Članak 1 : Sva ljudska bića rađaju se slobodna i jednaka u dostojanstvu i pravima. Ona su obdarena razumom i sviješću i trebaju jedno prema drugome postupati u duhu bratstva.
Lastandardisation du croate actuel fut commencée dans la première moitié duXIXe siècle dans le cadre du mouvementaustroslaviste, par un groupe de lettrés réuni autour deLjudevit Gaj, en coordination partielle avec des lettrésserbes, dontVuk Stefanović Karadžić, qui de leur côté œuvraient à lastandardisation duchtokavien deSerbie[10]. Il en a résulté un standard peu différent entre le croate et le serbe, notamment par l’alphabet latin réformé par Ljudevit Gaj et sonorthographe pratiquementphonémique. Cetalphabet est aussi unetranslittération de l’alphabet cyrillique proposée par Karadžić, et il fut adopté ultérieurement par le standard serbe à côté du cyrillique. Après ladislocation de la Yougoslavie en 1991-96, la Croatie indépendante aofficiellement adopté le standard de Ljudevit Gaj avec l’appellation « langue croate »[11], mais en s’attachant désormais à favoriser les différences par rapport aux standards serbe et monténégrin, ce dont s’occupe l’Institut de la langue croate et de la linguistique[12].
Le nombre total des Croates est estimé à environ six millions. Si au sujet de ceux de Croatie et des autres républiques ex-yougoslaves on peut affirmer qu’ils parlent croate, on ne peut pas dire combien de ceux des pays limitrophes ou plus ou moins lointains le connaissent, à moins que les statistiques disponibles ne le précisent. Le croate est également parlé par des minorités croates dans les pays voisins ou proches, où ils vivent depuis l’époque de l’empire d'Autriche et/ou de l’ex-Yougoslavie, ainsi que dans l’émigration :
Le croate a le statut delangue minoritaire en Autriche (Burgenland)[34] et en Italie (Molise)[35]. En Roumanie, le croate peut être utilisé dans les rapports avec l’administration publique locale, dans les localités où ceux dont c’est la langue maternelle constituent plus de 20 % de la population[36]. C’est le cas des localitésCarașova etLupac dujudeț de Caraș-Severin. La langue y est également enseignée, de l’école maternelle jusqu’aubaccalauréat[37].
Répartition des dialectes du croate en Croatie et Bosnie-Herzégovine.
Les variétés régionales du croate[38] sont considérées de deux points de vue :morphologique d’abord,phonologique ensuite.
1. En prenant pour distinction la forme dupronom interrogatif signifiant « quoi » (što,ča etkaj), on distingue troisdialectes :
lechtokavien (štokavski), parlé dans la moitié de la Croatie : enSlavonie (Croatie du Nord-Est), en Zagora (Dalmatie continentale), àDubrovnik et dans ses environs, enHerzégovine et enBosnie centrale. C’est la base sur laquelle est fondé le croatestandard actuel.
letchakavien (čakavski), parlé enIstrie, dans la région deLika, sur la plupart des îles de l'Adriatique, sur le littoral au nord de la région de Dubrovnik, à l’intérieur des terres, principalement dans la vallée de laGacka. Le tchakavien était la langue du Royaume croate desXIIe – XVIe siècles.
2. Une autre division, qui se superpose aux dialectes, est opérée à partir de la façon dont a évolué le sonĕ duvieux-slave, que l'on désigne du nom de « yat ». Selon ce critère, il y a trois variétés nomméesizgovori « prononciations » :
ikavienne (ikavski), dans laquelle « yat » a évolué eni, par exemple dans les motsčovik « homme » etrika « rivière », employée en Lika, en Dalmatie, en Slavonie, en Bosnie centrale, par des Tchakaviens sur le littoral et sur la plupart des îles, et par des Kaïkaviens (vallées de Kupa, Dobra, Sutla, etc.).
ékavienne (ekavski), où « yat » a donnée :čovek,reka. Cette prononciation, qui n’est pas non plus standard, est surtout celle de Kaïkaviens et Tchakaviens du Nord-Est de l'Istrie.
(i)jékavienne ((i)jekavski), dans laquelle « yat » est devenuje (prononcé « yé ») dans certains mots (čovjek) etije (« iyé ») dans d’autres (rijeka). Cette prononciation est la seule admise par le croate standard.
Stèle de Baška (un peu avant 1100).Missel du duc Novak (1368)Vue sur le pays d'Istrie (1275).Codex de Vinodol (1288).Missel croate duVatican (1380-1400).
Les premiers textes rédigés par des Croates ont été écrits auIXe siècle envieux-slave, avec l’alphabetglagolitique, mais ils ne se sont pas conservés. Les plus vieux textes glagolitiques croates conservés datent duXIe siècle, la plupart gravés dans la pierre, comme lastèle de Baška (île deKrk). C’est le premier texte en vieux-slave avec des éléments de lalangue vernaculaire. Il est remarquable par ses dimensions et par l’importance du texte qui, pour la première fois, mentionne le peuple croate.
AuXIIe siècle on commence à utiliser l’alphabet cyrillique également. L’alphabet latin n’est employé qu’à partir duXIVe siècle, coexistant pendant quelque temps avec les deux premiers. L’utilisation du glagolitique dure jusqu’à la fin duXVe siècle, et pour certaines régions côtières jusqu’au début duXIXe siècle.
Le premier dialecte qui se distingue des autres est le tchakavien, dans lequel sont écrits les premiers textes croates laïques, avec des éléments de slavon, auXIIIe siècle :Vue sur le pays d’Istrie (1275) et leCodex de Vinodol (1288). Le premier dictionnaire croate, œuvre de Faust Vrančić (1595), est principalement celui du dialecte tchakavien.
Le dialecte chtokavien aussi est attesté d’abord avec des éléments slavons. Le premier écrit complet dans ce dialecte est leMissel croate duVatican, transcrit à partir du dialecte tchakavien dans les années 1380-1400, àDubrovnik, en Dalmatie. La littérature croate dans ce dialecte se développe d’abord en Dalmatie et enSlavonie.
Les premiers éléments de standardisation datent duXVIIe siècle, appelé aussiépoque du Slavismebaroque, la standardisation étant reflétée par la littérature de cette époque. Ce qui contribue essentiellement à la formation du croate moderne est :
l’activité du linguisteBartul Kašić. Cejésuite rédige la première grammaire du croate (Institutionum linguae illyricae libri duo, Rome,1604), fondée principalement sur le dialecte chtokavien, mais avec de nombreux éléments tchakaviens. Le même Kašić traduit laBible dans la variété (i)jékavienne du dialecte chtokavien. Un travail de Kašić qui a influencé encore plus le développement du croate littéraire est leRituel romain (1640, plus de 400 pages), première traduction d’un livre de liturgie catholique dans une langue vivante.
les travaux d’un autre jésuite, l’ItalienGiacomo Micaglia (appelé en croate Jakov Mikalja). Il publieThesaurus lingvae illyricae (Loreto,1649 ;Ancône,1651), un dictionnaire croate-italien-latin, basé essentiellement sur le même dialecte chtokavien à prononciation (i)jékavienne.
La standardisation du croate est étroitement liée à l’éveil de la conscience nationale des Croates, qui s’inscrit dans la tendance générale de l’Europe de la première moitié duXIXe siècle[41]. Dès1812,Šime Starčević publia àTrieste uneNouvelle grammaire illyrienne (en croate,Nova irilička gramatika). Il était le précurseur de ce qu’on appelle le « Renouveau national croate » qui fut mené par le Mouvementillyrien, auquel participait surtout la jeunesse intellectuelle d’origine bourgeoise. Son chef étaitLjudevit Gaj, linguiste, homme politique, journaliste et écrivain d’originefrançaise. Dans son livreKratka osnova horvatsko-slavenskog pravopisanja (Abrégé d’orthographe croato-slavonne) (Buda,1830), il proposa l'alphabet qui continue d'être utilisé par le croate duXXIe siècle, fondé sur l’alphabet latin, avec desdiacritiques empruntés aux alphabets dutchèque et dupolonais, ainsi qu’une orthographe phonémique. Cettegraphie se généralisa par la suite sur tout le territoire habité par des Croates, à la place des graphies italienne,allemande ethongroise utilisées dans les régions respectives.
C’est à cette époque que s’imposa le standard unitaire du croate fondé sur le dialecte chtokavien à prononciation (i)jékavienne, la littérature dans les autres dialectes tombant en désuétude.
L'idéologie du Mouvement illyrien ne se limitait pas à la Croatie. Son idéal était l’union de tous lesSlaves du sud, desSlovènes et jusqu’auxBulgares, qui vivaient tous sous domination étrangère, en une utopique nationillyrienne. Ses aspirations concordaient avec celles de certains lettrésserbes, ce qui mena sur le plan linguistique à l’idée de langueserbo-croate. Il y avait en effet une convergence entre la réforme deVuk Stefanović Karadžić concernant leserbe, qui fonda le standard de celui-ci sur le même dialecte chtokavien, et celle de Ljudevit Gaj. Cela se manifesta, entre autres, dans l’« Accord deVienne » (1850), signé par sept lettrés croates et serbes (dontVuk Karadžić), à l’initiative du linguiste slovèneFranc Miklošič. Cet accord établit certaines normes communes pour les langues croate et serbe.
L’école appelée « de Zagreb » cherche à développer le croate en se tournant vers d’autreslangues slaves (leslovène, lerusse, letchèque), tout en acceptant dans le standard des éléments des dialectes tchakavien et kaïkavien.
Le rapprochement entre croate et serbe continue après laPremière Guerre mondiale, cette fois dans le cadre duroyaume des Serbes, Croates et Slovènes, devenu plus tard leroyaume de Yougoslavie, sous l’égide de laSerbie, pays vainqueur dans la guerre. L’idée de la langueserbo-croate est de plus en plus soutenue par les autorités deBelgrade. Plus encore, ces dernières cherchent à imposer le serbe à prononciation ékavienne comme langue de tout l’État, ce qui n'est pas du goût des Croates désireux d'indépendance.
Au cours de laSeconde Guerre mondiale est fondé l’État indépendant de Croatie, satellite de l’Allemagnenazie, qui déclenche une persécution terrible contre la minorité serbe. Sur le plan linguistique, une « purification » du croate a pour but d'en éliminer les éléments serbes[42].
Dans laseconde Yougoslavie, la promotion de la langue serbo-croate et les tentatives d’estomper les différences entre le croate et le serbe deviennent les composantes d'une politique linguistique officielle, acceptée également par les communistes croates, ce qui ressort clairement de l’« Accord deNovi Sad » (1954). Signé par 25 linguistes et écrivains, 18 serbes et sept croates, on y stipule que la langue commune des Serbes, des Croates, desMonténégrins et desBosniaques est le serbo-croate, que l’on peut aussi appeler croato-serbe, ayant deux variantes littéraires, le serbe et le croate. On décide par la même occasion de créer un dictionnaire unique. Toutefois, en Croatie, l’appellation de la langue officielle reste « croate » (entre1943 et1970), puis « croate ou serbe » (entre 1970 et 1990).
À la suite de la relative libéralisation du régime dans lesannées 1960, les intellectuels croates manifestent leur mécontentement causé par la domination du serbe dans les instances officielles. En1967, sept linguistes et écrivains rédigent une « Déclaration au sujet de la situation et de la dénomination de la langue littéraire croate », où l’on revendique de mettre sur un pied d’égalité non pas trois, mais quatre langues de Yougoslavie : le slovène, le croate, le serbe et lemacédonien, et de mettre un terme à la domination du serbe sur le plan étatique et dans les institutions fédérales. Dans lesannées 1970 (époque appelée le « Printemps croate »), la langue littéraire croate est déclarée entité à part.
À la suite de la proclamation de la souveraineté de laCroatie (1991) et des guerres en Yougoslavie, les tendances puristes vouées à séparer le croate du serbe se renforcent, dénonçant et rejetant les « serbismes » et les « internationalismes »[43]. On réintroduit dans la langue de nombreux mots plus ou moins sortis de l’usage depuis des décennies, et on crée des néologismes à base slave.
