Comme d'autres amphibiens (dendrobates par exemple), les crapauds produisent, parfois déjà à l'état detêtard, des venins contenant des agents toxiques et parfois aussi hallucinogènes, qui les protègent de nombreux prédateurs. De plus leur peau est plus épaisse et résistante à la déshydratation et aux blessures.
Les crapauds descendraient d'un ancêtre commun sud-américain qui vivait il y a plus de10 millions d'années. Mais ils ont depuis lentement colonisé presque tous les continents[1]. Ils sont absents ou récemment introduits par l'humain àMadagascar, enAustralie, dans les petites îles isolées et dans quelques grandes îles duPacifique.
Quelques espèces ont été introduites en Australie (vers 1935) et dans certaines îles, pour chasser des insectes parasites, dans la canne à sucre notamment, mais ils sont alors souvent devenus invasifs, sans jouer le rôle qu'on attendait. En particulier leBufo marinus pose de sérieux problèmes en Australie[1].
Noms français et noms scientifiques correspondants
Liste alphabétique denoms vulgaires ou denoms vernaculaires attestés[2] en français. Note : certaines espèces ont plusieurs noms et, les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide.
Les caractéristiques générales des crapauds sont celles desAnoures (Anura), avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur comportement ou leur physiologie respective.
Comme tous les anoures, les crapauds sont desanimaux dits à sang froid (poïkilothermes).
ils ont des pattes très courtes, sautent mal et vivent sur le sol, préférant marcher ;
ils ont le museau arrondi ;
ils n'ont pas de dents ;
ils ont un œil à pupille souvent horizontale, à l'exception notable du crapaud accoucheur ;
ils ont une peau rugueuse, recouverte de pustules[6] ;
leur langue n'est pas échancrée comme celle des serpents ;
ils sont les seuls amphibiens à posséder à la fois une peau résistante à la déshydratation et une réserve de graisse, dite« corps gras inguinal », ce qui leur permet de parcourir une plus grande distance que les autres amphibiens par rapport à l'eau[1] ;
leur chant est dans la plupart des cas plus discret que celui des grenouilles, parfois émis sous l'eau ;
Ils sont anamniotes, c'est-à-dire que l'embryon ne possède pas d'amnios. La fécondation est externe (à l'extérieur des voies génitales), dans l'eau le plus souvent (certaines espèces mouillent régulièrement leurs chapelets d'œufs dans le cas du crapaudAlyte accoucheur). Leur développement post-embryonnaire comporte généralement une métamorphose.
Les espèces qui prennent soin de leur progéniture (alyte accoucheur) pondent peu d'œufs ; d'autres espèces peuvent pondre jusqu'à 45 000 œufs[1], dont un faible pourcentage survivra.
Le début de leur vie se passe dans l'eau, puis l'adulte, sauf au moment de la reproduction, vit plutôt sur la terre, généralement en forêt ou dans des zones hygrométriques élevées, mais il existe quelques espèces de milieux relativement arides.
Ils sont cependant victimes de nombreuxpesticidesinsecticides, directement ou indirectement (par la disparition de leurs proies naturelles). (voirinfra)
Comme la plupart des autres amphibiens (hormis pour quelques espèces invasives comme lecrapaud buffle), les crapauds semblent en voie de régression sur toute la planète, pour des raisons mal comprises et sans doute multifactorielles, qui pourraient associer :
la circulation de microbes et champignons microscopiques pathogènes
le trou de la couche d'ozone (évoqué par certains auteurs pour expliquer la disparition d'amphibiens dans des zones très isolées et apparemment les plus épargnées par les pollutions)
le réchauffement climatique, dont les premiers effets (sécheresses, incendies de forêt, désynchronisation biologique…) pourraient localement expliquer certaines régressions ou disparitions d'espèces.
Tous les crapauds (au sens large du terme) sont desespèces menacées etprotégées dans de nombreux pays (hormis quelques espèces introduites devenuesinvasives).
Les batraciens désignés par des termes correspondant à celui de crapaud en français sont au centre d'une abondantesymbolique un peu partout dans le monde.
dans les contes enfantins, le crapaud était souvent présenté comme étant le mâle de la grenouille, au même titre que la chouette est donnée comme étant la femelle du hibou.
au Moyen Âge, le crapaud était censé contenir unecrapaudine, pierre magique qui servait d'antidote à tout type de poison.
Crapauds sur un autel de temple mexicain, symbolisant l'eau.
plusieurs contes et légendes occidentaux évoquent desprinces charmants ou des sorcières métamorphosés en crapaud, évènement maintes fois réutilisé par des humoristes et auteurs de dessins animés et bandes dessinées.
il était volontiers associé à lasorcellerie et auxmaléfices et à la laideur, il entrait dans la composition des philtres et était utilisé dans des rituels magiques. Certains crapauds possèdent effectivement des propriétés médicinales et hallucinogènes encore utilisées de nos jours[7]. On le considère aussi comme la face ténébreuse, infernale et lunaire de lagrenouille et desthéophanies lunaires en font l'attribut mort[8].
il est réputé guérir les brûlures et on dit qu'il ne craint pas lamorsure du serpent.
lesBambaras croient qu'il se transforme en souris pendant la saison sèche.
lesPygmées bambuti le considèrent comme un esprit maléfique responsable de l'installation de la mort sur Terre[8].
pour lesÉgyptiens il est le symbole de la multitude car il réapparaît au printemps par milliers à la saison des pluies et la déesseHéqet a une tête de crapaud. Elle est associée au dieuKhnoum qui sur son tour de potier façonne l'humanité et qui préside à la création et à la naissance des dieux et des planètes[9].
Houfeng Didong Yi ; Sismographe inventé parChang Heng il y a près de 2 000 ans. Un des dragons lâche une bille dans un des crapauds pour donner l'alerte d'un début de tremblement de terre ou la direction d'un épicentre
Les crapauds (comme probablement d'autres espèces) semblent pressentir lesséismes par certains signes discrets.
On a vu enIndonésie que de nombreux animaux avaient quitté le littoral quand la vague dutsunami s'y est jetée. La capacité des crapauds à détecter un tremblement de terre avant les hommes a été confirmée quelques jours avant leséisme de l’Aquila en2009 par des chercheurs de l’Open University et une étude de Rachel Grant du London Institute of Zoology ;
cinq jours avant le séisme, 96 % des mâles avaient quitté la mare où ils étaient observés, or cette mare était située à 74 kilomètres de l’épicentre. Le séisme se préparait au moment de lareproduction des crapauds. Ces derniers ont néanmoins alors provisoirement perdu tout instinct de reproduction et d'amplexus ; ils ont quitté leur mare pour aller s'abriter en forêt.
3 jours avant le séisme, tous les couples en amplexus avaient abandonné la reproduction (aucune fécondation n’a été observée cette année-là avant la fin des dernières répliques[10]).
Ce n'est donc peut-être pas par hasard que ce soit dans la gueule de 12 petits crapauds de bronze que les 12 dragons sculptés entourant les « vases -sismographes » de bronze chinois (ditsHoufeng Didong Yi, inventés parChang Heng) laissaient tomber la bille (autrement en équilibre précaire) qui annonçait letremblement de terre et la direction de sonépicentre[11].