Laculture duNord-Pas-de-Calais est une composante de laculture française où se mêlent de multiples influences. La région fut de tout temps un carrefour de l'Europe, et a connu un grand brassage de population tant par les différentes guerres qu'elle a subies que par l'immigration qu'elle a suscitée.
Dès leVIe siècle, la région était le produit de diverses cultures : celtique par les différents peuples gaulois qui s'y étaient installés à l'époque du Tène, romaine depuis laguerre des Gaules deJules César, et germanique par lesFrancs[1].
La Flandre et le Hainaut firent ensuite partie desPays-Bas espagnols pendant plusieurs siècles, avant le rattachement à la France auXVIIe siècle. De cette époque date la tradition festive desgéants du Nord, des kermesses, ducasses et carnavals.
AuXIXe siècle, la prospérité économique duNord-Pas-de-Calais permet un essor sans précédent des Beaux-Arts[2].
Plus récemment, leNord-Pas-de-Calais a connu de nouveaux métissages culturels avec la forte immigration polonaise dans la période de l'entre-deux guerres puis à partir des années 1960 quand l'industrie régionale fit appel à des travailleurs du Maghreb.

Historiquement, le Nord-Pas-de-Calais est à lafrontière linguistique entrelangues romanes etlangues germaniques, qui, issue des invasions franques, évolua au moins jusqu'auIXe siècle[4].
Larévolution française de 1789 associa pour la première fois l'idée de langue à celle de nation ; le français devient langue nationale et l'importance des langues régionales tend à diminuer[5].
On trouve deuxlangues régionales et un patois parlés dans la région Nord-Pas-de-Calais :
La religion dans le Nord-Pas-de-Calais a le statut commun à lareligion en France, pays laïc depuis 1905. Les renseignements confessionnels ne sont pas recueillis lors des recensements, la collecte de ce genre de données personnelles étant interdite.La mesure des pratiques religieuses effectuée par les sociologues s'appuie donc sur d'autres informations. Des sondages sont fréquemment commandés par divers organismes, mais sont à recevoir avec précaution. Les chiffres fournis par les Églises et organisations elles-mêmes sont également utilisés, non seulement pour le nombre de croyants qu'elles revendiquent, mais surtout pour les éléments indiquant les pratiques : régulières comme l'assistance à la messe ou le jeûne du Ramadan, ou autour des « rites de passage » tels que mariages et enterrements religieux[6].
Ils montrent que dans leNord-Pas-de-Calais, en dépit d'une déchristianisation observée dès leXIXe siècle[7], le catholicisme reste la confession dominante ; l'enseignement privé, majoritairement catholique, scolarise 22,3 % des élèves[8].
La pratique catholique demeurée importante peut surprendre dans une région qui fut un bastion du communisme ; cette cohabitation apaisée s'explique par la forte présence duchristianisme social auXXe siècle, et celle du syndicalisme chrétien[9].
Le protestantisme, quasi disparu après la flambée de la Réforme et la crise iconoclaste, est réapparu auXIXe siècle[10].
Le Nord-Pas-de-Calais regroupe 5 à 7 % des musulmans de France[11], soit 350 000 personnes. Cette implantation date du début des années 1960 avec le rapatriement de harkis après la guerre d'Algérie[12], et a été prolongée par le recrutement de travailleursmaghrébins par leshouillères et les industries sidérurgiques et textiles dans les années 1980.Les musulmans sont en moyenne 5 % dans ledépartement du Nord, comme dans celui du Pas de Calais. La ville deRoubaix est un cas particulier, où près de 40 % de la population est musulmane[13].
Le nombre de personnes se déclarant sans religion s'accroit depuis les dernières décennies.
La culture du Nord accorde une grande importance au travail[14]. Pour l'historien Jean-Pierre Wytteman « l'héritage du Nord, c'est aussi la lutte des hommes contre la fatalité », dans une région qui a connu nombre d'épreuves[15].
Le labeur, et sa dureté parfois, n'ont pas engendré mélancolie ou austérité mais au contraire un goût de la fête et de la convivialité[14].D'après certains historiens, lecarnaval de Dunkerque remonteraient au début duXVIIe siècle quand les armateurs offraient aux marins-pêcheurs, avant de partir pour 6 mois depêche à lamorue enIslande, un repas et une fête (la « Foye »), ainsi que la moitié de leur solde, laissant derrière eux femmes et enfants[16].
