Première île desCaraïbes en termes de superficie, devançantHispaniola (qui abrite deux pays :Haïti et laRépublique dominicaine), l'île de Cuba est toutefois derrière en nombre d'habitants avec près de 11 253 000 habitants. Sa capitale estLa Havane, sa langue officielle l'espagnol et sa devise lepeso cubain.
Il n'y a pas de consensus entre les historiens quant à l'origine du nomCuba. Pour certains, il viendrait des motstaïnoscubanacán signifiant « place centrale », oucubao « terres fertiles ». Pour d'autres, le nom découlerait de la contraction des motsarawakscoa « lieu, terre » etbana « grande »,coabana. D'autres encore affirment que le nom vient deCuba, ville de la province de l'Alentejo auPortugal, seul autre endroit au monde à porter ce nom. Contrairement à ce qui est affirmé parfois,Christophe Colomb n'a pas appelé l'îleJuana en l'honneur de la fille des Rois Catholiques espagnols mais, selonBartolomé de las Casas, en l'honneur de leur fils, le prince Don Juan :« En 1492, Colomb a découvert Cuba lors de son premier voyage. L'Amiral de la Mer Océane, vice roi des terres qu'il vient de découvrir, nomme Juanna cette terre qu'il croit être une île rattachée au continent asiatique. Colomb l'a nommée ainsi en l'honneur de l'enfant don Juan, fils d'Isabelle et Ferdinand, les Rois Catholiques, afin de les remercier. » Le 4 octobre 1497, le prince don Juan meurt. On envisage, en Espagne, de renommer l'île.
Le premier document qui comporte le nom de Cuba est la carte deJuan de la Cosa, dessinée dans la première moitié de l'année 1500. L'île a aussi été appelée, ultérieurement, Fernandina, en l'honneur du roi Ferdinand, époux de la reine Isabelle de Castille. Après la mort du prince don Juan, Ferdinand d'Aragon a renommé l'île par un décret du 28 février 1515. Malgré le décret du roi Ferdinand l'île a conservé le nom de Cuba.
Cuba était peuplée d'Amérindiens : lesCiboneys et lesTaïnos. Les Ciboneys étaient des chasseurs et des pêcheurs qui ont laissé despeintures rupestres - plus de 200 dans les grottes de Punta del Este sur l'île de la Jeunesse. Les Tainos vivaient de la culture et de la chasse et possédaient une forme d'organisation sociale. Ces sociétés disparurent en moins de 50 ans au contact desEuropéens.
Déçus par la faible productivité des mines d'or, les conquistadors décident de faire de Cuba leur plaque tournante vers le continent et l'utilisent comme escale pour les navires chargés des richesses duNouveau Monde à destination de l'Espagne. L'île se tourna donc vers de nouvelles activités :tabac (plus ou moins300 millions de cigares par an ainsi qu'une douzaine de milliards de cigarettes brunes ou blondes),café etcanne à sucre (héritée de quatre siècles de colonisation espagnole et qui procure à Cuba le plus gros de ses ressources). Cette dernière activité nécessitant une main d'œuvre importante, il sera fait appel auxesclaves africains. Il semble que l'on ait cultivé dès1523 la canne à Cuba où elle a trouvé les meilleures conditions de croissance : climat chaud, sols humides et, juste avant la coupe, une période sèche propice à la concentration dusaccharose. En 1620, Cuba produisait550 tonnes de canne à sucre.
En 1763, il n'y avait pas plus de trente-six mille esclaves dans toute l'île. La culture sucrière, sans être négligeable, était très loin du niveau des colonies françaises, comme Saint-Domingue, ou anglaises, comme la Jamaïque. Après la longue guerre qui dure de 1791 à 1803 contre les esclaves noirs beaucoup de propriétaires blancs de Saint-Domingue fuient à Cuba où ils apportent capitaux et savoir-faire. De 1792 à 1860, on introduit à Cuba plus de sept cent vingt mille esclaves, plus qu'au cours des deux siècles précédents. Ensuite, les planteurs francophones viennent grossir le flot desréfugiés français de Saint-Domingue en Amérique.
Dans les régions plantées de palmiers royaux, trop accidentées pour les machines modernes, des brigades de travailleurs de provinces et de villes différentes et de toutes professions viennent encore couper la canne à la machette. Volontaires, nourris six fois par jour[réf. nécessaire], pouvant gagner cinq fois plus qu'un ouvrier ordinaire, ils ont droit à tous les égards. AuXVIIIe siècle, le châtiment le plus redouté par l'esclave urbain était d'être vendu aux planteurs de l'intérieur ; prisonniers du domaine, les Noirs ne recevaient ni argent ni éducation.
Plus de 360 000 esclaves débarquèrent entre 1820 et 1860 au port deLa Havane, qui comptait au début du siècle 40 000 Blancs et 30 000 esclaves. L'esclavage, fondement de l'économie coloniale et source des richesses de l'aristocratie créole, fut définitivement aboli en 1886[17], par une loi de 1880, et entièrement supprimé dans les faits en 1888.
Le 20 mai 1902, les forces armées des États-Unis évacuent pour l'essentiel le territoire cubain et la république de Cuba est officiellement créée. Pour la première fois de leur histoire, l'indépendance des Cubains est reconnue formellement, mais aux termes de l'amendement Platt, c'est-à-dire nominalement indépendante car sous protectorat. Les États-Unis poursuivirent une ingérence marquée jusqu'en1934 (par révocation de l'« amendement Platt » et parpolitique de bon voisinage).
Le 20 mai 1925,Gerardo Machado accède à la présidence, avec le soutien duParti libéral et des États-Unis. Il dirige le pays d'une main de fer jusqu'en 1933, supprimant la liberté de la presse et réprimant l'opposition. La police secrète est organisée de manière à exercer un étroit contrôle sur le pays et les hommes de main du régime, lesporristas, font le coup de feu en pleine ville, assurés de l'impunité.
La police use de méthodes similaires à celles utilisées au Mexique (loi mexicaine du 25 janvier 1862) promulguée durant la présidence deBenito Juárez[20],[21], qui ordonne, dans son article 28, d'abattre un prisonnier qui prend la fuite, procédé permettant l'élimination de nombre d'opposants gênants. Certains prisonniers sont même jetés aux requins[réf. nécessaire].
Le tourisme en provenance des États-Unis se développe considérablement. Les mouvements étudiants, les syndicats et les mouvements d'inspiration socialiste résistent à la dictature, ce qui aboutit à sa chute en 1933[22][source insuffisante].
Durant cette période et en particulier sous les gouvernements deFulgencio Batista (1940-1944 et 1952-1959), l'île est massivement investie par laCosa nostra qui y installe casinos et pratique le blanchiment d'argent à grande échelle[23]. Les mafias italo-américaines trouvent à Cuba « calme, impunité, profits » et pratiquent la corruption des élites locales à large échelle. Une convergence d'intérêts se crée entreCosa nostra, les grandes sociétés américaines implantées dans l'île et le gouvernement des États-Unis, notamment de ses services de renseignement[23].
Fidel Castro, en opposition avec l'idéologiecapitaliste du nouveau dictateur, organise unpremier coup d'État le 26 juillet 1953 sur la caserne de Moncada, qui échoue. Ses participants et Fidel Castro lui-même sont jugés et emprisonnés. Deux ans plus tard, les protestations civiles demandant la libération de Fidel Castro poussent le gouvernement deFulgencio Batista à l'expulser du pays. Il est ainsi libéré sous contrainte de s'exiler au Mexique. C'est là-bas qu'il prend la tête d'une armée rebelle en 1956, accompagné de son frèreRaúl Castro et deChe Guevara, en voyage dans le pays. La troupe, faite de82 hommes, prend le temps d'organiser une stratégie et de se former militairement pour renverser la dictature. Au même moment, le bateauEl Grandma est rénové, et leur sert à la traversée du Mexique à Cuba. De retour à Cuba avec son armée, il renverse la dictature de Fulgencio Batista le. Les États-Unis sont, en 1959, l'une des premières nations à reconnaître diplomatiquement le nouveau gouvernement, mais les rapports entre les deux pays se gâtent dès le mois de mai de la même année, lors de la nationalisation des avoirs étrangers (dont ceux deUnited Fruit Company).
L'embargo des États-Unis contre Cuba est un embargo économique, commercial et financier, mis en place par lesÉtats-Unis à l'égard de Cuba à partir du, à la suite d'expropriation et nationalisations des compagnies cubaines et américaines. Cet embargo commercial est le plus long de l'histoire moderne.
Le pays fut longtemps soutenu par l'URSS qui lui accordait une aide (4 à6 milliards de dollars américains par an jusqu'en1990) en échange de son alignement sur sa politique : envoi de forces cubaines dans plusieurs pays d'Afrique pour protéger des gouvernements communistes ou déstabiliser ceux du « camp adverse », soutien aux mouvements révolutionnaires d'Amérique latine. Mais cette question fait l'objet de controverses. Cuba avait sa propre logique tiers-mondiste et une population noire était particulièrement tentée d'envoyer de sa propre initiative des soldats enAngola en novembre 1975 soutenir le MPLA quand les troupes sud-africaines envahirent l'ancienne colonie portugaise. L'URSS intervint après pour aider lesCubains à redresser une situation militaire très difficile. En Amérique latine, Moscou avait conclu avec Washington en mai 1972 un « code de bonne conduite » qui lui interdisait d'aider militairement les mouvements révolutionnaires. À l'automne 1981, accusé parRonald Reagan de fournir des armes à la guérilla salvadorienne, Fidel Castro démentit et invoqua la clause d'un accord avec l'URSS qui lui interdisait d'exporter les armes vers les guérillas latino-américaines. Cuba fait face à une grave crise économique depuis la disparition de l'URSS et le maintien de l'embargo des États-Unis.
Cinq agents de Cuba sont détenus aux États-Unis[28]. Arrêtés en septembre1998, ils ont été condamnés en àMiami, pour, notamment, conspiration en vue de commettre des actes d'espionnages et des délits. La justice américaine leur reproche de s'être fait employer à laKey West Naval Air Station pour espionner pour le compte du gouvernement cubain, ainsi que pour avoir fourni des informations ayant permis à l'armée cubaine d'abattre deux avions américains d'organisations cubo-américaines, hors du territoire cubain, faisant quatre victimes américaines[29]. En appel, certaines des condamnations ont été maintenues et d'autres revues à la baisse. En 2009, les peines de prison infligées ont été revues à la baisse. Selon le gouvernement cubain, ces agents n'étaient pas des espions mais devaient infiltrer des organisations terroristes anti-cubaines basées àMiami, organisant des attentats ultérieurement. Selon les défenseurs de ces agents, des violations de la loi dans leur traitement et leur procès auraient eu lieu. Au niveau international, de nombreuses organisations commeAmnesty International ont appelé à un nouveau procès, jugeant le fonctionnement de la justice inéquitable mais la cour suprême américaine a refusé de revoir le cas.
