Corylus (noisetier, appelé aussicoudrier dans l'Ouest de la France ouavelinier dans l'Est et le Sud, particulièrement dans les Vosges) est ungenre d'arbres et d'arbustes de la famille desBétulacées (sous-famille des Coryloïdées) des régions tempérées de l'hémisphère nord. Son fruit s'appelle lanoisette. Les noisettes sont particulièrement appréciées de nombreux rongeurs (dont l'écureuil qui les stocke pour l'hiver) et de certains ours. Le noisetier est un arbuste forestier (la noisette pouvant alors être considérée comme unproduit forestier non ligneux), mais il est cultivé hors des forêts.
À l'èreTertiaire, un ensemble continental englobe l'Amérique du Nord, le Groenland et le nord de l'Asie, jusqu'à la Sibérie et la Chine ; on trouve des noisetiers au Groenland[2].
Avant d'être un arbuste cultivé et d'ornement, le noisetier est une espèce sauvage ancienne, dont le pollen dans les diagrammes polliniques présente des courbes très irrégulières qui ont été associées à des périodes dedéglaciation[3] ou de « mise en lumière » d'un milieu antérieurement boisé (à la suite d'incendies de forêt, de violentestempêtes ou à la suite d'occupations humaines accompagnant desdéfrichements (avec ou sans mises en culture).
De telles observations ont été faites par exemple dans leJura par Hervé Richard en 1995[4], ou encore dans le Nord de l'Angleterre, au sud de l'Écosse ou en Irlande par Oliver Rackham (1980) dès leNéolithique[5]. Les pics passés de pluies de pollens fossilisées dans les tourbières correspondent d'ailleurs à des pics de pollens d'herbacées remarquait Bent Aaby au Danemark en1986[6] et/ou de plantes typiquementhéliophiles de milieux ouverts commeCalluna ouPteridium complétait Svend Thorkil Andersen en1973[7], pouvant signer des modifications du milieu induites par des troupeaux d'herbivores ou une déforestation d'origine humaine (quand par exemple l'accroissement de la pluie de pollens de Corylus s'accompagne de l'apparition de celle de plantes cultivées (Richard, 1997) ou de traces de pâturage (forte proportion de plantesherbacées selon Andersen, 1988)[8].
Ces traces des pluies polliniques anciennes sont conservées dans lestourbières, mais aussi dans le sol de certaines grottes[9] et lessédiments lacustres (ainsi un sondage palynologique des sédiments dulac de Remoray a montré dans leDoubs une apparition de pollens de céréales (Richard et Ruffaldi, 1996) concomitante à une augmentation de pollens du noisetier.
Illustration botanique du noisetier parHenri Bergé.
C'est une espèce typique desfruticées (où il est alors dominant en phase finale d'évolution[10]) et forêts mixtes ou feuillues (alors en sous-bois assez bien éclairé ou en lisières et clairières forestières[10]). Il apprécie les sols riches.
Laprotandrie ou laprotogynie sont possibles chez cette espèce, avec des variations significatives de durée entre l'ouverture des fleurs femelles et l'émission de pollen chez les variétés protogynes et entre la production de pollen et le moment de réceptivité à la fécondation des fleurs femelles chez les variétés protandres (selon la variété considérée)[11]. Les producteurs cherchent donc à introduire des variétés à longue production de pollen dans leurs plantations[11].
L'étude de« pluies polliniques » montre que sa pollinisation varie considérablement selon son emplacement et notamment selon son environnement lumineux ; elle semble maximale dans les ouvertures (clairières,chablis) de« petite taille »[10]. Lesétudes polliniques montrent qu'il a en Europe fait partie des premières espèces à remonter vers le nord après le recul des glaces. Le nombre dechatons et l'émission de pollen diminuent fortement en zone ombragée[10].
Les fleurs mâles et femelles ne s'ouvrent pas au même moment, ce qui évite théoriquement l'homogamie (en réalité, chez des noisetiersisolés une reproduction homogame est parfois observée, permettant la production de fruits[11]).
Le vent, la pluie, une sécheresse et/ou une gelée tardive ou un sol inadapté peuvent affecter la production, de même que le parasitisme (ex. : l'acarienEriophyes avellanae (Phytopte du noisetier) et/ou le coléoptèreBalanin des noisettes qui peut attaquer les graines mais aussi les feuilles et jeunes pousses) ou certaines phytopathologies[11]. Des haies brise-vent et la présence de prédateurs des parasites peuvent favoriser la production.
Le lieu de culture de noisetiers s'appelle une noiseraie. Dans les noiseraies, les noisetiers sont conduits en arbre, et donc taillés comme des pommiers de plein vent.
