Laculture de Hallstatt, ouculture hallstattienne, ou encoreHallstattien, est uneculture archéologique du centre-ouest de l'Europe qui s'est développée entre environ 1200 et 450av. J.-C.[6] Elle précède la période deLa Tène ou secondâge du fer. Elle prend son origine au nord desAlpes enTchéquie,Bavière, et le nord de l'Autriche actuelles. Cette culture est généralement considérée par les historiens comme le berceau despeuples celtes.
La culture de Hallstatt tire son nom d'un site archéologique qui se trouve àHallstatt, dans la région duSalzkammergut, enAutriche. Le termeHallstatt donne l'adjectifhallstattien(ne) et est abrégé enHa (ouHall) dans lejargon des spécialistes[1].
Le nom de cette culture a été proposé par l'archéologueHans Hildebrand en 1874[7].
Ultérieurement, une seconde campagne de fouilles sur le site de Hallstatt permet de mettre au jour d'autres tombes, portant ainsi le nombre des sépultures mises au jour à 1 100[14],[11],[8]. Cette deuxième série de fouilles est entreprise dans la seconde moitié des années 1870 (en 1876 et 1877) parFerdinand von Hochstetter[15],[16], sous l'égide duMusée d'histoire naturelle de Vienne, une troisième étant entreprise en 1887, sous la direction du préhistorienJosef Szombathy[17].
En 1881, au congrès deRatisbonne, l'archéologue et préhistorien allemandOtto Tischler propose une« construction de l'âge de fer préromain » pour la partie sud de l'Allemagne. Tischler, en se basant sur le matériel mis en évidence dans la nécropole de Hallstatt suggère une division du Hallstattien en deux phases : le Hallstatt ancien et le Hallstatt récent, l'ensemble s'étendant entre 1 000 et 400 ansav. J.-C.[22],[7]. Tischler propose également de distinguer deux groupes culturels : le Hallstattien de l'ouest et le Hallstattien de l'est[23],[24],[22].
Postérieurement à la classification de Tischler, puis des travaux d'Oscar Montelius, deSalomon Reinach et d'Alexandre Bertrand, au début duXXe siècle, le savant allemandPaul Reinecke propose une nouvelle subdivision du Hallstatt en 4 périodes et propose de marquer la transition avec La Tène vers 500 au lieu de 400av. J.-C.[7]. Reinecke, qui a proposé la séquence chronologique Hallstatt A, Hallstatt B, Hallstatt C et Hallstatt D, l'a appliquée à l'Europe centrale. L'archéologue allemand considérait alors laculture des champs d'urnes comme un« précurseur », mais également comme« une phase précoce de la culture celtique de Hallstatt »[25].
Des travaux plus récents, en particulier ceux des archéologuesGeorg Kossack(de) et deJean-Jacques Hatt, dans les années 1950 et 1960, ont amené à ne conserver que les phases C et D, lesquelles correspondent respectivement au Hallstatt ancien et au Hallstatt final[26],[27],[25],[1]. Vers la fin des années 1980, l'archéologueHermann Parzinger(en) propose une nouvelle périodisation du Hallstattien. Toutefois cette nouvelle partition, bien que claire et efficace, n'est pas retenue par la communauté scientifique[1].
Cette phase, également appelée « Hall A »[1], s'étend d'environ 1 200 à 1 000 ansav. J.-C.[29] Elle correspond à l'âge du bronze final — ou aux phases « Bronze V » et « VI » proposés par O. Montelius[1].
Cette phase est caractérisée par des épées de bronze et de grandes épées de fer. Les cavaliers à longue épée apparaissent sporadiquement dans les tombes, accompagnés demobilier funéraire se composant notamment d'un service à boisson, de produits exotiques importés voire d'un char d'apparat dans lestombes à char, symboles de la nouvelle classe dirigeante.L'utilisation du cheval est l’un des attributs qui distinguent les détenteurs du pouvoir.[réf. nécessaire]
Glaives courts, objets de parure, chars,poterie faite au tour et ornée de motifs géométriques ou très stylisés avec des contrastes de couleurs. Pratique de l’incinération mais également inhumation des morts.
