De1992 à1994, l'Opération Mains propres révéla un système de corruption à grande échelle dans les partis politiques italiens, DC comprise. Pris dans la tourmente, le parti fut finalement dissous le, se dispersant alors dans un vaste nombre d'organisations politiques.
Après la dissolution duParti populaire italien (PPI) par le régime fasciste le, la plupart de ses cadres sont contraints de s'exiler ou de se retirer de la vie politique.Don Sturzo, parti àLondres, maintient néanmoins des contacts entre les démocrates-chrétiens à travers des organisations religieuses comme l'Action catholique ou laFédération des universitaires catholiques italiens. Enseptembre 1942, d'anciens membres du PPI commencent à se réunir àMilan avec d'autres membres d'organisations religieuses en vue de la fondation d'un nouveau parti après la défaite du fascisme (qui commence alors à se profiler)[2]. La Démocratie chrétienne (DC), fondée le, reste dans la clandestinité jusqu'au : après la chute deBenito Mussolini, le parti se montre alors à visage découvert, avec l'accord officieux dugouvernement Badoglio.
Enavril 1946 se déroule àRome le premier Congrès national de la Démocratie chrétienne. En plus de réaffirmer le rôle de meneur de De Gasperi, il permet d'organiser une consultation sur la position du parti en vue duréférendum de juin sur le nouveau régime. Les militants s'expriment largement en faveur de la République : plus de 60 % des voix pour, contre 17,5 % pour la monarchie et 22,5 % pour une position neutre[5]. Le Congrès vote un ordre du jour favorable à la République, mais laisse une totale liberté de vote[5]. En effet, en juin, la République est proclamée avec plus de 54 % des suffrages, tandis que la Démocratie chrétienne remporte une large victoire à l'élection de l'Assemblée constituante : environ 35 % des voix, soit 15 points de plus que les socialistes et 17 de plus que les communistes.
L'unité nationale perdure cependant jusqu'enmai 1947, lorsque le contexte de laGuerre froide la fait éclater : à la suite de l'opposition de la gauche auPlan Marshall, De Gasperi exclut le PCI et le PSI du gouvernement en mai. Durant les mois suivants, plusieurs insurrections communistes font craindre une guerre civile, mais la désapprobation du secrétaire général du PCI,Palmiro Togliatti, ainsi que celle duParti communiste de l'Union soviétique (PCUS), permettent de maintenir l'ordre. En parallèle, tous les partis politiques continuent de collaborer à la rédaction de la nouvelleConstitution, promulguée le.
Conventio ad excludendum et domination solitaire (1948-1963)
Après l'installation de la République, l'Assemblée constituante est dissoute et denouvelles élections ont lieu en avril. Elles voient s'opposer leFront démocratique populaire, formé duPCI et duPSI et soutenu par l'URSS, à la Démocratie chrétienne appuyée par lesÉtats-Unis et l'Église catholique. Au terme d'une campagne très dure, la liste menée par De Gasperi remporte un succès écrasant : 48 % des voix, contre 30 % pour celle deTogliatti. Commence alors une période de quinze ans de domination exclusive de la DC, appuyée par quelques petits partis (Parti libéral italien,Parti républicain italien etParti social-démocrate italien notamment). Son poids dans la vie politique italienne et la crainte ambiante ducommunisme permettent au parti d'élaborer uneconventio ad excludendum (littéralement « convention d'exclusion ») contre les partis considérés comme dangereux pour la démocratie : le PCI et le PSI avant tout, mais également leMouvement social italien (MSI), partinéo-fasciste fondé en1946 par d'anciens représentants de laRépublique sociale italienne.
