LaCoupe d'Europe des nations de football 1960 est la première édition de la compétition organisée par l'UEFA entre les sélections nationales masculineseuropéennes defootball, qui a lieu tous les quatre ans et qui a été renommée en 1968Championnat d'Europe des nations de football.
Le tournoi final a lieu enFrance du 6 au. La première Coupe d'Europe des nations est remportée par l'URSS, qui bat laYougoslavie 2-1 après prolongation en finale auParc des Princes àParis. LaTchécoslovaquie complète le podium en battant laFrance 2-0 lors du match pour la troisième place àMarseille.
En 1957, lors d’un congrès de l’UEFA, la proposition de créer une Coupe d’Europe des nations est soumise au vote. Les associations britanniques s’abstiennent, rejointes dans l’opposition par l’Allemagne de l’Ouest, l'Italie, lesPays-Bas et quatre autres pays, mais la majorité des membres approuve la motion, lançant l’épreuve, à laquelle participent 17 nations[1].Henri Delaunay, à l’origine du projet, est mort en 1955 et ne voit pas la concrétisation de ses efforts, mais le trophée porte son nom.
La première Coupe d’Europe des nations se dispute sous la forme d’une compétition à élimination directe en matchs aller-retour. Elle comprend un tour préliminaire, réduit à une seule rencontre entre l’Irlande et laTchécoslovaquie en raison du faible nombre d’inscrits, suivi des huitièmes et quarts de finale. L'un des quatre demi-finalistes est choisi pour accueillir le tournoi final en matchs simples, qui comprend les demi-finales, le match pour la troisième place et la finale.
Il avait été convenu en 1959 qu’en cas de qualification de l’Espagne face à l’URSS, le tournoi final se tiendrait enEspagne, àBarcelone et àMadrid, afin de profiter de stades de plus de 100 000 places et de recettes importantes. En cas d’élimination espagnole, laFrance, à l’origine de la création de l’épreuve et dont laFédération avait offert le trophée Henri Delaunay en mémoire de son ancien secrétaire général, se porterait candidate à l’organisation[2].
Le forfait de l’Espagne en quarts de finale, imposé par des considérations politiques, conduit la Fédération française de football à assumer l’organisation. Les modalités du tournoi sont étudiées lors de la réunion du bureau fédéral du. Les demi-finales se jouent àParis et àMarseille. Les dates prévues sont le 6 juillet pour les demi-finales, le 9 juillet pour le match de classement à Marseille et le 10 juillet pour la finale à Paris.
Le tirage au sort des éliminatoires a lieu le vendredi àStockholm. Il détermine les huit rencontres des huitièmes de finale ainsi que la seule opposition du tour préliminaire (entre l’Irlande et laTchécoslovaquie) rendu nécessaire afin de réduire à seize le nombre d’équipes dans le tableau[3].
Chronologiquement, le premier match officiel de la compétition se joue le austade Lénine deMoscou devant 100 572 spectateurs. L’URSS s’impose 3-1 face à laHongrie,Anatoli Iline inscrivant le premier but après seulement quatre minutes. Sur l’ensemble des deux rencontres, les Soviétiques l’emportent 4-1.
L'Espagne, pays à l’époque sous la dictature deFranco, refuse en quarts de finale de se rendre enUnion soviétique, principal soutien de laSeconde République lors de laGuerre civile espagnole[4]. Quelques jours avant le match aller contre l'URSS programmé à Moscou le, laFédération espagnole de football annule les réservations de vol et d’hôtels. Cette décision, prise par le gouvernement franquiste, met fin à la double confrontation, le match retour prévu àMadrid le 9 juin n'étant de facto plus envisageable. L’UEFA propose alors d’organiser une rencontre sur terrain neutre, mais cette solution est refusée par les Soviétiques. Le forfait de l’Espagne offre aux Soviétiques une qualification directe pour la phase finale et prive plus de 100 000 spectateurs du stade Lénine de la rencontre prévue[2]. L'UEFA attribue à l’URSS deux victoires sur tapis vert par 3-0, score réglementaire appliqué en cas de forfait, soit un total de 6-0 sur l’ensemble des deux rencontres[5].