R entre deuxconsonnes ou en début de mot peut constituer un sommet desyllabe, comme lesvoyelles, par exemple dansvrt « jardin » etrzati « hennir ».
L’orthographe croate est en principe phonémique, mais il y a des exceptions :
Chaquevoyelle peut être brève ou longue mais l’écriture habituelle ne les distingue pas :zlato [zlaːto] « or »,ruka [ruːka] « main ».
Lesassimilations entre consonnes (voir plus bas) ne sont pas rendues par écrit en fin de mot :šef ga pita [ʃeːv]ga pita « le chef lui demande »,zec [zeːd͡z]ga gleda « le lièvre le regarde ».
Devant uneconsonne palatale oualvéolo-palatale,š etž deviennent alvéolo-palatales :grožđe ['groʑd͡ʑe] « raisin ». Ce n’est pas non plus rendu par écrit.
Les noms propres des langues étrangères utilisant l’alphabet latin s’écrivent comme dans la langue d’origine mais se prononcent avec les sons du croate :Köln [keln],München [minhen].
Une voyelle [a]euphonique apparaît à certaines formes dunom, mais aussi de l’adjectif, et disparaît à d’autres formes. Par exemple, leradical du mot signifiant « vieillard » eststarc-, sonnominatifsingulier étantstarac mais au cours de ladéclinaison lea tombe :starca « du vieillard » (génitif). Dans le cas des radicauxféminins terminés en deux consonnes, cea est présent au génitifpluriel entre les deux consonnes : radicalsestr-, nominatif singuliersestra, génitif plurielsestara.
Les noms et les adjectifs terminés en-ao,-eo ou-io [ex.čitao sam « j’ai lu » (sujet masculin),anđeo « ange »,cio « entier »] étaient à une époque de l’histoire de la langue terminés par unl dur (čital,anđel,cil) qui a évolué eno, mais seulement en fin de mot. Ceto redevientl s’il n’est plus en position finale, mais suivi d’unedésinence ou d’un autresuffixe :čitala sam « je lisais » (sujet féminin),anđela « de l’ange » (génitif),cijela « entière ».
Lorsque deux consonnes, l’une sourde et l’autre sonore arrivent en contact par ajout d’une désinence ou d’un autre suffixe à un mot, la première consonne estassimilée par la seconde (assimilation régressive) : assourdie si cette seconde consonne est sourde, sonorisée si elle est sonore. Ainsi,
les consonnes sonores
b,
g,
d,
đ,
z,
ž,
dž
deviennent
les consonnes sourdes
p,
k,
t,
ć,
s,
š,
č,
et vice-versa.
Par exemple, dans le motvrabac « moineau », /b/ alterne avec sa correspondante sourde /p/. Cette dernière apparaît lorsque le /a/ tombe entre /b/ et /t͡s/, cette dernière étant sourde et assimilant /b/ :vrapca « du moineau » (génitif singulier).
Certaines consonnes terminant la forme du cas nominatif d’un nom ou se trouvant à la fin du radical d’unverbe, peuvent subir un changement appelépalatalisation, sous l’influence d’une voyelle commençant une désinence ou un autre suffixe. Les cas les plus fréquents :
Les mêmes consonnes deviennentalvéolaires devant uni (par exemple au nominatif desmasculins pluriels) :
k >c –vojnik « soldat » >vojnici « soldats » ;
g >z –bubreg « rein » >bubrezi ;
h >s –trbuh « ventre » >trbusi.
Dès l’époque duproto-slave il y a eu une palatalisation devant /j/ (prononcé comme « y » dans « yeux »), appelée aussimouillure. Elle fait que, dans la langue actuelle, les consonnes ci-dessous deviennent :
d ett alvéolo-palatales :d >đ,t >ć, par exemple au degré comparatif desadjectifs :mlad « jeune » >mlađi « plus jeune »,žut « jaune » >žući ;
L’accent qui frappe l’une des voyelles d’un mot a un double caractère en croate. C’est unaccent tonique ou d’intensité, c’est-à-dire la voyelle en cause est prononcée avec plus de force que les autres (comme enfrançais), mais aussi unaccent de hauteur, la voyelle frappée de l’accent tonique étant prononcée un ton plus haut ou plus bas que les autres. Il y a quatre sortes d’accent, des combinaisons entre le caractère descendant ou ascendant et la durée de la voyelle (longue ou brève). L’accent n’est noté que dans les ouvrages delinguistique, les manuels de langue et lesdictionnaires. Leurs signes conventionnels sont ceux des exemples ci-dessous :
accent long descendant :zlȃto « or » ;
accent long ascendant :rúka « main » ;
accent bref descendant :kȕća « maison » ;
accent bref ascendant :žèna « femme ».
En croate, l’accent est mobile, avec quelques limitations, dont voici les principales :
Dans les mots comportant plus d’une syllabe, l’accent descendant ne peut frapper que la première syllabe.
Les mots monosyllabiques ne peuvent avoir qu’un accent descendant.
Dans les mots polysyllabiques, l’accent peut frapper n’importe quelle voyelle, sauf la dernière, règle qui peut être appliquée aux mots étrangers, mais ce n’est pas obligatoire. Aussi, les mots français peuvent-ils être accentués sur leur avant-dernière ou leur dernière syllabe[47].
Les voyelles non accentuées peuvent également être longues ou brèves. Les longues sont notées, sauf dans les écrits ordinaires, par unmacron ¯ (žèna « femme » /žénā « des femmes », le génitif pluriel du nom). Une syllabe longue atone ne peut se trouver qu’après une syllabe accentuée.
Comme on peut le voir dans cet exemple, le caractère de l’accent et la durée des voyelles ont une valeur fonctionnelle. Ici ils marquent deux cas différents dans la déclinaison. La place de l’accent a également une valeur fonctionnelle, par exemple dans la déclinaison des adjectifs à forme brève (voir plus basDéclinaison des adjectifs).
Il y a aussi des mots qui ne sont jamais accentués et d’autres qui parfois le sont et d’autres fois ne le sont pas. La première catégorie est constituée par lesenclitiques, c’est-à-dire lespronoms personnels atones, les formes atones desverbes auxiliaires et laparticuleli, et la deuxième par lesproclitiques, c’est-à-dire lesprépositions, lesconjonctions et la particule négativene. Les deux catégories declitiques forment un seul mot (du point de vue prosodique) avec le mot à sens lexical de leur groupe, portant un seul accent : dans le cas d’un enclitique, l’accent frappe le mot à sens lexical, dans celui d’un proclitique, c’est ce dernier qui est accentué, à condition que l’accent du mot à sens lexical soit descendant. Exemples :
la particulene :ne‿zòvi (ne atone) « n’appelle pas »,znȃm –nè‿znām (ne tonique) « je ne sais pas » ;
prépositions :bez‿náde (bez atone) « sans espoir »,grȃd –ȕ‿grād (u tonique) « en ville ».
Parmi les conjonctions il y en a qu’on ne peut pas accentuer,a « et »,da « que » eti « et », à moins qu’elles ne soient suivies d’une pause :životinjeȋ, što je važno, ljudi « les animaux et, ce qui est important, les gens ».
Le croate étant une variété du BCMS, son systèmegrammatical est essentiellement le même que celui des autres variétés de ce diasystème[48]. Ce système se distingue de celui du français par plusieurs caractéristiques. En effet, comme le français, c’est, du point de vue de latypologie morphologique, unelangue synthétique, mais le BCMS l’est à un degré élevé par rapport au français, c’est-à-dire que le nom, l’adjectif et lespronoms se déclinent, ayant des formes distinctes marquées par des désinences pour remplir telle ou telle fonctionsyntaxique dans laphrase, et toutes les formes personnelles des verbes se distinguent nettement par des désinences.
masculins, d’habitude reconnaissables d’après leur terminaison en consonne au nominatif singulier :grad « ville ». Les noms terminés en-ao et-eo sont également masculins et font partie de la même classe de déclinaison que ceux en consonne. Il y a aussi des noms masculins terminés en-a : des prénoms masculins (Nikola), des noms de professions (vojvoda « duc »), etc., qui se déclinent comme les féminins.
féminins, généralement terminés en-a au nominatif singulier :ruka « main ». Il y a également des noms féminins terminés en consonne :radost « joie »,stvar « chose », qui constituent une classe de déclinaison à part.
neutres, terminés en-o ou en-e au nominatif singulier :kolo « cercle »,polje « champ », déclinés comme les masculins en consonne.
En croate, la déclinaison se caractérise par septcas, les noms étant groupés en quatre classes de déclinaison, d’après leurdésinence au nominatif singulier. Voici la déclinaison régulière de quatre noms de deux classes de déclinaison comportant le plus grand nombre de noms.
L’accusatif singulier des noms masculins animés est identique à leur génitif singulier, alors que l’accusatif singulier des noms masculins inanimés est pareil à leur nominatif singulier.
La désinence du génitif pluriel est un-ā de quantité longue. C’est ce qui différencie principalement le génitif pluriel du génitif singulier des noms masculins et neutres, ainsi que le génitif pluriel des féminins de leur nominatif singulier.
d’appartenance :bratov kaput « le manteau du frère »,lugareva kuća « la maison du garde-forestier »,majčino pismo « la lettre de maman ». Ces adjectifs sont formés à partir de noms, par ajout du suffixe-ov ou-ev aux masculins, et-in aux féminins.
Les adjectifs peuvent avoir deux formes, brève et longue. La forme brève se caractérise par une terminaison en consonne au nominatif masculin singulier, et la forme longue – par la terminaison-i au même cas :
bratov « du frère » – adjectif à forme brève ;
hrvatski « croate » – adjectif à forme longue.
Presque tous les adjectifs qualificatifs ont les deux formes, la forme longue étant obtenue en ajoutant-i à la forme brève :smeđ >smeđi « marron, brun ». Dans leur cas, la forme brève est aussi appelée indéfinie, et la forme longue – définie. Celle-ci correspond en français à l’adjectif utilisé en tant que nom. Exemple :Kupio sam jedan šeširsmeđ i jedansiv.Smeđi sam ubrzo izgubio,sivi nosim i danas « J’ai acheté un chapeau marron et un autre gris. Le marron, je l’ai vite perdu, le gris, je le porte encore aujourd’hui ».
Les adjectifs qui n’ont qu’une seule forme sont utilisés aussi bien comme définis que comme indéfinis. Les adjectifs d’appartenance n’ont qu’une forme brève, alors que ceux terminés en-ski,-nji et-ji, ainsi que les adjectifs au comparatif et au superlatif relatif (voir ci-dessous) – une forme longue.
Pour exprimer lesdegrés de comparaison, on utilise desaffixes.Le comparatif de supériorité est formé avec des suffixes :
-ji,-ja,-je, qui provoque la mouillure de la consonne finale de l’adjectif :
pour les adjectifs monosyllabiques à voyelle longue :bȓz « rapide » >bȑžī « plus rapide » ;
pour les adjectifs dissyllabiques terminés au masculin singulier en-ak,-ek ou-ok :kràtak « court » >krȁćī ;
-iji,-ija,- ije :
pour les adjectifs monosyllabiques à voyelle brève :stȁr « vieux » >stàrijī ;
pour les autres adjectifs dissyllabiques et les polysyllabiques :srȅtan « heureux » >srètnijī,oštròūman « intelligent » >oštroùmnijī.
La comparaison se construit avec laprépositionodrégissant le génitif : (Kamen je tvrđiod zemlje) ou avec la conjonctionnego + le nominatif :Kamen je tvrđinego zemlja « La pierre est plus dure que la terre ».
Il y a aussi des adjectifs dont le comparatif est irrégulier dans la mesure où il a un autre radical que l’adjectif correspondant au grade positif :dobar – bolji « meilleur »,zao – gori « pire »,velik – veći « plus grand »,malen – manji « plus petit »,dug – dulji (qui a aussi le comparatif régulierduži) « plus long ».
