Movatterモバイル変換


[0]ホーム

URL:


Aller au contenu
Wikipédial'encyclopédie libre
Rechercher

Corn Laws

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Wikipédia:Bons articles

Vous lisez un « bon article » labellisé en 2009.

Peinture du Meeting de l'Anti-Corn Law League en 1846
Réunion de l'Anti-Corn Law League en 1846.

LesCorn Laws étaient une série de textes réglementaires adoptés auRoyaume-Uni entre1773 et1815 pour encadrer le commerce descéréales avec l'étranger. On désigne cependant le plus souvent par ce terme le dernier de ces textes, leCorn Law Act de 1815, qui interdisait touteimportation de céréales lorsque les cours passaient en dessous d'un certain seuil.

Le caractèreprotectionniste de cette législation en fit une cible de choix pour leslibéraux britanniques qui souhaitaient orienter le pays vers lelibre-échange pour qu'il développe unavantage comparatif dans l'industrie. Réunis dans une Ligue pour l'abolition des lois sur le blé (Anti-Corn Law League), ils lancèrent dès1838, en utilisant des techniques de diffusion novatrices, une vaste campagne pour faire pression sur le pouvoir politique. Ils obtinrent finalement gain de cause en1846 par l'intermédiaire du Premier ministreRobert Peel.

Une volonté protectionniste

[modifier |modifier le code]

Baisse des prix et suréquipement agricole

[modifier |modifier le code]

Dans un contexte de guerre quasi continue avec laFrance à partir de 1793, et particulièrement au moment dublocus continental institué parNapoléon, la Grande-Bretagne avait cherché d'une part à diversifier ses approvisionnements en céréales, mais surtout d'autre part à augmenter ses capacités de production. Du fait de la forte tension liée au contexte guerrier, la croissance de la production n'avait pas pesé sur les prix. Au contraire, la situation privilégiée des producteurs céréaliers britanniques sur leur marché intérieur au début duXIXe siècle entraîna une rapide augmentation des prix : l'offre de grains s'étant raréfiée, ceux-ci s'échangeaient à des prix plus élevés. Avoisinant pendant la guerre les 90 à 100 shillings lequarter, le prix du blé culmina même à 127 shillings en 1812. Cependant, avec la fin desguerres napoléoniennes et du blocus, et dans un contexte de récoltes particulièrement bonnes à partir de 1813[Note 1], il chuta, en 1814, à 74 shillings par quarter de blé[1] pour se stabiliser ensuite entre 40 et 60 shillings/quarter. L'agriculture britannique payait le prix de son suréquipement, de sa volonté de mettre en culture certaines terres aux qualités très relatives (par exemple dans lesMidlands) ou de relancer le mouvement desenclosures malgré le coût élevé de ces remembrements[2].

Si les prix se maintenaient à ces bas niveaux, les fermiers qui s'étaient engagés, sur la base des prix élevés du temps de guerre, à verser des loyers élevés aux représentants de l'aristocratie foncière dont ils louaient la terre, risquaient de se retrouver dans l'incapacité de respecter leurs engagements, grevant d'autant les revenus des grands propriétaires[Note 2].

Le vote de laCorn Law de 1815, aboutissement du mercantilisme britannique

[modifier |modifier le code]
Portrait de Robert Jenkinson
Lord Liverpool, dont le gouvernement vota laCorn Law de 1815.

Face à cette situation, les représentants dulanded interest, souvent issus de l'aristocratie, utilisèrent les relais dont ils disposaient auParlement britannique pour faire voter une loi préservant leurs intérêts : en1815, le gouvernementTory deLord Liverpool fit voter la Corn Law. Si le prix de gros moyen du blé descendait en dessous de 80 shillings lequarter[Note 3], toute importation de blé étranger au Royaume-Uni était interdite[3].

Le système fut assoupli en 1828[4], avec l'introduction du système de l'échelle mobile[Note 4], qui « visait à réduire les importations de céréales sans provoquer de disette et à stabiliser les prix »[5]. Néanmoins, le caractèreprotectionniste de la réglementation sur les grains demeurait : en décourageant l'importation deblé, elle protégeait les producteurs britanniques de la concurrence extérieure[6], y compris de celle de l'empire puisque la loi de 1815 prévoyait que le blé en provenance des colonies britanniques ne pouvait être importé lorsque les prix tombaient en dessous de 66 shillings/quarter[7].

Cette politique de protection de l'agriculture nationale par des mesures douanières fortes ne constituait pas une nouveauté au Royaume-Uni. Cette tradition, qui remontait auXVIIe siècle et s'était exprimée récemment en 1791 et 1804[8], reposait sur une visionmercantiliste de l'économie. Si lelibéralisme avait triomphé dans l'économie intérieure,Actes de Navigation, barrières douanières et monopole descompagnies commerciales avaient permis à l'économie britannique de se développer à l'abri de la concurrence étrangère. Comme le souligneFrançois Bédarida, « c'est dans le cadre rigide du protectionnisme que s'est opérée larévolution industrielle, ainsi que la grande expansion commerciale qui l'a accompagnée »[6]. En outre, ces taxes douanières fortes (elles correspondaient à un tiers de la valeur des importations nettes[9]) et portant sur un grand nombre de produits[Note 5], avaient l'avantage de fournir à l'État britannique une bonne part de ses recettes fiscales depuis que l'impôt sur le revenu (income tax) avait été supprimé en : en 1840, 46 % des recettes du budget correspondaient à des droits de douane[6]. Toute remise en cause des barrières douanières risquait donc d'entraîneripso facto la création de nouveauximpôts directs pour compenser la disparition des recettes afférentes[10]. De fait, pour assurer un minimum de recettes budgétaires à l'État, la réintroduction – théoriquement provisoire – de l'impôt sur le revenu parRobert Peel en 1846[11] constitua un préalable indispensable à toute remise en cause desCorn Laws[12]. Le poids de cet impôt dans les recettes de l'État britannique s'accrut d'ailleurs dans les années qui suivirent.

