d'ailleurs menacées par l'insécurité croissante desguerres bulgaro-byzantines deBasile II, des violences de laquatrième croisade, de laconquête ottomane et de leurs conséquences[19].

Présentation

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« Comates », le peuple ordinaire (Colonne Trajane).
Un « Taraboste » coiffé de sonbonnet (musée de l'Ermitage).

Organisation sociale

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On retrouve chez les Daces la « trilogie sociale » de beaucoup de peuples, décrite parGeorges Dumézil : peuple ordinaire (paysans, artisans, marchands...), guerriers et prêtres. En Dacie, le peuple devait se découvrir devant les aristocrates, mais pouvait laisser pousser les cheveux d'où le nom de « Comates » (comati oucapillati) ; dans la guerre, il formait l'infanterie. L'aristocratie des « Tarabostes » (tarabostesei oupileati) qui, à la guerre, formait lacavalerie, se signalait par le port d'unbonnet spécifique en tissu,feutre oulaine, à cause duquel les Grecs les surnommaientpilophores (« porteurs de bonnets »), qualifiant aussi lesScythes[20]. Enfin les « Polistes » formaient la caste des prêtres[21].

Chaque tribu dace avait sa propre aristocratie et ses propres prêtres ; les tribus, de quelques dizaines de milliers de membres, vivent originellement dans des huttes de bois, en habitat dispersé ou bien regroupées en villages entourés par une palissade, puis, à une époque tardive, dans desoppidums qui évoluèrent en forteresses (davae en dace) munies de tours coniques en pierre. À la veille de laconquête romaine, cesdavae étaient en passe d'évoluer en villes[22].

On a découvert dans une région des Géto-Daces (àHistria) un instrument musical, datant duIIIe siècle av. J.-C., formé de trois flûtes de bois : peut-être était-ce unecornemuse[23].

Deux types d'armes existent alors de manière certaine : armes de lutte à distance et armes de lutte au corps à corps. La cavalerie a un rôle de harcèlement, visant à attirer l'ennemi, lui tendre des pièges, et le mettre en position défavorable. Les Daces semblent n'avoir jamais utilisé des techniques massives avec des unités rigides et nombreuses. En revanche, ils se sont fait livrer des machines de guerre par les Romains et on sait qu'en raison d'un redoux inopiné, ils en ont perdu en passant leDanube gelé peu avant labataille d'Adamclisi (accessoirement, cela nous renseigne sur leshivers de l'époque, assez rudes pour qu'il soit envisageable de passer ces machines sur la glace).

Pour les luttes au corps à corps, les Daces préfèrent porter une arme spécifique, lasica, ornée des symboles sacrés. Cette arme est ensuite adoptée par une partie desgladiateurs à Rome, appelésthraces par les Romains. Sur lacolonne Trajane, on peut voir des Daces utilisant desfaux de guerre (falx) particulières, appeléesfaux daces (en), dont la lame, de taille égale au manche, est dans la continuité de celui-ci. Une version à une main existe aussi, peut être laromphée (romphaia) des Thraces. Les légionnaires romains durent adopter leur équipement en conséquence, se protégeant le bras droit par des plaques articulées pour éviter d'être mutilés par ces faux.

Religion

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Article détaillé :Mythologie dace.

Initialement, la religion dace était unculte à mystères à base dedivinations et d'initiations. La présence d'une vingtaine de divinités attestées témoigne d'une croyancepolythéiste. Les Daces avaient commetotem leloup et se définissaient comme « ceux qui sont semblables aux loups ». Leurs principaux symboles de guerre étaient le loup et le dragon utilisés ensyrinx avec un tissu flottant à l'arrière et desanches pour produire des sons effrayants[24].

Les « Polistes » se rassemblaient parfois pour des rituels communs sur une « montagne sacrée » (Kogaionon endace) qui semble avoir joué chez eux un rôle similaire à la « forêt desCarnutes » pour lesdruidesgaulois. SelonPlaton (Charmide), la religion des Daces aurait aussi évolué sous l'influence de l'orphisme, à travers un orphiste dace du nom deZalmoxis ayant introduit parmi les « Polistes » le culte deGebeleizis, père des Dieux, l'idée de l'immortalité de l'âme ainsi que des périodes de jeûne et de retraite, avant d'être lui-même ultérieurement divinisé après sa mort ; toutefois, ces nouveautés n'étaient pas unanimement acceptées et on trouve chez les auteurs antiques des échos de ces débats[25].

Les Daces connaissent et utilisent uncalendrier solaire sacré, qui est conservé à l'intérieur de la cité deSarmizégétuse. Ce serait un des plus précis de toute l'Antiquité, puisque l'erreur de ce calendrier ne serait que de 1 h 15 min 3 s chaque année (8 840 ans si on applique des corrections tous les trois ans)[26].

