Il succède à la province de laMarche dont il reprend une grande partie du territoire. La Creuse est située dans le nord-ouest duMassif central et tire son nom de la rivièreCreuse qui le traverse.
C'est le second département français le moins peuplé avec 115 529 habitants en 2022. Sa plus grande ville,Guéret (12 814 habitants en 2022), est également le siège de la préfecture. Le département ne compte qu'une seule sous-préfecture,Aubusson. L'Insee etLa Poste attribuent lecode 23 au département.
Le département est créé par laRévolution française le, en application de la loi du, essentiellement à partir de l'ancienneprovince de laMarche.
Depuis leMoyen Âge, beaucoup d'hommes partent tous les ans dans les grandes villes sur les chantiers du bâtiment pour se faire embaucher comme maçon, charpentier, couvreur… Lesmaçons de la Creuse deviennent bâtisseurs de cathédrales ou construisent en 1626 ladigue deLa Rochelle. AuXIXe siècle, ils participent - notamment commeplâtriers, métier censé être parmi les plus pénibles - à la construction duParis dubaron Haussmann. Initialement temporaire de mars à novembre, l'émigration devient définitive : la Creuse perd la moitié de sa population entre 1850 et 1950. On retrouve dans le livre deMartin NadaudMémoires de Léonard, la description de cet exode qui marque si fortement les modes de vie.
De1963 à1980, 1 630 enfantsréunionnais, déclarés « orphelins » sont déplacés par les autorités françaises pour repeupler les départements français victimes de l'exode rural comme la Creuse, leTarn, leGers. Beaucoup de parents indigents ou « mères seules » signaient des décharges pour permettre le « déplacement » (certains parlent de « déportation ») de leur enfant vers la Creuse. Ce déplacement d'enfants par avions entiers est organisé sous l'autorité deMichel Debré, député de La Réunion à l'époque. Cet épisode de l'histoire française, très connu à La Réunion, qui a donné lieu à de nombreuses études écrites ou filmées, est communément appelé « l'affaire desenfants de la Creuse ou desRéunionnais de la Creuse ».
LaCreuse, rivière qui lui donne son nom, prend sa source à811 mètres d'altitude sur le plateau de Millevaches, à la limite méridionale du département, qu'elle traverse dans une direction grossièrement sud-est / nord-ouest.
La Creuse présente de nombreusestourbières sur son territoire comme latourbière de la Mazure située entre les communes deRoyère-de-Vassivière,Le Monteil-au-Vicomte etSaint-Pierre-Bellevue. Une tourbière est unécosystème très original, fragile, une zone humide caractérisée par l'accumulation progressive de la tourbe, un sol caractérisé par sa très forte teneur en matière organique majoritairement végétale, peu ou pas décomposée. Cette caractéristique fait des tourbières despuits de carbone.
La faune est très spécialisée : lelézard vivipare, lepipit farlouse, lavipère péliade (qui bénéficie d'un statut de protection partielle dans la liste de l'arrêté du 22 juillet 1993), lecircaète Jean-le-Blanc (Circaetus Galicus) : c'est un oiseau,rapace diurne de la famille desAccipitridés. Sa silhouette ressemble à celle d'une grossebuse. Ses ailes et sa queue sont larges et son ventre est clair tandis que sa poitrine et sa tête sont plus sombres. Il se nourrit presque exclusivement deserpents.
La flore comporte de nombreuses espèces rares dont toutes les espèces deDroséra.
La forêt limousine est nouvelle. En 1862, elle occupe une faible surface avec 118 900 hectares. Mais après les deux guerres mondiales, par plantations et boisement des terrains abandonnés, elle se développe pour atteindre167 000 hectares en 2015[3]. De fait, le développement de la forêt est proportionnel au déclin de la population.
Le climat de la Creuse présente les caractères généraux du climat du Massif Central. Il est humide, froid et très variable. Par suite de l'altitude élevée du département, la température est plus basse que ne l'indique la latitude. Les hivers sont généralement longs et plus ou moins rigoureux, surtout au sud du département où la neige est abondante et persiste souvent pendant plusieurs semaines de l'année. Le nord du département est quant à lui plus tempéré. Les étés sont courts.
Les vents dominants sont ceux du sud-ouest. Ils sont en général chargés de pluie. La hauteur moyenne des pluies est d'environ 1 mètre par an dans le sud du département, et 60 cm au nord.
