Au, Crest est catégorisée petite ville, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[13].Elle appartient à l'unité urbaine de Crest, une agglomération intra-départementale dont elle estville-centre[14],[15]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Crest, dont elle est la commune-centre[Note 2],[15]. Cette aire, qui regroupe 17 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[16],[17].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (62,4 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (64,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :terres arables (28,7 %), zones agricoles hétérogènes (28,3 %), forêts (22,6 %), zones urbanisées (7,9 %), prairies (5,4 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (4,5 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (2,6 %)[18]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Leplan local d'urbanisme de Crest est approuvé le 17 mars 2006[20]. Il vise principalement l'aménagement des terrains inexploités ou inutilisés pour améliorer le cadre de vie dans la commune.
La commune est traversée par les routes départementalesD 93, D 104, D 164,D 38 et D 888. La sortie n°16 deLoriol-sur-Drôme de l'autorouteA7 dessert les communes de Crest etPrivas[21].
Un service de transport pour se déplacer à travers la commune : Mouv' à Crest. Ce service est accessible à tous sur réservation téléphonique, certains jours de la semaine[23],[24].
Unefouille préventive au passage du TGV Méditerranée sur la commune de Crest a été réalisée entre novembre 1995 et juin 1996 par Jean-Michel Treffort et son équipe d'archéologues.
Sur ce site, fréquenté dès lenéolithique, ont été mises en évidence les conditions du développement de l'agriculture (épierrements et murs de pierre sèche délimitant les champs, terrasses de culture).
Le premier suit un tracé rectangulaire, ses murs sont encolombage hourdé de terre et le toit à deux pans.
Le second type correspond à l'architecture protohistorique du domaine alpin. Il utilise un cadre de poutres reposant sur un substrat de galets.
Entre ces bâtiments, constituant un village, existaient différentes parties domestiques (fosses-silos, greniers) et des allées ou chemins empierrés[33].
La fouille du site a permis de recueillir 24 000 tessons de céramique, dont 95,5 % non tournées. Lacéramique tournée était d'importation (amphores massaliotes et poteries attiques à vernis noir).
Bourbousson 1, situé au débouché d'une importante voie transalpine qui se croisait avec une pisteprotohistorique menant deMassalia àLugdunum[36], est le témoignage de l'influence hallstattienne en vallée du Rhône. Il marque la frontière entre la vallée de la Drôme et le Tricastin où, à 40 kilomètres, se trouventLe Pègue et l'oppidum Saint-Marcel sous influence méditerranéenne[35].
L'intérieur de l'auberge était subdivisé en six salles organisées autour d'une pièce centrale de 54 m2, celle-ci était surmontée d'unemezzanine. Elle comportait un foyer qui servait tant pour la cuisson des aliments que pour le chauffage. Sur ces côtés a été identifiée la présence de plusieursvaisseliers ainsi que celle d'un grand coffre de bois contenant des réserves de nourriture. La mezzanine permettait de stocker d'autres réserves, essentiellement descéréales, deslégumineuses et desfruits. Ont été identifiés parmi ces réserves alimentaires de l'orge, desfèves, deslentilles, desbetteraves, despommes, desnoix et desnoisettes[38].
Sur ce même site ont été recueillies 596 monnaies romaines toutes debillon ou debronze à l'exception de deux pièces d'argent à l'effigie de l'empereur usurpateurMagnence qui furent frappées àLyon en 351-352. Dans ce lot, 445 pièces ont été identifiées avec certitude. Sylviane Estiot, qui s'est chargée de cette étude, a regroupé ce numéraire en trois ensembles. Le premier ne comprend que neuf pièces. Elles ont été retrouvées groupées près de l'auberge de Bourbousson et semblent provenir d'une bourse perdue. Le second se compose des 247 monnaies provenant du sol en terre battue de l'auberge. Le troisième, qui est le plus important avec 329 pièces, a été retrouvé dans lelucus autour d'un bloc carré demolasse et correspond à un dépôt votif[42].
André Borel d'Hauterive dans l’Armorial duDauphiné donne les indications suivantes : famille nombreuse et puissante qu'Aymar du Rivail, historien du Dauphiné, prétend être d’origine roturière (in diensi agro ignobilis arnaudarum gens, page 419) et qui fit bâtir la ville de Crest, laBaume-des-Arnauds etChastel-Arnaud.