Conséquences desCorn Laws

[modifier |modifier le code]

Craintes et espoirs

[modifier |modifier le code]

Dès le vote de 1815 obtenu, lesCorn Laws cristallisèrent la controverse opposant les partisans dulibre-échange à ceux qui souhaitaient maintenir une réglementationprotectionniste. Il s'agissait pour les partisans du libre-échange de faire valoir les avantages de leur doctrine, censée notamment, si elle était appliquée, garantir un meilleurniveau de vie aux populations ouvrières en faisant baisser le prix du blé et donc du pain[Note 6], maintenu artificiellement élevé par le refus de la concurrence étrangère. En outre, selon eux, lesCorn Laws augmentaient d'une part les prix de revient des industriels en les contraignant à payer dessalaires trop élevés[13], réduisaient d'autre part la capacité des classes populaires à consacrer une part importante de leur budget à d'autres dépenses que celles liées exclusivement à leur subsistance, ce qui limitait « l'élargissement du marché intérieur pour les produits manufacturés »[14]. Enfin, pour les défenseurs du libre-échange, les restrictions aux importations de céréales limitaient l'expansion, dans les pays fournisseurs de grain, des exportations britanniques de biens industriels[4], « car si l'on empêchait le reste du monde encore non industrialisé de vendre ses produits agricoles, comment pourrait-il payer les articles manufacturés que seule la Grande-Bretagne pouvait – et devait – leur fournir »[15] ?

En revanche, et cela explique leur réticence face à toute réforme en la matière, le système institué par lesCorn Laws était profitable à l'aristocratie foncière : il y avait davantage defermiers prêts à louer des terres pour les exploiter que de terres disponibles, dans la mesure où les barrières douanières devaient maintenir la rentabilité de l'activité agricole au Royaume-Uni. Les grands propriétaires pouvaient dès lors obtenir des loyers relativement élevés, car les fermiers soumis à la concurrence proposaient le prix maximal qu'ils pouvaient supporter pour la location des terres.

Une efficacité et une nocivité très relative

[modifier |modifier le code]

LeCorn Law Act de 1815 fut immédiatement accusé par les libéraux de handicaper l'économie britannique, notamment en maintenant les prix du blé à des niveaux très élevés. Cet objectif déclaré de la loi risquait de restreindre les capacités de consommation des catégories populaires et, partant, lacroissance de la demande de produits manufacturés sur lemarché intérieur.

Or, dans les faits, on constate que jamais les prix du blé n'atteignirent les hauts niveaux atteints durant lesFrench Wars (1793-1815)[Note 7], ce que laCorn Law était pourtant censée garantir aux producteurs : les 80 shillings/quarter ne furent dépassés qu'en 1817-1818 et les prix s'orientèrent ensuite durablement à la baisse[Note 8] jusqu'en 1835, où ils atteignirent 39 shillings/quarter[5]. Même si, la conjoncture s'améliorant, les prix se redressèrent à partir du milieu des années 1830, on peut dire que « lesCorn Laws n'ont pas empêché la crise du monde agricole »[7]. De fait, nombreux furent dans les années 1820 les fermiers acculés à la ruine ou les propriétaires contraints de consentir des rémissions et/ou des baisses de loyers[Note 9]. La chute de rentabilité de l'activité agricole s'exprime d'ailleurs dans le fort mouvement migratoire des campagnes vers les villes visible dans les statistiques à partir des années 1815-1820[2], même si la population rurale ne baissa pas[Note 10], du fait de l'importante augmentation générale de la population britannique à cette époque.

Cettecroissance démographique spectaculaire (ainsi que l'augmentation encore plus forte de la demande de painblanc[Note 11]) rend d'autant plus surprenante la paradoxale inefficacité du dispositif voté en 1815 : la demande augmentait de ce fait mécaniquement, ce qui aurait dû renforcer les mécanismesinflationnistes desCorn Laws. En fait, les gains deproductivité dégagés par l'agriculture britannique pendant lesFrench Wars n'avaient pu donner leur pleine mesure du fait de conditions météorologiques défavorables. Comme le souligneFrançois Crouzet, « les mauvaises récoltes ayant été plus rares après 1812 et la demande de pain étant inélastique, la Grande-Bretagne eut une capacité excessive de production de céréales, qui ne fut résorbée que progressivement par l'accroissement de la population, d'autant que la production continua à augmenter »[5]. De ce fait,Corn Laws ou pasCorn Laws, dès lors que la récolte n'était pas mauvaise, les prix avaient tendance à s'orienter à la baisse. Cela se vérifia jusqu'en 1835, date à laquelle démarra un nouveau cycle de hausse des prix[Note 12], qui atteignirent 71 shillings/quarter en 1839 et relancèrent l'agitation chartiste et surtout la contestation desCorn Laws par les partisans du libre-échange.

La remise en cause desCorn Laws

[modifier |modifier le code]
Portrait de David Ricardo
David Ricardo
Article détaillé :École de Manchester.

LaCorn Law de 1815, source immédiate de débats théoriques

[modifier |modifier le code]

LeCorn Law Act fut discuté dès son instauration en1815, « débat qui tradui[sait] une montée en puissance de l'expertise économique et marqu[a] l'histoire économique par sa densité »[16].David Ricardo notamment prit clairement position contre ces lois, convaincu du « coût de revient trop élevé, pour l'économie dans son ensemble, d'une trop forte protection de l'agriculture »[17]. Il appuyait notamment son argumentation sur la théorie de la répartition des revenus (salaires, profits et revenus fonciers) qu'il avait développée dans sesPrincipes de l'économie politique et de l'impôt (1817)[18]. En effet, les salaires étant fixés selon lui en fonction du niveau de subsistance qu'ils assurent aux travailleurs, ils ne peuvent descendre en dessous de ce seuil. Dès lors, si les prix du blé ne baissent pas voire augmentent en raison du refus de recourir aux importations, les entrepreneurs sont contraints de faire de même pour les salaires de leurs ouvriers, alors qu'ils souhaiteraient, au moins dans un premier temps, baisser les salaires[19] pour mieux s'imposer sur les marchés extérieurs « grâce à la combinaison d'une industrie mécanisée et de salaires peu élevés »[20]. Dans ce cadre, et du fait de laloi des rendements décroissants et de la rente différentielle de la terre, leurs profits stagnent ou diminuent, ce qui bloque le développement industriel.

