C'est la seconde fois que la France organise la Coupe du monde après1938. Il s'agit du premier Mondial à réunir trente-deux équipes en phase finale.
Un tournoi amical, leTournoi de France, est disputé en1997 en guise de préparation à l'organisation de l'événement.
Le début de cette Coupe du monde est endeuillé par la disparition deFernand Sastre, coprésident (avecMichel Platini) du comité d'organisation de la compétition, qui meurt d'un cancer le matin du.
Le parcours de l'équipe de France, vers le titre à domicile n'est pas des plus aisés : lesBleus, premiers de leur groupe à l'issue du premier tour avec trois victoires, battent leParaguay 1-0 en huitièmes de finale sur un but en or marqué en prolongations parLaurent Blanc, ils éliminent ensuite l'Italie aux tirs au but (4-3) au terme d'un match au score vierge puis viennent à bout de laCroatie en demi-finale grâce au plus improbable des buteurs : le défenseurLilian Thuram qui marque à deux reprises pour la seule fois de sa longue carrière internationale (2-1).
Au cours de la finale face aux tenants du titre brésiliens, qualifiés de leur côté contre lesPays-Bas (1-1 après prolongation, 4-2 aux tirs au but),Zinédine Zidane marque deux buts de la tête sur corner en première mi-temps puisEmmanuel Petit parachève le score (3-0) en fin de match alors que la France joue à dix après l'expulsion deMarcel Desailly.
Le soir, sur lesChamps-Élysées, un million et demi de personnes fêtent la grande victoire desBleus.
La Croatie termine sur le podium en battant les Pays-Bas 2-1 lors de la « petite finale », avec notamment le6e but dans le tournoi deDavor Šuker qui terminesoulier d'or.
En janvier 1991, les fédérations de football de sept pays se portent officiellement candidates à l'organisation de la Coupe du monde de 1998 auprès de laFédération internationale de football association (FIFA). Il s'agit des fédérations de l'Angleterre, duBrésil, duChili, de laFrance, de l'Inde, duMaroc, duPortugal et de laSuisse[2],[3]. Quatre pays se retirent de sorte qu'en septembre 1991 seuls la France, le Maroc et la Suisse sont encore postulants. Ces trois candidatures sont examinées jusqu'en avril 1992 par une commission d'évaluation de la FIFA[2].
La désignation du pays hôte a lieu le 2 juillet 1992 au siège de la FIFA àZurich et est retransmise en direct surTF1 etCanal+. Le comité exécutif de la FIFA attribue l'organisation de l'événement à la France, qui obtient au premier tour douze voix contre sept en faveur du Maroc[2],[4],[5].
La candidature française prend son origine le 21 juillet 1983. Le président de laFédération française de football (FFF)Fernand Sastre signifie à la FIFA l'intention de la France d'organiser à nouveau la Coupe du monde de football en1990 après avoir déjà accueilli le tournoi en1938. Si laFédération italienne de football devait également postuler pour la Coupe du monde de 1990, la fédération française prévoit de reporter sa candidature pour le tournoi 1998. L'Italie étant finalement sur les rangs, la France se retire de processus de désignation pour 1990[6],[2]. En novembre 1986 le nouveau président de la FFF,Jean Fournet-Fayard, se déclare « prêt à constituer un dossier de candidature » pour l'édition 1998 du mondial[2]. Leprésident de la RépubliqueFrançois Mitterrand rend officielle la candidature française le 26 janvier 1989 par un courrier à la FIFA[2]. Cette même année, un comité de candidature est créé par la Fédération française de football[3]. Le slogan de la candidature française est(en) « All of France wants the World Cup »[7] (« La France entière veut la Coupe du monde »).
L'idée d'une candidature marocaine à l'organisation de la Coupe du monde remonte également à 1983 et provient du président du club duWydad ACAbderrazak Mekouar. Le projet apparaît tout d'abord déraisonnable mais est soutenu par leRoi du MarocHassan II dès qu'il en prend connaissance. LaFédération royale marocaine de football (FRMF) postule pour la première fois à l'organisation de laCoupe du monde de 1994, où elle perd face auxÉtats-Unis et en devançant leBrésil. À la suite de cette première tentative, le ministre de la Jeunesse et des SportsAbdellatif Semlali[8] remonte un deuxième dossier de candidature pour la Coupe du monde 1998[5],[9].
L'organisation de la Coupe du monde de 1998 est déléguée par la FIFA à la Fédération française de football. La FFF crée le 10 novembre 1992 le Comité français d'organisation (CFO) pour s'occuper de tous les aspects de l'événement. Le CFO est dirigé par deux coprésidents :Fernand Sastre, ancien président de la FFF et initiateur de la candidature française, etMichel Platini,champion d'Europe 1984[2],[3],[10].