Lesprotochronistes et spécialement l'Église orthodoxe roumaine enseignent la thèse selon laquelle les Daces auraient étémonothéistes (voirChristianisme en Dacie) ; cette thèse s'insère dans l'idéologie ultra-nationaliste selon laquelle lesRoumains actuels descendraient en droite ligne des Daces, leurs traits identitaires étant déjà présents chez ces derniers[27],[28],[29].

Activités

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Outils daces auMusée transylvain d'histoire (en) deCluj.
Bracelet dace au musée transylvain d'histoire de Cluj.

Leurs principales activités sont l'agriculture et l'élevage. Les chevaux sont surtout utilisés comme animaux de trait. Ils connaissent de nombreuses plantes médicinales dont les noms ont été sauvegardés par les Grecs, sans que leur traduction soit établie.

Les richesses des Daces sont constituées de très importantes réserves d'or, de sel et de céréales. Ils exploitent notamment les mines d'or et d'argent dumassif du Bihor, dans l'actuelleTransylvanie. Ils pratiquent en outre lecommerce, important au vu du nombre de monnaies étrangères trouvées dans le pays, et qui s'effectue surtout avec la Grèce, puis avec l'Empire romain. Dès la fin duIIe siècle av. J.-C., ils commencent à fabriquer des pièces en or, sans doute avec l'aide des colons grecs. La plupart sont des contrefaçons parfaites des pièces romaines, mais une partie des pièces ne sont pas des contrefaçons, car comportant également des inscriptions en alphabet grec.

Les plus nombreuses sont les statères en or au nom deKoson, ainsi nommées d'après l'inscription KOSON qui y figure, et qu'on suppose être le nom du chef des Daces dans une région après l'assassinat de Burebista en Dacie (et de César à Rome la même année). À l'avers de ces pièces, on voit un consul romain entouré de deux licteurs et un monogramme qui semble être la composition des lettres B et R. En exergue,Κοσών en alphabet grec. Le revers présente un aigle avec les ailes déployées, une serre sur un sceptre, et, dans l'autre serre, une couronne. 8,41 grammes or, 18-21 mm diamètre (description de Constantin Preda). Ces pièces ressemblent auxdeniers deBrutus (les licteurs) et de Pomponius (l'aigle de la Victoire). Ils auraient pu être frappés par Brutus pour obtenir le soutien militaire de Kozon dans le cadre de la guerre contreOctave etMarc Antoine avant labataille de Philippes.Appien affirme en effet que Brutus a battu monnaie avec de l’or et de l’argent que lui avait fourni la femme d’un membre de la dynastie, un roi deThrace. De nombreux Thraces ont combattu dans les rangs de Brutus lors de cette bataille décisive.

Les Daces pratiquaient aussi des expéditions depillage dans leur voisinage, notamment enMésie romaine, ce qui sera à l'origine de plusieurs guerres dontcelles qui mèneront leur royaume à sa perte.

Les Daces vus par les Romains

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Article détaillé :Dacie trajane.

DesDaces se trouvent à Rome, avec d'autres populations originaires de la région actuelle desBalkans, comme lesIllyriens par exemple, dès la période entre (mort deJules César) et, lors de l'instauration du principat d'Auguste.

Ils ont de nombreuses occupations, dont la plus importante reste celle degladiateur, qui leur convient bien, vu leur goût pour la lutte individuelle. Les gladiateurs s'entraînent surtout dans une arène nomméeLudus Dacicus mais aussi dans d'autres arènes : Gallicus, Magnus ou Matutinus.

Lorsque la Dacie devient province romaine, les Daces se dirigent vers les activités militaires, devenant membres de la garde impériale — les prétoriens et la garde à cheval. La présence dace à Rome dans la garde impériale est attestée par des inscriptions dédiées aux empereurs et sur lesquelles on relève également les noms des soldats avec leur lieu d’origine : Aurelius Valerius -Drubeta, Antonius Bassinas -Sarmizégétuse, Titus Lempronius Augustus -Apulum. Sur un total de 120 noms daces, 15 sont originaires deSarmizégétuse. Parmi eux, on remarque Claudiano, centurion de la6e cohorte.

Une autre inscription concerne Iulius Secondinus,natione Dacus, prétorien appelé de nouveau au service, âgé de 85 ans, dans des conditions où à cette époque on dépasse rarement l'âge de 50 ans.

Les inscriptions des pierres funèbres des soldats appartenant à la garde impériale portent avec une certaine distinction le lieu d'origine des décédés. Par exemple :natione Thrax - pour lesThraces ; Lucius Avilius Dacus, dont le nom est écrit en marbre (70 av. J.-C.), deux siècles avant la conquête de la Dacie.

Une autre inscription a été découverte sur la Via Flaminia, dédiée à la mémoire de la reine Zia, veuve du roi desCostoboces, Dieporus, mise par ses petits-enfants Natoporus et Driglisa. Il semblerait que des prisonniers d'origine royale et noble aient été reçus sur la Via Flaminia.