Portrait de Thomas Malthus
Thomas Malthus

Par ailleurs, dans un contexte d'augmentation de la population, il devient nécessaire d'emblaver[Note 13] des terres moins fertiles, dont les rendements sont plus faibles (loi des rendements décroissants). De ce fait, les prix du blé se calent sur la production des terres les moins productives : les prix augmentent comme la marge des propriétaires des terres favorables à la culture du blé. Ainsi, selon Ricardo, la part des entrepreneurs dans les revenus diminue, contrairement à celle des propriétaires fonciers, classe oisive[21]. La protection douanière modifie donc le partage de la richesse nationale en défaveur des entrepreneurs et au profit de la rente foncière. Pour Ricardo, abolir lesCorn Laws et « promouvoir le libre-échange, c'est briser le cercle fatal qui entraîne les profits à la baisse et l'économie dans la régression »[21]. Cela aurait en outre l'avantage de lisser les fluctuations du prix du blé, dans la mesure où les déséquilibres d'offre et de demande liée aux aléas climatiques locaux seraient bien moins prononcés[22].

Thomas Malthus au contraire considère ces lois protectionnistes avec bienveillance dans la mesure où, en soutenant la production agricole du pays et en ne faisant pas dépendre sa subsistance de l'étranger, elles assurent son indépendance alimentaire[23], indépendance dont le blocus napoléonien avait montré l'importance, du moins dans le cas où la maîtrise des mers n'est pas assurée. La remise en cause des lois sur le blé s'appuyant sur l'idée ricardienne dedivision internationale du travail risquerait par ailleurs de remettre en cause la stabilité sociale de la nation, dans la mesure où « il existerait, selon [Malthus], une proportion naturelle entre activités agricoles et industrielles »[24]. Malthus, dans sesObservations sur les effets des lois sur les blés (1814) s'attaque en outre à certains fondements du raisonnement de Ricardo. Il conteste notamment le lien étroit établi par ce dernier entre niveau des salaires et prix du blé, dans la mesure où selon lui la consommation de blé n'entre que pour une part marginale dans la consommation globale des salariés. D'ailleurs, comme il fait remarquer, « des situations de pauvreté et de famine apparaissent parfois dans des pays où les prix du blé sont très bas »[24].

L'Anti-Corn Law League

[modifier |modifier le code]

Retour des polémiques et création de la Ligue

[modifier |modifier le code]

Malgré la publication en1820 d'une pétition dite « des marchands » par l'économiste Thomas Tooke avec le soutien duPolitical Economy Club fondé par Ricardo[20], ces polémiques eurent tendance à s'affaiblir dans les années 1820 avec la baisse des prix du blé et les assouplissements de la rigueur protectionnistes consentis par les gouvernementsconservateurs (notamment en 1828 l'établissement de l'échelle mobile) soucieux deparer aux difficultés causées outre-Atlantique, dans la colonie de l'Ontario.

Ces polémiques rebondirent en1836[6], même si la responsabilité duCorn Law Act de 1815 dans la crise économique des années 1830-1840 fut probablement négligeable[25].

Portrait de Richard Cobden
Richard Cobden

Le combat contre lesCorn Laws fut notamment mené parRichard Cobden (1804-1865), « un jeune manufacturier au tempérament d'apôtre »[26], qui créa dans ce but le 10 septembre1838, avec quelques autres industrielsradicaux deManchester, uneAnti-Corn Law Association qui obtint dès décembre le soutien de la chambre de commerce de la ville[10] et devint au mois de mars de l'année suivante l'Anti-Corn Law League (ACLL), organisation à vocation nationale, fédération d'associations locales. Cobden était notamment aidé dans sa tâche[Note 14] par un autre industriel duLancashire,John Bright (1811-1889), qui en tant quequaker, apporta « à la campagne contre lesCorn Laws la force de ses convictions morales et religieuses en même temps que le pouvoir de son éloquence ; au sein de la Ligue, il est l'orateur tandis que Cobden est l'organisateur »[26]. C'est toutefois Richard Cobden qui par la suite est devenu le représentant emblématique du mouvement. En France, l'économisteFrédéric Bastiat écrira le livreCobden et la Ligue et lui apportera un soutien inconditionnel.

Un groupe de pression de premier ordre

[modifier |modifier le code]

En quelques mois, l'ACLL lança une campagne de propagande particulièrement efficace.Karl Marx lorsqu'il prononça le 9 janvier 1848 sonDiscours sur la question du libre-échange, manifesta, non sans polémique, son étonnement devant l'énergie de cette « armée de missionnaires » : « Ils construisent à grands frais des palais, où la League établit, en quelque sorte, sa demeure officielle ; ils font marcher une armée de missionnaires vers tous les points de l'Angleterre, pour qu'ils prêchent la religion du libre-échange ; ils font imprimer et distribuer gratis des milliers de brochures pour éclairer l'ouvrier sur ses propres intérêts, ils dépensent des sommes énormes pour rendre la presse favorable à leur cause, ils organisent une vaste administration pour diriger les mouvements libre-échangistes, et ils déploient toutes les richesses de leur éloquence dans les meetings publics »[27].

Photographie d'un timbre à un penny
Timbre à unpenny

Des réunions furent de fait organisées dans les principales villes britanniques, parfois même avec une fréquence hebdomadaire àLondres. Le succès public des conférences organisées dans tout le pays et le nombre important de souscripteurs permirent à l'ACLL de financer de nombreux livres, brochures et tracts et même d'acquérir un quartier général spécifique, leFree Trade Hall[28]. Ainsi, pour la seule année 1840, la ligue organisa 800 conférences, imprima un million de brochures et de tracts, tirant son bulletin à 300 000 exemplaires et présenta une pétition d'un million et demi de signatures au Parlement[29]. Elle sut en outre utiliser à son profit l'institution récente, en1840, de laposte royale moderne, notamment l'institution du timbre à unpenny (penny post) pour inonder le pays de ses publications[29].

L’Anti-Corn Law League, « sinon le premier, du moins l'un des premiers groupes de pression économique moderne »[30], investit largement la presse de l'époque, allant jusqu'à créer de véritables périodiques liés organiquement (The League) ou indirectement à elle. On peut notamment citer l'hebdomadaire libéralThe Economist, fondé en 1843 par le fabricant de chapeau James Wilson pour soutenir la cause[31]. L'ACLL savait adopter des techniques depropagande moderne et utiliser des arguments percutants : ils distribuèrent ainsi des milliers de tracts à la sortie des boulangeries présentant la différence de taille, selon eux, entre le « pain protectionniste » et le « pain libre-échangiste ».