Lesel, lié au mode de vie sédentaire et au commerce sur de grandes distances, est une richesse nouvelle. Il permet la conservation des aliments et sa consommation fortifie les animaux. La crête nord des Alpes en est riche. Le préfixeHall-, d’origine celtique, désigne dans la région les sites d’exploitation très ancienne du sel (Hallstatt, Hall, Reichenhall, Schwäbisch Hall, etc.). Après avoir traité par dessiccation les eaux salées, les Hallstattiens ont développé, entre leVIIIe siècle et leVIe siècle, le premier et le plus grand centre d’extraction minière dusel gemme.Les mineurs et leurs chefs ont pu venir de différentes régions voisines. Des bûcherons et des charpentiers collaboraient à l’édification de la mine. De riches familles de négociants, des colporteurs et des groupes chargés de la défense de la communauté complétaient ce nouveau modèle de société tourné vers l’extérieur.[réf. nécessaire] Le sel a permis la conservation de vestiges organiques tels que des éléments de vêtements et des sacs à dos en cuir utilisés pour remonter les blocs de sel.
Vers-600, une grande mine de sel s’ouvre à Hallein, non loin de Hallstatt, sur la rive ouest de la Salzach, qui offre des débouchés plus faciles. Le site de Hallstatt décline, les tombes s’y font moins nombreuses et moins riches à partir duVe siècle.
Les sociétés du Hallstatt-D se distinguent par leur opulence, un pouvoir princier reposant sur le clan et le dynamisme de leur culture. Les personnages les plus importants sont les princes, qui se font enterrer, parés de colliers d’or, dans destombes à char enfouies sous un volumineux tertre funéraire outumulus.
En plaine, d’autres sites ont livré des vestiges identiques à ceux fournis par les citadelles. Il s’agit vraisemblablement d’entrepôts (Bragny-sur-Saône enSaône-et-Loire) ou d’autres formes d’habitat princier, comme à Bourges et àLavau, où des tombes renfermant de la vaisselle importée ont été découvertes.
La civilisation du premier âge du fer se caractérise par l’importance des importations de produits du bassin méditerranéen, un rituel complexe et solennel dans la pompe des funérailles et une forte personnalisation du pouvoir dynastique. Les palais des princes nous restent mal connus, car les citadelles fouillées n’en ont pas livré. Quelques indices attendent confirmation : au Wittnauerhorn, enSuisse, deux maisons centrales plus grandes que les autres pourraient être la résidence des maîtres ; à la base du tumulus de Giessübel-Talhau, près de la citadelle de laHeuneburg, le plan d’une vaste demeure aurait été reconnu.
glissement vers l'ouest (Alpes,Jura, couloir rhodanien) de l'axe des échanges nord-sud.
une dizaine de résidences princières constituent des centres économiques et politiques importants ou principautés, répartis de laBourgogne auWurtemberg.
disparition des fortifications caractéristiques du Premier âge du fer lusacien du type deBiskupin (du nom d'un site dePologne : villages fortifiésovoïdes d'une centaine d'habitations dominant un territoire de 300 à 400 km de diamètre).
Tableau récapitulatif du Hallstattien et des autres cultures de l'âge du fer en Europe
Vue générale des cultures de Hallstatt etLa Tène. Le cœur du territoire de Hallstatt (800 AEC) est en jaune foncé, et sa zone d'influence jusqu'à 500 AEC (Ha D) en jaune clair. Lescivitas celtes sont indiquées.Aire de diffusion de la culture de Hallstatt incluant le Hallsattien de l'ouest et le Hallstattien de l'est.
La culture de Hallstatt s'est diffusée en Europe centrale et occidentale. Le territoire recouvert par la culture archéologique s'étend de la partie orientale de la France, à l'ouest, jusqu'à la Hongrie occidentale, à l'est, et de l'Allemagne méridionale jusqu'à la Slovénie sur un axe nord/sud[39].
Deux« entités culturelles » se distinguent au sein de l'aire de diffusion du Hallstattien : d'une part le Hallstatt occidental, qui recouvre un territoire correspondant à l'ensemble de la région nord-alpine, incluant l'est de la France, laBohême, l'ouest de la Suisse et l'Allemagne méridionale ; d'autre part le Hallstatt oriental, dont la zone géographique s'étend entre la partie est des Alpes et les marges nord-ouest desBalkans et comportant lebassin des Carpates, laPannonie, laSlovaquie, le sud de laPologne, ainsi qu'une partie de l'Autriche[1],[40]. La limite septentrionale du Hallstattien de l'est traverse laTchéquie. Cependant cette limite est parfois établie autour des vallées du Danube — jusqu'au niveau deBudapest — de laKupa et de laSave[39]. PourStéphane Verger, le Hallstatt oriental constitue« une culture intermédiaire entre les zones « celtique » d'Europe centre-occidentale,vénète du nord-est de la péninsule italique etillyrienne de l'Ouest des Balkans »[1]. Le site de Hallstatt est établi sur la ligne de partage entre le Hallstattien occidental et le Hallstattien oriental[1]. La limite entre les deux groupes géoculturels est imprécise. Toutefois, les rivièresEnns,Inn etMoldau peuvent faire office de délimitations géographiques de ces deux zones[39].
