Le nomgrec de l'île estΚέρκυρα /Kérkyra. Ce nom dériverait :
selon la légende, de lanympheCorcyre (Κόρκυρα /Kórkura) ou Cercyre (Κέρκυρα /Kérkura) (voir ci-dessous :Mythes) ;
du grecκέρκος /kérkos, (« anse ») en référence à la forme de l’île.
L'île fut également appeléeδρέπανον /drépanon ouδρεπάνι /drepaní, littéralement « la faucille ». Le nomfrançais Corfou viendrait du grecΚορυφαί /Koryphaí, « cimes »).
Corfou doit son nom à Corcyre, unenymphe fille du fleuveAsopos et de la rivière-nympheMétope.Poséidon, étant tombé amoureux d'elle, l’aurait emmenée sur cette île. De leurs amours est néPhéax. Ce dernier nom pourrait également expliquer l’origine du nom desPhéaciens.
Corfou, habité par lesPhéaciens, aurait été l'ultime étape d'Ulysse avant son retour àIthaque. Ulysse se serait échoué sur le rocher qui se trouvait sur l'îlot dePontikonísi, à la pointe de Kanoni au sud de la ville de Corfou. Les Phéaciens, très bonsmarins l'auraient aidé etNausicaa, fille du roi des Phéaciens,Alcinoos, l'aurait accueilli.
En regardant du nord vers le sud, elle a la forme d'une anse ou d'une faucille.
On peut diviser l'île en trois régions : le nord avec ses montagnes, le centre avec ses collines, le sud avec ses plaines. Les côtes sont principalement constituées de galets et de sable. Le point culminant de Corfou est lemont Pantokrátor (906 m d'altitude). Il se situe au nord de l'île.
L'aéroport de Corfou« Ioannis Kapodistrias » (code AITA : CFU) se trouve à environ 2 km au sud-est de la ville[3]. Pour voir une carte indiquant les aéroports les plus proches, cliquer sur :
Plusieurs petites rivières dont la plus importante "la Ropa", Elle irrigue une plaine fertile au centre de l'île, où poussent des vignes et des céréales.
Il y a également trois grandeslagunes. L'Andinioti qui se situe sur la côte nord et l'Halikiopoulos au sud deCorfou (ville), traversée aujourd'hui par l'aéroport. Enfin, Korission située dans le sud.
Les eaux autour de Corfou abritent un petit nombre dephoques moines. C'est une des espèces les plus menacées d'Europe. On peut aussi apercevoir quelques dauphins non loin des côtes.
Les pentes dumont Pantokrátor sont couvertes d'un grand nombre de variétés de fleurs dont plusieurs espèces d'orchidées. Sur l'île, on trouve de grandesoliveraies qui occupent 30 % de la surface des terres, et des bosquets decyprès. La formation végétale la plus importante est lemaquis. À Corfou, il y a beaucoup debougainvillées qui est la fleur la plus populaire.
L'existence deroses blanches sur cette île a été célébrée par une chanson interprétée parNana Mouskouri : « Roses blanches de Corfou ».
En hiver, de novembre à mars, il y pleut souvent, ce qui explique la végétation abondante de l'île.
Les précipitations sont régulières à Corfou. Quelques averses sont possibles en été. Corfou est aussi la région la plus humide de la Grèce. C'est pour cette raison qu'elle est si verdoyante et fertile, on l'appelle l'île verte. C'est en juillet que le climat est le plus sec bien qu'il y ait quelques averses réparties en moyenne sur deux jours.
De novembre à mars, les précipitations sont abondantes. En octobre ou en novembre, se produit une courte période d'orage entre la fin de la chaleur de l'été et la fraicheur du début de l'hiver.
Comme dans la majorité des îles méditerranéennes, soufflent à Corfou des vents violents. Mais ils sont moins réguliers et moins prévisibles qu'ailleurs.
Tableau de données météo durant les douze mois à Corfou :
L'île est à la frontière (symbolique) entreEmpire romain d'Occident et d'Orient. Corfou est la région grecque la plus proche de l'Italie. Elle est aussi à moins de trois kilomètres de la côtealbanaise. Sa position géographique lui confère une riche histoire[5]. Elle était une étape évidente sur la route du Levant, dans les deux sens, et à la sortie de lamer Adriatique[6].