L'empereur romainTrajan déclare :« Recevant l'empire pourrissant et affaibli dans toutes ses directions, par cette tyrannie qui l'avait travaillé longtemps à l'intérieur et par les nombreuses invasions des Gètes d'en dehors, j'ai été le seul à avoir osé attaquer ces peuples de l'autre côté duDanube. J'ai même conquis ces Gètes, la plus guerrière des nations qui ait jamais existé, non seulement par le corps, mais aussi par ces maximes deZalmoxis, qui vit avec eux dans une telle vénération qu'il les a touchés si profondément dans leur cœur. Car ne croyant pas qu’ils meurent, ils pensent qu'ils changent seulement d'habitation… »

Cités de Dacie

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Ruines du « calendrier » deSarmizégétuse : autel probablement, mais la fonction de calendrier est discutée.

La capitale de la province romaineDacia felix étaitUlpia Traiana Sarmizegetusa (du nom de l'empereurTrajan,Ulpius Traianus) et se situe aujourd'hui dans lejudeț de Hunedoara, en Roumanie. Il ne faut pas confondre Ulpia avec l'ancienne capitale des Daces sous Décébale : « Sarmizégétuse », située à 40 km de Ulpia, dans les montsOrăștie.

Dava signifie « cité » (dans le sens d'« oppidum ») en dace.

Histoire

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Objets datant de 1700 à 800av. J.-C.
Roiyaume dace, époque deBurebista (82-42)
Article détaillé :Chronologie de la Dacie.

Période dace

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  • vers 2400-1700 av. J.-C., à la fin dunéolithique, des peuples parlant deslangues indo-européennes commencent à s'installer dans les territoires qui deviendront plus tard ceux de la Dacie, de la Mésie, de la Thrace et de la Grèce. Une civilisation agricole prend le relais de celles qui l'ont précédée (surnommées « pélasgiques ») et les nécropoles présentent de nombreux objets en or et argent.
  • 700 av. J.-C., installation decolonies grecques sur les bords duPont Euxin.
  • 350 av. J.-C., installation detribus celtiques (Scordices, Britolages,Bastarnes) parmi les Daces.
  • 112-109 av. J.-C., puis 74 av. J.-C., 60-59 av. J.-C. et plus tard : conflits avec lesRomains. Le chefBurebista, ayant rassemblé les autres chefs daces, gagne sans difficulté toutes ses batailles et prend parti pourPompée contreCésar, mais il arrive trop tard.Burebista est assassiné par l'aristocratie dace (les « Tarabostes ») la même année queJules César, très peu de temps après celui-ci.

Période romaine

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Campagnes militaires daces de Burebista (60-).
La Dacie dans l'Empire romain, vers 120.
Influence romaine en bleu, influence des Daces libres en rouge (approximatif et variable).
LaDacie aurélienne.

Des détails sur lesdeux conflits majeurs entre Rome et les Daces se trouvent dansDion Cassius et sur lacolonne Trajane, érigée àRome parApollodore de Damas. Pour ces campagnes, l'Empire romain mobilise plus de 150 000 hommes pendant six ans. Ils construisent unpont en pierres sur le Danube, conçu parApollodore de Damas, utilisé pour la conquête, et après celle-ci.

Après la conquête des forteresses daces (davae) situées entre le Danube et la capitale, commence le siège de la capitale dace,Sarmizégétuse : conquise après une résistance prolongée, celle-ci est détruite jusqu'à ses fondations. Seul le calendrier sacré est épargné.

Toutes les forteresses daces sont détruites. Une partie desPolistes (prêtres) et desTarabostes (aristocrates) daces réussissent néanmoins à s'échapper deSarmizégétuse, avec Décébale à leur tête, et organisent une résistance. Pourchassés, bientôt acculés, leur chef Décébale se suicide pour ne pas tomber prisonnier, et leur permettre une reddition honorable.

Ensuite lesTarabostes ralliés àRome aident Trajan à récupérer le trésor de guerre de Décébale, évalué par l'historienJérôme Carcopino à 165 500 kg d'or et 331 000 kg d'argent. Il fera partie du butin de la campagne. Une légende naît auXIXe siècle, lorsque le récit de Dion Cassius est étudié par les historiens, légende selon laquelle il resterait encore un grand nombre de trésors cachés dans lesAlpes de Transylvanie. De fait, certains objets précieux ont été trouvés lors de « fouilles sauvages », qui n'ont apporté à leurs « inventeurs » que jalousies et ennuis avec les autorités, mais qui ont irrémediablent détruit dessites archéologiques. Les habitants de cette région croient depuis à une « malédiction de Décébale », une série de malheurs pour qui trouve les trésors du roi dace et les vend.

Du côté romain, la construction de lacolonne Trajane n'est pas la seule façon de célébrer la conquête d'une partie de la Dacie et d'employer le butin saisi. L'État romain donne une fête de 123 jours, pendant lesquels la population peut boire et manger à volonté aux frais de l'État. AuForum de Trajan, également dû àApollodore de Damas, on érige des statues destarabostes capturés, qui se trouvent actuellement en haut des colonnes de l'Arc de Constantin.

