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Crucifixion

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Page d’aide sur l’homonymie

Cet article concerne la crucifixion de Jésus de Nazareth. Pour le supplice en général, voirCrucifiement.

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Pour les articles homonymes, voirCrucifixion (homonymie).

Crucifixion parLe Pérugin.

LaCrucifixion (dulatin classiquecrucifixio) désigne lecrucifiement deJésus de Nazareth — considéré par leschrétiens comme leChrist — décrit dans lesévangiles canoniques et mentionné dans lesépîtres et d'autres sources anciennes[1],[Note 1]. Selon les textesnéotestamentaires, Jésus-Christ fut condamné à mort par lepréfet romainPonce Pilate, et exécuté parle supplice de lacroix avec l'inscription « INRI ». La date de cette crucifixion fut unvendredi 14 (selonsaint Jean) ou 15 (selon lesévangiles synoptiques)Nisan, au cours d’uneéclipse de lune, ce qui correspondrait au vendredi selon l’astronome Jean-Paul Parisot[2].Sept paroles de Jésus en croix sont décrites dans les évangiles canoniques.

Lespéricopes de l'arrestation de Jésus, deson procès, duportement de croix et de sa crucifixion, font partie du récit de laPassion. Le passage de la crucifixion à larésurrection de Jésus est aux fondements de lareligion chrétienne.

Récit des évangiles

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Articles connexes :Passion du Christ,Arrestation de Jésus etProcès de Jésus.
Jésus crucifié aux pieds non cloués. Porte de l'église Sainte-Sabine de Rome datée duVe siècle.

L'identification des causes de la condamnation de Jésus reste un sujet débattu : les récits évangéliques qui attribuent auxJuifs l'initiative des poursuites et rapportent une condamnation hâtive et une exécution romaines, ont en effet une forte portéethéologique, visant notamment à montrer que le procès n'a pas été régulier[3]. Toujours est-il que l'exécution de Jésus a pour les autorités juives des raisons essentiellement religieuses, et pour les autorités romaines des raisons politiques. Certains contemporains de Jésus le tenaient pour un menteur, un faux prophète, voire un idolâtre, ce qui a certainement inquiété les autorités juives craignant que ses disciples voient en lui unefigure messianique[4]. Chez lesRomains, le crucifiement était un suppliceinfamant réservé aux criminels, ce qui indique que les charges retenues contre Jésus devaient être très sérieuses :« agitateur dangereusement arrogant », criminel politique, il fut probablement accusé de créer de graves troubles à l'ordre public,« ce qui correspondrait à l'idée d'une prétention messianique royale, qu'elle soit de son fait ou de celui de ses disciples »[5].

Dans l'Évangile selon Jean,Jésus est obligé, comme d’autres condamnés aucrucifiement (qui deviendra pour ce cas précis la Crucifixion), de porter sa propre croix jusqu’au mont duGolgotha (laplace du crâne), le lieu de l’exécution. D’après lesÉvangiles synoptiques, sur la route duGolgotha, les soldats obligent un passant,Simon de Cyrène, à porter la croix deJésus. La raison n’en est pas donnée dans lesÉvangiles, mais l’Évangile selon Marc trouve opportun de citer les enfants de Simon, Alexandre et Rufus, comme s’ils avaient été des personnages connus des futurs lecteurs deMarc[6].Paul cite aussi un « Rufus » dans sonÉpître aux Romains (Rm 16,13)[7]. Luc ajoute que les femmes disciples suivaient Jésus, et pleuraient sur son destin, mais qu’il leur répondait par des citations (notamment duLivre d'Osée, Os 10,8)[8].

Le récit littéraire de la mort se déroule dans un cadre marqué par un rythme de trois heures dans l'Évangile selon Marc[9] : Jésus est crucifié à la troisième heure (9 heures du matin)[10], les ténèbres débutent à la sixième heure (à midi)[Note 2] et la mort survient à la neuvième heure (trois heures de l'après-midi)[11]. On doit prendre garde à ne pas confondre cette « sixième heure » avec celle dont il est question en Mt 27,45, puisqu'il s'agit du « jour » dans ce dernier passage. Lapéricope marcienne a une visée théologique manifeste car ces trois blocs de trois heures correspondent aux trois moments de prières journalières dans le judaïsme[12] au temps de Jésus[13].