Une commission de la FIFA est chargée de faire le lien entre le Comité français d'organisation et la FIFA. Cette commission est présidée parLennart Johansson, également président de l'UEFA de 1990 à 2007. Son vice-président est l'ArgentinJulio Grondona, également vice-président de la FIFA[11].
Un tournoi amical, le Tournoi de France, est disputé enFrance du 3 au en guise de préparation à la Coupe du monde qui a lieu un an plus tard. Les quatre équipes participant à ce tournoi sont l'Angleterre, leBrésil, laFrance et l'Italie. Le tournoi se déroulait sous la forme d'une poule unique, chaque équipe disputant trois matchs et l'équipe terminant en tête remportant le tournoi. C'est l'équipe d'Angleterre qui remporta le tournoi grâce à deux victoires contre l'Italie et la France et malgré une défaite contre le Brésil.
Les investissements dans les stades de la Coupe du monde 1998 se montent à600 millions d'euros. La construction duStade de France nécessite420 millions d'euros. Les neuf autres stades sont rénovés pour la somme de180 millions d'euros[12].
Le Stade de France n'ayant aucun club de football résident, la répartition de ces investissements ne permet pas réellement aux clubs de football français de se doter de stades modernes en comparaison avec laCoupe du monde 2006. Le Mondial 2006 enAllemagne profite en effet bien plus aux clubs de football allemands : 1,5 milliard d'euros y sont investis pour rénover ou construire douze stades, dont onze sont utilisés par un club[12].
Les174 équipes voulant concourir à la Coupe du monde doivent tout d'abord passer par unephase qualificative, à l'exception de deux équipes nationales : laFrance est automatiquement qualifiée en tant que pays organisateur et leBrésil en tant que champion du monde en titre. Chaque confédération continentale organise une compétition qualificative propre. Le nombre d'équipes qualifiées dans chaque confédération est défini à l'avance :
Le nombre définitif de places allouées à l'AFC et à l'OFC dépend du résultat du barrage intercontinental entre deux représentants de ces zones, le vainqueur de ce barrage étant qualifié pour la Coupe du monde.
Le tirage au sort de la phase qualificative se tient auCarrousel du Louvre àParis le 12 décembre 1995[6],[13]. La compétition se déroule du au 16 novembre 1997[6] et permet, outre la France et le Brésil, à3 équipes nord-américaines, 4 sud-américaines, 14 européennes, 5 africaines et 4 asiatiques d'obtenir leur place pour la Coupe du monde 1998. Aucune équipe d'Océanie ne parvient à se qualifier.
La Coupe du monde 1998 est la première Coupe du monde à32 équipes.
Le tirage au sort de la phase finale est effectué le 4 décembre 1997 à partir de19 h au Stade Vélodrome de Marseille. Il est retransmis en France par la chaîne privéeTF1, qui fait appel àCarole Rousseau etRoger Zabel pour animer la cérémonie. La scène est installée en tribune Ray Grassi. Le tirage au sort est effectué par six joueurs et une joueuse ayant disputé au moins une Coupe du monde, à une exception près :Franz Beckenbauer,Julie Foudy,Georges Carnus,George Weah (qui n'a jamais participé au mondial),Jean-Pierre Papin,Raymond Kopa etMarius Trésor, ainsi que parCarlos Alberto Parreira, entraîneur tenant du titre avec le Brésil.Les modalités suivantes sont appliquées pour le tirage au sort :
le Brésil (champion sortant) et la France (organisateur) sont les seuls à connaître leur affectation de groupe avant le tirage (respectivement placés d'office en A1 et en C1). Compte tenu du tableau défini pour la phase à élimination directe, cet arrangement[15] évite que les deux équipes puissent se rencontrer avant la finale si elles se qualifient en terminant en même temps soit premières soit deuxièmes de leur groupe respectif (dans les cas contraires elles peuvent se rencontrer en quart de finale)[16] ;
l’Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Roumanie et l'Argentine (qui avec le Brésil ont obtenu le plus de points sur les deux précédentes coupes du monde de 1990 et 1994) sont têtes de série et sont tirés au sort pour les positions B1, D1, E1, F1, G1 et H1 ;
pour les 24 autres nations, réparties dans trois chapeaux de huit équipes, le tirage au sort respecte des critères géographiques afin d'éviter que des nations de même confédération s'affrontent au premier tour, à l'exception des nations européennes qui peuvent être deux au maximum par groupe[17].
Le Brésil remporte le match d'ouverture contre l'Écosse sur le score de deux buts à un. Lors de cette première journée, le Maroc et la Norvège se séparent sur un match nul. Lors de la deuxième journée, le Brésil bat le Maroc trois buts à zéro et assure sa qualification pour le tour suivant dès son deuxième match. La Norvège et l'Écosse se neutralisent : un but partout.