De Gasperi s'occupe alors d'ancrer solidement l'Italie dans lebloc de l'Ouest, adhérant à l'OTAN en1949, et se fait l'un des promoteurs de laconstruction européenne : en1951, l'Italie est l'un des six membres fondateurs de laCECA. En politique intérieure, le gouvernement s'attèle à la reconstruction en instaurant une économie mixte entre propriété publique et privée et en élaborant plusieurs lois sociales, conformément à la doctrine duchristianisme social[6]. Après la chute de De Gasperi en1953, laprésidence du Conseil est occupée successivement parGiuseppe Pella,Amintore Fanfani etMario Scelba, sans susciter de changements importants dans la ligne politique suivie : après avoir soutenu le projet (avorté) deCommunauté européenne de défense, l'Italie fait partie, en1957, des six signataires duTraité de Rome, instaurant laCommunauté économique européenne. En parallèle, les élections générales continuent de révéler la force politique de la DC : 40 % des voix en1953, 42 % en1958. Cependant, le PCI progresse sans interruption, et les tentatives de former des gouvernements composés uniquement de démocrates-chrétiens provoquent l'insatisfaction des alliés du parti. À la fin desannées 1950, de graves polémiques ont lieu lorsque leMSI sort de laconventio ad excludendum et devient essentiel pour la formation d'une majorité politique. L'aile gauche du parti menée parAldo Moro commence alors à croître et propose une alliance avec le PSI, qui a entretemps rompu avec les communistes après l'insurrection hongroise de1956. L'idée étant approuvée par le meneur socialistePietro Nenni, les parlementaires PSI commencent, à partir de1960, à s'abstenir lors des votes de confiance, premier pas vers une collaboration réelle.
Auxélections de 1963, la Démocratie chrétienne descend pour la première fois en dessous de la barre des 40 %, tandis que leParti communiste continue de progresser. La DC décide d'opérer un virage assumé vers le PSI, formant ungouvernement de centre gauche comprenant cinq ministres socialistes. Le spectre d'un coup d'État militaire, lePlan Solo, approuvé par leprésident de la RépubliqueAntonio Segni, pousse le gouvernement à poursuivre l'alliance malgré de dures tensions au sein de la majorité. Le parti apparaît alors fortement fractionné entre une aile gauche favorable à l'ouverture et une aile droite conservatrice, les deux ne parvenant pas à s'unir autour d'une candidature unique lors de l'élection présidentielle de 1964 et permettant ainsi la victoire du socialiste-démocrateGiuseppe Saragat. Les gouvernements Moro de centre gauche s'engagent entretemps dans une politique réformiste, nationalisant notamment les industries électriques et créant ainsi l'ENI. La majorité est instable, mais lesélections de 1968 marquent un succès des démocrates-chrétiens qui remportent 39 % des suffrages. Malgré cela, les divisions au sein duParti socialiste favorisent la fragilité des gouvernements successifs. En raison de tensions internes au sein de la DC,Moro prend du recul après les élections au profit deGiovanni Leone,Mariano Rumor etGiulio Andreotti, politiciens pragmatiques situés aucentre voire aucentre droit mais susceptibles de s'allier avec le PSI pour former une majorité.
Dans le même temps, l'Italie entre dans la période desannées de plomb, qui voit se multiplier les attentats et les coups de force de la part de groupes armées d'extrême-gauche et d'extrême-droite. Face à cette situation dangereuse, la Démocratie chrétienne se présente comme la garante de la République et de la Constitution, parvenant ainsi à contenir la montée à droite du MSI. Cependant, les fréquentes ruptures entre démocrates-chrétiens et socialistes et les divisions au sein même du parti donnent lieu à une forte instabilité, et en1972, pour la première fois depuis la fin de la guerre, le Parlement est dissous en raison de l'impossibilité de former un gouvernement. Malgré des scores électoraux stables, les difficultés de la DC continuent et s'accroissent même : en1973, la crise économique éclate, et l'année suivante, le parti connaît une lourde défaite à l'occasion duréférendum portant sur l'abrogation de la loi sur le divorce.