Quand ils arrivent auGolgotha, lesÉvangiles synoptiques relatent qu'un soldat propose à Jésus du vin mêlé demyrrhe pour atténuer la douleur, mais il le refuse. Jésus est alors crucifié, d’après lesÉvangiles synoptiques, à la « troisième heure » du jour (9 h). Selon les récits et traditions, il aurait été crucifié avec trois ou quatre clous[14].

Les quatreÉvangiles canoniques mentionnent untitulus, pancarte qui porte une inscription laconique déclarant, sur un ton moqueur, Jésusroi des Juifs[15] (le futur acronymeINRI). L’Évangile selon Jean dit que l'inscription avait été rédigée par Pilate et était en « hébreu », enlatin et engrec. L'affichage de la condamnation sur des croix est peu attesté historiquement[16].

Les Évangiles canoniques relatent alors que les vêtements de Jésus lui sont retirés par les soldats, pour être répartis entre eux en plusieurs lots. L’Évangile selon Jean évoque cette pratique qui correspondait à la coutume, mais aussi, par le procédé de l'intertextualité, l'accomplissement d'uneprophétie[17] dePs 22,18[18]. AuIVe siècle, l'Évangile de Nicodème mentionne le port d'un pagne ceint autour des reins[19]. Il est probable que les bourreaux romains aient retiré lemichrasim, le caleçon en toile de Jésus, mais il est moins vraisemblable qu'ils l'aient recouvert de ce pagne afin de respecter la pudeur juive (humiliation supplémentaire de la part des Romains, la dénudation est complète comme pour laflagellation[20]), la représentation dupérizonium par les artistes n'apparaissant qu'à partir duVIIIe siècle[21].

Historicité

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Articles détaillés :Quête du Jésus historique etJésus selon l'exégèse contemporaine.
Legraffito d'Alexamenos qui pourrait être la plus ancienne représentation de la crucifixion de Jésus dessinée entre leIer siècle et leIIIe siècle (figure de gauche), évoque déjà le cloutage (dessin de droite).
Giovanni Previtali crédite[22]Giotto de l'innovation du Christ en croix avec trois clous et lesuppedaneum (c. 1320-1325), disposition cependant existant déjà dans la peinture de style byzantin duXIIIe siècle illustrée dans la galerie ci-dessous.

L'historicité de la crucifixion ne fait plus de doute pour les chercheurs[Note 3], qui y retrouvent les principauxcritères d'authenticité, comme le souligneJohn Paul Meier : l'embarras ecclésiastique, l'attestation multiple et la cohérence[23].Bart Ehrman estime que la crucifixion de Jésus sur l'ordre dePonce Pilate est l'élément le plus certain de sa biographie[24].

Les causes et les détails de l'exécution de Jésus sont sujets à discussions, certains auteurs soutenant que les évangélistes proposent un récit fidèle aux faits[25], d’autres qu’ils auraient enrichi ces épisodes bibliques de symboles théologiques[26]. Il y a donc absence de consensus sur la possibilité ou non de retracer un déroulé exact des réels évènements selon les évangiles.

Aucun des évangélistes ne mentionne au moment de la crucifixion le cloutage des pieds et desmains. Plus tard, pendant l'épisode de l'incrédulité de Thomas, Jean évoque un cloutage des mains ou poignets (le mot grec χειρός étant le même pour l’ensemble main et poignet[27])[28], et Luc décrit Jésus ressuscité montrant ses mains/poignets et ses pieds[29]. Si la tradition du cloutage peut être interprétée comme un embellissement théologique des évangélistes Jean et Luc, ainsi que de l'apocrypheÉvangile de Pierre, pour répondre à la prophétie duLivre des Psaumes[30], cette tradition (développée après parJustin Martyr[31] vers 160)[32] repose sur une réalité historique. La recherche contemporaine la confirme en s'appuyant sur les sources documentaires relatant les crucifiements à l'époque romaine, sur le contexte historique (les crucifiements en masse privilégiaient les cordes mais il n'était pas rare pour des exécutions singulières d'utiliser des clous) et sur les découvertes archéologiques[33],[34]. Mais si la tradition du cloutage des mains a une certaine autorité, celle des pieds est moins assurée mais elle est vérifiée par l'archéo-anthropologie[35], l'évangile de Jean et de Pierre ne le mentionnant pas[36].

