LaCoupe du monde de football 1954 est la cinquième édition de laCoupe du monde de football. Elle se tient enSuisse du au. Cette édition voit la victoire en finale de laRFA contre laHongrie par 3 buts à 2. En raison du rapport de force entre les deux équipes (laHongrie était donnée largement favorite par rapport à laRFA), la victoire de l'Allemagne est surnommée «Das Wunder von Bern» (le miracle deBerne) enallemand. La défaite des Hongrois, qui survient après quatre ans d'invincibilité, reste à jamais l'un des plus grands échecs de l'histoire du football, tant l'équipe hongroise impressionnait par la qualité de son jeu. Bien que le titre de champion du monde manque à son palmarès, elle est considérée comme l'une des plus grandes et des meilleures de l'histoire.
Choisie dès 1946 pour accueillir la Ve Coupe du monde, la Suisse dispose d'un délai confortable pour préparer l'évènement, programmé pour 1954. Elle possède des infrastructures footballistiques bien plus développées que leBrésil, hôte du mondial quatre ans plus tôt. Finalement, seul leStade Saint-Jacques est construit àBâle, pour un coût de trois millions de CHF[1].
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Après l’arrêt de la compétition en raison de laSeconde Guerre mondiale, leBrésil et laSuisse sont les seuls pays à poser leurs candidatures pour l’organisation respective des Coupes du monde 1949 et 1951. Ils sont désignés comme pays hôtes de ces deux tournois le 26 juillet 1946 lors du congrès de la FIFA àLuxembourg[2]. Le 27 juillet 1948, les Coupes du monde 1949 et 1951 sont reprogrammées en 1950 et 1954[2], retrouvant ainsi le rythme quadriennal les années paires où lesJeux olympiques ne sont pas organisés (comme cela avait été le cas avant-guerre avec les mondiaux de 1930, 1934 et 1938).
Les Magyars passent le premier tour facilement, infligeant même un sévère 8-3 à l'équipe allemande. Mais l'entraîneur allemand,Sepp Herberger, considérant le match comme perdu d'avance, aligne une équipe composée surtout de réservistes. Sous la vigueur des tacles allemands, la vedette Puskás sort blessée de cette rencontre et manque les parties suivantes.
Le quart de finale face auBrésil est bien plus dur pour les hommes de Gusztáv Sebes. Dominés au niveau du jeu, les Brésiliens produisent un jeu de plus en plus agressif, souvent à la limite de la régularité. Mais ils ne peuvent empêcher la victoire hongroise. La demi-finale face à l'Uruguay, si elle est bien plus régulière au niveau du jeu, est tout aussi éprouvante pour les joueurs dirigés par l'entraîneur Sebes qui exige d'eux le maximum à chaque match. Face au champion sortant qui n'a jamais perdu une rencontre de Coupe du monde jusque là et qui livre une opposition de très haut niveau, les Hongrois doivent puiser dans leurs réserves pour faire la différence dans les prolongations.
De l'autre côté, l'Allemagne, s'étant qualifiée dans le match d'appui face à laTurquie, connaît un parcours bien plus facile en quart de finale et en demi-finale, éliminant respectivement une équipe deYougoslavie décevante (2-0) et uneéquipe d'Autriche abordable (6-1). Les Allemands se présentent donc en meilleure condition physique et mieux préparés aux conditions météo qui leur seront favorables le jour de la finale.
La pluie qui tombe sur leStade du Wankdorf deBerne l'après-midi du 4 juillet 1954 n'avantage pas le jeu hongrois. L'équipe de Hongrie, comptant à nouveau Puskás dans ses rangs, prend pourtant rapidement l'avantage et mène 2-0 après huit minutes. Mais le onze allemand réduit le score dans les minutes qui suivent, puisHelmut Rahn, l'un des deux héros allemands de la finale avec le gardienAnton Turek, égalise après 18 minutes. La rencontre s'équilibre, les joueurs hongrois sont émoussés et mis également en difficulté par l'état d'un terrain qui ne favorise pas leur jeu technique. Ils manquent surtout de réussite dans leurs offensives, touchant le cadre à plusieurs reprises. Les Allemands arrivent aussi à porter régulièrement le danger devant les cages hongroises et finalement c'est à nouveau Rahn qui trouve la brèche et marque le 3-2 à cinq minutes de la fin. Dans les ultimes minutes, Puskás pense égaliser mais son but est annulé pour hors-jeu. Les Allemands sont sacrés champions du monde.