Les caractéristiques des régions principales sont donc :
région nord : températures douces, pluviométrie plus faible,
région centre : températures très variables, pluviosité dépendant de l'altitude et de l'exposition,
région sud : zone plus continentale, grande pluviosité (plus d'un mètre) températures plus basses et enneigement plus long[5].
Depuis quelques années, le développement dutourisme vert rapproche celui-ci du niveau des départements limitrophes par la création de nombreuses structures d'accueil, chambres d'hôtes, gites ruraux. En particulier, Lelac de Vassivière attire des estivants ; il est géré par la région Nouvelle-Aquitaine parce que son étendue est partagée avec le département de la Haute-Vienne.
Évolution de la population [ modifier ], suite (1)
1851
1856
1861
1866
1872
1876
1881
1886
1891
287 075
278 889
270 055
274 057
274 663
278 423
278 782
284 942
284 660
Évolution de la population [ modifier ], suite (2)
1896
1901
1906
1911
1921
1926
1931
1936
1946
279 366
277 831
274 094
266 235
228 244
219 148
207 882
201 844
188 669
Évolution de la population [ modifier ], suite (3)
1954
1962
1968
1975
1982
1990
1999
2006
2011
172 702
163 515
156 876
146 214
139 968
131 349
124 470
123 401
122 560
Évolution de la population [ modifier ], suite (4)
2016
2021
2022
-
-
-
-
-
-
119 502
115 702
115 529
-
-
-
-
-
-
(Sources : SPLAF - population totale du département depuis sa création jusqu'en 1962[6] − puis base Insee − population sans doubles comptes de 1968 à 2006[7] puis population municipale à partir de 2006[8].)
Histogramme de l'évolution démographique
La Creuse est le second département le moins peuplé de France, après laLozère. De plus, ce département, contrairement à certains de ses voisins (Allier…), a unsolde migratoire positif même si son taux de natalité n'est en rien comparable. En fait la population baisse à cause dusolde naturel très négatif (taux de mortalité élevé et taux de natalité très bas) qui donne à la Creuse une population âgée. Cette situation est accentuée par le fait que les jeunes s'en vont souvent poursuivre leurs études hors du département (parfois dès lelycée) dans les métropoles voisines (Limoges,Montluçon,Clermont-Ferrand,Châteauroux) et ne reviennent pas toujours.
On trouve également une signification d'oc dans de nombreux patronymes et dans la majorité des toponymes creusois. La langue a surtout laissé sa trace dans les tournures de phrases des Creusois, ainsi que dans leuraccent.
D'aprèsAbel Hugo, vers1835, les Creusois parlaient la langue locale et le français. Cependant, les femmes parlaient rarement français ; elles le comprenaient, mais n'osant pas s'expliquer en cette langue, elles répondaient aux questions qu'on leur faisait en langage du pays[19].
La cuisine limousine et la cuisine creusoise sont caractérisées par l'adaptation à un terroir plutôt pauvre, d'où des plats souvent simples et très nourrissants.
Laflognarde est une sorte declafoutis, peu épais cuit dans un grand moule[20]. Legâteau creusois est un dessert pur beurre aux noisettes, spécialité récente de la Creuse[21]. Regroupées au sein d'une association,31 pâtisseries du département produisent « Le Creusois » traditionnel cuit et vendu dans une tuile. Il existe des variantes semi-industrielles (en particulier àGouzon) dont on trouve la production de « gâteaux creusois » ou « gâteaux aux noisettes » dans la plupart des enseignes de grande distribution dans toute la France. Lepâté de pommes de terre[22] est plus traditionnel et se décline avec ou sans viande selon la région et les habitudes de la maîtresse (ou du maître, dans certains cas) de maison. Lefondu creusois est traditionnellement réalisé avec unfromage devache de pays ou remplacé par un camembert servi en nappage sur une assiette de frites, une omelette et du jambon du pays. La bourbade, moins connue, est un plat de viandes en sauce agrémenté de légumes d'hiver.
François Dareau, éminent jurisconsulte et avocat au présidial de la Marche à Guéret, né à Sainte Feyre en 1736 et mort en 1783; il est l'auteur d'un célèbreTraité des injures (1775) et de pièces fugitives parues dansl'Almanach des Muses.
Martin Nadaud, né le dans le hameau de la Martinèche, àSoubrebost et mort le au même endroit, est un ancienmaçon de la Creuse devenu un homme politique et un écrivain.