Lors de la dernière journée, le Maroc bat l'Écosse trois buts à zéro. Les Marocains pensent être qualifiés mais la Norvège surprend le Brésil et empoche le second ticket pour les huitièmes de finale en gagnant une rencontre sans le moindre enjeu pour les Brésiliens qui, grâce au barème de la victoire à trois points, étaient déjà mathématiquement assurés de terminer à la première place du groupe. Cette victoire déchaîne les médias car la Norvège obtient unpenalty jugé inexistant par de nombreux observateurs. L'arbitre du match, l'AméricainEsfandiar Baharmast, est dans un premier temps vivement critiqué et des voix s'élèvent pour réclamer l'arbitrage vidéo. Néanmoins, quelques jours plus tard, une vidéo prise d'un angle différent de celui du direct, réhabilite l'arbitre et démontre que la faute du défenseur brésilienJúnior Baiano est bien réelle, la faute étant commise juste avant le début du ralenti diffusé en direct où l'on ne voit que la chute du joueur norvégienTore André Flo, et pas le tirage de maillot qui précède et provoque cette chute. La Norvège est finalement la seule équipe du groupe invaincue au premier tour.
La première journée est ponctuée de matchs nuls : l'Italie est accrochée par le Chili emmené par son duo d'attaqueZamorano-Salas. Dans l'autre match, le Cameroun et l'Autriche se neutralisent. Le but Camerounais est inscrit par Njanka au terme d'une longue remontée du terrain.
Lors de la seconde journée, l'Italie bat le Cameroun trois buts à zéro tandis que le Chili et l'Autriche font à nouveau match nul.
Lors de la dernière journée, l'Italie assure sa qualification en battant l'Autriche. Dans l'autre match, le Chili et le Cameroun se séparent sur un match nul. Le Chili se qualifie donc en ayant réalisé trois matchs nuls. Dans ce groupe il y a eu quatre nuls en six matchs et l'Italie est la seule des quatre équipes à avoir gagné au moins un match.
Avec9 points,3 matchs gagnés,9 buts marqués et 1 seul but encaissé, la France présente le meilleur bilan des8 groupes. Seule ombre au tableau : l'expulsion deZinédine Zidane qui sera suspendu pour2 matchs, coupable d'avoir marché sur le capitaine saoudienFuad Amin. Dugarry offre le premier but français de la compétition et met fin à toute discussion quant à sa sélection controversée pour le Mondial.Le Danemark a quelque peu déçu en faisant le service minimum dans ce groupe (1-0 contre les Saoudiens et un nul contre les Sud-Africains).L'Arabie saoudite entre dans l'histoire en se séparant de son entraîneur après deux matchs de poule. Le dernier match Arabie saoudite-Afrique du Sud se terminera par trois pénalties.
La victoire du Nigeria contre l'Espagne (3-2) au terme d'une rencontre spectaculaire à Nantes crée la sensation lors de la première journée, tandis que dans l'autre match le Paraguay et la Bulgarie, elle-même demi-finaliste de la précédente coupe du monde en 1994, se sont neutralisés (0-0). Lors de la deuxième journée le Nigeria est encore la seule équipe du groupe à gagner (1-0 contre la Bulgarie) car l'autre match, entre l'Espagne et la Paraguay, se solde à nouveau par un score nul et vierge. Ainsi le Nigeria est déjà non seulement qualifié mais surtout mathématiquement assuré de terminer à la première place du groupe après seulement deux matchs, cela grâce au nouveau barème de la victoire à trois points introduit en Coupe du monde en 1994. Cette situation a une influence sur le déroulement de la dernière journée du groupe : le vainqueur du match Espagne-Bulgarie pouvait se qualifier à condition que la Paraguay ne batte pas le Nigeria. Or dans un match sans le moindre enjeu pour l'équipe africaine, le Paraguay s'impose sans surprise (3-1) pour assurer sa qualification. Le réveil des Espagnols qui écrasent les Bulgares 6-1 dans l'autre rencontre est alors inutile. L'Espagne qui abordait le tournoi avec de grandes ambitions termine troisième et est éliminée tout comme la Bulgarie, demi-finaliste surprise en 1994, qui se classe dernière du groupe avec un seul point.
Les deux pays européens de cette poule, Belgique et Pays-Bas, se neutralisent (0-0). Les Mexicains défont les Sud-Coréens3 buts à 1. Les Néerlandais infligent une deuxième défaite aux Asiatiques par5 buts à 0, tandis que Belges et Mexicains marquent deux buts chacun dans le match qui les oppose, sous une chaleur accablante, à Bordeaux. Le groupe est disputé : avec une victoire et un nul chacun, les Néerlandais et les Mexicains abordent la dernière journée avec une petite avance sur les Belges, encore en course pour la qualification. Grâce à une meilleure différence de buts, un nul suffit aux Pays-Bas contre le Mexique pour passer au second tour et c'est ce qui se produit : match nul 2-2. Ce score est finalement également favorable au Mexique car dans l'autre match la Belgique est incapable de battre la Corée du Sud (1-1). Troisièmes du groupe, les Belges quittent le tournoi invaincus.
