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Cruscades

43° 11′ 32″ nord, 2° 49′ 03″ est
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Cruscades
Cruscades
Blason de Cruscades
Blason
Administration
PaysDrapeau de la FranceFrance
RégionOccitanie
DépartementAude
ArrondissementNarbonne
IntercommunalitéCommunauté de communes de la Région Lézignanaise, Corbières et Minervois
Maire
Mandat
Jean-Claude Morassutti
2020-2026
Code postal11200
Code commune11111
Démographie
GentiléCruscadèls
Population
municipale
940 hab.(2022en évolution de +4,79 % par rapport à 2016)
Densité97 hab./km2
Géographie
Coordonnées43° 11′ 32″ nord, 2° 49′ 03″ est
AltitudeMin. 26 m
Max. 50 
m
Superficie9,65 km2
TypeBourg rural
Unité urbaineHors unité urbaine
Aire d'attractionNarbonne
(commune de la couronne)
Élections
DépartementalesCanton du Lézignanais
LégislativesPremière circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte :France
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Cruscades
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Cruscades
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Cruscades
Liens
Site webSite officiel
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CruscadesÉcouter est unecommune française, située dans le Nord-Est dudépartement de l'Aude enrégionOccitanie.

Sur le plan historique et culturel, la commune fait partie dumassif des Corbières, un chaos calcaire formant la transition entre leMassif central et lesPyrénées. Exposée à un climat méditerranéen, elle est drainée par l'Orbieu, le ruisseau de Lirou. La commune possède un patrimoine naturel remarquable : unsite Natura 2000 (la « vallée de l'Orbieu ») et deuxzones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.

Cruscades est une commune rurale qui compte 940 habitants en 2022, après avoir connu une forte hausse de la population depuis 1975. Elle fait partie de l'aire d'attraction de Narbonne. Ses habitantssont appelés les Cruscadèls ou Cruscadèles.

Géographie

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Localisation

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Cruscades est une communeviticole de la plaine narbonnaise, traversée par la route qui va deLézignan-Corbières à l'embranchement de la D 24 et de laN 6113 (non loin du col de la Mède), viaOrnaisons. Cruscades est située à17 km deNarbonne et à5 km de Lézignan-Corbières, à43 km par la route, deCarcassonne, la préfecture.

Représentations cartographiques de la commune
Carte OpenStreetMap.
Carte topographique.
Carte avec les communes environnantes.

Communes limitrophes

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Les communes limitrophes sontCanet,Luc-sur-Orbieu,Lézignan-Corbières,Névian,Ornaisons etVilledaigne.

Carte
Les limites communales de Cruscades et celles de ses communes adjacentes.
Communes limitrophes deCruscades[1]
CanetVilledaigne
Lézignan-CorbièresCruscadesNévian
Luc-sur-OrbieuOrnaisons

Généralités d'ordre géophysique

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D'un point de vue géographique et géologique, Cruscades se situe dans l'un des trois secteurs qui composent le Narbonnais, à savoir celui de Lézignan-Ginestas. Le bourg se trouve dans une plaine, délimitée : au sud par l'Orbieu ; à l'est et à l'ouest par deux élévations de terrain ; au nord par les terres de Canet-d'Aude. À l'ouest, l'ensemble Plat-de-Veyret/Resplandy/Saint-Michel [PRS] se situe à l'extrémité d'une longue digitation orientée SW/NE (axe Ferrals-les-Corbières/Canet-d'Aude) ; et plus à l'est, la Mouchère et les Ginestes, qui délimitent à l'ouest la plaine, et à l'est la dépression de la Cardaïre. Le sol de ces modestes éminences est recouvert de cailloux et graviers. Entre ces deux plissements s'étend la plaine qui va, en s'évasant, vers Canet-d'Aude. Elle est constituée d'une terre limoneuse, plus fertile. La formation de ces terrains est liée aux différentes glaciations quaternaires (rissien du [PRS], würmien de la plaine), mais aussi aux divagations de l'Aude et de l'Orbieu. Plus à l'ouest et plus à l'est, on remarque deux dépressions : celle dite "de l'Étang des Colombes", et l'autre "de la Cardaïre". Il s'agit d'anciens étangs, autrefois poissonneux, qui furent asséchés : le premier par les archevêques de Narbonne, le second (fin du XVIIIe-début du XIXe siècle) lors de la déviation du Lirou vers Canet-d'Aude (il s'écoulait anciennement dans ledit étang de la Cardaïre). Le village est entouré de verdure (parcs particuliers). L'altitude du village culmine modestement à36 mètres (hauteur du site de l'ancienne école). Le territoire communal s'étend sur 9,65 km2 (965 ha)[2].

Cruscades se situe en zone de sismicité 2 (sismicité faible)[3].

Hydrographie

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La commune est dans larégion hydrographique « Côtiers méditerranéens »[4], au sein dubassin hydrographiqueRhône-Méditerranée-Corse[5]. Elle est drainée par l'Orbieu et le ruisseau de Lirou, qui constituent unréseau hydrographique de 5 km de longueur totale[6],[Carte 1].

L'Orbieu, d'une longueur totale de 84,1 km, prend sa source dans la commune deFourtou et s'écoule du sud-ouest vers le nord-est. Il traverse la commune et se jette dans l'Aude àSaint-Nazaire-d'Aude, après avoir traversé 22 communes[7].

Climat

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Pour des articles plus généraux, voirClimat de l'Occitanie etClimat de l'Aude.

En 2010, le climat de la commune est de typeclimat méditerranéen franc, selon une étude s'appuyant sur une série de données couvrant lapériode 1971-2000[8]. En 2020,Météo-France publie une typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat méditerranéen et est dans la région climatiqueProvence, Languedoc-Roussillon, caractérisée par une pluviométrie faible en été, un très bon ensoleillement (2 600 h/an), un été chaud (21,5 °C), un air très sec en été, sec en toutes saisons, des vents forts (fréquence de 40 à 50 % de vents >5 m/s) et peu de brouillards[9].

Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de14,9 °C, avec uneamplitude thermique annuelle de15,9 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 568 mm, avec 6,1 jours de précipitations en janvier et 2,7 jours en juillet[8]. Pour la période 1991-2020 la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune deLézignan-Corbières à 5 km àvol d'oiseau[10], est de15,2 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 678,7 mm[11],[12]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différentsscénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[13].

Milieux naturels et biodiversité

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Réseau Natura 2000

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Site Natura 2000 sur le territoire communal.

Leréseau Natura 2000 est unréseau écologique européen de sites naturels d'intérêt écologique élaboré à partir desdirectiveshabitats etoiseaux, constitué dezones spéciales de conservation (ZSC) et dezones de protection spéciale (ZPS)[Note 1]. Un site Natura 2000 a été défini sur la commune au titre de la directive habitats : la « vallée de l'Orbieu »[15], d'une superficie de17 765 ha, servant d'habitat, entre autres, pour leBarbeau méridional et duDesman des Pyrénées en limite nord de répartition[16].

Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique

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L’inventaire deszones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) a pour objectif de réaliser une couverture des zones les plus intéressantes sur le plan écologique, essentiellement dans la perspective d’améliorer la connaissance du patrimoine naturel national et de fournir aux différents décideurs un outil d’aide à la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement du territoire. Une ZNIEFF detype 1[Note 2] est recensée sur la commune[17] : les « pelouses de la Domèque » (45 ha), couvrant 2 communes du département[18] et une ZNIEFF detype 2[Note 3],[17] : la « vallée aval de l'Orbieu » (445 ha), couvrant 12 communes du département[19].

  • Carte des ZNIEFF de type 1 et 2 à Cruscades.
  • Carte de la ZNIEFF de type 1 sur la commune.
    Carte de la ZNIEFF de type 1 sur la commune.
  • Carte de la ZNIEFF de type 2 sur la commune.
    Carte de la ZNIEFF de type 2 sur la commune.

Urbanisme

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Typologie

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Au, Cruscades est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[20].Elle est située hors unité urbaine[I 1]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Narbonne, dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[I 1]. Cette aire, qui regroupe 71 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[21],[22].

Occupation des sols

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L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (100 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (100 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : cultures permanentes (84,6 %), zones agricoles hétérogènes (9,4 %),terres arables (6 %)[23]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].

Carte en couleurs présentant l'occupation des sols.
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

Risques majeurs

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Le territoire de la commune de Cruscades est vulnérable à différentsaléas naturels :météorologiques (tempête,orage,neige, grand froid,canicule ousécheresse),inondations etséisme (sismicité faible). Il est également exposé à unrisque technologique, letransport de matières dangereuses[24]. Un site publié par leBRGM permet d'évaluer simplement et rapidement les risques d'un bien localisé soit par son adresse soit par le numéro de sa parcelle[25].

Risques naturels

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Certaines parties du territoire communal sont susceptibles d’être affectées par lerisque d’inondation par débordement de cours d'eau, notamment l'Orbieu. La commune a été reconnue enétat de catastrophe naturelle au titre des dommages causés par les inondations etcoulées de boue survenues en 1982, 1992, 1996, 1997, 1999, 2005, 2006, 2009 et 2014[26],[24].

Carte des zones d'aléa retrait-gonflement des sols argileux de Cruscades.

Leretrait-gonflement des sols argileux est susceptible d'engendrer desdommages importants aux bâtiments en cas d’alternance de périodes desécheresse et de pluie. La totalité de la commune est en aléa moyen ou fort (75,2 % au niveau départemental et 48,5 % au niveau national). Sur les 364 bâtiments dénombrés sur la commune en 2019, 364 sont en aléa moyen ou fort, soit 100 %, à comparer aux 94 % au niveau départemental et 54 % au niveau national. Une cartographie de l'exposition du territoire national auretrait gonflement des sols argileux est disponible sur le site duBRGM[27],[Carte 3].

Risques technologiques

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Le risque detransport de matières dangereuses sur la commune est lié à sa traversée par une route à fort trafic et une ligne de chemin de fer. Un accident se produisant sur de telles infrastructures est en effet susceptible d’avoir des effets graves au bâti ou aux personnes jusqu’à 350 m, selon la nature du matériau transporté. Des dispositions d’urbanisme peuvent être préconisées en conséquence[28].