Si l'évangile selon Jean est le seul des quatre évangiles canoniques à mentionner le coup de lance, il ne cite aucun texte de l'Ancien Testament qui aurait pu inspirer cette mention de l'effusion de sang et d'eau[37], ce qui suggère son authenticité[38]. Cependant, le passage johannique peut être une allusion à une prophétie[39] duLivre d'Ézéchiel[40]. Néanmoins, l’authenticité réelle du texte reste d’autant plus renforcée qu’elle surprend même les spécialistes scientifiques du monde médico-légal par la justesse du constat, qui selon le docteurPhilippe Boxho ne pourrait être fait que par un témoin oculaire, de l’écoulement de sang et d’eau en lien avec l’action du coup de lance[41].

Théologie de la croix

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Le Christ rédempteur

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La théologie de la croix désigne une théologie qui au lieu de mettre en avant la puissance divine insiste sur la souffrance et la faiblesse d'unChrist crucifié. Elle apparaît notamment d'abord chez l'apôtre Paul[42] qui prêchait un« Christ crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens »[43], puis chezLuther pour qui« la croix seule est notre théologie »[44].

Les deux larrons

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Les quatreévangiles canoniques relatent que deux criminels sont crucifiés avec Jésus. Le crucifiement était une peine romaine réservée aux esclaves et aux grands brigands, aux pirates, parfois aux prisonniers de guerre et aux condamnés pour motifs politiques mais non pas à de simples voleurs. Les évangiles selon Marc[45] et selon Matthieu[46] les appellent « brigands » ou « bandits » en les qualifiant en grec deλῃστής /lêistếs, mot qui signifie « brigand, pirate »[47], ceux de Luc[48] et Jean[49] les dénomment génériquement malfaiteurs, en utilisant le mot grecκακοῦργος /kakoûrgos. Ces deux mots étaient des appellations classiques des Romains à l'encontre dessicaires ou deszélotes. Il est possible que les évangélistes aient voulu faire référence à des séditieux et aient introduit ces personnages dans un but théologique[50] et que la tradition chrétienne ultérieure ait voulu atténuer ce côté violent et politique[51].

Tandis que Marc et Matthieu disent que tous deux insultaient Jésus, dans l'Évangile selon Luc l'un des deux le respecte et lui demande :« Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne ». En raison de la réponse de Jésus dans cet évangile :« aujourd'hui tu seras avec moi dans leparadis », on le considère comme unsaint, en l’appelant « le bon larron »[52].

Souvent on appelle le « bon larron » Dismas (Dysmas) et « le mauvais larron » Gestas, en suivant l'histoire desActes de Pilate duIVe siècle, qui ont connu une très large diffusion en Occident. Des textes plus antiques les appellent Joathas et Maggatras (Capnatas, Gamatras), ou Zoatham et Camma. Dans l'Évangile arabe de l'Enfance ils sont Titus et Dumachus[53],[54]. L'Église catholique commémore le 25 mars« le saint brigand (sanctus latro), qui confessa le Christ sur la croix »[55], et l'Église orthodoxe célèbre le 12 octobre du calendrier julien (25 octobre grégorien) la« Mémoire du Bon Larron »[56].

Pratiques du crucifiement

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Aspect juridique

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Lecrucifiement romain était considéré comme la peine suprême, principalement réservée aux esclaves et aux rebelles[57]. Les citoyens romains avaient droit, quant à eux, à la peine honorable de ladécapitation ; il leur était même accordé le droit de se suicider, et de voir ainsi leurs dispositions testamentaires respectées. Les affranchis, en revanche, perdaient leur statut du fait de leur crime, redevenaient esclaves et, partant, subissaient le même sort que ceux-ci.

Selon leDigeste[58],« le crime commis contre le peuple romain ou contre sa sécurité est un crime de lèse-majesté (maiestatis crimen) » et l'inscriptionINRI, « le Roi des Juifs », est placée sur la croix[59]. Jésus, provincial juif condamné poursédition[60], tombe ainsi sous le coup de laLex Iulia maiestatis (it) qui établit pour ce crime de rébellion envers l'autorité impériale, la crucifixion[61].