Compromis historique et ouverture manquée vers le PCI (1976-1979)
En1976, de nouvellesélections anticipées ont lieu pour tenter de dégager une majorité parlementaire stable. Elles voient la Démocratie chrétienne se maintenir à 38 % des voix, grâce notamment à une campagne basée sur l'anticommunisme. En effet, le PCI, en forte ascension, atteint là son maximum historique avec plus de 34 % des suffrages, menaçant la suprématie politique des démocrates-chrétiens vieille de trente ans. Face à la crise économique, politique et sociale, la DC, sous l'impulsion de Moro et avec l'accord du secrétaire général du PCIEnrico Berlinguer, donne alors vie à la politique dite ducompromis historique : les communistes, après trois décennies d'exclusion, rentrent de nouveau dans la majorité. Cependant,Giulio Andreotti, président du Conseil, refuse de faire appel à des ministres communistes : le soutien reste exclusivement externe, sans entrée au sein du gouvernement. Mais le, alors que se prépare le vote de confiance augouvernement Andreotti IV,Aldo Moro est enlevé à Rome par un commando desBrigades rouges, organisation terroriste d'extrême-gauche. Le, il est finalement exécuté après l'échec de toutes les négociations. Les circonstances de sa mort et l'implication desÉtats-Unis et de l'URSS ne sont pas encore éclaircies de nos jours. Cet assassinat marque en tout cas la fin de la tentative de rapprochement entre les deux plus grands partis italiens : de nouvellesélections anticipées ont lieu en1979, qui voient la DC rester à un niveau stable tandis que le PCI subit une brusque chute de 4 points.
Après la fin de la période de solidarité nationale, le PCI retourne à l'isolement et la DC, pendant toute ladécennie 1980, gouverne dans le cadre de la large coalition dupentapartito (« pentaparti »), avec les socialistes, les socialistes-démocrates, les républicains et les libéraux. Les démocrates-chrétiens se repositionnent sur des positions plus centristes, incarnées parArnaldo Forlani, aidés en ce sens par l'évolution du PSI, guidé parBettino Craxi, vers lasocial-démocratie. Mais en1981, leréférendum portant sur l'abrogation de la loi sur l'avortement voit le parti subir une lourde défaite. La même année éclate le scandale de laloge P2, révélant de vastes ramifications entre les classes dirigeantes italiennes (hommes politiques, homme d'affaires, administration juridique...), le grand quotidien italienCorriere della Sera, et certains attentats comme celui perpétré à lagare de Bologne enaoût 1980. Plusieurs personnages importants du parti, commeFranco Foschi ouRolando Picchioni, sont impliqués. Forlani, président du Conseil, démissionne alors, et pour la première fois depuis1945, le gouvernement n'est pas dirigé par un démocrate-chrétien, mais en l'occurrence par le républicainGiovanni Spadolini. Auxélections générales de 1983, la Démocratie chrétienne chute à moins de 33 % des voix, et l'écart avec leParti communiste atteint son niveau le plus bas (trois points seulement).
Ce double échec favorise le retour de l'aile gauche du parti, menée parCiriaco De Mita et soutenue également parAndreotti ouFanfani, contre l'aile conservatrice de Forlani. Néanmoins, la crise de la Démocratie chrétienne l'induit à laisser une nouvelle fois la présidence du Conseil à un autre parti, cette fois-ci le PSI de Craxi, chef du gouvernement de1983 à1987. Auxélections européennes de 1984, pour la première et seule fois, le PCI parvient à surpasser les démocrates-chrétiens, même si de moins d'un point seulement. L'effacement provisoire de la DC entraîne malgré tout une relative amélioration de ses scores à l'occasion des élections locales. Dans le même temps, la scène politique italienne apparaît de plus en plus dispersée, puisque le PCI entre lui aussi dans une crise électorale, tandis que le PSI et le MSI se renforcent, tout en restant loin des deux grands partis traditionnels.
Difficultés électorales et Opération Mains propres : de la désagrégation à la disparition du parti (1987-1994)
En effet, en1987, les démocrates-chrétiens ne dépassent pas 35 % des voix, tandis que les communistes chutent à 27 % et que les socialistes remontent à 14 %. Le système politique italien apparaît de plus en plus vieilli : la peur du communisme a empêché toute alternance et laissé la Démocratie chrétienne au pouvoir depuis quarante ans. Les tensions croissantes au sein de la majorité entre DC et PSI renforcent de plus cette hégémonie : laXe Législature, de1987 à1992, est la première à voir se succéder des gouvernements uniquement dirigés par des démocrates-chrétiens depuis laVIIe, de1976 à1979. À partir de1989, cependant,De Mita, favorable à un antagonisme avecCraxi, est évincé du pouvoir. Il est remplacé parAndreotti etForlani, qui instituent avec le meneur socialiste l'alliance dite de laCAF, d'après les initiales des trois hommes. Mais dans le même temps, avec lachute du bloc de l'Est, le cadre politique italien tel qu'il était défini depuis la guerre se trouve de plus en plus vidé de sens[7] : en1991, leParti communiste italien est dissous. Durant ces années charnières, la DC s'occupe également d'introduire l'Italie dans l'Espace Schengen et l'Union européenne née avec leTraité de Maastricht, privatisant un grand nombre d'entreprises et ouvrant plusieurs secteurs à la concurrence, y compris étrangère[8].