Toponymie

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Étymologie

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D'après le "Dictionnaire étymologique des noms de lieux de France" de Dauzat et Rostaing (Larousse, 1963), Cruscades constituerait "une énigme toponymique". Plusieurs auteurs, dont les noms suivent, ont donné quelques hypothèses plus ou moins plausibles :

« Le lieu historique tirerait son origine du motcrusca, lequel, en dialecte ibérique, signifie un creux, un fossé, un silo. Cruscades serait « le bourg des silos »[29]. Mais l'origine est obscure ; il faut peut-être chercher dans l'occitancruscar « broyer »[30]. C'est aussi une énigmetoponymique[31] : c'est un nom unique en son genre ; on pense cependant à un nom gallo-romain de villa à suffixeanum, plurielanas (finale atone), appliqué à un sobriquet dérivé de crusculum, latin, petite jambe, par exemple Cruscatus ; on connaît comme surnom Crucellio. - gallo-romain (?)[32]. »

L'hypothèse qui fut formulée par leDr Lemoine[33], selon laquelle Cruscades dériverait d'un nom gallo-romain (avec suffixe -anum) ne paraît pas crédible, car nous aurions hérité d'un toponyme avec suffixe -an (comme Fabrezan, Lézignan, Moussan, etc.).

Parmi les hypothèses curieuses, si l'on admet que la bataille de l'Orbieu, en793, s'est déroulée près de Cruscades, on retiendra deux interprétations : le village de Cruscades tirerait son nom de deux motslatins :crux (croix) etcadere (tomber). Il désignerait l'endroit où laCroix, signe des combattants chrétiens, est tombée sous les coups du Croissant, signe des combattantssarrasins. Cruscades pourrait venir aussi du motoccitan : Cruc (sommet de la tête) et de la terminaisonada (substantif exprimant le résultat de l'action). Quand on a deux têtes qui se heurtent, on a une crucada. Ces hypothèses ont été développées par l'abbé Joseph Graves (1907-1991).

Georges Sénié pense que l'une des premières appellations du village :Aruscadae pose problème. L'abbé Sabarthès, dans sonDictionnaire Topographique de l'Aude, écrit qu'il doit s'agir d'une erreur de transcription et qu'il faut lireCruscadae. Mais rien n'autorise formellement qu'il faille éliminer ladite appellationAruscadae. On a la preuve, grâce à des découvertesarchéologiques réalisées par l'abbé Toustou au début duXXe siècle dans le périmètre de l'église, que l'existence du bourg de Cruscades remonte au moins au début du Haut Moyen Âge : on a trouvé entre autres vestiges un fragment de l'épitaphe d'un nommé Pentadia datant du règne deRécarèdeIer, roi desWisigoths de l'an 586 à l'an 601, année de sa mort à Tolède. Ce Pentadia devait être un riche propriétaire et Cruscades le siège d'une vastevilla gallo-romaine (à l'instar de celles du "Pla de Beyret" et de la « Métairie de Saint-Michel », aujourd'hui « Resplandy »). Si le toponyme de Cruscades demeure bien une énigme, on ne peut pas éliminer cependant l'hypothèse d'un nom de lieu d'originewisigothique : c'est pour cette raison que l'on doit conserver la graphieAruscadae.

À la fin du mois de mars 2009, un Cruscadèl a trouvé, du côté des « Condamines » (pièce de terre située à gauche de la D 24, à la sortie du village, en allant vers Ornaisons, juste après la cité de la Bacaune), des fragments de céramiques (briques, sigillées, poteries...) qui, lors d'une première expertise, ont été datés comme appartenant à une période s'étendant duIer siècle au début du Moyen Âge. Ceci remet en cause l'hypothèse qui accréditait l'existence d'un « premier Cruscades », entre leIIe siècle av. J.-C. et leVeapr. J.-C., sur le site « Plat-de-Beyret/Resplandy » (P. de B./R.) : donc, plus près du Cruscades actuel (à environ 250 mètres à vol d'oiseau de l'église, vers l'est), existait un autre site humanisé (sans doute un domaine agricole) aux origines contemporaines de « P. de B./R. », mais qui a dû subsister, peut-être jusqu'au milieu duVIIIe siècle.

Extrait deL’Éclair de Montpellier du (*) :

« A Cruscades, dans l'Aude, ont été faites, ces derniers temps des découvertes qui intéressent l'archéologie, et peut-être la préhistoire. Au pied d'une muraille fort ancienne, si l'on en juge par l'extrême usure des pierres, se trouve un vaste puits de 12 mètres de circonférence, très-solidement construit et curieusement pavé avec des cailloux de rivière. On a supposé d'abord que c'était une citerne. Il fallut abandonner cette hypothèse lorsqu'on vit que le pavage reposait sur une épaisse couche de sable. Ce ne pouvait être un silo, car le sol est trop humide, ni une prison, le pavage en serait usé. Un archéologue a émis l'idée que ça pouvait représenter une glacière peut-être d'origine gallo-romaine. De nouvelles fouilles ont fait découvrir, autour du puits une voûte de maçonnerie, abritant des squelettes et des vases funéraires brisés, sauf un qui a été recueilli entier. Plus loin, on trouva un autre puits, de dimension moindre, pavé plus grossièrement, plein de squelettes qui s'effritaient au contact de l'air. Chaque squelette était enfermé dans une sorte de cercueil en pierres brutes. Nulle inscription, si ce n'est sur un morceau de marbre trouvé presque à fleur de terre, les deux tiers d'une épitaphe en latin, de l'époque wisigothique. Le pavage du grand puits mérite une mention particulière. On y voit trois rangées de pierres en saillie et des traits gravés au burin. Est-ce des lettres appartenant à un alphabet primitif ? On pourrait le soutenir avec quelque vraisemblance. Est-ce des oghams, des runes, ces caractères mystérieux auxquels certains peuples attribuaient un pouvoir magique ? Ne serait-ce pas le résultat unique de la fantaisie extraordinaire d'un ouvrier ? Les signes sont en trop petit nombre, déclare l'auteur de ces découvertes pour en tirer des déductions solides. Il faut attendre d'autres trouvailles avant de porter un jugement. »

Dans la revueFolklore (audois) de 1938, on peut lire un article consacré à certains mots de la langue occitane, en usage dans les pays d'Aude. Le linguisteLouis Alibert, auteur d'un dictionnaire « occitan-français », consacre un chapitre à propos du terme decièjo, qui désignait un ancien silo creusé dans de nombreuses habitations du village de Montréal-de-l'Aude, et le termine par la remarque suivante : « Notons qu'à la place de "cièjo", des actes montréalais de la fin duXVIe siècle emploient le mot "Cros". Mistral enregistre ce sens : Cros, silo pour enfermer les grains en Albigeois. » Cruscades serait alors le village des silos, ceux découverts tout près de l'église paroissiale ?...

L'évolution de la graphie de Cruscades

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Cruscades, sous l'Ancien Régime, est une commune dudiocèse civil et religieux deNarbonne. Laparoisse est dédiée àsaint Jean l'Évangéliste ou l'Apôtre. L'archevêque de Narbonne en était leseigneur justicier (basse, moyenne et haute justice). Cruscades faisait partie de lasénéchaussée deCarcassonne et de la généralité de Montpellier.

Évolution de la graphie du nom de Cruscades[34] :

Histoire

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Cruscades a été humanisé bien avant notre ère, si l'on se fie aux découvertes des archéologues. Le site du Pla-de-Beyret, associé à celui du Plo-de-Beyret (il en est fait mention un peu plus bas, avec celui de Resplandy ) prouvent sans conteste que les environs immédiats du Cruscades actuel furent occupés dès l'époque gallo-romaine. Par ailleurs, de ce même site du Plo-de-Beyret, l'archéologue Régis AYMÉ nous apporte une information importante, à la suite de constatations faites en 2006 :" Un défoncement a mis au jour, dans une parcelle dominant l'ancien et rive de l'Orbieu, un site de l'Âge du Fer d'une superficie d’environ 1500 m². Le mobilier recueilli en surface se compose de nombreux tessons d'amphores micacées d'origine massaliète, de céramique ibéro-languedocienne à pâte claire dont le décor peint n'est pas conservé. Deux petits fragments de coupes à vernis noir de type ionien permettent de situer l'ensemble vers la fin du 1er Âge du Fer ou le début du second. La poterie indigène modelée est pratiquement absente. À l'extrémité de la partie du terrain anciennement occupée, est visible une aire de terre rubéfiée d'environ 9 m x 5 m, contenant de nombreux éléments de terre cuite d'environ 10 cm d'épaisseur, dans lesquels on remarque des empreintes de végétaux, et présentant une seule face régularisée. Il s'agit certainement des restes d'une structure de cuisson, dont on ne peut dire, faute de fouille, s'il s'agit d'un four domestique ou d'une installation potière, qu'aucun autre indice ne permet d'envisager. Dans un angle de la parcelle, on voit la trace d'un fossé de 40 mètres de long et de plusieurs de large, d'époque indéterminée."Toujours en 2006, un autre site important a été révélé à l'occasion d'un défonçage au lieu-ditl'Amayral. Ce site a bénéficié d'une prospection systématique et d'un ramassage en surface, prospection que l'on doit à deux archéologues : Régis AYMÉ (déjà cité) et Guy RANCOULE. La quasi-totalité des vestiges se concentre sur une petite surface de 1500 m² en bordure de laquelle le soc de la charrue a soulevé des restes d'un four (parois en terre cuite, terre rubéfiée, galets de 10 à 20 cm de diamètre). Au nord-est de la parcelle, sur une longue traînée de 10 m de long et 2 de large (peut-être un fossé comblé), la charrue a exhumé des fragments de tuiles et de la vaisselle commune tardive. Au centre de ladite parcelle, les archéologues ont trouvé des vestiges gallo-romains. Au niveau de la céramique, il s'agit presque exclusivement de productions tournées de technique méditerranéenne, importée, ou d'origine régionale, de formes connues et standardisées (Cf. Dicocer 1993). Les morceaux d'amphores relevés datent du VIe siècle avant notre ère,et évoquent les productions grecques attiques ; un tesson isolé, à pâte beige, portant des vestiges de peinture externe brun noir (technique dite "à la brosse"), pourrait provenir d'une amphore des mêmes provenance et époque.Des vases de tables possiblement d'origine grecque orientale, des céramiques grises monochromes, des fragments de céramiques ibéro-languedociennes (provenant de grands vases), des tessons de poteries modelées, des débris d'os, des restes probables d'un four domestique, des fragments de coquilles de moule, etc., complètent le tout. Selon les archéologues, le site recèle en profondeur d'autres et nombreux vestiges. Les archéologues soulignent que le gisement étudié del'Amayral se situe non loin duprincipal itinéraire ancien en direction de l'ouest. Et d'ajouter :Les intrusions attribuables à des périodes postérieures recueillies dans la première zone sont rares : une anse de pâte grise dure, probablement tardo-romaine, quelques tessons à cuisson oxydante, dont un fond de pot de technique gallo-romaine, un fragment de plomb, un poids cylindrique de 480 g, en plomb, avec des trous de suspension. Du milieu du champ proviennent 21 fragments, issus de plusieurs amphores d'époque romaine, dont un bord subvertical incomplet de la forme Pascual 1, ou assimilée, et un autre fragment d'amphore à lèvre oblique et rectiligne assez longue. De la partie nord-est, proviennent deux fragments d'une coupelle à pâte grise, dure, mal épurée (...), trois fragments de poterie à cuisson oxydante, un bord d'urne (...) et quelques autres fragments atypiques, tous attribuables à des vases de formes et de technique propres aux productions régionales de l'Antiquité tardive ou du haut Moyen Âge..." On retiendra de tout cela, qu'à une faible distance de Cruscades (au sud-ouest), vivaient des hommes vers le VIe siècle avant notre ère, et que le site fut occupé irrégulièrement jusqu'auVe – VIe siècle après J.-C.[41].

