La côte nord-est (au vent) est rocheuse et battue par la houle et le vent alors que la côte sud-ouest (sous le vent) en est abritée et accueille les villes, les plages et la majorité desrécifs coralliens. La végétation de l'île est composée d'unesavane semi-aride parsemée de cactus, d'arbustes épineux. L'île est trop au sud pour être soumise au passage descyclones tropicaux. Le point le plus haut de l'île, leChristoffelberg (du nom deChristophe Colomb), culmine à 375 mètres et se situe dans le Curaçao Christoffelpark, une réserve de faune et de flore.
L'île de Curaçao, au début de son histoire, fait partie des principaux repaires de pirates. Elle abrite notamment desboucaniers au moment où lapiraterie fut la plus active[réf. nécessaire]. Espagnole jusqu'en 1634, elle sert de base navale aux Hollandais car on peut y charger du sel pour conserver le poisson et approvisionner les expéditions militaires.
Le trafic illégal d'esclaves vers l'Empire espagnol, généré par la disparition de l'« Asiento » portugais en 1640 puis laguerre néerlando-portugaise en Angola (1641-1648), finit par utiliser Curaçao comme point de ralliement, vers la fin des années 1650, en raison de sa proximité avec le Venezuela, le poisson salé servant cette fois à nourrir le nombre croissant d'esclaves en transit. À partir de 1662 ce trafic devient légal, avec la couverture de marchands génois installés de longue date en Espagne et la participation des îles anglaises de laBarbade et de laJamaïque.
Les premiers habitants de Curaçao sont les AmérindiensArawaks qui arrivent duVenezuela.
En1499, l'île est explorée parAlonso de Ojeda qui prend possession de l'île au nom de l'Espagne et décime les Arawaks. Il appelle l'îleIsla de los Gigantes. Au début duXVIe siècle, après avoir dépeuplé l'île par de fréquents raids pour fournirHispaniola en esclaves, lesEspagnols veillent à ce qu'elle soit repeuplée d'Amérindiens. Curaçao est rattachée administrativement au gouverneur du Venezuela (Coro), excepté lors de la concession Welser.
La perte définitive des salines de la Punta de Araya, un lagon nouvellement fortifié par les Espagnols à un jet de pierre de la côte vénézuélienne, et celle deSaint-Martin, a fait que les directeurs de la WIC se souciaient de procurer une nouvellesaline pour l'industrie halieutique néerlandaise.
Sur les conseils deJan Janszoon Otzen qui avait été fait prisonnier àTortuga (Venezuela) quelques années auparavant puis transféré à Curaçao afin de lui faire couper du bois avant de le ramener en Europe, la compagnie décida de conquérir l'île.
Otzen avait brossé un portrait idyllique de la géographie de Curaçao. En1634, la compagnie affrète une escadre de six vaisseaux sous le commandement de Joannes van Walbeeck et Pierre le Grand.
Un gouverneur et 38colons européens s'installent sur l'île, où vivent quelque 400 Amérindiens. Les Néerlandais s'aperçurent que les marais salants décrits par Otzen étaient impropres à l'exploitation[réf. nécessaire].
En1635, malgré la formation à Madrid parOlivares d'un conseil spécial pour la reconquête de Curaçao, les Espagnols attendirent l'année suivante. Le faible détachement naval chargé de cette mission ne put même pas s'y rendre[réf. nécessaire].
À partir de 1636, les Néerlandais importent des esclaves auBrésil mais sans investir trop car leur situation militaire est précaire, avec un soulèvement portugais[réf. nécessaire].
À Curaçao, dans la seconde partie desannées 1650, le gouverneur néerlandais Matthias Beck signale une demande des Espagnols en Espagne, mais l'île n'en accueille aucun avant 1658[4].
Curaçao devient la plaque tournante des corsaires néerlandais et des marchands. Leurs navires servent à latraite négrière à l'époque, encore modeste, des colonies françaises, anglaises desÎles du Vent, ainsi que de celles de la terre ferme espagnole[5].
En1678, une expédition française commandée par l'amiral-comteJean II d'Estrées doit s'emparer de l'île. Après avoir reprisTobago àJacob Binckes, l'expédition s'échoue cependant en route sur les coraux de l'archipel de Las Aves. Curaçao échappe ainsi à la tentative de conquête française[6].