Dans son passé mythique, Corfou est identifiée parThucydide à laSchérie desPhéaciens del'Odyssée[7]. La plus ancienne référence connue de l'île est une inscription enlinéaire B datant des environs de1300 av. J.-C. où il est écrit ko-ro-ku-ra-i-jo ("homme de Kerkyra")[8]. Corcyre devient uncomptoir commercial pour la cité d'Érétrie vers760 av. J.-C.. En733 av. J.-C., elle est conquise parCorinthe, qui en fait unecolonie et devient sa métropole. La révolte des Corcyréens de664 av. J.-C., au cours de laquelle a lieu la première bataille navale documentée connue de l'histoire grecque[9], provoque la chute desBacchiades à Corinthe et la prise de pouvoir du tyranCypsélos. Corcyre reste cependant sous la tutelle corinthienne.
En 435av. J.-C. commence ce qu'à la suite de Thucydide on appelle l'« affaire de Corcyre »[10].Épidamne, colonie de Corcyre, fait appel à sa métropole contre ses anciens oligarques qui, alliés avec des troupes de brigands, harcèlent le territoire de la cité. Les oligarques de Corcyre déclinent cette demande d'aide. Épidamne se tourne alors vers Corinthe, métropole de leur métropole : celle-ci accepte, en partie par hostilité pour Corcyre. Furieux, les Corcyréens affrontent Épidamne, puis Corinthe, parvenant à remporter un double succès. Cependant, Corinthe ne s'avoue pas vaincue et prépare sa revanche. Par prudence, Corcyre décide alors de se tourner versAthènes.
L'Assemblée athénienne commence par rejeter la proposition d'alliance corcyréenne, ne souhaitant pas rompre la trêve de trente ans conclue avec la cité péloponnésienne. Cependant, le lendemain, l'Assemblée change d'avis : forte de 120 navires, Corcyre est la seconde flotte grecque, derrière Athènes. En outre, elle occupe une position stratégique, sur la route de la Grèce vers laSicile. Alliée à Corcyre, pensent les Athéniens, Athènes serait invincible. L'Assemblée vote donc une alliance défensive (donc une ἐπιμαχία /epimakkhia, et non une συμμαχία /symmakkhía) : elle envoie trente navires, en deux temps, avec l'ordre de n'intervenir qu'en cas d'invasion de Corcyre. Avec l'aide de la première escadre athénienne, les Corcyréens affrontent les Corinthiens sur mer, auxîles Sybota : ils sont vaincus. Corinthe se retire prudemment face à l'arrivée de la seconde flotte athénienne, qui laisse elle-même repartir les Corinthiens. Avec celles deMégare et dePotidée, l'affaire de Corcyre constitue l'une des causes de laguerre du Péloponnèse.
En 455apr. J.-C., lesVandales ravagent l'île mais n'arrivent pas à prendre la ville. En 540 ou 551, pendant laguerre des Goths, lesOstrogoths deTotila envahissent Corfou et la pillent, puis l'utilisent comme base pour attaquer les îles proches et les côtes de Grèce continentale.
En 1386, quelques notables de Corfou demandent la protection dudoge de Venise. En 1401,Venise versa au roi de NaplesLadislas 30 000 ducats d'or pour officialiser la possession de l'île.
Après l'expansion de l'Empire ottoman, l'île constitue la dernière terrechrétienne avant le mondemusulman. Les Vénitiens fortifient Corfou, érigent la Vieille Citadelle en 1550, le Fort Neuf une trentaine d'années plus tard et dégageant l'Esplanade.
Pendant cette période, les Vénitiens encouragent les Corfiotes à exploiter davantage lesoliviers. L'influence vénitienne sur l'île reste marquée dans l'architecture.
Selon la légende, une noble dame de l'île aurait inventé leJeu de la Raquette, ancêtre du tennis, qui est représenté parGabriele Bella avant 1792 dans un tableau conservé à laPinacothèque Querini-Stampalia[13].
L'île est la capitale du protectorat britannique de larépublique des îles Ioniennes entre 1814 et 1864. Le 21 mai 1864, Corfou, ainsi que les autresîles Ioniennes, est officiellement rendue et transmise à laGrèce.
Corfou accueille l'armée serbe en déroute lors de laPremière Guerre mondiale et est occupée « pacifiquement » par les arméesfrançaise etbritannique. Une base française est constiuée à Corfou fin janvier 1916 pour assurer la livraison à l'armée serbe des approvisionnements et du matériel nécessaires à son ravitaillement, à son entretien et à sa réorganisation. Cette base relevant du Général de Montdésir servait également à assurer le ravitaillement et l'entretien du personnel et des détachements français envoyés à Corfou.