Un vieux manuscrit

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D'après unmanuscrit, rédigé par un ancien prêtre et cité par l'abbé Joseph Graves (ce document n'a pas été retrouvé), il était écrit que « parmi les villages environnants sur les bords de l'Orbieu, Cruscades, seul, se trouve à l'abri desinondations et convient excellemment à la construction desilos, en raison de sa situation légèrement surélevée par rapport au niveau de larivière, même en période de fortescrues ». Or, la terrible inondation du 12- a démenti cette croyance ancestrale puisque, pendant la nuit, les eaux arrivèrent jusqu'à la D 24 en inondant une partie des maisons situées le long des rues de l'Égalité et de la République. Mais il est vrai cependant que, de mémoire de Cruscadèls, on n'avait jamais vu pareille catastrophe, et les plus âgés ne se souvenaient pas avoir entendu parler de pareils événements. (Il faut toutefois noter que le niveau de la crue fut loin d'atteindre l'église.) Entre 2000 et2008, d'importants travaux de protection contre la montée des eaux ont été entrepris. Un peu plus loin, ledit curé ajoute : « La plaine (de Cruscades) devait être le véritablegrenier de la région ». En 1927-1928, une sorte de grand puits fut mis au jour près de l'église, du côté du nord-est. De nombreuses hypothèses ont été émises, certaines peu crédibles. Mais il est communément admis que cette grande fosse circulaire devait être une glacière datant duMoyen Âge. C'est d'ailleurs l'opinion de l'abbé Giry[42].

Dans le Dictionnaire de Girault de Saint-Fargeau, au chapitre du département de l'Aude, on peut lire :"À Cruscades, l'Orbieu a abandonné insensiblement, et par des relais successifs, son ancien lit(côté gauche), et, coulant plus avant dans le territoire deLuc, il a laissé une assez grande quantité de terrain qui, exhaussé par leslimons alluviaux, est très fertile..." C'est la terrasse alluviale dite de "Grazas". Jusqu'au début duXIXe siècle, l'Orbieu se divisait en deux bras en cet endroit (voir carte du diocèse de Narbonne, duXVIIIe siècle). L'eau du bras aujourd'hui mort alimentait unmoulin hydraulique construit auXIIe siècle : on le sait grâce àl'InventaireRocques, déposé au Département des Archives de Narbonne, ce qui est confirmé par le livre de comptes duBaille de Canet, Aymeric SOLAS, qui se trouve dans les "Archives secrètes" vaticanes et dont nous avons eu copie. Ce livre a été dépouillé par M. Sylvain DURAND, archéologue (Oupia - Hérault)[2].

Les origines de l'actuel Cruscades

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Le village primitif existait, selon des sources écrites, dès leIXe siècle, sous la forme de quelques maisons construites sur une motte naturelle (toujours visible, là où se dresse aujourd'hui la « Maison Tauja », propriété de la famille Ayraud) ; il dépendait de la temporalité de l'archevêque de Narbonne, seigneur en toute justice de Cruscades. Ces quelques maisons se protégeaient derrière une solide palissade (la construction des remparts en dur se déroula dès 1196). Il ne reste aujourd'hui aucune trace de la maison dite "seigneuriale", si ce n'est un fragment de fenêtre en grès de Fontfroide, observable depuis l'impasse qui mène derrière la maison de M. Ayraud. Cependant, des vestiges archéologiques prouvent que le site actuel du village de Cruscades fut humanisé bien avant leIXe siècle : une épitaphe datant du roiwisigothRécarèdeIer ou ReccaredIer (de 586 à 601) a été retrouvée à Cruscades[43]. Il faut signaler également deux habitats antiques : lieux-dits du « Pla de Beyret » (Ier siècle av. J.-C.-IIIe siècle apr. J.-C.) et de « Resplandy » (Ier siècle av. J.-C. - Antiquité tardive) ; celui-ci était appelé naguère « Métairie de Saint-Michel »[2].

Par une charte de 1157, Louis VIII confirme àBérenger,archevêque de Narbonne, les privilèges et les possessions que lui et ses prédécesseurs avaient reçus des rois, entre autres le château de Cruscades, « castrum de Cruscadas ».

Au cours d'un concile provincial, l'archevêque Bernard Gaucelin excommunia publiquement, comme dévastateur et pilleur d'églises, un certain Nicol, qui, avec sa bande, ravageait le pays depuis le château de Cruscades où il avait établi son quartier général[44]. Le brigand aragonais avait osé établir un péage à Cruscades sur l'anciennevoie romaine qui menait de Narbonne à Carcassonne. Mais le successeur de Bernard, l'archevêque Bérenger, qui possédait entre autres les châteaux deCapestang et de Cruscades, confia leur administration à l'Aragonais, au grand dam du papeInnocent III qui dressa un réquisitoire, en 1204, contre ledit Bérenger[2].

Le Moyen Âge

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Un document desarchives de Narbonne signale l'existence des remparts auXIIe siècle. Pendant cette époque troublée par les incursions des troupes étrangères et le passage des brigands, les habitants de la communauté s'engagent à verser à Ramon Filhol, alors châtelain du lieu (il était en faitbayle c'est-à-dire représentant du seigneur-archevêque de Narbonne), la somme de 2 700 sols melgoriens pour subvenir aux frais« du bastimant des murailhes dudit Cruscades et faictes sous le bon plaisir du seigneur Archevêque »[45].

On a pu retrouver les vestiges de ces remparts à l'occasion de la pose des canalisations du tout-à-l'égout, dans les années-1930, mais surtout lorsque la municipalité réalisa le projet fontinal (fin des années/1950-début des années-1960) : la pelle mécanique a soulevé les fondations d'un mur, infrastructure de la vieille enceinte bâtie avec un mortier réalisé avec de la chaux (liant), du sable, du gravier et des cailloux plus ou moins gros, selon la technique en usage au Moyen Âge. Si l'on observe les maisons du vieux Cruscades, on constate que parmi les matériaux utilisés, on distingue la présence fréquente du très beau grès deFontfroide (grès turonien d'un bel orangé), celle de la pierre de Ferrals (tuf du quaternaire), et de cailloux roulés (galets).

Pendant lacroisade contre les Albigeois,Simon de Montfort, alors duc de Narbonne, occupe le Lézignanais et entre en conflit avec le nouvel archevêque,Arnaud Amaury. Il enlève tous les châteaux du vicomte Amaury de Narbonne, dont il reçoit l'hommage. En 1226, Pierre Amiel, nouvel archevêque, reçoit400 livres en compensation pour les terres dont il a été dépossédé par Simon de Montfort, puis par Amaury de Montfort qui va les céder en 1224 au roiLouis VIII. Ce dernier les rétrocédera àGuy de Montfort, à savoir Sérame, Lengoust, Tourouzelle, Castelnau, Conilhac, Caumont.

Ces seigneuries resteront rattachées à la seigneurie de Lézignan jusqu'à laRévolution. En 1258, une châtellenie est créée parLouis IX à Lézignan, mais n'en feront pas partie lesparoisses relevant soit de la vicomté de Narbonne, soit de l'archevêché ou du chapitre de Saint-Just et Saint-Paul, comme Cruscades, Canet...

Dans la deuxième moitié duXIVe siècle, Cruscades, toujours sous la domination seigneuriale de l'archevêque de Narbonne, figure dans l'inventaire de ses revenus et de ses droits : le château, le moulin, le four, les étangs et les garennes, la moitié du droit de pêche, l'entier droit de chasse. Les étangs se situaient : l'un près du domaine actuel d'Olivéry, l'autre à proximité du terroir de Lézignan (domaine de l'Étang des Colombes)[2].

Guerre de Cent Ans

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Un document isolé faisant partie des archives paroissiales du village d'Ouveillan atteste que Cruscades fut pillé pendant la guerre de Cent Ans. AuXVIIe siècle,Me Amadou, recteur de cette communauté, entreprit d'étudier tous les documents dont il pouvait disposer. C'est dans l'une de ces pièces d'archives (datée du) que Cruscades est évoqué. À ce moment-là, Ouveillan continuait le bâtiment de ses murailles (remparts). On peut y lire :«...Pendant le temps de la construction, il vint beaucoup d'ennemis aux environs de Narbonne qui ravageaient les campagnes et qui massacraient les gens, et surtout ils firent beaucoup de ravages à Canet, à Cruscades et à Truilhas.. »[46].

