Maria Corazon Sumulong Cojuangco naît le àPaniqui, une ville agricole de la province de Tarlac[1]. Elle vient d'« une des plus riches familles de propriétaires terriens de l'archipel »[2], une famille sino-philippine travaillant dans la production de canne à sucre et la banque[1] et « politiquement en vue »[3].
Enfant, elle est élevée chez lessœurs[2], puis fait des études au Mount Saint Vincent College àNew York, dont elle sort diplômée de mathématiques et français[4] en 1954[1],[3]. Elle revient débuter ses études de droit à Manille, qu'elle interrompt[4].
En 1955, Corazon Aquino épouseBenigno Aquino, peu après qu'il soit élu maire deConcepcion, dans la province deTarlac. Elle estfemme au foyer, mère de5 enfants[2]. Son mari est ensuite élu gouverneur de la province en 1961, puis sénateur en 1967. Après la mise en place de laloi martiale par le présidentFerdinand Marcos en 1972, il est arrêté, fait prisonnier pendant8 ans, condamné à mort en 1977 et exilé auxÉtats-Unis en 1980 pour « raisons médicales » en raison de ses liens supposés avec lescommunistes[4].
Le, alors qu'il avait reçu une promesse de vie sauve de la part du gouvernement philippin, son mari, de retour d'exil, estassassiné à sa descente d'avion à Manille[2] par un soldat prétendufranc-tireur, qui est aussitôt opportunément abattu.
S'ensuit une période de deux ans et demi durant laquelle l'opposition philippine et un large mouvement populaire font pression sur sa veuve pour qu'elle prenne la tête, à titre de symbole, de l'opposition au régime du président Marcos. Elle participe à de nombreuses marches d'opposition. Elle est vêtue de jaune, la couleur du soulèvement[3] et forme un « L » de signifier le mot « lutte » avec ses doigts qui se dit « laban » entagalog[5].
En décembre 1985, elle annonce sa candidature à l'élection présidentielle de[6], marquée par une fièvre électorale et notamment par l'assassinat deEvelio Javier(en), ex-gouverneur de la province d'Antique et soutien de Corazon Aquino[7]. Elle est notamment soutenue par l'Église catholique, qui exerce une influence dans le pays et lui prête un crédit moral[2].
Le, deux vainqueurs sont simultanément proclamés, chaque camp se prétendant victorieux. Officiellement, c'est l'ancien président Marcos qui a remporté l'élection, mais elle conteste les résultats dénonçant unefraude électorale. Unemanifestationnon violente de plus d'un million de personnes a lieu dans l'avenue principale de Manille. Lepalais de Malacañan àManille est envahi par la foule en liesse. Entre le refus de l'armée de prendre position et les manœuvres diplomatiques internationales (retrait du présidentRonald Reagan), le président Marcos est contraint de prendre le chemin de l'exil en catastrophe versHawaï sous la pression populaire[3]. Cet événement est parfois appelé la « révolution de février »[2].
Laneutralité de l'armée philippine, commandée par le généralFidel Ramos, est probablement déterminante dans l'accession de Corazon Aquino à la présidence de la République.
Durant son mandat, Corazon Aquino crée une commission pour établir une nouvelle constitution et rétablir un système démocratique. Celle-ci est adoptée en1987. Elle rétablit lesystème bicaméral aboli par Marcos[3] et réduit l'exercice du mandat présidentiel à une durée de6 ans[1].
Elle instaure uncessez-le-feu et poursuit une politique de réconciliation nationale et d'ouverture en direction des communistes[2]. Elle charge une commission présidentielle de récupérer lesbiens mal acquis du coupleFerdinand etImelda Marcos[8].
Le gouvernement est accusé decorruption et les réformes s'enlisent, en particulier laréforme agraire visant à la redistribution des terres[2]. En, des milliers de paysans qui manifestaient afin d'obtenir du gouvernement des augmentations de salaire sont brutalement dispersés par l'armée. La répression de Mendiola le 22 janvier donne lieu à treize morts[9],[5].
Sept tentatives de coup d'État militaires ont lieu entre 1986 et 1989[2]. Ils échouent cependant face à la vigilance dugénéral Fidel V. Ramos, désormais très proche du nouveau pouvoir.
Le pays est soutenu par des prêts et des investissements de la communauté internationale, notamment les États-Unis et le Japon, qui lui permettent de sortir de larécession[2]. Fin 1989 a lieu une crise sans précédent des services publics, accompagnée d'un important chômage et de l'inflation. En décembre, l'intervention américaine réussit à échapper d'un putsch[2]. En 1991, levolcan Pinatubo entre en éruption[1].
En 1992, Corazon Aquino ne brigue pas un nouveau mandat à l'élection présidentielle. Son ancien ministre de la Défense Fidel Ramos lui succède[2]. Il s'agit d’une « alternance » pacifique, situation auparavant inhabituelle aux Philippines.
En 1997, Corazon Aquino prend la tête du mouvement de protestation pour empêcher l'amendement de la Constitution[1].
En 2001, elle contribue à la chute du gouvernement du présidentJoseph Estrada[1],[2]. En 2005, elle demande la démission de la présidenteGloria Arroyo[1].
Le, sa famille annonce son décès des suites d'un arrêt cardiaque, alors qu’elle était atteinte d'uncancer du côlon[10].
↑Brice Pedroletti, « Aux Philippines, la victoire de Bongbong Marcos relance la polémique sur la fortune indue de son clan »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).