Les dirigeants de l'ACLL ne voulaient pas en effet passer pour les défenseurs ducapital. Aussi, leur stratégie « consista à se servir de la misère des ouvriers pour renforcer leur action contre lesCorn Laws »[4] et à insister sur les objectifs susceptibles de rallier les milieux populaires : pain moins cher et créations d'emplois étaient présentés comme horizon de la libéralisation des échanges[Note 15]. Cet argumentaire ne fut pas sans rencontrer un écho dans certaines franges des milieux ouvriers, notamment à partir de 1843 dans les rangs dechartistes déçus par leurs échecs, même si d'autres chartistes soulignèrent que toute « diminution du coût de la vie conduirait aussitôt les patrons à abaisser les salaires »[29].

Pour convaincre l'opinion britannique, l'ACLL avançait, outre ces améliorations matérielles escomptés de la vie quotidienne, la conviction que lapaix entre les peuples constituerait « le couronnement promis de ladivision internationale du travail »[10]. Cependant, l'idéalisme sincère de Cobden[Note 16] n'excluait pas des visées impérialistes, chez d'autres partisans du libre-échange, telJoseph Hume : « en élargissant son commerce extérieur, l'Angleterre pourrait rendre le monde entier tributaire d'elle »[32].

Combat contre lesCorn Laws et lutte des classes

[modifier |modifier le code]
Gravure représentant Manchester
Gravure représentantManchester. Edward Goodall (1795-1870).

La campagne de l'ACLL rencontra un écho étonnant dans laclasse moyenne, notammentnon-conformiste : « à bien des égards, l'agitation libre-échangiste a constitué la contrepartie bourgeoise duchartisme ouvrier »[26], un moyen pour la bourgeoisieradicale britannique de défendre ses intérêts face aux revendications ouvrières et au conservatisme des élites issues de l'aristocratie comme le soulignait Cobden lui-même : « pour beaucoup d'entre nous, nous sommes entrés dans la lutte avec l'idée que nous avions unintérêt de classe bien défini dans l'affaire »[Note 17].

Cette dimension du combat de Cobden et de ses partisans était sans doute prépondérante : pour une part, la lutte pour la libre circulation des grains ne constituait qu'un outil pour affaiblir économiquement la classe terrienne et lescountry gentlemen et remettre ainsi en cause leur domination politique[25]. Quelques décennies plus tard,John Morley (1838-1923), libre-échangiste convaincu, dans sa biographie de Richard Cobden publiée en 1881, présente ainsi la cause de ce dernier comme « un combat pour l'influence politique et l'égalité opposant l'aristocratie terrienne aux grands industriels »[33]. Le, leLeeds Mercury était à peine plus emphatique en résumant l'enjeu à un affrontement « entre l'aristocratie et la nation, entre 30 000 propriétaires et 26 millions d'hommes ». De fait, comme le souligneFrançois Bédarida, l'affrontement des deux classes ne se dissimulait pas sous des circonlocutions oratoires : « dénonçant avec âpreté privilèges etmonopoles, la Ligue lance des appels égalitaires à coups de citationsbibliques où sont cloués au pilori les riches possédants dont l'opulence repose sur la misère des affamés ; elle vitupère les « filous titrés » et les « aristocrates spoliateurs » »[29].

Les opposants à la réforme, réunis dès 1844 dans uneAnti-League disposant notamment duFarmer's Magazine comme organe de presse et du duc de Richmond comme leader, se firent l'écho de cette dimension fondamentale du conflit : pour eux, l'agitation libre-échangiste sapait les fondements de lasociété britannique. En poursuivant l'œuvre duReform Bill de1832 qui avait élargi le corps électoral, elle affaiblit davantage encore la classe terrienne, la« landed gentry », et, au-delà, elle tendait à abolir« the territorial constitution of England » selon les mots deBenjamin Disraeli. C'est ce qu'exprimait leBirmingham Advertiser du, qui voyait dans cette agitation un complot « visant à détruire l'agriculture britannique, la propriété, les droits de l'aristocratie terrienne, l'Église anglicane, leTrône et la Constitution »[34]. Non sans souligner au passage « la rapacité des patrons et des marchands de la classe moyenne, leur exploitation éhontée des ouvriers »[29]...

Ce point de vue, qui faisait du débat sur lesCorn Laws un enjeu delutte des classes, était indéniablement celui de la plupart des contemporains. Il doit cependant être nuancé : si l'opposition à toute abrogation était forte en milieu rural, nombreux étaient les aristocrates à ne pas se sentir directement menacés par la disparition éventuelle des Corn Laws, dans la mesure où leurs investissements – et leurs revenus – relevaient souvent d'activités variées où lesmines, les placements à l'étranger et leschemins de fer tenaient une place croissante[25].

L'abolition desCorn Laws

[modifier |modifier le code]
Portrait de Robert Peel
Robert Peel, Premier Ministretory qui abolit lesCorn Laws

Le triomphe de l'Angleterre « noire » sur l'Angleterre « verte »

[modifier |modifier le code]

L'attachement très relatif des milieux aristocratiques auxCorn Laws est manifeste quand on analyse la structure sociale des représentants auParlement qui constituèrent la majorité dontRobert Peel disposa le pour soutenir sa volonté de les abroger, fût-ce au prix de son suicide politique. C'est ainsi avec le soutien massif desWhigs, celui des deux partis britanniques de l'époque où les milieux aristocratiques étaient le plus massivement représentés, qu'il obtint gain de cause. Par ailleurs, chez lesTories, le pourcentage d'opposants à l'abrogation était, chez ceux des parlementaires à ne pas être propriétaires fonciers, à peine inférieur à celui de ceux qui disposaient d'un domaine (60 % contre 69 %)[25]. Lalutte des classes dont les acteurs de l'époque se considéraient les protagonistes doit donc être relativisée, dans la mesure où l'aristocratie britannique était loin d'être vent debout contre l'abrogation. Les suites du vote confirmèrent le relatif consensus régnant au sein des élites britanniques, conformément à ce queRobert Peel avait prévu quand il déclarait à l'été 1846 que le but du libre-échange était de « terminer un conflit »[35] : après l'abolition, les tensions s'atténuèrent entre les classes bourgeoises et une aristocratie qui était parvenue, en les partageant, à ne pas perdre les rênes du pouvoir.