À l'issue du tournoi, les joueurs hongrois sont ramenés au pays en discrétion, afin de leur éviter la confrontation avec les supporters déçus. Désigné comme bouc émissaire par les officiels, le gardien Grosics est écarté de la sélection nationale pour deux ans. Les stars, très cotées à l'étranger,profiteront de matches de Coupe d'Europe pour quitter la Hongrie en 1956, lors de l'insurrection de Budapest[réf. nécessaire], tels Puskás qui rejoindra leReal Madrid ou Kocsis leFC Barcelone.
Les vainqueurs allemands sont célébrés à leur retour, dès le passage de la frontière. Mais presque tous, à l'exception deFritz Walter et de Rahn, retombent dans un certain anonymat dans les années qui suivent, certains ayant pris peu après leur retraite sportive. La formation qui a gagné la finale de Berne ne rejouera plus qu'un seul match, de gala en 1967.
Le premier tour, joué en groupes (quatre poules de quatre), a vu l'application d'une formule originale, basée sur les « têtes de série », qui n'aura lieu que lors de cette édition 1954. Chacune des 4 poules comporte en effet 2 équipes tête de série (désignées par la FIFA selon leur classement par les résultats en matchs officiels et amicaux). Les 2 têtes de série (qui ne s'affrontent pas entre elles) jouent contre les deux autres équipes (qui ne s'affrontent pas non plus entre elles). Ce n'est qu'en cas d'égalité de points pour une place qualificative à l'issue des deux journées que les équipes peuvent être amenées à s'affronter au cours d'un match d'appui[4].
Les nations têtes de série ont été choisies avant le tirage au sort de la phase finale de la Coupe du monde qui a eu lieu le 30 novembre 1953, soit bien avant la fin des qualifications. Ainsi, au moment du tirage la moitié seulement des participants était déjà connue. Cinq des huit têtes de série désignées étaient déjà qualifiées ou assurées de l'être (Uruguay,Autriche,Hongrie,France etAngleterre), et deux autres obtiendront facilement leur ticket en début d'année 1954 (Italie et Brésil). Restait l'Espagne, choisie comme tête de série en raison de sa quatrième place en 1950, qui rencontra des difficultés face à l'unique adversaire de son groupe éliminatoire. Après une victoire et une défaite contre laTurquie (partage des points sur les deux matchs), l'Espagne a en effet dû jouer un match d’appui contre la Turquie sur terrain neutre. Le match d’appui s'est soldé sur un score de parité après prolongation et n’a pas permis de départager les deux équipes. Un tirage au sort a alors été effectué, envoyant laTurquie à la Coupe du monde « à la place » de l’Espagne.
Dans les classements, les noms des équipes tête de série sont suivis d'un astérisque (*), les qualifiés directement après deux matchs sont indiqués engras.
Autres particularités de ce mondial :
en cas d'égalité à la fin du temps règlementaire, une prolongation de deux fois quinze minutes est disputée systématiquement. Dans le cadre du premier tour, si le score est toujours de parité à l'issue de la prolongation, le point du match nul est attribué à chacune des deux équipes ;
la non prise en compte absolue des scores, buts marqués, encaissés, moyenne ou différence, pour départager des équipes se retrouvant à égalité au classement. En cas d'égalité de points pour une place qualificative, un match d'appui est disputé entre les équipes concernées. En cas d'égalité de points à la tête du groupe, un tirage au sort a lieu afin d'attribuer les places respectives des deux qualifiés dans le tableau final.
Le Brésil se qualifie sans frayeur en laminant leMexique 5-0 et en concédant un match nul 1-1 après prolongation contre la Yougoslavie. La France ne profite pas de son statut de tête de série. Elle perd contre la Yougoslavie, et sa victoire contre le Mexique ne la sauve pas de l'élimination car les Yougoslaves et lesAuriverdes se partagent les points du match nul dans le même temps. À égalité en tête du groupe avec le Brésil, la Yougoslavie est désignée « première » par tirage au sort et se retrouve placée dans la partie basse du tableau des quarts de finale[5].
