Cette édition marque également le lancement du trophée actuel appelé « FIFA World Cup ». L'ancienne coupeJules Rimet a quant à elle été définitivement conservée par leBrésil après ses trois victoires enCoupe du monde en1958,1962 et1970.
Le format du tournoi a changé dans sa seconde partie depuis l'édition de 1970 : 16 équipes réparties en quatre groupes de quatre au premier tour. Les deux premières de chaque groupe accèdent au deuxième tour, où elles se retrouvent désormais dans deux poules de quatre (pas d'élimination directe). Les vainqueurs de chaque poule se qualifient pour la finale, et les deuxièmes jouent le match pour la troisième place. En cas d'égalité parfaite (points, différence de buts, nombre de buts marqués) entre deux équipes ou plus dans un groupe du second tour pour une place en finale (ou en petite finale), les performances du premier tour sont prises en compte pour les départager : l'équipe qui a obtenu les meilleurs classement et résultats se qualifie. Le tirage au sort n'intervient qu'en tout dernier recours[3].
La séance de tirs au but pour départager deux équipes ayant fait match nul après prolongation fait pour la première fois son apparition dans le règlement de la Coupe du monde. Compte tenu de la formule « championnat » du tournoi, cela ne concerne que deux rencontres : le match pour la troisième place et la finale. La finale est à toutefois d'abord à rejouer en cas de score de parité après prolongation, et ce n'est seulement qu'en cas de nouvelle égalité après prolongation à l'issue du second match qu'intervient la séance de tirs au but[3].
Le tirage au sort de la phase finale a lieu àFrancfort le. La composition des chapeaux pour le tirage tient compte de critères sportifs et géographiques. Les quatre demi-finalistes duMundial 1970 (deux européens et deux sud-américains) sont ainsi désignés têtes de série. Deux d'entre elles sont préalablement affectées à leur groupe avant le tirage : l'Allemagne de l'ouest (pays hôte) est placée dans le groupe I, tandis que le Brésil (tenant du titre) est placé dans le groupe II. Si Allemands de l'ouest et Brésiliens terminent leur groupe à une place identique, ils ne pourront se rencontrer avant la finale. Le deuxième chapeau contient les deux autres équipes sud-américaines et deux des meilleures équipes d'Europe occidentale, chaque équipe de ce chapeau devant être tirée dans un des deux groupes dont la tête de série représente un autre continent que le sien. Le troisième chapeau contient les équipes d'Europe de l'Est. Enfin le quatrième chapeau contient les équipes du reste du monde ainsi que la neuvième équipe européenne, la Suède.
Avant le début de la compétition, l'équipe d'Allemagne de l'Ouest est donnée « grande favorite »[5] : tous les joueurs sacréschampions d'Europe en 1972, à l'exception de l'attaquantErwin Kremers[6],[7], sont présents dans l'effectif de laMannschaft pour la Coupe du monde 1974. Les Pays-Bas ne sont par contre absolument pas favoris de l'épreuve. Leur expérience au niveau mondial se limite à deux participations lointaines en phase finale (1934 et 1938) et ils se sontqualifiés de justesse pour cette coupe du monde devant la Belgique grâce à une meilleure différence de buts. En outre l'équipe batave semble « peu à l'aise » avec les options tactiques de son nouvel entraîneurRinus Michels[8].
Après le premier tour du tournoi, les rôles sont inversés. Le jeu étincelant des Néerlandais en fait progressivement les grands favoris pour la victoire finale auprès des observateurs[8], à la place des Allemands qui ont débuté doucement la compétition et montrent un jeu parfois décevant[5].
Franz Beckenbauer fait évoluer le rôle classique dulibéro, joueur exempt de tout marquage se trouvant seul derrière la défense. Alors que le libéro se contente jusqu'alors de couvrir la défense, Beckenbauer profite de sa liberté sur le terrain pour participer et organiser les actions offensives[9].
Le premier tour voit se dérouler un match à caractère hautement politique. En effet, l'équipe d'Allemagne de l'Ouest et l'équipe d'Allemagne de l'Est s'affrontent à Hambourg : c'est la première et la dernière fois que ces deux équipes se rencontrent (dans une autre catégorie, deux ans plus tôt, une sélection ouest-allemande amateurs avait perdu contre les Allemands de l'Est lors desJeux olympiques d'été de 1972). Au moment où se déroule ce match, les deux équipes sont déjà qualifiées pour le deuxième tour, mais elles se disputent la première place du groupe. LaRDA remporte le match et la première place et est ainsi versée dans le groupe A avec notamment leBrésil et lesPays-Bas, équipes redoutables qu'évitera la RFA dans le groupe B. Certainssupporters ouest-allemands qui avaient acheté à l'avance les billets des matchs du groupe A en pensant y voir leur équipe en sont pour leurs frais. La défaite de la RFA provoque une remise en question et quelques changements dans le groupe qui seront salutaires puisque laMannschaft remportera ses quatre derniers matchs et le titre.