Les États-Unis sont l'une des deux équipes du tournoi à perdre leurs trois matchs de poule : d'abord 2-0 contre les Allemands, puis 2-1 face à l'Iran, et enfin 1-0 contre la Yougoslavie. Entretemps, la Yougoslavie a défait l'Iran 1-0 et a fait match nul 2-2 contre l'Allemagne. Les Allemands ont battu l'Iran 2-0. Résultat : Allemands et Yougoslaves se qualifient dans cet ordre, Américains et Iraniens rentrent chez eux.
Forts de leur parcours correct aux États-Unis quatre ans plus tôt (ayant notamment écarté les Argentins en huitièmes de finale), les Roumains confirment leur rang. Vainqueurs 1-0 de la Colombie et de l'Angleterre 2-1, ils se contentent d'un nul 1-1 face aux Tunisiens pour s'assurer la première place du groupe. Les Anglais se qualifient également en gagnant leurs deux autres matchs face aux Tunisiens (2-0) et aux Colombiens (sur le même score) lors d'une rencontre décisive en dernière journée.
Le Japon, la Jamaïque et la Croatie sont les nouveaux venus de cette Coupe du monde, mais seule la Croatie parviendra à briller. Les Croates, emmenés parDavor Šuker, futur meilleur buteur de la compétition, défont en effet la Jamaïque 3-1 et le Japon 1-0 et assurent leur qualification après seulement deux matchs. La Croatie laisse toutefois la première place du groupe à l'Argentine en s'inclinant contre celle-ci 1-0. L'Argentine est l'une des deux équipes, avec la France, à remporter tous ses matchs de poule.
Comme60 ans auparavant, austade Vélodrome, les Italiens battent les Norvégiens en huitièmes de finale de la Coupe du monde. Le seul but du match est inscrit par Christian Vieri.
Pour la première fois en Coupe du monde, la règle dubut en or en prolongation est appliquée. Ce sont les hôtes français qui en profitent en éliminant un Paraguay remarquable et robuste.
Le Mexique dispute son deuxième huitième de finale d'affilée et échoue une fois de plus à ce stade. Après avoir pourtant ouvert le score, les Mexicains craquent en fin de match contre l'Allemagne qui accède au stade des quarts de finale pour la douzième fois consécutive (2-1).
La Croatie, surprise de ce mondial, marche sur les traces de la surprenante Bulgarie d'il y a4 ans en éliminant la Roumanie sur la plus petite des marges.
C'est le seul huitième de finale où la qualification sera accordée après une séance de tirs au but, en conclusion d'un match spectaculaire (2-2 après prolongation). L'Argentine élimine l'Angleterre.
La France et l'Italie ne parviennent pas à se départager dans le match. Malgré de nombreuses occasions, les défenses prennent le pas sur les attaques, et aucun but n'est marqué pendant120 minutes. Vient la séance de tirs au but : la France manque un tir (arrêté par le portier italien) tout comme l'Italie lors de la tentative suivante. Lors du tout dernier tir de la séance, l'italien di Biagio envoie le ballon sur la barre transversale de Fabien Barthez, qui était battu, et qualifie malgré lui la France pour les demi-finales.
Le Brésil vient à bout du Danemark sur le score de 3-2 et se retrouve une nouvelle fois en demi-finale. Les Scandinaves avaient pourtant ouvert le score très tôt dans le match (2e minute), comme lors de leur précédente rencontre.
Les Pays-Bas battent l'Argentine,20 ans après la finale duMundial perdue par lesOranje contre l'Albiceleste, et retrouvent le dernier carré pour la première fois depuis 1978, grâce aux buteurs Kluivert et Bergkamp, qui inscrit un but spectaculaire dans les tout derniers instants du match, alors que les deux équipes jouaient à 10.
L'Allemagne, pourtant donnée favorite, s'effondre au cours de ce quart de finale face aux néophytes croates, très habiles en contre (3-0), et échoue à ce stade pour la seconde fois consécutive. L'Allemand Matthäus devient le deuxième joueur à avoir pris part à 5 Coupes du monde, après le Mexicain Antonio Carbajal (de 1950 à 1966).
Comme4 ans plus tôt, mais dans d'autres circonstances et à un autre stade, le Brésil élimine les Pays-Bas. Grâce à une séance de tirs au but victorieuse, le Brésil se prépare ainsi à disputer sa deuxième finale d'affilée, se rappelant au bon souvenir des finales jouées en 1958 et 1962.