Lors desélections générales de 1992, la Démocratie chrétienne descend pour la première fois en dessous des 30 %, mise en difficulté par la montée des autonomistes de laLigue du Nord. Peu après la formation d'ungouvernement dirigé par le socialisteGiuliano Amato explose de plus le scandale de l'Opération Mains propres : un vaste réseau de corruption et de financement illicite des partis politiques, DC comprise, est dévoilé. La crise politique est telle qu'enavril 1993, après la démission d'Amato, le gouvernement est pour la première fois dirigé par un technicien,Carlo Azeglio Ciampi, et non par un parlementaire. Plusieurs enquêtes, notamment celles des jugesGiovanni Falcone etPaolo Borsellino, jettent également le doute sur la nature des liens entre plusieurs figures du parti (parmi lesquellesGiulio Andreotti) et lamafia[9]. La Démocratie chrétienne, laminée dans toutes les élections intermédiaires[10], entame alors un processus de transformation. Plusieurs courants du parti font scission : à gauche, leMouvement socialistes chrétiens d'Ermanno Gorrieri[11] ; à droite, leCentre chrétien-démocrate dePier Ferdinando Casini. Le, la majorité centriste fonde elle leParti populaire italien (PPI)[12], qui reprend le nom de l'organisation deDon Sturzo, et connaît ensuite une autre scission enjuillet 1995. Le, la Démocratie chrétienne s'auto-dissout officiellement[13]. Elle laisse derrière elle 206 députés, 107 sénateurs, 26 députés européens et environ 800 000 militants, qui se divisent alors entre les différentes formations candidates à sa succession. Ainsi, lors desélections générales italiennes de 1996, on compte 366 anciens démocrates-chrétiens candidats dans les 705 collèges uninominaux (186 sous les couleurs duPôle pour les libertés, 180 avecL'Olivier), en particulier en Lombardie (56 candidats) et en Sicile (55)[14].
Cependant, un arrêt de la Cour de cassation en2010 invalide la dissolution, puisqu'elle n'a pas été prononcée en Congrès national[15]. En conséquence, le 30 mars 2012, le dernier Conseil national en charge en1993se réunit àRome pour élire un président,Silvio Lega, et un secrétaire politique,Gianni Fontana.
L'effondrement de l'édifice démocrate-chrétien donna lieu à une véritable diaspora de ses membres et électeurs entre les nouveaux acteurs du jeu politique italien :Parti démocrate de gauche (PDS), héritier réformiste duParti communiste italien, etForza Italia (FI), nouvelle force de centre-droit créée parSilvio Berlusconi. LeMouvement socialistes chrétiens, après s'être allié au PDS lors des élections générales de1994 et de1996, fusionna avec lui et de nombreux partis de centre-gauche en1998 pour fonder lesDémocrates de gauche (DS). En2007, il conflua également dans le nouveauParti démocrate (PD). L'aile gauche de la Démocratie chrétienne exerça et exerce encore de nos jours une influence majeure sur le centre-gauche italien, avec comme représentants les plus célèbres lesprésidents du ConseilRomano Prodi etMatteo Renzi.
La politique économique de la Démocratie chrétienne fut inspirée par leCode de Camaldoli[16], un programme élaboré en1943 avant lachute de Mussolini au monastère du même nom. Le document, inspiré notamment parThomas d'Aquin etLéon XIII, affirmait le rôle protecteur de l'État, garant du bien matériel commun et de l'élévation du niveau de vie des classes inférieures, tout en respectant les principes de la propriété privée des moyens de production, du libre-échange et de l'enrichissement par le travail. L'activité économique y était définie comme le moteur de la solidarité et de la charité humaines, conformément auchristianisme social.