Arnaud de Crest fit hommage le 15 août 1145, à l'évêque deDie, de ses châteaux de Crest, d'Aouste-sur-Sye, de Saint-Benoit, deBéconne, de Saint-Médard, deDivajeu, deMarsanne, deCobonne, de la Recluse et de la Forest.
Le même Arnaud fut probablement connétable de Tripoli lors de la seconde croisade (1155). Cette maison possédait la seigneurie de Crest, soit en partie, soit totalement. Le 15 août 1146, afin de financer un voyage en terre sainte, Arnaud de Crest céda à l'évêque de Die ses possessions dans le diocèse de Die, dont le site fortifié de Crest.
Une fille et héritière Arnaud (fille de la comtesse de Marsanne) s'allia au comte Guillaume de Poitiers, originaire du Languedoc (ou d'Aquitaine selon Eugène Arnaud). La seigneurie, après une lutte acharnée entre les Arnaud et les Poitiers, revint à cette dernière famille. Les Arnaud furent chassés par les Poitiers et s'implantèrent au-delà de Die dans lesAlpes-de-Haute-Provence (Embrun,Forcalquier,Château-Dauphin) où ils tombèrent dans l’oubli[réf. nécessaire].
Charte de libertés octroyée aux habitants de Crest par Adhémar de Poitiers, comte deValentinois, en 1188 (Tour de Crest).
1627 : le château est démantelé[28] sur ordre deLouis XIII qui le trouvait potentiellement dangereux. Le donjon fut épargné et devint latour de Crest.
1742 (commerce dans la ville de Crest) : 75 marchands ou fabricants[28].
1786 (commerce dans la ville de Crest) : 30 marchands, 20 cordonniers, 7 boulangers, 20 cabaretiers, aubergistes ou cafetiers, 11 muletiers[28].
Avant 1790, Crest était l'une des dix villes du Dauphiné dont les consuls siégeaient à la tête des députés du tiers état (dans les États généraux de cette province).
C'était en même temps le chef-lieu d'une subdélégation de l'élection de Montélimar, comprenant 106 paroisses ou communautés, et le siège d'une sénéchaussée, tribunal qui, remplaçant depuis 1447 l'ancienne Cour majeure des comtes de Valentinois et de Diois (1404 :Curia major comitatuum Valentinensis et Dyensis (arch. mun. de Crest)) était composé d'un visénéchal, d'un lieutenant particulier, d'un conseiller et d'un procureur du roi, et dont la juridiction s'étendait sur 56 paroisses ou communautés (voir l'introduction).
C'était aussi le siège d'un gouvernement militaire, dit deCrest ville et Tour, comprenant un gouverneur, un commandant et un major.
Cette ville formait une paroisse du diocèse de Die, dont l'église, originairement dédiée à sainte Marie et, dès 1196, sous le vocable de saint Sauveur, était depuis 1277 le siège d'un chapitre ou collégiale composé en dernier lieu d'un doyen, d'un chantre et de sept chanoines. Décimateur à Crest, à Lambreset et à Divajeu depuis sa création, ce chapitre jouissait en outre, par le fait d'unions successives, des revenus des prieurés d'Espenel, de Saint-Moirans, de Célas, de Comps, du Pègue et de Saint-Jean de Crest (voir ces noms).
Division du diocèse de Die, l'archiprêtré de Crest dont il est question dès 1187, comprenait les cantons de Bourdeaux et de la Chapelle-en-Vercors, celui de Saillans (moins Aurel), la plus grande partie de ceux de Crest-Nord, de Crest-Sud et de Dieutefit, deux communes du canton de Die et une de chacun de ceux de Chabeuil, de Marsanne et de Nyons.
Jusque vers la fin duXVIIe siècle, la partie nord-est de la banlieue de Crest forma une seconde paroisse, d'abord sous le vocable de Saint-André puis sous celui de Saint-Vincent (voir Le Calvaire et Saint-Vincent).
Comme établissements religieux, il y avait encore dans cette ville un couvent de cordeliers, un de capucins, un d'ursulines[45] et un de visitandines (voir Le Champ-de-Foire, Les Capucins, Sainte-Ursule et L'Hôpital)[28].