Cruscades avait construit ses remparts dès 1196. L'attaque des compagnies de brigands se déroule presque deux cents ans après l'érection des murailles. On peut légitimement se demander si l'on avait régulièrement procédé à l'entretien de l'enceinte. Le royaume de France était alors en plein marasme à cause de la guerre dite « de Cent Ans », dont le prétexte remonte à la mort deCharles IV, fils dePhilippe IV le Bel, resté sans héritier : en 1340,Édouard III d'Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel, va soudainement réclamer lacouronne de France. Le conflit, long et ruineux, se terminera, sans qu'aucun traité bilatéral ne fût signé, en 1453 ; les Anglais conservèrent Calais, qu'ils ne rendirent seulement qu'en 1558. En 1404, le délégué de l'archevêque de Narbonne, Jean Corsier, entreprit la visite d’une bonne partie des paroisses circonvoisines du siège archiépiscopal (plus d'une vingtaine). Il est noté dans les rapports d'inspection que certains dégâts faits aux édifices religieux le furent pour cause de guerre[47].

LeXVIe siècle

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Les « Recherches diocésaines de Narbonne » ([48]) du début duXVIe siècle, réalisées en 1537 à Cruscades, vont poser les bases d'un nouveaucadastre de la paroisse (territoire communal) en définissant les limites, en dressant l'inventaire des maisons et des terres en présence des consuls Arnaud Tourdes et Jordy Ramon (on les fait jurer sur les « quatre saintsévangiles » de fournir auxgéomètres patentés et arpenteurs désignés sous les termes de« prodomes et destrayres » dans le texte de1537, tous les renseignements possibles, en toute loyauté). Parfois, à défaut de repères géodésiques naturels (comme certains arbres réputés vivre très vieux, par exemple), les préposés aux « Recherches » édifiaient de petits tas de pierres en guise debornes, appelés« senhols » (signaux).

Les terres cultes et incultes représentent 3 739 sesterades, soit environ850 hectares. Le bourg qui couvre une surface réduite se compose de« la vyllo, gleysos, sementery, hyeros, jardyns » (ville, églises, cimetière, aires de dépiquage,jardins). On note15 maisons ou«ostals»,6« patus » (enclos murés) et6« cortals» servant de dépendances agricoles. Les terres à céréales, les vignes, lesolivettes et les prés s'étendent sur près de 50 % duterroir ; le reste des terres est signalé en friche,« terros ermos », constituant des vacants voués, la plupart du temps, à la dépaissance. Il fallut attendre l'ordonnance royale de 1770 pour que l'on assistât au défrichement de nombreuses parcelles dites « en non valeur », qui furent le plus souvent plantées en vignes (elles donnaient une petitepiquette, dont une partie était distillée à Canet-d'Aude)[2].

L'expansion duXVIIIe siècle

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Le début duXVIIIe siècle fut dramatique pour les populations : l'hiver de 1709 fut sibérien ! Le gel, qui dura plusieurs semaines, anéantit la quasi-totalité des oliviers, occasionnanta posteriori la ruine de nombreux moulins à huile, faute d'activité. À Cruscades, quatre cents oliviers périrent.

La construction dupont sur la rivière de l'Orbieu, entre les communes de Cruscades et d'Ornaisons, qui dura de 1745 à 1752, obligea lesÉtats de Languedoc à mettre en service une nouvelle route pour relier l'ouvrage à Lézignan. Il fallut aussi se pencher sur l'aménagement desrelais de poste qui s'égrenaient le long de ce grand chemin dit « deCarcassonne àNarbonne ».

Jusqu'en1755, ils se trouvaient basés, dans le Lézignanais, àVilledaigne, Lézignan etMoux ; ces relais appartenaient à la famille Théron depuis la fin duXVIIe siècle. Pour équilibrer les distances entre lesdits relais, on déplaça celui de Lézignan à Cruscades. Le relais de Poste aux chevaux fut établi dans une dépendance située tout près de l'actuelle maison-Fabre. La toponymie nous le rappelle : la vigne située derrière le parc d'agrément de ladite famille Fabre s'appelaitLa Poste. Les Cruscadèls virent ainsi passer des voyageurs anonymes, mais aussi les équipages de personnalités de la Province, et même, le 4 février 1814, le pape Pie VII, qui s'arrêta une vingtaine de minutes à Cruscades où l'on procéda au changement d'attelage ; il fut harangué par le curé de Cruscades, Me Boyer, en compagnie de tous les Cruscadèls venus en nombre vivre l'événement et qui reçurent la bénédiction papale. Le village avait été envahi par des dizaines de calèches et autres berlines : toute la bonne société de Narbonne suivait le saint cortège dans un désordre indescriptible, chacun désirant être en bonne place pour suivre le Pontife... À partir de 1849, la construction d'un pont sur l'Orbieu à Villedaigne sonna la fin du relais de poste de Cruscades. (Rappelons qu'un relais de poste se trouvait déjà, entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIIe apr. J.-C., au lieu-dit « Pla deBeyret », sur l'ancienne voie romaine. Le "patois"Veyret dérive du latinveredus qui signifie : cheval de poste.) Antoine Théron confia la gestion du relais à l'un de sespostillons, un nommé Laval, qui fut rapidement en conflit avec le Conseil de la Communauté à cause de ses prétentions indues : il souhaitait que le Conseil mît à sa disposition un logement et des locaux, ainsi que des champs pour faire pâturer les chevaux du relais. Les Consuls cruscadèls firent valoir qu'ils n'avaient pas à se mêler d'une affaire privée. Laval réalisa finalement les travaux nécessaires à ses activités professionnelles, moyennant l'avance d'une certaine somme par le bourg de Lézignan. Il n'était pas rare que le Conseil eût à faire face à des conflits d'intérêts. Cela occasionnait des frais. On peut citer le cas du seigneur de Lézignan, le maréchal de Bellisle, qui exigeait que Cruscades fît recreuser le ruisseau du Lirou, « rec » qui drainait les eaux pluviales de l'Etang-Fabre, ce que le Conseil refusa d'exécuter en faisant valoir ses droits. Il y eut aussi le recteur (prêtre) Foulquier qui mit en demeure la communauté de faire procéder aux réparations de la maison curiale qui menaçait ruine : on lui trouva un logement chez l'habitant, en attendant une restauration qui traîna pendant près de vingt-cinq longues années. On peut également citer le cas de« l'advocat Octavian Domec » qui s'opposa à la communauté de Cruscades pour un problème de terres. (Cet avocat Domec est à l'origine du nom de lieu de « la Domèque », hameau situé près de Canet-d'Aude.) Également on peut évoquer le conflit "Communauté vs le sieur de Robert", à propos des dégâts occasionnés à ses propriétés par les troupeaux. Vers 1740, on comptait près de800 bêtes à laine sur le seul territoire de Cruscades. De Robert porta l'affaire devant le Parlement de Toulouse et eut gain de cause. Il fut indemnisé sur les deniers de la communauté. Cela incita les consuls à prévoir dans les « dépenses ordinaires », une somme de50 livres pour entretenir un garde-terroir afin de surveiller les pasteurs. De tout temps, les pasteurs et les laboureurs furent en conflit.

Au cours d'un grand nettoyage des abords du monument aux morts dans lesannées 1980, on découvrit d'anciennes pierres tumulaires, desstèles etmonuments funéraires entassés sous une épaisse couche de terreau, en face du presbytère, côté est. Parmi ces vestiges, une pierre portait l'inscription « De Robert ». On ignore où ont été déposés ces vestiges. Lors de la construction du monument aux morts pour honorer la mémoire des jeunes Cruscadèls tombés au champ d'honneur, on déplaça de nombreuses stèles et pierres tumulaires que l'on entreposa non loin. Le vieux cimetière de Cruscades, qui s'étendait tout près de l'église Saint-Jean, commença à être déserté dès la fin des années 1870, quand on créa le "cimetière neuf", --- il est aujourd'hui le cimetière vieux, puisque l'on assit une troisième nécropole, dans les années 1970, au lieu-ditla Caussade[2].

Histoire de fours

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Dans le « Livre Vert » (ainsi appelé à cause de la couleur de sa couverture), rédigé à l'initiative dePierre de La Jugie,archevêque de Narbonne (1347-1375), on lit, au chapitre de Cruscades (« De Cruscadis ») que le seigneur archevêque possède « un four propre avec droit de fournage : à chaque cuisson, il a droit à unpain sur trente pains cuits ». (Au début duXVIIIe siècle, la redevance fut convertie en unealbergue d'une croix d'or d'une valeur de10 livres.) Il tenait aussi unmoulin banal avec droit de mouture (ce moulin fut construit auXIIIe siècle sur un bras de l'Orbieu qui passait alors, là où se dresse aujourd'hui le vieuxchâteau d'eau, au chemin de Luc, vers « Grasas »). Ce moulin fut la propriété, à l'origine, d'une famille de Villedaigne.

Le 8 novembre1699, Guillaume Bonnafous, fermier du four « banier » (ou banal) de la communauté poursuit en justice Jean Barthes, « bayle » (le « bayle » ou « baille », du latin « bajulus », est le représentant du seigneur-archevêque à Cruscades), qui fait cuire son pain dans un autre four que celui de la communauté, à la métairie de Resplandy (du nom de son propriétaire d'alors, un certain Paul Resplandi, originaire deNarbonne) ; on l'appelait aussi « mettérie de saint Michel »[49]. La justice tranchera dans ce conflit[50].