Aspect technique

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Il n'existe aucune source écrite de cette époque détaillant les instructions et les techniques de ce supplice qui ont varié selon les époques et les régions[62].

Premier témoignage archéologique connu de la réalité du crucifiement en Israël lors de la fouille d'un ossuaire en 1968[35].

Le plus souvent, le condamné était cloué ou attaché avec des cordages (effet de garrot) les bras écartés sur une poutre (patibulum[63]) sur laquelle était attaché le motif de sa condamnation (titulus). Le patibulum, doté d'unemortaise, était fixé, soit au sommet (crux commissa en forme de T), soit en dessous (crux immissa) d'un pieu (stipes) qui était ensuite fiché en terre. Le condamné pouvait être également attaché ou cloué à un simple poteau (crux simplex), unecrux commissa oucroix en tau dans laquelle la poutre verticale ne dépasse pas la poutre horizontale, une croix en X (crux decussata) ou à un arbre (arbor infelix ouinfelix lignum, « arbre de malheur »)[64]. Ces termes latins relatifs aux différentes formes de croix ont été créés auXVIe siècle par l'humanisteJuste Lipse dans son essaiDe cruce[65]. L'iconographie traditionnelle de lacroix de Jésus est du typecrux immissa[66] avec unstipes peu élevé (crux humilis, contrairement à lacrux sublimis, croix élevée pour que l'exécuté soit visible de loin), les artistes ayant traduit la vision des théologiens selon laquelle le titulus devait être clouté sur le haut du stipes, mais cette pancarte pouvait être aussi suspendue autour du condamné. Ces théologiens privilégiaient également une croix relativement basse pour qu'un soldat puisse lui donner à boire avec uneéponge imprégnée de vinaigre (laposca) au bout d'un roseau ou d'une petite branche d'hysope. Les historiens ne peuvent quant à eux se prononcer sur la forme de la croix de Jésus, leur seule certitude est que les Romains employaient d'ordinaire lacrux commissa et que la tradition tardive de lacroix latine (crux immissa à branches inégales) n'a aucune autorité[67].

Différentes pièces en bois pouvaient prolonger le supplice ducrucifiement en permettant au condamné de mieux respirer :sedula pour le fessier,suppedaneum pour les pieds encloués ou attachés[68]. Comme l’explique l’historienYosef Klausner, le corps nu du supplicié se couvrait de plaies sur lesquelles venaient se coller mouches et moustiques[69]. Avec ses sphincters qui se relâchaient, l'urine et les excréments coulaient le long de ses jambes, conjuguant ainsi à la souffrance l'humiliation de cette exhibition publique[69]. Des chiens errants et des vautours pouvaient venir arracher la chair des suppliciés encore en vie[70], ce qui suggère, contrairement auxreprésentations traditionnelles du Christ en croix, que les croix étaient plantées suffisamment bas pour que les canidés puissent attaquer le corps des crucifiés[71]. Selon la coutume romaine, le cadavre devait rester en place pour devenir la proie des oiseaux mais selon la loi juive, le corps devait être enlevé le soir même pour être déposé dans la sépulture des suppliciés, lafosse commune[69].

Des fouilles archéologique menées parVassilios Tzaferis (en) en juin 1968 dans le quartier deGivat Hamivtar (en) au nord-est de Jérusalem, ont mis au jour les ossements d'un crucifié : cette découverte suggère que les pieds étaient cloués au niveau ducalcanéum[72] (cas deJehohanan (en), crucifié au temps d'Hérode[73]). Toutefois,Flavius Josèphe indique que dans les dernières semaines dusiège de Jérusalem, les troupes romaines crucifiaient cinq cents personnes par jour et s'amusaient à les crucifier dans les positions les plus diverses[74]. Le cloutage des mains pouvait se faire de différentes manières selon des études enanatomie et enpaléopathologie : dans le haut de la main du côté radial du poignet (hypothèse deFrederick Zugibe), dans l'espace carpien de Destot (hypothèse du chirurgienPierre Barbet)[75], mais non dans la paume comme l'iconographie traditionnelle le montre car les mains ne pouvaient supporter le poids d'un corps (poids maximum supporté évalué à une trentaine dekg), une crucifixion faite de cette manière aboutissant rapidement à un déchirement des mains, à moins qu'elles ne soient également ligotées aupatibulum[76]. Une autre découverte archéologique en Israël suggère que les bras du supplicié pouvaient être encordés et passés derrière lepatibulum, les mains étant cloutées non dans la paume mais par derrière[77].