En 1652, laCompagnie néerlandaise des Indes occidentales passe contrat avecDavid Cohen Nassi (1612-1685), autorisant les Juifs à cultiver la terre à Curaçao, mais leur refusant la liberté religieuse pleine et entière ainsi que l'autorisation de se livrer au commerce[4]. Nassi,alias Joseph Nunes Da Fonseca et Christovao de Tavora, était unconverso (converti, nouveau-chrétien) ayant vécu enNouvelle-Hollande avant de devenir un colonisateur chevronné[7].
En 1654, laNouvelle-Hollande (Brésil) redevient portugaise, les Pays-Bas capitulant après une quinzaine d'années de guerre auBrésil. Certains de leurs ressortissants s'installent dans les Caraïbes. Ils fondent en 1655 la petite colonie duPomeroon, sur les rives dufleuve du même nom[réf. nécessaire]. La large concentration de négociants et d'armateurs juifs à Curaçao fait de l'île l'épicentre de l'histoire des Juifs aux Caraïbes[réf. nécessaire].
Au Brésil, les planteurs du Maragnon se soulevèrent contre les Néerlandais dès 1642, et tous les Brésiliens en font autant en 1645, puis Fernandès Vieira gagna deux batailles importantes[8].
Entre 1636 et cette révolte portugaise, les esclaves revendus par des bateaux néerlandais sur le marché brésilien étaient tous vendus à crédit, mais à partir de 1644 et 1645 la proportion d'esclaves vendus passe à respectivement 78 % et 100 %, reflet de l’appréhension des Portugais, lesquels sentent que le Brésil risque de leur échapper[9] très prochainement[10].
L'île de Curaçao sert aussi de refuge aux Juifs après leur expulsion de laMartinique et de laGuadeloupe en 1685, en particulier àBenjamin da Costa d'Andrade, qui avait acquis des Amérindiens[11] la technique de préparation du breuvage ducacao dès 1664[12]. À partir de 1693, la colonie devient le centre mondial du commerce du cacao.
Au début duXVIIIe siècle, une immigration en provenance desPays-Bas, d'autres pays d'Europe et d'Asie fait grossir la population de l'île, jusque là base navale militaire desannées 1630, investie dans les années 1660 par le trafic illégal, à 2 000 personnes. De nombreuses famillesjuives s'installent à Curaçao et construisent en1732 lasynagogue Mikve Israël-Emanuel qui est aujourd'hui la plus vieille synagogue encore vouée au culte enAmérique.
C'est le commerce du cacao et du textile qui a permis cette croissance de l'île ainsi qu'une étape importante dans l'Histoire de la culture du cacao. Pour le cacao, les Néerlandais utilisent une enclave sur la côte duVenezuela,Tucacas, comptoir où cohabitent des juifs et chrétiens de Curaçao, pour obtenir des quantités considérables decacao et detabac[13]. Ils exportent ces denrées versAmsterdam et participent aussi au commerce entre Curaçao et d'autres parties du Nouveau Monde, en important desPays-Bas des toiles delin d'Allemagne, du vin deMadère et deBordeaux, de lacannelle et dupoivre desIndes orientales[14]. Les sépharades utilisèrent leur connaissance de l'espagnol et du portugais pour commercer — légalement et illégalement — avec les colonies espagnoles voisines[réf. nécessaire].
L'essor débute en1688, quand le trésor anglais autorisePieter Henriques, deLondres, à importer 200 tonnes de cacao deTucacas, lieu situé à l'embouchure de laRivière Yaracuy[15], à soixante kilomètres à l'ouest deCaracas, qui devient un comptoir en 1693, juste en face de l'île de Curaçao puis la principale filière d'approvisionnement en cacao acheté aux Amérindiens.
En1828, Curaçao est réuni avec les autres îles appartenant aux Pays-Bas sous la dénomination d'Indes occidentales néerlandaises, dirigées par le gouverneur général de laGuyane néerlandaise. En 1848, l'ensemble prend le nom de Curaçao.
En1863, l'abolition de l'esclavage aux États-Unis ruine l'économie de l'île en provoquant un exode vers les autres îles desAntilles.
Le, lesAntilles néerlandaises deviennent un État autonome du royaume des Pays-Bas avec Curaçao comme principale île. En 1969, desémeutes secouent l'ile. En1986,Aruba se sépare des Antilles néerlandaises pour former un territoire à part entière.
Vue de Willemstad, capitale de l'île.