Le Code eut des répercussions importantes sur la politique économique menée par les gouvernements démocrates-chrétiens, surtout lors des deux décennies après la guerre : intégration auMarché commun européen ; politique de logement volontariste (laLoi Fanfani) ; financement de l'investissement dans leSud (laCaisse du Mezzogiorno) ; réforme agraire ; création d'entreprises publiques (comme l'ENI).
Lors des premières années du parti, menée par De Gasperi, la Démocratie chrétienne fut fortementatlantiste[17], adhérant à l'OTAN dès sa création malgré l'opposition d'une frange religieuse du parti opposée à la signature de traités militaires, guidée parGiuseppe Dossetti. De Gasperi fut également un des promoteurs de la construction européenne, ce qui lui valuta posteriori le titre honorifique dePère de l'Europe.
Par la suite,Amintore Fanfani,ministre des Affaires érangères à trois reprises, poursuivit la politique atlantiste, europhile et anticolonialiste de son prédécesseur, mais avec une autonomie majeure vis-à-vis desÉtats-Unis en cas d'intérêts divergents. On parla alors de néo-atlantisme[18] : l'Italie devait développer un dialogue avec leTiers monde et leMoyen-Orient en plus d'appuyer les États-Unis face aubloc de l'Est, avec des accords politiques, économiques et culturels. La signature d'accords sur le pétrole avec l'Iran sur l'initiative du président de l'ENI,Enrico Mattei, en fut une manifestation. Cependant, les divisions que générèrent cette politique au sein même du parti, l'absence de fonds suffisants et une certaine surestimation de la position internationale de l'Italie rendirent difficile une mise en application efficace du néo-atlantisme de Fanfani[19].
La Démocratie chrétienne fut une partisane durégionalisme, selon leprincipe de subsidiarité évoqué par le papePie XI dans l'encycliqueQuadragesimo anno. De Gasperi, avant même la fin de la guerre, affirma à plusieurs reprises sa volonté de fonder un État italien formé de régions et donnant une large place aux entités locales.
Lors du Congrès national deRome d'avril 1946,Guido Gonella précisa sa pensée en déclarant que le centralisme avait été l'arme du despotisme et la cause de l'hostilité d'une partie de l'opinion envers l'État[20]. Il déclara que pour le dépasser, une décentralisation administrative ne suffisait pas, mais qu'il fallait construire un État institutionnellement décentralisé, en donnant le maximum d'autonomie aux communes et aux régions, en accord avec la tradition historique de l'Italie. Le régionalisme aurait ainsi permis d'augmenter la participation de la population aux affaires publiques, de mettre fin aux tendances séparatistes et de neutraliser tout danger totalitaire.
Ayant pour but de rassembler les catholiques et les chrétiens en général dans un seulparti politique afin de lutter contre lecommunisme et de promouvoir les valeurs duchristianisme social, la Démocratie chrétienne fut parcourue de nombreux courants tout au long de son existence, allant du centre-gauche à la droite[21]. Ils influencèrent énormément les orientations du parti et furent à l'origine de la dispersion de ses membres après1994.
Les « dossettiani », aussi appelésChroniques sociales : Courant social fondé par la revue homonyme et qui dura de l'été1946 à l'été1951, lorsqu'il fusionna avecInitiative démocratique. Le meneur de la tendance étaitGiuseppe Dossetti, qui laissa plus tard la vie politique pour se faire moine. Elle rassemblait beaucoup de membres de l'Assemblée constituante, commeAmintore Fanfani etGiorgio La Pira, et des intellectuels catholiques, commeGiuseppe Lazzati etAchille Ardigò. Les membres du courant étaient aussi appelés lesprofessorini, car beaucoup de ses militants étaient des universitaires, surtout à l'université Catholique de Milan.
Les « vespisti », aussi appelésVespa: Tendance formée par d'anciens membres modérés du PPI. Son meneur étaitCarmine De Martino, et elle avait comme membres des proches des grands propriétaires agraires duSud et de laConfindustria, commeStefano Jacini. Leur nom était dû au lieu de fondation du courant, leVespa Club deRome.