AuXVIIIe siècle, l'archevêque de Narbonne, seigneur de Cruscades, baille (au sens de « bail ») à la communauté un « four noble » (non sujet à l'impôt) à cuire le pain, moyennant une albergue (taxe) d'unecroix d'or. Cefour était situé «près du portail» (au sud du village) ; il sera vendu par l'archevêché, en 1732, à la communauté qui l'affermera. De strictes conditions engagent le fermier : il fournira tout le bois nécessaire au chauffage du four, qu'il fera fonctionner chaque jour depuis la saint Jean-Baptiste (24 juin) jusqu'au 15 août, pendant le temps de la récolte.Durant plusieurs semaines d'été, Cruscades voyait arriver les « estibandiers » ou ouvriers saisonniers chargés desmoissons. Le reste de l'année, le four fonctionnait les mardis et vendredis. Le fermier prélevait la valeur d'un pain tous les trente enfournés (1 pour 30), mais rien sur les gâteaux, selon un usage immémorial[51].

Au tout début duXIXe siècle, ce vieux four fut démoli pour permettre l'agrandissement d'une rue et la construction d'uneplace. Vers 1894-95, Jean Labrousse,boulanger, acheta l'ancien four Aragon, construit au cours duXIXe siècle, et le four communal qui lui faisait concurrence et qu'il fit démolir vers 1923-1924[52].

Politique et administration

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Découpage territorial

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La commune de Cruscades est membre de lacommunauté de communes de la Région Lézignanaise, Corbières et Minervois[I 1], unétablissement public de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre créé le dont le siège est àLézignan-Corbières. Ce dernier est par ailleurs membre d'autres groupements intercommunaux[53].

Sur le plan administratif, elle est rattachée à l'arrondissement de Narbonne, audépartement de l'Aude, en tant quecirconscription administrative de l'État, et à larégionOccitanie[I 1].

Sur le plan électoral, elle dépend ducanton du Lézignanais pour l'élection desconseillers départementaux, depuis leredécoupage cantonal de 2014 entré en vigueur en 2015[I 1], et de lapremière circonscription de l'Aude pour lesélections législatives, depuis leredécoupage électoral de 2010[54].

Liste des maires

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Liste des maires successifs
PériodeIdentitéÉtiquetteQualité
mars20082014Jean-Claude MorassuttiapparentéPSMaire
mars20012008Roger DedieuapparentéPSMaire
Les données manquantes sont à compléter.

Population et société

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Démographie

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L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[55]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[56].

En 2022, la commune comptait 940 habitants[Note 5], en évolution de +4,79 % par rapport à 2016 (Aude : +2,65 %,France horsMayotte : +2,11 %).

Évolution de la population  [ modifier ]
179318001806182118311836184118461851
173191284280309287264262218
Évolution de la population  [ modifier ], suite (1)
185618611866187218761881188618911896
286351373403460489508517513
Évolution de la population  [ modifier ], suite (2)
190119061911192119261931193619461954
503471454450414440436405386
Évolution de la population  [ modifier ], suite (3)
196219681975198219901999200520062010
399374341290289324412417538
Évolution de la population  [ modifier ], suite (4)
201520202022------
843921940------
De 1962 à 1999 :population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes :population municipale.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[57] puisInsee à partir de 2006[58].)
Histogramme de l'évolution démographique

Enseignement

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Choisi par les consuls, le maître d’école devait se pourvoir de lettres de régence délivrées par l’archevêque de Narbonne, seigneur de Cruscades (ou par l'un de ses « grands vicaires » ou vicaires généraux). Ces documents étaient gratis et renouvelables. On demandait aux régents d'être bons chrétiens, de bonnes mœurs, de témoigner d’une vie exemplaire, avant même de s’enquérir de leurs diplômes.
Les régents étaient nommés pour un an : l’année commençait à la Saint-Jean-Baptiste et se terminait donc à la même date de l’année suivante. Lorsqu’un régent était apprécié, les communautés pouvaient renouveler pendant plusieurs années ses services. Quelquefois, le régent tardait à arriver dans la commune : le curé se chargeait alors d’éduquer la « petite jeunesse » ; dès lors, il recevait les gages correspondant à la période de remplacement, gages qu'il reversait le plus souvent à une œuvre de charité. Il n'était pas rare, d'ailleurs, que le recteur (lou ritou) exerçât cet enseignement à temps plein.
Les consuls veillaient à ce que les enfants jouissent d’un bon enseignement, que le régent vive "paisiblement". Le curé du village venait régulièrement à l'école "faire la catéchèse". Il exigeait que l'on plaçât au mur de la classe un crucifix devant lequel, deux fois par jour, les enfants venaient prier. Quelquefois, mais très rarement, le torchon brûlait entre les consuls et l’enseignant, quand ce dernier ne se conformait pas au contrat passé entre celui-ci et la communauté.Il advenait parfois que deux régents fussent nommés dans un même village, chacun d’eux muni dumandatum épiscopal : des procès s’ensuivaient. En ces occasions, il n'était pas rare de voir la population se scinder en deux camps, chacun soutenant un candidat. Les consuls s'en remettaient à l’Intendant de la Province, compétent pour les affaires scolaires. Mais souvent, « l’affaire ne montait pas si haut » : ils s'adressaient aux pères de familles qui donnaient généralement un avis de bon sens. Il arrivait aussi que lesdits pères demandassent le renvoi de l’instituteur qu’ils ne jugeaient pas compétent. Car, dans la population, il se trouvait des gens instruits qui pouvaient tester le niveau d'acquisition de connaissances des élèves (avancement de l’apprentissage de la lecture et du calcul, de l'expression écrite).

L’enseignement dispensé aux jeunes filles ne pouvait l’être par le régent : les règlements synodaux stipulaient que l’enseignant pouvait être frappé d’excommunication s’il recevait, dans sa classe, des filles, et même s’il était prouvé qu’il leur avait donné des cours particuliers à domicile. Leur éducation était confiée à une régente qui était, le plus souvent, épouse ou fille du régent exerçant depuis un certain temps dans la commune. Les consuls considéraient que la principale mission de ces régentes consistait essentiellement dans l'apprentissage "de ce dont elles auront besoin pour tenir, plus tard, leur foyer" : la couture, le tricotage et le ravaudage, la cuisine, etc. L'enseignement de la morale chrétienne n'était pour autant pas oublié. En somme, on demandait d'abord aux filles de devenir de futures épouses exemplaires. Cependant, on observait de notables différences dans ledit enseignement des filles, selon les communautés. Il en était où les consuls exigeaient que les filles reçussent des cours de culture générale incluant le calcul, la lecture, l'écriture : dans ce cas, ils faisaient appel à une régente diplômée. Mais, généralement, la régente était une bonne mère de famille, sans instruction particulière. Il n'était pas rare, d'ailleurs, qu'elle ne sût point signer la quittance attestant le versement de ses émoluments…

Les ordonnances de 1698 et de 1724 avaient fixé à150 livres le montant du traitement des régents, mais rares étaient les communes qui appliquaient ce tarif : les sommes qui leur étaient allouées variaient d’une commune à l’autre. Quelquefois même, on se passait du service d’un enseignant : on connaît le cas de villages du Narbonnais, pendant leXVIIIe siècle, qui restèrent plus de cinquante ans sans maître d'école… L’examen despréambules des rôles des impositions concernant lesXVIIe et XVIIIe siècles montrent ces nombreuses disparités. Dans leurbudget prévisionnel consacré aux dépenses « ordinaires » et « extraordinaires », certains consuls préféraient payer un garde-terroir pour surveiller les récoltes et appréhender quelque voleur, ou pour réprimander un pasteur qui laissait paître ses bêtes dans une prairie privée, plutôt que de se réserver les services d’un enseignant. Mais la plupart du temps, la cause de l’absence d'un régent incombait tout simplement au manque de ressources : les communautés étaient, dans leur grande majorité, nécessiteuses, leurs ressources étant liées aux revenus de l’agriculture (cultures et élevage principalement). Les calamités climatiques pouvaient grever les finances communales pour de nombreuses années. Le terrible hiver de 1709 fut à l’origine de la perte de nombreux troupeaux d’ovins et de milliers d’oliviers. La pression fiscale était insoutenable, qui résultait de l’incurie au plus haut sommet du royaume.

Le régent pouvait cependant assumer d’autres missions comme tenir le greffe consulaire (ancêtre du secrétariat de mairie) ; s’occuper de l’horloge communale ; collecter la taille, etc. ÀCruscades, le régent prenait aux enchères la levée de l’impôt et remplissait les fonctions de percepteur et de receveur municipal. Il pouvait recevoir, des parents d’élèves, des contributions en nature (vin, froment, huile…). Il devait parfois, comme cela était consigné dans le contrat, enseigner gratis un certain nombre d’enfants de parents réputés indigents[59].

LES RÉGENTS CRUSCADELS AVANT 1789

On sait qu’il y eut un régent à Cruscades en 1723, mais on ignore son nom. Les gages avaient été fixés par les consuls à75 livres : ils ne varieront pas jusqu’à la Révolution.

1724 : BONNAFOUS André (les Bonnafous étaient nombreux à Cruscades). 1725 : CASTAGNET (De 1726 à 1733 : pas de régent) 1734 : TARBOURIECH (De 1735 à 1748 : pas de régent) 1749 : Louis MERCIER 1750-1751 : AZEMAR 1752-1753 : PONTET (Pas de régent en 1754) 1755 : ALIMAN (Pas de régent de 1756 à 1761) 1762-1763 : NEGRE 1764-1765 : CASSAN (Pas de régent en 1766) 1767 : RIBEZAUTES François (Pas de régent de 1768 à 1771) 1772 : FORMIGA (Pas de régent de 1773 à 1774) 1775 : VARENNES 1776 : COMIGNAN Joseph 1777 : BLANCHET Jean 1778 : DE ROBERT André (il y avait une famille DE ROBERT à Cruscades) (Pas de régent de 1779 à 1782) 1783-1784 : Jean ESCLOUPIÉ dit « Janelle ou Janette » 1785-1788 : LIGNÈRES Jean-Antoine[60].

Manifestations culturelles et festivités

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Le saint Patron de Cruscades est saint Jean l'Apôtre ou l’Évangéliste, qui se fête le 27 décembre. Depuis des temps immémoriaux, Cruscades a fêté son saint tutélaire, fête qui faisait partie des réjouissances de la Nativité. Jusqu'à ces dernières années, le village organisait trois jours de fête, les 25, 26 et 27 décembre, selon la tradition. (De nos jours, on marque le coup le 27 décembre : le comité des fêtes invite la population à un petit apéritif. On préfère se réserver pour la fête d'été.)