Le superlatif relatif de supériorité s’obtient du comparatif avec lepréfixenaj- :bliži « plus proche » >najbliži « le plus proche ». Trois constructions sont possibles avec l’adjectif au superlatif, comportant :
la prépositionod régissant le génitif :Avion je najbržiod prijevoznih sredstava « L’avion est le plus rapide des moyens de transport » ;
la prépositionmeđu régissant l’instrumental :Avion je najbržimeđu prijevoznim sredstvima ;
la prépositionizmeđu régissant le génitif :Između dragoga kamenja najtvrđi je dijamant « Parmi les pierres précieuses, la plus dure est le diamant ».
Au nominatif pluriel, les deux formes diffèrent par la quantité de la voyelle finale.
Il existe des variantes de désinences :
à la forme longue, au génitif singulier masculin et neutre – deux variantes :-ōg et-ōga. La variante plus courte est utilisée pour un adjectif qui suit un autre adjectif au même cas (exemple :gramatika hrvatskoga standardnog jezika « grammaire de la langue croate standard ») ;
à la forme longue, au datif/locatif singulier masculin et neutre – trois variantes :-ōm,-ōmu et-ōme, la deuxième étant plus fréquente au datif, la troisième – au locatif (même utilisation de la variante plus courte qu’au génitif :u hrvatskome standardnom jeziku « dans la langue croate standard ») ;
à la forme brève et à la forme longue, au datif/instrumental/locatif pluriel, les trois genres – trois variantes :-īm,-īma et-ima, les deux dernières n’étant différentes que par la quantité dei.
Au nominatif, au vocatif, à l’instrumental et au locatif, les pronoms personnels ont seulement des formes toniques (disjointes), alors qu’au génitif, au datif et à l’accusatif, ils ont aussi bien des formes toniques que des formes atones (conjointes).
Le pronom de politesse estVi, écrit d’habitude avec majuscule.
pour mettre la personne en évidence :Ja njega dobro poznajem « Moi, je le connais bien, lui » ;
pour mettre deux personnes en opposition :Pozvao jenas, a nenjih « Il nous a invités, nous, pas eux » ;
après les prépositions et les conjonctions :Otišla je kući bezmene « Elle est rentrée sans moi ». Lorsque l’accent passe sur la préposition, le pronom ne change pas de forme :bèz mene.
Quant à la distribution des formesju etje « la » (accusatif),je s’emploie en général, etju dans le voisinage de la syllabeje, c’est-à-dire devant le verbe auxiliaireje (Onju je dočekao « Il l’a attendue »), et après les mots terminés enje :Ne voli limunadu, ali pijeju kad je vruće « Il/Elle n’aime pas la limonade, mais il/elle en boit quand il fait très chaud ».
Contrairement au français, en croate il y a un seulpronom réfléchi, celui qui commence pars dans le tableau des pronoms personnels. Il se réfère toujours au sujet, quels que soient son genre, son nombre et sa personne :Naškodio sisebi « Tu t’es fait du mal à toi-même ». Il a des formes atones au génitif/accusatif et au datif. Celle d’accusatif est utilisée à lesverbes pronominaux :Ja sam se počešljao « Moi, je me suis peigné(e) »,Ti si se počešljala « Toi, tu t’es peignée »,Sestra se počešljala « Ma sœur s’est peignée »,Dječaci su se počešljali « Les garçons se sont peignés ».
Les motstko « qui » etšto « que, quoi » sont seulement pronoms :
interrogatifs :Tko stoji pred vratima? « Qui se tient devant la porte ? »,Što je pred vratima? « Qu’est-ce qu’il y a devant la porte ? »
relatifs :Pitajkoga hoćeš! « Demande à qui tu veux ! »,Recišto želiš! « Dis ce que tu souhaites ! »
Déclinaison :
Nominatif
tkȍ
štȍ
Génitif
kòga, kȍg
čèga, čȅg
Datif
kòmu, kòme, kȍm
čèmu
Accusatif
kòga, kȍg
štȍ
Instrumental
kȋm, kíme
čȋm, číme
Locatif
kȍm, kòme
čȅm, čemu
Les mots suivants sont pronoms ou adjectifs :
čiji,-a,-e,-i,-e,-a :Čiji je to pokrivač? « À qui est cette couverture ? »,Došli smo u gradčiji su stanovnici poznati po marljivosti « Nous sommes venus dans une/la ville dont les habitants sont connus pour leur assiduité au travail » ;
koji,-a,-e,-i,-e,-a :Kojim ćeš vlakom putovati? « Par quel train vas-tu voyager ? »,Koji je stigao? « Lequel est arrivé ? »,Osušile su se ružekoje je sestra presadila « Les roses que ma sœur a plantées ont séché » ;
kakav,kakva,kakvo,kakvi,kakve,kakva :Kakve si ljude tamo vidio? « Quels gens as-tu vus là-bas ? »,Kakav je taj most? « Comment est ce pont? / De quel genre est ce pont ? » ;
kolik,kolika,koliko,koliki,kolike,kolika :Kolika je vaša kuća? « Votre maison est grande comment ? »
En général, ces mots se déclinent comme les adjectifs :čiji etkoji comme les définis,kakav etkolik comme les indéfinis. En guise d’exemple, la déclinaison dekoji :
Cas
Singulier
Pluriel
Masculin
Neutre
Féminin
Masculin
Neutre
Féminin
N.
kòjī
kòjē
kòjā
kòjī
kòjā
kòjē
G.
kòjēga, kòjēg, kȏga
kòjē
kòjīh
D.
kòjēmu, kòjēm, kȏmu, kȏme, kȏm
kòjōj
kòjima, kòjīm
A.
kòjī (inanimé),kòjēga, kòjēg (animé)
kòjē
kòjū
kòjē
kòjā
kòjē
I.
kòjīm
kòjōm
kòjima, kòjīm
L.
kòjēmu, kòjēm, kȏme, kȏm
kòjōj
kòjima, kòjīm
Les formes réduites de datif/locatif de ce pronom (kȏmu, kȏme, kȏm) ne diffèrent que par la nature de leur accent de celles du pronomtko aux mêmes cas :kòmu, kòme, kȍm.
njegov « sien, à lui »,njegova « sienne, à lui »,njegovo (neutre singulier),njegovi « siens, à lui »,njegove « siennes, à lui »,njegova (neutre pluriel)
nje(zi)n « sien, à elle »,nje(zi)na « sienne, à elle »,nje(zi)no (neutre singulier),nje(zi)ni « siens, à elle »,nje(zi)ne « siennes, à elle »,nje(zi)na (neutre pluriel)
njihov « leur » masc.,njihova « leur », fém.njihovo – neutre singulier,njihovi « leurs » masc.,njihove « leurs » fém.,njihova (neutre pluriel)
svoj,svoja,svoje (neutre singulier),svoji,svoje,svoja (neutre pluriel) – déterminent (en tant qu’adjectifs) ou représentent (en tant que pronoms) l’objet (les objets) possédé(s) par le sujet, de quelque personne qu’il soit.Mi se brinemo zasvoj posao, a vi se pobrinite zasvoj « Nous, on s’occupe de notre travail et vous, occupez-vous du vôtre » Les autres possessifs déterminent/représentent en règle générale l’objet (les objets) possédé(s) par un autre possesseur que le sujet :Poznajemtvoju sestru « Je connais ta sœur ».
Comme pour les possessifs, on emploie les mêmes formes en tant quepronoms démonstratifs et en tant qu’adjectifs démonstratifs. Ils expriment trois degrés d’éloignement, à peu près comme « ici », « là » et « là-bas » en français :
Ovaj « celui-ci »,ova « celle-ci »,ovo (neutre singulier),ovi « ceux-ci »,ove « celles-ci »,ova (neutre pluriel) – se réfèrent à ce qui est près dulocuteur.
Taj,ta,to,ti,te,ta expriment l’éloignement moyen, par exemple se référant à ce qui se trouve près de l’interlocuteur.
Onaj « celui-là »,ona « celle-là »,ono (neutre singulier),oni « ceux-là »,one « celles-là »,ona (neutre pluriel) – se réfèrent à ce qui est éloigné du locuteur, par exemple près d’un tiers (non pas l’interlocuteur).
La plupart despronoms etadjectifs indéfinis sont formés à partir de pronoms ou adjectifs interrogatifs, en leur ajoutant certains éléments composants :
nešto « quelque chose »,netko « quelqu’un »,nekakav « de quelque sorte » ;
svašta « de tout »,svatko « chacun »,svakakav « de n’importe quelle sorte, de toutes sortes » ;
gdjekoji « un (quelconque) » ;
pokoji,poneki « quelqu’un (parmi plusieurs) »,ponešto « un peu (de plusieurs choses) » ;
koješta « n’importe quoi, des choses futiles »,kojekakav « de quelque sorte que ce soit, quelconque » ;
kojigod « n’importe lequel »,štogod « n’importe quoi ».
Exemples en phrase :Netko te pozdravio « Quelqu’un t’a salué(e) »,Ništa nećeš doznati « Tu ne sauras rien »,Bit ću sretan ako se nađeikakav bolji izlaz iz ovoga položaja « Je serai heureux si on trouve une quelconque meilleure sortie de cette situation »,Amo dolazesvakakvi ljudi « Ici il vient des gens de toutes sortes »,Možda će se naćigdjekoji oštar nož « On trouvera peut-être un (quelconque) couteau aiguisé »,Znam od svegaponešto « Je sais un peu de tout »,Uvijek brbljajukoješta « Ils/Elles bavardent toujours de n’importe quoi »,Donesištogod da pojedemo « Apporte n’importe quoi à manger ».
Il existe aussi deslocutions indéfinies formées de pronoms/adjectifs interrogatifs avec certaines particules écrites séparément, toutes ayant le sens « n’importe » :
antéposées :ma, makar, bud, budi ;
postposées :god, mu drago, ti volja, te volja, hoćeš, hoće ;
antéposée ou postposée :bilo.
Exemples en phrase :Nikad me neće prevaritimakar kolik lažac bio « Il ne me trompera jamais, quelque grand menteur qu’il soit »,Samo da naiđemo nabudi kakvu vodu « Pourvu que nous trouvions n’importe quelle eau »,Došaotko mu drago, moja su mu vrata otvorena « Qui que vienne, ma porte lui est ouverte »,Daj mu to zabilo što ouDaj mu to zašto bilo « Donne-lui ça contre n’importe quoi ».
Lesnumérauxjedan « un »,jedna « une »,jedno (neutre),dva « deux »,dvije « deux » (féminin),tri « trois » etčetiri « quatre » se déclinent, y compris quand ils désignent le dernierchiffre d’un nombre. Les mots correspondant aux nombres de 11 à 19 étaient à l’origine dessyntagmes, par exemplejedьnъ na desęte (littéralement « un sur dix ») >jedanaest « onze ».
Les mots correspondant aux dizaines supérieures à 10 sont des mots composés, par exempledva « deux » +deset « dix » >dvadeset « vingt ». Pour certains, le premier composant a subi desmodifications phonétiques, par exemplešest « six » +deset >šezdeset « soixante ». Les mots correspondant aux centaines ont une variante mot composé avecsto « cent » et une autre en deux mots, avec le nom fémininstotina dérivé desto :dvjesto oudvije stotine 200,tristo outri stotine 300,četiristo oučetiri stotine 400.
1 000 est dénommé par deuxsynonymes : le mot slavetisuća et l’emprunt augrechiljada. Les deux sont des noms féminins se déclinant en tant que tels, de même quemilijarda « milliard », alors quemilijun « million » est un nom masculin.
Les adjectifs numéraux correspondant à 1, 2, 3 et 4 se déclinent et se construisent avec le nom qu’ils déterminent (qui peut aussi avoir uneépithète), comme suit :
Jedan « un »,jedna « une »,jedno (neutre) et les nombres qui finissent par ce chiffre se construisent avec le nom au même cas que le nombre :Ostao je bezjedne ruke « Il est resté sans une main »,Dvadeset ijedna godina je prošla « Vingt et un ans ont passé ».