En 1923, l’incident de Corfou oppose laGrèce à l'Italie fasciste. Le 29 août, après l'assassinat d'un groupe de militaires italiens (il s'agissait du généralEnrico Tellini, du major Luigi Corti, du lieutenant Luigi Bonacini et d'un interprète albanais[14]) chargés de reconnaître la frontière gréco-albanaise,Benito Mussolini envoie un ultimatum à la Grèce, exigeant 50 millions delires de réparation et l’exécution des tueurs. La Grèce étant dans l'incapacité d'identifier les assassins, les forces italiennes bombardent et occupent l'île grecque de Corfou le, tuant au moins quinze civils. Le motif officieux pour l'invasion était sans aucun doute la position stratégique de Corfou à l'entrée de la mer Adriatique, ainsi que les volontésirrédentistes deMussolini. Cet incident fut un des premiers grands tests de laSociété des Nations, qui exigea de la Grèce le paiement d'une indemnité financière à l'Italie. Celle-ci se retira de Corfou le 27 septembre[15].
Sous la domination vénitienne, Corfou arborait lelion de saint Marc et le conserva sous domination française puis anglaise et enfin lors de larépublique des Sept-Îles.Actuellement[Quand ?], Corfou a pour emblème unetrière antique.
Nicandre de Corcyre(el), de son vrai nom Andronic Nouccios (Corfou, première décennie duXVIe s. - après 1556) est un copiste grec, auteur d'un récit :Le Voyage d'Occident, d'une traduction engrec moderne desFables d'Ésope (publiée en 1543), ainsi que d'une satire théâtrale de style italien :Tragédie sur la réfutation du libre arbitre. D'une famille aisée de Corfou, il s'installe, vers 1540, àVenise, alors métropole desîles Ioniennes, où il copie des manuscrits pour de riches commanditaires, comme l'EspagnolHurtado de Mendoza. L'été 1545, l'humanisteGérard van Veltwyck, envoyé comme ambassadeur àConstantinople auprès dusultanSoliman par l'empereurCharles Quint, fait étape àVenise. Andronic, qui, semble-t-il, le connaît, se propose de l'accompagner et suivra van Veltwyck jusqu'enAllemagne, à la cour deCharles Quint, à qui le rapport d'ambassade doit être présenté. C'est alors qu'Andronic commence à rédiger un compte-rendu de son voyage d'un an et demi à travers l'Europe occidentale et qu'il adopte, à l'instar des écrivainshumanistes de l'époque, l'anagramme patronymiqueNicandre, plus antique et respectable. De retour à Venise, probablement avant 1547, il est envoyé àRome (d'octobre 1547 à janvier 1548) pour une mission diplomatique auVatican[19].
Ioánnis Antónios Kapodístrias (engrec moderne :Ιωάννης Αντώνιος Καποδίστριας, enfrançaisJean Capo d'Istria, enitalienconte Giovanni Capo d’Istria, et enrusseграф Иоанн Каподистрия -Graf Ioann Kapodistria), plus connu en France sous le nom de comte Capodistria, (né à Corfou, le 11 février 1776 – assassiné àNauplie, le 9 octobre 1831), est un homme d'État issu de la noblesse vénitienne et originaire deCapo d'Istria, située aujourd'hui enSlovénie (aujourd'huiKoper). Médecin, gouverneur et ministre de larépublique des Sept-Îles de 1802 à 1807, diplomate grec au service de l'Empire russe de 1816 à 1822, il est élu, en 1827, gouverneur de la première république de laGrèce nouvellement indépendante. Il est considéré comme undémocratelibéral[20].
Les Corfiotes parlaient et pour certains d'entre eux – les plus vieux notamment – parlent encore un idiome gréco-vénitien où abondent les vocablesitaliens[21], par exemple :
La Procession de Saint Spyridon,Georgios Samartzis(el), 1912.Maisons décorées de l'Esplanade et cruches peintes prêtes à être jetées des balcons, tradition duSamedi saint à Corfou.
Carnaval : le carnaval se déroule le dimanche précédant leCarême. On brûle l'effigie représentant l'esprit du carnaval à la fin d'un défilé.
Festival de Corfou : lors de ce festival, qui a lieu en septembre, sont donnés des ballets, des pièces de théâtre, des concerts et des opéras.
Pâques : les festivités de Pâques à Corfou, sont réputées dans toute la Grèce. Durant les trois jours précédant le jour de Pâques, toutes les écoles de musique, en grand uniforme, défilent dans les rues de la ville, jusque tard le soir. Une coutume, sans doute d'origine pré-chrétienne, veut que le samedi de Pâques, à onze heures exactement, les Corfiotes jettent, par la fenêtre, des cruches et pots pleins d'eau, spectacle particulièrement pittoresque, en ville de Corfou et dans tous les villages de l'île. Cet évènement bruyant et haut en couleur ne dure pas plus de 5 minutes et recouvre les rues de tessons brisés.
Cricket : la domination britannique a laissé quelques traces, dont ce sport, toujours pratiqué àCorfou (ville) par quelques jeunes citadins, sur la pelouse de la Spianada, devant le palais du gouverneur et le Vieux Fort.