On engageait un orchestre. Les vieux Cruscadèls appelaient ça un« Jazz ». On s'accordait les services de formations venant de villages du Narbonnais, comme celle d'Ornaisons. Sous l'Ancien Régime, on dansait aux sons de la « boudègo » (bodega) que d'aucuns appelaient aussi « sansogno » (sansonha) : c'est la cornemuse ; du « aubouès » (auboès) : hautbois ; de la flûte ; d'un tambourin (parfois constitué d'un pot en grès fermé avec une peau de mouton tannée)...Il n'y avait pas qu'à la Noël que l'on dansait et ripaillait à Cruscades. Sous l'Ancien Régime, au début de l'été, arrivaient au village les « estibandiers », des ouvriers venus de l'extérieur pour faire la moisson. Cruscades fut, avant la généralisation de la vigne, un grenier à blé en Narbonnais. Après une rude journée de labeur, les hommes prenaient un peu de plaisir en dansant avec les demoiselles du village. Cela pouvait donner lieu, quelquefois, à un mariage. Il arrivait aussi que, longtemps après leur départ, quelque Cruscadèle se trouvât « couflado » (conflada), enceinte.. Mais il se trouvait souvent quelque brave célibataire qui prenait femme et enfant, au grand soulagement des parents de la frivole...

Un peu plus tard s'ajoutera l'accordéon, vers la fin duXIXe siècle. Ce n'est qu'après la guerre de 14-18 que commenceront à essaimer dans nos campagnes ces fameux« jazz ».. Ces fêtes patronales représentaient un moment fort dans la vie communautaire, une rupture salutaire dans le rythme des jours et des saisons consacrés aux travaux des champs.Les festivités de Cruscades commençaient par la traditionnelle fête de Noël. La chorale répétait de nouveaux chants sous l'égide du curé. Le vieil harmonium était mis à contribution. Quelquefois, un Cruscadèl qui jouait du violon prêtait son concours.. Parmi les participants, il y avait de belles voix de soprano qui entonnaient en solo les morceaux de bravoure :Minuit Chrétien,Panis Angelicus,Les anges dans nos campagnes,Douce nuit, Sainte nuit, etc. C'était Adeline Sénié ; Mme Dumenjou, l'organiste ; et plus près de nous, Mme Suzanne Auriol.. Pour la Messe de Minuit, l'église était bondée : les femmes et les enfants dans le bas de la nef et les hommes rassemblés à la tribune. Chacun pensait déjà au réveillon. On disait dans les environs, en parlant de la fête de Cruscades : « La festo dé Cruscado, très toupis dabant lé foc ! » (La festa de Cruscadas, tres topins davanç le fòc !) : La fête de Cruscades, trois pots devant le feu ! Les mamètes plaçaient près de l'âtre ces trois « toupins » où mijotaient lentement une estouffade (« estofat » : généralement une daube), un cassoulet (caçolet) et des gras-doubles (tripat) : une « sainte trinité » !

Le lendemain, la jeunesse organisait le tour de table, au moment du repas de midi. Les habitants demandaient que l'on jouât un morceau de musique et donnaient leur obole : cela permettait de payer le« jazz ». Pour compléter la recette, on organisait un loto (« rifle ») dans la salle des fêtes (une ancienne bergerie donnée par M. Fabre, ancien propriétaire, là où se trouve de nos jours le foyer municipal). Généralement, le loto suivait le concert, donné par l'orchestre loué pour les trois jours (auXXe siècle), ce qui ravissait les personnes âgées (on jouait pour eux des « tubes » anciens et du classique). L'endroit était décoré par la jeunesse. Une délégation était chargée d'aller chercher le buis pour orner une scène improvisée et cacher les poutres. On posait des tentures rudimentaires derrière lesquelles les musiciens pouvaient entreposer leur matériel. Les rifles étaient pourvues de lots ; on mettait à contribution les commerçants locaux et forains. AuXXe siècle, il n'était pas rare d'inviter un félibre qui déclamait quelques vers bien sentis dans la « lenga mairala », par lesquels il égratignait gentiment les notabilités cruscadèles (le curé, le maire, quelques personnages hauts en couleur...) Jules Ricalens, le félibre lézignanais, bourrelier de son état, était très prisé. À Cruscades, il y eut d'autres poètes occitans comme Robert Monnier et Léon Auriol ; ce dernier fit partie, pendant ses années parisiennes, où il occupait un poste dans un ministère, de l'association desAudois à Paris ; il s'y trouvait des gens qui devinrent, pour la plupart, des personnalités de premier plan dans notre département.De leur côté, les instituteurs organisaient le « sapin de Noël » dans la salle commune de la mairie. La population était invitée à écouter les enfants qui avaient appris, le premier trimestre durant, de nouveaux chants. À la fin du spectacle, « Monsieur » et « Madame » distribuaient les cadeaux et les bonbons.

Il y avait d'autres fêtes, religieuses : « le Mois de Marie », les processions du Saint-Sacrement (Fête Dieu). C'était spectaculaire. Le cortège démarrait devant l’église et parcourait les rues du village. En certains endroits, on ménageait une station où l'on avait érigé des autels temporaires ; là, le prêtre officiait, avant de repartir pour une autre station.. La confection de ces autels prenait beaucoup de temps. Les rues qu'empruntait le cortège processionnaire étaient jonchées de pétales de fleurs provenant de corbeilles que les femmes et les enfants, qui précédaient la procession, jetaient au passage des paroissiens. À l'avant de la foule, qui chantait des cantiques choisis, avançait le prêtre sous un dais (les anciens l'appelaient : « le tambourel sens rodos », le tombereau sans roues), dais que les propriétaires du village portaient. Outre ces manifestations, il y avait les processions rogatoires (« las rougazous ») : les Rogations (avant l'Ascension). On partait en chantant des litanies vers certaines croix qui se trouvaient disséminées sur le territoire communal. (À Cruscades, le dernier prêtre à résidence, Joseph GRAVES, en avait compté treize.) On entendait alors une incantation, des dizaines de fois répétée : « Te rogamus audi nos ! » : « Écoute (Dieu), nous t'implorons ! » C'était l'occasion pour demander l'intercession du Ciel pour que soient protégés les fruits de la terre[2]...

LeComités des Fêtes

Depuis l'Ancien Régime, on fêtait chaque année le saint Patron de la communauté - saint Jean l'Apôtre -, deux jours après Noël, le 27 décembre. C'était généralement à l'initiative d'un groupe de Cruscadèls qui comprenait des représentants de la bourgeoisie, le recteur et les marguilliers : la fête revêtait essentiellement un caractère religieux. Il fallut attendre l'année 1962, le 16 août exactement, pour que Cruscades se dote d'unComité des Fêtes déclaré officiellement en sous-préfecture avec dépôt des statuts, et insertion au Journal Officiel le 30 août 1962. Cette association de type Loi-1901 se donna comme but d'organiser les fêtes de la commune et, spécialement, la fête patronale. Le premier président du comité fut le pilier du FCL XIII Guy Villemur (1930-2020). Il fut épaulé par André Salles, Joseph Subias et André Sénié. Cette année-là, le premier souci des membres fut de préparer les fêtes de Noël : il ne restait que quatre mois pour tout préparer et louer un orchestre : la formation « Didier Normand » vint animer les trois jours de festivités programmés. Mais trois ans plus tard, on constate des flottements, on entend des critiques : le bureau démissionne. Des jeunes gens vont prendre la relève : le nouveau président sera Élie Tavagnutti, secondé par Jean-Pierre Scanduizzi, Roger Cabrera et Alain Mathieu. L’orchestre à la mode Jack Allen sera réservé. Deux mois plus tard, on enregistre des démissions au cours d'une réunion plénière où fut invitée à participer la population cruscadèle. Pour l'année 1966, on loua la formation Michel March.

Mais il faudra attendre 1968 pour connaître un nouveau Comité des Fêtes complètement renouvelé. Le 24 juillet 1968, en soirée, a lieu une importante assemblée générale dans la salle commune de la mairie, en présence du maire et instituteur Pierre Alméras. Est-ce parce que la révolution de Mai-68 était passée par là ? Le tout est qu'une importante partie de la population se déplaça. On vota pour élire le bureau et les membres : Jean-Claude Sogorb, président ; Paul Mathieu, vice-président ; secrétaire, Robert Palao (secrétaire de mairie) ; secrétaire adjoint : Jean-Claude Laffitte ; trésorier, Gilbert Carbonneau ; trésorier-adjoint : Daniel Pradelle. Les membres : Marie-Laure Auriol, Sylvie Bourigault, Jean Février, Henri Villefranche, Jean-Pierre Scanduizzi, Jean Mathieu, Aimé Puyuelo, Jean-Marie Salles, André Laborda, Gilbert Bourigault, Fernande Cristante. On peut dire que 1968 fut l'année à partir de laquelle le Comité des fêtes allait connaître une bonne stabilité et son régime de croisière. Aujourd'hui, cette association est toujours en activité.

Sports

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Le volley-ball Roi à Cruscades

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Depuis que le rugby s'est imposé en Languedoc, il y a plus d'un siècle, les villages du Lézignanais et du Narbonnais ont fourni de bons joueurs aux équipes des grosses villes. Ici, c'est surtout Lézignan qui a pu bénéficier des bonnes « tiges » repérées par quelque recruteur : Guy Villemur, Jean-Claude SOGORB (Cruscadèl d'adoption) connurent leur heure de gloire avec le FCL XIII. Mais on ne peut pas dire que Cruscades ait bénéficié de sa propre équipe. Dans les années 1950, quelques amis amoureux du ballon ovale constituèrent des équipes fugitives, avec l'apport de joueurs d'autres villages, qui participèrent à des championnats régionaux.