Selon Cuba, de nouvelles sanctions ont été introduites à son encontre par le gouvernement américain sous la présidence deGeorge W. Bush[30]. Lacommission d'assistance à un Cuba libre, créée en2003 par le président Bush, a proposé de dégager tous les deux ans une somme de80 millions de dollars destinée à financer activement « l'opposition démocratique cubaine » avec pour but « d'aider la société civile cubaine à réaliser la transition démocratique[31] » et la mise en place d'un « gouvernement de transition » reconnu par les États-Unis. En2008, l'agence gouvernementaleUSAID s'est engagée à rendre effectives les propositions de la commission afin de lutter contre « la tyrannie à Cuba[32] ».
Le gouvernement cubain reproche également auxÉtats-Unis d'héberger plusieurs terroristes ayant commis des attentats à Cuba, parmi lesquelsLuis Posada Carriles (dont il réclame l'extradition auVenezuela[33]) etOrlando Bosch Ávila.Luis Posada Carriles a déclaré dans leNew York Times du avoir été financé par laCuban American National Foundation (CANF) (« Fondation nationale cubano-américaine »), organisation officielle basée àMiami.
Fidel Castro dirige Cuba jusqu'au 31 juillet 2006 puis c'est son frèreRaúl Castro qui, après avoir assuré l'intérim du pouvoir, est élu le 24 février 2008 président du Conseil d'État et du Conseil des ministres par l'Assemblée nationale.
Enmars 2009, leCongrès des États-Unis autorise lescitoyens américains d'origine cubaine à se rendre à Cuba une fois par an[34] ; puis, le, le président annonce la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent desCubano-Américains vers l'île[34]. Il est toujours interdit d'envoyer de l'argent à des membres de la fonction publique ou de l'armée cubaine[34], et l'embargo est, pour sa plus grande partie, maintenu.
Panneauanti-impérialiste installé devant les locaux de la Section des intérêts des États-Unis àLa Havane.
Le, les deux pays annoncent conjointement la reprise de leurs relations diplomatiques, impliquant un assouplissement de l'embargo américain sur Cuba[35]. À cette occasion, les trois agents cubains toujours emprisonnés aux États-Unis sont libérés.
Le, les bâtiments qui abritaient jusqu'à présent les sections d’intérêts dans chaque capitale ont retrouvé leur statut d’ambassade[36]. Les employés ont été accrédités auprès de ces dernières et les chefs de mission sont devenus chargés d'affaires, en attendant la nomination d'ambassadeurs.
Le 20 mars 2016, le président américainBarack Obama fait une visite officielle à Cuba. C'est la première fois depuis 1928 qu'un président américain en exercice se rend sur le sol cubain[37].
Les relations entre les deux pays se détériorent après l'arrivée au pouvoir deDonald Trump. La nouvelle administration cite Cuba comme partie intégrante de la « troïka de la tyrannie » (au côté duVenezuela et duNicaragua) enAmérique latine[réf. souhaitée]. Des sanctions économiques sont dirigées vers l'ile, notamment de fortes restrictions de l'activité touristique[38].
La république comprend l'île entière ainsi que l'île de la Jeunesse, mais l'entrée de labaie de Guantánamo est occupée depuis 1898 (officiellement loué depuis 1903) par lesÉtats-Unis qui y ont installé uneimportante base navale (que les États-Unis maintiennent malgré l'opposition du gouvernement cubain). De ce fait, Cuba et les États-Unis partagent une frontière terrestre longue de 29 km.
L'île est située au sud dutropique du Cancer, elle jouit essentiellement d'unclimat tropical qui est presque partout rendu agréable par lesalizés. La moyenne de température s'élève à25,5°C. L'air ambiant est très humide[39]. Lasaison sèche va de novembre à avril et de mai à octobre c'est lasaison humide. Le mois d'août est en outre le plus pluvieux, il pleut rarement plus de quarante-huit heures consécutives.
Passage pour aller à la plage.
Cuba est régulièrement frappée par descyclones tropicaux pendant l'été et l'automne. Parmi ceux-ci, l'ouragan de Cuba de 1910 a été particulièrement marquant, affectant l'île durant5 jours et l'ouragan de 1932 est encore le plus meurtrier à avoir touché le pays avec plus de 3 000 décès. Ce dernier atteignit lacatégorie 5 maximale de l'échelle de Saffir-Simpson mais avait diminué à la catégorie 4 avant de frapper Cuba. Lasaison cyclonique 2008 a beaucoup pesé sur l'économie cubaine, surtout l'agriculture et l'élevage : les destructions causées par les cyclones tropicaux sont évaluées parRaúl Castro à10 milliards de dollars (7,9 milliards d'euros). 500 000 foyers ont été affectés,156 000 hectares decanne à sucre ont été détruits et 500 000 ont été inondés[40].
L'île a jusqu'à présent réussi à conserver sa beauté naturelle intacte et est considérée comme le poumon vert desAntilles. Les autorités cubaines font de la protection du patrimoine naturel une priorité et ont créé plus de deux cent cinquantezones naturelles protégées, couvrant l’équivalent de 22 % du pays. La réserve naturelle des Jardins de la reine, qui comprend près de150 kilomètres d’îles, de récifs et demangroves accueille unrécif corallien parmi les mieux préservés au monde. Le développement dutourisme de masse et leréchauffement climatique font cependant peser certaines craintes[42],[44].
Le pays est divisé en 15 provinces et une « municipalité spéciale » (l'île de la Jeunesse qui ne constitue pas une province à part entière). Chaque province est divisée en municipalités qui sontactuellement[C'est-à-dire ?] au nombre de 169 sur l'ensemble du territoire cubain.
Le pays est actuellement régi par laConstitution de 2019. Cuba se présente comme unÉtat socialiste et se veut être unerépubliqueunitaire des ouvriers et paysans[45],[46]. LeParti communiste est le seulparti politique reconnu par la Constitution, qui le désigne comme« la force dirigeante supérieure de la société et de l'État »[8]. Néanmoins, il ne peut désigner les candidats aux élections. En effet, ils sont désignés soit directement par les électeurs pendant des réunions publiques ou soit par les assemblés municipales. Depuis ses débuts, et encore aujourd'hui, le régime cubain est souvent qualifié dedictature[10],[12],[11],[13],[14],[15],[9] mais un débat existe en France et ailleurs sur la pertinence de cette qualification : le diplomateJean Mendelson, estime ainsi en 2016 que« Cuba ne correspond à aucune case : ni démocratie représentative, ni dictature »[47].
De 1976 à 2019, l'organe suprême du pouvoir exécutif est leConseil d'État, présidence collégiale composée de31 membres élus par le Parlement pour cinq ans et dont le président exerce la charge de chef de l'État.
Fidel Castro estPremier ministre de 1959 à 1976, puis, après l'abolition de cette charge, président du conseil d'État de 1976 à 2008. Il est devenu, en 1965, premier secrétaire du Parti communiste de Cuba et, en 1976, représentant à l'Assemblée nationale de la municipalité de Santiago de Cuba. Raúl Castro est investi par l'Assemblée nationale à la tête de l’État en juillet 2008, succédant à son frère Fidel Castro. Il lui succède, en 2011, à la tête du parti. Le 18 avril 2018, Miguel Díaz-Canel devient le premier président du Conseil d'État à ne pas être issu de la famille Castro. Raúl Castro reste toutefois à la tête du parti.
Leparlement cubain est l'Assemblée nationale du pouvoir populaire (Asamblea Nacional del Poder Popular). C'est l'organe suprême du pouvoir de l'État, doté des droits de voter les lois et de modifier la Constitution. Ses470 membres sont élus pour cinq ans auscrutin uninominal majoritaire à deux tours. L'Assemblée nationale élit en son sein le Conseil d'État et son président par un vote à bulletin secret. Selon la Constitution, les députés doivent rendre des comptes régulièrement à leurs électeurs et sont révocables par ceux-ci[48].
Les dernières élections municipales se sont tenues le 25 avril et 2 mai 2010, ayant désigné un peu plus de 15 000 délégués dans les 169 assemblées municipales. Selon la Constitution cubaine, c'est le seul scrutin permettant aux électeurs cubains de désigner directement leurs candidats lors de réunions publiques. En pratique, les délégués n’ont obtenu aucun pouvoir supplémentaire lors de la réforme constitutionnelle de 1992[49],[50]. De plus, selon une étude de Christian Nadeau, le Parti communiste cubain serait affecté par des problèmes decorruption[51].
En avril 2023,Miguel Díaz-Canel est réélu président de la République par l'Assemblée nationale avec 97,66 % des voix[52].
L'armée cubaine, appelée « Forces armées révolutionnaires », a été très développée durant laguerre froide avec l'aide massive de l'URSS, ainsi l’armée cubaine compta 162 000 hommes en 1985. Elle est en forte régression depuis 1990, son effectif était de 105 000 militaires en 1995 et de 49 000 soldats en 2004.
En 2003, lebudget de la défense était à 4 % du produit intérieur brut[53] et estimé à380 millions de dollars[54].
Salim Lamrani rapporte que pour la majorité des spécialistes de l'histoire de Cuba, ce pays est victime d'une pression économique et politique menée par l'administration américaine à son encontre : occupation d'une partie de son territoire géographique depuis120 ans, mise sous tutelle dès la naissance de la république (amendement Platt), coactions économiques diverses. Mais depuis six décennies, ce serait une véritable guerre (baie des Cochons) sous toutes ses formes, principalement économique[57], que subirait non seulement le régime cubain mais aussi la population, qui souffre de pénuries qui, sans le système de santé[58], d'alimentation et de logement solidaires, entre autres, souffrirait dans des proportions bien plus massives encore[59].
SelonAmnesty International, les libertés fondamentales d'expression, d'association et de circulation[60] sont réduites, ce qui aurait contribué à provoquer l'exode de centaines de milliers deCubains, réfugiés notamment enFloride. Selon Christian Nadeau, professeur de philosophie politique, dans lesannées 1990, le pouvoir a maintenu un contrôle strict de la société civile, notamment par le biais desComités de défense de la révolution, et augmenté la présence policière[50]. Toujours selon Christian Nadeau, en 1996, Raúl Castro a proclamé la fermeture politique totale de Cuba et la réforme constitutionnelle de 2002 a verrouillé toute possibilité de dissidence[61]. Selon Yannick Bovy, la répression s'est alors intensifiée à l’égard de toute opinion contraire à celle du gouvernement[62],[63].