Dva « deux »,dvije (féminin),tri « trois » etčetiri « quatre », ainsi que les nombres se terminant par ces chiffres :
lorsqu’ils sont au nominatif, à l’accusatif ou au vocatif, sont suivis du nom :
au génitif singulier si le nom est masculin ou neutre :dva dječaka « deux garçons »,tri sela « trois villages » ;
au nominatif pluriel si le nom est féminin :dvije ruke « deux mains »,tri godine « trois ans ».
Aux autres cas de ces adjectifs numéraux, le nom est au pluriel, au même cas que le numéral :Vjetar puše sa svih četiriju strana « Le vent souffle de tous les quatre côtés ».
Les numéraux de forme substantivale ne s’accordent pas avec le nom qui leur est associé. Celui-ci est toujours au génitif pluriel :Donio mi je stotinupoklona « Il m’a apporté cent cadeaux »,Sin mu je nestao s tisućamadrugih mladića « Son fils a disparu avec mille autres jeunes ».
Pet « cinq »,šest « six »,sedam « sept »,osam « huit » etdevet « neuf », y compris en tant que derniers chiffres d’un nombre, et les mots dénommant les dizaines, sont invariables et le nom les suivant se met au génitif pluriel :Već desetdana puše jak vjetar « Un vent fort souffle déjà depuis dix jours »,Imala je petnaestbijelih kokošiju « Elle avait quinze poules blanches ».
Ces numéraux ont les désinences des adjectifs à forme longue, ajoutées aux cardinaux. Danspeti « cinquième »,šesti « sixième », dedeveti « neuvième » àdvadeseti « vingtième » et dans les autres numéraux ordinaux correspondant aux dizaines (trideseti « trentième », etc.), le mot de base ne subit pas de changements. Dans le cas desedmi « septième » (<sedam),osmi « huitième » (<osam),stoti « centième » (<sto),tisući « millième » (<tisuća) =hiljaditi (<hiljada),milijunti « millionième » (<milijun) etmilijardni « milliardième » (<milijarda), il se produit de petits changements (chute dea,t de liaison, etc.) Danstreći « troisième » (<tri) etčetvrti « quatrième » (<četiri) il y a des changements plus importants, et les correspondants ordinaux dejedan etdva sont des mots à radical différent de celui des cardinaux :prvi « premier » etdrugi « deuxième » respectivement. En tant que derniers chiffres d’un nombre on utilise les mêmes formes que pour les chiffres seuls :dvadeset prvi « vingt et unième »,trideset drugi « trente-deuxième ».
Ce sontdvoje « deux »,troje « trois »,četvero oučetvoro « quatre »,petero oupetoro « cinq », etc. À partir des autres noms de chiffres, les nombres collectifs se forment commepetero/petoro, avec le suffixe-ero ou-oro. Ces mots sont employés, par exemple, pour désigner deux ou plusieurs personnes de sexes ou d’âges différents :stol zadvoje « une table pour deux » (un homme et une femme),Kako ih jesedmero sjedjelo oko vatre, [...] « Comme il y en avait sept assis autour du feu, [...] ».
Ces substantifs se forment à partir des nombres collectifs, avec le suffixe-ica (dvojica, trojica, četvorica). Ils ont également un caractère collectif mais ne s’emploient que pour les êtres de sexe masculin, mis au génitif pluriel :tròjica dječákā « trois garçons ».
Chaque chiffre a un nom du genre féminin :jedinica,dvica,trica, četvrtica,petica, etc. Exemple :praviti osmice « faire des huit » (avec les patins, sur glace)[50].
Comme dans les autres langues slaves, les verbes croates se caractérisent entre autres par la catégorie de l’aspect, qui exprime principalement le degré de réalisation de l’action d’un verbe.
Un verbeimperfectif exprime le fait que l’action était, est ou sera en train de se dérouler, ou effectuée de façon répétée.Majka je prala / pere / će prati rublje « Maman faisait / fait / fera la lessive ».
Un verbeperfectif exprime le fait que l’action a eu ou aura lieu à un seul moment, ou bien qu’elle a commencé et s’est terminée / commencera et se terminera à des moments donnés :Majka je oprala / će oprati rublje « Maman a fait / fera (et finira de faire) la lessive ».
Leprésent proprement dit n’est exprimé que par les verbes imperfectifs, dans despropositions indépendantes ouprincipales. Le présent des verbes perfectifs est utilisé seulement dans despropositions subordonnées, exprimant une action future :Kadodspavam, bit će bolje « Quand j’aurai dormi, ça ira mieux ».
Contrairement au français, mais semblablement aux autres langues slaves, le croate a des aspects perfectif et imperfectif morphologiquement marqués (ce ne sont donc pas desaspects sémantiques mais desaspects grammaticaux). Alors qu’en français ce type d’aspect est déterminé par le sens seul du verbe, en croate il est indiqué par desaffixes[51].
La plupart des verbes forment des couples perfectif–imperfectif ayant le même sens lexical, par exemplepisati–napisati « écrire ». Il y a quelques procédés pour former des verbes d’un aspect à partir de verbes de l’autre aspect :
L’un de ces procédés est l’ajout d’un préfixe provenant d’une préposition au verbe imperfectif. De tels préfixes sonto- etna-, dans les exemples ci-dessus, qui changent seulement l’aspect du verbe. D’autres préfixes en changent plus ou moins le sens aussi :pisati « écrire » >prepisati « copier ». Du verbe ainsi dérivé, on forme son correspondant imperfectif de même sens à l’aide d’un suffixe placé devant le suffixe d’infinitif-ti :prepisivati.
Il y a aussi des verbes qui sont perfectifs avec un certain suffixe et imperfectifs avec un autre. Par exemple, le suffixe-i- est spécifique pour le perfectif et-a- pour l’imperfectif :lupiti – lupati « frapper ».
Lesverbes croates sont répartis en six classes deconjugaison régulières, d’après leson final du radical du verbe à l’infinitif, et une septième classe comprenant des verbes irréguliers. Trois de ces classes comprennent également des sous-classes : la première – sept sous-classes, la troisième – deux, la cinquième – quatre.
Les verbes irréguliers sont nombreux, ainsi que les modifications phonétiques provoquées par les désinences et les autres suffixes.
L’auxiliaire du passé composé est la forme de l’indicatif présent du verbebiti « être » qui a des formes atones aussi, celles du tableau ci-dessus. Pour une plus forte mise en évidence de la personne et dans les questions, on utilise ses formes toniques :Mijesmo sve završili « Nous avons tout fini »,Jeste li čuli? « Avez-vous entendu ? ».
Auxtemps composés (passé composé et conditionnel), le participe actif s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.
La personne du verbe est incluse dans la forme de celui-ci, étant exprimée par la désinence, c’est pourquoi le sujet peut ne pas être exprimé par un nom ou un pronom.
Le futur se forme généralement de l’infinitif du verbe sans-i + la forme brève du verbehtjeti « vouloir » au présent (Pjevatćeš « Tu chanteras »), mais en présence du pronom personnel sujet, l’auxiliaire se place avant le verbe, qui prend dans cette situation la forme complète de l’infinitif :Tićeš pjevati « Toi, tu chanteras ».
Lefutur II se forme du présent du verbebiti + le participe actif :budem tresao. Il est utilisé en proposition subordonnée, celui des verbes imperfectifs exprimant une action simultanée avec celle d’un verbe au futur I, et celui des verbes perfectifs – une action antérieure à celle d’un verbe au futur I.
L’aoriste (tresoh « je secouai ») est utilisé principalement dans la narration littéraire, pour exprimer des actions passées accomplies, ayant à peu près les mêmes valeurs que lepassé simple en français. Dans la langue parlée, on utilise avec la même valeur le passé composé des verbes perfectifs.
L’imparfait (tresijah « je secouais ») est employé seulement dans lalangue littéraire. À sa place on utilise le passé composé des verbes imperfectifs.
Leplus-que-parfait se forme de deux façons : de l’imparfait du verbebiti + le participe actif (bijah/bjeh pisao) ou du passé composé debiti + le participe actif (bio sam pisao) « j’avais écrit ». Il exprime une action passée ayant eu lieu avant une autre action passée. En proposition subordonnée, il est d’habitude remplacé par le passé composé.
Leconditionnel passé se forme du conditionnel présent du verbebiti et du participe actif du verbe à sens lexical :bio bi tresao « il/elle aurait secoué ». Lorsqu’il exprime une possibilité dans le passé, il est d’habitude remplacé par le conditionnel présent, le temps étant alors déduit du contexte.
Comme en français, il y a desadverbes primaires, telssad(a) « maintenant » ettamo « là-bas », mais la plupart des adverbes proviennent d’autresclasses grammaticales, surtout d’adjectifs :
La forme de nominatif singulier neutre de certains adjectifs à forme brève est utilisée en tant qu’adverbe aussi, par exemple :brzo « rapide, rapidement » ;
La forme de nominatif singulier masculin de certains adjectifs à forme longue terminés en-skī devient adverbe par le raccourcissement dei :bratskī « fraternel » >bratski « fraternellement ».
On forme également des adverbes à partir de :
noms :ljeto « été » >ljetos « l’été dernier »,ljeti « l’été, en été » ;
pronoms :nas « nous » (génitif/accusatif) >naški « à notre manière » ;
adjectifs numéraux :
cardinaux :jedan « un » >jednom « une fois » ;
ordinaux :drugi « deuxième » >drugo « deuxièmement » ;
verbes :ležati « être couché » >ležećke « en position couchée ».
À côté de mots simples (les exemples ci-dessus), il y a aussi des adverbes formés par composition :
préposition + nom au cas régi par la préposition :bez « sans » +trag « trace » >bestraga « sans trace » ;
préposition + adjectif :na « sur » +sljep « aveugle » >nasljepo « sans regarder, aveuglément » ;
préposition + adjectif numéral :iz « de » +prvi « premier » >isprva « d’abord, au début » ;
préposition + pronom :sa « avec » +sve « tout » >sasvim « totalement » ;
préposition + adverbe :na « sur » +gore « en haut » >nagore « vers le haut » ;
adverbe + adverbe :amo-tamo « ici et là ».
Les adverbes de manière, de quantité et certains adverbes de temps et de lieu ont des degrés de comparaison. Le comparatif de supériorité a la forme des adjectifs correspondants au nominatif neutre singulier et le superlatif relatif de supériorité se forme avec le même préfixe. Exemple :brzo « rapidement » >brže « plus rapidement » >najbže « le plus rapidement ». Quelques adverbes ont des formessupplétives de comparatif de supériorité :mnogo « beaucoup » –više « plus »,malo « peu » –manje « moins »,loše = zlo « mal » –gore « plus mal, pis ».
Les questions portant sur les divers compléments circonstanciels commencent par les adverbes suivants :kad(a)? « quand ? »,gdje? « où ? »,kamo? « vers où ? »,kud(a)? « par où ? »,odakle? « d’où ? »,kako? « comment ? »,koliko? « combien ? »,zašto? « pourquoi ? » (cause), « pour quoi ? » (but).
À partir des adverbes interrogatifs, on forme des adverbes indéfinis avec les mêmes éléments qui servent à former des pronoms indéfinis :
nekad(a) « autrefois, à une époque quelconque »,negdje « quelque part »,nekamo « vers quelque part »,nekuda « par n’importe où »,nekako « de quelque façon » ;
ikad(a),igdje,ikamo,ikuda,ikako – les sens précédents, impliquant le sens « du moins » ;
nikad(a) « jamais »,nigdje « nulle part »,nikamo « vers nulle part »,nikako « en aucune façon »,nizašto « pour rien » ;
svakad « toujours »,svugdje « partout »,svukuda « dans toutes les directions »,svakako « de toute façon » ;
ponekad « parfois »,ponegdje « par ci par là » ;
kojekud(a) « dans n’importe quelle direction »,kojekako « d’une façon ou d’une autre » ;
kadgod « à une époque quelconque, parfois »,gdjegod « quelque part, n’importe où ».