Avec l'arrivée de l'abbé Joseph Graves, en 1951, la jeunesse se passionna aussi pour le ping-pong : on jouait dans la salle du catéchisme, au presbytère, et au foyer rural. Les premiers initiateurs furent Claude Monnier et Oreste Fabris. Il y eut quelques compétitions, sans envergure. Juste après l'installation du nouveau curé, un couple d'instituteurs (M. et Mme Pierre Alméras) créa une dynamique sportive qui allait porter le volley-ball sur le devant de la scène locale.

En 2007 fut organisée dans la salle polyvalente une exposition ayant pour thème : « Le Sport collectif ; jeux de ballons », préparée par une étudiante cruscadèle en B.T.S., Stéphanie Mas.

Économie

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Revenus

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En 2018 (donnéesInsee publiées en), la commune compte 315 ménages fiscaux[Note 6], regroupant 814 personnes. Lamédiane durevenu disponible parunité de consommation est de 19 800 [I 2] (19 240 € dans le département[I 3]).

Emploi

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Taux de chômage
Division200820132018
Commune[I 4]10,6 %13,5 %9,9 %
Département[I 5]10,2 %12,8 %12,6 %
France entière[I 6]8,3 %10 %10 %

En 2018, la population âgée de 15 à 64 ans s'élève à 559 personnes, parmi lesquelles on compte 74,6 % d'actifs (64,6 % ayant un emploi et 9,9 % de chômeurs) et 25,4 % d'inactifs[Note 7],[I 4]. En 2018, letaux de chômage communal (au sens du recensement) des15-64 ans est inférieur à celui de la France et du département, alors qu'en 2008 la situation était inverse.

La commune fait partie de la couronne de l'aire d'attraction de Narbonne, du fait qu'au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle[Carte 4],[I 7]. Elle compte 125 emplois en 2018, contre 113 en 2013 et 76 en 2008. Le nombre d'actifs ayant un emploi résidant dans la commune est de 368, soit unindicateur de concentration d'emploi de 33,8 % et un taux d'activité parmi les 15 ans ou plus de 58,6 %[I 8].

Sur ces 368 actifs de 15 ans ou plus ayant un emploi, 85 travaillent dans la commune, soit 23 % des habitants[I 9]. Pour se rendre au travail, 85,8 % des habitants utilisent un véhicule personnel ou de fonction à quatre roues, 1,7 % lestransports en commun, 6,1 % s'y rendent en deux-roues, à vélo ou à pied et 6,4 % n'ont pas besoin de transport (travail au domicile)[I 10].

Activités hors agriculture

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Secteurs d'activités

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52 établissements[Note 8] sont implantés à Cruscades au. Le tableau ci-dessous en détaille le nombre par secteur d'activité et compare les ratios avec ceux du département[Note 9],[I 11].

Secteur d'activitéCommuneDépartement
Nombre%%
Ensemble52100 %(100 %)
Industrie manufacturière,
industries extractives et autres
1325 %(8,8 %)
Construction1223,1 %(14 %)
Commerce de gros et de détail,
transports, hébergement et restauration
1426,9 %(32,3 %)
Information et communication11,9 %(1,6 %)
Activités financières et d'assurance11,9 %(2,7 %)
Activités immobilières23,8 %(5,2 %)
Activités spécialisées, scientifiques et techniques
et activités de services administratifs et de soutien
35,8 %(13,3 %)
Administration publique, enseignement,
santé humaine et action sociale
59,6 %(13,2 %)
Autres activités de services11,9 %(8,8 %)

Le secteur du commerce de gros et de détail, des transports, de l'hébergement et de la restauration est prépondérant sur la commune puisqu'il représente 26,9 % du nombre total d'établissements de la commune (14 sur les 52 entreprises implantées à Cruscades), contre 32,3 % au niveau départemental[I 12].

Entreprises

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L' entreprise ayant son siège social sur le territoire communal qui génère le plus dechiffre d'affaires en 2020 est[61] :

  • Martin Pierre, travaux d'installation d'eau et de gaz en tous locaux (5 k€)

Agriculture

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La commune fait partie de lapetite région agricole dénommée « Région viticole »[62]. En 2010, l'orientation technico-économique de l'agriculture[Note 10] sur la commune est la viticulture (appellation et autre)[63].

198820002010
Exploitations282014
Superficie agricole utilisée (ha)839453398

Le nombre d'exploitations agricoles en activité et ayant leur siège dans la commune est passé de 28 lors du recensement agricole[Note 11] de 1988 à 20 en 2000 puis à 14 en 2010[63], soit une baisse de 50 % en 22 ans. Le même mouvement est observé à l'échelle du département qui a perdu pendant cette période 52 % de ses exploitations[65]. Lasurface agricole utilisée sur la commune a également diminué, passant de839 ha en 1988 à398 ha en 2010. Parallèlement la surface agricole utilisée moyenne par exploitation a baissé, passant de 30 à28 ha[63].

Viticulture

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Cruscades est une communeviticole, où de nombreux arrachages ont eu lieu dès le début des années2000. De grosses pièces de terre furent rachetées à la fin duXXe siècle par un banquier hollandais, qui furent revendues. Le vignoble cruscadèl produit un bonvin de table. Un propriétaire a adopté laculture biologique avec succès. Cruscades est l'un des rares villages des environs à ne pas posséder de cave coopérative viti-vinicole (nombreuses caves particulières aujourd'hui presque toutes reconverties).

Principaux producteurs de vin : - Louis Fabre (vins bio) ; - GFA Cordonnier-Hortala ; - Les héritiers Ayraud ; - Château Etang des Colombes ; - Domaine d'Olivéry ; - Château Cruscades racheté par la société Bonfils en 2011.- Domaines de M. Walter Rollandin.- Plusieurs propriétaires vivant essentiellement de leur vignoble, notamment : M. Refalo ; M. Pellissa ; M. Villemur ; MM. Miquel Christian et Christophe. Certains d'entre eux portent leur récolte vers les caves coopératives de Lézignan et d'Ornaisons.

À Cruscades, M. Louis Fabre est réputé pour ses vins issus de l'agriculture biologique, plusieurs fois primés. En mars 2012, notamment, un classement officiel des vins biologiques du Languedoc a placé ses vins au « Top 20 » des meilleurs produits dans la catégorie. Depuis, de nombreux prix et médailles sont venus confirmer les premiers succès[66].

Culture locale et patrimoine

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Lieux et monuments

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  • L'église paroissiale Saint-Jean de Cruscades, dédiée àsaint Jean l'Evangéliste, duXIIIe siècle, est bien conforme au style du pays par sonchœur plus étroit que lanef et sa voûte d'ogives. On regrette en voyant les belles pierres de taille du sanctuaire que la nef ait été couverte d'un enduit blanc[67].
  • Anciennechapelle castrale. Bâti sur les restes d'uneéglise romane, l'édifice est remarquable par la pureté de sonstyle gothique ; l'abside pourrait remonter à la fin duXIIIe siècle. Selon l'abbé Graves, certains détails de la construction devenus visibles après les réparations de 1965 — lesclefs de voûte, des linteaux de portes formées de deux pierres juxtaposées, les chapiteaux, le profil des arcs — indiquent une parenté avec lacathédrale Saint-Just de Narbonne. L'élan, la force, l'harmonie de l'ensemble, surtout duchœur, révèlent la technique d'un maître que l'on retrouve chez ceux qui conçurent et édifièrent Saint-Just. On trouvera aussi des ressemblances avec l'église deLézignan.
  • Cet édifice inachevé, avec deux chapelles, sanstransept, présente des murailles de forteresse. À plusieurs reprises, des réparations et des modifications furent entreprises, tant auXVIIe siècle qu'en1861. En1620, on abat la muraille de cers et on déplace la porte d'entrée sous leclocher qu'on surélève.
  • À côté du clocher, unefouille de1927 a permis de dégager une vaste excavation de4 m de diamètre et5 m de profondeur, comblée desable. La porte y donnant accès ouvrait sur une salle voûtée dont il restait un bel arceau, brisé par l'abbé Toustou quand il aménagea lasacristie actuelle. Antérieure à la construction de l'église, cette cavité existe toujours, difficilement abordable par lepresbytère, mais visible et éclairée. On a pensé à unsilo pour emmagasiner les grains. L'abbé Giry (1905-2002, ancien conservateur du musée deNissan-lez-Enserune) y voit une glacière, comme en possédaient si souvent les châteaux de la région.
  • À côté du silo, unsarcophage sous voûte protégeait unsquelette de1,80 m et une petiteamphore enpoterie noire. Le cercueil était constitué de pierres platesgallo-romaines, selon l'abbé Cabirol, témoin oculaire. Fond du silo découvert par l'abbé Toustou en 1927 dans l'église de Cruscades.

Le village

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Les travaux d'adduction d'eau potable ont permis de mettre au jour des vestiges du vieux village : des traces d'anciens murs formant le rempart circulaire, des fondations de l'ancien château, des restes de murs et de sols enbrique rouge, un four à fondre lefer hors les murs.

Le village est constitué de deux parties : l'ancienchâteau avec l'église et les vieilles maisons entourées autrefois d'unrempart ; le nouveau village qui s'est étendu au nord (XVIIIe siècle), après la construction de la nouvelle route royale (1745-1752) ; à l'ouest, pour installer lamairie et les écoles (1911).

On peut voir quelques rares maisons bourgeoises, des linteaux de porte datés (dont un portant l'inscription : « LI(I)ME TA » (erreur du sculpteur), c'est-à-dire : Seuil (de la maison) de T(ournal) A (peut-être l'initiale du prénom André). Également uneborne-fontaine en pierre de Ferrals.

Olivéry

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Le compoix de1647 mentionne « l'estang d'Olivery », dont le nom se confond avec celui de la Cardaïre. La métairie dite "d'Olivery" tire son nom de celui de son tenancier, auXVIe siècle : dans les « Recherches Diocèsaines » de 1537, on relève :« uno boryo, estables, cortals, porcigolo et galiniero de mestre Guylhaumes Olyvery ». Cette terre, abandonnée auXVIIIe siècle, fut vendue aux enchères avant laRévolution[68].