La province romaine de Dacie se limite aux actuellesTransylvanie etOlténie. Le reste de l'ancien royaume dace revient aux tribus daces restées libres, qui ne s'étaient pas ralliées à Décébale, voire avaient aidé les Romains : lesCarpiens, les Costoboces et les Tyrgètes. On peut le voir sur certaines cartes[30]. Elle reste sous l'autorité d'un gouverneur de rang prétorien. LaLégion XIII Gemina et ses nombreux auxiliaires ont leurs quartiers dans la province.

Chronologie

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  • 85-89 ap. J.-C., les Daces engagent deuxgrandes guerres contre les Romains, avec des incursions profondes dans l'Empire romain qui font des ravages. Victoire deDécébale, roi des Daces. Décébale accepte de se reconnaître client de l’Empire, mais omet de rendre les prisonniers et les étendards des légions. Un traité sanctionne lestatu quo.
  • 101-102 ap. J.-C., pour mettre fin à cet accord humiliant,Trajan lance sa premièrecampagne. En 105-106 ap. J.-C., lors de la deuxième campagne, une partie de la Dacie devient province romaine.

Période post-romaine

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Province romaine de Dacie (106-271)
Dacie 330-340
Articles détaillés :Thraco-Romains etOrigine des roumanophones.

La retraite romaine de Dacie inaugure une période de l'histoire desancêtres des Roumains et des Aroumains surnommée par les historiens roumains « Âge pastoral » en référence à l'occupation principale desThraco-Romains, période connue surtout à travers l'archéologie, lalinguistique comparée et latoponymie, car pour l'antiquité tardive et lehaut Moyen Âge, les sources écrites, tantépigraphiques quepaléographiques, sont succinctes et sujettes à controverses. Cette« diète documentaire » fait appeler cette période« Âge obscur » ou« Âge sombre » par les historiens hongrois, slaves, allemands ou occidentaux qui affirment que, puisqu'il n'y a pas de sources fiables, c'est que lesancêtres des Roumains ne s'y trouvaient pas. Suivant le postulat« absence de preuve égale preuve d'absence », les atlas historiques de ces pays ne mentionnent pas l'existence des locuteurs deslangues romanes danubiennes entre 271 et 1300, bien que leurs locuteurs soient attestés par la toponymie et par des chroniqueurs commeThéophane le Confesseur,Théophylacte Simocatta,Kedrenos,Nicétas Choniatès etAnne Comnène. L'historien roumainNeagu Djuvara remarque avec humour que : « Les arguments des thèses antagonistes peuvent tous être contestés, mais ils ont le mérite d'exister, tandis qu'aucun fait archéologique et aucune source écrite n'étayent l'hypothèse d'une disparition pure et simple des roumanophones pendant mille ans, qu'ils se soient envolés avec les hirondelles pour migrer enAfrique, ou qu'ils soient allés hiberner avec les ours dans les grottes desCarpates ou desBalkans... »[31]. Même s'il n'y avait aucune preuve archéologique ou toponymique et aucune mention écrite, la simple existence deslangues romanes orientales suffit à prouver que lesThraco-Romains n'ont pas disparu pendant un millénaire pour réapparaître par « génération spontanée » ensuite[n 2].

Chronologie

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Une Dacie imaginaire devenue histoire officielle

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Mosaïque de l'époque communiste àOrăștie évoquantDécébale et ses tarabostes comme « héros de l'indépendance ».

Depuis l’Etymologicum Magnum Romaniae deBogdan Petriceicu Hasdeu (1886) faisant descendre lanoblesse roumaine directement des tarabostes daces, et laDacie préhistorique deNicolae Densușianu (1913) imaginant la Dacie comme le centre d'une« civilisationpélasge allant de l'Atlantique à l'Inde, base de toute la culture européenne »[36],[37], un courantpseudo-historique appelé « protochronisme » postule que lesDaces sont la plus ancienne civilisation au monde, les premiers à avoir inventé l'écriture, et que les ancêtres desGrecs et desLatins étaient en fait« des tribus daces ayant migré en Grèce et en Italie ».

Ce courant ne s'imposait cependant pas aux milieux universitaires, et n'était pas enseigné dans les écoles tant que l'État roumain restait pluraliste, mais après 1938, avec la succession de dictatures durant un demi-siècle (carlisme,état national-légionnaire,fascisme collaborationniste etcommunisme de type stalinien), le protochronisme est devenu officiel et fut « enseigné » aux habitants, dès l'école primaire, pour les convaincre que le pays devait se fermer à toute influence étrangère, qu'il pouvait se suffire à lui-même sur tous les plans et que le régime en place s'enracinait dans l'histoire la plus ancienne. Pour étayer ces thèses, des artefactsapocryphes anciens (comme leCodex Rohonczi) ou plus récents (comme lestablettes de Tărtăria prétendûment datés de 7 300 ans avant le présent), ont été utilisés et ont fait l'objet d'études et de publications d'aspect scientifique, mais dont les sources sont soigneusement triées et les assertions invérifiables par d'autres chercheurs[38],[39].