On forme aussi des locutions adverbiales indéfinies avec des particules ayant le sens « n’importe », celles qui forment des locutions pronominales indéfinies :ma kad(a) = bilo kad(a) « n’importe quand »,ma kako = bilo kako « n’importe comment »,ma gdje = bilo gdje « n’importe où »,ma kuda = bilo kuda « par n’importe où ».
Formant des compléments avec des noms ou des pronoms, la plupart des prépositions régissent un seul cas :
legénitif :bez « sans » ;blizu « à proximité de » ;do « jusqu’à » ;duž « le long de » ;ispod « au-dessous de » ;ispred « devant » ;iz « de » ;iza « au-delà de, derrière » ;između « entre » ;iznad « au-dessus de » ;kod « près de, auprès de » ;pored « à côté de » ;preko « par-dessus, par » ;poslije « après » ;prije « avant » ;protiv « contre » ;radi « dans le but de » ;umjesto « à la place de » ;usred « au milieu de » ;zbog « à cause de » ;
ledatif :k(a) « vers » ;
l’accusatif :kroz « à travers, par-dessus » ;niz(a) « vers le bas de » ;uz(a) « près de, à côté de, avec, aux côtés de, etc. » ;
lelocatif :po « par, d’après » ;prema « vers » ;pri « près le/la/les » ;
D’autres prépositions régissent deux cas, voire trois, en fonction de leur sens ou de la nature du verberégent :
Préposition
Cas
Conditions d’emploi
Exemple
među
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
Umješao semeđu ljude « Il s’est mêlé aux gens »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
Šetao jemeđu drvećem « Il se promenait parmi les arbres »
na
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
Golub je sletiona krov « Le pigeon a volé sur le toit »
locatif
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
Golub jena krovu « Le pigeon est sur le toit »
nad(a)
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
Nad njega su se spustile zelene grane « Des branches vertes sont descendues au-dessus de lui »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
Nad selom su se crnjeli kišni oblaci « Des nuages de pluie noircissaient au-dessus du village »
o
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
Ne udaraj glavomo zid « Ne te frappe pas la tête contre le mur »
locatif
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
Torba visio klinu « La musette pend à un / au clou »
pod(a)
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
Sjeo jepod lipu « Il s’est assis sous un/le tilleul »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
Odmarao sepod lipom « Il se reposait sous un/le tilleul »
pred(a)
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
Dječak je staviopred sebe malu stolicu « Le garçon a mis une petite table devant lui »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
[...] što se događapred njegovim očima « [...] ce qui se passe devant ses yeux »
s(a)
génitif
expression de la surface de provenance
Crijep je paos krova « La tuile est tombée du toit »
instrumental
expression du complément d’accompagnement animé
Susreo sam ses njim « Je l’ai rencontré » (littéralement « Je me suis rencontré avec lui »)
u
génitif
expression de la possession
U Milice duge trepavice « Milica a de longs cils »
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
Idemou šumu « Nous allons au bois / dans la forêt »
locatif
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
U šumi se čuje cvrkut ptica « Dans le bois / la forêt on entend le gazouillis des oiseaux »
za
génitif
expression d’une période de temps
Za moje mladosti život je bio mirniji « Dans ma jeunesse, la vie était plus paisible »
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
Mjesec se sakrioza oblake « La lune s’est cachée derrière les nuages »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
Za kućom je bio lijep voćnjak « Derrière la maison il y avait un beau verger »
Remarque : Dans le cas de certaines prépositions, il y aalternance-a ~ ∅. La voyellea est ajoutée à la préposition pour rendre laprononciation plus facile lorsque le mot suivant commence par la même consonne que la dernière consonne de la préposition, par une consonne du même type ou par un groupe de consonnes :s njim « avec lui », maissa šalom « avec/par une plaisanterie »,sa mnom « avec moi ».
Laparticule et lemodalisateur[52] sont considérés comme unepartie du discours à part dans les grammaires du croate. Ils sont définis comme des mots invariables indiquant l’attitude du locuteur à l’égard du contenu de l’énoncé. Beaucoup de ces mots ont pour équivalents français des adverbes ou deslocutions adverbiales.
Particules interrogatives
La particuleli est atone et apparaît surtout après un verbe, y compris auxiliaire :Vidišli? « Est-ce que tu vois ? »,Jesili pjevao? « Est-ce que tu as chanté ? »,Nećeli doći? « Est-ce qu’il/elle ne viendra pas ? » Elle est aussi utilisée après un pronom interrogatif ou un adverbe d’interrogation, pour le renforcer :Gdjeli se samo skrila? « Où est-ce qu’elle a bien pu se cacher ? »,Štoli nam vrijeme nosi? « Qu’est-ce que le temps nous apporte ? » Cette particule peut aussi renforcer une injonction ou une exclamation :Trčili, trči! « Cours donc, cours ! »Lijepali si! « Qu’est-ce que tu es belle ! »
La particulezar se trouve toujours en tête de phrase, renforçant l’interrogation et en même temps exprimant le doute ou l’étonnement :Zar ne vidiš? « Mais tu ne vois pas ? »,Zar ste zaista otišli? « Est-ce que vous êtes vraiment parti(e)s ? »Zar +ne ajoutés à une phrase déclarative transforment celle-ci en interrogative :Vidio si ga,zar ne? « Tu l’a vu, n’est-ce pas ? »
Particules intensifiantes :
Pokloni mubar neku sitnicu « Fais-lui cadeau d’une bricole au moins » ;
Tkogod dođe, bit će svečano primljen « Qui que vienne, il/elle sera reçu(e) solennellement » ;
I on je došao « Lui aussi est venu » ;
Iako su radili cijeli dan,ipak nisu stigli završiti posao « Bien qu’ils aient travaillé toute la journée, ils n’ont quand même pas réussi à finir le travail » ;
Ma kako odlučila, ja sam uz tebe « Quoi que tu décides, je suis à tes côtés » ;
Makar jednom budi sretan « Sois heureux au moins une fois » ;
Nisu vjerovalini njemu! « Même lui, ils ne l’ont pas cru ! » ;
Pa naravno! « Mais naturellement ! » ;
Samo da znaš što se dogodilo! « Si tu savais ce qui est arrivé ! » ;
Samo ti pričaj! « Cause toujours ! » ;
On jetakođer sudjelovao « Lui aussi a collaboré ».
Particules de degré
Ces particules expriment le degré d’une qualification :gotovo « presque » ;jedva « à peine » ;još « encore » ;malo « un peu » ;mnogo « (de) beaucoup » ;naročito « notamment, surtout » ;osobito « particulièrement » ;posve « tout à fait, absolument » ;potpuno « complètement, entièrement » ;previše « trop » ;prilično « considérablement » ;sasvim « tout à fait » ;skoro « presque » ;veoma « très » ;vrlo « très ». Exemples en phrase :Ona jemnogo veća « Elle est beaucoup plus grande »,Bio jevrlo malen « Il était très petit ».
La particuleneka exprime une incitation (Neka dođu! « Qu’ils/elles viennent ! »), une permission (Neka radi što hoće! « Qu’il/elle fasse ce qu’il/elle veut ! ») ou un appel à permettre se référant à une tierce personne :Neka se djeca vesele! « Qu’ils s’amusent, les enfants ! »
Cette section traite des principales caractéristiques de la syntaxe du croate[55] par rapport à celle du français, concernant les types dephrases simples, lesfonctions syntaxiques dans la phrase simple, l’ordre des mots dans celle-ci et quelques propositions subordonnées.
C’est la particule négativene placée devant le verbe qui nie celui-ci :Ja na pitanjane odgovaram « Moi, je ne réponds pas aux questions ».Ne se combine avec certains verbes, inchangée avecimati ethtjeti, qui perdent leur première syllabe :imam « j’ai » →nemam « je n’ai pas »,hoću « je veux » →neću « je ne veux pas ». Combinée avec les formes de l’indicatif présent du verbebiti,ne prend la formeni- :(je)si « tu es » →nisi « tu n’es pas ».
L’impératif négatif se forme de deux façons :
ne + la forme affirmative de l’impératif :Ne ljutite se! « Ne vous fâchez pas ! » ;
le verbe auxiliairenemoj + l’infinitif :Nemojte se ljutiti!
Nemoj peut remplacer tout verbe à l’impératif négatif, qui, dans ce cas, est déduisible du contexte :Nemojmo, braćo! « Ne le faisons pas, mes frères ! »
Le correspondant du français « ni » est la particuleni corrélée avec un autre / d’autres mots négatif(s) ou avec elle-même :Nigdje se dosada takvo šta nije vidjeloni čulo! « Nulle part jusqu’à présent on n’a vu ni entendu quelque chose de pareil ! »,Zatvorenik ne može biratini gosteni prijatelje « Le prisonnier ne peut choisir ni ses hôtes ni ses amis ». « Ni » est exprimé pari devantne :Ali njih nitkoi ne gleda « Eux, personne ne les regarde même pas ! ». La particuleni sert de premier élément composant dans laformation de pronoms et d’adverbes indéfinis :Nitko ništa nije krio « Personne ne cachait rien »,I nigdje nema nikoga « Et il n’y a personne nulle part ». Les prépositions séparent la particuleni du pronom ou de l’adverbe :Ne možeš me zamijeniti ni sa čim « Tu ne peux m’échanger contre rien ».
L’interrogation totale peut être exprimée par la seule intonation interrogative, mais aussi à l’aide de particules interrogatives. Exemples :
Imali tu blizu kakva prazna cisterna? « Y a-t-il une citerne vide par ici ? » ;
Da li vi to shvaćate? « Comprenez-vous cela ? »[56] ;
Je li se ujutro umivaš? « Tu te laves le matin ? » ;
Da niste vi danas nešto slavili? « N’avez-vous pas fêté quelque chose aujourd’hui, par hasard ? » ;
Zar misliš da je desetak godina vrijeme u kojem se može sve zaboraviti? « Penses-tu vraiment qu’une dizaine d’années suffisent pour qu’on puisse tout oublier ? ».
Dans de telles phrases on peut utiliser certains pronoms indéfinis formés aveci-, qui implique le sens « au moins, du moins » :Je liišta pojeo?, équivalent deJe li makarnešto pojeo? « A-t-il mangé au moins quelque chose ? »,Je li teitko čuo?, équivalent deJe li te makarnetko čuo? « Au moins quelqu’un t’a-t-il entendu ? »
L’interrogation partielle est construite avec des pronoms et adverbes interrogatifs correspondant aux termes sur lesquels portent les questions (voir plus haut les sectionsPronoms et adjectifs interrogatifs etAdverbes interrogatifs).
Ce type de phrase également peut être réalisé non seulement par l’intonation, mais aussi à l’aide de la particuleli utilisée principalement pour l’interrogation (Lijepali si! « Comme tu es belle ! ») ou d’une particule spécifique,ta :Ta nismo više djeca! « On n’est quand même plus des enfants ! »
En général, ce type de phrase exprime l’ordre ou l’interdiction, avec le verbe à l’impératif :Pogledaj mi ruke! « Regarde mes mains ! »,Nemojte se ljutiti na njih! « Ne vous fâchez pas contre eux ! »
Il y a aussi des constructions avec le verbe à d’autres formes :
Lesujet grammatical est au nominatif s’il est exprimé par un nom ou un pronom. Vu qu’en croate les personnes se distinguent très bien grâce aux désinences verbales, il n’est pas nécessaire que le sujet soit toujours exprimé par un mot à part. On l’exprime par un pronom personnel si seulement on veut le mettre en évidence. Exemples :Odlazim « Je m’en vais » (sujet exprimé par la désinence),Slično sam mislio ija « Je pensais la même chose » (sujet exprimé par un pronom personnel aussi).