En fait, le combat autour desCorn Laws opposait plutôt les milieux bourgeois manufacturiers urbains à une Angleterre rurale, celle des fermiers et des châtelains[25] vivant de l'agriculture, et qui refusait de voir en elle « une industrie comme les autres, susceptible d'être jugée selon les seuls critères de la rentabilité »[36]. On constate ainsi que les députéstory élus dans des circonscriptions rurales s'opposèrent bien plus massivement à l'abrogation (à hauteur de 86 %) que leurs collègues des bourgs (50 à 63 % d'opposants)[25].

On perçut dès cette époque le caractère symbolique – et décisif – de cette victoire, celle de l'Angleterre « noire » sur l'Angleterre « verte », pour les partisans d'un libre-échange qui s'établit par la suite durablement au Royaume-Uni[Note 18]. De fait, les conditions climatiques désastreuses de1845 (les pluies abondantes de l'été et de l'automne 1845 ont fait dire à John Morley (1882) : « c'est la pluie qui emporta les lois sur les grains »[37]) ne firent qu'officialiser et traduire en matière de politique douanière un bouleversement fondamental des rapports de forces entre milieux industriels et agrariens en trois décennies : comme le soulignePaul Bairoch, « si vers 1810 lavaleur ajoutée de l'agriculture du Royaume-Uni dépassait encore de 70 % celle dusecondaire, vers 1840 c'était celle du secondaire qui dépassait de 60 % celle de l'agriculture »[38].

Karl Marx voyait dans la "Ligue contre la loi sur les blés" unelutte de classe entre les propriétaires fonciers et les industriels britanniques :

"[L'Anti Corn-Law League] se fixait pour objectif l'abolition des taxes sur l’importation des grains ; elle luttait contre les propriétaires fonciers partisans, eux, du maintien des taxes, et était animée par des industriels qui escomptaient que la libre importation du blé entrainerait une baisse du prix du pain et des salaires"[39]Karl Marx, L'Idéologie allemande.

Un vote qui bouleverse la vie politique britannique

[modifier |modifier le code]

Reste que c'est paradoxalement un parlement et un gouvernement dominés par lesTories, élus en 1841 sur un programme qui prévoyait le maintien desCorn Laws, que ces dernières furent abolies. En fait, lepragmatisme du Premier ministre d'alors (Robert Peel), et plus généralement des élites politiques britanniques, peut sans doute être invoqué pour expliquer ce revirement. Le rôle majeur qu'aurait tenu la conjoncture économique et agricole difficile de l'époque, notamment laGrande famine en Irlande de1845 et surtout1846, est controversé. Si l'idée développée par le biographe de Richard Cobden John Morley en 1882 comme quoi « c'est la pluie qui emporta la loi sur les grains » (en référence aux mauvaises conditions météorologiques de l'été et de l'automne 1845) a régulièrement été reprise dans les ouvrages postérieurs[40], selon Gilbert Bonifas et Martine Faraut la catastrophe irlandaise ne fut pas déterminante : elle ne fournit qu'un prétexte de plus à Robert Peel pour supprimer des barrières douanières dont il était convaincu de l'inanité, voire de la nocivité, depuis plusieurs années déjà[12], sans pouvoir s'opposer frontalement jusque-là à la volonté duparti conservateur, dont il était issu, de les maintenir en l'état[41].

Portrait de Benjamin Disraeli
Benjamin Disraeli

Plusieurs arguments suscitèrent la conversion de Robert Peel à l'abolition (« repeal ») desCorn Laws. D'abord, il paraît au fil des années de plus en plus convaincu par l'argumentation libre-échangiste. Ensuite, il était conscient que la structure des fortunes aristocratiques avait changé et que la clientèle du parti conservateur avait donc bien moins qu'auparavant à perdre d'une libre ouverture des marchés agricoles. Surtout, Robert Peel craignait qu'en s'arc-boutant sur la défense de ses intérêts à court terme, l'aristocratie foncière ne compromette irrémédiablement sa réelle suprématie sur le pouvoir politique britannique[40]. En restant sourde aux revendications venues de la bourgeoisie industrielle, loin de défendre le maintien de l'ordre social préexistant, elle risquerait d'entraîner, dans un contexte de développement de l'agitation chartiste, l'alliance objective des« middle-classes » et des classes populaires « pour réclamer bien plus, à savoir la fin duvote censitaire et lesuffrage universel »[31]. Peel fit en quelque sorte sienne la doctrinewhig traditionnelle, selon laquelle « une politique de concession aux idées des gens respectables est la seule garantie contre le déchaînement de la violence des masses »[42].

C'est cette volonté de concéder lelibéralisme économique pour éviter la démocratisation du système politique, de se concilier les classes moyennes pour se préserver de l'irruption des classes populaires dans le débat politique, qui explique que Peel, en, proclama dans un discours de trois heures son ralliement à l'abolition desCorn Laws. Ce fut pour cette même raison que lesLords, malgré les vifs débats que cela suscita, ne s'opposèrent pas, comme ils auraient pu le faire, à la réforme le[31]. Mais cela n'empêcha pas cependant Robert Peel d'en payer, le jour même, le prix : contesté par un vote à laChambre des communes, il dut démissionner sous la pression d'une fraction de députéstories protectionnistes, scandalisés par ce revirement[38]. Menée parBenjamin Disraeli, leur révolte entraîna durablement la scission duparti conservateur entre les « Peelistes » (dontGladstone) et leurs opposants (outre Disraeli, on trouve notamment dans ces rangs Lord Derby). Dès lors s'établit « une phase de fluidité et d'instabilité [...] dans la vie politique et parlementaire »[35] britannique dont leslibéraux surent tirer profit pendant plus de vingt ans.

Malgré les remous post-repeal, l'abolition constitua un évènement fondateur dans la culture politique britannique, dans la mesure où elle marqua l'émergence durable d'un consensus national autour des doctrines libre-échangistes, consensus suffisamment puissant pour que cet attachement au libre-échange constitue un élément déterminant de l'identité britannique, la Grande-Bretagne se définissant elle-même comme la « nation du libre-échange »[43]. De fait, il faudra attendre 1931 pour que le Royaume-Uni y renonce officiellement et renoue avec les pratiques protectionnistes. Comme le souligne Frank Trentmann, le libre-échange fut « ce qui s'approcha le plus d'une idéologie nationale » britannique[44], idéologie exportable au même titre que la démocratie parlementaire britannique. Une part importante de la population britannique, y compris lesworking classes, était alors attachée au libre échange dans la mesure où il était censé éviter que l'État, par des interventions trop nombreuses, privilégie telle classe sociale ou tel groupe d'intérêt[45]

Une décision sans grande conséquence à court et moyen terme

[modifier |modifier le code]

Pour autant, si le vote sur l'abolition desCorn Laws constitua un séismepolitique au Royaume-Uni, il n'eut pas en matière économique les effets attendus – craints ou espérés selon les camps.