Letissage se développe considérablement à l’époque de Halstatt, avec pour conséquence la généralisation du vêtement tissé. Les textiles se caractérisent par leur décor à base de figures géométriques et de motifs abstraits de couleurs diverses obtenues à partir deplantes tinctoriales. Le costume masculin est souvent composé d’unetunique, d’unmanteau court et d’unbonnet rond, tandis que le costume féminin comporte uncorsage à manches mi-longues et larges, ainsi qu’unejupe longue et ample, plissée à la taille[41].
La parure est majoritairement réalisée enbronze, soit par martelage d’unetôle de bronze, soit en utilisant différentes techniques decoulage sélectionnées en fonction de l’objectif du producteur : les objets très détaillés sont par exemple produits selon la technique de lacire perdue, tandis que la production de série, mais moins fine, privilégie l’usage demoules. Les pièces ainsi produites peuvent être complétées par l’incrustation d’ambre ou decorail, la réalisation d’un décor aurepoussé ou incisé. Là encore les motifs géométriques dominent largement le répertoire ornemental ; les motifs figurés d’animaux ou d’humains existent, mais restent comparativement rares[42].
L’élément de parure le plus répandu est lebracelet, qui se porte généralement par paires aux bras comme aux jambes. Il existe une grande variété de formes : bracelets à boules, armilles, brassards tonneaux, etc. L’usage du torque ne se répand vraiment qu’à la toute fin de la période. Le modèle le plus courant prend la forme d’un anneau creux fermé par emboîtement[43]. Des boucles d’oreilles ont également été retrouvées dans les sépultures. Elles sont composées soit d’un fil de bronze enroulé, soit d’un ruban de bronze décoré[41].
Si les historiens ont longtemps identifié les cultures de Hallstatt et de La Tène duIer millénaire av. J.-C. comme étant le berceau des langues celtiques, plusieurs études récentes mettent en doute cette hypothèse. Tant en Autriche qu’à l’est de la Hongrie (Pannonie), les toponymes celtiques semblent former un superstrat au-dessus d’une couche de toponymie plus ancienne que Peter Anreiter appelleEastern Alpine Indo-European « indo-européen alpin de l'Est »[45]. La densité de noms de lieux à l'allure celtique dans la région des Alpes orientales est plus faible qu'en Grande-Bretagne ou en France. La nature clairsemée mais souvent militariste de ces noms de lieux orientaux suggère, selon Patrick Sims-Williams, une colonisation relativement tardive par une élite de langue celtique.
L'hydronymie celtique est répartie dans un espace situé sur la frange alpine septentrionale le long du Danube, et s'étend jusqu'au cours supérieur et moyen du Rhin et du Rhône, y compris les affluents. La zone de départ de la culture de Hallstatt ne s'accorde pas à cette zone, même si les plus importantes trouvailles de l'Ouest Hallstatt et de La Tène précoce se trouvent dans cette zone[45],[46].
↑Pierre-Paul Bonenfant, Jean-Paul Guillaumet et François Boyer,« Redécouverte en Bourgogne d'une statuette des âges du fer », dansLa statuaire anthropomorphe du premier âge du Fer, Presses universitaires de Franche-Comté,(lire en ligne).
↑Jean-Pierre Millotte, « Sur le passage de l'Âge du Bronze à l'Âge du Fer dans le Massif jurassien : état de la question et perspectives. En complément à une ancienne datation d'un tumulus de Dompierre-les-Tilleuls. »,Dialogues d'histoire ancienne,vol. 27,no 1,,p. 33-80(DOIhttps://doi.org/10.3406/dha.2001.2437,lire en ligne, consulté le).
Qualifie la pèriode datée par la methode du radiocarbone presentant un plateau dans la réponse aux alentours de -700 à -400 avJC soit autour de 2500 avant le present.