Un autre point de vue consisterait à juger ou évaluer le gouvernement cubain en partant du principe qu'il subit la plus longue, voire la plus intense coaction de l'histoire économique, politique et diplomatique contemporaine : faire abstraction des lois Torricelli et Helms-Burton, par exemple, permet des jugements hors-sol comme le rappellent les chercheurs Rémy Herrera, Jean Lamore[64], Christine Pic-Gillard[65] ou Julie Amiot et Clémentine Lucien[66].
Desopposants au régime sont en prison : selon Amnesty International, 62 personnes étaient incarcérées pour des raisons politiques fin 2007[60]. Cependant, Salim Lamrani relève que Amnesty International précise que ces personnes ont accepté de toucher de l'argent de l'étranger, ce qui, en droit international, en fait des « agents stipendiés par une puissance étrangère » ; ils sont alors justiciables de la loi pénale[67]. Et en effet ces personnes ont été condamnées par un tribunal cubain pour avoir reçu de l'argent de la Section des Intérêts des États–Unis à La Havane[68], pour avoir collaboré clandestinement avec des médias américains et avoir diffusé de fausses nouvelles sur l’île, ce qui relève de l'entente avec une puissance étrangère et de latrahison. Trahison aussi et surtout parce que les informations rémunérées[69] par l'administration américaine et diffusées par ces collaborateurs permettent aux États-Unis de justifier en partie le maintien de l'embargo sur Cuba. Cet épisode est un aspect de la guerre politique et économique entre les États-Unis et Cuba depuis six décennies, où le vrai du faux est difficile à appréhender. Les détracteurs du gouvernement cubain les qualifient de « prisonniers politiques », tandis que ses partisans préfèrent le qualificatif de « mercenaires ».
Ignacio Ramonet duMonde diplomatique souligne pour sa part que lorsque Raúl Castro arriva à la tête de l'État en 2008, il lança un vaste débat à l'échelle du pays pour déterminer les attentes principales de la population. De nombreuses critiques y furent formulées contre certains aspects de la politique menée[70].
À laCommission des droits de l'homme des Nations unies, Cuba était souvent l'objet de critiques pour violations desdroits de l'homme[71]. Sur ce point, Cuba a dénoncé une « manipulation » de la part du gouvernement américain : les résolutions condamnant Cuba étaient présentées par les États-Unis et leurs alliés, et votées à une courte majorité, sous pression du gouvernement américain selon Cuba[72].
En, leConseil des droits de l'homme des Nations unies a supprimé le poste de rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme à Cuba, occupé par la juriste française Christine Chanet. En 2006, Cuba est élue membre du Conseil par l'Assemblée générale de l'ONU, lorsque celui-ci remplace laCommission. Le, Cuba a été réélue pour une seconde période de trois ans.
Bien que Cuba n'ait pas aboli lapeine de mort, la dernière exécution en date remonte à 2003. En 2010, l'île ne compte plus aucun condamné à mort, les dernières condamnations ayant été commuées[73].
Selon Amnesty International, 8 600 personnes ont été arrêtées pour des motifs politiques en 2015, pour des durées allant généralement de1 à 30 heures[74]. En 2019, Amnesty International considère queMiguel Díaz-Canel maintient un dispositif répressif, au moins 70 personnes sont condamnées pourdélit d'opinion[75].
Au lendemain de la prise de pouvoir, le gouvernementnationalise en 1960, 90 % du secteur industriel et 70 % des terres agricoles[76]. Il confisque les entreprises américaines, en représailles contre le non-respect duSugar Act, qui prévoyait l'achat par les États-Unis du sucre à des prix au double de celui du marché, et conclut un accord commercial avec l'URSS. Le gouvernement cubain met en place uneéconomie planifiée. La plupart des moyens de production sont contrôlés par l'État et la plupart de la main-d'œuvre est employée dans le secteur public. Ces dernières années le secteur privé s'est développé. En 2000, le secteur public représentait 77,5 % des emplois et le secteur privé 22,5 % alors qu'en 1981 le rapport était de 91,8 % et 8,2 %[77]. L'investissement est réglementé et la plupart des prix sont fixés par les autorités publiques.
La chute de l'Union soviétique et duCOMECON — qui priva l'île de ses principaux partenaires commerciaux — et l'embargo des États-Unis instauré le eurent de lourdes conséquences sur le pays — les pertes s’élevant, en 2014, à plus de 116 milliards de dollars pour l'économie cubaine[78]. L'Union soviétique achetait le sucre cubain à un prix supérieur au prix du marché et fournissait du pétrole à bas prix. En 1992, le niveau des échanges avec les pays de l'ex-COMECON représentait moins de 7 % du niveau de 1989. Dans le même temps, lePNB cubain chuta de 34 %, les revenus par habitant de 39 %. En 1992, les États-Unis ont resserré l'embargo contre Cuba, tout bateau qui entrait dans un port cubain était refusé d'accès aux États-Unis pendant six mois. Des centaines de tonnes de nourriture et de médicaments étaient prises en otage. Quelques années plus tard, l'embargo fût intensifié, chaque pays qui commerçait avec Cuba se voyait interdit d'accès aux États-Unis, l'accès de Cuba aux capitaux étrangers s'écroulait.
Face à cette crise économique, Cuba libéralisa un peu son économie. Le développement d'entreprises privées de commerce et de manufactures fut permis, ainsi que la légalisation du dollar américain dans les magasins pour un temps (non permis depuis 2004). Letourisme fut aussi encouragé. En 1996, l'activité touristique représentait plus que la culture de la canne à sucre en termes de devises. 1,9 million de touristes ont visité l'île en 2003, pour l'essentiel des touristes venant du Canada ou de l'Union européenne, générant 2,1 milliards de dollars de revenus[79]. La productivité cubaine demeure cependant insuffisante et les performances de l'économie entravées par le manque de moyens de transport[80].
Sur la côte entreLa Havane etVaradero, des pompes à pétrole rappellent que Cuba produit4 millions de tonnes de brut par an. Le pays en importe aussi duVenezuela, « à prix d'ami ». Le régime, qui espère trouver des gisements offshore, a autorisé le géant pétrolier espagnolRepsol à prospecter au large de la capitale cubaine[81].
Les prévisions de croissance de l'économie cubaine pour 2012 tournent autour de 3,4 %.
Avant les années 1990, l'agriculture cubaine est basée sur le modèle productiviste, système rendu possible par le partenariat avec l'Union soviétique qui fournitpétrole,fertilisants,pesticides etmachines agricoles. L’arrêt brutal de ces approvisionnements, l'embargo desÉtats-Unis entraîne une grave crise alimentaire, l'agriculture cubaine est décimée ; les coupures de courant étaient fréquentes, la faim et lasous-alimentation sont répandues[réf. nécessaire]. Contraint par ces événements, Cuba est alors passé d'une agriculture intensive et productiviste dirigée vers l'exportation à une agriculture extensive et biologique de proximité[82]. L'agriculture vivrière est très développée à Cuba et en particulier l'agriculture urbaine[83] etbiologique[84]. Le pays est aussi très en pointe en matière d'agroécologie et d'agroforesterie[85]. Seules les cultures d'exportation comme le tabac sont restées sur le modèle productiviste et intensif[86]. En 1996, l’objectif de fournir300 grammes de légumes frais par jour à chacun était atteint[87],[88],[89]. Cuba devient en 2009, selon l'UNICEF, le seul pays d’Amérique latine à s’être débarrassé de la sous-nutrition sévère chez les enfants[90]. En 2017, l'île compte moins de 2,5 % de personnes sous alimentées[91]. Selon l’historien Jose Antonio Waugh, Cuba ne sera jamais autosuffisante, notamment à cause de son climat tropical[92].
La recherche agricole y est notamment basée sur la phytosélection participative qui associe étroitement chercheurs et agriculteurs dans l'amélioration des semences[93].
Le décret loino 4 de 2020 paru dans laGaceta Oficialno 52 du 23 juillet 2020[94] autorise la culture d'OGM à Cuba. Armando Rodríguez Batista, vice-ministre de la Science, de la Technologie et de l'Environnement a justifié ce choix pour développer la productivité, avoir une agriculture durable, sur la base de recherche locale permettant la souveraineté alimentaire du pays sur la base de la science[95].
On doit l’introduction ducaféier d'Arabie à Cuba en 1748 à Don José Antonio Gelabert[96]. D'abord cultivé en quantités limitées, il voit sa production prendre son essor après la forte croissance caféière vécue chez le voisin français lors de laRévolution du café de Saint-Domingue.
En mars 2021, le gouvernement cubain demande aux émigrants d'investir à Cuba dans« de petits projets qui résoudront le problème alimentaire et non alimentaire »[97].
Après avoir été le plus gros producteur de café dans le monde, Cuba doit aujourd'hui importer la moitié de sa consommation[98].
En 1987, plus de7 millions de tonnes de cannes à sucre sont produites. Les sacs de 50 kg sont expédiés durant laguerre froide surtout vers lespays de l'Est mais également enLibye. Cuba est devenu le premier exportateur mondial de canne à sucre. Cependant, cette culture a souffert au cours des années 1990 des problèmes d'approvisionnement en énergie, après la fin des grands accords de troc entre Cuba et l'URSS, qui voyaient cette dernière échanger du pétrole contre du sucre cubain. Sur les six premières années de la décennie 2010,Cuba n'est jamais parvenu à réintégrer le palmarès des huit plus grands producteurs mondiaux de sucre[99], en raison du déclin opéré vingt ans plus tôt.
L'embargo américain exclut Cuba du marché américain, qui représente à lui seul 40 % du marché mondial du rhum. Le durcissement des sanctions décidé par l'administration Trump complique plus encore la situation du rhum cubain. Nombre d'entreprises étrangères sont contraintes de suspendre toute collaboration avec Cuba, ce qui provoque des difficultés à se procurer des produits en partie issus des importations (les bouteilles, les étiquettes ou les bouchons)[100].
Le rhum est un produit d'exportation phare pour Cuba, qui en a expédié397 642 hectolitres en 2018 dans126 pays, principalement en Europe, pour136 millions de dollars. La chute est de 40 % en volume, mais seulement de 9 % en valeur car le secteur a tenté de s’adapter en misant sur des produits plus élaborés et donc plus chers[100].
L'importation de rhum cubain aux États-Unis est à nouveau autorisé depuis 2023 pour la consommation personnelle, dans la limite de trois bouteilles et pour les cigares dans la limite de 50.
Maison d'habitation traditionnelle dans un village de Cuba.