Pour prolonger leur crédibilité, les protochronistes, une fois lecommunisme abandonné dans leurs pays, ont donné à leurs hypothèses un aspectmystique en avançant que les religions desIllyriens, Thraces et Daces seraient parmi les plus élaborées ayant existé à l'époque dans le monde[40],[41],[42],[43]. Ces postulats sont contestés par le milieu universitaire dont les représentants expriment à ce sujet un profondscepticisme[44], mais les protochronistes sont beaucoup plus actifs dans la sphère médiatique, sur les réseaux sociaux et au sein de l'église orthodoxe roumaine[45].

Patrimoine

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L'ensemble archéologique de forteresses, tours, murs et installations civiles marquant les frontières de l'empire romain en Dacie est inscrit aupatrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en juillet 2024[46].

Notes et références

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Références

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  1. Les historiens roumains voient enDacie trajane etDacie aurélienne le « foyer d'origine » dupeuple roumain. Mais les historiens hongrois et russes nient leur persistance au nord du Danube, tandis que les historiens serbes et bulgares nient leur persistance au sud du Danube. Le résultant est que la « romanité orientale » paraît avoir disparu pendant un millénaire (Georges I. Brătianu,Une énigme et un miracle historique : le peuple roumain, Kryos 2009), lesThraco-Romains et leProto-roumain étant censés n'avoir jamais existé et n'être qu'une pure invention de l'historiographie roumaine (Michel Mourre -dir.-,Dictionnaire encyclopédique d'Histoire, vol. 7, art. « Roumanie », Bordas 1989).
  2. a etbLa Dacie des Romains : des provinces éphémères parYann Le Bohec, professeur d’histoire romaine
  3. Zosimus, IV, 34
  4. Cicerone Poghirc,Considérations linguistiques sur l'ethnogenèse paleo-balkanique, RESEE n° XIV, 2, 1976,p. 207-220 etPhilologica et Linguistica, Ausgewählte Aufsätze & Festsammlung Zum 55 Geburtstag (1953-1983), StudienverlagDr N. Brockmeyer, Bochum 1983.
  5. Eutrope,Abrégé de l'histoire romaine, livre IX, 15.
  6. Eduard Robert Rösler :Romänische Studien : untersuchungen zur älteren Geschichte Rumäniens, Leipzig, 1871.
  7. Alexandru Avram, Mircea Babeş, Lucian Badea, Mircea Petrescu-Dîmboviţa et Alexandru Vulpe (dir.),Istoria românilor : moştenirea timpurilor îndepărtate (« Histoire des Roumains : l'héritage des temps anciens ») vol.1, éd. Enciclopedică, Bucarest 2001,(ISBN 973-45-0382-0).
  8. Dimitri Kitsikis,La Montée du national-bolchevisme dans les Balkans, Avatar, Paris 2008.
  9. (en) Vatro Murvar,The Balkan Vlachs : a typological study, University of Wisconsin--Madison,(lire en ligne),p. 20.
  10. (en) Alain Du Nay, André Du Nay et Árpád Kosztin,Transylvania and the Rumanians, Matthias Corvinus Publishing,, 337 p.(ISBN 978-1-882785-09-4,lire en ligne),p. 15.
  11. Olivier Gillet, « L'histoire de la Transylvanie : le différend historiographique hungaro-roumain », in :Revue belge de philologie et d'histoire, 1997, tome 75, fasc. 2,p. 457–485.
  12. Béla Köpeczi (dir.),(hu)Erdély rövid története, plusieurs fois réédité chez Akadémiai Kiadó(ISBN 963 05 5901 3) (abrégé(fr) iciHistoire de la Transylvanie, Budapest, Akademiai Kiadó, 1992.
  13. Georges Castellan, « Quelques problèmes d'histoire entre Hongrois et Roumains », dansMelikov zbornik : Slovenci v zgodovini in njihovi srednjeevropski sosedje, sous la dir. de Vincenc Rajšp et al.,Ljubljana, Založba ZRC, 2001,p. 153–162.
  14. Roumen Daskalov, Alexander Vezenkov,(en) « Entangled Histories of the Balkans - Shared Pasts, Disputed Legacies » Vol. III inBalkan Studies Library, Brill 2015,(ISBN 9004290362), pp. 289-316.
  15. Arnaud Etchamendy, thèse de doctoratEuskera-Erderak, basque et langues indo-européennes : essai de comparaison, Université de Pau 2007, montre que lapidginisation pastorale est un phénomène propre aux refugesmontagneux accueillant des bergers et des exclus de diverses origines, fuyant la faim, la sécheresse, les persécutions en plaine : voir aussiBasque ouSaracatsanes.