L'Église privilégiera l'iconographie de lacrux immissa qui deviendra auVe siècle lacroix latine, représentée avec un montant vertical élevé (lacrux sublimis). Le fait qu'un soldat donne à boire à Jésus avec une éponge imprégnée d'eau vinaigrée (laposca) au bout d'un roseau[78] ou d'une branche d'hysope[79] (tout petit arbrisseau) suggère plutôt l'emploi d'unecrux humilis, croix basse utilisée pour les exécutions ordinaires, lacrux sublimis étant réservée pour des personnages plus importants afin que leur exécution soit visible de loin[80].

  • Crux commissa.
    Crux commissa.
  • Crux immissa.
    Crux immissa.
  • Crux simplex.
    Crux simplex.
  • Crux decussata.
    Crux decussata.

La « crucifixion apparente »

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Le gnosticisme

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Article détaillé :Docétisme.

Selon plusieurs courantsgnostiques (Basilide[81],gnosticisme séthien[82]), Jésus n'a pas été crucifié. Un de ses disciples, ouSimon de Cyrène qui, dans les synoptiques, porte la croix, est mort sur la croix.

L'islam

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Article détaillé :Mort d'ʿĪsā.

LeCoran, sourate 4, verset 157, parle de crucifixion illusoire : Jésus n'est pas mort sur la croix, Dieu l'a enlevé au ciel. Toutefois le Coran ne précise pas si ce que les Judéens des années 30 ont pris pour une crucifixion de Jésus était le résultat d'une substitution d'identité (un homme prenant la place de Jésus), ou l'effet d'une hallucination collective. Le Coran dans ce passage fait-il référence audocétisme ?Les spécialistes qui s'expriment à ce sujet dansJésus et l'islam (Jacqueline Chabbi, Gabriel Said Reynolds,Claude Gilliot, notamment) ne sauraient l'assurer[source insuffisante]; Michael Marx se prononce pour la négative[83]. Pour les rédacteurs du Coran, le supplice de la crucifixion est « indigne » d'un prophète de l'importance de Jésus, explique M.-T. Urvoy[84].

Gabriel Said Reynolds évoque la reprise du thème de la crucifixion apparente dans l'Évangile de Barnabé, récit de la vie de Jésus composé par des auteurs anonymes très probablement musulmans, peut-être auXVIe siècle[83].

Représentation artistique

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La Crucifixion, parAndrea Solari en1503.
Article détaillé :Représentation de la Crucifixion.

La sobriété et la symbolique du récit des évangiles sur la crucifixion laissent place à beaucoup d'interprétation pour les artistes : leChrist crucifié dès le début de l'iconographie chrétienne est une illustration dudocétisme avec la représentation duChristus triumphans[85], puis cette iconographie évolue[86].

La tradition byzantine représente leChristus patiens (Christ souffrant ou résigné) montrant les déformations dues aux sévices infligés : la tête entourée du nimbe crucifère et légèrement penchée à droite, est caractérisée par les yeux fermés du masque mortuaire, le visage émacié ; le corps affaissé est marqué par les pectoraux en pèlerine reliés par des stries sternales, les côtes sous-mammaires dont le gril commence très bas, les muscles effondrés de l'abdomen et les plaies saignantes (mains, pieds et flanc)[87]. Rarissimes toutefois sont les représentations dépeignant le supplice dans sa dramatique réalité, comme Le calvaire[88] deNikolaï Gay[89].

Dans l'Église d'Occident, la représentation de la Crucifixion débute partir duVe siècle, avec unChrist vivant, dépourvu des marques de la douleur extrême, leChrist triomphant (Christus triumphans). Celle deSanta Maria Antiqua réalisée auVIIIe siècle est une des premières de ce type dans l'art monumental. Les yeux du Christ grands ouverts donnent une impression de douceur, et il est vêtu d'une tunique[90].

Quelques exemples :

Le Christ en croix est souvent représenté portant lepérizonium.