La production annuelle varie considérablement selon les années (plus que du simple au double souvent : ex. pour la Turquie : 88 400 tonnes en 1963, mais 195 200 tonnes en 1964 pour retomber à 62 000 tonnes en 1965 puis remonter à 180 000 tonnes en 1966[11].
En 1970, la Turquie était la1re zone de production avec246 641hectares consacrés à cette culture (soit à l'époque environ 60 % de la surface mondiale destinée à la culture de noisetiers en 1970 puis 70 % à 80 % de la production mondiale en 2005), devant l'Italie puis l'Espagne (23 000 ha de plantations en 1970)[11]. LaTurquie reste le premier producteur et exportateur mondial de noisettes. Environ 2 millions de personnes en vivent dans ce pays. Elles sont cultivées sur les bords de lamer Noire au nord-est du pays. D'autres pays producteurs et exportateurs au marché mondial de la consommation sont l'Azerbaïdjan, laGéorgie et lesÉtats-Unis (Oregon).
Corylus signifie « casque » enlatin. C'est une référence à la forme descupules (bractées membraneuses et frangées) qui entourent la noisette[13].
Si la racine indo-européenne pour l'arbre estkoselos, le latin vulgaire emploiecorulus pour désigner le coudrier ou noisetier.Corulus est devenu parmétathèse en bas latin*colurus , puis*colrus, sous l'influence possible du gaulois*collos, noisetier[14]. On trouve ensuite par altération d'un hypothétiquecoldir,coudir et l'ancien françaiscoudre. Le mot latincolurētum signifie la coudraie
Cependant le terme françaiscoudrier[15], jadiscoudre provient de la suffixation typique en-ier, comme danspeuplier, noisetier, etc.
On retrouve les différents noms du noisetier dans la toponymie française mais aussi dans les patronymes.
L'arbre a donné son nom au toponymeCoudray (ou Coudraie, Coudrais, Coudreaux, Cauroir, Caurou, Colroy, Carel, Courade, Coudrasses...)[15], par exemple dans la Manche (Rancoudray, Beaucoudray).
On retrouve avelines dans l'est (différents Laveline dans les Vosges) et dans le sud.
De tout temps le coudrier apparaît dans la littérature si l'on s'en réfère notamment à Virgile : il est dit dans lesBucoliques que les coudriers et les fleuves ont été témoins de la douleur desnymphes occasionnée par la mort deDaphnis. Par ailleurs, dansTristan et Iseut, l'amour existe à la seule condition que le coudrier puisse s'enlacer au chèvrefeuille. Dans le cas contraire, les deux dépérissent. Le coudrier a toujours été source d'histoiresmagiques. Il était utilisé pour des incantations par lesdruides. Il a aussi été utilisé par lessourciers et les chercheurs d'or. Selon la légende le noisetier était utilisé par lessorcières pour fabriquer leurbalai.[réf. nécessaire]
levirus de la mosaïque de la pomme(en) ou ApMV est le pathogène actuellement le plus important du noisetier, causant une mosaïque sur les feuilles affaiblissant le noisetier (moindre rendement, perte de vigueur) et parmi d'autres pathogènes microbiens on peut citer :
Hazelnut maculatura lineare phytoplasma (HML phytoplasma, surtout détecté en Italie, provoquant de longues taches sur les feuilles, dont l'importance est encore faible, mais surveillé par précaution)[16]
Comme matière première pour certains types devannerie[19].
Pour faire les baguettes des sourciers ;
comme ressource alimentaire enalimentation animale ; selon une étudeethnobotanique et dupatois local, faite par Françoise et Grégoire Nicollier àBagnes (France) et parue en1984, comme celle d'autres essences (Frêne, peuplier…) ses« feuilles sont données enfourrage aux vaches et aux chèvres », dont en« dessert d'hiver) » comme pour l'Aulne blanc et l'orme[20].
La noisette serait un desoléagineux parmi les plus riches enoméga 3 (utile contre le mauvaischolestérol). Elle serait aussi très riche envitamine E (contre le vieillissement cellulaire), en fibres (contre lecancer du côlon), en cuivre (contre les rhumatismes et les maladies infectieuses), en fer (contre l'anémie), en magnésium (contre le stress), en phosphore (contre la fatigue intellectuelle) et envitamine B.
Le noisetier est symbole de sagesse et de justice[Où ?].
Les Anciens[Qui ?] lui attribuaient de nombreux pouvoirs magiques, dont celui de conférer lafertilité.
Toujours pratiqué de nos jours, l'usage d'une branche de noisetier taillée en fourche pour détecter (rhabdomancie) l'eau souterraineremonte à l'époque desCeltes[réf. nécessaire].
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