Antonin Desfarges (1851-1941). Il commence sa carrière professionnelle commemaçon de la Creuse, puis petit entrepreneur. Il milite dans les organisations ouvrières entre 1867 et 1871. En 1871, il est arrêté pour sa participation à laCommune de Paris. En 1882, il devient conseiller des Prud'hommes deParis, où il représente la corporation des maçons, enfin il sera le président du Conseil du bâtiment. En 1889, il se désiste aux élections législatives en faveur deMartin Nadaud. Il sera député de la Creuse de 1893 à 1910.
Jules Védrines, ditle gavroche sublime, né en région parisienne, est un célèbre aviateur originaire de la Creuse. Une stèle lui est dédiée àBussière-Dunoise.
Roger Cerclier est né le à Boussac et il est mort le àGuéret. Il fut membre des première et seconde Assemblées nationales constituantes et député de la Creuse de 1946 à 1950.
Jacques Chapou, né le à Montcuq et mort le 16 juillet 1944 près deBourganeuf, professeur. Il fut résistant FTP avec le grade de capitaine des FFI dans le Lot, la Corrèze et la Creuse.
Paul Pauly, né à Aubusson en 1901 et mort àChampagne-sur-Oise en 1973, a été maire d'Aubusson, sénateur de la Creuse, de 1946 à 1973, et président du conseil général de la Creuse, de 1946 à 1973.
André Chandernagor (1921-), ancien maire deMortroux, ancien député de la Creuse, président du conseil général de la Creuse de 1973 à 1983, ancien ministre.
Anne-Marie Couderc est née le à Aubusson et a été secrétaire d'État chargée de l'emploi entre 1995 et 1997.
Pierre Gattaz, (1959-), industriel français, a des attaches familiales dans la Creuse du côté de son épouse Marie-Aude Gattaz, dans le secteur de La Souterraine.
Jean de Monlevade (Guéret 1791 -João Monlevade 1872) : polytechnicien pionnier de la sidérurgie brésilienne mort dans l'importante ville de l'État de Minas Gerais, qu'il fonda et qui porte son nom.
Félix Baudy, soldat fusillé pour l'exemple en 1915 et réhabilité en 1934.
Peintres, sculpteurs et auteurs de cartons de tapisserie :
Les deux portes d'entrée touristiques et culturelles du département de la Creuse sont, au Sud laCité Internationale de la Tapisserie située àAubusson et qui doit une partie de sa renommée aux ateliers de tapisserie deFelletin, et au nord, la Vallée des Peintres entre Berry et Limousin autour notamment de l'ancienne forteresse duChâteau de Crozant, du village d'artistes deFresselines et de l'un des Plus Beaux Villages de FranceGargilesse en lien avec les sites picturaux dudépartement de l'Indre[27].
Lelac de Vassivière, la station thermale d'Évaux-les-Bains, le Labyrinthe Géant de Guéret, le plus grand labyrinthe végétal permanent au monde[28] constituent d'autres pôles touristiques majeurs.
La Vallée des Peintres entre Berry et Limousin autour, notamment, des peintres paysagistes, impressionnistes et postimpressionnistes commeClaude Monet,Armand Guillaumin,Léon Detroy ;
Les 51croix pattées, en granite, de type « Crozant », à découvrir à l'occasion de balades. Situées aux bords des chemins aux alentours deCrozant, elles restent une énigme quant à la datation, la fonction et l'origine[29].
LesPierres Jaumâtres, situées au sommet du mont Barlot, près deBoussac sur la commune deToulx-Sainte-Croix, sont un amas granitique, comme on peut en rencontrer plusieurs dans le département de la Creuse, notamment au lieu-ditRigole du diable. Elles constituent un site naturel classé ;
L'étang des Landes : réserve naturelle nationale depuis 2004. Situé dans lebassin sédimentaire de Gouzon, l'étang des Landes est le seul étang naturel du Limousin. D'une superficie d'environ120 ha, il abrite une flore et une faune remarquables notamment en matière d'oiseaux. Les ornithologues passionnés pourront y retrouver en migration ou en nidification : hérons, grues, balbuzards, marouettes… et une multitude de canards ;
Selon le recensement général de la population du, 20,9 % des logements disponibles dans le département étaient des résidences secondaires.