La France encaisse le premier but en début de seconde mi-temps, et doit sa qualification pour la finale à Lilian Thuram qui égalise puis inscrit le but de la qualification pour la finale de la Coupe du monde à vingt minutes de la fin du match. Ce sont les deux seuls buts marqués par le défenseur Thuram en 142 sélections en Équipe de France.
En battant les Pays-Bas 2 à 1, la Croatie obtient la troisième place du mondial pour sa toute première participation. Le Croate Davor Šuker finit meilleur buteur avec 6 réalisations en7 matchs. Les Pays-Bas, quant à eux, arrivent pour la troisième fois dans le dernier carré mais contrairement à 1974 et 1978 ils ne parviennent pas en finale.
Prenant dès le coup d'envoi le jeu à son compte, la France se rue à l'assaut du but deCláudio Taffarel. En l'espace de quelques minutes,Stéphane Guivarc'h se retrouve à deux reprises en face à face avec le portier brésilien, tout d'abord à la suite d'un long ballon aérien deDidier Deschamps, puis sur une ouverture deZinédine Zidane à l'issue d'un travail deYouri Djorkaeff. Mais les deux fois, Guivarc'h ne parvient pas à trouver le cadre. Alors que le match tend à s'équilibrer et que le Brésil réussit quelques dangereuses tentatives de buts dans le camp français, les Bleus remettent la pression sur leur adversaire. Coincé à proximité du poteau de corner,Roberto Carlos concède ainsi un coup de pied de coin évitable à la27e minute. Tiré parEmmanuel Petit, le corner trouve la tête de Zidane qui ouvre le score. 1-0 pour la France.
Alors que la première mi-temps touche à sa fin, Guivarc'h perd encore un duel face à Taffarel, qui dévie une frappe de l'attaquant auxerrois en corner. Tiré à nouveau par Petit sur le côté droit, le corner est dégagé par la défense brésilienne. Nouveau corner, côté gauche cette fois, tiré par Djorkaeff. Démarqué au beau milieu de la défense brésilienne, sans même avoir à sauter, Zidane inscrit de la tête le deuxième but français. 2-0 pour la France.
Dès l'entame de la seconde période, le sélectionneur brésilien décide de jouer l'attaque à outrance. Milieu de terrain relayeur,Leonardo cède sa place àDenílson, craint pour sa qualité de dribble. De plus en plus pressants, les Brésiliens se créent une nouvelle occasion lorsque, décalé par une transversale de Roberto Carlos,Ronaldo se trouve en position de frapper au but quasiment à bout portant. MaisFabien Barthez bloque la frappe de l'attaquant brésilien, qui se montrait amorphe depuis le début de la rencontre.
Le sort du match semble près de basculer à la67e minute avec l'expulsion deMarcel Desailly, le patron de la défense française. Déjà averti quelques minutes plus tôt, Desailly reçoit un second carton jaune synonyme d'exclusion en taclant irrégulièrementCafu.Aimé Jacquet fait alors sortir Djorkaeff pour le remplacer par un milieu défensif (Patrick Vieira), tandis qu'Emmanuel Petit glisse au poste plus qu'inhabituel pour lui d'arrière central à la place de Desailly. Réduits à dix, les Français subissent les assauts de Brésiliens qui ne parviennent pas à inquiéter les Français, si ce n'est à la suite d'un enchaînement de Denílson dont la frappe touche le haut de la barre transversale de Barthez.
LeBallon d'or Adidas est la récompense attribuée au meilleur joueur de la Coupe du monde. Ce trophée est remporté parRonaldo à la suite d'un vote desjournalistes couvrant le tournoi[22]. Celui-ci occupe pendant la compétition le poste d'attaquant aux côtés deBebeto, marquant quatre buts en sept rencontres. Dans le jeu, Ronaldo se replace souvent au milieu du terrain puis utilise sa vitesse et sa capacité dedribble pour pénétrer les défenses adverses. Il participe également, notamment par destacles, à la récupération du ballon en cas de perte de balle de son équipe[23].
Le Ballon d'argent et le Ballon de bronze désignant respectivement les deuxième et troisième meilleurs joueurs de la compétition sont attribués respectivement au CroateDavor Šuker et au FrançaisLilian Thuram.
LeSoulier d'or est le trophée attribué au meilleur buteur de la compétition. Le CroateDavor Šuker remporte ce trophée avec six buts[22]. Il inscrit ces six buts, dont unpenalty, en disputant l'intégralité des sept rencontres de l'équipe croate[24]. Il évolue aux côtés deGoran Vlaović au sein d'une attaque croate privilégiant le jeu de contre-attaque. Pendant la Coupe du monde, Davor Šuker est capable de décider de l'issue d'un match à lui tout seul par ses qualités dedribble et de contrôle de balle. Grâce à sa faculté à se positionner au bon endroit au bon moment, il est un danger permanent pour l'adversaire[25].
