L'origine de DC Comics remonte à l'année 1934 lorsque Malcolm Wheeler-Nicholson, un ancien major de l'armée américaine devenu auteur pour despulps, fonde la société National Allied Publications. En février 1935 est publié le premier numéro deNew Fun Comics qui propose des comics inédits, ce qui alors le démarque des autrescomic books dans lesquels on ne trouve que des rééditions decomic strips.New Fun Comics ne connaît pas le succès, mais un deuxième comics,New Comics, est tout de même créé. En octobre 1936 dans le sixième numéro deNew Fun Comics apparaît leDr. Occult créé parJerry Siegel etJoe Shuster. Les aventures de ce personnage se poursuivent dansMore Fun Comics qui est la suite deNew Fun Comics[K 1]. Une autre série proposée estSlam Bradley aussi de Siegel et Shuster.National Allied Publications vivote mais est endetté. Cela oblige Malcolm Wheeler-Nicholson à s'associer avecHarry Donenfeld etJack Liebowitz qui gèrent l'entreprise distribuant les comics deNational Allied Publications. En 1937,National Allied Publications est renommé enDetective Comics, Inc. et un troisième comics,Detective Comics, est publié. En 1938, le major pour éponger ses dettes vend ses dernières parts à Donenfeld[P 1].
L'année 1939 est aussi marquée par la fondation d'une nouvelle maison d'édition, laAll-American Publications dirigée parMax Gaines, l'inventeur du comic book[K 4]. DC etAll-American Publications sont deux entreprises distinctes, mais le logo DC apparaît sur tous les comics et ceux-ci apparaissent comme faisant partie d'une seule collection. All American publications publie alors les aventures deGreen Lantern,Flash et Wonder Woman[K 5]. DC apparaît comme la maison d'édition la plus importante, et cela, surtout grâce à Superman qui procure des revenus importants. Donenfeld et Liebowitz, attentifs à ne pas perdre cette manne, vont poursuivre en justice les super-héros qui ressemblent un peu trop à Superman. Ils gagnent un premier procès contre Victor Fox, propriétaire de Fox Comics qui proposent les aventures deWonder man puis déposent, en 1941, une plainte contre la sociétéFawcett Comics qui publie les aventures deCaptain Marvel deC. C. Beck[B 1]. En 1941, DC parvient à s'attacherJack Kirby etJoe Simon, deux jeunes artistes qui viennent de créer, pourTimely,Captain America[T 1]. DC possède donc des séries très rentables et travaille avec des auteurs talentueux, ce qui assure sa première place parmi les éditeurs de comics. Le développement de la firme se poursuit lorsqu'en 1944, Max Gaines vend sa société à DC Comics pour fonder une nouvelle maison d'édition Educational Comics, plus connue commeEC Comics[5].
Dans l'immédiate après-guerre, le monde des comics va connaître deux crises simultanées. Tout d'abord, une crise de surproduction entraîne la faillite de nombreux éditeurs et l'arrêt de nombreux comics qui ne trouvent pas de place sur les rayons des marchands de journaux[C 1]. Ceux-ci, inondés de nouveaux titres, préfèrent garder les séries les plus populaires. Par ailleurs, si les comics de super-héros restent les plus populaires, les lecteurs s'intéressent à des genres différents, parfois plus adultes. Ainsi, les comic books racontant des histoires criminelles, sur le modèle deCrime does not pay, édité par Lev Gleason Publications, sont les premiers à offrir une alternative pour des lecteurs plus âgés. Viennent ensuite lesromance comics, dont le genre est créé par Simon et Kirby pour l'éditeur Prize en 1947 avec le titreYoung Romance, et les comics d'horreur portés par EC Comics sous la direction deBill Gaines, fils de Max Gaines, et édités parAl Feldstein[C 2],[P 3]. DC est relativement épargné par ces deux crises : ces comics sont là depuis assez longtemps pour être proposés par les vendeurs de journaux ; Superman, Batman et Wonder Woman ont un lectorat fidèle et qui se renouvelle (les autres héros disparaissent les uns après les autres, mais ces trois-là sont les seuls à être distribués en continu durant les années 1950) ; la production est assez diversifiée pour atteindre les différentes attentes des lecteurs ; les dessinateurs maison sont parmi les meilleurs (Carmine Infantino,Joe Kubert,Gil Kane, etc.)[P 4]. DC continue donc à se développer et en 1953, elle rachète l'éditeurQuality Comics, ce qui permet de devenir propriétaire de personnages tels qu'Uncle Sam ouBlackhawk[B 2].