La deuxième mi-temps voit des occasions des deux côtés, Müller se voyant même refuser un but pour unhors-jeu imaginaire[10]. Un autre penalty aurait pu être sifflé pour les Allemands pour une faute sur Hölzenbein à la85e minute. L'Allemagne, déjà championne d'Europe en1972, remporte également la coupe du monde 1974, marquant ainsi sa suprématie dans le football de l'époque.
Fait curieux, la RFA et la RDA sont dans le même groupe et vont s'affronter pour la première et unique fois de l'histoire. Les deux équipes allemandes gagnent leur premier match. Lors de la deuxième journée, le Chili tient tête à la RDA et le pays hôte bat l'Australie. Le dernier match opposant les deux Allemagnes déjà qualifiées a au-delà du prestige pour principal enjeu le classement et l'affectation dans l'un ou l'autre groupe du second tour. La rencontre se déroule le 22 juin à Hambourg et voit la victoire de la RDA, largement bâtie sur l'équipe duFC Magdebourg (dont le buteur Sparwasser qui marque le seul but à la77e minute)[11], en terre ouest-allemande, qui termine première. Cette défaite historique du pays organisateur fera finalement et paradoxalement les affaires de laMannschaft qui évitera ainsi de rencontrer les tant redoutésOranje avant la finale.
Trois matchs du mondial, tous dans le groupe 1, sont disputés àBerlin-Ouest, alors que cette dernière ne fait pas à ce moment-là officiellement partie de la République fédérale d'Allemagne. Il était en effet courant que des rencontres sportives de tournois dont l'organisation était confiée à l'Allemagne de l'Ouest se déroulassent à Berlin-Ouest. Pendant laguerre froide, un tel cas de figure était mal vu par les pays du bloc de l'Est, ceux-ci n'hésitant pas, en guise de protestation, à éviter de prendre part aux événements comprenant des parties organisées à Berlin par l'Allemagne de l'Ouest. Les autorités de RDA, les plus sensibles sur le sujet, ont cependant su faire exception en laissant l'équipe nationale est-allemande participer à son premier mondial[12]. L'équipe d'Allemagne de l'Ouest joue notamment à Berlin-Ouest son premier match, ce qui était programmé en amont du tirage au sort, tandis que l'équipe d'Allemagne de l'Est y dispute son second match, contre un même adversaire, le Chili[13].
Le champion du monde sortant brésilien est tenu en échec par la Yougoslavie, tandis que l'Écosse bat le néophyte africain qu'est le Zaïre. Ensuite, les Slaves battent sèchement les Africains 9-0 et le Brésil concède un nouveau nul 0-0 contre les Britanniques. La Yougoslavie fait match nul contre l'Écosse, et le Brésil bat le Zaïre. Résultat : Yougoslaves, Brésiliens et Écossais sont tous trois à 4 points, mais la Yougoslavie termine première devant le Brésil à la différence de buts. Les Auriverdes sont qualifiés en devançant les Écossais d'un but seulement (+3 contre +2).
Les phénomènes Oranje, dont c'est la première participation depuis 1938, terminent premiers et invaincus avec 2 victoires contre les Uruguayens, quatrièmes au Mexique quatre ans plus tôt et les Bulgares, mais ils sont tenus en échec par les Suédois. La Suède, elle, termine deuxième avec 2 nuls et une victoire contre l'Uruguay.
Autre néophyte de cette Coupe du monde, Haïti perd lui aussi tous ses matchs. La Pologne, elle, enchaîne trois victoires, dont une contre l'Argentine, absente en 1970. L'Italie et l'Argentine réalisent toutes deux une victoire (contre Haïti), un nul (concédé ensemble) et une défaite (contre la Pologne). Mais l'Argentine devance le vice-champion sortant à la différence de buts.
Les Pays-Bas terminent premiers et se qualifient pour la finale en battant le Brésil en dernière journée lors du match décisif, véritable demi-finale entre les deux équipes qui avaient fait le plein de points. L'Argentine et la RDA qui n'ont pas gagné un seul match lors de ce second tour se contentent de classements équivalents à des quart-de-finalistes.
La RFA sort vainqueur du groupe B en battant également tous ses adversaires, y compris la Pologne qui avait remporté tous ses matchs dans la compétition jusque-là. Lors du match de la dernière journée qui faisait office de demi-finale, l'équipe allemande championne d'Europe bat l'équipe polonaise championne olympique sur le score de 1-0, sur un terrain gorgé d'eau à la suite du violent orage qui avait retardé le coup d'envoi de la rencontre. Les Polonais se qualifient néanmoins pour la petite finale où ils affronteront le Brésil.
Les Polonais arrachent la troisième place face aux champions sortants brésiliens par un but du meilleur buteur du tournoi, Grzegorz Lato, à la 76e minute de jeu.
La finale de la Coupe du monde oppose austade olympique de Munich les Pays-Bas à l'Allemagne de l'Ouest, vainqueurs respectif des groupes A et B au deuxième tour. Malgré le fait que l'Allemagne joue à domicile, l'équipe néerlandaise est considérée par les spécialistes comme la favorite de la finale[16].
