Cet article est uneébauche concernant l’anthropologie.
Leculturalisme est un courant de l'anthropologie et plus globalement dessciences sociales né aux États-Unis sous l'impulsion principale deRuth Benedict,Ralph Linton,Abram Kardiner,Margaret Mead etCora Du Bois. Ils tentent une description de la société sous les points de vue conjugués de l'anthropologie et de lapsychanalyse. Ils constituent un des courants qui ont dominé la sociologie américaine desannées 1930 jusqu'auxannées 1950.
En empruntant la notion de culture aux anthropologues, le culturalisme cherche à rendre compte de l'intégration sociale des individus. En s'appuyant sur l'observation dessociétés archaïques, les culturalistes mettent en évidence l'influence prépondérante de laculture et des habitudes culturelles d'éducation sur lapersonnalité de base desindividus.
Dès ses débuts auXIXe siècle, l’anthropologie s’est intéressée à la relation existant entre l’homme et la culture. Constatant des similarités qui existaient entre des coutumes et des institutions de cultures distinctes et éloignées géographiquement, les anthropologues les expliquaient alors par la thèse de la convergence évolutionniste : chaque société se transformerait en passant par différents paliers menant dans une même direction. Contrairement à l’évolutionnisme, le culturalisme ne présuppose pas de suite de développements entre des périodes historiques, mais des rapports variables, complexes et instables de cultures spécifiques sans déterminisme absolu[1]. Influencés par la pensée de l’anthropologueFranz Boas qui affirme que « chaque culture a un style », différents chercheurs des États-Unis s'efforcent, dès les années 1930, de rechercher l’explication des nombreuses différences culturelles observées sur le terrain. Le cadrage théorique culturaliste l'amène à contesterl'idéologie coloniale suivant laquelle les sociétés les plus avancées devraient civiliser les plus retardataires.
Les travaux de l'anthropologueRuth Benedict se sont concentrés sur le repérage de « types de cultures » par le recours à la notion de « modèle culturel » (pattern of culture). Cette configuration du « modèle culturel » se traduit par un certain style de vie poursuivant certains buts choisis parmi la gamme de possibilités théoriques. Les types contrastés permettent une caractérisation des conduites observables parmi les groupes culturels distincts[2].
L’anthropologueMargaret Mead, influencée par lapsychanalyse, s’est consacrée à l’étude des processus de la transmission culturelle et de la socialisation de la personnalité. En se fondant sur ses études de terrain en Océanie, elle considère que, pour être compris, les comportements humains doivent être resitués au cœur des cultures qui les font naître. Elle a en particulier montré que le traitement culturel dugenre générait des différences dans les catégorisations sociales par le sexe[2].
Ralph Linton a analysé le dynamisme actif de transmission culturelle : l’individu incorpore la culture sur une base sélective et en y réagissant. Figure importante du courant « culture et personnalité », il a cherché à comprendre le fondement culturel de la personnalité (ou personnalité de base). De même,Abram Kardiner a étudié les modes d’acquisition de la configuration psychologique particulière aux membres d’une société donnée en analysant les éléments constitutifs (techniques de pensées, systèmes de sécurité, surmoi, attitudes religieuses). TantLinton queKardiner insistent sur le fait que la constitution de la personnalité de base se fait par transmission mais n’est pas mécanique : les individus en fonction de divers facteurs, créent des formules culturelles diverses et participent au dynamisme de changement culturel[2].
Idéologiquement, le culturalisme a nourri le relativisme culturel qui prétend avoir permis de lutter contre les préjugés racistes, ethnocentristes et sexistes. Sur le plan théorique, il a tissé des liens entre sciences sociales et sciences psychologiques, permettant la prise en compte de la réalité culturelle des destins individuels. Il a contribué à l’émergence de l’anthropologie psychanalytique, l’ethnopsychiatrie ou de l’anthropologie cognitive. Ses héritiers modernes ont bâti leur œuvre autour du concept de culture :Clifford Geertz en anthropologie, Bernd Krewer et Pierre Dasen en psychologie.
En France récemment, le concept de “culturalisme” est souvent utilisé dans le débat public pour qualifier négativement des travaux ou des prises de position donnant une part trop importante aux explications culturelles de comportements conditionnés socialement. Ainsi, les travaux d’Hugues Lagrange publiés dans l’ouvrageLe Déni des cultures et analysant l’influence culturelle familiale sur les moins bons résultats scolaires des jeunes d’originesahélienne en France par rapport à ceux d’autres jeunes d’origine étrangère, ont-ils été critiqués par des sociologues tels qu’Eric Fassin ouLaurent Mucchielli comme une réhabilitation du culturalisme[3]. De la même façon, l’analyse deKamel Daoud desagressions sexuelles du Nouvel An 2016 en Allemagne qu’il attribue en partie à un « piège culturel » lié au rapport à Dieu et à la femme dans les pays islamiques (« le monde d’Allah ») d’où proviennent les réfugiés[4] a été critiquée par un collectif pour son essentialisation culturaliste des musulmans[5].
Selon les auteurs duDictionnaire des dominations, « la vision culturaliste contemporaine tend à produire l’autre en le réduisant à une différence non pas biologique mais culturelle. La culture est un facteur explicatif majeur (éventuellement masqué), mais elle est aussi une forme euphémisée de la biologie, parce qu’elle est figée, voire naturalisée. Et puisque la culture est un facteur figé, elle n’est pas susceptible de modifications, d’influences, de formes composites, de formes nouvelles et émergentes[6]. »