À cette époque, les couvertures ont rarement un lien avec l'histoire publiée dans le comics qu'elles ornent. En effet, elles sont souvent préparées avant même que le scénario soit écrit[9]
En1968, Carmine Infantino devient directeur de la publication. Sa politique éditoriale est alors de donner plus de liberté aux artistes et grâce à cela DC retrouve l'éclat qu'elle avait perdu, même si Marvel continue à dominer le marché. DC va alors se trouver un dessinateur vedette, comme Jack Kirby l'est pour Marvel, en la personne deNeal Adams. Celui-ci créeDeadman en collaboration avec Infantino au scénario, puis il reprend le personnage de Batman en en faisant un personnage plus sombre, plus proche du Batman des origines. Cet aspect de Batman sera maintenu parDick Giordano qui succède à Adams. Par la suite Neal Adams collabore avec le scénaristeDennis O'Neil sur la sérieGreen Lantern. Le récit ne se concentre plus sur la lutte entre le bien et le mal, mais développe des considérations politiques et sociales (place des Noirs, relation entre les sexes, drogue, etc.). Par ailleurs, Infantino parvient à attirer chez DC deux créateurs dont les noms étaient liés à Marvel : Steve Ditko et Jack Kirby. Steve Ditko crée en 1968Le Creeper etHawk and Dove, Jack Kirby, quant à lui, développe un nouvel univers, celui duQuatrième Monde, avec trois nouvelles séries (The New Gods,The Forever People,Mister Miracle) et la reprise deSuperman's Pal Jimmy Olsen[C 4]. Enfin à côté de ces auteurs reconnus, Infantino donne leur chance à de nouveaux venus, tels queLen Wein,Marv Wolfman,Gary Friedrich pour apporter du sang neuf[P 6].
Après l'âge d'or et le renouveau de l'âge d'argent, l'âge de bronze, celui des années 1970, est lié à une crise du lectorat[P 7]. Les super-héros attirent moins et ne parviennent pas à se renouveler. Toujours sous la houlette d'Infantino, DC propose des nouvelles séries pour attirer ceux qui délaissent les aventures super-héroïques. Ainsi paraissent les aventures du cowboyBat Lash ou les récits fantastiques deThe house of Secrets (où apparaît pour la première le personnage deSwamp Thing créé par Len Wein etBernie Wrightson[C 5]). Cet essai de diversification va culminer à la fin des années 1970 avec la « DC Explosion » qui est la promesse d'une augmentation du nombre de séries publiées avec un nombre de pages plus élevé pour chaque comics. Cette tentative se solde par un échec et fin 1978, la production est divisée par deux. Entretemps, DC va innover en travaillant avec son concurrent,Marvel Comics, pour éditer, en 1975, le premiercrossover de l'histoire des comics : l'adaptation du filmLe Magicien d'Oz[B 3]. Ce projet sera suivi dès l'année suivante d'un crossover mettant en scène la rencontre entreSuperman etSpider-Man écrit parGerry Conway et dessiné parRoss Andru etDick Giordano[12]. En 1979, DC, à peine remis de l'échec de la « DC Explosion » crée un nouveau format de diffusion de comics : la mini-série. La première du genre estThe World of Krypton écrit parAlan Kupperberg et dessiné parHoward Chaykin etMurphy Anderson[P 8] qui est publiée ainsi parce que l'histoire était déjà écrite et dessinée, mais que le comicsShowcase qui devait l'accueillir avait été supprimé.