En 1790, Crest devient le chef-lieu d'un district (ou arrondissement) comprenant les cantons d'Allex, Aouste, Bourdeaux, Chabrillan, le Plan-de-Baix, le Puy-Saint-Martin et Saillans. La réorganisation de l'an VIII (1799-1800) en fait le chef-lieu de seulement deux cantons :
Lecanton de Crest-Nord, qui se compose des communes d'Allex, Aouste, Beaufort, Cobonne, Crest en partie, Eurre, Gigors, Mirabel-et-Blacons, Montclar, Montoison, Omblèze, Ourches, le Plan-de-Baix, la Rochette, Suze et Vaunaveys.
Lecanton de Crest-Sud, comprenant les communes d'Auriple, Autichamp, Chabrillan, Crest en partie, Divajeu, Grane, Francillon, Piégros-la-Clastre, le Puy-Saint-Martin, la Répara, Roche-sur-Grane, Roynac, Saou et Soyans[28].
Avis aux contribuables annonçant la mise en recouvrement de l'impôt des 45 centimes établi par le décret du 16 mars 1848.
L’annonce de larévolution de février et la proclamation de laDeuxième République provoquent un immense espoir populaire. La ville nomme une députation dont le maire Moutierlégitimiste ne fait pas partie, pour la fête de l’avènement, le 12 mars[46]. Et ce jour est l’occasion pour une petite émeute de s’attaquer au bureau d’octroi. Le vote de l’impôt des 45 centimes (soit 45 % d’augmentation descontributions directes) en mars provoque des remous. S’il n’est exigé que pour 1848, il est largement refusé et perçu à seulement 35 % en juillet. Pour en améliorer le recouvrement, le préfet fait installer un demi-bataillon à Crest[47].
Lors de la campagne pour lesélections législatives de 1849, il n’y a que deux listes en présence dans la Drôme : une bonapartiste, une républicaine. La liste bonapartiste dispose de tous les soutiens, presse, administration, Église catholique[48]. Mais la population reste hostile : lors d’un déplacement en campagne à Die, Bonjean est accueilli par les cris « Vive la Montagne ! Vive Ledru-Rollin ! Vive Mathieu ! »[49]. Et les élections sont remportées par les républicains qui envoient six députés sur sept à l'Assemblée.
Le commissaire de la république, Ferlay, met en place des mesures autoritaires pour réduire l’influence de la gauche dans la Drôme. Elles sont facilitées par la proclamation de l’état de siège à la suite ducomplot de Lyon. Et pour prévenir une résistance armée à ces mesures, il fait collecter les armes de guerre détenues par les habitants, excepté ceux jugés surs. Une colonne de 500 soldats de la garnison deValence passe ainsi de commune en commune pour ramasser les armes de guerre détenues par les habitants qui ont normalement été déposées en mairie[50]. Cette opération est renouvelée fin juillet 1850 avec le passage d'une deuxième colonne, moins imposante, de 100 hommes du7e de ligne[51].
Pour pouvoir s'organiser malgré la surveillance et la répression, lesrépublicains et lessocialistes organisent un réseau desociétés secrètes dans la Drôme, comme en Provence (où elles sont appeléeschambrettes) (voirla section dédiée sur l'articleHistoire de la Drôme). À Crest, l'instituteur Bouvier joue un grand rôle dans leur diffusion et leur activité[52]. Mais, après l’affaire du faux complot de Valence, le préfet décide de frapper un grand coup en lançant un grand coup de filet, le 6 août 1850. À 4 heures du matin (heure solaire, 6 heuresheure actuelle), 37 perquisitions ont lieu dans 20 communes du département, dont Crest, où sont concernés un plâtrier, un médecin et un instituteur. Leurs domiciles sont fouillés par trois pelotons de 10 soldats du32e de ligne, avec de maigres résultats : un sabre chez un plâtrier, des journaux suspects chez un médecin, qui est arrêté, et rien chez un instituteur[53]. Cet instituteur, Antoine Bouvier, est cependant compromis dans l’affaire ducomplot de Lyon et arrêté à Crest début décembre, ainsi que le secrétaire de la société de secours mutuelsL’Abeille Jean-André Chambrier[54]. Le premier est condamné à dix ans de prison, le second bénéficie d’unnon-lieu[55].