Lecastrisme n'avait pas aboli la propriété privée. Et 85 % des Cubains sont propriétaires de leur logement. Jusqu'en 2012, ils pouvaient seulement « permutar », échanger leur appartement. Désormais, ils sont autorisés à acheter ou vendre leur bien, dans la limite d'un logement principal et d'une résidence de vacances. Comme les agences immobilières restent interdites, une bourse aux logements se tient tous les samedis sur le paseo del Prado, àLa Havane[101].
Il semble ne pas y avoir de sans-abris à Cuba. Bien que le logement ne soit pas gratuit, il est fortement subventionné. Les bidonvilles qui avaient été progressivement éliminés après la révolution sont de retour[102] et concernent 10,5 % de la population en 2020[103]. Une étude de l'université Harvard publiée en 2002 soutient que la proportion de logements insalubres est passée de près de 50 % en 1960 à moins de 15 %[104].
Après le tourisme, c'est le secteur desbiotechnologies qui arrive en deuxième position :32 instituts et entreprises sont rassemblés sous l'égide de la holding publique BioCubaFarma, laquelle emploie plus de 21 000 salariés et est le premier exportateur de biens du public (plus de680 millions de dollars en 2013)[105],[106]. Les produits les plus exportés sont leHeberprot-P, l’érythropoïétine humaine recombinante (iorHuEPO) ou la technologie SUMA[106].
L'industrie pharmaceutique cubaine est l'une des six au monde produisant une protéine nomméeinterféron (INF). Elle produit aussi le facteur de croissance épidermique, utilisé dans des crèmes très efficaces contre les brûlures ; le vaccin contre l'hépatite B ; le vaccin antiméningocique de type B, la streptokinase recombinante utilisée dans l'infarctus du myocarde et l'embolie pulmonaire, des modulateurs immunologiques, antihypertenseur, hypocholestérolémiant et médicaments anticancéreux[réf. nécessaire].
Le gouvernement américain a autorisé en 2007 la mise en vente aux États-Unis de deux vaccins élaborés à Cuba, devenu un grand exportateur de médicaments génériques[107]. Sous la présidence de Barack Obama, deux molécules cubaines jugées prometteuses font l’objet d’essais cliniques aux États-Unis : un vaccin contre le cancer du poumon et un médicament contre les gangrènes liées au diabète. En retour, un assouplissement des sanctions devait jeter les bases d’une coopération scientifique entre les deux pays, mais Donald Trump rompit les accords en 2017[108].
L'industrie pharmaceutique cubaine a pris son essor dans les années 1960 avec la fondation, en 1965, duCentro nacional de investigaciones científicas (CNIC), l’équivalent duCentre national de la recherche scientifique (CNRS). Cuba bénéficia dans les années 1960 et 1970 de l’arrivée de nombreux chercheurs et médecins venus de l'Union soviétique. Afin de limiter les dépenses, les autorités promeuvent des circuits courts dans lesquels recherche fondamentale, recherche appliquée et chaînes de production se concentrent sur un même lieu. Le Centro de Neurociencias de Cuba (CNEURO) regroupe par exemple des biologistes, des mathématiciens, des physiciens, des médecins impliqués dans divers essais cliniques ainsi que plusieurs techniciens spécialisés. Le CNEURO produit notamment« chaque année quelque six mille prothèses et appareils auditifs permettant le diagnostic précoce de la surdité chez les très jeunes enfants », selon son directeur[108].
LesÉtats-Unis sont le troisième fournisseur de Cuba avec 11 % des importations en 2004-2006[109],[110]. En 2012, les États-Unis sont le premier fournisseur de biens alimentaires et agricoles à Cuba, ces secteurs n'étant pas concernés par l'embargo[111].
Washington possède une Section d'intérêts des États-Unis à La Havane[112]. Enfin, les Cubains exilés en Floride envoient sur l'île desRemesas, c'est-à-dire de l'argent sous forme de mandats. Après avoir été légalisé comme les autres monnaies étrangères en août 1993, ledollar américain ne peut plus être utilisé comme moyen de paiement direct depuis 2004[113].
Embargo des États-Unis et lois extra-territoriales
Les États-Unis mettent en place un embargo sur Cuba en 1962. En 1998, le président américainBill Clinton déclara que Cuba n'était plus une menace pour les États-Unis et assouplit l'embargo[113]. La même année, les vols directs avec Cuba purent reprendre[114]. Depuis 2001, à la suite de l'allègement de l'embargo, les sociétés américaines peuvent vendre certains produits agroalimentaires et des médicaments à Cuba. La plupart des importations agroalimentaires à Cuba viennent des États-Unis[112]. Les agriculteurs américains souhaitent par ailleurs renforcer leurs exportations vers Cuba[115].
En avril 2004,77 entreprises ont été condamnées à une amende de200 millions de dollars américains pour avoir fait du commerce avec Cuba, malgré l'embargo des États-Unis (dont la banque suisse UBS, à hauteur de100 millions de dollars, pour avoir réalisé du change pour le compte de l'état cubain et d'autres états concernés par les embargos des États-Unis[116],[117],[118]). La Banque suisse UBS a répercuté cette amende à son client cubain. Pour contrer cette mesure, l'état cubain a décidé que les dollars américains doivent être convertis en Peso Convertible Cubain (CUC) dans un bureau de change agréé. Le change des USD en CUC subit une taxe de 10 % correspondant au taux d'amende américain.
Lors de sa visite à Cuba, le papeJean-PaulII avait bien fait comprendre qu'il était contre cet embargo[119]. Le président éluBarack Obama s'est déclaré favorable à un allègement de l'embargo imposé à Cuba, mais cette mesure est soumise à l'autorisation du congrès. L'embargo a été légèrement assoupli sous la présidence d'Obama : en mars 2009, le Congrès autorise les citoyens américains d'origine cubaine à se rendre à Cuba une fois par an[34] ; puis, le, le président annonce la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Cubano-Américains vers l'île[34]. Il est toujours interdit d'envoyer de l'argent à des membres de la fonction publique ou de l'armée cubaine[34], et l'embargo est, dans sa plus grande partie, maintenu, même s'il a été condamné plusieurs fois par des États membres de l'ONU depuis deux décennies[réf. nécessaire]. L'embargo ou blocus selon les Cubains, est l'une des principales causes des difficultés de l'île (en particulier depuis la chute du Bloc de l'Est et donc des partenaires commerciaux capables de braver le blocus).
L'embargo ne concerne pas les médicaments, sous réserve qu'ils obtiennent une licence[120]. Le gouvernement cubain soutient néanmoins devant l'Assemblée générale de l'ONU que les États-Unis font un embargo sur les médicaments, et violeraient donc lesConventions de Genève[121]. L'embargo ne porte pas non plus sur les matériels de télécommunications et les produits agro-alimentaires[122],[34], et lesÉtats-Unis sont ainsi le premier exportateur pour l'économie cubaine, particulièrement dans le secteur alimentaire : le montant des exportations américaines vers l'île s'élève aujourd'hui à500 millions de dollars par an[122]. En2008, entre 35 et 45 % des importations alimentaires à Cuba viennent desÉtats-Unis, qui sont devenus les premiers fournisseurs de nourriture de l'île[40]. Mais, d'après le rapport de Cuba à l'ONU en2001, les restrictions sur l'importation des aliments et médicaments empêchent l'île de subvenir totalement aux besoins de la population[123]. SelonRicardo Alarcón, président de l'Assemblée nationale cubaine, le paiement des aliments doit se faire à l'avance, sans crédit et dans une autre monnaie que le dollar, ce qui restreint les possibilités d'achat et augmente les coûts[124].
L'ONGCentre Europe-Tiers Monde juge que l'embargo américain est« illégitime et immoral en ce qu'il s'attaque aux acquis sociaux réalisés par Cuba depuis des années et met en péril les réussites — reconnues par nombre d'observateurs internationaux indépendants (notamment ceux de l'OMS, de l'UNESCO, de l'UNICEF ou maintes ONG) — que sont ses systèmes publics d'éducation, de recherche, de santé et de culture, participant du plein exercice des droits de l'homme » ; l'ONG estime que cet embargo porte en outre sur des domaines comme l'alimentation, les médicaments ou équipements médicaux et les échanges d'informations scientifiques[125].
Dans le rapport sur le développement humain 2013 du PNUD, Cuba est passé à la vingt-sixième place pour l'IDH, et ses dépenses de santé et pour l'éducation représentent respectivement 9,7 % et 12,7 % du PIB[128]. L'UNICEF désigne Cuba comme le pays le plus avancé sur les droits des enfants dans la zone Amérique latine/Caraïbes et seulement devancé par le Canada dans tout l'hémisphère occidental[129].
Cuba est devenu, en 1965, le premier pays latino-américain à légaliser l’avortement, et est resté le seul jusqu'en 2012 et sa légalisation en Uruguay[130].
Sur le plan éducatif, les universitaires et chercheur au CNRS Philippe Bayart, Rémy Herrera et Éric Mulot[131] évoquent en 2008 l'excellence du système cubain ; ils étudient son évolution depuis 1990 et le début de la crise de la « Période spéciale », pour conclure :« La lecture critique que les responsables cubains ont faite [des] réformes éducatives néolibérales les a amené à réaffirmer, malgré les pressions contraires, les principes qui ont guidé les politiques sociales du pays depuis 1959. Cette continuité paraît avoir produit des effets positifs, puisque, de l’avis de nombreux experts internationaux, le système éducatif cubain reste, en termes quantitatifs et qualitatifs, l’un des plus performants au monde. À l’évidence, ce constat doit être nuancé, car nombre de problèmes, apparus avec la crise, et sur lesquels nous avons insisté, demeurent à résoudre, faute de quoi la politique éducative de Cuba rencontrerait des difficultés pour continuer à réaliser son principe d’égalité et à assurer la correspondance, la complémentarité et la cohérence de ses politiques socio-économiques ».
Dans un article sur la visite du président françaisFrançois Hollande à Cuba, publié en 2015 dansSlate, où il qualifie le guérillero et libérateur de Cuba ErnestoChe Guevara de« parrain du terrorisme », le sociologueFrédéric Martel critique pour sa part« l'échec maintenant avéré du système de santé et du modèle éducatif – en dépit de statistiques éhontément falsifiées »[132]. D'autres articles ont été écrits pour remettre en cause la véracité de certaines statistiques, comme celles sur la santé ou la mortalité infantile[133],[134],[135].