  16. Nicolae Iorga, Teodor Capidan, Constantin Giurescu :Histoire des Roumains, éd. (et rééd.) de l'Académie Roumaine
  17. Kristian Sandfeld,Linguistique balkanique ; problèmes et résultats, Champion, Coll. linguistique de la Société linguistique de Paris, Paris, 1930.
  18. Georg Ostrogorsky,Histoire de l'État byzantin, Payot, Paris, 1956.
  19. Georg Ostrogorsky,Op. cit. et(ro) Florin Constantiniu,O istorie sinceră a poporului român, Bucarest, Univers enciclopedic,.
  20. Ellis Hovell Minns,Scythians and Greeks: A Survey of Ancient History and Archaeology on the North Coast of the Euxine from the Danube to the Caucasus, Cambridge University Press, 2011,p. 116,(ISBN 1108024874)
  21. Mircea Babeş, Cosmin Bărbulescu, Cătălin Gruia,Qui étaient les Daces ?, National Geographic magazine, édition roumaine de novembre 2004,p. 24-53.
  22. M. Babeş, C. Bărbulescu, C. Gruia,Op. cit.,p. 24-53.
  23. Lacornemuse est aussi évoquée parOvide dans l'une de ses lettres : Julian Chitta,(ro)Ziare.com du 21.09.2010Dosarele istoriei: Latinismul britanic, consulté le 24 mai 2013.
  24. (ro)Dicționar de istorie veche a României, éd. Științifică și Enciclopedică, Bucarest 1976.
  25. Hérodote, livre IV, 94-95.
  26. Images 3D sur dacii.go.ro
  27. Dan Dana,Zalmoxis de la Herodot la Mircea Eliade : Istorii despre un zeu al pretextului, Polirom,, 719 p.(ISBN 978-973-46-2599-4,lire en ligne),p. 461
  28. [1]
  29. Radu Cinpoes,Nationalism and Identity in Romania : A History of Extreme Politics from the Birth of the State to EU Accession, I.B.Tauris,, 320 p.(ISBN 978-0-85772-030-6,lire en ligne),p. 64
  30. carte sur empereurs-romains.net
  31. Neagu Djuvara sur[2]
  32. Voir surici
  33. VoirLa mort des persécuteurs, chapitre XXVII-8
  34. Konstantin Jireček,Histoire des Serbes (Geschichte der Serben), Gotha, 1911 etHistoire des Bulgares (en tchèque et en allemand), Prague 1876
  35. Sur le passage desThraco-Romains auxValaques, et de ceux-ci auxRoumains et auxAroumains, voir Teodor Capidan surTeodor Capidan (ro), Takis Papahagi surTache Papahagi (ro),Ovid Densușianu :Histoire de la langue roumaine, I, Paris, 1901, DLR 1983 ouNeagu Djuvara :(ro)Cum s-a născut poporul român (« Comment le peuple roumain s’est formé »), Humanitas, Bucarest 2001,(ISBN 973-50-0181-0).
  36. Lucian Boia,(ro)Istorie și mit în conștiința românească (« Histoire et mythe dans la conscience collective roumaine ») Humanitas, Bucarest 1997,p. 82, 138-139, 140, 147-148
  37. Katherine Verdery,(en)National Ideology under Socialism. Identity and Cultural Politics in Ceaușescu's Romania,University of California Press, 1991,(ISBN 0-520-20358-5),p. 326.
  38. Eric Beckett Weaver,(en)An anthropological discussion of the significance of theories of cultural and historical primacy illustrated with examples from Hungary and Serbia,[3].
  39. Katherine Verdery,(en)National Ideology under Socialism : i dentity and Cultural Politics in Ceaușescu's Romania,University of California Press, 1991,(ISBN 0-520-20358-5).
  40. Dan Alexe,Dacopatia și alte rătăciri românești („La dacopathie et autres errements roumains”), Humanitas, Bucarest 2015
  41. (ro) Mircea Babeș,„La soi-disant renaissance de la Dacie”,Observator cultural, août 2001
  42. (ro) Vladimir Tismăneanu -„Mythes protochronistes et baroque stalino-fasciste”, Evenimentul zilei, 6 février 2006
  43. (ro) Alexandra Tomiță,O « istorie » glorioasă: dosarul protocronismului românesc („Une glorieuse « histoire », le dossier du protochronisme roumain”), éd.Cartea Românească, Bucarest 2007
  44. (en) Winn, Shan M (1981). Pre-writing in Southeastern Europe: The Sign System of the Vinča Culture ca. 4000 BCE. Calgary: Western Publishers.p. 15.
  45. Mircea Martin,La culture roumaine écartelée entre communisme et nationalisme, in : Revista 22no 44 (660)/XIII, octobre-novembre 2002.
  46. « Quels sont les 13 nouveaux sites du patrimoine mondial de l’Unesco ? », surwww.20minutes.fr,(consulté le)