En 1984, DC confie àAlan Moore le scénario deSwamp Thing ; le dessin est assuré parStephen Bissette etJohn Totleben. Alan Moore reprend la série à partir du numéro 20 et dès l'épisode suivant il recrée entièrement le personnage. Rapidement, il fait évoluer la série vers l'horreur et écrit des histoires de moins en moins acceptables par lecomics code si bien que le numéro 28 ne porte plus le sceau du comics code et que cela sera habituel à partir du numéro 30.Swamp Thing annonce déjà le nouvel âge des comics, mais ce sont trois mini-séries éditées par DC qui marquent la fin de l'âge de bronze des comics et l'avènement de l'âge moderne. En1985, pour régler les problèmes liés à la coexistence de version modernes et anciennes de ses personnages ainsi que ceux rachetés à d'autres maisons d’éditions, DC Comics publie à l'occasion des cinquante ans de la société le « crossover »Crisis on infinite earths. Il s'agit d'une série en douze parties scénarisée parMarv Wolfman et dessinée parGeorge Perez. Cette série réinvente complètement l'univers DC en se débarrassant du concept de Terres multiples tel qu'il était utilisé depuis des années, considéré comme confus. Au cours de cette saga, on assiste à la disparition de nombreux personnages et à la mise en place des bases servant à un redémarrage total de la chronologie de l'univers DC.
L'année suivante DC publieThe Dark Knight Returns écrit et dessiné parFrank Miller et encré parKlaus Janson etWatchmen d'Alan Moore etDave Gibbons, deux mini-séries qui vont donner le ton de la nouvelle ère qui commence après l'âge de bronze des comics et nomméâge moderne. Ces séries par leur contenu s'adressent à un public adulte et pour cette raison ni l'un ni l'autre ne portent le sceau du comics code. Ils connaissent, malgré cela, un grand succès public et critique[P 9]. DC, tout en continuant à publier des séries tout-public, décide alors de publier plusieurs comics au contenu plus adulte sous la responsabilité éditoriale deKaren Berger. Ces comics sontHellblazer,Shade, the Changing Man,Animal Man ou encoreSandman deNeil Gaiman. Ils seront ensuite formellement intégrés dans une collection nomméeVertigo et porteront sur la couverture l'avertissementFor Mature Readers[n 3],[B 4].
Par ailleurs, après avoir longtemps eu son siège au 666 de la Cinquième avenue àNew York, DC Comics déménage dans les années 1990 au 1700 deBroadway.
En 1996 commence une collaboration entreJeph Loeb (scénariste de cinéma) etTim Sale (au dessin) qui revisitentBatman: The Long Halloween etDark Victory, qui sont aujourd'hui classées parmi les plus importantes publications sur le chevalier noir avec celles de Miller. Leur fructueuse entente artistique se poursuit avec un spin-off surCatwoman. Dans les années 2000 Loeb devient un auteur majeur de l'éditeur au travers de crossovers Superman/Batman et collabore avecJim Lee.
En2005, en réplique à la collectionUltimate deMarvel, DC Comics lance la collectionAll-Star qui présente des aventures des héros de DC Comics les plus populaires réalisées par des auteurs célèbres. L'idée est de présenter des aventures hors de toute continuité, accessibles à tous, et basées sur les éléments des personnages que tout le monde connaît. Les deux premières séries lancées sont :All Star Batman and Robin, The Boy Wonder parFrank Miller etJim Lee etSuperman parGrant Morrison etFrank Quitely.
Les années 2000 sont marquées par le développement de crossovers qui apportent des changements importants dans l'univers DC. Ainsi, depuis 2004, des histoires racontant une « crise » ont été publiées chaque année :Identity Crisis (2004) se développe enCountdown to Infinite Crisis (2005),Infinite Crisis (2005-2006),52 (2006-2007),Countdown to Finale Crisis (2007),Final Crisis 2008[B 5]. En 2009 le crossover met en avantGreen Lantern, s'intituleBlackest Night[13] et donne naissance à celui de 2010Brightest Day[14]. Enfin, en 2011,Flash est à l'honneur avec le crossoverFlashpoint[15] qui est suivi en 2011-2012 de la recréation complète de l'univers DC. Toutes les séries recommencent alors avec un nouveau numéro 1[16]. À cette occasion DC Comics change de logo comme elle l'avait déjà fait en2005. En juillet 2023, lors du Comic-Con de San Diego, DC annonce la production de deux nouveaux films d'animation,Crisis on Infinite Earths, etWatchmen[17].