Après la mort du grand roiBurebista en 44av. J.-C., laDacie est partagée entre quatre ou cinq petits royaumes. Cette situation se poursuit jusqu'à ce qu'un certain Diurpaneus tente de consolider le cœur de la Dacie autour deSarmizégétuse, qui se trouve dans l'actueljudeț de Hunedoara enRoumanie. Il réorganise l'armée dace, et en 85, les Daces commencent à attaquer laprovince romaine fortifiée deMésie, au sud duDanube.
En 87, Diurpaneus parvient à réunir les différentes parties de laDacie en faisant alliance avec Parorus, prince desParthes, ainsi qu'avec lesSarmates et lesChattes[1].
En 88,Lucius Tettius Iulianus commande une autre armée romaine dans une campagne contre les Daces, mais il est repoussé, et comme les révoltes desGermains sur leRhin nécessitent une intervention militaire dans l'ouest de l'Empire, les Romains choisissent d'acheter la paix sur le Danube en payant de fortes sommes sous forme detribut aux Daces.
Cette situation humiliante pour les Romains dure jusqu'à l'accession deTrajan au trône de l'Empire romain en 98. La paix restaurée sur le Rhin, Trajan engage une série de campagnes militaires, qui étendront l'Empire romain jusqu'à ses limites maximales.
En l'an 100,Trajan lève une armée qui passe l'hiver enMésie et il franchit leDanube au printemps de l'an 101. Selon les chroniques moldaves, plus tardives et dont on ne connaît pas les sources,Trajan ne passe pas tout de suite le Danube et c'est Décébale qui vient à sa rencontre enMésie[1]. Décébale est battu lors d'une nouvellebataille de Tapae, mais conserve son trône en changeant de statut : il devient roi« client » et sous protectorat romain. Pourtant, trois ans plus tard, Décébale brise le traité et attaque les garnisons romaines en Dacie, forçant les Romains à envoyer de nouveaux renforts.
Après le longsiège(en) deSarmizegetusa en 106, et de multiples combats, les Romains conquièrent finalement la Dacie. SelonDion Cassius (68, 14, 3), Décébale, son armée battue, se suicide pour ne pas finir esclave ou, comme Vercingétorix à Rome, dans un cachot. Il est possible, selonNicolae Iorga, qu'il y ait été forcé par ses propres vice-rois (les chefs des diverses tribus), pour les avoir menés à la défaite et dans le contexte d'une reddition et de négociations en cours, d'autant que la monarchie n'était pas unitaire chez les Daces et que Diurpaneus/Décébale, comme son prédécesseurBurebista, ne les avait coalisés qu'à grand-peine et souvent en leur forçant la main.
L'intérêt des Daces pour la Mésie (qui avait appartenu, avant la conquête romaine, au royaume de Burebista), consistait surtout à s'emparer des arsenaux et des bateaux romains ; celui des Romains pour la Dacie s'explique surtout par les mines desel et la présence de riches filons d'or dans lesmontagnes d'Alburnus maior et d'Ampelum.
Lors de la seconde campagne de Trajan, c'est l'architecteApollodore de Damas qui dirigea auxPortes de Fer la construction d'unpont sur leDanube, pour permettre aux légions de traverser le fleuve à pied sec. Trois monuments commémorant la conquête de la Dacie par les Romains existent encore :
En outre, on voit sur l'arc de Constantin, à Rome, des statues deTarabostes (aristocrates daces) prisonniers, probablement prélevées sur leforum de Trajan.
↑a etbMihail Kogălniceanu,Histoire de la Valachie, de la Moldavie et des Valaques transdanubiens, 1837.
↑« Décébale » signifie « aussi fort que dix (hommes) » (cf.sanskritdaśabala);Décé- dérive duproto-indo-européen*dekm- (« dix ») et-bale de PIE*bel-, « fort ». Cf.proto-albanais*dek(a)t-, de PIE*dekm- (Demiraj, 1999).