Resplandy

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Cettemétairie se trouve mentionnée dans le compoix de1647 sur letènement de Saint-Michel, là où l'abbaye de Lagrasse possédait (d'après l'abbé Sabarthès) uneéglise dédiée à ce saint et dénommée « de Parietibus Longis » en1251. (Dans une étude sur l'abbaye de Lagrasse,Claudine Pailhès, ancienne directrice du Service des archives départementales de l'Ariège, placeSaint-Michel aux longs murs du côté de Sallèles-d'Aude : nous pensons qu'il s'agit là d'une petite erreur de localisation. La teneur du testament de Pierre Gason, bourgeois de Lézignan, datant de 1251 et déposé aux archives départementales de l'Aude, a convaincu le très savant abbé Sabarthès de situerSaint-Michel sur le territoire de Cruscades.)

Sur les ruines de cet habitatmédiéval, uneferme fut édifiée (on profita des pierres de l'anciennechapelle) à la fin duXVe siècle. Le nom de Resplandy vient de celui du propriétaire d'alors, ainsi que le signale le compoix de1647 : Antoine Paul de Resplandy y tient « un pigeonier avec polaliere et patu a la meterie de Saint Michel». Rappelons que le lieu de Resplandy fut occupé avant et après le début de l'ère chrétienne, et ce, jusqu'auVe siècle (vestiges y trouvés datés en 1975 parMlle Taffanel, chargée de recherche auCNRS, certains duIer siècle av. J.-C., d'autres de l'Antiquité tardive ou Bas Empire). Courant 2006, lors d'une visite du lieu-dit, Mme Nicole Juan, membre de la Commission archéologique de Narbonne, avait trouvé des fragments de Graufesenque du Ier siècle av. J.-C.[2]

Les étangs

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Avant leXVIe siècle, une zone stagnante (communément nommée de nos jours « Étang des Colombes ») se situait aux confins des territoires de Cruscades et de Lézignan. AuXVIIIe siècle, on parlait de « l'Étang Fabre ». On l'appelait aussi « l'Étang Bouyé » (lieu où venaient pâturer des bœufs), ou bien encore « Étang de Villeneuve », du nom d'un ancien propriétaire de Lézignan. Le seigneur de Lézignan et l'archevêque de Narbonne (seigneur de Cruscades) se partageaient les fruits de la pêche[69]. Plus tard, les terres drainées, en grande partie grâce à l'action des archevêques, furent baillées auxseigneurs de Luc (famille Thézan de Saint Génieys auXVIIe et, auXVIIIe siècle, à M. de Niquet, descendant du lieutenant de Niquet, délégué parVauban auxfortifications pour la partie méridionale du royaume, et armoiries de laquelle famille furent adoptées par la ville de Lézignan, au début duXXe siècle). Les abords de l'étang étaient très giboyeux. Le braconnage, surtout de nuit, était lourdement puni. Parmi les droits de l'archevêque, en 1360, on note un autre « stagnum de Cruscadis », appelé en 1647, « l'Étang de la Cardaire », asséché à la charnière duXVIIIe siècle et duXIXe siècle, qui se situait près du domaine d'Olivéry. C'est à partir de ce moment-là que le Lirou fut détourné versCanet-d'Aude. Cet étang, également très giboyeux, attirait toutes sortes de prédateurs, y compris des loups qui descendaient du « Pech d'Ornaisons ». Au moment de la Révolution, les habitants du domaine d'Olivery, les « hoirs (héritiers) de Monsieur de Lastours », et les ouvriers, étaient équipés de fusils pour parer à toute attaque éventuelle[2].

Personnalités liées à la commune

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  • Bruno Pradal (Rabat 1949 - Joigny 1992) : né au Maroc, il est originaire de Cruscades par sa mère Lucette Pous-Gleizes. Acteur de cinéma, il a tourné dans une dizaine de films :Mourir d'aimer (1971),La Saignée (1971),Pas folle la guêpe (1972). Il est décédé dans un accident de voiture, le, près d'Orléans.
  • Matthieu Lagrive, né le à Lisieux, est un pilote de course de motos. Triple champion du monde d'endurance (Suzuki Endurance Racing Team). Marié, père de deux enfants, il s'est installé à Ornaisons après avoir vécu deux ans à Cruscades.

Héraldique, logotype et devise

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Cruscades

Sonblasonnement est :D'azur, à une roue à huit rais d'or sans jante.

À l'instar d'autres communautés, Cruscades ne possédait pas d'armoiries propres. À l'époque où le roiLouis XIV impose par l'édit de novembre 1696 l'enregistrement des armoiries (aux communautés, corporations, bourgeois, etc.), les habitants de Cruscades adoptent une partie des armoiries du seigneur-archevêque contemporain,Pierre de Bonzi, à savoir la roue d'or déjantée à8 rayons (ou 7) sur champ d'azur. Dans les « Préambules des Rolles des Contributions » de 1696 pour la communauté de Cruscades (document déposé aux Archives départementales), on peut lire que lesconsuls débloquent au titre des dépenses extraordinaires une somme de29 livres pour l'enregistrement des armoiries — une somme importante qui correspond à environ 550 de nos euros[2].

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

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Notes et cartes

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  • Notes
  1. Dans les sites Natura 2000, lesÉtats membres s'engagent à maintenir dans un état de conservation favorable les types d'habitats et d'espèces concernés, par le biais de mesures réglementaires, administratives ou contractuelles[14].
  2. Les ZNIEFF detype 1 sont des secteurs d’une superficie en général limitée, caractérisés par la présence d’espèces, d’association d’espèces ou de milieux rares, remarquables, ou caractéristiques du milieu du patrimoine naturel régional ou national.
  3. Les ZNIEFF detype 2 sont de grands ensembles naturels riches, ou peu modifiés, qui offrent des potentialités biologiques importantes.
  4. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
  5. Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
  6. Un ménage fiscal est constitué par le regroupement desfoyers fiscaux répertoriés dans un même logement. Son existence, une année donnée, tient au fait que coïncident au moins une déclaration indépendante de revenus et l’occupation d’un logement connu à lataxe d’habitation.
  7. Les inactifs regroupent, au sens de l'Insee, les élèves, les étudiants, les stagiaires non rémunérés, les pré-retraités, les retraités et les autres inactifs.
  8. L'établissement, au sens de l’Insee, est une unité de production géographiquement individualisée, mais juridiquement dépendante de l'unité légale. Il produit des biens ou des services.
  9. Le champ de ce tableau couvre les activités marchandes hors agriculture.
  10. L'orientation technico-économique est la production dominante de l'exploitation, déterminée selon la contribution de chaque surface ou cheptel à la production brute standard.
  11. Le recensement agricole est une opération décennale européenne et obligatoire qui a pour objectif d'actualiser les données sur l'agriculture française et de mesurer son poids dans l'agriculture européenne[64].
  • Cartes
  1. « Réseau hydrographique de Cruscades » surGéoportail(consulté le 7 décembre 2021).
  2. IGN, « Évolution comparée de l'occupation des sols de la commune sur cartes anciennes », surremonterletemps.ign.fr(consulté le).
  3. « Cartographie interactive de l'exposition des sols au retrait-gonflement des argiles », surinfoterre.brgm.fr(consulté le).
  4. Agence nationale de la cohésion des territoires, « Carte de la commune dans le zonage des aires d'attraction de villes. », surl'observatoire des territoires(consulté le).

Références

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Site de l'Insee

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  1. abcd eteInsee, « Métadonnées de la commune ».
  2. « REV T1 - Ménages fiscaux de l'année 2018 à Cruscades »(consulté le).
  3. « REV T1 - Ménages fiscaux de l'année 2018 dans la Aude »(consulté le).
  4. a etb« Emp T1 - Population de 15 à 64 ans par type d'activité en 2018 à Cruscades »(consulté le).
  5. « Emp T1 - Population de 15 à 64 ans par type d'activité en 2018 dans l'Aude »(consulté le).
  6. « Emp T1 - Population de 15 à 64 ans par type d'activité en 2018 dans la France entière »(consulté le).
  7. « Base des aires d'attraction des villes 2020 », sursite de l'Insee(consulté le).
  8. « Emp T5 - Emploi et activité en 2018 à Cruscades »(consulté le).
  9. « ACT T4 - Lieu de travail des actifs de 15 ans ou plus ayant un emploi qui résident dans la commune en 2018 »(consulté le).
  10. « ACT G2 - Part des moyens de transport utilisés pour se rendre au travail en 2018 »(consulté le).
  11. « DEN T5 - Nombre d'établissements par secteur d'activité au 31 décembre 2019 à Cruscades »(consulté le).
  12. « DEN T5 - Nombre d'établissements par secteur d'activité au 31 décembre 2019 dans l'Aude »(consulté le).

Autres sources

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  1. Carte IGN sousGéoportail
  2. abcdefghijk etlGeorges Sénié
  3. Plan séisme
  4. « Découpage en régions hydrographiques », sursandre.eaufrance.fr(consulté le).
  5. « Désoupage en territoires SDAGE/DCE du bassin Rhône-Méditerranée-Corse », surrhone-mediterranee.eaufrance.fr,(consulté le).
  6. « Fiche communale de Cruscades », surle système d'information pour la gestion des eaux souterraines en Occitanie(consulté le).
  7. Sandre, « l'Orbieu »
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  68. On a retrouvé en 1891, à Narbonne, un livre de comptes ayant appartenu à un certain Jacme Olivier, marchand de Narbonne auXIVe siècle (Moyen Âge). On y précise que ledit marchand possédait des terres, notamment à Canet. Quand on lit ce livre de comptes, rédigé en « provençal » (roman), on constate que le patronyme d'Olivier a subi des transformations, au gré des écritures des scribes. On note : « Olyvier », « Holivarii », « Olivarius », « Holiver », etc. On retrouve cette famille dans les archives notariales canétoises. On peut se poser la question de l'origine toponymique de ce lieu-dit, nommé aujourd'hui : « Olivéry ». Et il est possible que le « Guylhaumes Olyvery » dont il est fait mention en 1537 soit de la lignée du riche marchand Jacme Olivier[2].
  69. Le Livre Vert, archevêché de Narbonne (XIVe).
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