Afin de prévenir toute prise d’armes, les autorités font rechercher activement armes, poudre et balles, ainsi que les outils nécessaires à leur fabrication. Une compagnie du17e de ligne, soit 64 hommes, opèrent de multiples perquisitions dans la commune fin février 1851[56]. Fin novembre, l’avocat et rentier Jean François Moutier démissionne de son poste de maire (à 61 ans).
Le 3 décembre, quand la nouvelle ducoup d'État du 2 décembre 1851 arrive dans la Drôme, le préfet Ferlay et le général responsable de l’état de siège dans le département le pressent de se rallier. Il réunit donc le conseil municipal et reprend son poste, avec l’accord de son conseil municipal, et fait placarder l’avis sur les murs de la ville. Le soir, les ouvriers et les gens du peuple s’assemblent dans les cafés, puis partent en manifestation, attaquent l’octroi. Lesgendarmes chargent, sabre au clair, mais sont malmenés et se replient dans la gendarmerie, où ils sont rejoints par le maire, apeuré. Il fait demander des renforts[57], qui arrivent le 4 et se déploient sur la place principale : une soixantaine d’hommes du2e d’artillerie, à cheval et à pied. Les cafés suspects sont fermés, les chefs républicains sont poursuivis, mais seuls un huissier et un menuisier sont arrêtés. Les chefs locaux, Bouillard, Barnouin, Danjou, Giraud, parcourent la campagne pour faire sonner letocsin, expliquer les plans et organiser les rassemblements et la descente vers Crest[58].
Le 5, le détachement du 2e d’artillerie est renforcé par l’arrivée de 74 nouveaux artilleurs, dont 47 chevaux ; de son côté, le maire organise une garde de notables, commandée par un général en retraite, et renforcée par les sapeurs pompiers. Parmi ceux-ci, la moitié refuse les ordres ; leurs armes sont distribuées à des civils[59]. Deux colonnes convergent vers Crest de l’Est : celles de la vallée de la Sye et celle de la vallée de la Gervanne. La seconde, qui compte environ 1200 personnes en arrivant à Aouste, parlemente avec le maire Gresse qui leur bloque le passage avec une petite troupe improvisée, puis décide de contourner Aouste par les coteaux. Ce sont donc plusieurs centaines de personnes qui arrivent à la tour de Crest par les hauteurs. La garde de notables improvisée par le maire Moutier installe une garde sur la tour de Crest ; une compagnie du32e d’infanterie, arrivée de Romans dans la journée, est postée au-dessus, au niveau de la chapelle. Enfin, six barricades défendues par les artilleurs arrivés la veille et le matin permettent de tenir les principales entrées dans la ville. Arrivant par le haut, les insurgés de la Gervanne et de la Sye cherchent à se rallier les soldats ; mais c’est une fusillade nourrie qui leur répond, à laquelle les insurgés répondent. Un reliquat de 300 à 400 d’entre eux s’installe pour passer la nuit, recevant de l’aide, des encouragements et des informations (pas toujours vraies) des Crestois, certains leur donnant abri pour la nuit. Pendant la nuit, les patrouilles circulant dans et autour de la ville subissent de multiples accrochages : un soldat du 2e d’artillerie, envoyé en reconnaissance, est tué dans la nuit[60].
Le soir du 6, la colonne des insurgés de Grâne, Chabrillan et La Roche-de-Grâne arrive par le sud-ouest au pont sur la Drôme. Le maire Moutier a fait élever une barricade en avant, rive gauche (au sud), défendue par 20 fantassins commandés par un jeune officier Crestois sortant deSaint-Cyr, 10 artilleurs à cheval et une vingtaine de membres de la garde de notables. Les insurgés, au nombre de plusieurs centaines, décident d’avancer, plaçant au premier rang leurs otages Blancs[61]. Les insurgés s'avancent, cherchant à rallier les soldats ; mais les officiers commandent le feu, et trois salves dispersent la colonne, faisant deux morts et de nombreux blessés. Les artilleurs font une sortie, achevant de disperser les opposants, qui répliquent par quelques coups de fusils : un artilleur est blessé mortellement. Les otages profitent du tumulte pour s’enfuir. Les soldats font quelques prisonniers, et ramassent des armes, chapeaux et souliers abandonnés par les insurgés en fuite[62]. Craignant d’autres attaques plus conséquentes, le capitaine d’artillerie demande des renforts à Valence, et deux escouades lui arrivent à la fin de la nuit. L’une est pourvue de deux pièces d’artillerie ; l’autre vient de disperser les insurgés deMontvendre. Avec ces nouveaux moyens, il fait dégager son flanc nord, où campaient toujours les insurgés de la Gervanne et de la Sye : peu aguerris, ils se dispersent au premier coup de canon. Il fait aussi surveiller les chefs républicains, fermer les cafés « Rouges ». Enfin, il renforce la défense des accès de la ville, remplaçant la barricade au sud du pont sur la Drôme par uneredoute armée d’un canon[63]. Le matin du 7, un ancienzouave qui semblait observer trop souvent les dispositions prises par les militaires est arrêté, ainsi qu’un instituteur[64].