Au coup d'envoi du match, les Néerlandais monopolisent le ballon puisJohan Cruijff s'engage dans la défense allemande. Il se défait du défenseurBerti Vogts mais est arrêté par une faute du milieu de terrainUli Hoeneß à la limite de la surface de réparation. L'arbitre anglais John Taylor siffle penalty au bénéfice des Pays-Bas alors qu'aucun Allemand n'a encore touché le ballon :Johan Neeskens tire le penalty et trompeSepp Maier. C'est à ce jour le but le plus rapide jamais inscrit lors d'une finale de coupe du monde. Les Pays-Bas ralentissent alors le rythme et se contentent de gérer leur avantage, ce qui permet aux Allemands de se remettre de leur début de rencontre mal négocié.
À la26e minute de jeu, l'ailier gauche allemandBernd Hölzenbein dribble trois adversaires dans la surface de réparation mais le troisième,Wim Jansen, le tacle irrégulièrement. Les Allemands obtiennent un penalty, qui est transformé par le défenseurPaul Breitner. Après cette égalisation, l'équipe allemande domine la rencontre et se procure de bonnes occasions de but parFranz Beckenbauer sur coup franc ainsi que par Berti Vogts etJürgen Grabowski. Le NéerlandaisJohnny Rep échoue seul devant le gardien Sepp Maier à la37e minute. Peu avant la mi-temps, un centre de la droite deRainer Bonhof arrive dans le dos deGerd Müller, marqué par deux défenseurs. Müller se retourne vers la balle, la fait ricocher sur son pied gauche, se retourne vers le but et trompe le gardien néerlandaisJan Jongbloed[8],[17] pour offrir un deuxième but à l'Allemagne de l'Ouest : 2-1[16]. L'Allemagne conserve son avantage au score lors de la seconde période dominée par les Néerlandais, et remporte sa deuxième Coupe du monde après celle de1954.
Le PolonaisGrzegorz Lato est le meilleur buteur du tournoi en ayant marqué sept buts. Il devance son compatrioteAndrzej Szarmach et le NéerlandaisJohan Neeskens, qui ont inscrit chacun cinq buts dans la compétition[18].
Gerd Müller inscrit en finale le 100ème but de l'équipe d'Allemagne en Coupe du Monde[réf. nécessaire], comme Pelé qui avait inscrit en finale 1970 le 100ème but de l'équipe du Brésil en Coupe du Monde.
L'organisation de la Coupe du monde 1974 permet de dégager unbénéfice de 50,067 millions deDeutsche Mark, letaux de change du Deutsche Mark enfranc suisse étant en 1974 de1DEM = 1,10CHF. Le bénéfice est partagé entre la FIFA, le pays organisateur et les seize équipes participantes : 10 % du bénéfice (soit 5,0 millions de Deutsche Mark) revient à la FIFA, 25 % (soit 12,5 millions de Deutsche Mark) à l'Allemagne en tant que pays organisateur, et 65 % (soit 32,5 millions de Deutsche Mark) est distribué aux équipes participantes[20].
Lesrecettes se montent à 67,3 millions de Deutsche Mark. La vente des billets d'entrée aux stades rapporte plus de la moitié des recettes, soit 51 %. Les droits audiovisuels, radiophoniques et cinématographiques contribuent pour 27 % des recettes, et lapublicité dans les stades pour 20 %. En comparaison, lemerchandising est peu développé puisque sa contribution aux recettes est inférieure à 2 %.
Le total des dépenses liées à l'organisation de la compétition est de 17,2 millions de Deutsche Mark. Le plus gros poste est lalocation des neuf stades utilisés lors du tournoi pour 5,2 millions de Deutsche Mark, soit 30 % du total. La somme de 3,7 millions de Deutsche Mark, soit 22 % des dépenses, est allouée aux déplacements et à l'hébergement des équipes, des arbitres et des officiels. Les dépenses liées à lapresse, aux mesuresantidopage et à l'audit se montent à 17 % du total. Les coûts decommunication et d'organisation sont de 2,7 millions de Deutsche Mark, soit 16 % du total.
L'organisation de la Coupe du monde par l'Allemagne de l'Ouest, du 13 juin au 7 juillet 1974, a un effet sur l'économie du pays. Laconsommation y augmente en valeur de 2,9 % au deuxièmetrimestre 1974 et de 2,7 % au troisième trimestre, alors que sa progression ne dépassait pas 1 % au premier et au quatrième trimestre de cette année, soit avant et après la tenue de la compétition[21].
↑Au moment du tirage seulement quinze des seize qualifiés sont connus. Un match d'appui dans le groupe 7 de la zone européenne entre l'Espagne et la Yougoslavie reste encore en effet à jouer le 13 février, ce qui explique la mention des deux nations. La Yougoslavie s'imposera finalement contre l'Espagne et sera qualifiée.
↑Raphaël Cancé, Jérémi Montornes, Benoît Ourliac,Note de conjecture - Zoom sur l’économie allemande : l’Allemagne se qualifie pour la reprise,INSEE,(lire en ligne),p. 31.