Pourtant, concernant le système de santé, la journaliste d'investigation Maylïs Khider a récemment documenté et confirmé la reconnaissance internationale dont bénéficie le système cubain dans son ouvrageMédecins cubains, les armées de la paix, 2021[136]. Quant à la qualité du système éducatif à Cuba, elle est largement reconnue et parfois louée par la communauté internationale (OMS, Banque mondiale), bien connue des spécialistes de l'île comme Janneth Habel, Danielle Bleitrach[137] ou les professeurs Paul Estrade et Jean Lamore, entre autres, même par les plus critiques d'entre eux. En 1998, Fidel Castro avait reçu la Médaille d'or de la Santé pour Tous de la part de l'Organisation mondiale de la santé[138].
Fidel Castro a, dès 1961, nationalisé les universités, et autres écoles, et les a rendues gratuites. Il n'y a pas de frais pour les étudiants etCuba dépense en proportion de son budget deux fois plus que le Royaume-Uni et quatre fois plus que les États-Unis pour l'éducation[réf. nécessaire], entièrement publique. Avec les difficultés de 1990, l'éducation de qualité est montrée plus difficile à appliquer.
Avant la révolution cubaine, le taux d'alphabétisation à Cuba était déjà d'environ 70 %[108], alors que la moyenne mondiale était de 44 %[139],[140]. Le taux d'alphabétisation grimpe à 96 % en 1962 à la suite de la campagne d'alphabétisation qui a mobilisé près de 270 000 volontaires, en particulier au bénéfice des régions rurales. Selon lePNUD, Cuba se situe en 2006 au troisième rang mondial (avec un taux d'alphabétisation de 99,8 %[141]), à égalité avec l'Estonie et devant lesÉtats-Unis (93,3 %).
Pendant les années 1960-1980, les étudiants furent contraints de participer aux travaux agricoles (récolte de la canne à sucre), d'assister aux réunions syndicales ou de partir en mission en Afrique[142]. Une partie de la matière grise formée dans les universités cubaines émigre pour échapper aux conditions de vie[142]. La moitié des médecins cubains étaient en mission à l'étranger[107].
La plus ancienne université du pays est celle deLa Havane fondée en 1728. Parmi les autres établissements d'enseignement supérieur, on peut citer, par ordre d'importance, l'université de Santiago de Cuba, l'université de Santa Clara (Universidad Central de Las Villas ayant pour antennes l'université de Cienfuegos et des centres universitaires de Sancti Spiritus), l'université de Camagüey, l'université de Pinar del Río, l'université de Ciego de Ávila, l'université de Granma, l'université de Holguín, l'université de Matanzas et l'université catholique de Santo Tomás de Villanueva.
Le nombre d'universités est passé de trois en 1959 à plus de soixanteactuellement[C'est-à-dire ?][108].
Les classes-musées (ouaulas-museo) sont une initiative pédagogique unique à Cuba. En 1994, à la suite de travaux dans le quartier de la Vieille Havane, et sur une initiative d' Eusebio Leal Spengler (historien de la ville), les élèves d'une école environnante sont déplacés dans les musées aux alentours. Après quelques semaines, les enseignants ont remarqué que les élèves réussissaient mieux au musée qu'en classe. Depuis, les élèves du primaire passent la moitié de leur année scolaire au musée[143]. Plus tard, l'initiative a été renouvelée, notamment àSantiago de Cuba.
Historiquement, Cuba est bien classé quant au personnel médical et a contribué de façon significative à la santé depuis leXIXe siècle[144]. Selon l’historien Adrián López Denis, en 1827, Cuba compte 715 médecins par million d’habitants, un nombre supérieur à celui de la majorité des pays européens en 1890. Le médecin cubainCarlos Finlay, formé en France et aux États-Unis, est le premier scientifique qui détermine que le vecteur de lafièvre jaune est un moustique. En 1909, Cuba est le premier pays à instituer unsecrétariat d’État à la Santé et à l’Assistance dirigé alors par Matias Duque. La constitution démocratique cubaine de 1940 décrète que l’accès aux soins médicaux est un droit fondamental pour les Cubains[145].
Sous le régime castriste Cuba dispose d'une sécurité sociale universelle, et bien que les pénuries de fournitures et de matériels médicaux persistent le pays ne connaît pas de pénurie du personnel médical[146]. Les services de soins sont disponibles gratuitement partout sur l'île et le taux de mortalité infantile est comparable à celui des pays développés[146]. De même, le gouvernement cubain a consacré en 2009 près de 12 % de sonPIB au système de santé, soit autant que la France ou l'Allemagne, selon laBanque mondiale[147]. L’île dispose du plus important centre de biotechnologie au monde[148].
Après la Révolution, Cuba a connu une dégradation générale en termes de maladie et de mortalité infantile dans les années 1960 lorsque la moitié de ses 6 000 docteurs ont fui le pays[150]. Le rétablissement s'est produit dans les années 1980[151], après quoi le système de santé cubain a été globalement félicité[152]. En 1987,Hilda Molina fonde le centre de neurochirurgie àLa Havane. En 1991, son centre devient le plus important de Cuba. La même année, Hilda Molina indique recevoir les directives du ministre de la Santé de l'époque, Julio Teja Perez , pour accueillir et soigner les étrangers payant en dollars américains. Pour Hilda Molina :« L'une des plus grandes trahisons du peuple est la discrimination alors naissante des patients cubains par rapport aux étrangers, puisque les meilleurs centres de santé étaient destinés aux patients d'autres nationalités ». Auparavant, le centre ne traitait que des patients cubains[153],[154]. Toutefois le gouvernement communiste affirme que la couverture santé universelle est devenue une priorité nationale et que des progrès ont été réalisés dans les régions rurales[155]. Comme le reste de l'économie cubaine, le secteur médical connaît de nombreuses pénuries depuis la fin des subventions soviétiques en 1991, suivies par le renforcement de l'embargo américain en 1992[156]. Ainsi en 2011, le Bureau des actifs étrangers du département américain du Trésor avait gelé 4,2 millions de dollars destinés à Cuba par leFonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme[157].
Les difficultés rencontrées par Cuba sont en particulier des médecins peu payés (entre25 et 40 dollars par mois, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne nationale[158], si bien que, d'après certains Cubains, soit les médecins sont de mauvaise qualité soit ils reçoivent des dessous-de-table[159],[160]), d'établissements en mauvais état, du manque d'équipement et l'absence chronique des médicaments de base[161],[158]. Néanmoins, Cuba a le taux de médecins par habitant le plus élevé au monde et a envoyé des centaines de docteurs dans plus de quarante pays[162]. Ainsi, les autorités cubaines estiment qu'il y a 40 000 médecins et personnels de santé cubains qui travaillent à l'étranger. Cette pratique rapporte6 milliards de dollars par an à l'État, soit trois fois plus que le tourisme. C'est pourquoi, en 2013, Raul Castro envisage de faire payer certains pays, comme laBolivie, lePérou ou l'Éthiopie, qui bénéficiaient jusqu'ici de médecins cubains gratuitement[158]. En échange de l'envoi de personnel médical au Venezuela, Cuba a aussi obtenu des prix réduits sur le pétrole qu'il importe[147]. De plus, de nombreux étrangers viennent se faire soigner à Cuba où les soins sont 60 à 80 % moins chers qu'aux États-Unis[163]. Ainsi, cent Québécois sont allés se faire soigner à Cuba en 2008[164]. Cependant, le journal britanniqueThe Economist note en 2008 que le pays est « encore une fois au bord de la faillite » et qu'en particulier le secteur médical est entré dans un déclin prononcé[165].
En théorie, chaque bloc de maisons se voit désigner un médecin généraliste qui assure les vaccinations des enfants et les contrôles des femmes enceintes. Le médecin peut prescrire des médicaments qui peuvent en théorie être obtenus quasi-gratuitement dans les pharmacies publiques (qui sont les seules autorisées). Or d'après Al Jazeera de nombreux médicaments de base comme l'aspirine ne sont pas disponibles dans les pharmacies[source insuffisante] mais peuvent être facilement achetés aumarché noir. De plus, de nombreux patients apportent de l'argent ou des cadeaux à leur médecin pour espérer obtenir un rendez-vous[source insuffisante]. Ainsi le système est décrit comme gratuit mais lent et inefficace[166]. En plus du secteur public, un secteur médical privé est disponible pour les étrangers et les Cubains qui en ont les moyens. Ainsi, d'aprèsThe Economist, les deux meilleurs hôpitaux deLa Havane, Cira García et CIMEX, sont privés et bien meilleurs que les hôpitaux publics où les patients doivent apporter leurs propres draps et leur nourriture[167].
Cuba forme aussi des médecins. Ainsi, en 1999, le gouvernement a créé l'École latino-américaine de médecine (Elam), considéré par l'ONU comme l'école de médecine la plus avancée au monde[148], qui a accueilli depuis sa création plus de 30 000 étudiants venus de70 pays[168]. Cette formation, initialement fournie gratuitement, demande depuis 2012 une contribution de certains pays bénéficiaires[168]. L'école entretient des projets de formation dans67 pays, où sont inscrits plus de 26 000 étudiants. Cuba envoie de plus de l'aide humanitaire comme après letremblement de terre du 8 octobre 2005 qui a ébranlé lePakistan où 73 pour cent des victimes, soit 1 700 000 patients, furent soignés par les 2 600 travailleurs de la santé cubains qui participèrent aux secours internationaux[169]. Ils travaillèrent dans les trente hôpitaux de terrain complètement équipés et mis à disposition par Cuba. La mission Henry Reeve resta ainsi auPakistan durant sept mois et Cuba accorda également 1 000 bourses à des jeunes pakistanais afin de leur permettre de venir étudier la médecine à Cuba[170].
Réputation, récompense et comparaison avec d'autres systèmes de santé
D'après,Joycelyn Elders, ancienneSurgeon General des États-Unis :« le système de santé cubain est plus efficace que celui des États-Unis. »[171]. Un article publié en 2010 par des professeurs de l'École de médecine de l'université Stanford dans la revueScience affirme que« malgré l'impact des restrictions sur l'approvisionnement en médicaments et matériel médical, les résultats sanitaires de Cuba sont comparables à ceux des pays développés »[172],[173].
Selon l'Organisation mondiale de la santé, le système de santé cubain a valeur d’exemple pour tous les pays du monde. Selon les déclarations faites en juillet 2014 parMargaret Chan, sa directrice générale,« Cuba est le seul pays qui dispose d’un système de santé étroitement lié à la recherche et au développement en cycle fermé. C’est la voie à suivre, car la santé humaine ne peut s’améliorer que grâce à l’innovation »[174],[175],[176]. Selon elle, le monde doit suivre l’exemple de l’île dans ce domaine et remplacer le modèle curatif, inefficace et plus coûteux, par un système basé sur la prévention,« Nous souhaitons ardemment que tous les habitants de la planète puissent avoir accès à des services médicaux de qualité, comme à Cuba ».