En début d’après-midi, à 14 heures (heure solaire, 15 heuresheure actuelle), le commandant d’artillerie décide de porter un détachement en avant de la redoute du pont, comportant infanterie, cavalerie et une pièce d’artillerie. Il s'installe à 2 km de la Drôme, à un carrefour. En face, arrivent les insurgés de Bourdeaux et Dieulefit, au nombre de plusieurs milliers (5000 à 8000 selon les contemporains, 4000 à 5000 selon l’historien Robert Serres), principalement des hommes, mais aussi des femmes. Ceux qui viennent des hameaux les plus éloignés ont marché une quarantaine de kilomètres dans le froid, et sont levés depuis la veille. La colonne fait une pause dans un creux, les hommes s’abreuvent au tonneau transporté sur une charrette, et les sections et bataillons sont remis en place. Les hommes armés de fusils, bien que souvent inopérants (rouillés, manquant d’une pièce, de poudre, de balles), sont placés en avant. Les insurgés sont convaincus que les soldats vont se rallier à eux, et poussent des cris en ce sens : « Vive l’artillerie et l’infanterie ! Vivent nos frères ! Vive la République ! ». La réponse des militaires les surprend : un premier boulet de canon est tiré, et coupe un arbre en deux ; la charge est alors lancée, un deuxième coup de canon décapite un Puy-Saint-Martinois. Certains insurgés sont galvanisés par cette mort et tirent sur les soldats ; d’autres fuient. Mais ceux qui attaquent sont suffisamment nombreux pour faire reculer le détachement de soldats, qui se replie sur la redoute dans la précipitation. Le canon est cassé dans le repli. Outre la redoute, les soldats s’embusquent dans une maison isolée ou autour du pont[65]. Les insurgés armés se rallient, approchent, et envoient un émissaire parlementer,crosse en l'air[66]. Les artilleurs tirent àmitraille, faisant de très nombreux blessés chez les insurgés. La charge est battue au tambour, et une fusillade nourrie se déclenche des deux côtés pendant deux heures. Un artilleur est tué sur son canon. Mais, petit à petit, les insurgés, mal armés, mal commandés, se replient à la nuit tombante. Les 150 ou 200 derniers sont dispersés par une charge de cavalerie[67].
C’est la fin des affrontements à Crest ; plusieurs autres marches contre Crest eurent lieu, mais elles échouèrent toutes[68].
Le bilan de ces deux jours d’affrontement à Crest est de trois artilleurs tués et un blessé[69]. Pour les insurgés, le décompte est plus difficile : il y a au moins sept morts et 18 blessés que les archives permettent d’identifier formellement. Pour les sources d’époque, toujours du côté de la répression, les chiffres varient entre 40 et 300 tués ou blessés, tous notant que de nombreux insurgés tués ou blessés ont été relevés par les indemnes et cachés par la suite ou enterrés clandestinement[70].
Alors que la répression dure toujours, vient leplébiscite destiné à légaliser le coup d’État après coup, les 21 et 22 décembre. Les fugitifs sont encore traqués par les gendarmes et l’armée qui quadrillent la campagne, lesperquisitions se succèdent, l’état de siège est encore en vigueur. Les autorités laissent entendre que si les habitants votent « bien », les condamnations seront moins sévères. Alors que les bulletins ‘’Oui’’ sont imprimés et fournis aux électeurs, l’impression et la distribution des bulletins ‘’Non’’ est interdite, et c’est aux électeurs qui souhaitent s’opposer au plébiscite de fabriquer eux-mêmes le leur. Enfin, le vote se fait en remettant le bulletin plié au maire qui le glisse lui-même dans l’urne. Dans ces conditions, le secret du vote n’est pas respecté : les dossiers des inculpés mentionnent si la personne a voté ‘’Oui’’ ou ‘’Non’’, le fait étant parfaitement connu des autorités[71]. Dans ce climat de peur, la commune vote ‘’Oui’’ à 86 %, contre 92 % dans la France entière et 86 % dans le département[72], ce que les autorités célèbrent en faisant chanter un ‘’Te Deum « pour la victoire de l’ordre sur l’anarchie » et adresse une lettre des plus laudatives au prince-président[73].