Gastronomie : pastitsado (παστισάδα),sofrito (σοφρίτο), tsigarelli (mélange d'herbes sauvages à la vapeur)[22], bourdeto (μπουρδέτο), liqueur dekumquat.
La résidence des gouverneurs britanniques, édifiée à proximité du Vieux Fort, parsirThomas Maitland, devenue palais d'été du roi de Grèce. Aujourd'hui, outre certaines salles intéressantes (comme la salle du Sénat de larépublique des Sept-Îles) y est installé le musée des arts asiatiques qui offre, notamment, une très belle collection de statuettes duGandhara.
Le palais deMon Repos, résidence de villégiature des hauts-commissaires britanniques et lieu de naissance de plusieurs princes de la famille royale grecque, dontPhilippe, duc d'Édimbourg. Le peintre impressionnisteJ.S. Sargent y a peint denombreuses œuvres.
Les monastères deVlachérna et dePontikoníssi (l’île de la souris, ainsi nommée en raison de sa taille minuscule).
La baie et le monastère dePalaiokastrítsa. Les eaux qui s'y trouvent sont turquoise et dignes de plages paradisiaques.
Le plus vieux village de l'île, Palaía Peritheia, construit à partir duXIIIe siècle[23] à l'intérieur des terres mais avec vue sur la mer pour voir les pirates sans être vu d'eux, puis abandonné dans les années 1960, connaît un renouveau depuis 2010[24] ; en 2025 il a cinqtavernas[25]. Il a huit églises, avec à l'entrée du village un mur-clocher servant aussi de portique à l'église dédiée à saintJacques de Perse(en). De l'autre côté du village se tient la plus vieille de ses églises, dédiée àsaint Nicholas de Petra. Il a été le premier chef-lieu de la municipalité de Kassiopi. De 1866 à 1912, il était la capitale de la partie nord de l'île. Le village a été classé monument historique en 1966[23].
L'île deVído : elle se situe en face de la ville deCorfou. Elle abritait un pénitencier pour mineurs. On y trouve aujourd'hui un centre aéré, un campscout, ainsi qu'unmausolée érigé en l'honneur de 3 000 soldatsserbes tombés au cours de laPremière Guerre mondiale. Cette histoire est également commémorée aumusée serbe de Corfou.
↑Thucydide, I, 1, 36 :« Corcyre est heureusement placée sur la route maritime, le long de la côte, vers l'Italie et la Sicile. Elle peut empêcher les cités de là-bas d'envoyer une flotte (…) ou au contraire faciliter le voyage d'une flotte partie d'ici pour se rendre dans ces pays. »
↑Peter J. Yearwood, « Consistently with Honour : Great-Britain, the League of Nations and the Corfu Crisis of 1923. », dansJournal of contemporary History., vol. 21,no 4, octobre 1986.
↑Nicandre de Corcyre,Le Voyage d'Occident, traduction et introduction de Paolo Odorico, postface de Yves Hersant, Toulouse : Anacharsis Éditions, 2002,(ISBN2-914777-07-8),p. 9-32.
↑Christopher M. Woodhouse,Capodistria: The Founder of Greek Independence, Londres, 1973 ; Christina Koulouri et Christos Loukos,Τα πρόσωπα του Καποδίστρια. Ο πρώτος Κυβερνήτης της Ελλάδας και Η νεοελληνική ιδεολογία (1831-1996), Athènes, 1996. Voir, également, John L. Koliopoulos et Thanos M. Veremis,Greece: the Modern Sequel, from 1831 to the Present, Londres : éd. C. Hurst & Co. Ltd., 2002,p. 45-47.
↑Gerásimos Chytíris,Κερκυραïκό γλωσσάρι, ακατάγραφες και δίσημες λέξεις, Corfou : Société des Études Corfiotes, 1987, 285 p.
[Hadzis 1991] Catherine Hadzis-Argyrocastritou,Korkyraika : recherches sur les inscriptions et l'histoire de Corcyre (thèse de doctorat), A.N.R.T. (Atelier national de reproduction des thèses), Université de Lille III,.
[Rodocanachi 1899] Emmanuel Rodocanachi,Bonaparte et les îles Ioniennes, Paris, Ancienne librairie Germer Baillère etCie, Félix Alcan éditeur,, 316 p..
[Thiry 1998] Sébastien Thiry,Les Îles ioniennes de 480 à 167 avant J.-C. : étude de géopolitique (thèse de doctorat en histoire, dir. Patrice Brun, publié en 2001 par Presses universitaires du Septentrion), université du Mans, A.N.R.T.,(ISBN9782284021810).