En 2015, Cuba devient le premier pays au monde à éliminer la transmission dusida de la mère à l'enfant[177].
Cependant, la journaliste cubaineYoani Sánchez indique que le système de santé cubain est unballon de baudruche prêt à éclater à la lumière de la réalité. Ce dispositif de santé date des années 1970-1980, quand l'Union soviétique utilisait Cuba comme vitrine de la réussite communiste. Après la disparition du grand frère communiste le système s'est écroulé. Il reste des grandes infrastructures mais elles sont dépourvues de moyens financiers suffisant pour fonctionner correctement. Par exemple si un hôpital peut offrir à ses patients un appareil detomodensitométrie, ces derniers doivent apporter les médicaments, les produits pour nettoyer les toilettes et leur nourriture[178].
Alors que lapandémie de Covid-19 se développe rapidement dans l'île avec la diffusion duvariant Delta, le présidentMiguel Díaz-Canel annonce, en août 2021, la défaillance du système de santé cubain :« La situation actuelle de l’épidémie a surpassé les capacités du système de santé, mettant en tension le travail de tout son personnel »[179].
Un des 1 700 bateaux de réfugiés arrivé en Floride lors de l'exode de Mariel en 1980.
L'émigration cubaine est essentiellement en direction des États-Unis (voirCubano-Américains). Elle a connu un premier pic dans la décennie suivant la révolution castriste : entre 1959 et 1964, 144 700 personnes émigrent légalement vers les États-Unis, puis 244 700 entre 1965 et 1974. Kennedy fit adopter une disposition en 1963 qui donnait le statut deréfugié à toute personne cubaine en provenance directe de l'île. La loi d'Ajustement cubain, adoptée par le président Johnson le 2 novembre 1966, établit un statut spécial et exclusif : tout étranger né à Cuba ou au bénéfice de la nationalité cubaine pourra bénéficier du statut de résident permanent. Pour le gouvernement cubain, ces deux dispositions ne font que favoriser l'immigration clandestine, ceci dans un contexte où les États-Unis n'accordent que très peu de visas aux Cubains[184].
L'exil des Cubains se calme à la fin des années 1970, avant de repartir à la hausse en 1980. Cette année, 94 000 Cubains émigrent officiellement aux États-Unis[185], et dans les faits, près de 125 000 vers laFloride lors de l'exode de Mariel ; parmi eux, de nombreux prisonniers de droit commun sont expulsés par le régime[113]. L'émigration cubaine est plus faible dans les années 1980 et repart à partir de 1990 ; entre 1990 et 1995, 142 000 Cubains sont partis de Cuba, la plupart vers les États-Unis ; entre 1994 et 2000, ce nombre s’est élevé à 210 000 personnes[186].
Aujourd'hui[Quand ?], on estime qu'entre 1,7 million[187] et2 millions de Cubains, soit entre 11 et 15 % de la population du pays, vivent à l'extérieur de l'île[188]. SelonRicardo Alarcón, actuel président de l'Assemblée nationale cubaine, le nombre de Cubains ayant quitté l'île, non pas depuis 1959 mais depuis le début de l'histoire de l'émigration cubaine vers les États-Unis, dépasserait depuis 2004 le million de personnes[189]. Toujours est-il que, selon Sylvia Pedreza, professeur de sociologie à l'université du Michigan, les chiffres de l'US Census montrent que l'émigration légale entre 1959 et 2000 représente 828 577 Cubains ayant quitté leur pays pour les États-Unis[185].
New Jersey, 2010
La communauté cubaine de l'agglomération deMiami compte environ 650 000 personnes en 2006 (y compris celles nées aux États-Unis)[190]. Lecomté de Miami-Dade est le principal foyer d'exilés[191] cubains dans le monde. En valeur absolue, l'émigration cubaine vers les États-Unis est la deuxième[192] ou la troisième[193] du continent américain derrière le Mexique et le Canada[194] mais la onzième en valeur relative, devant le Mexique en1998 (taux d'émigration de 1,58 pour mille habitants pour Cuba contre 1,37 pour mille habitants pour le Mexique[195]), mais derrière lui sur la période 1991-1996.
La religion reflète la diversitéculturelle de l'île. D'après certains chercheurs, 85 % des Cubains croient en quelque chose, alors qu'ils ne sont que 15 % à pratiquer régulièrement une religion[198].
Après la révolution de1959, Cuba est devenu un état officiellementathée et a limité la pratique religieuse. Le régime expulsa ou incarcéra plusieurs centaines d'ecclésiastiques[198]. Le nouveau gouvernement persécuta les pratiquants de laSanteria et les tint à l'écart du Parti communiste[199].
Fidel Castro a déclaré en 1977 que « le processus révolutionnaire nécessaire en Amérique latine exigeait l'union entre marxistes et chrétiens ». Il s'est lui-même impliqué pour permettre l'adhésion des croyants au parti communiste cubain[200]. L'article 8 de la Constitution cubaine dispose que « l'État reconnaît, respecte et garantit la liberté religieuse[201] ».
Depuis les années 1990, les religions connaissent un regain de vitalité dans l'île[198]. La crise provoquée par l'effondrement du bloc soviétique poussa de nombreux pauvres à se tourner vers la charité des églises. En 1992, Fidel Castro renonça officiellement à l'athéisme d'État[202]. De 1969 à 1998, le gouvernement avait supprimé Noël des jours fériés[203]. Enjanvier 1998, lepapeJean-Paul II a effectué une visite historique sur l'île, invité par le gouvernement cubain et l'Église catholique. Le régime a assoupli ses positions contre la religion puisqu'il est désormais possible pour les catholiques de devenir membres du PCC et de montrer publiquement des symboles religieux[204]. Cependant, un Bureau des Affaires religieuses, qui dépend du PCC, surveille toujours les activités des Églises qui doivent obtenir la reconnaissance des autorités[202].
Cuba est traditionnellement un payscatholique. Le catholicisme cubain est parfois empreint desyncrétisme. Une croyance syncrétique commune est laSanteria, qui est originaire de Cuba. Soixante-pour-cents de la population a reçu le baptême mais seuls 1,5 % sont des catholiques pratiquants[198]. L'Église catholique romaine est composée de la conférence des évêques catholiques cubains (COCC), menée parJaime Ortega,cardinal etarchevêque deLa Havane. Elle est formée de onze diocèses,56 ordres de nonnes et24 ordres de prêtres.
Selon une étude du Centre de Recherches Psychologiques et Sociologiques, Cuba compterait un demi million de protestants sur une population totale de 11,2 millions de personnes. On recenserait par ailleurs 90 000 Témoins de Jéhovah, et cinq synagogues pour environ 1 500 Juifs[198]. Plusieurs centaines de milliers de Cubains pratiquent des cultes afro-cubains[198], qui connaissent un succès important. Parmi les rituels venus d'Afrique, laSanteria est la plus répandue. Parmi les autres cultes africains pratiqués à Cuba figure lePalo Monte, pour lequel on utilise des herbes et autres éléments naturels à des fins magiques, ainsi que l'Abakuá, qui est plus qu'une société secrète de secours mutuel réservée aux hommes.
Il existe également une communauté musulmane sur l'île. Le premier groupe de convertis à l'Islam se nommait "la douzaine" car on pouvait les compter sur le bout des doigts. Ils ont commencé leur conversion dans les années 1990 et l'île compterait aujourd'hui près de 10 000 musulmans cubains[205],[206],[207].
D’après le recensement de 2002, 65 % des Cubains sont blancs, 10 % sont noirs et 25 % métis[17]. Ces statistiques sont toutefois établies à partir des déclarations des personnes elles-mêmes et la proportion réelle de noirs et de métis est vraisemblablement plus élevée. Les préjugés raciaux peuvent pousser vers « l'auto-discrimination » et inciter une partie des métis à se déclarer blancs et une partie des noirs à se déclarer métis[208].
En 2019, environ 50 000 descendants d'immigrants arabes vivent à Cuba dont des réfugiés fuyant les guerres en Syrie et au Yémen[209].
La société cubaine contemporaine est peu raciste : « il n’y pas de haine du Noir, du Blanc ou du métis. Ni les préjugés raciaux, ni la discrimination raciale ni le racisme ne dominent le climat social », souligne Esteban Morales, chercheur au Centre d'études des États-Unis. Le brassage ethnique et socioculturel y est parmi les plus élevés du continent américain et il n'existe pas de « ghettos ethniques » comparables à ceux des États-Unis et de certains autres pays américains[208].
Les préjugés ont une origine ancienne. Entre lacolonisation espagnole de l'Amérique et l’abolition de l'esclavage, plus de trois siècles ont ancré la logique coloniale et la suprématie raciale dans les esprits. Cuba ne sera que l’avant-dernier pays du continent à interdire l’esclavage, en 1886. Jusqu’à larévolution cubaine de 1959, l’île pratiquait une ségrégation comparable à celle des États du sud des États-Unis. Les noirs étaient notamment privés d’accès à de nombreux lieux publics, dont la plupart des plages et des restaurants, étaient soumis à des discriminations dans l'accès à l'éducation et à des salaires généralement plus faibles. La presque totalité de la bourgeoisie cubaine était composée de blancs[208].
Le 22 mars 1959,Fidel Castro qualifie le racisme de « tare sociale à éliminer ». Par l’approbation d’une politique et de lois égalitaires, le racisme institutionnel prend fin. Malgré l’absence de politiques spécifiquement antiracistes, la condition sociale des noirs s'améliore sensiblement. Les discriminations salariales et dans l'accès aux études sont désormais interdites[208].
Cependant, dans les années 1990, l'apparition des entreprises privées favorisent l'extension des inégalités. Dans le secteur touristique, certains chefs d'entreprises estiment que les visiteurs étrangers préfèrent être servis par du personnel blanc et excluent de ce fait les personnes de couleur de leurs équipes. Si dans le secteur étatique, les postes de direction sont à peine plus nombreux dans la population blanche que noire ou métisse, une forte asymétrie est constatée dans le secteur privé. Selon les recherches réalisées en 2000 par Eduardo San Marful et Sonia Catasus du Centre d’études démographiques (CEDEM) de l’université de La Havane en 2000, les dirigeants noirs représentent 5,1 % et les métis 19,5 %, tandis que 75,4 % sont blancs. Ces inégalités sont notamment dues auxremesas (argent que les émigrés envoient à leur famille), 83,5 % des exilés étant blancs[208].