Parmi les prisonniers de la tour de Crest, le menuisier deSaou, qui s’était caché en ville. Il fuit par les toits, saute par dessus une rue, mais est finalement prise 28 décembre[74].
Les insurgés arrêtés sont envoyés dans les prisons des préfecture et sous-préfectures, Valence, Romans, Montélimar, Die, Nyons. Mais, très rapidement pleines, le général Lapène doitréquisitionner d’autres locaux à Valence comme à Montélimar. Devant la saturation des locaux, le général Lapène décide le 14 décembre de déplacer les condamnés à latour de Crest, qui selon les estimations peut en retenir 250. Au nombre de 66 dès le 15 décembre, ils sont 205 le 30, 274 le 6 janvier, 367 le 13, et 457 le 23 janvier. Là aussi, on doit délester la prison : 32 hommes sont renvoyés à Valence, et 60 installés dans la maison Chabrières proche du pont sur la Drôme, qui ne dispose que de 19 lits. Malgré cela, les autorités vont jusqu’à y interner jusqu’à 100 prisonniers, soit 40 de plus que la capacité maximale). Au total, 639 hommes et femmes ont été incarcérés à Crest (tour et maison Chabrières)[75]. La tour est ainsi devenue le symbole de la répression de l’insurrection de décembre 1851 dans le département de la Drôme[76]. Les conditions d’internement sont épouvantables : pas de moyens d’hygiène, couchage à même la dalle, sans chauffage lors de cet hiver très froid (la Drôme charriait des glaces dès le 6 décembre), absence ou couvertures en nombre insuffisant, insuffisance de la paille[77]. Un total de 32 d’entre eux sortent de la tour pour un séjour à l’hôpital, par suite de blessures durant les combats ou des mauvaises conditions de détention. Au moins un y meurt. D’autres prisonniers perdent la raison[78]. Colis et courriers sont censurés[79], et pour percevoir les colis que leur envoient leurs familles, les prisonniers doivent régler une taxe de 10 centimes. Les conditions de détention sont progressivement durcies, avec des restrictions aux visites le 10 janvier[80], et l’interdiction de fumer et la suppression de la lumière (qui était pourtant aux frais des prisonniers[81]) le 17 janvier. Cette dernière est particulièrement gênante la nuit, la totalité de la surface des cellules étant occupée par les prisonniers couchés, ceux voulant se lever pour aller aux urinoirs devant ainsi marcher sur les autres pour les rejoindre[82]. Le 30 janvier, ils sont encore 383 à la tour[81]. Des prisonniers de la tour, 159 sont libérés et placés en résidence surveillée dans leur commune. Le sauf-conduitqui leur est délivré leur permet de faire la route jusqu’à leur domicile, sans s’en écarter. Sept sont jugés par leconseil de guerre deLyon ; environ 200 sontdéportés en Algérie.
Pendant que la municipalité lance une souscription en faveur des familles des trois artilleurs morts au combat de Crest, le curé de la commune, Genthon, et son collègue le pasteur Manson, eux, en font une au profit des victimes du même combat, mais de l’autre côté de la barricade. Ils recueillent les sommes données par 261 personnes, pour un total de 2350francs[83]. Le conseiller municipal de Crest, Joseph Prudhomme, visite les prisonniers, qui lui sont reconnaissants : ils signent collectivement une lettre de remerciements, un autre lui dédie un poème[84].
Le 3 avril, 75 hommes sont libérés et placés en résidence surveillée dans leur commune d’origine. Les cent derniers sont répartis entre Valence et Montélimar le 6 avril, date à laquelle la tour est vide de tout insurgé[85].