Ce tableau indique les principales communes de la Creuse dont lesrésidences secondaires et occasionnelles dépassent 10 % des logements totaux en 2006 :
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑Maximilien Guérin, Michel Dupeux, « Comment écrire le bas-marchois ? »,Mefia te ! Le journal de la Basse-Marche,no 5,(lire en ligne)
↑Jean-Pierre Baldit, « Quelle graphie utilisée pour le marchois ? »,Patois et chansons de nos grands-pères marchois. Haute-Vienne, Creuse, Pays de Montluçon (dir. Jeanine Berducat, Christophe Matho, Guylaine Brun-Trigaud, Jean-Pierre Baldit, Gérard Guillaume), Paris,Éditions CPE,,p. 84-87(ISBN9782845038271)
↑Philippe Boula de Mareüil, Gilles Adda, Lori Lamel, « Comparaison dialectométriques de parlers du Croissant avec d’autres parlers d’oc et d’oïl »,Le Croissant linguistique entre oc, oïl et francoprovençal : des mots à la grammaire, des parlers aux aires, Paris,Éditions L'Harmattan,(ISBN978-2-343-23050-4,lire en ligne).
↑Jean-Pierre Baldit, « Les parlers de la Marche. Extension et caractéristiques »,Patois et chansons de nos grands-pères marchois. Haute-Vienne, Creuse, Pays de Montluçon (dir. Jeanine Berducat, Christophe Matho, Guylaine Brun-Trigaud, Jean-Pierre Baldit, Gérard Guillaume), Paris,Éditions CPE,,p. 22-35(ISBN9782845038271)
↑*Lavalade Yves, Dictionnaire occitan / français (Limousin - Marche - Périgord). Étymologies occitanes , 2e édition, éditions Lucien Souny, La Geneytouse (Haute-Vienne), 2003.
Linguasphere Observatory, 5 = Indo-european phylosector, 2000, page 396, number language : 51-AAA-gj book online / livre en ligne
Decomps Dominique, L'occitan redde e ben : lo lemosin (le limousin vite et bien), méthode d'initiation au limousin comprenant un manuel, accompagné d'un livret « Traduction des conversations et corrigés des exercices », Collection de l'Institut d'Études Occitanes, Éditions Omnivox, Paris, 1979.
Grenier Paul-Louis, Abrégé de grammaire limousine (Bas-Limousin, Haut-Limousin, Marchois), première édition dans les Mémoire de la Société des Sciences de la Creuse, vol. 30-2, éditions de la Société des sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse, Guéret, 1950, p. 325-352 ; deuxième édition chez les éditions Lecante, Guéret, 1950.
↑Maximilien Guérin, « Les parlers du Croissant : des parlers minorisés et marginalisés »,Promotion ou relégation : la transmission des langues minorisées d’hier à aujourd’hui,Université de Poitiers,(lire en ligne)
↑Guylaine Brun-Trigaud, « Les parlers marchois : un carrefour linguistique »,Patois et chansons de nos grands-pères marchois. Haute-Vienne, Creuse, Pays de Montluçon (dir. Jeanine Berducat, Christophe Matho, Guylaine Brun-Trigaud, Jean-Pierre Baldit, Gérard Guillaume), Paris,Éditions CPE,(ISBN9782845038271)
↑Jean-Pierre Baldit, « Les parlers de la Marche. Extension et caractéristiques. Caractéristiques oïliques »,Patois et chansons de nos grands-pères marchois. Haute-Vienne, Creuse, Pays de Montluçon (dir. Jeanine Berducat, Christophe Matho, Guylaine Brun-Trigaud, Jean-Pierre Baldit, Gérard Guillaume), Paris,Éditions CPE,,p. 28-29(ISBN9782845038271)
↑Guylaine Brun-Trigaud, « Les enquêtes dialectologiques sur les parlers du Croissant : corpus et témoins »,Langue française,vol. 93,no 1,,p. 23-52(lire en ligne, consulté le).
↑« Une mine pour les historiens. La commune de Chénérailles a déposé aux Archives départementales une charte de franchises datant de 1279. Un trésor qui passionnera les historiens et les linguistes »,La Creuse magazine,(lire en ligne)
↑Abel Hugo,France pittoresque, tome premier, 1835.
Ambroise Tardieu,Grand dictionnaire historique , généalogique & biographique de la Haute-Marche (département de la Creuse), Herment, L'auteur,(lire en ligne)
Gilles Rossignol,La Creuse. Le beau pays, Ahun, Verso, 1995.(ISBN2-903870-77-2)