Initiative démocratique : Ce fut le premier courant réellement structuré du parti, fondé le par la revue homonyme après l'adieu à la politique deDossetti. Elle regroupa non seulement d'anciensdossettiani commeFanfani,Moro etRumor, mais aussi desdegasperiani commeTaviani etScalfaro. La tendance constitua l'instrument de l'affirmation d'une nouvelle génération de démocrates-chrétiens après le retrait de De Gasperi. Son meneur, Amintore Fanfani, fut élu secrétaire général au Congrès national de1954, soutenu par le chef historique de la Démocratie chrétienne.
La Base : Courant de gauche au sein du parti, fondé en1952 par d'anciensdossettiani ayant quittéInitiative démocratique. Beaucoup de ses membres étaient liés au monde des affaires, commeEzio Vanoni,Giorgio Bo etGiovanni Marcora. La tendance fut soutenue parEnrico Mattei, président de l'ENI, et ensuite par son successeurEugenio Cefis.La Base comprenait également des partisans de la gauche florentine deNicola Pistelli et de la gauche vénitienne deVladimiro Dorigo.
Centrisme populaire (également connu sous le nom deForces libres en1969) : Autre courant émanant de la droite du parti, il se revendiquait comme héritier desdegasperiani. Le meneur de la tendance futMario Scelba, avec comme membres notammentFranco Restivo,Oscar Luigi Scalfaro etGiovanni Elkan.
Les « pontieri », aussi appelés « ponte » ou « tavianei » : Courant qui se détacha desdorotei en1967. La tendance était menée parPaolo Emilio Taviani, et comptait également comme membresRemo Gaspari etAdolfo Sarti. Ses membres retournèrent avec lesdorotei à l'occasion du Congrès national de1973.
Implication démocratique: Autre courant desdorotei qui s'unit avec la branche du parti dirigée parGiulio Andreotti. En faisaient également partieEmilio Colombo,Franco Evangelisti et Salvo Lima. Elle fusionna avecInitiative populaire dans lesannées 1970.
Area Zac: Groupe de différents courants de gauche, né dans la seconde moitié desannées 1970. Il était dirigé parBenigno Zaccagnini et compta parmi ses membres lesmorotei,La Base et les adhérents deForces nouvelles proches deGuido Bodrato.
Préambule: Groupe de courants modérés né lors du Congrès national de1980. Il était guidé parFlaminio Piccoli et compta parmi ses membres lesdorotei proches de lui et d'Antonio Bisaglia, lesNouvelles chroniques dirigées parFanfani et les adhérents deForces nouvelles proches deDonat-Cattin.
La Démocratie chrétienne, durant ses 52 ans d'existence, fut l'un despartis politiques les plus puissants enEurope et dans le monde. En effet, elle remporta toutes les élections nationales auxquels elle participa à l'exception desEuropéennes 1984, sans parvenir néanmoins à obtenir jamais la majorité absolue (performance quasi impossible à réaliser avec unsystème proportionnel). De plus, elle fit systématiquement partie de la majorité parlementaire et représenta le point de référence de toute la vie politique italienne : elle participa en effet à tous les gouvernements républicains jusqu'en1994, et en dirigea 43 sur 49.
La DC atteint son plus haut niveau en1948, lorsque, portée par la peur du communisme, elle obtint 48 % des voix. Par la suite, les scores du parti restèrent stables jusqu'en1979, ne descendant jamais en dessous de 38 % aux élections générales. Ils connurent ensuite une chute lors desannées 1980, en raison de l'usure du pouvoir, des affaires judiciaires qui éclaboussèrent les partis politiques et les hautes sphères de la société italienne, de l'émergence de laLigue du Nord, ou encore de l'écroulement du bloc de l'Est qui mit fin à la peur du communisme et donc au vote préventif démocrate-chrétien[22]. En1992, lors des dernières élections avant sa dissolution, la Démocratie chrétienne chuta pour la première fois en dessous de la barre des 30 %.
Agostino Giovagnoli,Il partito italiano: la Democrazia Cristiana dal 1942 al 1994, Bari, Laterza, 1996
Giovanni Sale,De Gasperi gli USA e il Vaticano - All'inizio della guerra fredda, Milan, Jaca Book, 2005
Gabriella Fanello Marcucci,Il primo governo De Gasperi - (dicembre 1945-giugno 1946) - Sei mesi decisivi per la democrazia in Italia, Soveria Manelli, Rubbettino, 2005