En matière d'exportations de produits industriels britanniques

[modifier |modifier le code]

Tout d'abord, la libéralisation des échanges agricoles ne développa que marginalement les marchés extérieurs des industriels britanniques[Note 19]. En effet, les libre-échangistes tablaient sur l'effet multiplicateur des importations de céréales, facteur d'augmentation de pouvoir d'achat des pays qui les fournissaient au Royaume-Uni, et dont le surcroît de revenu ainsi obtenu était censé être investi dans l'achat de biens manufacturés produits sur le sol anglais. Or, dans les faits, « on ne constate pas d'essor spectaculaire des exportations anglaises vers ses trois principaux fournisseurs de céréales, laRussie, laPrusse et lesÉtats-Unis, malgré la nette augmentation des achats de grains à ces pays »[46].

Certes, des mécanismes multilatéraux avaient pu favoriser indirectement le développement du commerce britannique vers l'outre-mer, mais il ne semble pas pour autant que la politique de libre-échange plus ou moins « unilatéral » (Paul Bairoch) de la Grande-Bretagne ait augmenté significativement ses exportations en volume[Note 20] comparativement à la période précédente.

Ainsi, le taux de croissance moyen annuel des exportations augmenta de seulement 0,4 points à la suite de l'abolition desCorn Laws, s'établissant à 4,7 % pour la période 1846-1873, contre 4,3 % entre 1814 et 1846. Mieux, une analyse plus fine des variations de taux de croissance d'année en année montre une périodisation indépendante des changements de politique en matière douanière : la croissance est assez lente de 1815 à 1826, elle s'accélère nettement ensuite, avec un taux moyen de 5,6 %, jusqu'en 1856[Note 21]. Pour la période suivante (1856-1873), le taux n'est plus que de 3,8 %, niveau équivalent à ce qu'il était avant 1826[47].

En matière de prix agricoles au Royaume-Uni

[modifier |modifier le code]

Surtout, la chute escomptée des prix agricoles tarda à se réaliser et ne contribua donc pas à l'élargissement dumarché intérieur des produits manufacturés qu'elle était censée favoriser[Note 22]. Loin de s'effondrer sous la pression d'importations désormais libres, les prix des céréales calculés en moyennes quinquennales, malgré des fluctuations importantes à court terme, se maintinrent, sur la période 1845-1874, à un niveau oscillant entre 49 et 55 shillings/quarter, c'est-à-dire à peine plus bas que celui de la période 1820-1846[Note 23],[Note 24], en partie du fait de lacroissance économique mondiale des années 1850 qui entretient la demande.

Sans doute les prix auraient-ils été un peu plus élevés si lesCorn Laws avaient été maintenues. Reste que « le pain libre-échangiste » se révéla bien moins bon marché qu'on ne l'avait vanté et n'engagea pas l'élargissement tant espéré dumarché intérieur pour les produits manufacturés : « le libre-échange n'inaugura pas une ère decheap food et il ne peut donc avoir stimulé la demande interne de produits industriels »[46].

En revanche, les vingt-cinq années qui suivirent la décision deRobert Peel constituèrent une réelle période de prospérité pour l'agriculture britannique, « avec des prix qui, sans être élevés, assuraient de bon profits à ceux qui exploitaient efficacement de grandes fermes sur les sols les mieux adaptés à cette céréale – c'est-à-dire avant tout les sols légers du Sud et de l'Est »[Note 25]. Comment expliquer une telle stabilité du système agricole alors même que les protections douanières avaient disparu et que lesimportations se développaient massivement (en vingt ans, celles-ci furent multipliées par trois, assurant une part toujours croissante de la consommation de blé de la population anglaise : 27 % de 1849 à 1859 et 40 % de 1860 à 1868, contre 7 % de 1829 à 1846)[48] ?

Si le choc dulibre-échange que devaient subir les agriculteurs britanniques fut différé d'un quart de siècle, c'est d'abord parce que la demande intérieure ne cessa de croître du fait à la fois de lacroissance démographique et de l'amélioration du revenu réel moyen des Britanniques[49]. Surtout, le blé étranger ne pouvait submerger le marché britannique dans la mesure où les réserves mondiales de blé disponibles étaient faibles. Les tensions en termes de croissance de la demande étaient fortes en Europe continentale[Note 26] où la croissance démographique soutenait largement la comparaison avec le Royaume-Uni[49]. En outre, lesguerres de Crimée et deSécession interrompirent les flux de blés russes et américains, ces derniers étant par ailleurs freinés, d'abord par les difficultés à faire circuler le grain desGrandes Plaines vers les ports de laCôte Est, ensuite par l'augmentation de la demande intérieure après la guerre de Sécession[49].

Unecheap food retardée d'un quart de siècle

[modifier |modifier le code]

Ce n'est qu'à la fin desannées 1870 que l'agriculture britannique se retrouva en situation de crise et vit son marché domestique envahi par les productions étrangères, dans un contexte de chute généralisée des prix agricoles : après avoir été peu sensible pendant 25 années[Note 27], la décision de1846 prenait pleinement effet.

D'une part, le Royaume-Uni entra pour de bon dans l'ère du« cheap food » (« nourriture bon marché ») : les produits alimentaires à bas prix venus des « pays neufs » (États-Unis,Argentine, Canada, Australie,Nouvelle-Zélande...)[50] submergèrent le marché britannique et permirent aux revenus réels d'augmenter malgré laGrande Dépression. Ce gain d'un coût désormais faible des denrées alimentaires[Note 28] se fit cependant au prix du sacrifice, sinon de l'agriculture nationale, du moins de sa branche céréalière[51]. Du fait de la place réduite, dès avant la Grande Dépression, du secteur agricole dans l'économie britannique, « on considère en général que le solde de ces deux phénomènes fut largement positif pour l'Angleterre »[51], même si la baisse des revenus des agriculteurs a pu par ailleurs assombrir ce bilan dans la mesure où leurs achats de biens industriels ont pu s'en ressentir[52].