Les différentes postures de la représentation du Christ en croix sont :

Et la représentation de la Croix avec le Christ seul encrucifix.

Mise en musique

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Notes

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  1. Le mot « crucifixion » est utilisé tout particulièrement pour désigner le supplice deJésus-Christ dans le cadre de la religion chrétienne. Toutefois, dans l'usage actuel, les deux termes tendent à être utilisés aussi bien dans le sens général que pour son application à Jésus-Christ : voir« Crucifixion », surTrésor de la langue française informatisé (TLFi)(consulté le).
  2. Mc 15. 33. Ces ténèbres sont sans doute dus à uneéclipse de lune, phénomène qui dure plusieurs heures, voirMaurice Sartre,D’Alexandre à Zénobie : Histoire du Levant antique,IVe siècle av. J.-C. -IIIe siècleapr. J.-C., Fayard,,p. 569, note 149 ; certains auteurs ont voulu y voir un embellissement théologique du rédacteur biblique pour répondre à la prophétie duLivre d'Amos (Am 8,9 dans laBible Segond), voir :(en) David L. Turner et Darrell L. Bock,Matthew, Mark, Tyndale House,,p. 196.
  3. On peut se reporter à quelques études :(en)E. P. Sanders,The Historical figure of Jesus, Londres, ;Daniel Marguerat,L’homme qui venait de Nazareth. Ce que l’on peut savoir aujourd’hui de Jésus, Aubonne, du Moulin,,3e éd. ;Jean-François Baudoz etMichel Fédou,Vingt ans de publications françaises sur Jésus, Desclée,.