L’occupation militaire de la ville ne va pas sans accrochages, désagréments et délits commis par la force armée. En mai, trois militaires du52e de ligne sont écroués pour vol des provisions destinées aux prisonniers de la tour. En juin 1852, deux militaires du65e de ligne sont arrêtés pour vol avec effraction. Enfin, les soldats hébergés à l’hôtel de ville jettent leur urine sur l’escalier[86].Latour de Crest devient une prison d'État auXVIIIe siècle[28].
Jusqu'en 2015, Crest était le chef-lieu de deux cantons, la commune elle-même était divisée entre ces deux cantons (ce qui est rare pour une commune de moins de 10 000 habitants) :
lecanton de Crest-Nord comprenait la partie nord de la commune (5 807 habitants en 2012) ainsi que14 autres communes ;
lecanton de Crest-Sud comprenait la partie sud de la commune (2 288 habitants en 2012) ainsi que11 autres communes.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[102]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[103].
En 2022, la commune comptait 8 712 habitants[Note 3], en évolution de +3,96 % par rapport à 2016 (Drôme : +2,64 %,France horsMayotte : +2,11 %).
L'ancien hôpital (ou site de Sainte-Marie), situé sur les hauteurs de la ville, conserve son activité notamment pour tout ce qui est des activités para-hospitalières. On y retrouve : une crèche pour les petits au rez-de-chaussée, l'EHPAD Armorin[106], les jardins de la tour et les flamands et enfin l'unité d'autodialyse[réf. nécessaire].
Une médiathèque départementale assure la liaison avec l'ensemble des bibliothèques des communes voisines, située à côté de la gare (place Alexandre Soljenitsyne) et en face du lycéeFrancois Jean Armorin. Elle propose plusieurs milliers d'ouvrages pour adultes et enfants, une grande salle de consultation, des conférences et événements autour de la lecture, et possède un parc informatique permettant l’accès au catalogue de la bibliothèque et à internet.
Placée aux portes des Préalpes, proche duDiois, Crest est une ville de passage pour tous les habitants de la vallée de laDrôme. C'est un centre touristique qui accueille plusieurs festivals dontCrest Jazz[112] etFutura[réf. nécessaire].
La commune propose un calendrier festif et culturel varié :
Juillet :La Crad'eau - Nuits Folkloriques - La fête nationale du 14 juillet, la défarde républicaine au cours Joubernon avec un bal populaire et sonfeu d'artifice sonorisé tiré des bords de laDrôme ;
La manifestation sportive la plus importante est le Challenge Vallée de La Drôme qui rassemble chaque mois de mai plusieurs milliers de participants, amoureux de la course à pied[réf. nécessaire].
Le Dauphiné libéré, quotidien régional qui consacre, chaque jour, y compris ledimanche, dans son édition de « La vallée de la Drôme » un ou plusieurs articles à l'actualité du canton et de la commune, ainsi que des informations sur les éventuelles manifestations locales, les travaux routiers, et autres événements divers à caractère local.
Le Crestois est un journal hebdomadaire local imprimé depuis 1900[125].
L'Agriculture drômoise est un journal d'informations agricoles et rurales qui couvre l'ensemble du département de la Drôme.
L'église paroissiale et la communauté catholique de la commune relèvent de la Paroisse Sainte Famille du Crestois dont la maison paroissiale est située à Crest. Cette paroisse est rattachée audiocèse de Valence[127].
La ville se caractérisait jusqu'en 1985 par une importante activité économique. Il ne reste plus que le cartonnage, la plasturgie et l'artisanat d'art. L'activité commerciale est en mutation. Crest reste attractif pour ses environs[réf. nécessaire].
En 1992, l'agriculture se composait de polyculture (céréales, graines fourragères, ail), d'élevage (porcins, caprins,pintadeaux de la Drôme (AOC). Les produits locaux sont lePicodon et la pogne[37]. Elle se tourne peu à peu vers le « bio », avec desfermes d'exploitations de type familial[réf. nécessaire].
En 2009, l'emploi total représente 4 067 personnes[133] (contre 203 335 personnes dans l'ensemble du département[134]). En nombre de personnes, l'emploi à Crest représente donc 2 % de l'emploi total du département..
La situation économique du bassin de Crest est particulièrement difficile : plus d'un tiers des habitants est contraint de travailler dans la région valentinoise[réf. nécessaire].