La France, seule représentante du football occidental lors de la phase finale de la Coupe d’Europe des nations 1960, aborde la compétition dans un contexte défavorable. La date du tournoi désavantage ses joueurs, déjà éprouvés par une longue saison et par des compétitions d'après saison telles que leTournoi de Paris, des tournées à l’étranger ou laCoupe de l’Amitié. Plusieurs cadres de la génération 1958 manquent à l’appel, notammentRaymond Kopa etJust Fontaine, encore convalescent. Les tensions persistantes entre laFédération française de football et laLigue professionnelle compliquent la préparation, les clubs ne facilitant pas toujours la mise à disposition des internationaux. Les Tricolores effectuent un stage audomaine du Lys-Chantilly avant d’affronter la Yougoslavie en demi-finale auParc des Princes[8].
L’Union soviétique se présente comme l’une des favorites, forte de sa victoire olympique àMelbourne en 1956 et de son quart de finale deCoupe du monde en 1958. Bien que son style de jeu n’ait pas fondamentalement changé depuis ce dernier tournoi, un rajeunissement de l’effectif a rendu l’équipe plus dangereuse. L’équipe conserve un style de jeu basé sur un marquage individuel strict et un pressing intense, soutenus par une condition physique irréprochable.Valentin Ivanov, attaquant décisif, et le gardienLev Yachine, réputé quasi invincible, incarnent ses principaux atouts[9]. Elle affronte la Tchécoslovaquie en demi-finale àMarseille, après y avoir séjourné plus de huit jours.
La Tchécoslovaquie, emmenée parJosef Masopust, futurBallon d’or 1962, est réputée pour sa technique et son organisation. Profitant également d’une saison domestique plus courte, elle prépare sa demi-finale face à l’URSS en disputant un match amical contre une sélection deProvence.
La Yougoslavie aligne une formation jeune et prometteuse, avec une moyenne d’âge de 22 ans. Elle est une véritable bête noire pour la France, qui ne l’a battue qu’une seule fois en onze ans, pour trois matchs nuls et quatre défaites. L’équipe arrive àParis en bonne condition physique après un stage préparatoire de près de trois semaines.
Après s'être qualifiée sans encombre pour le tournoi final, l'équipe de France doit se passer de joueurs importants pour affronter les jeunes Yougoslaves. Les Français parviennent tout de même à mener 2-1 puis 4-2 jusqu'à la75e minute de jeu. La Yougoslavie renverse alors la situation par l'intermédiaire deTomislav Knez etDražan Jerković. En l'espace de seulement quatre minutes, ils portent le score à 5-4 pour la Yougoslavie face à une défense et à un gardien françaisGeorges Lamia, devenus fébriles.
La Tchécoslovaquie compte dans ses rangs plusieurs joueurs de grande qualité, dont le défenseurLadislav Novák,Ján Popluhár et le milieuJosef Masopust, réputé pour son endurance remarquable. Incapable toutefois de développer son jeu face à une formation soviétique très athlétique, elle s’incline logiquement. L’URSS se qualifie ainsi pour la finale, affirmant son statut de favorite en inscrivant trois buts tout en préservant les cages deLev Yachine inviolées.
La Tchécoslovaquie, finaliste de laCoupe du monde deux ans plus tard, arrache la troisième place de la première Coupe d'Europe de football contre le pays hôte. Les Tricolores, dépassés dans la plupart des compartiments du jeu, ne parviennent pas à réagir après l’ouverture du score tchécoslovaque et concèdent un deuxième but en fin de match. Ils s’inclinent finalement sous les sifflets du public marseillais, concluant leur parcours à domicile sur une prestation décevante[10].
L’URSS, en pleine heure de gloire et portée par une génération dorée, remporte la première Coupe d’Europe quatre ans après avoir décroché l’or olympique àMelbourne en battant déjà la Yougoslavie en finale. Disputée auParc des Princes, la finale oppose une équipe soviétique solide et expérimentée (27 ans de moyenne d’âge) aux jeunes Yougoslaves (22 ans de moyenne d’âge). Le duel, marqué notamment par l’opposition entre l’avant-centre yougoslaveGalić et le célèbre gardienLev Yachine, tient ses promesses. L’expérience des Soviétiques finit par avoir raison de l’enthousiasme yougoslave et l’URSS s’impose 2-1 après prolongation, remportant ainsi la première édition de la compétition[11],[12]. À leur retour àMoscou, plus de 100 000 personnes les acclamèrent lors d’une parade triomphale organisée austade Lénine.