Seuls 19 % des parlementaires et cinq membres du Bureau politique sur 24 sont noirs[199]. Les Afro-cubains sont victimes de racisme dans la capitale, en dépit des efforts du pouvoir pour l’éviter[210]. Une enquête de la BBC de 2009 conclut qu'à Cuba « les Noirs occupent des places de travail inférieures, habitent dans les pires logements et sont majorité dans les prisons et minorité dans les universités » et le Comité pour l'élimination raciale de l’ONU s'est préoccupé du fait que 80-90 % des prisonniers cubains sont des afro-descendants. En 2010, le dissident noirOrlando Zapata meurt d'une grève de la faim, protestant contre ses conditions d'incarcération ; le dissident Manuel Cuesta Morúa estime qu'« on s’était acharné contre lui [Zapata Tamayo] parce qu’il était noir »[réf. souhaitée].
La crise que connaît Cuba depuis les années 1990 a entraîné une augmentation des inégalités sociales[211]. La population la plus pauvre a recours au recyclage et au système D car le salaire ne suffit plus. Le marché noir, lié au rationnement de la nourriture, la prostitution et la criminalité sont des phénomènes qui se développent dans l'île[211]. Le système repose en outre sur une relative corruption, cependant moins élevée que dans la plupart des autres pays américains[212].
Le Parlement cubain est paritaire[213] (faisant de Cuba le troisième pays au monde à la plus forte proportion de femmes élues au Parlement) mais l'instance suprême du pouvoir, le Bureau politique du Parti communiste, ne compte que quatre femmes sur17 membres depuis son congrès de 2016[214]. En 2017, le salaire moyen mensuel est de 800 à 1200 pesos, selon les corps de métiers[215].
Cette section est trop longue. Elle pourrait gagner à être raccourcie ou répartie en plusieurs sous-sections. Il est également possible que sa longueur crée un déséquilibre dans l'article, au point d'en compromettre laneutralité en accordant à un aspect du sujetune importance disproportionnée.
La condition deshomosexuels à Cuba pourrait sembler meilleure que dans le reste de l'Amérique latine : l'homosexualité y est dépénalisée depuis 1979, et en 1998, un programme national à la télévision cubaine a inauguré une série de débats sur l'homosexualité afin de faire changer les mentalités[216], mais Nicolas Balutet estime que ce discours de tolérance à l'égard de l'homosexualité n'est que de façade et relève, en fait, d'un vaste programme de propagande révélé dans le filmFraise et Chocolat, deTomás Gutiérrez Alea (1993), film produit par l'État Cubain pour améliorer les conditions des homosexuels en témoignant sur les répressions qu'ils ont subies lors de la révolution cubaine[217].
Selon Marcel Hatch, militant communiste et des droits des homosexuels, avant la révolution de 1959,« la vie des lesbiennes et des gays était marquée par un isolement extrême et une répression inscrite dans la loi et renforcée par le dogme catholique »[218]. Il décrit le milieu clandestin des homosexuels de l'époque comme « un bouillon de prostitution pour le tourisme des États-Unis ».
Il soutient que la révolution lança un processus pour l'amélioration de leur condition en proclamant l'égalité des sexes, mais que « le machisme latin, la bigoterie catholique et l’homophobie stalinienne » empêchèrent un véritable progrès dans ce sens. D'après José Luis Llovio-Menéndez, Fidel Castro a prononcé à cette époque des discours homophobes, assimilant l'homosexualité à une « décadence bourgeoise » et dénonça les « maricones » (« pédés ») comme des « agents de l'impérialisme »[réf. à confirmer][219]. Le journalLunes de Revolución fut interdit, ses écrivains gays publiquement dénoncés et renvoyés[220]. Le dramaturgeVirgilio Piñera a été arrêté pour délit d'homosexualité en 1961 durant la nuit des trois P (pour « proxénètes,prostituées,pédérastes »)[221] ; son œuvre fut censurée par le pouvoir[222],[223].
Pendant18 mois[218], entre 1965 et 1967, des centaines d'homosexuels hommes et femmes (dontReinaldo Arenas), et de travestis dispensés du port des armes (tout comme les objecteurs de conscience et les analphabètes), furent envoyés dans desunités militaires d'aide à la production (UMAP) à la place du service en caserne. Pour les auteurs deLe Livre noir du communisme, il s'agissait decamps de concentration où ils devaient être« rééduqués »[224] : les prisonniers vivaient des conditions très difficiles, ils étaient astreints autravail forcé, étaient mal nourris et subissaient des mauvais traitements[224]. Selon un témoignage recueilli parErnesto Cardenal, ce serait Fidel Castro lui-même qui a décidé de la fermeture des camps en 1967, après s'être rendu compte, lors d'une visite à l'improviste, des excès qui y étaient commis[225]. Les homosexuels auraient été ensuite interdits dans l'éducation et dans la représentation artistique de Cuba à l'étranger. Des purges homophobes auraient été organisées, notamment à l'université de La Havane (toujours selon les auteurs du « livre noir du communisme »)[224], ce que conteste fermement Fidel Castro pour qui la Révolution et l'éducation sont venues à bout des préjugés contre les homosexuels[226].
Mariela Castro, nièce de Fidel Castro et militanteLGBT, donne une autre version des UMAP :« Ce n'était pas des camps, c'étaient des unités militaires d'appui à la production qui s'étaient créés, comme une sorte de service militaire pour faciliter l'obtention d'une qualification aux fils d'ouvriers et de paysans qui à la sortie leur permettrait l'accès à un travail mieux rémunéré. Cela était l’idée qui avait été proposée au nouveau ministère des Forces armées Révolutionnaires. C’était une période avec beaucoup de confusions, une nation révolutionnaire était en train de se créer en même temps que des attaques de terrorisme d'État dont le peuple cubain était l'objet : c'était très difficile. Ce fut une des initiatives et dans certaines de ces unités se trouvaient des gens qui humiliaient les homosexuels, qui considéraient qu'il fallait les faire travailler pour qu'ils deviennent des « hommes ». Il fallait les « transformer », ça c'était l'idée de l’époque, et elle était ancrée dans le monde entier. Même lespsychiatres pratiquaient desthérapies pour les faire devenir hétérosexuels »[227]. Elle ajoute cependant que l'enfermement dans ces camps fut une « violation des droits de ces personnes[227] ».
Selon Vincent Bloch, « L'édification de l'homme nouveau » - rêvé parChe Guevara - est le prétexte idéologique du régime tout au long des années 1960 :« Au nom d’une moralité confuse et incertaine, les hippies, les homosexuels, les témoins de Jéhovah, les artistes idéologiquement « diversionnistes », sont envoyés dans des camps de concentration, appelés Unités militaires d’aide à la production (UMAP). En compagnie des hommes « non fiables » âgés de 18 à 27 ans, que le gouvernement juge imprudent d’initier au maniement des armes dans le cadre du Service militaire obligatoire (SMO), ils constituent la catégorie de citoyens dont la conduite est « impropre »[228] ».
Depuis la fin des années 1970, la situation de l'homosexualité a beaucoup évolué à Cuba. Lasodomie a été dépénalisée en 1989[229], et les dernières références homophobes ont été supprimées de la loi cubaine en 1997. Cependant, le journalTétu écrivait encore en 2006 :« Harcèlement policier permanent, interdiction des lieux de rencontre, internement pour les séropositifs, la dictature castriste impose toujours sa loi [aux homosexuels] »[230]. Depuis 1986, la « Commission Nationale sur l’Éducation Sexuelle » présente un programme d'éducation sur l’homosexualité et la bisexualité[218].
État des législations nationales concernant l’homosexualité dans le monde : Homosexualité légale
Mariage reconnu
Autre type d’engagement reconnu
Mariage à l’étranger reconnu
Reconnaissance limitée du mariage homosexuel
Reconnaissance limitée du mariage conclu à l’étranger (droit de séjour)
Pas de reconnaissance des couples homosexuels
Homosexualité illégale ou réprimée
Lois restreignant la liberté d’expression et d’association
En 1992,Vilma Espín, femme de Raúl Castro, a dénoncé publiquement la répression et les discriminations qui ont longtemps visé les homosexuels. Ce combat a été repris par sa fille Mariela Castro,actuellement[C'est-à-dire ?] présidente duCentre national d'éducation sexuelle. La même année, Fidel Castro précise :« Pour ma part, je ne souffre pas de cette sorte de phobie contre les homosexuels. Je n'ai jamais été en faveur ni n'ai fait la promotion ni soutenu de politique contre les homosexuels. C'est un ressentiment qui correspond, je dirais, à une époque issue du machisme. […] Nous avons vraiment évolué et on peut le constater surtout chez les jeunes, mais on ne peut pas dire que la discrimination sexuelle ait totalement disparu et nous ne devons pas faire semblant qu'elle n'existe plus »[231]. Dans cet entretien, il reconnaît l'importance qu'a prise l'homophobie à Cuba, tout en l'expliquant et en la condamnant.
Signe de cette évolution significative, Cuba fit partie des66 pays de l'ONU à signer une déclaration en faveur de la dépénalisation universelle de l'homosexualité, en décembre 2008[232].
La première opération dechangement de sexe à Cuba a été faite en 1988, ce qui avait heurté la population et scandalisé l’Église catholique cubaine. Après une interruption de20 ans et sur l'impulsion deMariela Castro, une résolution a approuvé, en 2008, la réalisation d’opérations gratuites de changement de sexe. Mariela Castro Espín a participé dans l'île à une parade contre l'homophobie et elle milite pour lesdroits LGBT (lesbiennes,gays,bisexuels etpersonnes trans).
Depuis cette résolution, au moins 28 opérations de changement de sexe ont été pratiquées gratuitement dans l'île.
Un colloque international sur latransidentité intitulé « Trans-identités, genre et culture » s'est tenu à La Havane les 9, 10 et 11 juin 2010. Il a été organisé par deux associations cubaines, La Société cubaine multidisciplinaire d’étude de la sexualité, Le Centre national d’éducation sexuelle (Cenesex), et deux associations françaises : le Centre psycho-médical social (CPMS) de l’Élan retrouvé à Paris et une association scientifique, le TRIP (travaux de recherches sur l’inconscient et les pulsions).
Il interdit par ailleurs toutecontrainte sexuelle et toute expression publique à caractère sexuel de toute nature (loi organique 10/1995 du 23 novembre 1995).
En 1961 est créé l’Institut national du sport, de l’éducation physique et des loisirs, afin d'encourager la pratique sportive, y compris pour les handicapés[235]. « Le sport est un droit du peuple », lance Fidel Castro dans une formule restée célèbre, et représente « un intérêt primordial pour la nation ». Réservées avant 1959 à une élite issue des classes aisées, l’éducation physique et les disciplines sportives s’ouvrent désormais à toutes les catégories de la population, dont les pauvres, les Noirs et les femmes. Les rencontres sportives sont gratuitement accessibles pour les spectateurs en 1967[236].