Endécembre 2006 àLa Haye, le gouvernement des Antilles néerlandaises signe avec le gouvernement néerlandais, sur une base non consultative, un accord intitulédéclaration finale qui prévoit la dissolution des institutions politiques communes pour le. Celle-ci est finalement effective le, date à laquelle Curaçao devient un nouveau territoire autonome au sein du Royaume.
En tant que « pays autonome », Curaçao dispose de sa propreConstitution, d'un gouvernement, d'unPremier ministre et d'unParlement local. Le royaume des Pays-Bas y exerce sa représentation par le biais d'ungouverneur. Les fonctions régaliennes du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Défense sont exercées au niveau du Royaume. Sesrelations avec l'Union européenne relèvent du statut despays et territoires d'outre-mer. Elle dispose d'une cour de justice commune à l'ensemble des îles des Antilles néerlandaises, y compris donc les anciennes îles ayant choisi le statut de territorialité locale de l'État desPays-Bas :Bonaire,Saint-Eustache etSaba[18].
La population de Curaçao — 150 000 personnes actuellement — provient de multiples origines (Indiens d'Amérique, Africains, Néerlandais, Espagnols, Portugais, Libanais, Cap-Verdiens), ce qui donne une grande diversité ethnique et culturelle. En témoigne lepapiamento,créole basé sur une multitude de langues et qui est la base de la communication sur l'île.
Curaçao est fortement influencé par lesPays-Bas à cause des siècles decolonisation. L'héritage néerlandais est encore très présent dans l'architecture coloniale et post-coloniale, le système judiciaire, l'éducation, les mouvements de population (de nombreux étudiants partent chaque année étudier aux Pays-Bas, 4 % des Curaciens sont nés aux Pays-Bas, 100 000 habitants de Curaçao vivent désormais aux Pays-Bas et 40 % des touristes viennent d'Europe).
La majorité de la population est d'origine africaine, descendant des esclaves noirs affranchis en1863. Leur héritage est présent dans les influences africaines du papiamento, le genre musical appelétambú(en), la cuisine ou les religions.
La communauté juive n'a jamais connu de lois discriminantes sur l'île et elle s'est très tôt implantée dans le secteur économique, politique et culturel. Durant leXXe siècle, de nombreux juifsashkénazes sont venus sur Curaçao, attirés par la liberté dont ils pouvaient jouir.[réf. nécessaire]
Les multiples influences de différentes cultures permettent un important foisonnement d'art créole,contemporain,surréaliste, etc., sous forme notamment depeintures, desculptures, debijoux, qui viennent remplir les nombreuses galeries d'art.
letambú(en) : aussi appelé « blues de Curaçao », il fut créé par les premiers esclaves noirs qui, comme ceux desÉtats-Unis, voulaient exprimer leurs frustrations et les difficultés de leur vie ; il se joue avec un tambu (tambour), un kachu (corne de vache), un agan (morceau de fer) et un chapi (houe) ; les femmes peuvent parfois accompagner la musique et donner le rythme en tapant des mains ; la danse s'effectue en couple et alterne séparation des corps et déhanchements ;
leseú : c'est la danse traditionnelle effectuée dans les champs pour célébrer les récoltes et la moisson ; elle se décompose enwapa qui imitent les mouvements effectués lors des différentes étapes de la culture d'un champ ; aujourd'hui c'est la danse favorite des 2 000 festivaliers qui défilent àWillemstad chaquelundi de Pâques ;
le tumba : c'est une des formes musicales les plus importantes à Curaçao, forme demerengue ayant subi des influences du jazz ; c'est la musique la plus jouée lors du défilé ducarnaval ;
les chants des travailleurs : ils étaient chantés lors des travaux des esclaves ; il en existe plus de 1 500 ;
À l'image de ses habitants, la cuisine de Curaçao est très métissée. Outre la cuisine diteinternationale, toujours relevée d'une note locale, les plats sont basés sur la viande de porc, de poulet, la banane, les haricots.
Les plats typiques sont :
le yuana : viande d'iguane, également déclinée en soupe (Sopi Yuana) ;
le kabritu : viande de chèvre ;
le keshi yená : fromage fourré au poulet épicé ;
des bonbons et sucreries : sunchi (meringue), panseiku (praline), kokada (noix de coco râpée).
Par ailleurs, l'alcool bleucuraçao, uneliqueur d'orange, est utilisé dans de nombreux cocktails.
