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Décosaquisation

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Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie, parIlia Répine.

La « décosaquisation » (russe :расказачивание (raskazachivaniye)) est un terme utilisé pour décrire la politiquebolchevique d'élimination systématique desCosaques du Don et duKouban en tant que groupe social et ethnique. Certains historiens estiment que les mesures répressives imposées par les Soviétiques durant la « décosaquisation » sont de naturegénocidaire[1],[2]. Les premières mesures dedéportation des Cosaques ont été prises dès 1919, à l'initiative deLénine[3].

Histoire

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LesCosaques ont été un groupe militaire vivant dans le Sud de laRussie pré-révolutionnaire, duXIIIe siècle jusqu'au début duXXe siècle. Leur origine remonte aux groupes de résistance armée qui se sont constitués spontanément pour lutter contre les marchands d'esclaves tataro-mongols, vénitiens, génois oukhazars qui ravageaient le pays. Éleveurs et fermiers exemptés de taxes mais devant garder les frontières russes ou polonaises avec lesTatars et l'Empire ottoman, ils vivaient dans lasteppe pontique, en partie nomades comme leurs adversaires musulmans, entre autres dans les régions duDon et leKouban, ainsi que dans lasteppe eurasiatique, enSibérie méridionale etAsie centrale, autour d'Orenbourg et de laTransbaïkalie. Leur nom avait la même étymologie que celui desKazakhs et signifie « hommes libres ». En tant que groupe social, ils étaient des guerriers-paysans, régis par des assemblées démocratiques élisant leurs chefs (atamans) et les destituant si nécessaire. En raison de leur tradition militaire et malgré leur « indiscipline notoire » — ils n'obéissaient qu'à leurs chefs élus —, les cosaques ont joué un rôle important dans les guerres de la Russie, se rangeant indifféremment du côté qui leur plaisait, qu'il soit russe, polonais ou suédois. Ils ont notamment pris part à la défense de Vienne contre les armées musulmanes. À partir dePierre le Grand, le régime impérial russe a progressivement intégré les unités de cosaques dans l'armée régulière et la garde impériale, et les régiments cosaques ont souvent joué un rôle décisif, notamment àBorodino (charge de l'ataman Platov), pendant laguerre de Crimée et laguerre russo-turque de 1877-1878. Les régiments cosaques étaient aussi chargés du maintien de l'ordre et de la répression des émeutes.

Pendant laRévolution russe et laguerre civile russe, les cosaques servirent à la fois dans les armées « rouges » et « blanches ». Côté « rouge », les unités cosaques sous le commandement de P. V. Bakhtourov, M. F. Blinov,S. M. Boudienny, B. M. Doumenko, N. D. Kachirine ou F. K. Mironov prirent le parti desBolcheviks (soit un cinquième de tous les cosaques) ; en revanche, l'élite cosaque (comme les régiments commandés par les atamansMamontov,Chkouro ouOulagaï) prit le plus souvent le parti desblancs, d'autant que les projets decollectivisation allaient la priver de l'exercice de leurs droits démocratiques. D'autres unités restèrent neutres, se montrèrent hésitantes, changèrent de camp au gré des événements, rejoignirent lesforces anarchistes ou encore soutinrent lesforces indépendantistes ukrainiennes[4].

Le concept de « décosaquisation » a été déjà discuté à l'époque impériale, mais il ne concernait que la suppression de la catégorie sociale de la cosaquerie et son organisation démocratique et non la suppression physique d'une population entière. Il avait été longtemps question de retirer aux cosaques leur entité juridique particulière, d'autant que les privilèges dont jouissaient les Cosaques (auto-administration, justice interne, possibilité d'accueillir dans leurs rangs toute personne qui en était jugée digne, même criminelle aux yeux du pouvoir impérial) pouvaient sembler dangereux pour l'autocratie. Certains Cosaques ont soutenu ces plans qui auraient allégé la contribution militaire que les Cosaques devaient au pouvoir impérial (la durée à vie du service militaire ou la nécessité de fournir son propre équipement). Mais c'est le pouvoirsoviétique qui, confronté au danger que représentait le style de vie libre et indépendant de la cosaquerie, finit par mettre en œuvre la « décosaquisation », donnant des instructions pour éliminer physiquement la totalité de la population cosaque. Des unités de « cosaques rouges » (qui n'avaient plus de cosaques que le nom, mais non le statut) ont perduré dans l'Armée rouge à des fins surtout depropagande, au même titre que les « chœurs de l'Armée rouge »[5]. Selon l'historienPeter Holquist, la « décosaquisation » fait partie de la politique du régime soviétique visant à « éliminer radicalement les groupes sociaux indésirables »[6], sans pour autant constituer un génocide puisque la cosaquerie a disparu, mais non les cosaques eux-mêmes, qui ont intégré l'Armée rouge régulière, ou bien ont étédéportés ou fusillés comme ennemis ou insoumis politiques, mais non en tant que cosaques.

Le texte portant décision d'exterminer les Cosaques retrouvé dans les archives russes ne laisse plus aucun doute sur la volonté de supprimer les Cosaques en tant que groupe social.