Le Onze d'or Hongrois écrase les néophytes coréens 9-0 et les Allemands 8-3. Les Allemands et les Turcs gagnent chacun une fois, ce qui les met à égalité de points. Un match d'appui remporté sans surprise par laMannschaft qui avait déjà surclassé la Turquie quelques jours plus tôt permet ainsi de les départager.
Le champion sortant uruguayen gagne tous ses matchs (2-0 contre les Tchécoslovaques et 7-0 contre l'Écosse, dont c'est la première participation après son forfait 4 ans plus tôt). L'Autriche réalise le même exploit mais sur des scores différents (1-0 contre l'Écosse et 5-0 contre la Tchécoslovaquie). Les deux qualifiés n'ont réalisé que des victoires sans se rencontrer (étant donné leur statut de tête de série) et ont gardé leurs cages inviolées. À égalité de points avec l'Uruguay, l'Autriche est désignée « première » du groupe par tirage au sort et se retrouve placée dans la partie basse du tableau des quarts de finale[5].
Il s'agit de la seule poule de quatre équipes de premier tour d’une Coupe du monde à comporter des équipes d'un seul et même continent, l'Europe[9]. La Suisse bat l'Italie et l'Angleterre réalise un bon nul après prolongation 4-4 contre la Belgique. Puis la Belgique est battue par l'Italie et l'Angleterre bat la Suisse. Résultat : avec une victoire et une défaite chacun, la Suisse et l'Italie doivent se départager en match d'appui. La Suisse l'emporte à nouveau contre l'Italie et se qualifie.
En quart de finale (dans l'ordre du tableau qui suit) les premiers des groupes 2, 4, 1 et 3 affrontent respectivement les seconds des groupes 1, 3, 2 et 4[5].
Ce match reste actuellement le plus prolifique en buts de l'histoire de la Coupe du monde, avec un total de 12 buts, dont un doublé et un triplé de chaque côté. Tous les buts ont été inscrits avant le dernier quart d'heure et après le premier. L'Autriche se qualifie pour les demi-finales pour la deuxième fois en deux participations (à la suite du forfait de 1938), vingt ans après laWunderteam de 1934.
Le champion sortant bat brillamment une très bonne équipe d'Angleterre. LaCéleste atteint le dernier carré pour la troisième fois en trois participations.
Le parcours du Onze d'Or passe par le Brésil, vice-champion sortant, et les Hongrois sortent logiquement vainqueurs. Ce match appeléBataille de Berne est marqué pour sa tension.
La demi-finale entre le tenant du titre, l'Uruguay, toujours invaincu en phase finale de Coupe du monde, et la Hongrie, grande favorite, est l'"affiche" du dernier carré. Cette finale avant la lettre entre les deux équipes qui ont produit le meilleur football jusque là dans la compétition tient toutes ses promesses. Longtemps menés par des Hongrois magnifiques, puis revenus au score à la fin du temps règlementaire, les Uruguayens se montrent enfin dominateurs en début de prolongation mais laissent passer leur chance en ne concrétisant pas leurs occasions (dont un tir sur le poteau d'Hohberg). C'est finalement Sandor Kocsis, futur meilleur buteur du tournoi, qui force la décision pour la Hongrie par deux coups de tête imparables en fin de prolongation, permettant aux hongrois de devenir la troisième nation à disputer deux finales, après l'Uruguay (1930 et 1950) et l'Italie (1934 et 1938). Cette demi-finale est considérée par les connaisseurs comme l'un des plus grands matchs de l'histoire de la Coupe du monde[10],[11].
Lors de ce qu'on pourrait appeler un "derby germanique", les Allemands, moins impressionnants que les Autrichiens jusqu'alors, confirment leur montée en puissance et sortent vainqueurs sur un score fleuve. LaMannschaft accède à sa première finale mondiale (qui ne sera pas la dernière).
L'Autriche bat une équipe uruguayenne épuisée par une demi-finale de haute intensité et encore sous le choc de sa première défaite. En terminant troisième, l'équipe d'Autriche de 1954 fait mieux que laWunderteam de 1934, qui avait perdu à ce stade contre l'Allemagne.