Le nompapiamento dériverait du portugaispapear qui signifie parler, discuter. Il serait né auXVIIe siècle entre les esclaves africains et leurs maîtres portugais qui tentaient de communiquer.[réf. nécessaire]
Le premier document écrit en papiamento date de1775. Il s'agit d'une lettre entre deux membres de la communauté juive. La reconnaissance officielle de la langue s'est faite en1802 lorsqu'elle fut mentionnée dans un rapport du gouverneur.
Curaçao est principement connu pour être devenu en 2025 le plus petit pays à se qualifier pour uneCoupe du Monde de Football[22]. Sonéquipe, créé en 2010 en remplacement desAntilles néerlandaises, est constituée d'une grande diaspora néerlandaise.
Drapeau : le fond bleu symbolise le ciel et la mer. La bande jaune représente le soleil. Les deux étoiles représentent Curaçao et Klein Curaçao, leurs cinq branches faisant référence aux cinq continents dont sont originaires les habitants de Curaçao.
Blasonnement : parti, au premier d'argent à un vaisseau au naturel portant un pavillon des Pays-Bas voguant sur une mer d'azur, au second d'argent au bigaradier terrassé de sinople fruité au naturel, sur le tout de gueules au pal de sable chargé de trois flanquis d'argent (qui est d'Amsterdam).
Le vaisseau rappelle les armes de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, qui fonda une colonie sur l'île. Lebigaradier (plus exactementlaraha) porte les sortes d'oranges amères à l'origine du curaçao. L'écusson aux armes d'Amsterdam rappelle que la colonie appartint à cette ville.
Le, les colonies néerlandaises desAntilles acquièrent le statut de territoire desPays-Bas et sont rebaptiséesAntilles néerlandaises dont elles utilisent les timbres depuis (sauf Aruba qui émet ses propres timbres depuis1986).
L'île compte uneraffinerie de pétrole (dans le port cargo), nomméeIsla, qui est exploitée par la société pétrolière publique vénézuéliennePDVSA, ainsi que la cimenterieCaricement Antilles, propriété du groupe suisseHolcim. Lepont de la reine Juliana, qui passe au-dessus de l'embouchure du port (on accède au port de conteneurs par l'entrée maritime de Willemstad), est l'un des plus hauts des Pays-Bas.
Curaçao dispose d'unebanque centrale commune avecSaint-Martin. Cette banque centrale est responsable de l'émission de la monnaie et de la surveillance des réserves monétaires. La monnaie de 2014, le florin des Antilles néerlandaises (NAf), est appelé à être remplacé par le florin caribéen (CMg). Tous deux sont à parité fixe avec ledollar américain, avec un taux de change de 1 US$ = 1.79 CMg = 1.79 NAf[27].
De nombreux musées variés se trouvent sur l'île : maisons coloniales, culture africaine, plantations, musée maritime, culture juive, archéologie ou numismatique.
Lemusée du Fort Rif àWillemstad, ancien fort permettant de protéger l'entrée du port, est aujourd'hui reconverti en centre commercial.
Lemusée Kura Hulanda àWillemstad, propose des collections sur l'origine de l'Homme, la traite négrière africaine, les empires d'Afrique de l'Ouest, l'or précolombien, les reliques mésopotamiennes et l'art antillais.
Lemusée de la numismatique àWillemstad, dont les collections illustrent l'évolution de la monnaie antillaise, passant des accords de troc à l'échange par des pièces de monnaie de différents pays et, enfin, à l'émission de monnaie nationale pour lesAntilles néerlandaises.
Lemusée Octogone àWillemstad qui retrace le passage du « Libertador » vénézuélien, le célèbreSimón Bolívar, à Curaçao avant de rassembler les forces qui ont mis fin au régime colonial espagnol enAmérique du Sud.
Lemusée Savonet de Curaçao, établi dans une ancienne maison de plantation, appeléelandhuis, ayant appartenu à la plantation de Savonet, offre un aperçu de la vie des anciens habitants de la région, riche en informations et points de vue privilégiés depuis les premiers amérindiensArawaks qui sont venus sur l'île il y a presque 4 000 ans jusqu'à nos jours.
Lemusée Tula de Curaçao, dont les collections soulignent le patrimoine africain de Curaçao et montrent comment les gens vivaient et travaillaient en ces temps.
Le centre historique de la ville a également été reconnu sur la Liste du patrimoine mondial, en 1997, sous le nom « Zone historique de Willemstad, centre-ville et port, Curaçao » en vertu des critères (ii), (iv) et (v) de l'UNESCO[28]. L’architecture du quartier, associe les styles des villes coloniales hollandaises, espagnoles et portugaises.