Davor Šuker devance l'ArgentinGabriel Batistuta et l'ItalienChristian Vieri, qui obtiennent tous les deux le Soulier d'argent en ayant marqué cinq buts au cours de la compétition[22].
Lors de cette Coupe du monde, deux autres trophées sont décernés à titre individuel et deux autres le sont à titre collectif.
Leprix Lev Yachine du meilleurgardien de but est attribué au FrançaisFabien Barthez[22]. Il remporte ce prix en encaissant deux buts en sept matchs[26]. Le prix du but le plus rapide est remporté par le ParaguayenCelso Ayala pour avoir marqué après45 secondes contre le Nigeria dans le dernier match dugroupe D, le 24 juin[22].
Leprix du fair-play est attribué par la FIFA conjointement à l'Angleterre et à la France. Ces deux équipes totalisent828 points et devancent les sélections de Norvège (822 points) et du Brésil (816 points). L'équipe de France est également lauréate du prix de l'équipe la plus spectaculaire du tournoi[22].
32 équipes participent à la Coupe du monde et 174 à la phase qualificative de la compétition.
Un total de171 buts sont marqués à l'occasion des 64 rencontres disputées, ce qui donne une moyenne de 2,67 buts inscrits par match[27] devant 43 366 spectateurs par rencontre (2 775 400 au total)[1]. La rencontre la plus riche en buts est le match du groupe D du premier tour gagné 6-1 par l'Espagne contre la Bulgarie. 18 penaltys sont accordés.
Trois équipes sont restées invaincues durant leur parcours dans la compétition, il s'agit logiquement de la France mais aussi de la Belgique (trois matchs nuls) et de l'Italie (éliminée aux tirs-au-but)[1].
C’est la deuxième fois qu’une équipe remporte la Coupe du monde après avoir manqué les deux éditions précédentes depuis l’Uruguay en 1950 (qui n’avait toutefois pas pris part aux éliminatoires des éditions 1934 et 1938).
Le 9 juin 1998, à la veille du premier match de la Coupe du monde, une procession de quatregéants dans les rues deParis est organisée parJean-Pascal Lévy-Trumet, avec retransmission télévisée de plus de quatre heures surTF1. Chaque personnage d'environ vingt mètres de hauteur représente un continent : Ho pour l'Asie, Moussa pour l'Afrique, Pablo pour l'Amérique et Roméo pour l'Europe[28],[29],[30].
Les armatures des géants sont recyclées rapidement[32]. Le journalLe Monde enquête en 2002 pour retrouver les têtes pesant chacune un peu moins d'une demi-tonne[30]. Celle volée de Ho est brûlée dans le13e arrondissement de Paris pendant l'été 1998[30]. Le devenir de celle de Moussa est inconnu après la faillite d'une entreprise normande qui l'a récupérée, la mairie deDrancy n'ayant pas les 30 000 euros nécessaires pour réparer les dégâts et l'installer au lycée Delacroix, après qu'elle a été déposée dans la commune par des voleurs[30]. Le chef de Pablo se trouve en 2002 sur une propriété privée auxLoges-en-Josas[30]. Exposée un mois sur le parking d'un centre commercial àMoisselles, la tête de Roméo est installée àSoisy-sous-Montmorency, l'équipe de football locale ayant remporté le tournoi dont elle était le prix[30],[33].
Douze pièces de10 francs à500 francs en métal précieux, dont onze œuvres deJoaquin Jimenez, ont été frappées en 1998 pour la Coupe du monde de football.
En trois émissions en1996 et1997, chacune des dix villes dont les stades accueillent des matches de la Coupe ont droit à un timbre aux couleurs de leur équipe de football, montrant une action de jeu[35]. Les dix timbres sont repris en un bloc-feuillet en janvier 1998, organisés autour d'une photographie aérienne duStade de France[36].
Le 2 mars1998, est émis le premier timbre de France de forme ronde : un ballon bleu sur un patchwork de drapeaux du monde. Ce timbre est réémis avec la mention « Champion du monde FRANCE » dans les jours qui suivent la finale[36].
La chanson officielle deFrance 98 estLa copa de la vida interprétée parRicky Martin[37].
L'hymne officiel, quant à lui, s'intituleLa Cour des grands et est interprété par la chanteuse belgeAxelle Red et le chanteur sénégalaisYoussou N'Dour. Ils ont chanté ce titre le 4 décembre 1997 lors du tirage au sort àMarseille et à nouveau lors de la cérémonie d'ouverture le 10 juin 1998 auStade de France[38].
Les rencontres de la Coupe du monde sont retransmises dans200 pays. Ce sont 818photographes qui sont accrédités pour le tournoi. À chaque rencontre, une tribune est réservée aux médias. Le nombre de places qui leur est accordé atteint son maximum pour la finale, où 1 750reporters et 110commentateurs de télévision sont présents en tribune[41].