La cité médiévale s'est construite à même une crête rocheuse, surplombée par latour de Crest, donjon médiéval classé monument historique français[136].
Huit monuments sont inscrits au patrimoine historique français :
Dominant la ville du haut de ses 52 mètres, c'est le plus haut donjon médiéval de France et d'Europe. Cette tour, emblématique de la ville, est la gardienne d'une des portes desPréalpes drômoises. Elle propose une large vue panoramique et des tables d'orientations. Des expositions y sont organisées[145].
Les armoiries du chapitre de Saint-Sauveur étaientd'argent au Saint-Sauveur de carnation, bénissant de la main dextre et tenant en la senestre un monde d'azur cerclé et croisé d'or[28].
Lecouvent des capucins, ordre contemplatif, vivant dans la pauvreté existe dans la ville depuis plus de 400 ans. Il peut se visiter durant les journées du patrimoine.
Il a servi de camp d'internement pour les tziganes expulsés d'Alsace (1915 à 1919) (voir plus haut : paragraphe Histoire).
Calvaire surnomméLes Trois Croix, situé derrière la tour de Crest. Il symbolise le calvaire de Jésus. Il surplombe une petite chapelle et un cimetière avec des tombes appartenant à la famille Fayolle. La légende raconte que le rocher où sont implantées les croix abriterait une crypte dans laquelle les premiers seigneurs de la ville seraient enterrés[réf. nécessaire].
Avant 1822 : le temple protestant construit sous le ministère du pasteur Louis-François Arnaud. Il est inauguré en 1822[150].
Nicolas Barnaud (1539-1604 ?) : médecin et alchimiste huguenot, auteur d'essais et de pamphlets, né à Crest.
Antoine de Pluvinel (1552-1620) : pionnier de l'École française d'équitation, né à Crest. Son neveu, Antoine de la Baume Pluvinel, fera construire un hôtel particulier dans le centre de la ville dont on peut encore aujourd'hui admirer la façade.
Isaac Casaubon (1559-1614) : humaniste et érudit huguenot, vécut une partie de son enfance à Crest, pendant l'époque conflictuelle des guerres de religion.
Les armoiries de la ville de Crest sontd'azur au donjon carré ou tour de Crest, d'or, portillée, fenestrée et maçonnée de sable, sur une terrasse de sinople, chargée en pointe d'un C d'argent; au chef d'argent chargé de trois arêtes de coq de gueules[28].
Les armoiries de Crest se blasonnent ainsi :D'azur à la tour carré du lieu (tour de Crest) d'or ouvert, ajouré et maçonné de sable, sur une terrasse de sinople chargée de la lettre C capitale aussi d'or, au chef d'argent chargé de trois crêtes de coq degueules[156].
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑CharlesLory,Description géologique du Dauphiné (Isère, Drôme, Hautes-Alpes), Paris,, 747 p.(lire en ligne),p. 391.
↑ScipionGras,Statistique minéralogique du département de la Drôme ou Description géologique des terrains qui constituent ce département, Grenoble,, 296 p.(lire en ligne),p. 156.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑EdmondMaignien,Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes du Dauphiné, Grenoble, Xavier Drevet,, 380 p.(lire en ligne),p. 62-63.
↑Ginette Guillorit,L'ordre de Sainte-Ursule et le monastère des ursulines de Crest : dans cahier consacré aux monastères de la Montagne et leur impact sur la vie sociale, économique, politique et culturelle (actes d'un colloque de septembre 2012 à Notre-Dame des Neiges),Mémoire d'Ardèche et Temps Présent,
↑Filhol (Emmanuel),Un camp de concentration français. Les Tsiganes alsaciens-lorrains à Crest, 1915-1919, Presses universitaires de Grenoble, 182 p., 2004.
↑source : site de la vallée de la Drôme : tourisme.
↑Justin Brun-Durand,Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme : contenant des notices sur toutes les personnes de ce département qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs travaux, avec l'indication de leurs ouvrages et de leurs portraits, t. II : H à Z, Grenoble, Librairie dauphinoise, 1901, 490 pages,p. 100|https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5789099t/f109.item
2003 :Robert Serre (préf. Maurice Agulhon),1851. Dix mille Drômois se révoltent. L’insurrection pour la République démocratique et sociale, s.l., co-édition Peuple libre/Notre temps,(ISBN2-912779-08-1 et2-907655-42-6).