« Directive sur la destruction des Cosaques

Lettre circulaire du Bureau d'organisation du Comité central du Parti Communiste

Sur l'attitude envers les Cosaques

24 janvier 1919

Circulaire. Secret.

Les événements récents sur les divers fronts dans les régions cosaques — notre progression plus profonde dans les colonies cosaques et la décomposition régnant parmi les troupes cosaques — nous obligent à instruire les travailleurs du parti sur la nature de leur travail dans la reconstruction et le renforcement du pouvoir soviétique dans ces régions. Il est nécessaire, compte tenu de l'expérience de la guerre civile avec les Cosaques, de reconnaître comme seule attitude légitime le combat le plus impitoyable contre la totalité des Cosaques pour procéder à leur extermination complète. Aucun compromis, aucune demi-mesure n'est acceptable. Il faut donc :

1. Mener une terreur de masse contre les riches Cosaques, en les détruisant tous sans exception ; mener une terreur de masse impitoyable contre tous les Cosaques qui ont pris part directement ou indirectement à la lutte contre le pouvoir soviétique. Concernant la classe cosaque, il est impératif de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir l’impossibilité de nouvelles tentatives d’action de sa part contre le régime soviétique.

2. Confisquer le pain et forcer à remettre (aux forces soviétiques) tous les surplus concernés dans les paragraphes indiqués, ceci s'applique à la fois au pain et à tous les autres produits agricoles.

3. Prendre toutes les mesures pour aider les nouveaux arrivants « non-résidents » pauvres, en organisant la réinstallation le plus efficacement possible.

4. Accorder aux nouveaux arrivants « non-résidents » l’égalité avec les Cosaques pour l’attribution de la terre et à tous autres égards.

5. Procéder à un désarmement complet et fusiller toutes les personnes qui se trouveront en possession d’armes après la date limite.

6. Ne distribuer des armes, parmi les « non-résidents », qu'aux éléments fiables.

7. Les unités armées doivent être stationnées dans les villages cosaques jusqu'à l'établissement d'un ordre complet.

8. Tous les commissaires nommés dans toutes les implantations cosaques sont invités à faire preuve d'une fermeté maximale et à suivre ces instructions avec constance.

Le Comité central décide de mettre en œuvre, par le biais des institutions soviétiques compétentes, l'obligation du Commissariat du Peuple au Développement d'élaborer en toute urgence des mesures réelles de réinstallation massive de « non-résidents » pauvres sur les terres cosaques.

Comité central du Parti Communiste »

— Centre russe pour le stockage et l'étude des documents d'histoire récente (RCHIDNI). F.17. Op.4. E.7. L.5; F.17. Op.65. D.35. L.216. Copie dactylographiée

Lorsque l'Allemagne nazie envahit l'URSS, de nombreuses unités de l'Armée rouge, exaspérées par lespurges staliniennes et ignorant la véritable nature du régimenazi et leur statut de « sous-hommes » (en tant queSlaves) aux yeux duTroisième Reich, se rendirent volontairement aux Allemands, demandant même à combattre contreStaline et son régime. Dans ce contexte,quelques unités de cosaques furent reconstituées enUkraine où elles combattirent aux côtés de laWehrmacht sous le commandement suprême du colonel allemandHelmuth von Pannwitz[7]. Leurs rescapés, capturés par lesAlliés etlivrés à l'URSS (à l'exception de quelques dizaines de familles réfugiées auLiechtenstein et de 300 mutinés fusillés par les Britanniques àLienz enAutriche) finirent leur existence auGoulag : c'est la troisième et dernière « décosaquisation »[8].

Dans laRussie moderne, d'anciens militaires de l'Armée rouge ont reconstitué quelques écoles et unités appelées « de cosaques », dont ils entretiennent la mémoire.

Le 24 janvier, jour de la prise du décret portant extermination de la Cosaquerie est maintenant largement célébré en Russie comme Jour du Souvenir des cosaques et de leur extermination.

Notes et références

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  1. Heller, Mikhail; Nekrich, Aleksandr. Utopia in Power: The History of the Soviet Union from 1917 to the Presen
  2. "Soviet order to exterminate Cossacks is unearthed". Archived December 10, 2009, at the Wayback Machine University of York Communications Office, 21 January 2003
  3. Nicolas Werth,« Lénine (1870-1924) »,Encyclopædia Universalis (lire en ligne) Consulté le 9 février 2013.
  4. Michel Heller (trad. du russe par Anne Coldefy-Faucard),Histoire de la Russie et de son empire, Flammarion, coll. « Champs Histoire » 2009, 985 p.(ISBN 2081235331).
  5. Michel Heller,La Machine et les rouages, Paris, 1985 et70 Ans qui ébranlèrent le monde, Paris, 1987.
  6. Sergueï Melgounov,La Terreur rouge en Russie, 1918-1924, éd. des Syrtes 2004(ISBN 2-84545-100-8).
  7. Josef Charita François de Lannoy,Les Cosaques De Pannwitz, 1942-1945, éd. Heimdal, Bayeux 2000, 288 p.(ISBN 978-2-8404-8131-7).
  8. Alexandre Soljenitsyne,L'Archipel du Goulag tome 4, Fayard 1991 et[1] consulté le 21 février 2010.

Articles connexes

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Liens externes

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