Il a été estimé qu'un million et demi de personnes[43],[44] se sont rassemblées spontanément sur lesChamps-Élysées le 12 juillet au soir après la victoire de la France sur son terrain en finale de la coupe du monde (3 à 0 contre le Brésil). Cette soirée a cependant été endeuillée par un grave accident de la circulation, une voiture s'étant retrouvée immobilisée au milieu de la foule car l'avenue n'avait pas été fermée à la circulation à tous les endroits. La conductrice, de santé mentale instable et ayant cédé à une crise d'angoisse, a paniqué et est partie en trombe dans la foule, blessant80 personnes, dont 11 gravement[45]. L'une d'entre elles, un directeur de société tchèque est décédé des suites de ses blessures[46]. Une autre « voiture folle » a fait une dizaine de victimes sur les Champs-Élysées, ce soir là, elle était conduite par un avocat anglais ivre qui fut incarcéré6 jours[47]. Les Champs-Élysées se sont alors transformés en hôpital de campagne vers3 heures du matin et ont été désertés[48].
Le 13 juillet 1998, lendemain de la finale, plus de 500 000 personnes sont venues rendre hommage aux Bleus remontant l'avenue des Champs-Élysées dans un bus à impériale[49].
Unfilm documentaire relate la vie de groupe des joueurs de l'équipe de France de football à la Coupe du monde 1998. Le nom du documentaire estLes Yeux dans les Bleus et fait référence au surnom de l'équipe de France de football, les « Bleus ». Le film est réalisé parStéphane Meunier, qui partage et filme à l'aide d'une petite caméra la vie du groupe de l'équipe de France pendant toute la compétition.
L'associationFrance 98 est créée après la victoire de l'équipe de France. Elle regroupe la plupart des joueurs de l'équipe victorieuse de la Coupe du monde 1998 et joue des matchs à vocation caritative.
Pour fêter le dixième anniversaire de la victoire française en Coupe du monde, une rencontre est organisée entre l'équipe France 98 et une sélection mondiale. La tenue d'unremake de la finale entre la France et le Brésil ne peut se faire parce que la sélection brésilienne ne souhaite pas « revivre le cauchemar » de 1998[50].
Le match entre France 98 et la sélection mondiale a lieu auStade de France devant 78 000 spectateurs, dix ans jour pour jour après le sacre de 1998[51],[52]. L'équipe France 98 est dirigée parAimé Jacquet et comprend tous les champions du monde 1998 saufEmmanuel Petit qui refuse de participer à l'événement[50]. L'équipe du reste du monde est dirigée parArsène Wenger etHristo Stoitchkov. La rencontre se termine sur le score de 3-3 avec notamment trois buts marqués dans les toutes dernières minutes de la partie[53].
Le soit20 ans après, l’équipe de France remporte laCoupe du monde en Russie avec pour sélectionneurDidier Deschamps qui était capitaine lors de la victoire de 1998, il devient alors le troisième joueur à remporter la compétition en tant que joueur et en tant que sélectionneur.
Un « effet Mondial » a souvent été évoqué, notamment pour qualifier l'impact positif sur l'économie de la France (dopage de la croissance et amélioration dumoral des ménages), mais des études rétrospectives ont montré l'absence de « miracle économique » et attribuent même ce supposé effet économique à « une construction médiatique »[54]. L'effet ponctuel est cependant indéniable : « La presse sportive augmente sa diffusion et les droits télévisés connaissent une inflation qui profite aux clubs professionnels dont le nombre d'abonnés et de spectateurs vient d'augmenter, sans oublier les effets bénéfiques sur les partenaires des Bleus (marques) »[55].
Les retombées sportives sont transitoires puisque « les clubs de jeunes accueillent un mini baby-boom avec une augmentation de 12 % de licenciés »[55].