Notes

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  1. Eqrem Çabej,Eric Hamp, Georgiev,Kortlandt,Walter Porzig, Sergent et d'autres linguistes considèrent, dans une perspectivepaléolinguistique ouphylogénétique, que le proto-albanais s'est formé sur unfond thraco-illyrien vers leVIe siècle, à l'intérieur des terres, subissant un début deromanisation encore sensible dans la langue moderne, tandis que lesemprunts les plus anciens de l'albanais auxlangues romanes proviennent dudiasystème roman oriental et non de l'illyro-roman qui était la langue romane anciennement parlée enIllyrie après la disparition de l'illyrien (pendant l'occupation romaine, l'illyro-roman a remplacé l'illyrien à la manière dugallo-roman remplaçant leceltique enGaule). Comme les lieux albanais ayant conservé leur appellation antique, ont évolué selon deslois phonétiques propres auxlangues slaves et que l'albanais a emprunté tout son vocabulaire maritime aulatin et augrec, ces auteurs pensent que les ancêtres des Albanais ont vécu à l'est de l'actuelle Albanie et que régions côtières de ce pays (thème du Dyrrhacheion) étaient initialement gréco-latines.
  2. Si leslangues romanes orientales ne proviennent pas, comme l'affirment les historiens roumains Alexandru Avram, Mircea Babeş, Lucian Badea, Mircea Petrescu-Dîmboviţa et Alexandru Vulpe (dir.) dansIstoria românilor : moştenirea timpurilor îndepărtate (« Histoire des Roumains : l'héritage des temps anciens ») vol.1, éd. Enciclopedică, Bucarest 2001,(ISBN 973-45-0382-0), de laromanisation deslangues paléo-balkaniques par l’Empire romain, alors seule l’hypothèse deVladimir Jirinovski (qui n’est ni linguiste, ni historien) peut constituer une alternative : selon lui, les roumanophones proviendraient d’un« mélange de colonsitaliens venus sur lesnefs génoises et deTziganes danubiens, mélange qui a envahi des terres appartenant légitimement à laBulgarie, à laHongrie et à laRussie » (déclaration deSofia en 1994[4])
  3. Après laromanisation des Thraces, le nom desBesses sert auxchroniqueurs byzantins à distinguer lespopulations romanophones des Balkans parmi lesῬωμαίοι -Rhômaíoi ouRomées, les « Romains » en grec (soit les citoyens de laΒασιλεία των Ῥωμαίων -Basileía tôn Rhômaíôn : « empire des Romains » en grec). Ainsi, en 570, le pèlerinAntonin de Plaisance en visite aumonastère Sainte-Catherine du Sinaï décrit les langues les plus parlées par les moines : « Grec, Latin, Syriaque, Copte et Besse ». AuIXe siècle le nom de « Valaques » commence à supplanter celui de « Besses » : dans sonStrategikon,Cécaumène précise auXIe siècle que les romanophones deThessalie« descendent des anciens Thraces et Daces » et qu'« on les appelle Besses ou Valaques » (voirPaul Lemerle,Prolégomènes à une édition critique et commentée des « Conseils et Récits » de Kékauménos et(ro) Ion Barnea et Ștefan Ștefănescu,Byzantins, Roumains et Bulgares sur le Bas-Danube : résumé en français de l'article en roumain,vol. 3, Bucarest, Editura Academiei,coll. « Bibliotheca historica Romaniae / Études » (no 9),, 439 p.(OCLC 1113905)).
  4. Les premières attestations des “Valaques“ se désignant eux-mêmes avec le nom de “Romain” datent duXVIe siècle, alors que deshumanistes italiens rendent compte de leurs voyages enTransylvanie,Valachie etMoldavie. Ainsi, Tranquillo Andronico écrit en 1534 que« lesValacchi s’appellent eux-mêmes Romains » (nunc se Romanos vocant - A. Veres,Acta et Epistolae I,p. 243). En 1532 Francesco della Valle accompagnant le gouverneur Aloisio Gritti à travers la Transylvanie, Valachie et Moldavie note que« lesValaques ont préservé leur nom et s’appellent eux-mêmes “Romani“ dans leur langue ». Il cite même une question en roumain :« Sti rominest ? » (« sais-tu le roumain ? », roum. :ştii româneşte ?) :…si dimandano in lingua loro Romei… se alcuno dimanda se sano parlare in la lingua valacca, dicono a questo in questo modo : “Sti rominest ?“ che vol dire : Sai tu Romano ? in Cl. Isopescu,(it) « Notizie intorno ai romeni nella letteratura geografica italiana del Cinquecento », inBulletin de la Section historique n° 16, 1929,p. 1-90. Ferrante Capeci écrit vers 1575 que« les habitants de ces provinces s’appellent eux-mêmes Romanesques (“Romanesci“) » :Anzi essi si chiamano romanesci, e vogliono molti che erano mandati quì quei che erano dannati a cavar metalli… in Maria Holban,Călători străini despre Ţările Române, vol. II,p. 158–161, tandis que Pierre Lescalopier remarque en 1574 que« Tout ce pays la Wallachie et Moldavie et la plupart de la Transilvanie a esté peuplé des colonies romaines du temps de Trajan l’empereur… Ceux du pays se disent vrais successeurs des Romains et nomment leur parler “romanechte“, c'est-à-dire romain… » in « Voyage fait par moy, Pierre Lescalopier l’an 1574 de Venise a Constantinople », fol 48 in Paul Cernovodeanu,Studii şi materiale de istorie medievală, IV, Bucarest 1960,p. 444.