Références

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  2. J.-P. Parisot, « Quand la lune était rouge sang… »,Ciel et Espace,no 204,‎,p. 41-44.
  3. (en) Markus N. A. Bockmuehl,The Cambridge Companion to Jesus, Cambridge University Press,,p. 136.
  4. Graham Stanton, « Jesus of Nazareth: A Magician and a False Prophet Who Deceived God's People ? », dansJesus and Gospel, Cambridge University Press, 2005,p. 127-147.
  5. Larry W. Hurtado,Le Seigneur Jésus Christ : la dévotion envers Jésus aux premiers temps du Christianisme, Éditions du Cerf,,p. 69-70.
  6. (en)Raymond Edward Brown,The Death of the Messiah : From Gethsemane to the Grave : a Commentary on the Passion Narratives in the Four Gospels, Doubleday,,p. 929.
  7. Rm 16. 13.
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  10. Mc 15. 25.
  11. Mc 15. 34.
  12. Dn 6. 11.
  13. (en) Robert Gundry,Mark. A Commentary on His Apology for the Cross, Chapters 9 - 16, Wm. B. Eerdmans Publishing,,p. 965.
  14. (en) Geoffrey W. Bromiley,The International Standard Bible Encyclopedia, Eerdmans Pub Co,(ISBN 0-8028-3785-9,lire en ligne),p. 826.
  15. Dans tous les Évangiles il y a de légères différences dans la formulation.
  16. (en) Craig S. Keener,A Commentary on the Gospel of Matthew, Wm. B. Eerdmans Publishing,,p. 680.
  17. Ps 22. 18.
  18. Étienne Trocmé,L'évangile selon saint Marc, Labor et Fides,,p. 368.
  19. Jésus sortit du prétoire accompagné des deux larrons. Lorsqu'ils furent sur place, on le dépouilla de ses vêtements, on le ceignit d'un linge et on lui posa une couronne d'épines sur la tête. Évangile de Nicodème 10:1.
  20. Charles Perrot,Jésus, Presses universitaires de France,,p. 87.
  21. Paul Thoby,Le crucifix des origines au concile de Trente : étude iconographique, Bellanger,,p. 6.
  22. Michel Costantini,La sémiotique visuelle : nouveaux paradigme, Éditions L'Harmattan,,p. 35.
  23. John Paul Meier, « How do we decide what comes from Jesus », dansThe Historical Jesus in Recent Research, James D. G. Dunn et Scot McKnight, 2006,p. 126–136.
  24. Bart Ehrman,A Brief Introduction to the New Testament, 2008(ISBN 0-19-536934-3)p. 136.
  25. Mathieu Lavagna,"Soyez rationnel, devenez catholique", chapitre"Fiabilité des évangiles", Editions Marie de Nazareth, 2022
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  34. (en)Martin Hengel,Crucifixion in the Ancient World and the Folly of the Message, Fortress,,p. 32.
  35. a etbCette découverte en 1968 est la première preuve directe avérée d'un crucifiement. Un second cas pourrait être celui d'un squelette mis au jour en 2007 dans une tombe italienne deGavello, caractérisé par une lésion singulière sur le pied évoquant la trace de ce châtiment D'après(en) Emanuela Gualdi-Russo, Ursula Thun Hohenstein, Nicoletta Onisto, Elena Pilli, David Caramelli, « A multidisciplinary study of calcaneal trauma in Roman Italy: a possible case of crucifixion? »,Archaeological and Anthropological Sciences,‎,p. 1–9(DOI 10.1007/s12520-018-0631-9).
  36. (en)Bruce Metzger,New Testament tools and studies, Brill,,p. 218.
  37. « Un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau »,Jn 19. 34.
  38. (en)Raymond Edward Brown,The death of the Messiah : from Gethsemane to the grave. A commentary on the Passion narratives in the four Gospels, Doubleday,(ISBN 0-225-66746-0),p. 1178–1181.
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  46. Mt 27. 38
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  50. En réponse à la prophétieIs 53. 12.
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  52. Terme dérivé du mot latinlatro utilisé dans laVulgate et dans laVetus Latina pour traduire à la foisλῃστής /lêistếs, « bandit » etκακοῦργος /kakoûrgos, « malfaisant ». Le mot latinlatro signifie « brigand » non pas « voleur »,cf.Lewis and Short :latro.
  53. Raymond E. Brown,The Death of the Messiah', Doubleday, 1994, p. 969.
  54. Michel Dubost,Stanislas Lalanne,Le nouveau Théo. L'Encyclopédie catholique pour tous, Fleurus,,p. 247.
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  57. Neil Elliott,Liberating Paul: The Justice of God and the Politics of the Apostle, Fortress Press, 2005, p. 94.
  58. Dig. 48. 4. 1. 1
  59. L'inscription sur l'écriteau dont l'accrochage n'est pas précisé par lesévangiles synoptiques (autour du cou de Jésus ?) porte le motif de la condamnation politique « le Roi des Juifs », cf.Mc 15,26).Jn 19,19-20 précise que l'inscription est placée sur la croix. Cf.Étienne Trocmé,L'évangile selon saint Marc, Labor et Fides,,p. 368.
  60. Cf.Mc 14,47,Mc 14,58.
  61. Pierre Maraval,Simon Claude Mimouni,Le christianisme des origines à Constantin, Presses universitaires de France,,p. 87.