Notes et références

[modifier |modifier le code]

Notes

[modifier |modifier le code]
  1. À l'exception de l'année 1814, où la récolte fut médiocre.Mougel 1972,p. 167.
  2. Le Royaume-Uni se caractérise par cette époque par une distinction forte entre la propriété de la terre d'une part, son exploitation d'autre part : les grands propriétaires divisent leur bien entre différents fermiers (tenants) locataires qui les exploitent.
  3. « Prix considéré comme rémunérateur mais qui était en fait fort élevé. »Crouzet 1978,p. 145.
  4. Ce système, introduit par William Huskisson, prévoyait un droit nominal d'un shilling par quarter importé si les prix du blé se situaient entre 73 et 79 shillings ; en dessous de 73 shillings, plus le prix était faible, plus le droit nominal augmentait ; au-delà de 52 shillings, toute importation était interdite.Crouzet 1978,p. 145.
  5. En 1840, 1146 produits différents relevaient d'une taxation douanière, même si un petit nombre d'entre eux contribuaient à l'essentiel des recettes douanières.Crouzet 1978,p. 118.
  6. Le pain représentait alors la nourriture de base des ouvriers, et l'achat de produits alimentaires représentait 40 à 50 % de leurs dépenses totales, voire davantage.Mougel 1972,p. 157.
  7. Les Anglo-Saxons regroupent sous le nom deFrench Wars, ouNapoleonic Wars lesguerres de la Révolution française et lesguerres napoléoniennes.
  8. Les prix chutèrent ainsi à 52,1 shillings en 1816, se rétablirent en 1817-1818, pour descendre ensuite sous la barre des 50 shillings et même 38 en 1822.Mougel 1972,p. 168.
  9. « Qui sur certains domaines baissèrent de 10 à 25 %, ou même plus, entre 1816 et 1835, mais dans d'autres cas restèrent stables ou même montèrent légèrement, ce qui montre bien que la crise ne fut pas universelle. »Crouzet 1978,p. 147.
  10. Les zones rurales sont même surpeuplées, « entraînant un sérieux paupérisme ».Crouzet 1978,p. 146 ; il n'y a donc pas à proprement parler d'exode rural.
  11. Même si la consommation deseigle, sous forme de pain, ou d'avoine, sous forme deporridge ou d'oat cakes (galettes), demeura importante jusqu'à la fin duXIXe siècle.Crouzet 1978,p. 145.
  12. Susan Fairlie considère que l'Europe dans son ensemble était passée à cette date, en matière de céréales, d'un état de surproduction à une situation de pénurie. Susan Fairlie, « The Corn Laws and British Wheat Production »,The Economic History Review, XXII,1er avril 1969,p. 107, citée parCrouzet 1978,p. 148.
  13. C'est-à-dire ensemencer en blé.
  14. Les tâches administratives étaient dévolues à Georges Wilson, le président de la Ligue.
  15. Notamment parce que le développement du libre-échange augmenterait la demande mondiale de produits britanniques et donc le nombre d'emplois dans l'industrie du Royaume-Uni.
  16. Il déclara par exemple dans un discours prononcé à Manchester le 15 janvier 1846 : « Je vois le principe du libre-échange jouant dans le monde moral le même rôle que le principe de gravitation dans l'Univers : attirant les hommes les uns vers les autres, rejetant les antagonismes de race, de croyance et de langue ; et nous unissant dans un lien de paix éternelle. » Cité dansBairoch 1976,p. 56.
  17. Cité parBédarida 1974,p. 54. Dans le même ouvrage, une autre citation de Cobden est révélatrice : « le plus tôt on enlèvera le pouvoir à l'oligarchie foncière qui en a fait si mauvais usage pour le remettre complètement -je dis bien complètement- entre les mains des classes moyennes industrieuses et intelligentes (the intelligent middle and industrious classes), le mieux cela vaudra pour la situation et le destin du pays. ».
  18. Néanmoins, certains considèrent qu'en pratique, le Royaume-Uni restera un État protectionniste jusqu'en 1860 et la signature du traité franco-britannique de commerce, sous l'impulsion deMichel Chevalier. Les droits de douane britanniques resteront jusqu'à cette date plus élevés qu'en France selon les travaux dePatrick O'Brien et de John V.C Nye. Voir notamment(en)« The Myth of Free Trade Britain » (John V.C Nye,The Library of Economics and Liberty, 3 mars 2003).
  19. L'abolition desCorn Laws ne ralentit pas non plus sensiblement le développement des pays européens cherchant à se développement, même si, d'après l'historien de l’économieCharles Kindleberger, l’abrogation des lois sur le blé était motivée par un « impérialisme libre-échangiste » destiné à « stopper les progrès de l’industrialisation du continent en y élargissant le marché des produits agricoles et des matières premières. C’est aussi l’argumentation soutenue à l’époque les principaux porte-parole de l’Anti-Corn Law League. Pour l’économiste allemandFriedrich List, « les prêches britanniques en faveur du libre-échange faisaient penser à celui qui, parvenu au sommet d’un édifice, renvoie l’échelle à terre d’un coup de pied afin d’empêcher les autres de le rejoindre »Ha-Joon Chang, « Du protectionnisme au libre-échangisme, une conversion opportuniste »,Le Monde diplomatique,‎(lire en ligne, consulté le).
  20. En valeur, le différentiel de taux de croissance pour les périodes précédant et suivant l'abolition desCorn Laws est nettement plus important, mais il s'explique essentiellement par des raisons monétaires et « ne semble pas lié à l'établissement du libre-échange ».Crouzet 1978,p. 120.
  21. Les taux de croissance élevés du début des années 1850 sont attribuées parPaul Bairoch au « libre-échange unilatéral » britannique, mais s'expliquent avant tout par le développement des exportations vers l'Empire, et notamment l'Australie, où l'on avait découvert d'importants gisements d'or en1851.Bairoch 1976,p. 192-193.
  22. Même si par ailleurs, les revenus réels, qu'on les mesure de manière directe (PNB par habitant) ou indirecte (consommation par habitant), montrent une augmentation nette, bien qu'inégale (l'évolution paraît moins favorable pour les milieux ouvriers), dans la décennie suivant l'abolition desCorn Laws. Cette croissance des revenus réels est liée à la croissance de l'économie dans son ensemble, sans que l'on puisse établir de lien mécanique avec la décision de 1846.Bairoch 1976,p. 191.
  23. On distingue cependant une légère tendance à la baisse sur l'ensemble de la période.
  24. Reuters diffuse des télégrammes d'une centaine de villes et offrira dès le milieu de la décennie suivante de nombreuses cotations locales pour les céréales. Donald Read,The power of news: the history of Reuters, Oxford University Press, 1999.
  25. Crouzet 1978,p. 150. La production globale de blé recula cependant progressivement, passant de 15,6 millions de quarters en 1837/1846 à 10,8 millions en 1867/1876, du fait de l'abandon de cette culture sur les terres qui y étaient les moins favorables.
  26. Le blé importé par la Grande-Bretagne en 1840/1849 provient pour 87 % d'Europe et 13 % d'Amérique du Nord ; en 1860/1869, les pourcentages sont respectivement de 61 et 27 %.Crouzet 1978,p. 150.
  27. Ce qui entraîna largement le ralliement du monde agricole britannique au principe du libre-échange.Crouzet 1978,p. 149.
  28. Coût faible par rapport aux décennies précédentes mais également relativement aux autres pays.Crouzet 1978,p. 122.