    D’autres témoignages sur le nom que les Roumains se donnaient eux-mêmes viennent des intellectuels ayant connu de très près ou vécu au milieu des roumanophones. Ainsi le
    Saxontransylvain Johann Lebel note en 1542 que« les Roumains se désignent eux-mêmes sous le nom de “romuini“ » :Ex Vlachi Valachi, Romanenses Italiani / Quorum reliquae Romanensi lingua utuntur … / Solo Romanos nomine, sine re, repraesentantes / Ideirco vulgariter “romuini“ sunt appelanti in : Ioannes Lebelius,De opido Thalmus, Carmen Istoricum,Cibinii 1779,p. 11–12, alors que le chroniqueur polonais Stanislaw Orzechowski (Orichovius) observe en 1554 qu’« en leur langue les Roumains s’appellent “romini“ d'après les Romains, et Valaques en polonais, d’après les Italiens » :qui eorum lingua “romini“ ab Romanis, nostra Walachi, ab Italis appellantur in : St. Orichovius, « Annales polonici ab excessu Sigismundi » in I. Dlugossus,Historiae polonicae libri XII, col 1555. Le CroateAntonio Veranzio remarque vers 1570 que« les Roumains vivant en Transylvanie, Moldavie et Valachie se nomment eux-mêmes Romains » :Valacchi, qui se Romanos nominant… gens quae ear terras Transsylvaniam, Moldaviam et Transalpinam nostra aetate incolit, Valacchi sunt, eaque a Romania ducit originem, tametsi nomine longe alieno… in « De situ Transsylvaniae, Moldaviae et Transaplinae » inMonumenta Hungariae Historica, Scriptores II, Budapest 1857,p. 120. Lehongroistransylvain Martinus Szent-Ivany cite en 1699 les expressions roumaines :Sie noi sentem Rumeni (« nous aussi, nous sommes roumains », pour le roum. :Şi noi suntem români) etNoi sentem di sange Rumena (« nous sommes de sang roumain », pour le roum.:Noi suntem de sânge român) :Valachos… dicunt enim communi modo loquendi : “Sie noi sentem Rumeni“ : etiam nos sumus Romani. Item : “Noi sentem di sange Rumena“ : Nos sumus de sanguine Romano in : Martinus Szent-Ivany,Dissertatio Paralimpomenica rerum memorabilium Hungariae, Tyrnaviae, 1699,p. 39.
    Les documents historiques présentent deux graphies du mot « roumain » :român etrumân. Durant plusieurs siècles, les deux formes coexistent et sont employées d’une manière interchangeable, parfois dans le même document ;am scris aceste sfente cǎrţi de învăţături, sǎ fie popilor rumânesti… sǎ înţeleagǎ toţi oamenii cine-s rumânii creştini (dansÎntrebare creştineascǎ de 1559, Bibliografia româneascǎ veche, IV, 1944,
    p. 6). AuMoyen Âge, l’endonyme ethnolinguistiquerumân / român signifiait aussi « roturier », car lesaristocraties des pays s'étendant sur les territoires habités par les descendants des Daces et des Thraces romanisés, étaient d'origineslave,bulgare,hongroise,coumane,iasse et plus tardgrecque. Pendant lesXVIIe et XVIIIe siècles, alors que l’institution du servage connaît une extension significative,rumân revêt de plus en plus le sens de « serf » dans un processus de différenciation sémantique qui le sépare deromân lequel garde son sens ethnolinguistique (voir Stelian Brezeanu,Romanitatea Orientalǎ în Evul Mediu, Editura All Educational, Bucureşti, 1999,p. 229-246).
    Après l’abolition du servage par le Prince
    Constantin Mavrocordato en 1746, la formerumân, disparaît graduellement alors que la formeromân, românesc s’établit définitivement. Le nom enroumain de laValachie estŢara Românească signifiantpays Roumain. Le plus ancien document connu en roumain attestant cette dénomination est une lettre d'un marchand — laLettre de Neacșu — écrite en 1521 au maire deBrașov pour l'informer des mouvements desOttomans au sud duDanube. Dans ce texte roumain, la principauté nommée par les étrangers « Valachie » est appelée « Pays Roumain » (Ţara Românească).

Annexes

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