  62. (en) F.P. Retief & L. Cilliers, « The history and pathology of crucifixion »,South African Medical Journal,vol. 93,no 12,‎,p. 938-941.
  63. Qui a donné le mot français « patibulaire », c'est-à-dire « qui mérite de porter une croix ».
  64. (en) John Granger Cook,Crucifixion in the Mediterranean World, Mohr Siebeck,,p. 34-46.
  65. (en) Gunnar Samuelsson,Crucifixion in Antiquity, Mohr Siebeck,,p. 295.
  66. Unecrux immissa oucrux capitata est unecroix latine (à branches inégales :oblongata) oucroix grecque (à branches égales :quadrata.
  67. Charles Guignebert,Jésus, Albin Michel,,p. 497.
  68. Jacques de Landsberg,L'art en croix. Le thème de la crucifixion dans l'histoire de l'art, Renaissance Du Livre,,p. 12.
  69. ab etcYosef Klausner,Jésus de Nazareth : son temps, sa vie, sa doctrine, Payot,,p. 77-79.
  70. (en)Raymond Edward Brown,The Death of the Messiah. From Gethsemane to the Grave : a Commentary on the Passion Narratives in the Four Gospels, Doubleday,,p. 951
  71. (en)John Dominic Crossan,« The Dogs beneath the Cross », dansJesus: A Revolutionary Biography, New York, HarperCollins,,p. 123-125
  72. Le docteur Pierre Mérat a déterminé, dans le tarse du pied, l'espace osseux le mieux adapté pour l'encloutage, appelé depuis l'« espace de Mérat » (entre le3ecunéiforme, le2e cunéiforme et l'os naviculaire). Cf(en) Pierre Mérat, « Critical Study: Anatomy and Physiology of the Shroud »,The Catholic Counter-Reformation in the XXth Century,no 218,‎,p. 3-4.
  73. La découverte archéologique d'une tombe àkokhim en 1968 met au jour quinze ossuaires de l'époquehérodienne, comme ceux bien décrits dutombeau de Talpiot, ont été étudiés. L'examen ostéologique des ossements a révélé les restes de onze hommes, douze femmes et douze enfants dont trois adultes victimes de mort violente et trois enfants morts de faim. Celui au nom deJehohanan (en) révèle la présence d'uncalcanéum transpercé d’un clou d'11 cm de longueur mais l'absence de mains cloutées suggère qu'elles devaient être liées. Ses membres inférieurs sont comme fracturés mais cette fragmentation estpost mortem et non ante mortem, aussi ne peut-elle être interprétée comme résultant de la pratique ducrurifragium, brisement des jambes pour accélérer la mort. La présence d'olivier et d'acacia (ou de pistachier, les analyses micropaléobotaniques ne pouvant trancher car l'échantillon est trop petit) sur le clou est interprétée de la manière suivante : le supplicié était cloué non pas sur une croix mais sur un arbre (acacia ou pistachier), une petite plaquette d’olivier servait à faciliter l’enclouage du pied et empêcher que le crucifié ne s'agite de trop. Les pieds devaient être disposés de part et d'autre de l'axe vertical. La pointe recourbée du clou suggère que lors de son enfoncement, il a rencontré un nœud du bois ou un clou planté et resté en place lors d'un précédent crucifiement. Source :(en) J. Zias et E. Sekeles, « The Crucified Man from Giv’at ha-Mivtar: A Reappraisal »,Israel Exploration Journal,no 35,‎,p. 22–27.
  74. Flavius Josèphe,Guerre des Juifs(lire en ligne), Livre V,chap. XI (« Cruauté des Romains; revers et succès de Titus. »).
  75. (en) Frederick Thomas Zugibe,The Cross and the Shroud : A Medical Inquiry Into the Crucifixion, Paragon House Publishers,,p. 60.
  76. Philippe Charlier,Male mort. Morts violentes dans l'Antiquite, Fayard,,p. 146.
  77. (en) Patricia Smith, « The Human Skeletal Remains from the Abba Cave »,Israel Exploration Journal,vol. 27,nos 2/3,‎,p. 121-124.
  78. Mt 27. 48.
  79. Jn 19. 29.
  80. Jacques de Landsberg,L'art en croix, Renaissance Du Livre,,p. 21.
  81. Irénée,Contre les hérésies(lire en ligne), Livre I, Troisième partie, origine du valentisme,chap. 1 (« Les ancêtres des valentiniens »), Saturnin etBasilide.
  82. « Deuxième traité du grand Seth (NH VII, 2) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  83. a etbJésus et l'islam. Documentaire deJérôme Prieur etGérard Mordillat diffusé sur Arte en 2015 ;1er épisode, « La crucifixion ».
  84. Marie-Thérèse Urvoy, article « Jésus » dans M. Ali Amir-Moezzi (dir.),Dictionnaire du Coran, éd. Robert Laffont, 2007,p. 440.
  85. Jacques de Landsberg,L'art en croix : le thème de la crucifixion dans l'histoire de l'art, Renaissance Du Livre,,p. 52.
  86. Jacques de Landsberg,L'art en croix : le thème de la crucifixion dans l'histoire de l'art, Renaissance Du Livre,,p. 26-28.
  87. Paul Thoby,Le crucifix, des origines au concile de Trente : étude iconographique, Bellanger,,p. 38.
  88. Le calvaire
  89. GérardMordillat et JérômePrieur,Jésus contre Jésus, Paris, Seuil,, 406 p.(ISBN 978-2-7578-1102-3),p. 95
  90. FrançoisBoespflug,La Crucifixion dans l’art : Un sujet planétaire, Montrouge, Bayard Editions,, 559 p.(ISBN 978-2-227-49502-9),p. 40

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