L'impact sociologique de cet « effet Mondial » relève également du mythe. Le sociologue Karim Souanef[56] montre comment les journalistes français se sont unis pour refléter un sentiment de concorde nationale,une France « Black Blanc Beur » qui devait réconcilier deux France séparées et être« représentative de la France des provinces, desDOM-TOM et de l'ancien empire colonial »[57]. Cette interprétation journalistique, révélatrice de la « desportivisation » de l'information au profit de la surpolitisation de cet événement footballistique, s'est faite selon Souanef par un « usage intensif et collectif de représentations stéréotypées tendant à imposer de nouveaux schèmes de représentations à l’opinion publique »[58]. PourDominique Sopo, président de SOS Racisme, legouvernement Jospin « aurait pu se servir de cette victoire en Coupe du monde comme d'un levier, pas simplement comme d'un cache-sexe montrant une belle image de la France à vendre aux touristes » mais les pouvoirs publics n'ont eu aucune politique volontariste pour capitaliser cet élan. Sopo estime que continuer à parler d' « effet Mondial » relève d'une forme d'escroquerie[59]. SelonGilles Clavreul, « penser qu'une équipe de France diverse par ses origines va rendre la société plus harmonieuse et plus tolérante relève de lapensée magique » car le sport de haut niveau n’est pas représentatif de la société : « une équipe nationale, c'est la conjonction de talents individuels hors normes, de parcours où la chance a sa part (…) et d’un système de formation, d’entraînement, de sélection et de compétition qui repose à la fois sur des acteurs publics, des clubs, des investisseurs, etc. ». Le professeur de philosophie Éric Deschavanne voit pour sa part des valeurs intégratrices dans le football, estimant que « l’équipe de France de foot est devenue un vecteur d’identification nationale, et qu’elle représente en conséquence un symbole de la communauté nationale », et que « le 12 juillet 1998 incarne le rêve français de l’intégration réussie[60],[61]. À l'inverse, l'essayiste spécialiste du sportMarc Perelman analyse la victoire comme une « footballisation » de la société et non comme une lutte antiraciste grâce au football. Si la « footballmania » envahit la structure même de l'État, les idées d'universalité et d'égalité sont selon lui loin d'être servies par ce sport qui ne joue aucun rôle pour endiguer le racisme « qui dévore la société française »[62]. Selon l'historien Frédéric Attal, les effets bénéfiques sur l'intégration n'ont pas eu lieu sans doute parce que n'était pas dissipée l'ambivalence, « entre valorisation des identités particulières ou au contraire fusion dans un collectif qui fasse abstraction de ces différences »[55].
Les retombées politiques sont également ponctuelles. L'effet transitoire sur les problèmes de l'extrême droite française sont résumés dans un dessin politique dePlantu publié dansL'Express après cette victoire : « pendant que l'équipe de France black-blanc-beur chantela Marseillaise et que le peuple français acclame Thuram, Zidane et Karembeu, un collaborateur consoleLe Pen en disant : « Ne pleure pas,Jean-Marie ! Si ça se trouve, la finale du prochain Mondial, ce sera peut-être Nigeria-Cameroun, » sur quoi Le Pen, tombe de sa chaise à la renverse[63] ». L'« effet Mondial » a également un impact éphémère sur l'opinion des français à l'égard de l'exécutif : le président de la RépubliqueJacques Chirac regagne immédiatement15 points de cote de popularité, le Premier MinistreLionel Jospin10 points[57],[64].
↑« Paris, capitale d'un monde de foot - Le tirage au sort des éliminatoires du Mondial 98 a eu lieu hier au Louvre. »,Libération,, sports(lire en ligne).
↑a etbPremière participation de la Croatie en tant que nation indépendante, faisant suite aux 8 participations (de 1930 à 1990) de la Yougoslavie et dont la Croatie était membre à l'époque où se sont déroulées les Coupes du monde concernées.L'équipe de Yougoslavie de 1998 n'a deYougoslavie plus que le nom après ladislocation entamée en 1991. Nom qui changera enSerbie-Monténégro (CM 2006), avant que la Serbie prenne le relais en tant que cessionnaire de la Yougoslavie (CM 2010 et 2018).
↑A. T.-C., « Coupe du monde 1998 : les questions pour comprendre la « magouille » de Platini »,L'Équipe,(lire en ligne).
↑Cyril Morin, « Vidéo – Platini avoue "une petite magouille" en 1998 pour que la France et le Brésil s’évitent »,Eurosport,(lire en ligne).
↑Lionel Froissart, « Coupe du monde 1998 : tirage à Marseille, J - 1. Petits arrangements avec le sort. Huit têtes de série ont été désignées: six pays européens et deux sud-américains. »,Libération,(lire en ligne).
↑KarimSouanef,« La victoire des "Bleus 98" : de la psychologie populaire dans l'interprétation journalistique », dans André Gounot, Denis Jallat, Michel Koebel (dir.),Les usages politiques du football, éditions L'Harmattan,, 197 p.,p. 55-82.
↑Yvan Gastaut,Le métissage par le foot : l'intégration, mais jusqu'où?, Autrement,,p. 97.
↑Hugh Dauncey et Geoffrey Hare,Les Français et la coupe du monde de 1998, Nouveau Monde éditions,,p. 219.
↑Yvan Gastaut, « Milieux politiques, immigration et Coupe du monde 1998 de football : la parenthèse enchantée »,Migrations Société,vol. 110,no 2,,p. 141-151(lire en ligne)
Paul Lecroart, Hélène Sallet-Lavorel, « L’impact de la Coupe du monde de football de 1998 en Île-de-France »,Cahier Espaces, Éditions Espaces Tourisme & Loisirs,no 74 « Événements, tourisme et loisirs »,(résumé)