Avec les verbesbiti etimati au sens « exister »[58] employés impersonnellement ou avec la particule présentativeevo utilisée en tant que verbe, il y a un sujet logique, qui peut être à d’autres cas que le nominatif :
au génitif :Bit ćebune « Il y aura une révolte »,U uglovima imadima « Dans les coins il y a de la fumée »,Evoromana mog kreveta « Voici le roman de mon lit » ;
au datif :Zimami je « J’ai froid » (littéralement « Froid m’est »).
Dans le cas d’un verbecopule +attribut, si celui-ci appartient à une classe grammaticale nominale, il peut être non seulement au nominatif (ex.Ja jesam vještac « Je suis vraiment un sorcier »), mais aussi à un autre cas. Avec la copulebiti, il peut être :
un groupe nominal au génitif sans préposition :Starac je [...] biodobre volje « Le vieillard [...] était bienveillant » ;
un nom avec préposition :Ja sambez volje « Je n’ai pas de volonté » (littéralement « Je suis sans volonté ») (au génitif),Još ste viu snazi « Vous êtes encore en pleine force » (locatif).
Avec d’autres copules, par exemplepostati « devenir », l’attribut peut être au cas instrumental sans préposition :Zidovi su postajali svetamnijima « Les murs devenaient de plus en plus sombres ».
Le sujet et le verbe s’accordent entre eux en nombre, en personne et, aux formes verbales où on utilise le participe actif, en genre également :Gazdarica je ustala « La maîtresse de maison s’est levée ». Par contre, il n’y a pas d’accord avec la copulebiti ni avec l’attribut dans la construction présentative avec un pronom démonstratif sujet, qui reste invariable, au neutre nominatif singulier :Ovo je moj drug « C’est mon camarade »,No,to bi bila lijepa parada! « Alors là, ce serait une belle parade ! ».
Lecomplément d’objet direct est en général à l’accusatif (Htio sam razveselititetku « J’ai voulu rendre ma tante plus gaie »), mais il est au génitif appelé « partitif » quand il correspond à un complément français avecarticle partitif ou avec « de » remplaçant celui-ci :Čovjek imasnage onoliko koliko mora imatisnage da bi izdržao do svojega kraja. « L’homme a de la force, autant de force qu’il doit avoir pour résister jusqu’à sa fin ».
Lecomplément d’objet indirect peut être à divers cas, sauf le nominatif et le vocatif, en fonction du verbe régent :
au génitif sans préposition (d’habitude exigé par des verbes pronominaux) :Sjećate li seTanje? « Vous souvenez-vous de Tanja ?;
au génitif avec préposition :Sve zavisiod rezultata « Tout dépend du résultat » ;
au datif (sans préposition) :Bratbratu, otacsinu, sinocu neće više vjerovati « Le frère ne croira plus son frère, le père son fils, le fils son père » ;
à l’accusatif (avec préposition) :Bacio se čovjeku trošak « L’homme s’est jeté dans la dépense » ;
à l’instrumental sans préposition :Čitava kuća je najednom zamirisalakruhom « Toute la maison commença soudain à sentir le pain » ;
à l’instrumental avec préposition :S poteškoćama se nije lako boriti « Il n’est pas facile de lutter contre les difficultés » ;
au locatif (avec préposition) :Sve govoreo srcu [...] « Toutes parlent du cœur [...] ».
Quant aucomplément circonstanciel de lieu exprimé par un nom ou un pronom, il est à mentionner l’utilisation des cas accusatif et locatif. Le premier est employé avec des verbes qui expriment le déplacement vers un lieu, le second avec des verbes qui n’expriment pas le déplacement en général ou expriment un déplacement qui ne s’effectue pas vers un lieu (voir plus hautPrépositions).
Les adjectifs qui peuvent avoir un complément ont également leur régime. Par exemplekrcat « chargé, tout plein » demande l’instrumental sans préposition (krcatkošarama « chargé de panniers »),željan « désireux » – le génitif sans préposition (Dečko bio željansvijeta « L’enfant désirait voir du/le monde »),umoran « fatigué » – le génitif avec la prépositionod, etc. Le génitif avecod peut aussi être utilisé après les adjectifs au degré comparatif :Kamen je tvrđiod zemlje « La pierre est plus dure que la terre ».
Lecomplément du nom peut être au génitif sans préposition (ugaoulice « le coin de la rue »,čašavina « un verre de vin »,čovjekdobre naravi « un homme de bon caractère »), au génitif avec préposition (kutijaod šibica « boîte d’allumettes ») ou à un autre cas avec préposition :ženas madežom « la femme au grain de beauté » (instrumental).
L’ordre des mots dépend du rôlesémantique, dethème ou derhème, attribué à l’une ou l’autre des parties de la phrase et/ou de l’intention du locuteur d’en mettre en relief une partie ou une autre[59].
Bien qu’en croate l’ordre des mots soit assez libre, il reste unelangue SVO, c’est-à-dire l’ordre des mots y est sujet + verbe + objet si les conditions suivantes sont remplies :
Le sujet et le complément sont connus des interlocuteurs, la question des rôles de thème et de rhème ne se posant pas.
La phrase est déclarative affirmative.
Le sujet est exprimé par un mot à part.
Le verbe est constitué d’un seul mot.
Dans la phrase il y a un seul complément d’objet.
La phrase est neutre, c’est-à-dire qu’aucune de ses parties n’est mise en relief.
Du point de vue prosodique, les trois termes sont accentués.
Exemple :Narod glasa za republiku « Le peuple vote pour la république ».
L’ordre est le même si, les conditions 2 à 7 restant remplies, par exemple la phrase ci-dessus répond à la question « Que fait le peuple ? », c’est-à-dire dans la réponse, le sujet est thème et le verbe + le complément rhème. En général, le thème précède le rhème.
Dans d’autres situations, l’ordre peut être différent.
Si le sujet est rhème, il se place après le verbe :Za republiku glasanarod « C’est le peuple qui vote pour la république ».
Si on attribue le rôle de thème au complément, il est placé en tête de phrase :Slavko vidi Olgu.Olgu vidimo i mi « Slavko voit Olga. Olga, nous la voyons nous aussi.
Si le verbe est de la catégorie des verbes dits « existentiels », l’ordre est verbe + sujet :Pojavilo se sunce « Le soleil est apparu ».
Si la fonction de verbe est remplie par une particule, elle aussi prend la première place :Evo romana mog kreveta (sujet logique au génitif) « Voici le roman de mon lit ».
Si le verbe exprime l’existence ou la disponibilité du sujet, et que le complément est circonstanciel de lieu ou de temps, celui-ci se place avant le verbe, et le sujet après le verbe :Na stolu leži knjiga « Sur la table il y a (littéralement ”est couché”) un livre »,U frižideru ima šunke (sujet logique au génitif) « Dans le réfrigérateur il y a du jambon ».
Si dans la phrase il y a deux compléments, les deux se placent après le verbe :Perušina pružimateri ruku « Perušina tend la main à sa mère ».
Si dans la phrase il y a un ou deux complément(s) circonstanciel(s) exprimés par un/des adverbe(s), il(s) se place(nt) :
avant le verbe quand celui-ci est à une forme simple :Dragonoškamalo jede « Dragonoška mange peu » ;
entre le verbe auxiliaire et la partie du verbe qui porte son sens lexical, quand il est à une forme composée :Mjesec ćenoćas kasno izaći « La lune va se lever tard cette nuit ».
D’autres termes de la phrase sont en général le plus près de leur mot régent.
L’épithète est placée avant le mot qu’il détermine :Lišće pada uotvoren bunar « Les feuilles tombent dans le puits ouvert ».
Si un mot a plusieurs épithètes, toutes sont placées avant le mot déterminé, celles ayant un sens plus large précédant celles qui ont un sens plus restreint :Spomenuo bih još neka terminološka rješenja, dijelom preuzeta izprethodne hrvatske gramatičarske tradicije « Je voudrais encore rappeler quelques solutions terminologiques, en partie reprises à la tradition grammaticale croate antérieure ».
Lorsqu’un adjectif pronominal et un adjectif proprement-dit déterminent un même mot, le premier précède le second :Pokupit ćetvoje bijelo platno « Il/Elle achètera ta toile blanche ».
Les adverbes en fonction de complément d’un adjectif sont placés avant ce dernier :Ljudi su ga upotrebljavali usasvim druge svrhe « Les gens l’utilisaient dans de tout autres buts ».
Le complément du nom exprimé par un autre nom ou par un adverbe est placé après le mot déterminé :Tišinanad Aljmašem ogromna je « Le silence au-dessus de l’Aljmaš est immense »,Vratio sam se na pozivodavde « Je suis revenu à un appel d’ici ».
Tout terme de la phrase peut être mis en relief par son accentuation plus forte et son placement à une position autre que celle qu’il occupe lorsqu’il n’est pas mis en relief :
Avec un complément dans la phrase, le sujet se met en relief en le plaçant après le verbe et en mettant le complément avant le verbe :Šunku donosiSlavko « Le jambon, c’est Slavko qui l’apporte ».
Sans complément, le verbe est mis en relief par son placement avant le sujet :Uređuju željezničari « Ils rangent, les cheminots ».
Avec un complément, le verbe est mis en relief par son placement après le complément :Slavko Olguprezire « Slavko méprise Olga » (en français, seule accentuation plus forte du verbe).
L’attribut se met en relief par son placement avant la copule :Dug je život! « Elle est longue, la vie ! ».
Pour mettre en relief le complément d’objet direct, on le place avant le verbe :Republikance vodi Stipa « C’est les républicains que Stipa dirige »,Ova knjigazlata vrijedi « C’est de l’or que vaut ce livre ».
Le complément circonstanciel est mis en relief par son placement en tête de phrase :Sa svakim nešto dijeliš « C’est avec chacun qu’on échange quelque chose ».
L’épithète est mise en relief par son placement après le mot déterminé :Ivina kuća ima pročeljevisoko « C’est une façade haute qu’elle a, la maison d’Ivo ».
Les enclitiques se placent juste après le premier mot accentué de la phrase :Mite ništa ne pitamo « Nous ne te demandons rien »,Vratiosam se u sobu « Je suis revenu dans la chambre »,Jesteli dobro putovali? « Avez-vous bien voyagé ? ». Ils peuvent aussi être placés après des conjonctions reliant des propositions ou après d’autres mots qui introduisent des subordonnées, même atones, saufi eta (les deux ayant le sens « et ») :Neki su kolege već dobili upalu ... pasu ih operirali « Certains collègues ont déjà fait des inflammations et on les a opérés »,Kako ste saznali daću biti u Zagrebu? « Comment avez-vous appris que je serais à Zagreb ? »,Nikada nisam znao gdjesam « Je n’ai jamais su où j’étais ».
Lorsqu’il y a plusieurs enclitiques différents qui se suivent, leur ordre est le suivant :
particuleli + verbe auxiliaire + pronom personnel :Pitam se dali ćete mu vi moći pomoći « Je me demande si vous pourrez l’aider, vous » ;
pronom personnel + verbe auxiliaireje :Vidioga je samo jednom « Il ne l’a vu qu’une seule fois » ;
autre forme enclitique de verbe auxiliaire + pronom personnel :Znao sam daćete je potražiti « Je savais que vous la chercheriez ».
Quand il y a deux pronoms personnels atones qui se suivent, y compris le pronom réfléchi :
pronom au datif + pronom à l’accusatif :Dajtemi ga! « Donnez-le-moi ! »,Onjoj se nasmješao « Il lui a souri » ;
pronom au datif + pronom au génitif :Žaomi ga je « Je suis désolé pour lui » ;
pronom au génitif + pronom à l’accusatif :Djeca suga se nagledala « Les enfants en ont eu assez de le regarder ».