Le miracle de Berne voit les Allemands triompher à la surprise générale des grands favoris Hongrois. Ces derniers semblaient pourtant avoir fait le plus dur en venant à bout des coriaces équipes sud-américaines en quart et en demi-finale. Les Hongrois, qui avaient étrillé cette même RFA 8 à 3 au premier tour du tournoi, ont certes à nouveau ouvert le score, mais ça n'a pas suffi. Quatre des cinq buts du match sont inscrits dans les vingt premières minutes, et le dernier but en toute fin de partie. Dans les derniers instants du match, Ferenc Puskás pense égaliser pour la Hongrie, mais l'arbitre refuse son but pour hors-jeu. C'est la première défaite de l'équipe d'or depuis 31 matchs et quatre ans.
Les conditions météorologiques le jour de la finale ne sont sans doute pas étrangères au résultat surprise. En effet, laNationalmannschaft a été avantagée grâce à des chaussures à crampons vissés d'Adi Dassler (Adidas) dont étaient équipés ses joueurs. Le déluge qui s'est abattu sur Berne a fait basculer le destin. En rendant le terrain trop lourd, il handicapa fortement le jeu léché des Hongrois à la technique supérieure, et favorisa ainsi celui des Allemands qui avaient de bien meilleurs appuis.
En octobre 2010, une étude universitaire allemande révèle en outre que les champions du monde auraient pris de lapervitine, aussi couramment connue sous le nom de la « drogue du soldat »[12],[13],[14],[15],[16]. La pervitine n'était cependant pas interdite à l'époque, mais d'étranges maladies se déclarèrent chez certains champions du monde après la compétition. Pourtant les joueurs ont expliqué qu'ils pensaient prendre de la Vitamine C (il y a d'ailleurs une histoire analogue avec l'équipe d'Algérie lors de la coupe du monde 1982).
À l'origine, les équipes ayant participé à cetteCoupe du monde n'étaient pas classées. Cependant, en1986, laFIFA établit rétroactivement un classement final de chaque Coupe du monde, basé sur la progression lors de la compétition, le nombre de matchs gagnés, la différence de buts puis enfin sur le nombre de buts marqués[17].
Selon Denis Müller, cette Coupe du monde est considérée comme la fin d'une première période de l'Histoire du football. En outre, elle clôt un« temps des héros fondateurs » dontFerenc Puskás fut l'un des derniers représentants pour ouvrir un« temps des magiciens, des techniciens et des casseurs »[18].
↑Lors de ce premier tour il y aura deux matchs d'appui, et ils opposeront à chaque fois des équipes qui se sont déjà rencontrées.
↑ab etcEn cas d'égalité de points, les nombres, différences ou moyennes de buts ne sont pas pris en compte dans le règlement de la Coupe du monde 1954. L'affectation des places dans le tableau final de deux équipes ayant terminé à égalité en tête d'un groupe se fait par tirage au sort. Deux groupes (1 et 3) sont ici concernés.
↑abc etdDans le règlement de 1954 seul le nombre de points compte, les scores sont ignorés. Un tirage au sort est donc effectué entre les deux équipes à égalité de points en tête du groupe (qualifiées pour les quarts de finale) afin de décider de leur affectation dans le tableau final : l'équipe tirée première rencontre le second d'un autre groupe, l'équipe tirée deuxième rencontre le premier de ce même autre groupe.Dans les groupes 1 et 3 la Yougoslavie et l'Autriche sont ainsi respectivement tirées en premier, le Brésil et l'Uruguay sont respectivement tirés en second.
↑abc etdClassement après un match d'appui dont le résultat n'est pas comptabilisé dans ce tableau. Le vainqueur de ce match termine second et qualifié, le vaincu troisième et éliminé.
↑a etbClassement rétro-actif. Aucun critère de départage ne concernait à l'époque les équipes tchécoslovaque et écossaise terminant ici à égalité de points en dehors des places qualificatives. En cas d’égalité aux deux premières places (cas rencontrés dans les groupes 1 et 3), un tirage au sort était prévu pour déterminer l'affectation des deux équipes qualifiées dans le tableau final. En cas d’égalité entre équipes classées deuxième et troisième (cas rencontrés dans les groupes 2 et 4), un match d’appui était joué pour départager les deux équipes.
↑Les Coupes du monde de 1974 et1978 ont également vu quatre équipes européennes s'affronter dans un même groupe, mais au second tour de la compétition.