Références

[modifier |modifier le code]
  1. Crouzet 1978,p. 144.
  2. a etbMougel 1972,p. 158.
  3. Philippe Chassaigne,Lexique d'histoire et de civilisation britannique, Ellipses, 1997,p. 64.
  4. ab etcBairoch 1997,p. 282.
  5. ab etcCrouzet 1978,p. 145.
  6. abc etdBédarida 1974,p. 53.
  7. a etbMougel 1972,p. 168.
  8. Crouzet 1978,p. 145 n24.
  9. Crouzet 1978,p. 118.
  10. ab etcRoland Marx,Histoire de l'Angleterre, Fayard, 1993,p. 367.
  11. Bédarida 1974,p. 56.
  12. a etbBairoch 1976,p. 42.
  13. Crouzet 1978,p. 119n46.
  14. Crouzet 1978,p. 119.
  15. Eric Hobsbawm,L'Ère des révolutions : 1789-1848, Éditions Complexe,, p.59.
  16. Bertrand Blancheton,Histoire de la mondialisation, De Boeck Université,, p.53.
  17. Bairoch 1976,p. 40.
  18. David Ricardo,Des Principes de l'économie politique et de l'impôt, chapitre VII :Du commerce extérieur, 1817.Texte disponible sur Wikisource.
  19. Christian Chavagneux, « 1846, la fin desCorn Laws »,Alternatives économiques,no 255,‎.
  20. a etbBairoch 1997,p. 281.
  21. a etbYves Carsalade,Les grandes étapes de l'histoire économique, Ellipses, 1998,p. 51-52.
  22. Blancheton 2008,p. 54.
  23. Xavier Galiègue, « Malthus », in Frédéric Teulon, (dir),Dictionnaire d'histoire, économie, finance, géographie, PUF, 1995.
  24. a etbBlancheton 2008,p. 55.
  25. abcde etfGilbert Bonifas et Martine Faraut,Pouvoirs, classes et nation en Grande-Bretagne auXIXe siècle, Masson,, p.32.
  26. ab etcBédarida 1974,p. 54.
  27. Karl Marx,Discours sur la question du libre-échange, 7 janvier 1848.
  28. Bairoch 1976,p. 41.
  29. abcd eteBédarida 1974,p. 55.
  30. Bairoch 1997,p. 283.
  31. ab etcChavagneux 2007,p. 89.
  32. Bairoch 1997,p. 284.
  33. John Morley,The Life of Richard Cobden, London, 1881. Cité parBonifas et Faraut 1993,p. 33.
  34. Bonifas et Faraut 1993,p. 33.
  35. a etbBédarida 1974,p. 58.
  36. Hobsbawm 1988,p. 67-68.
  37. cité parBairoch 1997,p. 284.
  38. a etbBairoch 1997,p. 285.
  39. Karl Marx,L'idéologie allemande, Editions sociales.
  40. a etbBédarida 1974,p. 57.
  41. Bonifas et Faraut 1993,p. 32.
  42. Derek Beales,From Castlereagh to Gladstone, 1815-1885, Londres, 1969, cité parBédarida 1974,p. 57.
  43. Frank Trentmann,Free trade Nation. Commerce, consumption and civil society in modern Britain, Oxford University Press, 2008.
  44. Frank Trentmann,Free trade Nation. Commerce, consumption and civil society in modern Britain, Oxford University Press, 2008,p. 2, cité par Géraldine Vaughan, Clarise Berthezene, Pierre Purseigle, Julien Vincent,Le monde britannique, 1815-1931, Belin, 2010,p. 64.
  45. Géraldine Vaughan, Clarise Berthezene, Pierre Purseigle, Julien Vincent,Le monde britannique, 1815-1931, Belin, 2010,p. 64.
  46. a etbCrouzet 1978,p. 121.
  47. Crouzet 1978,p. 120.
  48. Crouzet 1978,p. 149.
  49. ab etcCrouzet 1978,p. 150.
  50. Guillermo Flichman, « L'agriculture argentine dans le marché international. In: Économie rurale. N°162, 1984. p. 20.DOI :https://doi.org/10.3406/ecoru.1984.3068www.persee.fr/doc/ecoru_0013-0559_1984_num_162_1_3068 »,Economie rurale Nº 162,‎(lire en ligne).
  51. a etbCrouzet 1978,p. 122.
  52. C'est l'analyse dePaul Bairoch, rapportée parCrouzet 1978,p. 122.

Annexes

[modifier |modifier le code]

Bibliographie

[modifier |modifier le code]

Articles connexes

[modifier |modifier le code]

Liens externes

[modifier |modifier le code]

Cet article est reconnu comme « bon article » depuis saversion du 21 décembre 2009 (comparer avec la version actuelle).
Pour toute information complémentaire, consulter sapage de discussion et levote l'ayant promu.
La version du 21 décembre 2009 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Corn_Laws&oldid=223483916 ».
Catégories :
Catégories cachées :

[8]ページ先頭

©2009-2025 Movatter.jp