Lesproclitiques se placent comme suit :
les prépositions avant le mot avec lequel elles forment un complément :Pismo je držaou ruci « La lettre, il la tenait à la main » ;
les conjonctions avant le mot qu’ils relient au précédent ou en tête de la proposition qu’elles relient à une autre :Plači glad na sve strane « Pleurs et famine partout »,Moram priznatida će i to biti lijepo « Je dois reconnaître que cela aussi sera beau »,Ako ga sretneš, pozdravi ga i od mene « Si tu le rencontres, salue-le de ma part aussi » ;
la particulene avant le mot nié :Ne marim ja za to « Je ne m’en fais pas pour ça ». Si le verbe est à une forme composée, le verbe auxiliaire suitne, contracté avec celle-ci dans le cas de certaines formes (voir plus hautLa phrase négative), mais séparé au conditionnel :Kad bi se ljepota sastojala samo u veličini, onda se vodopadine bi mogli mjeriti sa Nijagarom « Si la beauté consistait seulement dans la grandeur, alors les cascades ne pourraient pas se mesurer au Niagara ».
Ci-après, quelques constructions croates de proposition subordonnée différentes de celles du français.
La phrase àproposition finale peut se construire de plusieurs façons :
La plus simple est avec la conjonctionda et le verbe à l’indicatif présent avec la valeur du subjonctif présent français :Izađe da seprošeta gradom[60] « Il sort pour se promener en ville ».
Devant la conjonctionda, il peut y avoir l’adverbezato ou le pronom démonstratifto avec la prépositionradi :Oči suzato da gledaju « Les yeux sont pour regarder »,Dječak požuriradi toga da prije mraka stigne kući « L’enfant se dépêche pour arriver chez lui avant la tombée de la nuit ».
Avec la conjonctionda, le verbe peut être au conditionnel aussi :Možda sve ovo radim samo zato dabih pokazao svoju superiornost svijetu « Tout cela, je le fais peut-être pour montrer ma supériorité au monde ».
Avec la conjonctionkako, le verbe peut être seulement au conditionnel :Kako se dječak nebi ugušio, oni na poklopcu ostave otvor velik kao šaka « Pour que le garçon ne s’étouffe pas, ils laissèrent sur le couvercle une ouverture grande comme la paume ».
On construit également cette subordonnée avecli, le verbe étant au conditionnel forme négative mais sans sens négatif :Ispuhujem dim cigarete u oknone bih li ga barem malozatamnio « Je souffle la fumée de ma cigarette vers la fenêtre pour l’assombrir au moins un peu ».
Laproposition consécutive peut avoir le verbe à l’indicatif présent (Škola je tako dosadna da svi jedvačekamo svježi zrak, slobodu « L’école est tellement ennuyeuse, que nous attendons tous avec impatience l’air frais, la liberté ») ou au conditionnel présent :Nisam ratnik dabih vjerovao u pobjedu « Je ne suis pas un guerrier pour croire à la victoire ».
Laproposition conditionnelle peut se construire comme suit :
avec la conjonctionako et le verbe à l’indicatif présent :Ako pišeš, misli i na čitatelja « Si tu écris, pense au lecteur aussi » ;
avec la même conjonction et l’indicatif futur (contrairement au français) :Akoćete trčati, onda ćete steći kondiciju « Si vous courez, vous serez en forme » ;
avec la même conjonction et le conditionnel (contrairement au français) :Akobi itko u Grčkojmogao reći da je star i sit života, onda bih ja to mogao reći « Si quelqu’un en Grèce pouvait dire qu’il est vieux et qu’il en a assez de la vie, alors c’est moi qui pourrais le dire » ;
avec la conjonctionkad(a)[61] et le conditionnel :Kada bi zemlja bila ravna, vidio bih Afriku [...] « Si la Terre était plate, je verrais l’Afrique » ;
avecda et l’indicatif :Da ga čujem, mislim da bih umrla « Si je l’entendais, je pense que je mourrais » ;
avecli et l’indicatif :Pišeš li, onda misli i na čitatelja « Si tu écris, pense au lecteur aussi ».
Dans leregistre de langue soutenu, il est habituel d’exprimer leprocès subordonnée avec le verbe à l’infinitif toutes les fois que cela est possible, généralement lorsque son sujet est le même que celui de son verbe régent[62], et que celui-ci exprime[63] :
un état d’âme :Pa kako se nije bojao doći ovako po danu ovamo « Comment se fait-il qu’il n’ait pas eu peur de venir ici en plein jour » ;
la volonté :On hoće spavati « Il veut dormir » ;
l’obligation du sujet du verbe régent :Danas moramo otići po onu cijev [...] « Aujourd’hui nous devons aller chercher ce tuyau-là [...] » ;
la capacité :Nije mogao izdržati « Il n’a pas pu résister » ;
le commencement/l’arrêt d’une action :Zašto sam – onako mlad – prestao pisati? « Pourquoi ai-je – si jeune – cessé d’écrire ? » ;
le succès/l’échec :Uspio sam ga uvjeriti « J’ai réussi à le convaincre » ;
la compétence :Znale su mi mnoge noći oteti počinak « Beaucoup de nuits ont su ravir mon repos » ;
l’essai :Pokušao sam pokrenuti udove « J’ai essayé de bouger mes membres ».
C’est par l’infinitif également qu’on exprime le procès subordonné à sujet indéfini, lorsque le verbe régent est impersonnel et qu’il exprime l’obligation. C’est ainsi qu’on exprime une obligation générale[64] :Prije svanuća treba sakriti pušku « Il faut cacher le fusil avant l’aube »,Valja spasavati obraz grada « Il convient de sauver la face/l’honneur de la ville ».
En croate il y a des mots slaves anciens dans les domaines les plus variés :svjet « monde »,drvo « arbre, bois »,jelen « cerf »,čovjek « homme, être humain »,glava « tête »,mali « petit »,mjesto « place »,brijati « raser »,lov « chasse »,pepeo « cendre »,orati « labourer »,krava « vache »,tkati « tisser »,stol « table »,prag « seuil »,trgovati « faire du commerce »,put « chemin »,boj « combat »,otac « père »,misao « pensée »,plesati « danser »,crkva « église », etc[65].
Le croate standard étant basé sur le dialecte chtokavien, la plupart des mots proviennent de celui-ci mais il inclut des mots des autres dialectes aussi, telskukac « insecte », du kaïkavien, ouspužva « éponge » du tchakavien[66].
Comme enfrançais, ladérivation, c’est-à-dire l’ajout d’un suffixe ou/et d’un préfixe, parfois l’enlèvement d’un suffixe, est en croate un moyen important de formation de mots. On obtient ainsi des membres nouveaux appartenant à la même famille lexicale que le mot de base.
des noms féminins :šef « chef » >šefica « femme chef »,bog « dieu » >boginja « déesse »,kandidat >kandidatkinja ;
des diminutifs :brod « bateau » >brodić « petit bateau »,soba « pièce, chambre » >sobica « petite pièce/chambre » ;
des augmentatifs :brod >brodina « grand bateau » ;
des adjectifs :
à partir de noms :mir « paix » >miran « paisible »,društvo « société » >društven « sociable »,beton >betonski « en béton »,Amerika >američki « américain »,miš « souris » >mišji « de souris »,lipa « tilleul » >lipov « de tilleul » ;
à partir de verbes :plakati « pleurer » >plačljiv « pleurnichard »,objasniti « expliquer » >objašnjiv « explicable »,pisati « écrire » >pisaći (stol) « (table de) bureau » ;
à partir d’adverbes :tamo >tamošnji « de là-bas » ;
des verbes :
à partir de noms :karta « carte (à jouer) » >kartati se « jouer aux cartes »,boja « couleur » >bojiti « colorer »,mač « épée » >mačevati se « combattre à l’épée »,torpedo « torpille » >torpedirati « torpiller » ;
à partir d’adjectifs :gladan « affamé » >gladnjeti « souffrir de la faim »,kiseo « aigre » >kiseliti « aigrir » ;
à partir d’autres verbes :gurati « pousser » >gurkati « pousser un peu »,pjevati « chanter » >pjevuckati « chantonner ».
Voici un exemple de famille lexicale formée par suffixation. À partir du nomdrvo « arbre, bois », on obtient de cette façon six mots, dont trois formés à partir de mots déjà suffixés[68] :
Le croate se caractérise entre autres par la formation de noms à partir de verbes, par dérivation régressive, c’est-à-dire par la suppression de leur suffixe d’infinitif. Exemple :napadati « attaquer » >napad « attaque »[69].
La préfixation[70] est moins productive que la suffixation mais c’est toutefois un procédé important de formation de mots.
Dans le cas du verbe, la préfixation peut être un procédé :
uniquement grammatical, lorsque le préfixe change seulement l’aspect du verbe sans changer son sens lexical ;
en partie grammatical et en partie lexical, quand le préfixe change l’aspect et en même temps le sens lexical du verbe (voir plus hautAspects des verbes) ;
uniquement lexical.
Dans le cas des mots d’autres classes grammaticales, la préfixation est uniquement lexicale, y compris dans le sens qu’elle ne fait pas passer le mot dans une autre classe grammaticale.
La plupart des préfixes sont des prépositions à l’origine et ils ont des variantes phonétiques déterminées par le son initial du mot préfixé. Par ajout de préfixe, on peut obtenir :
des noms :učenik « élève » >suučenik « camarade de classe »,predsjednik « président » >potpredsjednik « vice-président » (préfixepod- « sous- », avec dévoisement de [d] par [p]);
des adjectifs :
diminutifs :gluh « sourd » >nagluh « un peu sourd »,lud « fou » >sulud « un peu fou » ;
En croate, le procédé decomposition est beaucoup plus productif qu’en français[72]. On peut l’appliquer :
en soudant directement deux mots :duhan « tutun » +kesa « sachet » >duhànkesa « blague à tabac » ;
en ajoutant le deuxième mot à l’aide d’une voyelle de liaison, généralemento :riba « poisson » +o +lov « chasse » >rȉbolōv « pêche ».
Les éléments du mot composé peuvent être :
deux noms :duhankesa,ribolov ;
un nom et un adjectif :krvožedan (<krv « sang » +žedan « assoiffé ») « assoiffé de sang »[65] ;
un nom et un verbe :dangubiti (<dan « jour » +gubiti « perdre ») « perdre le temps, paresser » ;
un nombre et un nom :dvostolica (<dva « deux » +stolica « chaise ») « chaise pour deux »,prvoborac (<prvi « premier » +borac « combattant ») « combattant des premières heures » ;
deux nombres :dvadeset « vingt » (littéralement « deux dix »);
un verbe et un nom :palikuća (<paliti « allumer » +kuća « maison ») « incendiaire »[65] ;
un adverbe et un adjectif :takozvani « dit » (littéralement « ainsi nommé »);
un adverbe et un verbe :zloupotrjebiti (<zlo « mal » +upotrjebiti « utiliser ») « abuser de »[65] ;
une préposition et un nom :nizbrdo (<niz « vers le bas » +brdo « colline ») « en dévalant » ;
une préposition et un adverbe :udesno (<u « en, dans » +desno « à droite ») « vers la droite » ;
une préposition et un pronom :zatim (<za « après » + instrumental deto « cela ») « ensuite ».
À côté de ces mots composés, ayant un seul accent, il y en a aussi d’autres, moins soudés, leurs composants gardant leur accent. Ils s’écrivent avec untrait d’union :spȍmēn-plȍča « plaque commémorative »,drùštveno-polìtičkī « socio-politique ».
Par ce procédé on forme des mots composés et suffixés simultanément[73]. Le suffixe mis à part, ils peuvent avoir pour base :
un groupe nominal à épithète :srednji vijek « Moyen Âge » >srednjovjekovni « médiéval » ;
untoponyme du type groupe nominal à épithète > le nom d’habitant de la localité en cause :Stari Grad >Starograđanin ;
un nom + un verbe :očigledan (<oči « yeux » +gledati « regarder » +-an) « évident » ;
un adjectif + un nom :oštrouman (<oštar « aiguisé » +um « intelligence » +-an) « intelligent » ;
un pronom + un nom :ovozemaljski (<ova « cette » +zemlja « terre » +-ski) « de ce monde »[65] ;
un nombre + un nom :jednosmjeran [<jedan « un » +smjer « sens (de déplacement) » +-an] « à sens unique » ;
un adverbe + un nom :malokrvan (<malo « peu » +krv « sang » +-an) « anémique »[65] ;
un adverbe + un verbe :lakomislen (<lako « facilement, légèrement » +misliti « penser » +-en) « léger, irréfléchi »[65].