Dans le pays minier, les mineurs travaillaient double sans jour de repos pendant les « longues coupes », quinzaine précédant la Sainte Barbe, afin de fêter copieusement leur sainte patronne[17]. Pour les sidérurgistes, c'est la Saint Éloi qui était chômée et fêtée par un banquet[17].
EnFlandre française, enHainaut français, enArtois et dans leBoulonnais, saint Nicolas défile dans les rues début décembre avec le Père Fouettard et lesGéants locaux, distribuant des bonbons aux enfants. Certains de ces défilés réunissent plusieurs milliers de spectateurs chaque année[18].
Dans les années 1500, la fête de Saint-Nicolas àDunkerque est ainsi décrite :
« Le 5 décembre, veille de la fête de la Saint-Nicolas, le patron des enfants, les écoliers nommaient, parmi eux, un évêque. Toute la journée du 6 décembre, l'élu avait le titre et les immunités d'évêque des enfants. En cette qualité, il ordonnait tout ce qui concernait la fête générale des enfants de la ville. Afin d'y contribuer à sa manière, l'échevinage lui faisait délivrer deuxkannes[19] de vin soit : 6 litres. »
En date du, les archives de la Commission historique du Nord nous disent :« Décembre 1519 - Étant le jour de la Saint-Nicolay présenté à l’évêque des écoliers, lequel a donc teint sa fête selon la coutume, deux kannes de vin à viij s. le pot, xxxij s. »
Dans la métropole lilloise, les enfants recevaient encore fréquemment des cadeaux à la Saint-Nicolas (et non pas à Noël) jusque dans les années 1970[20]. Il était de coutume de jeter des œufs et de la farine dans les collèges, les lycées et les universités jusque dans les 1990[20], tradition qui perdure en Belgique.
Les spécialités de lacuisine du Nord-Pas-de-Calais en grande partie héritées duComté de Flandre ; on retrouve également de par sonhistoire l'influence anglaise sur laCôte d'Opale, ou desplats d'origine polonaise dans lebassin minier.
Cette cuisine se caractérise entre autres par le goût des saveurs douces amères comme celles du chicon braisé, de la cuisine à la bière ou de lachicorée à café. Entre terre et mer, ses produits de base sont le hareng, le lapin, le chicon, la pomme de terre et la bière[21]. C'est historiquement unecuisine au beurre, ou ausaindoux, même si de nos jours l'huile est aussi fréquemment utilisée.
Lescombats de coqs font partie des traditions régionales. Il y a dans le Nord et le Pas-de-Calais une vingtaine de gallodromes où s'oganisent 9.000 combats de coqs par an[22].
Le Nord et le Pas-de-Calais recèlent de nombreux monuments témoignant de toutes les périodes deleur histoire. Les plus connus sont probablement lesbeffrois, mais les sites romains tel celui deBavai ou l'architecture de l'ère industrielle sont également notables.Au 31 juillet 2016, leNord compte 788 protections au titre desmonuments historiques[23] et lePas-de-Calais 682[24].
La région connaît auXXIe siècle un renouveau culturel soutenu tant au niveau européen[25] que local, donnant lieu à des initiatives telles queLouvre-Lens, ou à Valenciennesle PhéniX, symbole de renaissance.

En 2008, le filmBienvenue chez les Ch'tis connaît un succès inattendu en mettant en avant la culture populaire du Nord-Pas-de-Calais[26].Selon un sondage réalisé parTNS Sofres début 2011, à la question « Qui incarne le mieux la région [Nord-Pas-de-Calais] ? », 68 % des sondés ont réponduDany Boon[27].
Siles Ch'tis ont popularisé le maroilles[28] et les baraques à frites[29], lacuisine du Nord-Pas-de-Calais reste largement méconnue dans lagastronomie française, même si certains produits comme le genièvre de Houlle ou les bêtises de Cambrai ont été classés dans lesTrésors gourmands de la France[30]. Quelques grands chefs la mettent cependant en valeur.Ghislaine Arabian obtint ainsi deux étoiles auGuide Michelin[31], à Lille, avec une carte consacrée à lacuisine à la bière et propose désormais la cuisine régionale à Paris[32]. ÀBusnes, la cuisine à base de produits régionaux deMarc Meurin[33] lui vaut également deux macarons[34].
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