Pour des articles plus généraux, voirAddiction sexuelle,Pornographie etEffets de la pornographie.
Ladépendance à la pornographie est untrouble psychique défini comme uneconsommation auto-déclarée excessive et répétitive depornographie.
Ce trouble fait l'objet de centaines depublications scientifiques, mais, comme pour l'addiction sexuelle, il n'existe pas deconsensus fort sur sadéfinition précise et sa caractérisation clinique.
On peut parler de dépendance à la pornographie dans le cas où une personne n'arrive pas à contrôler son attirance pour la pornographie, qu'elle y consacre beaucoup de temps, ou que cette dépendance a un impact important sur savie sociale, sontravail, sasanté, savie de couple ou savie de famille.
La dépendance à la pornographie ne figure pas en tant que telle dans laclassification internationale des maladies de l'OMS (CIM-11). Cependant on y trouve letrouble du comportement sexuel compulsif ("compulsive sexual behaviour disorder"), également appeléHypersexualité, dans la section 6C.
Une méta-étude publiée en janvier 2019 dans leJournal of Clinical Medicine, intituléeOnline Porn Addiction: What We Know and What We Don’t—A Systematic Review (Addiction à la pornographie en ligne: ce qu'on sait et ce qu'on ignore)[1] a recensé 184 articles traitant du sujet. Les auteurs observent que "bon nombre d'études récentes soutiennent l'idée que ce trouble serait une addiction avec des symptômes cliniques comme le troubles de l'érection et l'insatisfaction sexuelle". L'état actuel de la recherche permet de dire que ce trouble compulsif est comparable à une addiction comportementale, comme l'addiction aux jeux de hasard[2]. Les recherches sur le cerveau ont mis en lumière un plaisir anticipé à la consommation de pornographie supérieur au plaisir au moment de la consommation, ce qui est caractéristique des addictions comportementales[3], et peut avoir pour effet un sentiment de honte et de culpabilité après avoir jouit ou regardé du porno[4],[5], une augmentation de la fréquence de masturbation et un évitement émotionnel qui peut se traduire par une préférence pour la masturbation que pour les relations réelles[6],[7]. L'utilisation auto-déclarée problématique est couramment associée à une recherche de gratification sexuelle pour éviter de ressentir certaines émotions[7]. Le développement d'une sexualité compulsive, comme l'addiction au porno, est particulièrement facilité par des traumas survenus dans l'enfance, des abus émotionnels, de la négligence ou des agressions sexuelles comme peut l'être une exposition précoce à la pornographie[8],[9],[10],[11]. Quant aux traitements possibles, le sevrage permet dans la plupart des cas la disparition complète des symptômes[5], pour traiter les causes de l'addiction ou les comorbidités associées (anxiété, dépression, psychopathie, ...) la psychothérapie accompagnée si besoin d'un traitement médicamenteux sont indiqués[12].
Plusieurs articles, rapports gouvernementaux et études scientifiques témoignent que l'augmentation de dépendance à la pornographie est en corrélation avec l'accès gratuit aux plateformes pornographiques, et facilité par l'usage de smartphones avant l'entrée dans l'adolescence[13],[14],[15], et au fonctionnement des algorithmes qui étudient le comportement des internautes pour favoriser l'addiction[16],[17].
En 2006, une équipe de chercheurs américains a entamé une expérience de plusieurs mois[18] d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), afin de mettre en évidence sur le cerveau les effets des images pornographiques, sans qu'il soit permis de conclure sur de possibles effets cliniques.
En 2016, une étude menée en Allemagne[3] a montré que certaines zones du cerveau liées au système de récompense — notamment le striatum ventral — s’activent lorsqu’une personne regarde des images sexuelles explicites. Plus cette zone était active, plus les participants déclaraient des symptômes d’addiction à la pornographie en ligne. Ces résultats suggèrent que le cerveau traite certains contenus pornographiques comme une récompense, renforçant l’envie de les consommer. Ce mécanisme pourrait expliquer pourquoi certaines personnes perdent progressivement le contrôle de leur usage, comme dans d’autres formes d’addiction.
Judith Reisman, auteure deThe Psychopharmacology of Pictorial Pornography qualifie la pornographie visuelle d’ « érotoxine » :
« La pornographie agit sur le cerveau comme une drogue – c’est une drogue. Regarder des films X déclenche une poussée d’adrénaline qui est ressentie dans le ventre et dans les organes génitaux, ainsi qu’une sécrétion detestostérone, d’ocytocine, dedopamine et desérotonine, précise-t-elle. C’est un véritable cocktail de drogues. La pornographie est un excitant extrêmement puissant, qui provoque flash et euphorie. Ce n’est pas un excitant sexuel, mais un excitant mêlant peur, sexe, honte et colère. »
L'observation du fonctionnement du cerveau et des productions hormonales met en lumière une corrélation forte entre les traumas sexuels et la reproduction de schémas traumatiques, comme peuvent l'être l'exposition précoce à la pornographie et le développement d'une telle addiction[12], ou le développement d'une sexualitéparaphilique comme l'exhibitionnisme ou lesadisme[19]. L'exposition à la pornographie peut être à l’origine d’une sexualité traumatique qui conduit la personne à reproduire des comportements ou des situations en lien avec le ou les différents traumas initiaux, la poussant à être à nouveau victime ou bien agresseur[20],[11]. À chaque passage à l’acte, son cerveau rejoue le programme traumatique, réactive ses propres circuits dissociatifs de sidération, de domination et d'humiliation, provoquant une décharge hormonale similaire aux traumas initiaux : cortisol, adrénaline, ocytocin vont déréguler ses systèmes de plaisir et récompense, confirmant en lui-même son fonctionnement traumatique[21],[22]. Le brouillage du système de plaisir avec celui de la violence, valide intérieurement le fonctionnement traumatique et éloigne un peu plus à chaque fois la possibilité de prise de conscience et de prise en charge des traumas initiaux par des soins adaptés. Les biais cognitifs permissifs deviennent de plus en plus forts et sont généralement aggravés par la consommation de pornographie[23],[24],[25].
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