Le sport professionnel, considéré comme un moyen « d’enrichir juste quelques-uns aux dépens du plus grand nombre » est interdit à Cuba depuis 1962[235]. Les sportifs se voient appliquer un statut d’amateurs, auxquels l’État garantit un emploi en dehors des périodes d’entraînement et de concours. La mesure eut pour effet de provoquer la défection de nombreux sportifs renommés cubains, intéressés par les salaires proposés par les pays occidentaux aux sportifs professionnels. Ces défections n'affectent cependant pas significativement le sport cubain : la démocratisation de la pratique sportive permet à l'ile de compter sur de nombreux talents[236].
Cuba obtient cependant des résultats croissants dans le domaine sportif : alors que l'île n'avait obtenu aucune médaille d'or olympique entre 1906 et 1968, elle en remporte 31 entre 1972 et 1992[235]. Proportionnellement à sa population, Cuba est le pays qui compte le plus de distinctions olympiques par habitant (220 médailles au total, bien que les Cubains aient boycotté les JO de Los Angeles, en 1984, et ceux de Séoul en 1988)[236].
Lebaseball est considéré à Cuba comme le sport national. L'équipe nationale cubaine a obtenu dix-huit couronnes mondiales entre 1961 et 2005 et trois médailles d’or aux Jeux olympiques[236].
lasanteria, religionsyncrétique d'origine africaine, très présente dans la société cubaine. Selon l'historienne etanthropologue María I. Faguaga, la majorité de la population tient compte des prophéties publiées chaque année dans laLettre de l'année publiée par lesbabalaos, les prêtres de la santería[238].
les Cubains sont peu équipés en matériel informatique (3,3 ordinateurs pour100 habitants, c'est-à-dire l'un des taux les plus faibles du monde)[239].
En,Miguel Díaz-Canel promulgue le décret 349 qui oblige les artistes à solliciter l’autorisation préalable du ministère de la Culture avant de se produire dans les espaces publics ou privés. Le décret 349 prévoit aussi l'interdiction de vendre des livres dont la teneur est« préjudiciable à l'éthique et aux valeurs culturelles » de Cuba. Des artistes s'organisent pour contester cette loi, notamment autour duMouvement San Isidro[240],[241],[242].
Après la prise de pouvoir de Fidel Castro, le nombre de titres de presse se réduit considérablement[243] ; en 1965 : il ne reste plus que deux journaux, tous deux dépendants du Parti communiste :Granma etJuventud Rebelde(en)[243].
En 2016, le pays est classé171e sur 180 parReporters sans frontières pour le peu de liberté qui y est laissé à la presse (l'organisation déclarant par ailleurs que Cuba est « le pire pays d'Amérique latine en matière de liberté de la presse », avec des arrestations abusives, des menaces, des campagnes de dénigrement, des confiscations de matériel, des fermetures de site web ou encore un arsenal de lois restrictives[74])[245], mais l'objectivité de cette organisation est contestée par certains commeRony Brauman. Cependant, d'autres organisations font le même constat que RSF : en 2008, Cuba est ainsi le second pays au monde avec le plus de journalistes emprisonnés selon leComité pour la protection des journalistes (basé àNew York, États-Unis), qui fait du pays le quatrième pire pays pour le traitement des blogueurs[246].Guillermo Fariñas a fait une grève de la faim de quatre mois contre la censure d'Internet.Amnesty International écrit pour sa part que tous les médias sont aux mains du pouvoir et que cela rend impossible toute expression d'une voix dissidente[247] ; l'ONG des droits de l'homme y est par ailleurs interdite depuis 1990[74].
Capter les chaînes étrangères de télévision resterait interdit par le gouvernement[248],[249]. Lapublicité est toujours interdite à Cuba. La vente des ordinateurs aux particuliers était très limitée jusqu'en mai 2008[250], et les cybercafés qui affichaient des tarifs prohibitifs sont maintenant à des tarifs raisonnables. En effet, Cuba n’a pas pu se connecter aux câbles américains passant à quelques dizaines de kilomètres au large de la Havane à cause de l’embargo impliquant des surcoûts prohibitifs de connexion internet par satellite. Un câble de fibre optique reliant Cuba au Venezuela sera opérationnel courant 2011, multipliant la capacité de connexion de l'île par 3 000. SelonRSF, les connexions ne permettent pas d'accéder aux sites étrangers tandis que l'accès à internet serait soumis à autorisation[251],[252]. Ainsi,Freedom House, une ONG américaine, classe Cuba comme pays dernier pour sa liberté d'expression sur internet, en dessous de l'Iran ou de laChine. L'ONG écrit ainsi :« Le seul accès à Internet disponible pour la plupart des Cubains passe par les courriels, mais ceux-ci sont tous analysés par l'État »[253].Salim Lamrani conteste les accusations portées contre Cuba sur la censure d'Internet, affirmant que, selon les rapports de Reporters sans frontières, des blogueurs opposés au gouvernement publient régulièrement des articles depuis Cuba, et que ces articles sont lus par beaucoup de Cubains, ce qui serait selon lui impossible s'ils n'avaient réellement pas accès à Internet.
Cuba détient le taux d'accès à internet le plus bas d'Amérique latine[248] (17 internautes pour mille habitants contre 630 aux États-Unis et 430 en France[181]). Toutefois, le gouvernement explique cette déficience par des raisons pratiques et énergétiques découlant de l'embargo (contraignant Cuba à se connecter par satellite, ce qui multiplie les coûts) plutôt que par des choix politiques[254]. Seulement 5 % des foyers pouvant naviguer sur Internet, Amnesty International déclare que naviguer sur le web dans le pays est « censuré ». Par ailleurs, il était interdit jusqu'en 2008 de posséder un ordinateur personnel ou un lecteur DVD[74]. En 2014, dans le cadre de l'allègement de l’embargo, le gouvernement américain lève partiellement l'interdiction faite à Google de proposer ses programmes à Cuba[255].
Cuba a développé sa propre encyclopédie en ligne,EcuRed, dont le but est de présenter le point de vue du décolonisateur. En 2013, Twitter a fermé le compte d'EcuRed ainsi que tous les comptes ayant des adresses IP liées au Joven Club de Computación y Electrónica[256].
L'assouplissement de l'embargo des États-Unis contre Cuba en 2015 amène un regain de l'activité touristique à Cuba. Néanmoins, au-delà du charme exotique de la destination et du faible taux d'insécurité, la pauvreté, les coûts élevés, l'état des transports et des télécommunications, la qualité de la nourriture, la saturation de l'aéroport international José-Martí ou encore les relents de la propagande castriste sont critiqués[257].
↑a etbAnnette Becker, «LA GENÈSE DES CAMPS DE CONCENTRATION : CUBA, LA GUERRE DESBOERS, LA GRANDE GUERRE DE 1896 AUX ANNÉES VINGT»,Revue d’Histoire de la Shoah, 2008/2 N° 189, pages 101 à 129
↑Jean Lamore,José Martí: la liberté de Cuba et de l'Amérique latine, Éditions ellipses, 2017.
↑a etbJean-François Gayraud, « Les deux pôles de la mondialisation criminelle »,Conflits : histoire, géopolitique, relations internationales,no 13,,p. 21-23.
↑OlivierPironet, « Cuba : chronologie », surLe Monde diplomatique,(consulté le)
↑René Cárdenas Medina, « El espacio social de la religión en Cuba y la visita de Juan Pablo II ». La Habana : Centro de Investigaciones Psicológicas y Sociológicas (CIPS): Estudios Sociorreligiosos, 1998,p. 10.
↑Une société pharmaceutique,Chiron, a été condamnée pour avoir exporté vers Cuba des produits pharmaceutiques sans la licence prévue à cet effet ; les exportations de médicaments sont légales mais soumises à licence cfChiron fined for exports to Cuba, Judy Silber, 9 juillet 2004. Quand elle a demandé une autorisation pour exporter légalement cesvaccins, elle en a obtenu une :Medicc Review
↑(Feinsilver 1989) :Its success has been acclaimed by Dr. Halfdan Mahler, the Director-General of the World Health Organization (WHO), and Dr. Carlysle Guerra de Macedo, Director-General of the Pan American Health Organization (PAHO), as well as by medical professionals from the United States and other capitalist countries who have observed the Cuban health system in action. Despite U.S. hostility toward Cuba, a U.S. government document stated in 1982 that the 'Cuban Revolution has managed social achievements, especially in education and health care, that are highly respected in the Third World…, [including] a national health care program that is superior in the Third World and rivals that of numerous developed countries.
↑a etbSilvia Pedraza,Political disaffection in Cuba's revolution and exodus,p. 156.
↑Chávez Negrín, Ernesto, « Transformaciones sociodemográficas en la Cuba de los noventa », La Habana : Centro de Investigaciones Psicológicas y Sociológicas (CIPS): Departamento de Estudios sobre Familia, 2001,p. 11.
↑Paulo A. Paranagua, Cuba après Castro, « l'armée en position d'arbitre », dansLe Monde du 2 novembre 2006,[lire en ligne].
↑Collectif, Charles Ronsac (dir.),Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, 2000(ISBN2-221-08861-1)p. 777.
↑Salim Lamrani,Fidel Castro, Cuba et les États-Unis,p. 43.
↑Eric Glover, « La dissidence donne de la voix », dansCourrier international[lire en ligne].
↑Entre 1961 et 1970, 256 000 Cubains se sont installés sur le sol américain, 246 800 entre 1971 et 1980, 159 200 entre 1981 et 1990 selonle recensement des États-Unis de 2000
↑En 1998, 131 600 Mexicains sur une population de 95,831 millions ont émigré aux États-Unis, soit 1,37 pour mille habitants ; 17 400 Cubains sur une population de 11,116 millions ont émigré aux États-Unis soit 1,56 pour mille habitants ; source :recensement des États-Unis de 2000
↑Sylvie Kauffmann, Martine Jacot, Brice Pedroletti, « La censure sur Internet : États contre cyberdissidents », dansLe Monde du 29 août 2007,[lire en ligne].
SalimLamrani,État de siège : les sanctions économiques des États-Unis contre Cuba : une perspective historique et juridique, Estrella,(ISBN978-2-9531284-2-0,OCLC780282352)
Le Pas suspendu de la Révolution. Approche critique de la réalité cubaine (2001), ouvrage collectif coordonné par Yannick Bovy et Éric Toussaint, Éditions du Cerisier, Mons, Belgique. Préface de Manuel Vazquez Montalban. Photos de Yannick Bovy et Mathieu Sonck.