De la catégorie des mots formés de cette façon font partie également des mots composés + suffixe zéro, c’est-à-dire dont le second élément est un radical. Exemples :
nom + radical verbal :voda « eau » +voditi « conduire » >vodovod « réseau de distribution de l’eau » ;
En croate, lescalques sont surtout des traductions littérales de mots composés étrangers, suivant les règles de la composition spécifiques au croate[74]. Ainsi, le motpravopis mentionné plus haut est-il en fait un calque de l’allemandRechtschreibung et du françaisorthographe. Autres exemples :vodopad (<voda « eau » + le radical du verbepadati « tomber », cf. allemandWasserfall) « cascade, chute d’eau » ;kolodvor (<kolo « roue » +dvor « cour », cf. allemandBahnhoff) « gare » ;kamenotisak (<kamen « pierre » +tisak « imprimerie », cf. allemandSteindruck) « lithographie » ;neboder (<nebo « ciel » +derati « égratigner », cf. anglaisskyscraper) « gratte-ciel ». Un exemple de calque qui n’est pas un mot composé mais suffixé, esttvrtka (<tvrd « dur, ferme » + le suffixe-ka, cf. italienfirma) « compagnie, société commerciale ».
Parfois le calque n’est que sémantique, c’est-à-dire on donne à un mot déjà existant dans la langue un sens calqué sur un sens du correspondant étranger du mot. C’est le cas demiš « souris » en informatique, sur l’anglaismouse.
Comme toute langue, le croate aussi a enrichi sonlexique par desemprunts à plusieurs langues[75]. Le lexique du croate fut influencé en premier lieu par les langues voisines, dont deslangues romanes, auxquelles il a emprunté plus de mots que d’autres langues slaves du sud. Il conserve des mots dudalmate (aujourd’hui disparu), par exempletunj « thon » etspužva « éponge ». L’italien a eu dès le Moyen Âge une influence plus importante sur le littoral et les îles de la mer Adriatique, donnant au croate standard des mots telsbarka « barque »,balkon « balcon »,boća « boule au jeu de quilles », influence qui a continué aux époques ultérieures par des mots commebanka « banque »,valuta « devise » (terme financier),novela « nouvelle » (genre littéraire),kantautor « chanteur auteur-compositeur-interprète », etc. Plus de mots italiens encore sont présents dans les variétés régionales du littoral et des îles.
L'allemand a influencé d’abord le croate parlé sur le continent. Parmi les mots de cette origine on peut citercigla « brique, tuile »,krumpir « pomme de terre »,logor « camp »,šminka « maquillage ». Dans la partie continentale de la Croatie ont pénétré des mots hongrois également, dont dans la langue standardbaršun « velours »,bunda « manteau de fourrure »,gumb « bouton (de vêtement) »,karika « anneau, maillon »,kočija « voiture (à cheval) ». Le voisinage avec l’Empire ottoman a causé l’entrée dans le croate de motsturcs aussi :boja « couleur »,budala « idiot »,bunar « puits »,čarapa « bas » (vêtement),čelik « acier »,džep « poche »,jastuk « oreiller »,kutija « boîte »,majmun « singe »,pamuk « coton »,rakija « eau-de-vie »,šećer « sucre ».
Vers la fin duXIXe siècle on a eu recours à des emprunts à d’autres langues slaves. Durusse on a pris, par exemple,bodar « vigoureux »,dozvoliti « permettre »,sujevjerje « superstition »,točan « exact »,vjerojatan « probable ». Au même siècle on a emprunté des mots autchèque aussi, surtout dans laterminologie technique et scientifique, dont la langue actuelle a gardé entre autresdušik « azote »,vodik « hydrogène »,vlak « train ».
Les mots d’originegrecque sont principalement internationaux et ne sont pas venus directement de cette langue, mais il y en a aussi de ceux-ci, commelivada « pré ». Exemples de mots internationaux grecs à l’origine :amfora,bakterija,dinastija,filozofija,program,telefon,televizija. Le cas des mots d’origine latine est semblable aux précédents. Les plus anciens viennent dulatin d'église et sont d’origine grecque :anđeo « ange »,bazilika,euharistija,evanđelje « évangile »,katolik. Les plus récents sont internationaux :doktor, estimacija, formula, horor, humus, kontemplacija, memorija, etc.
Le français aussi a donné beaucoup de mots au croate, par exemplebife « buffet »,bistro,grupa « groupe »,meni « menu ». En croate contemporain, la plupart des emprunts viennent de l’anglais :film,gol « but » (terme sportif),hardver « matériel » (en informatique),marketing,monitor (en informatique),menadžer « manager »,tenk « tank »,sendvič « sandwich »,šou « spectacle »,vikend « week-end ».
Parmi les emprunts on peut distinguer des catégories selon leur degré d’assimilation. Aussi y a-t-il :
des mots qui ne sont plus sentis comme étrangers, étant complètement intégrés au point de vue morphologique :anđeo « ange »,boja « couleur »,šminka « maquillage »,vlak « train » ;
des mots bien intégrés morphologiquement mais toutefois connus comme étrangers, surtout les mots internationaux d’origine latine, grecque ou anglaise :program,memorija,gol ;
des mots incomplètement intégrés morphologiquement :
terminés en une combinaison de deux consonnes atypique en croate :bicikl,projekt ;
terminés en une voyelle atypique (meni « menu »,šou « spectacle ») ou auxquels on ajoute les désinences casuelles de façon atypique :bife « buffet »,bistro.
Attitude à l'égard des procédés d’enrichissement du lexique
Au cours de la formation du croate standard il y a eu des périodes où les emprunts entraient plus facilement dans la langue et d’autres où ils étaient acceptés plus difficilement, mais en général, dans la standardisation de la langue, c’est le purisme anti-emprunts qui domine. Cette tendance est visible dès leXVIIe siècle et se maintient auXXIe[76]. Cela se manifeste par le fait que beaucoup de mots sont formés de façon consciente ou calqués par des intellectuels pour éviter les emprunts, et ils entrent dans le lexique standard. De tels mots sont les calquesvodovod « réseau de distribution de l’eau » etpravopis « orthographe », mentionnés plus haut, dans les sectionsComposition etCalques. D’autres exemples de créations conscientes sontglazba « musique »,tvornica « usine »,učionica « salle de classe »,časnik « officier »,povijest « histoire » (la science humaine),knjižnica « bibliothèque »,proračun « budget »[77]
Dans les périodes de rapprochement entre les standards du croate et du serbe, avant et après la Première Guerre mondiale, puis après la Seconde Guerre mondiale, sous l'influence du serbe dont le standard était plus perméable aux emprunts, ceux-ci ont été plus nombreux en croate aussi. À l’époque de l’État indépendant de Croatie, celui-ci a mis en œuvre une politique radicale de « purification » de la langue et de tels mots ont été remplacés par des mots croates, mais dans la Yougoslavie communiste on est revenu en croate aux mots empruntés. Exemples de tels mots[78] :
funkcionar ~dužnosnik « fonctionnaire » ;
inventar ~imovnik « inventaire » ;
propaganda ~promidžba « propagande » ;
registar ~upisnik « registre » ;
revers ~primka « reçu, quittance » ;
telegraf ~brzojav « télégraphe » ;
telegram ~brzojavka « télégramme ».
Après la proclamation de la République de Croatie en 1991, le purisme linguistique s’est réaffirmé. La tendance est tout d’abord à remplacer les mots employés en serbe en général et ceux qui rappellent l’ancienne Yougoslavie en particulier, dont beaucoup d’emprunts communs en serbe et en croate, par des mots croates plus anciens, conservés dans le fonds passif et réactivés. Par exemple, parmi ceux cités plus haut, on utilise de nouveaudužnosnik etpromidžba. D’autres exemples[79] :
armija ~vojska « armée » ;
oficir ~časnik « officier » ;
kasarna ~vojarna « caserne » ;
ambasador ~veleposlanik « ambassadeur » ;
fronta ~bojište, bojišnica « front » (terme militaire) ;
sekretar(ica) ~tajnik(tajnica) « secrétaire ».
Toutefois, de tels emprunts ne disparaissent pas complètement mais la synonymie avec leurs correspondants faiblit, leurs domaines d’utilisation se différenciant. Par exemplearmija est encore utilisé pour les armées étrangères etvojska plutôt pour l’armée croate,ambasador tend à être employé pour des ambassadeurs étrangers ou au sens figuré, etveleposlanik pour les ambassadeurs de la Croatie.Sekretarica apparaît assez fréquemment dans le syntagmetelefonska sekretarica « répondeur téléphonique »,tajnica tendant à être utilisé pour la personne.
En général, le standard du croate tend à éviter les emprunts[80], mais le locuteur lambda ne se conforme pas automatiquement au standard. Par exemple, les emprunts à l’anglais sont courants dans le registre familier mais le sont beaucoup moins dans le registre soutenu[81]. À leur place on recommande systématiquement des mots croates formés. Exemples :
Un autre phénomène à mentionner est l’utilisation en parallèle de paires emprunt – mot croate dans des textes de linguistique, par exemple. Aussi, dans Barić 1997, presque tous les termes linguistiques sont présents de cette façon. Exemples :akcent – naglasak,aspekt – vid,augmentativ – uvećanica,indikativ – izjavni način,ortografija – pravopis,prefiks – predmetak,prezent – sadašnje vrijeme.
Dans les périodes d’éloignement par rapport au serbe, comme celle d’après 1991, les tendances puristes se manifestent à l’égard de mots standard en serbe, soit autochtones, soit empruntés, utilisés par des locuteurs croates aussi mais que le standard croate n’accepte pas[82]. De tels mots sontbioskop – croatekino « cinéma »,gas – cr.plin « gaz »,izviniti se – cr.ispričati se « demander des excuses »,lenjir – cr.ravnalo « règle » (à tracer des lignes),nauka – cr.znanost « science »,učestvovati – cr.sudjelovati « collaborer »,vaspitati – cr.odgojiti « éduquer »,savremen – cr.suvremen « contemporain »[83]. Il n’y a pas d’accord total entre linguistes croates au sujet de ce qu’il faut considérer comme des serbismes. Par exemple, un mot commegvožđe « fer » est un serbisme pour Anić 2006 et Ćirilov 1992, mais non pas pour Brodnjak 1992, ouručak « déjeuner » est un serbisme pour Ćirilov, mais non pas pour Brodnjak[84].
↑Pour comparer avec le français, voir l’articleaspect. La différence notable entre les deux langues est non dans le traitement des aspects, mais dans la nature de leurs indices : indicescontextuels pour le français, indicesmorphologiques (affixes) pour le croate. Pour comparer avec les langues slaves, voirLes aspects.
↑Franičić 2005 affirme que le premier principe de la standardisation dans les terminologies est : « Les mots autochtones ont la priorité par rapport aux mots étrangers (ex. [...]knjižnica par rapport àbiblioteka) » (p. 221), cité par Milković, 2010,p. 55.
(hr) Lončarić, Mijo,« Odnosi među standardnim jezicima » [« Les relations entre langues standards »],Virtualni Časopis, Znanstveni institut Gradišćanskih Horvatov, 4 juin 2010 (première publication : 5 décembre 2007) (consulté le 6 novembre 2019)
Le Goff, Jacques,Préface à Ivan Supičić (dir.),Trésors de la Croatie ancienne, des origines à la fin du XIIe siècle, Paris, Académie croate des Sciences et des Arts, Somogy Éditions d’Art, Éditions Antun Gustav Matos, 1999,(ISBN2-85056-287-4) (consulté le 15 mars 2023)
(hr) Samardžija, Marko,« Leksik », Lončarić, Mijo (dir.),Hrvatski jezik [« La langue croate »], Opole (Pologne), Université d’Opole, Institut de philologie polonaise, 1998, p. 133-152 (consulté le 6 novembre 2019)